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The other side [Pv Nathaneal]

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The Other Side

Sainte Mangouste - 02 Juin 2023 - @Nathanael E. Pierce

En ouvrant les yeux ce matin-là, Oskana avait pris sa décision : elle irait à Sainte Mangouste. Ou plutôt, elle avait pris sa décision quelques jours plus tôt, lorsqu’elle avait pris rendez-vous avec ce médecin, ce… Pierce. Mais jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux, la brune n’était encore sûre de rien. Elle qui n’était sortie que pour aller se recenser au ministère, voilà qu’elle se sentait presque pousser des ailes en souhaitant aller voir un docteur. Elle se mordilla la lèvre inférieure en regardant son reflet dans le miroir. Et si la Meute la retrouvait ? Ou pis, ses parents ?

Suivant le flot de ses pensées, un poids lui tomba sur l’estomac. Finalement, peut-être ferait-elle mieux de ne pas y aller. Ou de demander à Glenn de l’accompagner ? ... Non, il avait assez à faire sans devoir en plus se préoccuper d’elle plus qu’il ne le faisait déjà. Elle n’était plus une enfant, et il était peut-être temps pour elle d’arrêter de se croire poursuivie par le loup. Ce qui était assez ironique lorsque l’on savait qu’elle en étant un elle-même…

Attrapant un pantalon de toile, un t-shirt et un pull large, dans des tons sobres, terne, Oska s’habilla rapidement. Elle hésita à attacher ses cheveux, mais elle s’abstint. Cela ne faisait que la dévoiler plus et hors du domaine, elle ne se sentait pas prête. Pouvoir se replier sur elle, se cacher derrière le rideau épais de ses cheveux, était son seul moyen de défense. Enfin, non, mais elle préférait voir les choses ainsi.

Tandis qu’elle s’apprêtait à sortir de sa chambre, son regard acier se posa sur sa baguette, parfaitement rangée sur sa commode, avec une couche de poussière dessus. Hm. Elle soupira en marmonnant quelques insultes et s’en approcha, pour la prendre en la nettoyant rapidement d’un coup de manche. Elle la glissa dans l’étui prévu à cet effet et attacha le tout à son avant-bras, sous son pull. La sensation désagréable du cuir sur sa peau la fit grimacer. Par Merlin, si elle pouvait s’en débarrasser définitivement et briser sa baguette, elle deviendrait la femme la plus heureuse au monde. M’enfin bon… Fin prête, la brune quitta sa chambre pour sortir, fermant les yeux lorsque les milliers de senteurs rassurantes de la ferme la frappèrent.

Ne pouvait décemment pas partir sans s’occuper d’abord de ses corvées matinales, la louve se dirigea vers le poulailler, nourrissant les animaux avant d’en profiter pour récolter les œufs. Puisqu’elle s’était levée plus tôt que d’ordinaire, pour pouvoir tout faire, elle déposa le panier devant la porte de la maison des Yard, pour qu’ils puissent préparer leur petit déjeuner. Elle fila rapidement vers le jardin médicinal et profita de temps qui lui restait pour retirer les feuilles mortes, vérifier qu’aucun insecte malvenu ne ruine les pieds, plongeant les mains dans la terre sans ménagement. Ici, elle se sentait utile, avait l’impression d’avoir trouvé sa place dans ce monde de fous.

Une bonne heure plus tard, lorsqu’il fut temps pour elle de partir, le poids en elle s’accentua. Au moins, le jardinage l’avait aidé à ne pas y penser…. Elle soupira et laissa un mot sur le panier d’œufs pour expliquer la raison de son absence et se dirigea – sans aucune conviction – vers la sortie du domaine. La brune s’y arrêta quelques longues secondes, tiraillée entre le fait de retourner se cacher sous sa couverture ou d’y aller. Son regard se posa derrière elle, sur le domaine, sur son chez-elle… Puis vers l’avant, vers le village non loin. Là-bas, il y avait un réseau complexe de cheminette qui lui permettrait d’arriver à temps à l’hôpital donc… C’est en prenant une profonde inspiration que la louve posa un pied hors du domaine. C’était une petite victoire, un premier pas. Et Oska connaissait l’importance de ses petites victoires sur ses traumas et terreurs. Aussi s’encouragea-t-elle à en faire un second, puis un troisième jusqu’à ce que ses jambes retrouvent leur autonomie et la porte là où elle le désirait.

Ce ne fut qu’une bonne demi-heure plus tard, après avoir fait quelques détours pour éviter que l’on puisse remonter jusqu’au domaine que la brune posa pied à Sainte Mangouste. La première chose qui la perturba fut les odeurs. Il y avait…. Tout et n’importe quoi. Elle en plissa le nez tant c’était violent, resserrant ses bras autour d’elle alors qu’elle faisait de son mieux pour se diriger vers l’accueil. Elle fut faire la queue quelques minutes, entre les toux et autres éruptions magiques cutanées avant de se retrouver face une bonne femme rondouillarde, le visage rouge et les yeux pétillants. Oskana ne put retenir un sourire timide et marmonna rapidement qu’elle avait rendez-vous avec le docteur Pierce. Le sourire de la femme s’accentua et lorsqu’elle ouvrit la bouche, la brune ne sut plus où se mettre.

- Eh bien ! Il est chanceux le Pierce ! Pour son dernier rendez-vous, il reçoit enfin une personne calme ! Prenez à gauche, par là – la dame lui indiqua une direction – puis continuer en suivant les panneaux pour la salle d’attente numéro 2. Comme il est souvent à l’heure, vous n’aurez pas trop à patienter. Il me faudra votre nom et prénom pour le dossier, et vous pourrez y aller.

Balbutiant quelques remerciements alors qu’elle remplissait rapidement ledit dossier, la brune baissa les yeux. Et elle ne les releva pas quand elle devait regarder un panneau. Quelques minutes plus tard, elle était assise sur l’une des chaises de la salle d’attente, un endroit presque vide – enfin – mais sur le qui-vive. Alors qu’elle semblait absorbée par le bout de ses chaussures, des bruits de pas se rapprochèrent et quelqu’un prononça son nom. La demoiselle se leva alors pour s’approcher de la personne ayant ce timbre un peu rauque. Il sentait… L’hôpital. Et la fatigue. Un peu la sueur aussi. Etonnement, ce n’était pas aussi prenant et désagréable que ce à quoi elle s’attendait.

- O… Oui, c’est moi.

Pas une fois elle ne leva les yeux vers lui, préférant se tasser un peu plus, cherchant à éviter de se faire remarquer. Ce qui était compliqué vu sa taille. Car pour son plus grand malheur, Oskana était relativement grande pour une femme, ce qui ne collait pas du tout avec son attitude et sa façon d’être en présence d’étranger. Néanmoins, elle suivit cet homme dans ce qui lui servait de cabinet. Elle resta debout quelques secondes, son regard détaillant l’endroit avec une certaine crainte avant de constater que le seul danger présent pourrait être ce médecin.

Une nouvelle fois, elle prit place sur une chaise, s’installant au bord comme si elle s’attendait à devoir prendre la fuite. Tête baissée, triturant ses mains, jambes serrées l’une contre l’autre, il était clair qu’elle ne se sentait pas à sa place et qu’elle avait… Peur ? Oui, c’était exactement. Elle avait peur de ce qui l’attendait. Elle craignait de se prendre une vague de haine pour ce qu’elle n’avait jamais choisi d’être. Un silence quelque peu malaisant s’étira entre eux, comme s’il attendait de savoir pourquoi elle venait le voir, alors qu’elle retrouvait ce mutisme incontrôlable lorsqu’elle perdait ses moyens. Cela promettait d’être compliqué…

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@Oskana Erskine  & Nathanael



 « Where the art of medicine is loved, there is also love for humanity  »
Hippocrates   



Nathanael se rappelait encore du discours tenu par un professionnel de la santé, lorsqu'il avait vocalisé son intention de suivre la voie de la guérison, de la médicomagie. Ce dernier lui avait tenu un discours passionnant sur le lien entre médicomage et patient, sur le fait de repousser les limites du possible toujours plus loin, de devenir un pionnier en matière d'innovation mais, étrangement, ce charlatan avait omis de mentionner les horaires interminables. Mais comment lui en vouloir ? Il ne pouvait décemment pas s'attendre à intéresser les nouvelles générations, s'il confirmait qu'ils allaient devoir, souvent, travailler plus de 48 heures d'affilié en grappillant quelques minutes de sommeil, ça et là.

Oh oui, la privation de sommeil était le pire ennemi du médicomage, et à plus fort raison de l'urgentiste qui était la première ligne de défense et, surtout, le plus souvent exposé au risque d'erreurs liées à la fatigue. Bien sûr cette lutte constante se faisait plus aisément avec l'expérience, mais certaines journées restaient tout de même interminable. Cela faisait plus de  47 heures que le service du chef des urgences avait commencé et, s'il prenait toujours soin de se montrer présent, pour aider au moral des troupes, après une opération interminable il se dirigea vers les toilettes les plus proches, afin de se jeter un peu d'eau glacée sur la figure.

C'était le genre de journée où il était épuisé, où ses jambes peinaient encore à le faire tenir debout mais où il serrait les dents et s'accrochait, parce qu'il n'avait simplement pas le choix. En relevant son visage, sentant les gouttes glacées couler le long de ses joues et de son nez, Nathanael eut l'occasion de croiser son reflet, pendant quelques instants, avant de détourner le regard. Le masque de maintien était là, il pouvait même bomber le torse et relever sa tête, mais il ne pourrait pas se tromper lui-même.

Fermant les yeux un instant, comme il avait l'habitude de le faire jadis lorsque l'anxiété et le stress étaient oppressants, le Pierce prit une profonde respiration, puis deux, puis trois et, à la fin de cette série, il sentit comme si un poids venait de se décoller de la poitrine. Cela ne parviendrait peut-être pas à masquer sa fatigue musculaire, mais ce processus lui permettrait, au moins, de reprendre le contrôle de ses pensées pour les quelques minutes qui lui restaient.
Se redressant, réajustant sa blouse en-dessous de laquelle il était affublé de son uniforme teinté de vert, le Pierce redressa la tête, se força à maintenir cette face de maintien qu'on lui connaissait alors que ses yeux, eux, traduisaient d'une évidente fatigue. Le chef de service s'extirpa donc des toilettes, se dirigeant vers l'accueil où l'une de ses collègues lui donna le nom de sa prochaine et dernière patiente de la journée, avant de lui glisser un sourire compatissant, car elle savait parfaitement depuis combien de temps il était debout.

Allez, une dernière. Juste une dernière et où il pourrait s'écrouler dans son lit pour les prochaines 24 heures au moins.

D'une démarche lente et qui se voulait assurée, Nathanael se dirigea vers la seconde salle d'attente et, surpris de voir bon nombre de chaises vides, il balaya l'assistance de son sombre regard avant de percer le silence d'un « Oskana Erskine ?  ». Il attendit une seconde, deux secondes, trois secondes et, bientôt, une demoiselle se leva pour se faire connaître du médicomage. Eh bien, eh bien...il avait eu le droit, tout à l'heure, à un poivrot qui puait le whisky à trois kilomètres à la ronde, autant dire que le changement était aussi surprenant que bienvenue. Se drapant d'un sourire discret mais qui se voulait accueillant, le jeune homme posa son regard sombre vers la demoiselle, l'invitant à la suivre d'un simple geste de la tête. Lorsque les deux furent à bonne distance des autres patients, Nathanael se présenta d'un doux « Je suis le docteur Pierce, et je vais m'occuper de vous aujourd'hui. C'est par ici. »

D'ordinaire il aurait choisi une salle de consultation mais, puisque c'était sa dernière visite de la journée, il pouvait faire une exception et choisir son propre bureau, où il pourrait retrouver le confort de son propre fauteuil. En quelques dizaines de secondes seulement, le guérisseur parvint jusqu'à la porte de son large bureau et, en l'ouvrant, tout gentleman qu'il était, il invita sa patiente à pénétrer dans la pièce avant lui, indiquant un fauteuil de sa main gauche, soufflant « Asseyez-vous, je vous en prie. ».

Aujourd'hui il avait traité un accident de balais, un poivrot s'étant coupé la main, trois enfants amenés par des parents inquiets, un accouchement en urgence et quelques autres cas qu'il avait relégué dans un coin de sa tête. Une partie de lui espérait une consultation plus calme et, lorsqu'il vint s'enfoncer dans son propre fauteuil en cuir, le médicomage retint un soupir de soulagement face à cette fraction de confort qu'il pouvait enfin s'autoriser. Relevant son regard, il perça à nouveau le silence, afin de rentrer dans le vif du sujet. « Alors, dites-moi. Qu'est-ce qui vous amène vers moi, aujourd'hui ? Quel est le problème ? » Pressé d'en finir ? Une partie de lui le souhaitait, oui, mais il était simplement trop professionnel pour cela. Le Pierce savait que personne n'aimait venir ici, parce qu'on y venait rarement pour d'agréables raisons. Sa patiente avait un problème, et il allait faire de son mieux pour essayer de l'y aider.



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Sainte Mangouste - 02 Juin 2023 - @Nathanael E. Pierce

La voix de cet homme avait un petit quelque chose d’apaisant, cherchant à la mettre en confiance. Oskana aurait aimé se détendre, mais qu’en serait-il quand il comprendrait qu’elle n’était qu’une impure ? Une créature humaine qu’en surface ? Un monstre… Car c’est tout ce qu’elle était : un putain de monstre. Néanmoins, elle l’avait suivi sans vraiment réfléchir à la suite. Elle devait être là pour lui parler de son problème, de cet… État qu’elle ne supportait pas. D’ailleurs, elle avait mis énormément de temps avant de se décider à demander de l’être. Ressentir ce qu’elle ressentait à l’approche de la pleine lune était terriblement… Gênant. Elle se retrouvait à regarder les hommes du domaine comme des morceaux de viande bien juteux, alors que le reste du temps, elle les voyait comme sa famille. C’était humiliant pour la jeune femme.

- Alors, dites-moi. Qu'est-ce qui vous amène vers moi, aujourd'hui ? Quel est le problème ?

La voix du médicomage la fit sursauter et la brune se racla la gorge, tortillant un peu plus ses doigts sous l’appréhension. Il fallait qu’elle se jette à l’eau, qu’elle ouvre la bouche, parle. Alors, elle entrouvrit les lèvres pour essayer, une fois. Deux fois, trois… Sans y arriver. Baissant un peu plus la tête, elle se mordilla la lèvre alors que son souffle s’accélérait. Allons, elle n’allait tout de même pas faire une crise de panique en plus du reste ! Sans délicatesse, elle enfonça ses ongles dans la partie charnue de sa main, espérant que la douleur l’aide à se reprendre. Et cela fonctionna. Tout du moins assez pour qu’elle arrive à expirer longuement en cachant ses mains entre ses cuisses, priant pour qu’il n’ait rien vu. Après tout, il était… Normal, lui.

Elle aurait aimé relever le nez, planter son regard dans le sien et lui parler comme quelqu’un qui n’avait pas son vécu, ses traumatismes et ses peurs. Elle aurait aimé pouvoir lui sourire, lui expliquer les choses sans avoir envie de rougir ou de se cacher sous le bureau. C’est donc en triturant le bout de sa manche que la brune tenta pour la quatrième fois de prendre la parole. Cette fois, elle réussit à articuler quelques mots, bien que ce fût surtout un murmure. Humain qu’il était, il ne comprendrait jamais tout.

- J’ai besoin… Potion… Lune…

Bon. Ce n’était pas fameux. Clairement pas. Sur l’échelle de la débilité, elle était au sommet. Ses dents s’enfoncèrent une fois de plus dans la chaire de sa lèvre. Relevant légèrement le nez, ses muscles se bandant, prêt à prendre la fuite, elle se reprit au dernier moment. Elle n’aurait jamais ce pour quoi elle était venue si elle fuyait comme la lâche qu’elle était. Durant quelques secondes, elle s’obligea à imaginer le domaine, ses odeurs, ses bruits, la chaleur du soleil sur sa peau. Elle vit le sourire d’Haruka, sentit la main rassurante de Glenn sur son épaule, entendit sa voix, ses encouragements… S’imprégnant de cet endroit rassurant qui était désormais sa maison, la louve prit une profonde inspiration.

- Je… Viens vous pour savoir si… Si vous aviez des potions contre les désagréments… Lunaire ?

Cette fois, sa voix était sortie, avait suffisamment porté pour qu’il l’entende, même si elle chevrotait un peu. Elle avait peur. De lui, de cet endroit, d’avouer ce qu’elle s’efforçait à cacher au monde. Instinctivement, sa main gauche remonta jusqu’à son épaule balafrée, couverte par le pull qu’elle portait. Si cette fameuse nuit, elle avait jouée avec ses frères à l’intérieur, elle ne serait pas devenue… ça. Elle serait aujourd’hui mariée, peut-être même mère, aurait trouvée sa place dans ce monde impitoyable et serait peut-être même heureuse… Mais en contrepartie, elle n’aurait jamais connu Mira, ni les Yard, ni toutes ces personnes qui avaient fait de leur mieux pour l’aider à s’en sortir, à leur façon. Car même si la Meute la terrifiait, elle savait aussi qu’ils n’étaient pas tous des monstres par plaisir. Elle connaissait par cœur leur vision du monde, leur envie de liberté… Et quelque part, elle comprenait. Leur discours n’était pas entièrement faux, mais Oskana ne convenait pas pour le monde auquel ils aspiraient, ce qui l’avait conduit à devenir cette oméga détestée.

Cependant, le médecin à la voix douce ne pouvait pas savoir ce qu’elle était. Ni pourquoi elle demandait cela. Encore un petit effort. Ce n’était pas grand-chose, mais une terreur glacée se nicha dans ses entrailles. Elle voyait bien le regard emplit de dégout qu’elle croisait chaque mois, face à la personne s’occupant de la recenser, de vérifier qu’elle suivait les lois… Chose pratique, c’est qu’elle était toujours domiciliée au marché à leurs yeux. C’était un peu sa façon à elle de protéger la ferme et les personnes merveilleuses qui s’y trouvaient. Pourtant, la brune ne voulait pas sentir cet homme se raidir, devenir froid, où pis, la jeter hors de son bureau.

- Je suis une lycane… La… La lune a des effets sur nous… Moi. Des effets qui sont… Dérangeant. Honteux.

Sa main quitta prestement son épaule mutilée et rejoint la deuxième – celle blessée par ses propres ongles quelques minutes plus tôt – entre ses cuisses. C’était… Rassurant, la chaleur de son propre corps sur ses mains froides. Pourtant, elle n’avait pas froid et le pull n’y était pour rien. La température naturellement plus élevée de son corps faisait qu’elle était plus résistante au froid, et si monsieur Pierce se levait pour venir la toucher – l’ausculter – il pourrait comprendre qu’elle ne mentait pas. Mais vu la conjoncture sur les lycans, qui auraient envie de mentir sur ce sujet… ?

Mais voilà, elle l’avait dit. Elle avait lâché sa petite bombe et maintenant, elle était à deux doigts de trembler de peur. Le moment fatidique arrivait. C’était toujours la même chose : la respiration se coupait net, une déglutition inquiète se faisait entendre et une odeur âcre remplissait l’air : soit de la peur, soit de la haine. A voir comment le médecin allait réagir. Il arrivait, parfois, que les gens fassent de leur mieux pour ne rien laisser paraitre. Qu’ils s’abstiennent de tout commentaire et continuaient leur travail, en essayant de l’expédier au plus vite. Mais certains la chassaient, l’envoyaient paître quand ils ne se montraient pas carrément insultants et blessants. Elle avait l’habitude de cela, tout comme elle avait l’habitude des leçons que la Meute lui donnait, ce n’est pas pour autant qu’elle appréciât cela…

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@Oskana Erskine  & Nathanael



 « Where the art of medicine is loved, there is also love for humanity  »
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Chaque cas était différent, c'était quelque chose que le Pierce avait rapidement compris dés ses tout premiers patients. Le plus dur avec les jeunes médicomages c'était de faire preuve d'empathie, et de ne pas voir leurs patients comme une énigme à résoudre, ou comme une simple liste de symptomes à analyser et traiter. Ils étaient tous des personnes de chair et de sang, des personnes remplies de peur et d'appréhension à l'idée de recevoir une mauvaise nouvelle. C'était le rôle du médicomage que de comprendre cette peur, d'accepter cette peur légitime et de faire disparaître tous ces doutes, toutes ces craintes, sans pour autant bercer ces malades d'illusions. Le faux-espoir était sans doute la pire chose qu'il pouvait donner et, aussi douloureux que cela soit, l'honnêteté était toujours la meilleure des solutions.

Deux opérations, quelques consultations, quelques mises à jour de dossier et, enfin, le jeune homme était face à sa dernière patiente de la journée. On pourrait croire qu'il voudrait expédier cela rapidement mais, au contraire, comme il ne lui restait plus qu'elle à aider, et qu'il avait un peu de temps devant lui, autant bien faire les choses, non ? Non pas que cela ne soit pas le cas, d'habitude, mais aujourd'hui il avait un peu plus de temps. Ainsi, sur un ton qui se voulait doux et rassurant, Nathanael essaya de rentrer dans le vif du sujet mais, dés ses premières paroles, il se rendit bien compte que la demoiselle Erskine semblait en proie à une certaine nervosité. Certains avaient une phobie des hôpitaux, des médicomages ou des aiguilles, et c'était dans un cas comme celui-ci qu'une grande dose de patience était nécessaire.

Ce n'était pas son rôle de juger. Il ne l'avait jamais fait avec ses frères, jamais avec sa sœur, jamais avec ses premiers patients et il n'allait clairement pas commencer aujourd'hui. Ainsi, même s'il n'avait que pour seule envie de demander à la demoiselle si tout allait bien, si elle avait besoin de quoi que ce soit, tout ce qu'il pouvait voir c'était qu'elle évitait le contact visuel et qu'elle était suffisamment stressée pour planter vigoureusement ses ongles dans la paume de sa main. Fronçant les sourcils, alors qu'il retenait son envie d'intervenir, son instinct de chevalier servant, Nathan prit une profonde respiration et s'enfonça dans son siège, alors que sa patiente essayait de mettre un mot devant l'autre. Était-ce lui, qui la terrifiait ainsi, ou la cause était-elle toute autre ? Il ne put s'empêcher de poser la question jusqu'à ce que, enfin, quelques précisions ne soient apportées sur le tableau.

Si le domaine des potions était plutôt la spécialité de Zahra, Nathanael avait suffisamment de connaissances dans le sujet pour comprendre où en venait sa patience et pas une seule, pas une seule fois son regard ne se décrocha de Oskana. Les désagrément lunaires, hein ? Il patienta quelques secondes de plus pour avoir la confirmation de la véritable nature de sa patiente et, en un instant, toutes les pièces du puzzle se rassemblèrent enfin dans sa tête. Le silence s'installa pendant quelques secondes, alors que le médicomage ne quittait pas la demoiselle des yeux et, dans un souffla, tenta de la rassurer d'un « Je comprends. Mais vous n'avez pas à avoir honte, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez contrôler. » Il savait qu'avec la pleine lune des lycans étaient parfois irritables, mais il était aussi conscient de certains autres effets du cycle lunaire, même si on ne lui avait que rarement fait une telle demande...il était même à peu près sûr que c'était une première, pour lui. Doutait-il de pouvoir l'aider ? Pas le moins du monde.

Laissant le silence retomber à nouveau, essayant de remettre de l'ordre dans les milliers de questions qui pululaient dans sa tête, le chef des urgences demanda alors « Est-ce que vous pouvez m'en dire plus, sur ces effets ? Enfin si vous vous sentez prête, bien sûr. Je sais que le cycle lunaire peut jouer sur vos émotions, vos envies, et même vos désirs charnels. Quel effet vous pose le plus problème ? » Il savait que ce n'était pas un sujet facile à aborder, raison pour laquelle il prenait des pincettes et parlait sur un ton doux, calme, car il connaissait à présent la raison de la nervosité de la Eskrine. Il n'était jamais curieux pour le simple plaisir d'être curieux, chaque question avait toujours une raison d'exister, mais il comprendrait si jamais sa patiente hésitait à pointer du doigt un «  effet » en particulier.

En attendant, lui laissant le temps de trouver ses mots, de rassembler son courage pour rentrer dans le détail, Nathanael vint s'enquérir de la main dans laquelle les ongles avaient été plantés, un instant plus tôt. Se penchant en avant, observant Oskana dans une posture de protection, ses mains réfugiées entre ses jambes, le médecin demanda « Est-ce que vous me permettez que je m'approche ? J'aimerai examiner l'état de votre main, vous avez dû vous faire mal avec vos ongles. Cela ne prendra qu'un instant. » Une blessure était une blessure, aussi insignifiante puisse t-elle paraître, mais c'était le rôle du Pierce de faire en sorte que Oskana reparte d'ici en meilleure santé qu'elle ne l'était en arrivant.

Ainsi il resta là, derrière son bureau, en attendant une réponse, un accord et, déjà, il se mettait à réfléchir aux différents types de potions qui pourraient aider sa patiente. Certains ingrédients tourbillonnaient et, dans un coin de sa tête, il commençait déjà à prendre des notes, se demandant si sa collègue Zahra était présente, aujourd'hui, pour l'aider ou non. Il n'en aurait peut-être pas besoin, mais c'était toujours bien d'avoir l'avis d'une spécialiste, en cas de besoin.



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Sainte Mangouste - 02 Juin 2023 - @Nathanael E. Pierce

Le silence. Celui-là même auquel la brune était habituée. Cette absence qui précédait la douleur, psychique ou physique. La pauvre n’osait même plus respirer, hésitant même à continuer d’exister. Soudain, l’idée de devenir une statue, figée par le regard d’une créature bien plus sombre qu’elle, devint tentante. Si elle devenait pierre, elle ne ressentirait plus rien, ne serait plus soumis aux caprices un astre qu’elle arborait profondément. Néanmoins, alors qu’elle attendait que l’âcreté emplisse l’air, rien de tel n’arriva, ce qui la perturba profondément. De même que la voix douce dont il usa pour lui parler, presque comme un murmure. Comme s’il cherchait à la mettre en confiance. Oskana en écarquilla les yeux, entrouvrant ses lèvres charnues avant de refermer sa bouche. Ses yeux la piquèrent, comme lorsque les larmes menacent de couler, mais hors de question de se laisser aller. Après tout, allait-il rester si gentil ? Il n’avait peut-être pas bon compris. Après tout, qui aurait pu dire que la jeune femme était une lycane en la regardant ? Personne, pas même elle. Cela dit, c’était peut-être aussi parce que elle-même n’arrivait pas à s’y faire.

- Je comprends. Mais vous n'avez pas à avoir honte, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez contrôler.

Si seulement il savait. S’il comprenait la profondeur de cet amas visqueux qui inondait son âme depuis qu’elle avait tout perdu, presque dix-huit ans plus tôt. Si seulement il pouvait lui apporter une solution définitive pour qu’elle ne soit plus le monstre et qu’elle puisse redevenir Oskana, retrouver sa petite vie, en oubliant ses horreurs vécues. Si seulement… Elle secoua lentement la tête. Avec des si, on refaisait le monde. Elle avait bien intégré que sa condition était irréversible, et la seule chose qui la poussait à essayer de tenter de contrôler cette chose remuant en elle était pour avoir la certitude de ne jamais faire du mal à qui que ce soit. Elle refusait de briser la vie de quelqu’un comme la sienne l’avait été.

Avant qu’elle n’ait pu trouver la force de lui expliquer à quel point elle voulait redevenir une simple sorcière, retrouver goût à la vie hors de la ferme, revoir sa famille, ses amis d’enfance, son fiancé… L’homme reprit la parole, déstabilisant une nouvelle fois la brune par la chaleur qu’elle détectait dans sa voix. Elle n’avait pas l’air feinte, et il n’y avait toujours pas cette agression olfactive qui arrivait inéluctablement lorsqu’elle parlait de sa condition. C’était si perturbant pour elle…

- Est-ce que vous pouvez m'en dire plus, sur ces effets ? Enfin si vous vous sentez prête, bien sûr. Je sais que le cycle lunaire peut jouer sur vos émotions, vos envies, et même vos désirs charnels. Quel effet vous pose le plus problème ?

Ce qui était plaisant, c’était qu’il savait de quoi il parlait. Elle n’avait pas affaire à un parfait abrutit persuadé de tout savoir. Il agissait comme un véritable médecin – non pas qu’elle ait douté – et posait les bonnes questions. Questions foutrement dérangeantes. Levant l’une de ses mains pour en mordiller l’ongle, cherchant cette fois la force de parler sans rougir comme une adolescente, Oskana se demanda comment amener sur le tapis l’effet le plus dérangeant pour elle. Finalement, laissant retomber sa main, la louve prit une profonde inspiration – et se retrouva submergée par l’odeur de cet homme dont elle ignorait encore le visage – pour rassembler son courage.

- Objectivement… Tous. Mais si je dois être plus précise… Elle releva alors lentement son visage vers lui, ses cheveux s’écartant comme un rideau d’ébène pour laisser son regard acier émerger, s’ancrant dans le regard sombre du médicomage. Le dernier.

La demoiselle referma la bouche, sans couper le contact visuel immédiatement. Elle resta encore quelques secondes à observer ce regard, cherchant à y déceler autre chose qu’une… Curiosité et une attention non feinte. Il était sincère. Ce qui la fit légèrement écarquiller les yeux de surprise. Putain de merde. Il n’avait pas peur d’elle, ne semblait ressentir aucun dégout envers elle… Elle note l’information quelque part, puis finit par baisser une nouvelle fois les yeux. Cependant, elle ne tint pas et releva timidement son regard pour l’observer.

Il était plus vieux qu’elle, c’était indéniable si elle se fiait aux petites ridules qui se creusaient autour de ses yeux. Et il semblait épuisé aussi. Il avait des poches sous les yeux, mais cela n’avait rien d’étonnant. La jeune femme avait beau ne pas avoir passé énormément de temps dans les hôpitaux, elle n’était pas inculte pour autant : elle lisait beaucoup. Il semblait plus grand qu’elle aussi. Et son visage… On pourrait presque croire qu’il avait été taillé à serpe, et c’était loin d’être désagréable à regarder. Rapidement, la brune baissa une nouvelle fois le regard, ayant l’impression d’avoir abusé, de s’être montrée irrespectueuse. De plus, ce n’était pas dans sa nature de dévisager ainsi autrui. Encore moins lorsqu’elle ne connaissait pas la personne.

- Est-ce que vous me permettez que je m'approche ? J'aimerais examiner l'état de votre main, vous avez dû vous faire mal avec vos ongles. Cela ne prendra qu'un instant.

Sans même s’en rendre compte, Oska le regarda à nouveau, constatant par la même occasion qu’il s’était penché en avant. Son regard alla de lui à sa main, puis revint sur lui alors qu’elle fronçait légèrement ses sourcils. De quoi parl… ? Oh ! Lorsqu’elle comprit enfin de quoi il parlait, elle regarde une nouvelle fois ses mains et avec une lenteur incertaine, elle lui tendit ladite main. Il n’y verrait que quelques demi-lunes rosées : sa main avait déjà cicatrisé, ou presque. Un tissu cicatriciel était déjà à l’œuvre.

Un sourire timide, discret apparut sur le visage de la louve. Elle avait déjà oublié le pique de douleur qu’elle s’était infligée quelques minutes plus tôt, mais lui, non. C’était un peu perturbant pour elle de recevoir toute cette attention. Il semblait sincèrement focalisé sur elle, chose à laquelle la brune n’était pas habituée. Elle lui laissa tout le temps dont il avait besoin pour examiner sa main, puis elle la retira, frôlant la main du médecin par la même occasion. Ce simulacre de contact la fit frissonner, mais elle fut bien incapable de comprendre pourquoi. Était-ce par peur ? Dégoût ? Timidité ? Elle ne saurait le dire, et pria pour qu’il ne l’ait pas mal interprété : elle n’avait pas l’habitude de toucher les autres. La seule réelle exception, à part Mira, était Glenn, donc bon.

- Pensez-vous… Pouvoir m’aider à… Arranger ces pulsions ?

La jeune femme le regardait clairement cette fois, ramenant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Un regard tinté d’une méfiance involontaire : elle s’attendait toujours au pire. Cependant, aucune trace de défiance dans son regard, ce n’était pas son genre. Après tout, elle n’était qu’une louve soumise, au plus bas sur l’échelle sociale d’une meute. Et elle savait où était sa place.

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 « Where the art of medicine is loved, there is also love for humanity  »
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Les frères de Nathanael avaient toujours cru que la patience dont il faisait preuve lui était venue, le plus naturellement du monde. Sa sœur, elle, avait cru qu'il était né doux, tendre et, si jamais le Pierce n'avait souhaité les corriger sur ce point-là, la vérité était toute autre. Il n'avait pas toujours été patient, il n'avait pas toujours fait preuve d'empathie mais, face à un mère délaissant ses enfants, face à un père reportant sa frustration sur ses progénitures, à grands coups de ceinture, n'était-ce pas le rôle de l'aîné de remplacer ceux qui n'étaient parents que de noms ? La vérité était que, s'il n'avait pas décidé de changer, s'il n'avait pas décidé de prendre les choses en main, ses frères et sa sœur seraient certainement morts à l'heure actuelle, ou pire. Alors oui, il avait changé dés l'âge de cinq ans, il avait changé depuis si longtemps qu'il ne pouvait imaginer comment il aurait pu être autrement, mais rien de tout cela ne lui était venu naturellement.

Il avait simplement fait ce qu'il fallait faire, avait pansé les plaies des autres, réconforté sa sœur lorsqu'elle pleuré : il était devenu un guérisseur bien avant de savoir qu'il voulait l'être. Il pouvait paraître froid et stoïque de prime abord, trop sérieux pour son propre bien mais, en réalité, Nathanael connaissait et comprenait la souffrance humaine mieux que personne. Il comprenait cette souffrance mais le désir de certains de ses congénères de la caché, par fierté ou par simple peur d'être jugés. C'était pour cela qu'il ne portait jamais de jugement quant à l'origine des blessures de ses patients, car il n'était pas là pour donner des leçons mais pour réparer ce qui pouvait l'être. Certains étaient étonnés, au départ, mais finissaient par s'étonner au fur et à mesure des visiter, jusqu'à ne plus demander qu'à être prise en charge par le Pierce, car sous cette carapace de froideur et de noblesse se cachait un homme avec plus d'empathie que la majorité des être humains, moldus ou sorciers, sur cette Terre.

Il ne pouvait pas être autrement. Il n'imaginait pas un seul instant pouvoir fermer les yeux, ou tourner le dos à la misère humaine. Ce n'était pas qui il était, et cela ne le serait jamais.

Mais certains patients étaient plus difficiles à atteindre que d'autres. Les grossiers, les violents il en avait l'habitude, ils ne lui rappelaient qu'un passé encore bien trop proche à son goût, mais les brisés ? Les désespérés ? Les terrifiés ? Eux étaient bien plus durs à atteindre, eux demandaient particulièrement plus d'attention. La demoiselle en face de lui en faisait-elle partie ? Elle en montrait certains signes, en tout cas, mais ses mots transpiraient plus la honte que la terreur, pour le moment. Elle avait honte des pulsions qui allaient avec le cycle lunaire, des pulsions qu'elle ne pouvait contrôler, et c'était dans ces moments-là que le Pierce se rappelait que sa vie aurait pu être bien pire que celle qu'il avait eu.

Il était chanceux, sous quelques aspects, malgré tout.

Mais aujourd'hui il ne s'agissait pas de lui. Il s'agissait d'aider sa patiente, avec les pulsions liées au cycle de l'astre lunaire. Elle ne voulait pas faire de mal, elle voulait garder le contrôle d'elle-même et ce but était assez noble pour piquer à vif la détermination de Nathanael. Mais quelle pulsion voulait-elle contrôler, au juste ? Soudain, lorsqu'elle s'arma de courage et décida enfin de redresser la tête, de lui faire face, le Pierce eut littéralement le souffle coupé lorsqu'il sentit les yeux clairs et glacés d'Oskana pointer dans sa direction, comme si elle essayait de le percer à jour, de mettre à nu tous ses secrets. Rares étaient les choses capables de coupler le sifflet au médicomage mais, entre ce visage aux traits divinement fins et son regard d'acier, la Erskine semblait être l'une de ces très rares exceptions.


Le médicomage resta là un instant, autant fasciné qu'époustoufflé par ce qu'il voyait, incapable de rebondir sur les précisions apportées par sa patiente. Non mais sérieusement, comment était-ce possible d'avoir un regard aussi perçant, aussi prenant ? Il fallut à l'homme tous les efforts du monde pour se racler la gorge, histoire de se redonner une contenance, commentant simplement un  « Hum. Très bien, je vois. »

Si son âme toute entière, ainsi mise à nuit lui criait de couper le contact visuel, Nathanael s'arma du courage qui était le sien pour ne pas suivre cette décision. Changeant de sujet, il dévia la conversation vers la main de la demoiselle et, lorsqu'elle la lui tendit, le médicomage comprit cela comme l'autorisation de s'approcher. Se levant de son fauteuil, il se débarrassa de sa blouse, ne gardant que son fin uniforme vert, avant de contourner le bureau et venir s'asseoir sur le siège juste à côté de celui de sa patiente. S'il était curieux et inquiet, cette inquiétude partit en fumée lorsque Oskana lui montra sa main, pratiquement totalement guérie.


Instinctivement, tout stupide qu'il était de ne pas avoir pensé à cette guérison accélérée, le Pierce laissa un sourire amusé couler au coin de ses lèvres, parce qu'il se trouvait particulièrement bête de ne pas avoir pensé à cela. Il tint tout de même à examiner la main, par précaution et, quand la demoiselle retira sa main, frissonnant au contact de la main chaud du médecin, ce dernier admit bien volontiers, sur un ton humble et honnête, que « Vous n'aviez vraiment pas besoin de moi sur ce point-là, effectivement. Je m'en excuse, mademoiselle. ». Il s'était imposé à elle, alors que ce n'était pas nécessaire. Alors qu'elle n'était pas venu traiter ce mal-là. Cela ne nécessitait-il pas un minimum d'excuses ? Bien sûr que si, selon lui en tout cas.

Vint alors la question fatidique mais, cette fois-ci, lorsque Oskana lui posa la fameuse question, celle concernant l'aide qu'il allait pouvoir lui apporter, le sombre regard de l'homme ne vacilla pas, ne serait-ce qu'un instant. Ce regard perçant le décontenançait toujours autant, certes, mais ici il s'agissait de son travail, et de sa crédibilité. Allait-il pouvoir l'aider ? Ne la quittant pas du regard, ce fut avec une certaine assurance dans la voix qu'il affirma  « Vous avez, dans ce bâtiment, certains des plus grands experts en potion du pays. Croyez-moi, je vais faire mon maximum pour vous aider, c'est promis. D'accord ? » Elle ne le savait pas encore, mais la parole de Nathanael, comme celle qu'il venait de lui donner, valait de l'or, car il n'était pas du genre à faire des promesses en l'air. Il ne promettait jamais l'impossible mais son maximum ? Remuer ciel et terre pour rendre la vie de Oskana un peu moins pénible ? Ceci, oui, c'était clairement dans ses cordes.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, et de commencer à bombarder la demoiselle de questions pour cibler sa recherche, cibler le remède, le jeune homme lui demanda le plus honnêtement du monde «  Avant que nous ne commencions, souhaitez-vous quelque chose à boire ? De l'eau, du thé ? » Il était ici chez lui, après tout, passant plus de temps dans ce bureau que chez lui. Son sombre regard se détourna vers un thé qui se voulait relaxant, trônant à côté de la théière, sur un meuble à sa droite, en pensant que cela ne pourrait pas faire de la mal à la louve. Attendant la réponse, prêt à se lever dés qu'elle donnerait son accord, le médicomage émérite commença alors par quelques simples questions « Je me doute bien que c'est un sujet un peu délicat à aborder, mais est-ce que vous pouvez me décrire ces pulsions ? Leur intensité est-elle stable, ou croissante selon le cycle lunaire ? Y a t-il des moments où elles sont plus maîtrisables que d'autres ?  »

Il ne prenait aucun plaisir à mettre mal à l'aise Oskana, avec ces questions, et cela pouvait bien lire dans ce regard. Il était inquiet, et n'était là que pour aider, pas pour porter de jugement ou faire le moindre commentaire.

Il était là pour elle.

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Oskana Erskine a écrit:


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Sainte Mangouste - 02 Juin 2023 - @Nathanael E. Pierce

- Vous n'aviez vraiment pas besoin de moi sur ce point-là, effectivement. Je m'en excuse, mademoiselle.

- N… Non, vous ne pouviez pas savoir… C’est… Ce n’est pas votre faute. Vous ne faites que votre travail.

Oskana le pensait sincèrement. Quand bien même il était formé à la magizoologie, il ne devait pas avoir affaire aux lycans tout le temps. Ce genre de détails pouvaient aisément s’oublier. Néanmoins, elle appréciait qu’il fasse preuve de délicatesse en s’excusant. Cela la touchait, car elle se sentait prise en compte, pour une fois. Non pas qu’au domaine ce ne soit pas le cas, mais dès que l’on savait ce qu’elle était, le monstre qui sommeillait en elle, les gens se montraient rarement si avenants. Si gentil. Si doux.

C’est donc en relevant timidement les yeux vers lui alors qu’elle lui demandait, avec inquiétude, s’il pourrait l’aide, que la brune se perdit quelques secondes dans son regard sombre. Elle ne s’attendait pas à un miracle, loin de là même, mais peut-être une piste ? Elle était même prête à accepter un sédatif si les sensations qu’elle commençait à ressentir en cet instant pouvait disparaitre. À son grand dam, le rendez-vous avait lieu deux jours avant la pleine lune et la demoiselle commençait à ressentir les effets de celle-ci.

- Vous avez, dans ce bâtiment, certains des plus grands experts en potion du pays. Croyez-moi, je vais faire mon maximum pour vous aider, c'est promis. D'accord ?

Elle mit quelques secondes à comprendre ce qu’il lui disait et une expression d’horreur s’afficha sur le visage de la jeune femme, baissant rapidement la tête avant de serrer doucement ses bras autour d’elle. Elle comprenait qu’il n’avait pas dit cela pour la blesser ou la terrifier, mais finir en bête de foire pour sorcier ? Être inlassablement jugée, regardé avec mépris – si ce n’est haine – et finir par ne plus savoir si sa présence était tolérée ou si des gens du ministère allaient être dépêchés pour s’occuper d'elle lui donna des frissons d’horreurs à la belle. Elle ne voulait plus de cette violence inhérente à ce qu’elle était devenue contre son gré, elle ne voulait plus de cette haine que la majorité des sorciers vouaient aux gens comme elle. Si seulement elle pouvait remonter le temps, empêcher cette chose de s’en prendre à elle et… Elle secoua imperceptiblement pour tenter de se reprendre et chasser les pensées parasites qui lui embrouillaient l’esprit.

Le Pierce n’avait pas cette odeur âcre. Il ne la regardait pas avec mépris. Il n’expédiait pas le rendez-vous. Peut-être… Peut-être comprendrait-il ? Et puis… Il avait dit « je », pas « on ». Alors, incapable de relever le nez vers lui, elle hocha la tête, s’en remettant à lui mais refusant de parler de ce qui venait de se passer. Elle pria silencieusement qu’il puisse le comprendre et n’aborderait pas le sujet. L’idée lui traversa l’esprit qu’elle était potentiellement en train de faire une bêtise. Son obstination à refuser sa nature lui donnait déjà beaucoup de problème avec la louve en elle, comme une scission assez net entre les deux, mais si en plus elle prenait le risque de mettre le domaine en danger simplement pour se sentir… Normale, n’était-ce pas trop égoïste, même pour elle ? Si. Définitivement. Peut-être aurait-elle dû demander à Glenn avant de faire quoi que ce soit ? Au pire… Elle pourrait ne jamais revenir ? Ne plus sortir du domaine pourrait lui assurer une certaine sécurité, même si… Il était là.

- Avant que nous ne commencions, souhaitez-vous quelque chose à boire ? De l'eau, du thé ?

Oska sursauta en entendant la voix du médecin. Toute perdue dans ses pensées qu’elle avait été, elle en avait oublié la raison de sa présence ici. Voir même sa présence tout cour. Elle malmena sa lèvre inférieure des dents et leva timidement son regard vers l’homme aux traits durs pour esquisser son accord.

- J… De l’eau, je vous prie… Vous… Si cela vous rassure… Vous pouvez ajouter du tue-loup dedans…

Elle en avait tant pris lors de sa scolarité qu’elle trouvait presque cela normal pour elle d’être sous l’effet de cette potion pour qu’autrui se sente mieux en sa présence. Alors qu’il détournait les yeux, elle en profita pour le regarder un peu plus longtemps. Il était plus massif qu’elle bien qu’elle ne soit pas petite, mais il avait une certaine… Un certain calme dans sa façon d’être. Les poches sous yeux ne pouvaient mentir quant à sa fatigue et pourtant, il se montrait patient avec elle. Cela lui rappelait Glenn et la patience dont il avait fait preuve pour la sortir de là où elle était. Et en prime, il avait réussi à empêcher un conflit entre la meute et les siens. Si la brune vouait un respect sans borne à son alpha, elle n’arrivait toujours pas à lui vouer une confiance aveugle, mais elle espérait qu’avec le temps, elle pourrait y arriver. Et qu’il ne la trahirait pas.

- Je me doute bien que c'est un sujet un peu délicat à aborder, mais est-ce que vous pouvez me décrire ces pulsions ? Leur intensité est-elle stable, ou croissante selon le cycle lunaire ? Y a-t-il des moments où elles sont plus maîtrisables que d'autres ?

Par réflexe, Oskana voulu répondre mais aucuns sons de franchi ses lèvres. Ce n’était pas la peur ou le stress pour le coup, mais le manque de mot. Comment pouvait-elle lui décrire précisément ce qui se passait dans son corps ? Elle n’avait encore jamais posé de mots dessus, bien au contraire même. Ses sourcils se froncèrent alors que sa tête se pencha sur la droite. Plongée dans sa réflexion, elle se mit – pour une fois – à écouter son corps. Chercher à comprendre exactement ce qui lui arrivait pour l’expliquer au mieux au médicomage.

La brune finit par fermer les yeux pour laisser l’appel de la lune l’envahir, alors qu’elle luttait contre depuis son réveil. Au début, il ne se passa rien, cela ressemblait à lac calme, sans rien pour briser sa tranquillité. Puis lentement, elle le sentit. Ses ondes imperceptibles, ce rugissement sourd dans ses veines qui se mit à le faire bouillir, cette moiteur se répandant dans son corps, cette sensation de vide, ce besoin viscéral de le combler… Elle rouvrit brusquement les yeux, les lèvres entrouvertes alors qu’elle happait de son regard celui de brun face à elle. Il pourrait y lire ce qu’elle cherchait à refouler depuis si longtemps.

- C'est... Comme un aphrodisiaque sirupeux, qui emplit lentement mes veines. Au début, ce n'est pas gênant et je n'y prête pas vraiment attention. Mais plus le temps passe et plus mon sang semble se liquéfier, une chaleur intolérable me remplit et... Ce poids au creux de mes entrailles devient lourd. Comme un vide, un manque à combler. Jusqu'à m'en faire presque mal...

Tout en parlant, son corps s’était lentement penché en avant, comme si elle cherchait un contact, comme si elle souhaitait qu’il la touche dans l’espoir qu’une caresse puisse calmer cette chaleur lui vrillant les tripes. Très rapidement, elle se recula, s’enfonça un peu plus dans le siège, se calant même au fond de celui-ci alors qu’elle avait en sorte de rester sur le qui-vive. Bien que ce ne fût pas poli, elle ramena ses genoux contre son torse, enroulant ses bras autour de ses genoux et y enfouit sa tête alors qu’elle faisait de son mieux pour refouler ce… Cette… ça. Prenant de profondes inspirations, expirant longuement, Oska réussit lentement mais sûrement à reprendre la main sur ses pulsions. À enfouir cette horrible sensation de ne plus être maîtresse d’elle-même. Ses épaules finirent par quelque peu se détendre lorsque ce fut le cas. Elle avait l’impression d’avoir une cocote minute sur le point d’exploser en elle, elle avait débordé mais avec un peu de contrôle, elle avait réussi à y remettre le couvercle. Par Merlin, qu’elle était terrifiée par son propre corps…

-Je suis désolée…

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Au cours de sa carrière de médicomage, Nathanael avait rencontré bon nombre de cas différents. De ceux qui vous fendaient le cœur jusqu'à ceux qui vous faisaient vous interroger sur l'intelligence de votre patience, il en avait vu des vertes et des pas mûres. Cependant, de temps en temps, il lui arrivait d'être encore surpris par l'inventivité de patients, ou par l'apparition de maladies rares voire inconnues. C'était aussi pour cela que le Pierce adorait son métier, car il y avait toujours un mystère à percer et une solution à trouver.

Cette recherche perpétuelle de solutions demandait une certaine inventivité, ainsi qu'une connaissance approfondie des plus récentes découvertes médicales, histoire de toujours rester à la page. C'était pour cela que même un homme tel que lui ne pouvait se reposer sur ses lauriers. Il en avait beaucoup fait, il avait beaucoup aidé, mais le monde ne s'arrêterait pas de tourner pour lui laisser le temps d'apprécier ses succès.

Beaucoup de médicomages n'étaient qu'en recherche de gloire. Cherchant la reconnaissance là où ils pouvaient la trouver et, malheureusement, les guérisseurs aux intentions pures et nobles étaient trop rares en ce monde. Ceux qui faisaient passer la vie de leurs patients avant tout le reste. Ceux qui prenaient tous les risques, quand ceux-ci apportaient les meilleures chances à leurs patients. Ces êtres purs étaient trop rares et, si Nathanael n'était pas assez arrogant pour se décrire comme ces personnes-là, il savait que l'ego n'avait pas sa place lorsqu'il s’agissait d'aider son prochain.

Il était donc le premier à admettre son erreur, le premier à admettre quand il n'était pas certain de quelque chose, car mentir à un patient ne se terminait jamais bien. Il comprenait que sa patiente puisse douter des résultats, douter que quelqu'un puisse l'aider mais, quand elle sembla horrifiée par les propos de l'homme, ce dernier prit un temps d'arrêt pour se demander ce qu'il avait pu dire de si terrifiant. Il hésita à venir creuser, pour savoir ce qui déstabilisait sa patiente mais, consciente qu'elle devait être suffisamment stressée comme cela, le Pierce se fit violence et décida de retenir ses questions, changeant de sujet en proposant à la demoiselle un verre d'eau. Se levant de son bureau, il se dirigea vers le meuble sur lequel trônait une carafe et plusieurs verres, se retenant de sourire face à la mention du tue-loup. « Je pense que cela ne sera pas nécessaire.» C'était un ingrédient qui lui serait peut-être nécessaire, oui, mais ce dernier était surtout utilisé pour contrôler et affaiblir les lycans. Pour lutter contre la peur qu'ils créaient et, heureusement, Nathanael n'était pas homme facilement effrayé.

Versant le liquide dans le verre qu'il avait bien en main, le médicomage profita de ce moment d'accalmie pour repenser aux potions et aux ingrédients qui pourraient être utiles, dans la lutte que la demoiselle aux yeux perçants essayait de mener. Il avait déjà quelques idées mais il lui faudrait du temps, plus de temps que cette première session ne pourrait lui permettre. Déjà le solution s'organisait dans sa tête, les pièces du puzzle s'assemblaient alors qu'il posait la carafe, tendant à Oskana un verre, accompagné d'un doux et rassurant sourire. « Tenez. Si vous en voulez plus, n'hésitez pas à vous servir. »

Avant de choisir la solution, le remède, il avait besoin de tout savoir, et cela commençait souvent par poser des questions gênantes. Si, au départ, le Pierce avait souvent été hésitant à être aussi curieux, aussi demandant, aujourd'hui il savait que ce processus était peut-être désagréable mais nécessaire. Ainsi, ce fut en ayant conscience ceci qu'il vint se rasseoir, en demandant une explication un peu plus poussée de ces...symptômes, sans trop savoir à quoi s'attendre.

Il était prêt à tout entendre, même les détails les plus graphiques, mais le regard de Oskana avait quelque chose d'anormalement pénétrant et hypnotique. Il comprenait les mots, comprenait le message transmis par ces derniers et, pourtant, n'arrivait pas à se détacher du regard de la belle, tout le long des explications. Enfin, quand elle mis fin à son discours, et se réfugia dans une posture défensive, Nathan se racla la gorge pour retrouver le contrôle de ses émotions, avant de demander« Vous...ressentez ce vide, encore maintenant, n'est-ce pas ? » Probablement que oui, mais il préférait en avoir le cœur net.

Le Pierce resta là, un moment, à se demander ce qu'avait pu être le parcours de sa patiente, devant vivre avec de tels instincts qu'elle ne pouvait maîtriser. Attristé, il s'arrêta un moment lorsqu'elle s'excusa...mais s'excusa de quoi ? Du discours, de l'embêter avec ses problèmes ou autre chose ? Souhaitant remettre les choses dans l'ordre, le médicomage se pencha en avant, invitant la demoiselle à relever la tête d'un : « Regardez-moi, s'il vous plaît. »

Il comprenait la peur, il comprenait la crainte et même le dégoût de soi-même. Cela, il pouvait le gérer. Cela, il pouvait lutter contre comme il l'avait fait pour lui-même, jadis. Mais, pour aider un patient, il fallait que ce dernier accepte son aide, et cela commençait par faire table rase des expériences passées. Ainsi, lorsque Oskana relèverait la tête, elle verrait posé sur elle un regard teinté de noblesse, de détermination et, surtout, de pureté quant aux intentions de son porteur. « Vous n'aurez jamais à vous excuser, avec moi. Jamais. Je me fiche de savoir ce que d'autres ont pu vous faire ressentir, vis à vis de votre situation, ou de ces pulsions que vous ne pouvez contrôler. Mon but est de vous aider à aller mieux, tout simplement. D'accord ? » Laissant une petite pause s'installer, l'homme s'enfonça à nouveau dans le siège à côté de celui de sa chère patiente, avant de lui expliquer « J'ai une potion qui pourrait vous aider, mais elle demandera un peu de temps à être préparée. Sans compter d'éventuels effets secondaires. Mais, en attendant, je peux vous préparer une potion tue-loup diluée, à prendre quand les pulsions seront trop intenses. Cela sera désagréable, je vous l'avoue, mais les effets s'en trouveront au moins grandement diminuées. Qu'en dites-vous ?  »



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The Other Side, un rendez-vous à l'hôpital qui pourrait changer une vie. Ou deux ?
H
ÔPITAL
SAINTE
MANGOUTE
Sa question pourrait être ridicule aux yeux de beaucoup, mais pour la brune, c’était essentiel. Elle avait ce besoin viscéral de savoir si elle allait devoir revenir ici où si au contraire, elle allait pouvoir venir chercher sa potion dans un endroit moins fréquenté, plus discret… Loin de cette pression, de ces odeurs qui l’agressaient et du regard des gens. Car qu’importe ce qu’elle ferait, elle avait l’impression que l’étiquette monstre était affichée sur son front. Qu’on la jugeait avant de savoir, de connaître son histoire. Si elle avait pu, elle aurait quitté cette condition qui faisait d’elle une créature terrifiante. Si elle avait pu, elle aurait souhaité que ses parents ne la laissent pas vivre. Elle n’aurait ainsi jamais connu l’amer goût de la trahison. De l’abandon. De cette sensation de son cœur se déchirant inlassablement dans sa poitrine.

La voix du médecin s’éleva dans son dos, faisant battre le petit cœur de la demoiselle bien plus rapidement. Un vain espoir naquit en elle alors qu’il parlait. Peut-être avait-il un cabinet, peut-être que… « Pas à proprement parler. » Elle allait donc devoir revenir. Resserrant un peu plus ses poings, Oskana fit de son mieux pour ne rien laisser paraitre, elle était douée à ce jeu. Ou tout du moins, le croyait-elle. Mais elle aurait dû s’en douter. Après tout, qui voudrait sciemment passer du temps avec elle ? À part les Yards, personne. Et elle cela aussi, elle le savait. C’était blessant, mais c’était la triste vérité de sa vie. Sa propre famille avait préféré la renier, la faire passer pour morte. Plus d’une fois, elle avait souhaité retourner vers ce qui avait été son havre de paix lorsqu’elle était enfant. Plus d’une fois, elle s’était figée à quelques rues de là, incapable de faire un pas de plus, de se heurter à une vérité qui pourrait la briser : personne ne voulait la revoir. Personne ne l’attendait. Elle était morte pour eux. Si tant est qu’elle ait déjà existé…

Il était probable que ses parents aient reniés jusqu’à son existence, que ses frères aînés se considèrent comme les uniques enfants de leurs parents. Elle ferma les yeux et serra les dents. Ces tentatives remontaient à des années maintenant. Elle ne savait même pas si ses parents étaient toujours en vie, ni ce qu’il était advenu de ses frères. Aujourd’hui, elle rêvait d’une famille, d’un endroit qui soit aussi chaleureux que la demeure principale des Yard, un endroit où elle pourrait être elle, hurler comme @Ruben Yard, ronchonner comme @Glenn Yard, rire comme @Haruka Yard ou pétiller comme @Ellie Yard. Oh, ce clan était incroyable et sans doute la meilleure chose qui était arrivé à la demoiselle, mais elle n’arrivait pas à se sentir pleinement à sa place. Elle craignait de finir rejetée, trahie de nouveau. Elle craignait que, si elle s’ouvrait à eux, ils la poignardent en plein cœur. Elle était terrifiée à l’idée que cette sensation de paix s’installant chaque jour un peu plus en elle, ne soit qu’une cruelle illusion pour la briser. Alors elle les évitait au maximum, elle n’osait même pas réellement les regarder, de peur d’y croiser ce dégoût qu’elle inspirait au plus puissant. Pourtant, et Merlin lui en soit témoin, elle savait – quelque part au fond de son être - qu’ils ne feraient jamais une telle chose. Que si elle arrivait à passer outre ce qui la traumatisait, elle pourrait éventuellement toucher le bonheur du bout du doigt.

Le bruit soudain de l’homme se levant dans son dos la fit se retourner peut-être trop vivement. Le cœur battant à tout rompre, les yeux écarquillés de surprise, Oskana dut prendre sur elle-même pour essayer de se calmer. Alors qu’il avançait vers elle en lui tendant un bout de papier. Elle le regarda quelques secondes, ses sourcils fins se rejoignant légèrement, avant qu’elle ne comprenne ce dont il s’agissait. Oh. Elle y lu l’adresse qu’il y avait dessus, ne sachant pas où cela se trouvait, mais elle hocha la tête en plaçant le papier dans sa poche.

- M… Merci.

Et tandis qu’elle posait sa main sur la poignée, prenant son courage à deux mains pour affronter ce qui l’attendait, le médecin reprit la parole, la coupant dans son élan.

- Souhaitez-vous que je vous raccompagne à l'extérieur ? J'allais sortir, également.

La question la surpris sans doute plus que tout le reste aujourd’hui. Il souhaitait être sciemment vu avec elle ? Il était fou. Ou épuisé, si elle se référait aux traits tirés de son visage et la douce odeur âcre de transpiration qui l’imprégnait. Peut-être avait-il fini son service ? Ce sera logique. Qui confierait sa vie à un médecin épuisé après tout ? Même elle n’oserait pas. Se Mordillant la lèvre inférieure, Oska hocha la tête et se décala pour le laisser ouvrir la voie à travers les méandres de l’hôpital. Étonnamment, les gens laissaient plus facilement passer un médecin qu’une introvertie comme elle.

Une fois dehors, alors qu’elle avait suivi l’homme en silence, la petite louve hocha la tête vers lui en guise de remerciement et s’éclipsa avec une rapidité qu’on ne lui donnerait pas de prime abord. Elle voulait rentrer, retrouver la sécurité de sa chambre, les odeurs rassurantes du domaine, et enfin souffler. Cependant, il lui restait encore du chemin avant tout cela. Non pas qu’elle habite si loin, mais la demoiselle s’astreignait un détour important pour s’assurer de ne pas être suivie, protégeant ainsi le secret du domaine et de ses occupants. Elle en mourrait de terreur s’ils leur arrivaient du mal par sa faute. Près d’une heure et demie plus tard, elle posa enfin son pied sur le domaine et en aurait presque pleuré de joie. Chassant de son esprit qu’elle devrait recommencer dès le lendemain…

MADE BY @ICE AND FIRE.
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S'investir sans trop le faire, sans que cela ne devienne personnel, telle avait été la plus grande difficulté du guérisseur au cours de sa jeune carrière. S'il avait un maintien et une froideur de façade digne des plus arrogantes familles de sang-pur, seuls ceux qui connaissaient le Pierce savaient à quel point son cœur était grand. S'il ne l'avait pas été, il n'aurait pas pu être médicomage et absorber la souffrance de ses compatriotes, jour après jour. Il n'aurait pas pu rester au chevet des mourants, ou conforter des parents inquiets s'il n'avait pas eu cette once d'empathie en lui...cette empathie, cette humanité que son épouse avait aidé à faire grandir, par sa seule présence. Elle avait été la graine, le soleil, le commencement de tout même si elle aimait prétendre n'y être pour rien.

Il savait qu'il ne pouvait que deviner que c'était la vie d'un lycan, et le tourment que cela devait être de vivre au rythme des cycles lunaires, en craignant ce que le côté bestial pouvait être amené à accomplir. Il ne pouvait que deviner, supposer et parfois cela n'était pas toujours suffisant. Cela le serait-il aujourd'hui ? Il espérait que oui, mais seule sa patiente serait en mesure de le lui dire. Pour l'heure, lorsqu'elle précisa que la pleine lune approchait à grand pas, le Pierce réalisa la bêtise de sa question car, effectivement, il n'avait pas l'habitude de s'inquiéter de ces choses-là. Il allait devoir commencer à apprendre, de toute évidence.

Hochant la tête, pour faire comprendre qu'il avait enregistré l'information et devinait la pulsion qui envahissait le corps de sa patiente, l'homme décida d'intervenir pour préciser sa façon de voir les choses. Il n'était pas lu pour émettre de jugement ou se conformer aux décisions des médecins qui avaient pu croiser la route de sa patiente. Certes il prenait en compte les antécédents médicaux, comme tout guérisseur qui se respectait, mais chaque nouveau patient était semblable à une page blanche : absent de toute idée pré-conçue.
Mais il n'était pas naïf au point de croire qu'il allait gagner la confiance de la louve avec quelques belles paroles, dont il avait le secret. Le Pierce était le premier à admettre que la confiance se méritait, et cela allait passer par le fait d'aider la demoiselle à contrôler sa...condition. Cela prendrait du temps, et peut-être quelques examens, mais le chef des urgences n'était pas connu pour baisser aisément les bras.

Mais il n'était pas connu, non plus, pour sa capacité à mentir. Ainsi, quand Oskana lui posa LA question, son visage se figea en une expression aussi sérieuse et maîtrisée que possible. Maîtrisée pour masquer ce qu'il pensait réellement, ce qu'il aurait espéré pouvoir dire à la place la vérité. Elle n'était pas la première à se poser la question, à se demander comment inverser le processus et, malheureusement, des années et des années de recherches n'avaient pas réussi à trouver un remède à cette...transformation. Restant silencieux un instant, Nathan leva son regard, observa la lueur de détresse dans le regard de sa patiente, avant de faire taire sa culpabilité pour ce qu'il allait dire et confirmer.

« J'aimerai vous dire que oui, mais aucun remède n'a encore été trouvé, à ce jour, je le crains.  »

Il serra la mâchoire un instant, car il aurait voulu être porteur de bonnes nouvelles. Bon nombre de lycans s'étaient posés cette question au fil des années, des siècles, mais en vain. Tout ce que Nathan pouvait faire, aujourd'hui, c'était de donner un coup de pouce à sa patiente, pour aider à contrôler ses pulsions. Une bien maigre compensation par rapport au fléau que devait être une vie affligée d'une telle malédiction.
Il reporta donc son attention sur la solution, la potion qu'il lui faudrait plusieurs heures à préparer. En d'autres circonstances il aurait fait des heures supplémentaires, serait resté bien après le coucher du soleil pour terminer sa création, mais Nathanael avait trop tiré sur la corde et il le savait. C'était déjà un miracle qu'il soit à même de mener une conversation, alors travailler encore plusieurs heures...il s'écroulerait de fatigue, avant la fin, assurément. Alors, quand sa patiente lui précisa qu'elle avait un peu de tue-loup chez elle, de quoi l'aider pendant quelques temps encore, Nathan précisa :

« La potion devrait être prête pour demain matin, si vous le souhaitez, en tout cas.  »

Puis vint alors la remarque la plus étrange, celle qui aurait fait arquer un sourcil de surprise si le médecin n'avait juste pas été trop épuisé. Lui...peur ? Peur de sa condition,  de ce qu'elle représentait, ou de se faire mordre et de devenir un lycan à son tour ? Laissant un petit sourire rassurant venir s'étirer au coin des lèvres, il avoua alors :

« Je serai un bien piètre médicomage si je laissais la peur faire partie de l'équation. Vous n'êtes pas un monstre, vous savez. Au contraire. »

Un monstre n'aurait pas cherché à contrôler ses pulsions, ni cherché à redevenir comme avant. C'était comme cela que le guérisseur voyait la chose, en tout cas. Attrapant le bout de papier qui lui fut tendu, hochant la tête en guise de remerciement discret, Nathan observa sa patiente se diriger vers la porte de sortie avant de se stopper. Curieux, il l'observa un moment avant que la question ne tombe, l'hésitation dans sa voix envoyant un message clair au jeune homme : elle n'aimait pas être ici. Elle n'était pas la première. Beaucoup détestaient les hôpitaux et ce qu'ils représentaient, les maladies qui y circulaient, raison pour laquelle beaucoup de praticiens indépendants s'autorisaient des visites à domicile. En était-il de même pour Oskana ? Si Nathan supposa que oui, il se redressa de son siège et souffla :

« Pas à proprement parler, pas officiellement en tout cas. Je peux effectuer une visite à domicile, si cela vous arrange plus. Ou bien,...  »

Joignant le geste à la parole, l'homme se tourna et, attrapant une plume, inscrivit son adresse sur un bout de papier. N'avait-il pas  une pièce supplémentaire, qui lui servait de bureau, là-bas ? Cette pièce ne pouvait-elle pas faire office de cabinet, après tout ? D'ordinaire il n'aurait pas envisagé une telle exception mais elle avait peur, c'était palpable d'ici, alors il pouvait bien faire cet effort pour sa patiente. Attrapant la feuille de papier, l'homme se dirigea vers sa patiente et tendit l'adresse de son domicile d'un :

« Ceci est mon...bureau, pour ainsi dire. Mon adresse. Je vois bien que vous voudriez être n'importe où sauf ici alors, si vous préférez venir récupérer la potion chez moi, ou venir y faire vos prochaines consultations, cela doit pouvoir s'arranger. Il faudra juste me prévenir avant de passer et...surtout, garder cette adresse pour vous, comme vous vous en doutez. C'est ça ou la visite à votre domicile, au choix. »

Laissant à la demoiselle le temps d'attraper le morceau de papier et d'enregistrer l'adresse, se demandant si elle allait accepter, se demandant aussi s'il ne faisait pas la plus grosse erreur de sa carrière, Nathan finit par demander :

« Souhaitez-vous que je vous raccompagne à l'extérieur ? J'allais sortir, également.»

Il avait fini son service, il avait mérité de partir.

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