Curiosity (Queenie)

Tu aurais pu rire de la boutade et parler de mode avec le serpentard. Le taquiner sur le port du rouge et comment ça lui irait au teint. Sauf qu’avec sa comparaison, il vient de faire déborder le vase de tes émotions. Relâchant la vanne que tu maintenais jusqu’alors comme tu le pouvais. Évitant habituellement les risques de rechute. Tu espérais avoir laissé tout ça définitivement derrière toi. Seulement, il faut croire que tu n’as pas voix au chapitre. Ton moral se révèle incapable de rester au beau fixe. Préférant jouer les courants alternatifs sinusoïdaux. Une plaie encore non cicatrisée.

« Eh bien désolée de ne pas être Evy et d’avoir quelques insécurités qui traînent derrière-moi ! » Tu lui as crié. Tu ne voulais pas spécialement le partager avec qui que ce soit. Encore moins avec Edel la sauterelle. Mais trop, c’est trop.

Tu lui fais lâcher ton bras brusquement. Te fichant de ce qu’il dit à présent. Qu’importe que tu sois encore dans l’eau et que le sol ne soit pas fortement tangible sous tes pieds. Tu refuses le contact d’un type qui prend plaisir du malheur des autres. Surtout du tien. Et qui en joue. À quel moment tout ceci est parti en cacahuète ?

Puis sentant les perles lacrymales percer la barrière de tes cils, tu préfères courir sur le chemin pour tenter de le semer. Tu ne veux pas être vue dans cet état. Et certainement pas par lui. Qui sait quelle autre cruauté le serpentard pourrait te cracher à la figure.

Tu aurais été seule que tu te serais probablement écroulée dans l’eau. Laissant tes larmes emplir un peu plus la flaque. Sauf que seule, rien de tout ceci ne serait arrivé.

Courir dans l’obscurité ambiante n’est clairement pas la meilleure idée que tu aies eue jusqu’à présent. Ce n’est pas non plus la pire pour l’instant. Tant que tu ne te prends pas un mur dans la figure, tu ne t’estimes pas totalement désespérée. Tu dois avoir une bonne mémoire spatiale ou un ange gardien qui veille sur toi et guide tes pas. Papa ? Sauf que des pas, tu n’en fais guère plus que deux. Te faisant rattraper par la voix et par la main du serpentard.

Tu ne comprends pas trop ce qu’il t’arrive jusqu’au moment où tu te retrouves vautrée dans l’eau. Crachant du liquide avalé par mégarde pendant ta chute. Te voilà belle maintenant… Tu ne veux même pas savoir dans quel état tu es. À quoi bon finalement.

Tu reprends contact avec ce qui t’entoure et Edel, le responsable de la situation actuelle. Autant vous deux assis dans l’eau, que les larmes sur ton visage. Tu ne veux pas lui parler. Pas à lui. Pas après ça. Pourtant, tu as besoin de confier ça à quelqu’un. Ce poids qui alourdit doucement tes épaules de jour en jour. Et puisqu’il est responsable de la situation actuelle, tu ne vois pas de problème à l’affliger un peu plus. Même si ça implique de te confier et de t’ouvrir à lui. « Ce… Ce n’est pas ça… » Bien sûr que ton frère t’a écrit. Qu’il t’a avoué vouloir te savoir en sécurité à Poudlard. Toi-même, tu comprends qu’il ait choisi de poursuivre son stage et d’acquérir de l’expérience plutôt que de la théorie. La magizoologie ne s’apprend pas enfermé dans une salle devant un bouquin. Le problème, c’est qu’il est ton ancre. Celui qui te permet de ne pas te noyer dans les affres de ton passé. Il l’a toujours été. Et tu avais réussi à faire avec lui dans les parages sans forcément le voir. Parce que tu savais qu’il était présent. Mais aujourd’hui, tu ne peux pas te mentir à toi-même. Tu sais pertinemment qu’il ne se trouve pas dans l’enceinte du château.
Tu appuies tes paumes sur tes yeux. Pour bloquer toute tentative de fuite lacrymale. « C’est plus compliqué. » Ta voix n’est qu’un murmure rauque. Et la psy qui n’est plus à Poudlard… Ça va pas t’aider non plus.

Tu renifles à la remarque du serpent. Bien vite contredit par la main qu’il te rend. Bien sûr que ce n’est qu’une formulation. Un moyen de te faire parler. Probablement d’assouvir une curiosité. Tu enlèves tes mains de ton visage. Fixant la sienne toujours tendue dans ta direction. Tu aimerais lui dire que tu en as marre d’avancer. Que tu voudrais te morfondre et t’engluer dans tes malheurs. Lâcher prise et retomber dans l’obscurité. Un sursaut de bon sens te fait néanmoins saisir cette main. Ce phare dans l’obscurité. Tu en es arrivée à un stade où ta lutte se résume à marche ou crève. Tu refuses de nier la lionne en toi en cessant d’avancer. Ton amoureux te le répète souvent, tu es forte. Tu as seulement des coups de mou plus dévastateur que les autres. Surtout lorsque tu es poussée à bout ainsi.

Ta main garde celle d’Edel encore quelques secondes, profitant de sa chaleur, tu la relâches cependant avant que ça ne devienne gênant.
Tu reprends le chemin en suivant la lumière de la baguette du serpentard qui ne s’est pas éteinte. Ou qu’il a rallumé, tu ne sais pas. Faisant un bruit spongieux à chaque pas. Vous allez probablement sentir le chien mouillé. Ou pire, la vase. Romantique.

Avancer te permet de réfléchir à ce que tu veux partager. À une époque, tu aurais tout déballé, faisant confiance à un interlocuteur qui se soucie de toi. Aujourd’hui, tu prends en compte l’attitude de goujat du mexicain et la mauvaise réputation de sa maison. Écraser pour mieux régner. Chose que tu ne fais pas habituellement. Tu les aimes bien en général les serpents.

Alors que ton dilemme quant à savoir quoi dire ne semble pas sur le point de se résoudre, tu sens une sensation de chaleur t’envahir. Tu as bien trop l’habitude de fonctionner comme une moldue qu’au moindre problème, tu ne penses pas à ta baguette magique en guise de solution. Une erreur qu’il va te falloir urgemment cesser de commettre. Tu murmures un faible « Merci. ». Tu ne sais pas si le brun t’a bien entendu, cependant, tu ne t’interroges pas plus lorsqu’il prend la parole. Si tu te crispes en pensant que sa patience vient d’atteindre sa limite et qu’il va te pousser à parler. Tu te sens soulagée d’entendre qu’il embraye sur un autre sujet. Qui à première vue n’a aucun rapport.

Tu hausses un sourcil. Parce que tu ne vois pas la ressemblance entre le courageux gryffondor et l’ambitieux serpentard. Tu attends la suite, mais elle ne t’éclaire pas plus. Tu te trouves dans le flou là. « Où veux-tu en venir ? » Parce que si Edel en vient à te dire que vous êtes comme les deux côtés d'une même pièce, tu vas juste lui rire froidement à la figure. « La seule chose que je nous trouve en commun, c’est un manque de patience évident. » Les gryffondors et les serpentards ne sont pas réputés pour leur patience. Et parce que tu ne comprends pas où il t’emmène. Bien que présentement, ce soit toi qui le guides dans ce dédale.
Avec tes nerfs déjà mis à rude épreuve, tu ne te sens pas la force de faire preuve de patience. « Si c’est une boutade, la chute a plutôt intérêt à être drôle. » L’échange a largement diminué tes réserves et tu sens le poids des événements peser sur tes épaules.

Tu soupires avant d’apercevoir l’encadrement du tableau qui mène à la salle désaffectée des cachots. Tu l’indiques de la main à ta vipère de compagnie. « On arrive au terminus. » Tout le monde descend. Tu hausses les épaules anticipant tes prochains mots. « Je comptais remonter le couloir à l’envers pour y trouver un indice, une marque, quelque chose. » Tu as déjà aperçu des symboles sur les pierres en parcourant les couloirs du château avec @Norà Millar. Vous n’avez toujours pas fini de mener l’enquête sur bon nombre d’entre eux.
Partir du point d’arrivée jusqu’à remonter au départ pour trouver ce qu’il peut y avoir d’intéressant dans ce passage. Peut-être que c’est dans la salle elle-même que tu trouveras ton St Graal, mais comme elle se révèle accessible et que sa porte n’est pas condamnée, tu en doutes.

Enfin ça, c’était avant que le mexicain ne joue les accompagnateurs.

Tu n’écoutes même pas la pique qu’il t’envoie dans la figure. Si monsieur se croit tellement supérieur, qu’il te lâche les baskets tout de suite et vaque à ses occupations d’individu si intellectuellement extraordinaire. À la seconde pique en revanche, tu ne choisis pas de te taire. « Je t’emmerde. » Prends-en bonne note, tu ne feras plus jamais ce genre d’activité avec un type de son calibre. Tu ne feras plus l’erreur de te montrer imprudente surtout. @Norà Millar te manque cruellement actuellement. Rien ne se serait déroulé ainsi si la jolie rousse s’était trouvée avec toi. Mais tu as conscience de ne pas pouvoir lutter contre un devoir de divination. Il faudra que tu lui montres ce coin aussi.

Tu hésites à lui dire de le faire lui-même pour le voir tenter de parler avec un portrait qui refuse d’ouvrir la bouche. Cependant, lorsque tu le vois prendre une cigarette, tu ne peux t’empêcher de faire une réflexion. « Ne fume pas à l’intérieur. » C’est un ordre. Parce que tu n’as plus la patience de te montrer conciliante et que tu ne supportes pas l’odeur de la clope. @Blodeuyn Cynfeirdd se la traîne déjà bien assez en embaumant votre salle commune.
Tu adresses un signe de tête au tableau pour le saluer, te détournant de ton camarade. « Je peux bien lui parler, il ne répond à personne. » Tu te demandes s’il ne parle pas une autre langue, ou même uniquement fourchelangue. Caprice ou volonté de son créateur ? Qui sait. Ce ne serait pas déconnant en considérant que vous vous trouvez dans la zone du fondateur qui pratiquait ce noble langage. Si ton hypothèse est vraie, il te faudra trouver un parleur pour le vérifier. Voilà de quoi t’occuper encore quelque temps.

Tu te retournes vers le brun pour voir de quoi il parle. « Hein ? Attends, quoi ? » Tu t’approches pour regarder ce qu’il fait. « T’as trouvé un truc ? » Alors là, tu n’en reviens pas ! L’enfoiré… Il possède une chance insolente. En te postant à proximité du mur, tu ressens un léger courant d’air passer. « Oh ! » Tu attrapes ta baguette pour lancer un lumos à ton tour et regarder entre les aspérités de la pierre.