Et que faites vous des très vieux amis? [Zoran]

« Devant la cabane hurlante. Samedi 25, 7h00, seul. Fergus. »

C’était la note que Zoran avait reçu la semaine dernière. Aussi, j’avais tenu à honoré mon rendez-vous. Vêtu d’un grand manteau qui me couvrait tout le corps, j’attendais, le nez sous mon écharpe. Février se terminait et apportait avec lui les dernières brises glaciales. Les yeux plissés, à côté de la barrière menant à la Cabane Hurlante, j’attendais mon vieil ami.
Beaucoup de choses s’étaient passés dans ma vie depuis notre dernière rencontre. La perte de mon fils à naître, l’attaque du Clan, beaucoup d’enquêtes et diverses aventures qui avaient toutes failli me coûter la vie. Il fallait dire qu’au travail, le rythme était en train d’augmenter en intensité, et ça allait avec la dangerosité.
J’avais donc profité d’un accalmie pour régler une vieille histoire. Une vieille dette que j’avais contractée auprès de Zoran. Les mains toujours dans les poches, je le voyais arriver de sa démarche habituelle. Si ma sœur nous voyait…

« Salut Zoran. »

Je lui fis un léger sourire derrière mon écharpe. Lui tendant la main pour la serrer, mon expression était beaucoup plus mature et adulte que d’habitude. On pouvait voir sur mes traits que l’année écoulée m’avait fait mûrir.

« Je me doute que tu n’es pas suivi. »

Je regardais derrière lui. Mais Zoran était un sorcier expérimenté, surtout dans ce domaine. Lui faisant d’ailleurs totalement confiance, je ne pris même pas la peine de sortir ma baguette. Vu l’heure et la météo, nous devions être les deux seules âmes dehors ici.
Après un silence pendant lequel j’étais en train de réfléchir à la meilleure des manières pour aborder le sujet, je me risquais un petit :

« Tu dois te douter de la raison pour laquelle on est là toi et moi... »

Bien évidemment, je voulais reparler de cet été. De Thanatos, et de mon exfiltration réussie uniquement grâce à Zoran. Sans lui, je serai certainement mort à l’heure qu’il est. Aussi, grâce à son aide j’avais pu rentrer vivant. Voir ma famille. Voir Solvi. Tout ça je le devais à l’ancien Gryffondor en face de moi.
Et pour payer cette dette, j’avais gardé le silence sur son appartenance à cette entité néfaste. Je n’avais rien dit, et j’étais même aller jusqu’à m’enchanter moi même pour ne rien dire si jamais on me posait la question sous Veritaserum ou si j’étais soumis à une Legilimancie intense. Même si je restais un excellent Occlumens…

« Je sais que ça fait huit mois. Au départ je me suis dit que j’allais laissé ça là où ça s’était arrêté toi et moi. Notre promesse, quand tu m’as sauvé en Juin dernier. Mais… le temps passe, beaucoup de choses ont changés dans ma vie. »

J’avais décidé de plus aider mon prochain. D’arrêter d’obéir aveuglément sans réfléchir par moi même. C’était un défaut et une qualité. Cela faisait de moi un très bon soldat mais… on pouvait me faire faire les pires horreurs au nom du Gouvernement.

« Pourquoi ? »

J’avais mis tout ça sous le tapis. Je m’étais bandé les yeux. Après tout, ce n’était que l’ex de ma sœur et un ancien camarade plus jeune chez les Gryffondors. On n’avait jamais été véritablement proche, à partir du moment où il avait rencontré Lucy. J’avais toujours tendance à être un peu trop protecteur avec elle. Mais… ça n’excusait pas tout. Au fond, j’aimais bien Zoran. Et le savoir là dedans, le connaissant, me faisait croire qu’il y était piégé.

« Pourquoi tu es là bas ? »

On avait une discussion avec 8 mois de latence. Les mains toujours dans les poches, je me renfermais.

« Je sais que ça peut te paraître bizarre que je te pose cette question avec des mois de retard mais… Je règle plusieurs problèmes de ma vie en ce moment, et on dirait qu’on en ait arrivé à toi. Je veux t’aider Zoran. A sortir de là. Je ne sais pas pourquoi tu y es, mais cela ne te ressemble pas. »

Je plissais des yeux, et je regardais autour de nous les mains dans les poches.

« J’ai promis que je ne dirai rien à personne en échange du fait que tu m’es sauvé la vie. Mais l’étau se resserre sur Thanatos, et je ne veux pas te savoir à Azkaban. Ou pire. »

Il savait très bien de quoi je voulais parler et ce qui était réservé aux criminels de l’organisation. Un jugement sans appel vers le Baiser du Détraqueur.

Il avait déchiré la note à peine reçue, vacant à ses occupations dans la foulée sans même chercher à s’y attarder. Mais quoi qu’il était entrain de faire, le nom le hantait. Fergus n’avait pas eu besoin de le mettre pourtant, c'était largement assez pour remuer tous ce qu’il tassait depuis de nombreux mois sans se retenir d’exploser. La seule qui en faisait les frais, c'était @Amy Jordan . Amy qui ne comprenait pas tout ce qu’il avait fait pour sauver sa place, même si leur relation avait mené Thanatos aux portes de la maison des parents finalement. Amy qu’il aurait du repousser dès le début avec bien plus de convictions parce qu’elle méritait des jours bien plus heureux qu'à ses cotés. Des erreurs comme ça, il en avait fait beaucoup. Beaucoup trop depuis trois ans.

Les mains dans les poches de son long manteau, son coeur s'émiettait à chaque pas qu’il avançait comme la lourde sentence qu’il portait sur les épaules. Zoran était pourtant loin d'être ainsi lorsqu’il était arrivé en Grande Bretagne, le sourire large jusqu’aux oreilles. La maison Gryffondor l’avait accueillit et enveloppé dans une douceur qui s'était éclatée le jour où tout avait basculé. Ou il avait été forcé à prendre la relève. Les sangs purs n'étaient pas les seuls à avoir leur croix à porter, les héritages étaient bien plus nombreux qu’on ne le pensait, même dans d’autres sphères.

Alors lorsqu’il vit le visage de Fergus devant lui, il se rendit compte qu’il n'était pas le seul à être fatigué. Il ne niait pas qu’il avait passé une sale année, entre cette voiture qui lui avait éclaté le genou, sa fiancée à l’hôpital et tous ce qui faisait que la vie n'était qu’une merde. Il l’avait vu de loin, avec l’espoir de ne pas en être atteint, malgré qu’il n’avait pas hésité une seule seconde à baisser son masque il y a des mois pour le sortir du trou creusé par Thanatos.

Pourquoi? Cette question ne se posait même plus chez le croate qui avait appris à faire sans les réponses. Parce que personne n’était fichu de lui en donner alors qu’il ne faisait qu’exécuté des ordres pour sauver d’autres têtes. Les paroles de sa cousine @Sybil Nowak se percutait dans chaque recoin, il aurait très bien pu saisir une occasion pour faire autre chose. Elle pensait à ce qu’il embrase totalement le destin qui lui était prévu, il faisait en sorte d’avancer à contre courant, bien qu’il en était balayé à plein temps.

Pourquoi? Pourquoi fallait-il qu’aujourd’hui, il se justifie alors que personne ne lui avait jamais demandé? @Lucy Clearwater ne l’avait jamais fait, se contentant de hurler parce qu’il était aux abonnés absents pour des instants importants. Elijah lui avait demandé. Mais à peine l’avait-il su qu’il était parti. Le mal qu’il faisait constamment était entrain de lui enlever des proches qui avaient fait parti de sa famille et c'était ainsi qu’il perdait son âme. Alors oui, il savait pourquoi il se tenait debout devant Fergus ce matin là. Oui il y avait eu une promesse non formulée. Mais non, c'était trop tard. La culpabilité des premières semaines avaient laissé place à une amertume qu’il ne contrôlait pas. Ca lui brulait les entrailles jusqu'à délivrer une magie que même sa baguette ne voulait pas reconnaître à certains instants et c'était probablement ce qui lui faisait le plus peur. Qu’il finisse lui-même par ne plus être un seul instant le Zoran qu’il aurait aimé devenir.

”Alors là …"

Nerveusement, il passa sa main sur sa barbe naissante et propre, laissant échapper un rire qui n’avait rien de joyeux. Fergus se tenait devant lui, avec la seule question qu’il se refusait de répondre. Parce qu’il savait, qu’il avait eu le choix dès le départ. Tapant nerveusement des pieds sur le sol déneigé, il leva les yeux vers le sommet de la cabane hurlante qui était aussi sinistre que d’habitude. Jamais il n’avait voulu ressemble à cette coquille vide qui s’effritait sans que personne ne sache pourquoi. Alors cette sensation soudaine d’avoir en face, quelqu’un qu’il n’avait pas attendu.

”Tu ne sais pas …" sa voix mourut dans sa gorge alors qu’il ne pouvait retenir ses yeux de briller. Personne ne savait ce que ça faisait de voir un père partir et de voir ses soeurs prise pour cible mouvante. Et pourtant, il avait fait en sorte, sans le vouloir, que d’autres sachent ce que ça faisait. Il n'était pas sans savoir qu’un proche de la famille Clearwater était décédé durant les attaques. ”Tu ne sais pas et honnêtement, il vaut mieux que tu en saches moins."

Parce que quoi qu’il en dise, il n’y avait aucune raison d’envoyer une famille à la mine pour sauver la sienne.

Le croate refusa de croiser le regard de cet homme qui se battait pour la justice, qui avait presque donné sa vie ce soir là. Qui fondait une famille, qui en perdait mais qui vivait par dessus tout dans une lumière que Zoran avait refusé de suivre pour ne pas perdre sa famille.

”Qu’est ce que ça te changerait de savoir pourquoi? Ca te soulagerait de savoir pourquoi on en a fait une promesse en Juin? Ca te donnerait un autre regard sur l’ex petit copain batard que ta sœur fréquentait à l'époque?"

Il n’avait pas frappé Aram. Mais cette colère le démangeait bien assez pour aller cogner le premier arbre venu. Zoran fulminait en faisant les cents pas, bien trop concentré sur sa propre colère pour voir le pas de géant que Fergus faisait vers lui. Mais il avait raison, ça ne lui ressemblait pas. Il n’avait pas été élevé ainsi mais c'était en suivant les traces cachés de son père qu’il avait fini ainsi.

”Je suis là bas pour les mêmes raisons qui font que tu es Auror. Tu protèges les tiens, j’ai fais pareil."

Il s’était arrêté dans la course effrénée qu’il faisait devant le sorcier. C'était la réponse la plus évidente. Parce qu'à l'époque, Poudlard ne lui avait pas offert la possibilité de protéger ses sœurs encore en Croatie et sous le joug de Durmstrang et du clan Złamane Pazury.

”Et tu peux pas m’en sortir, sauf si tu arrives à me faire d’autres promesses quand je serais plus là."