dancing's not a crime [marleen]

Dancing’s not a crime
Ft. @Ben Leavy



Les vendredis soirs n’étaient jamais de tout repos au poste, toujours mouvementés comme si la population écossaise se passait le mot pour toutes sortes de conneries. Quoique, à vrai dire, le repos n’existait jamais entre les murs de la BPM. Il lui arrivait souvent de se demander comment des quartiers magiques d’apparence si calmes d’un oeil extérieur pouvaient se révéler être des vrais aimants à problèmes. Comme quoi il valait mieux ne jamais vraiment se fier aux apparences. Mais pour une fois, elle poussa un soupir de soulagement lorsque l’heure de la fin de son quart de travail vint enfin, savourant le plaisir des horaires de Capitaine qui lui permettaient de quitter avant que la vague de chaos ne les ensevelisse de situations à gérer.

Il n’était pas plus tard que 17h15 lorsque le son métallique de ses clés précéda son entrée dans sa maison, respirant le parfum du repas qui mijotait dans son autocuiseur depuis quelques heures déjà. Retrouver le confort de son petit nid après une journée mouvementée était un petit plaisir qu’elle avait appris à apprécier. Ne sachant jamais quand une urgence allait la ramener au travail, elle faisait l’effort de capturer le moment présent lorsqu’il lui était donné de le saisir.

Et pour une rare fois, elle avait des plans pour sa soirée. Il ne lui arrivait pas souvent de se faire contaminer par la folie du vendredi et de faire des promesses qu’elle n’était pas certaine de tenir, mais elle avait enfin craqué pour une sortie entre amies avec un petit groupe d’anciennes camarades de Serdaigle. Elle avait plutôt l’habitude d’accepter lorsqu’il s’agissait d’un petit 5 à 7 tranquille, mais une sortie au bar, c’était un événement qui n’arrivait que par des soirs de lune bleue.

Marleen avait donc enfin troqué son chignon bouclé pour une queue de cheval agrémentée de petites tresses camouflées, prenant le temps de soigner son apparence avant de transplaner dans les rues de Londres magique. Elle n’avait pourtant su se résoudre à décrocher son badge de sa ceinture, préférant le garder visible tant et aussi longtemps qu’elle déambulait seule sous le ciel nocturne.

Elle crut à un vrai miracle lorsqu’elle se permit enfin de relaxer et de s’amuser sans interruption. La tête ailleurs, elle se trouvait donc parmi ceux qui sursautèrent lorsque la fenêtre du bar éclata sous un sort jeté en état d’ivresse. Loin de s’agir d’une situation d’urgence, l’idée de rester scotchée à son siège et détourner le regard lui effleura l’esprit, mais un petit soupir franchit la barrière de ses lèvres alors qu’elle se remettait sur ses pieds.

« Je vous paierai le taxi. », promit-elle à ses amies qui voyaient leur transplaneuse désignée traverser le bar pour montrer son badge au propriétaire sur le point de contacter les autorités.

D’un pas détendu, elle traversa le bar pour rejoindre le trottoir, où ses yeux suivirent le fautif qui tentait de fuir ses responsabilités. Les mains sur les hanches, Marleen eut un petit rire en secouant la tête, avant de transplaner à deux coins de rue plus loin. C’est les bras croisés qu’elle rencontra enfin son regard avec un petit sourire aux lèvres. Dans le creux de ses prunelles, on pouvait même y déceler une pointe de pitié pour le pauvre homme qui était définitivement en mauvais état.

« Mmhh, ce n’est pas ce que j’ai vu. », rétorqua-t-elle, la voix légère, alors qu’il tentait de se défiler en un mensonge improvisé. « Mais vas-y, raconte-moi ce qu’il s’est passé. »

Rien ne l’empêchait de le faire marcher un peu, la finalité de la chose ne serait pas tellement joyeuse pour lui de toute façon. Puis, par expérience, avec les gens comme lui, il valait mieux y aller dans la légèreté plutôt que de l’affronter avec trop de sévérité. Et ça c’était sans compter le fait qu’elle n’était pas tout de suite prête à sacrifier sa bonne humeur.

Dancing’s not a crime
Ft. @Ben Leavy



Elle ne pouvait pas dire que ça lui plaisait de quitter ses amies pour remplir son devoir de brigadière, mais se jeter dans la mêlée était presque devenu un réflexe, une seconde nature qui faisait râler la plupart de ses proches. Mais lorsqu’elle repéra l’aspect presque comique de la situation, ce fut suffisant pour lui faire retrouver un sourire amusé. C’était le genre même d’interventions qui la confortait dans sa décision d’avoir mis sa soirée sur pause, se disant qu’elle risquait de bien s’amuser quand même.

Croisant les bras et adoptant un air déterminé à le faire parler, elle ignora délibérément sa première tentative de se tirer des ennuis en la faisant fuir, lui offrant plutôt le traitement des gros yeux qui veulent tout dire. Regard dur et sourcil relevé, elle ne se détendit que lorsqu’il sembla saisir le message. Sa version des faits la fit tranquillement sourire, comme s’il oubliait déjà qu’elle était elle-même témoin de ce qu’il s’était passé et les mensonges tombant donc dans une oreille sourde.

Ça, elle s’y attendait. C’était une stratégie couramment utilisée par ceux qui n’avaient plus grand-chose à perdre, ou ceux qui avaient trop d’orgueil pour avouer leurs torts. Étrangement, elle ne savait pas trop dans quelle catégorie il se situait, mais elle ne devrait pas tarder à le découvrir. Sa tentative lamentable de transplanage, par contre, elle ne s’y attendait pas. Son petit cri de surprise se perdant dans le bruit de la rue bien occupée, Marleen secoua la tête en riant doucement. Ça faisait presque pitié.

N’étant pas pressée de le rattraper, la bouclée se contenta de marcher d’un pas déterminé vers cette explosion de colère et le vacarme des poubelles métalliques renversées sur l’asphalte. Il n’irait pas bien loin dans son état, transplanage ou pas. Et à en entendre le bruit qu’il faisait en remuant désespérément à travers les déchets, elle n’était même pas certaine qu’il réussisse à se remettre sur ses pieds avant qu’elle n’arrive à son chevet.

« Je suis bien d’accord. », répondit-elle en riant à son commentaire sur la gestion des déchets. Autant lui donner l’impression de marquer des points avant d'entamer un nouvel échange. « Mais aidons les pauvres travailleurs de la ville et n’essayez plus de transplaner pour le moment, vous voulez bien ? J’aimerais pouvoir vous épargner des charges de délit de fuite et de transplanage dangereux. »

Elle était toujours étonnée de voir l’espoir naïf de fuir les autorités sorcières que conservaient certaines personnes. À moins d’être un mage noir expérimenté, il y avait peu de chances d’échapper au radar de la BPM, et encore moins de celui des Aurors.

« Rien de cassé ? », s’enquit-elle en l’observant de haut en bas. Les ordures pouvaient être un véritable danger pour les plus imprudents comme lui. « Bon, et si vous recommencez votre petite histoire. Vous aviez demandé au barman s’il … ? » Elle lui jeta un petit regard entendu, le même qu'on lancerait à un enfant fautif. « Pas de mensonges cette fois. »

Dancing’s not a crime
Ft. @Ben Leavy



Le soulagement qui lui offrit un peu de détente en réalisant qu’il ne s’était pas blessé en chemin était minime, mais si elle pouvait éviter de devoir l’emmener avec elle à Ste-Mangouste, ce serait déjà ça. La paperasse à remplir en cas de blessure était de loin la dernière chose dont elle avait envie en cette soirée des plus étranges, il fallait dire que l’inconnu lui offrait un nouveau cadeau.

« Bien. Donc maintenant je peux vous tirer les oreilles en vous rappelant les dangers du transplanage en état d’ivresse. », répliqua-t-elle en croisant les bras devant sa poitrine. Il y avait tant de possibilités où les choses auraient pu mal se terminer, ne serait-ce quand transplanant à un endroit achalandé où il aurait pu se blesser et blesser les autres. Un petit sermon ne faisait pas de mal au commun des mortels, mais elle savait aussi que certaines personnes étaient des causes perdues. À voir où est-ce que l’homme se situait. « Aller, debout. J’vais m’assurer n’avez rien qui pourrait nécessiter une petite visite à l’hôpital. » Un morceau de verre, une tige de métal ou une seringue souillée, elle avait vu plusieurs situations comme celle-ci où l’adrénaline endormait la douleur.

Son récit la fit sourire, une étincelle de fierté dans le regard alors qu’il lui fournissait une version des faits qui concordait avec ce qu’elle avait vu, de son siège au bar. La vérité facilitait toujours le déroulement des choses, et elle n’avait clairement pas l’envie ni la patience de se heurter à un sorcier entêté faussement convaincu de son innocence. Mais le pauvre homme semblait plutôt accepter sa destinée du soir, et la bouclée eut une pointe de pitié à son égard. Plusieurs étaient ceux qui n’étaient fautifs que parce qu’ils avaient commis une erreur de jugement, un pas de travers.

« Capitaine Marleen MacGregor. », répondit-elle à sa question, faisant abstraction à son drôle de choix de mots afin de rester professionnelle. « Et vous êtes ? » [i]Pitié, faîtes qu’il ne s’invente pas une fausse identité. « Ce que je vais faire de vous ? Alors, ça va dépendre de vos plans. », commença-t-elle, trouvant en elle tout juste assez de compassion pour vouloir l’aider à réparer ses erreurs. « Option numéro : On va directement au poste et je prends contact avec le propriétaire pour prendre sa déposition et déclencher le protocole de plainte. Donc ça vous fait vandalisme et ivresse sur la voie publique. » L’air grave, Marleen lui fit comprendre d’un seul regard qu’il s’agissait de la mauvaise option. « Ou alors option numéro deux : Vous revenez avec moi au bar pour vous excuser auprès du propriétaire en lui promettant de payer pour les dégâts. Ça devrait suffire pour vous éviter une plainte, et je pourrais m’arranger pour faire tomber les charges de vandalisme. Vous venez au poste avec moi quand même, mais ça vous fait une tache de moins sur votre dossier. »