Un sacré sac de noeuds { Charline

« Pardon, vous pouvez répéter ? » L’interne en face grimace, quand Angel, pris entre deux réunions, le regarde d’un air abasourdi. Il en faut beaucoup pour surprendre le Guérisseur-en-chef du service, mais il n’avait jamais entendu quelque chose de ce genre : « On a un patient qui est arrivé attaché à un Grapcorne. » En plus de vingt ans de carrière, Il en a vu. Des vertes, des pas mûres. Mais celle-là, jamais. « Est-ce qu’on l’a mis à l’isolement ? » « Oui. Tout le monde vous attend. » Il n'a qu’un signe de la main à faire pour que son assistante annule immédiatement le reste de sa matinée. Et il remonte les couloirs aussi vite que possible pour arriver jusqu’à la scène la plus surréaliste qu’il ait vue à ce jour. Le lit a été retiré, et le matelas a été posé au sol pour rendre les choses plus confortables. Le sorcier et la créature sont figés, dans une position qui semble extrêmement inconfortable. « Il était en expédition officielle pour le Ministère, ses collègues les ont Stupéfixiés avant de les rapatrier. »

Le Médicomage s’approche avec prudence, n’ayant pas envie de parier sa sécurité sur le moment aléatoire où la nature reprendra ses droits. Sa baguette est sortie, pour faire pivoter légèrement l’ensemble. Il semblerait que dents et défenses de la créature soient enfoncés dans le flan de l’homme. Les tentacules flanquant la tête sont enroulés autour des différents membres, dans un ensemble tenant du casse-tête le plus difficile à résoudre. « Il va falloir couper. » Tout est trop intriqué, et certains organes vitaux sont à risque, dans la position en question. Sourcils froncés pour réfléchir, il n’entend pas tout de suite ce qu’on lui répond. Il faut qu’on se racle la gorge pour qu’il relève la tête vers l’interne : « Les… gens du Ministère sont là et… Ils tiennent à ce que le Grapcorne s’en sorte indemme. » « Plaît-il ? » Et l’étudiante s’efface, pour laisser passer les officiels, qui vont lui donner du fil à retordre – et potentiellement une bonne grosse migraine.

La tornade qui entre le prend par surprise. Il est fort heureusement calme pour eux – ou même pour l’ensemble des personnes présentes dans la pièce, qui semblent ne pas savoir où se mettre soudainement. « Plaît-il ? » répète-t-il, interloqué. La précision qu’elle apporte n’est pas vraiment nécessaire. Il connaît l’anatomie de la plupart des créatures magiques, même s’il n’est pas Vétomage, c’est la moindre des choses quand on fait ce qu’il fait. « Au-delà de ce précis d’anatomie, avez-vous un mandat ou une injonction ? Cette créature est-elle la propriété du Ministère ou d’une réserve ? » Il tourne son regard vers les étudiants présents, et le personnel des urgences qui lèvent tous les mains en signe d’ignorance. Personne ne semble être en mesure de répondre et il retourne donc son regard vers elle : « Madame, si vous n’avez pas de raison légitime d’objecter, la sécurité du patient passe avant toute chose. Il s’agit d’une urgence, sa vie est en danger et c’est ce qui prime. » Et il se demande comment cela peut être même une hésitation.