Blank Space Ft Apolline Dunn

Le bref air outré de la Gryffondor le fit sourire. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme Apolline auparavant.
Sa personnalité et prestance naturelle ne plaisaient pas à tout le monde. La sixième année, il l'avait remarqué, exaspérait parfois.
Xris savait que ce genre de comportement s'apparentait souvent à une forme déguisée de jalousie non assumée.
Le Serpentard croisa brièvement le regard d'Apolline.
Fille du Premier Ministre, préfète en chef, major de promotion et d'un physique a détourner plus d'un regard.
Le jeune homme se dit qu'il avait de la chance de la compter parmi ses amis.

- Ouvre bien les yeux alors... lâcha t'il sans lever le regard des parchemins étalés devant lui.

Ses parchemins avaient été écrits d'une manière qui ne lui ressemblait que très peu. Le grand blond était d'un naturel organisé et structuré. Le chaos qui régnait dans ses parchemins le renvoyait à la lutte qu'il avait mené avec ce sujet depuis déjà trop longtemps.
Apolline plaqua ses mains sur les feuilles raturées, comme un signe qu'elle allait stabiliser la situation. Sa main droite effleura légèrement celle de Xris, qui ne décala pas la sienne pour autant.

Il poussa un soupir en voyant la grandeur de la tâche et le peu de temps qu'il leur restait avant de devoir quitté ce temple du savoir qui lui apportait une forme de sécurité et l'assurance de parvenir à achever la tâche en cours.

Etaient-ce des minutes ou des heures qui s'étaient écoulées ? Les jambes engourdies, le Serpentard s'était levé de la chaise qu'il occupait après avoir enroulé le parchemin final avec un soin tout particulier.
Jamais il n'aurait pensé finir ce soir, mais les conseils et directives d'Apolline avaient eut leur effet.

- Encore merci Apolline, avait il dit doucement en passant les portes de la bibliothèque qui avaient grincé sur leur gonds en se refermant derrière eux.

En rajustant son sac, il afficha un sourire soulagé à la Gryffondor. Elle était parvenue à démêler les fils de ses pensées, calmement. Le résultat de leurs efforts joints en avait découlé naturellement. Optimal était le minimum que le Professeur d'Astronomie se devait de lui donner.

Un grognement le décrocha de ses pensées. Clairement la jeune femme avait besoin de se restaurer, tout comme Xris.

- Ça te tentes toujours un petit tête à tête ? demanda t'il en laissant ses pas le guider instinctivement vers la Grande Salle. Je t'invite.

Un petit sourire en coin vint agrémenter sa proposition. Il devait être tard à en juger par la noirceur du ciel qui encadrait le chemin vers la Grande Salle, et le peu d'élève qui y circulait.
Xris espérait que les elfes n'avaient pas encore finit leur travail pour ce soir et qu'ils parviendraient à dîner.
Sinon ils seraient obligés de se rendre à la source et de soudoyer les petits chefs. Le Serpentard savait que c'était réalisable, pour l'avoir déjà fait.

- Je suis redevable de la préfète en chef des Gryffondors... L'année commence mal.

A nouveau il se tourna vers Apolline tout en avançant, lui offrant un sourire reconnaissant pour cette soirée. Et si Xris n'acceptait que rarement une aide extérieure dans sa vie personnelle et scolaire, il se réjouissait qu'elle lui soit venue de la Gryffondor ce soir.

Xris observa Apolline marcher à reculons le long des couloirs traversant le Château. Il eut un petit sourire en voyant la fierté illuminer son visage. Il se doutait que la scolaire qu’était la jeune femme trouvait autant de plaisir à boucler ses propres devoirs qu’à aider un élève en détresse à achever les siens.
Heureusement pour le Serpentard, Apolline ne lâchait pas le morceau aussi facilement, et pour quelqu’un d’aussi fier que Xris qui ne demandait jamais d’aide, cette soirée était tombée à point nommé. Il se fit rappeler à l’ordre par la jeune femme à ce sujet. Il haussa les épaules. Il n’avait jamais fonctionné de la sorte et malgré ce qui s’était passé ce soir, il ne fonctionnerait pas comme ça à l’avenir non plus.

Il entendit un nouvel appel à l’aide venant de l’estomac toujours aussi désespérément vide de la Gryffondor. Il s’en voulait de l’avoir retenu aussi tard sur un devoir qui n’était pas le sien.
Voilà pourquoi il n’aimait pas demander, ni accepter l’aide des autres. Ce sentiment de culpabilité. De redevabilité.
Apolline était son amie et elle riait de la situation, mais au fond, il lui avait peut-être fait perdre un temps précieux et, en bonne Gryffondor, la jeune femme ne l’admettrait pas.

« Comment pourrais-je décliner une aussi charmante invitation ? »

Xris enfonça les mains dans ses poches et se cala sur le rythme de la jeune femme. Ils arrivaient presque au niveau de la Grande Salle.

- C’est la moindre des choses… Lui répondit-il avec un léger sourire avant d’entendre la fin de la phrase d’Apolline. Quelles autres conquêtes ?

Etait-ce un regard charmeur qu’elle lui avait lancé ? Il n’eut même pas le temps de songer plus de deux secondes à la chose que des étudiants sortaient de la Grande Salle dans le sens inverse, leur indiquant que le dîner avait désormais disparu des tables. Xris avança pour vérifier leur dire mais en fut empêcher par un Serdaigle qui lui bloqua le passage, tourné vers Apolline comme s’il s’agissait d’une Rockstar du monde sorcier.
Le grand blond campa sa position. Il détestait les personnes qui manquaient cruellement de notion d’espace personnel, comme c’était clairement le cas avec le Serdaigle devant lui.
Le Serpentard croisa les bras sur son torse, interloqué par la situation. Il haussa un sourcil en se tournant vers celle qu’il devait apparemment tenir désormais en admiration.
« Merci ! Je suis sûre qu’un jour, toi aussi tu auras ta propre carte chocogrenouille. »

Il ne put s’empêcher d’étouffer un rire qu’il dissimula en toux mal jouée.
Il s’excusa d’un bref geste de la main vers Apolline lorsque celle-ci eut finit de signer l’orthographe.

- Oh ne soyez pas si modeste Madame Dunn… lâche le Serpentard en effectuant une petite révérence envers la Gryffondor.

Effectivement ce n’était pas tous les jours que l’on voyait ça. La question aurait pu se poser de connaître la raison derrière un tel comportement : gage ? sortilège ? ou juste une pure admiration de la préfète en chef ? Les pas de Xris le guidèrent finalement vers la Grande Salle.
Vide.
Les autres élèves avaient raison. Les elfes de maison avaient débarrassé le buffet et les tables en bois reflétaient désormais la lueur de bougies au plafond. Xris se tourna vers Apolline, un sourire aux lèvres. Il n’allait pas se laisser abattre par le manque de nourriture dans la Grande Salle.
Il leur faudrait se fournir à la source.
Le Serpentard rajusta son sac à dos sur son épaule. Et se dirigea vers l’escalier principal puis, pris à droite. Ils débouchèrent sur un couloir éclairé de tableaux de différentes victuailles avant d’arriver vers le plus important. Le tableau avec la coupe en argent. Étant une sixième année, Xris ne doutait pas qu’Apolline était déjà descendu au moins une fois dans les immenses cuisines de Poudlard. Il chatouilla la poire qui se transforma en poignée de porte et débouchèrent enfin dans la pièce innondée d’odeurs plus délicieuses les unes que les autres.
Là, une veritable armée d’Elfes de Maisons s’affairaient à nettoyer et rangers les plats non terminés par les élèves.

Comme il avait l’habitude de faire, Xris s’adressa au même elfe. Il s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur et lui chuchota quelques mots avant de lui tendre discrètement quelque chose que l’elfe cacha sous ce qui lui servait d’uniforme.
Ses grands yeux clignèrent deux fois et il disparut de son champs de vision.

- J’espère que tu as faim…

La question s’était plutôt faite sur le ton de l’humour. Xris se doutait qu’Apolline mourait de faim. Tout comme lui d’ailleurs.
Dans un petit « Spouf » l’elfe réapparut. Il tira Xris par sa veste pour qu’ils le suivent. Dans un petit coin de cuisines, deux chaises dépareillées et une petite table bancale les attendait. Sur celle-ci, le petit elfe avait dressé deux couverts avec des assiettes remplies d’une nourriture plus appétissante que jamais.

- Après toi… invita Xris en tirant la chaise à Apolline pour qu’elle puisse s’y asseoir. Ce n’est pas grand-chose mais j’espère que ça t’ira. Et il s’assit à son tour.

Xirs ne put s’empêcher de taquiner Apolline en voyant que le sujet de l’autographe l’avait légèrement déstabilisée. Ce n’était pas tous les jours que la fille du Premier Ministre semblait prise au dépourvu. Elle qui était toujours si prévenante et assurée semblait avoir perdu un peu pied. En tant que bon Serpentard, il se devait de rebondir là-dessus.

- Ce n’est pas tous les jours que l’on côtoie une célébrité. C’est un honneur.

Le regard que posait Apolline sur le jeune homme le dérouta légèrement. Elle lui affichait un franc sourire, mélangé à une dose d’étonnement. Si Xris n’était qu’en deuxième année à Poudlard, il avait déjà découvert bien des choses de cet endroit. Et il n’arrêterait pas tant que se scolarité se poursuivrait dans l’enceinte du Château.
Une fois assis à la petite table en bois sommaire, Xris remarqua qu’Apolline souriait toujours.
Apparemment elle était soulagée de pouvoir dîner malgré l’horaire tardif.
Le Serpentard lui, était ravi de pouvoir passer un agréable moment en la compagnie de la Gryffondor dans ce lieu que, même s’il était interdit aux étudiants, Xris prenait souvent le risque de fréquenter. Les cuisines étaient un lieu tellement empreint de vie, de bonnes odeurs et, malgré le fait qu’elles soient dirigées par des Elfes de Maison, de convivialité.
Il venait souvent s’asseoir dans le fond de la pièce et, en échange de quelques Gallions ou d’un objet demandé par les elfes, ceux-ci lui assuraient discrétion et tranquillité. Le grand blond profitait souvent même de l’extrême générosité des elfes et savourait des délicieux mets qu’ils avaient préparé. Leurs grands yeux brillants de plaisir en voyant le bonheur affluer dans le regard du Vert et Argent alors que ses papilles découvraient un nouveau plat.
Jamais il n’avait connu une telle convivialité chez lui.
Si son père venait un jour à apprendre qu’un Andērson s’adonnait à passer du temps libre dans le sous-sol du Château, dans les cuisines, en compagnie des Elfes de Maison qui plus est…
Mais le risque en valait la chandelle.
Et à voir la lueur de joie qui brillait dans les yeux de son amie, Xris en déduisit que l’attention plaisait à la Préfète. Il baissa légèrement la tête au compliment de la jeune femme.

« Des qualités de Gryffondor. »

Xris releva la tête, surpris. Pensait-elle que le Choixpeau s’était trompé pendant la cérémonie de répartition ?
Tous les membres de sa famille, hormis sa cousine, avaient fini à Serpentard. Ce que lui ne considérait pas comme une tare. Mais il devait se douter qu’aux yeux d’une Rouge et Or, les Serpents n’avaient pas de courage.

- L’ambition et la ruse sont celle des Serpentards. Murmura doucement le grand blond en se penchant vers Apolline par-dessus la table. Tout comme le déni des règles et la provocation.

Il se recula dans sa chaise et les servit en jus de citrouille que l’Elfe venait de déposer sur leur table. Il le remercia et se tourna de nouveau vers sa comparse.

« Cette table, c’était ta demande ? »


- C’est là que je m’assoie d’habitude… Répondit simplement le grand blond.

Il connaissait Apolline et savait qu’elle aimait un bon mystère à résoudre. Il se doutait également qu’elle devait se torturer l’esprit pour savoir ce que Xris avait apporté au petit elfe qui les avait si gentiment accueillit.
Pour l’instant, elle devait se retenir.
Il ne doutait pas qu’une avalanche de curiosité viendrait bientôt se déverser sur lui.
Mais une autre question sembla la tarauder.

- Personne non…

Xris n’aimait pas s’étendre sur le sujet.
Il était vrai que les deux élèves s’étaient rapprochés l’année dernière mais il savait aussi qu’ils n’étaient pas du genre à s’attacher. Ni l’un. Ni l’autre.
Enfin, c’est ce que prétendait Apolline qui, le Château entier le savait pertinemment, éprouvait des sentiments pour @Michel-Ange Grimm.
Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne reprennent une route commune.

Le jeune homme entama son assiette avec un petit sourire en direction de la Gryffondor.
Il pouvait comprendre que d’autres élèves du Château pouvaient avoir grand succès auprès des filles.
Lui n’était pas du genre à se mélanger aux autres, considérant que la plupart des élèves qui arpentaient les couloirs de l’école étaient loin d’avoir le niveau scolaire requis pour se permettre d’être ici.
C’était un jeune homme exemplaire dans son travail scolaire. Il aspirait à la grandeur de la connaissance que cet endroit détenait.
Il était froid et distant.
Narquois et fier.
C’était un Andērson.
Il savait qu’il y avait probablement plus de personnes dans le château qui l’abhorraient, plutôt que de personnes qui l’appréciaient.
Et il n’avait aucun problème avec cela.

Ce signe si distinctif d’Apolline fit rire le Serpentard. S’il y avait bien une chose qui la caractérisait, c’était ce roulement d’yeux au ciel.
Elle le faisait dès lors que quelqu’un osait la contredire. Elle n’avait pas obtenu son rôle de major de promotion en baillant aux corneilles dans la Salle Commune des Gryffondors. Apolline savait ce qu’elle voulait et qui elle était.
En cela, il admirait sa détermination. Qualité toujours mise en avant dans l’éducation de Xris.
C’était désormais à son tour de défendre sa maison qui passait parfois, aux yeux des Serpentards tout du moins, pour des saintes ni-touche. Ils se forgeaient alors une - somme toute fausse - réputation de fauteurs de troubles.
De briseurs de règles.
Xris sourit à son tour à la remarque d’Apolline.

- S’ils se font prendre, c’est donc que ce n’est pas quelque chose qu’ils maîtrisent. Il but une gorgée de son jus de citrouille. C’est donc bien un trait des Serpentards.

Voilà pourquoi le Choixpeau, qui aimait son moment de gloire lors de la Cérémonie de la Répartition, avait d’ailleurs chanté que les Serpentards étaient de « vrais roublards qui parviennent toujours à leurs fins ».
Les Gryffondors n’étaient que de piètres imitateurs de ce trait de caractère si spécifiques aux Verts et Argents.
Sinon ils n’auraient pas perdu autant de points, faute d’assez de ruse.

« De toute façon…ce n’est pas la maison qui définit un sorcier. Mais ses actes. »

Apolline avait raison sur ce point.
Beaucoup de sorciers considéraient que, parce qu’ils appartenaient à telle ou telle maison, ils se devaient d’agir de telle ou telle façon.
C’était une aberration.
Le Choixpeau était là pour desceller le potentiel des sorciers. Ce qu’ils en faisaient était une toute autre chose.

Xris marqua une pose en voyant le regard interloqué que lui lançait la préfète.
Le jeune homme n’était pas du genre et répondre par tirades.
Son côté froid et distant étant ses traits de caractères dominants, il arrivait rarement que ses réponses ne soient hésitantes ou à rallonge. Il disait ce qu’il avait à dire sans jamais en rajouter. Et il comprenait que cela puisse parfois être frustrant.
Cela ne voulait pas dire qu’il changerait pour autant.

- Ni la première, ni la dernière, j’en ai peur.

Xris trinqua avec la Gryffondor, un petit sourire aux lèvres. C’était désormais un jeu. Laisser Apolline dans le noir quant à des réponses complètes dont elle était en manque. Il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle mènerait son enquête jusqu’à trouver ce qu’elle cherchait.
Elle parvenait toujours à ses fins. En cela, elle aurait elle aussi, put être répartie chez les Serpentards.

- Un nouvel épluche légume… et quelques gallions… répondit à voix basse Xris.

Il ne voulait pas que le petit elfe de maison qui se tenait non loin de là ne puisse l’entendre.
Ils avaient développé un système sans faille qui leur convenaient à tous.
L’elfe qui était en charge des cuisines et qui l’accueillait lui suggérait un objet qui pourraient les aider dans leur quotidien. S’ils ne manquaient de rien au niveau du matériel dans les cuisines, certains outils des elfes étaient parfois vieux et usés. Xris leur achetait alors ce qui se faisait de mieux dans leur demande. Et y joignait quelques gallions à partager en remerciement de leur discrétion.
Il espérait qu’Apolline garderait ce qu’elle avait vu pour elle-même. Un sang-pur dans les cuisines de Poudlard ferait vite sujet à rumeurs dans le Château.
Le Serpentard lui faisait confiance. Il espérait ne pas se tromper.

- C’est primordial ici…

Ils le savaient tous les deux. Mais ils savaient également à quel point jusqu’ici, ils avaient été incapable de mener des relations stables et sans complications. Du moins c’est ce qu’il avait compris de la vie sentimentale d’Apolline, sur laquelle il ne posa pas de questions.
Xris était un jeune homme solitaire.
Il était comme ça notamment au regard de l’éducation dure et froide qu’il avait reçu.
Il n’avait que trop rarement reçu d’affection et ne savait réellement comment gérer cette émotion.
Le Serpentard serra les dents brièvement.
Il releva finalement la tête vers la préfète.

- Bon appétit à toi aussi…

Il apprécia le calme de l’instant qu’il partageait avec Apolline, malgré le bruit ambiant de ce lieu toujours en effervescence.
Les mets servis par le petit elfe était délicieux. Comme à chaque fois.

- Je viens ici quand j’ai besoin de calme. Des fois pour étudier, ou juste pour manger en paix. Jusqu’ici personne n’a jamais remarqué mon absence aux repas, ou ils n’en font pas cas. Et ça me convient parfaitement.

Le grand blond s’était confié à Apolline naturellement. Peut-être était-ce la compagnie ou l’atmosphère conviviale qui régnait ? Ce n’était pas le genre du Serpentard de dévoiler ses habitudes et sentiments de la sorte. Mais la Gryffondor semblait curieuse de mieux le comprendre et, après les efforts qu’elle avait fournis pour l’aider dans ses recherches en Astronomie, Xris voulu répondre à ses questionnements informulés.
Il sourit légèrement.

- Et toi ? Pourquoi tu es déjà venue ici ?

Il l’avait vu dans le regard de la Gryffondor. Lorsqu’ils étaient rentrés dans l’immense Cuisine, elle n’avait pas eu l’air étonné ou surprise. Elle était déjà venue ici.

Xris toisa Apolline. Le regardait-elle sur un air de défi ? Jusqu’où était-elle prête à aller pour défendre la maison des Rouges et Or devant le Serpentard qui, dans tous les cas, ne saurait être convaincu.
Le grand blond se pencha par-dessus la table.
Il haussa un sourcil face à ce que venait de dire la Préfète qui, aimait apparemment jouer de son pouvoir.

- Je pense que les rares fois où les Serpentards ont manqué de finesse, la Préfète en Chef s’est fait un plaisir de les attendre au tournant.

En tant que Préfète en Chef, Apolline se devait d’être la plus impartiale possible.
L’entendre de se vanter d’avoir enlevé des points à un pauvre Première Année de Serpentard ne la mettait donc pas sous son meilleur jour.
Il vit le sourire taquin d’Apolline et lui afficha le même en retour.
Xris se doutait que le pouvoir qui avait été mis dans les mains de la jeune femme devait la mener à des crises existentielles.
La tentation d’enlever des points à la maison fratricide devait être parfois trop forte.
Lui-même se serait fait un plaisir de prendre sur le fait des Rouge et Or trop emprunt à des excès de zèle au détour d’un couloir, ayant dépassé leur couvre-feu, ou ayant mis leur cravate de travers.
Il comprenait et compatissait.
Pour autant il ne laisserait pas ça passer.

- Oh ne t’en fait pas, je ne te proposerai plus de prochaine fois…

Il s’était reculé dans sa chaise, légèrement bancale et avait levé les bras en l’air de quelques centimètres. Il ne voulait pas non plus attirer l’attention des travailleurs des cuisines. Si un préfet ou professeur avait choisi de débarquer en cet instant, les deux élèves se seraient trouvés dans le même bateau. Badge de Préfet ou non.
Xris afficha un petit air narquois qu’il savait avait tendance à faire fulminer Apolline.
Il croisa ensuite les bras sur son torse.

Il tourna son regard vers les elfes de maison, toujours affairés en cuisine.
A chaque fois qu’il était entré dans cette pièce, jamais il ne l’avait vu calme, sans activité. Les Elfes de Maison préparaient toujours plats et gâteaux. Entremets et soupes en tous genres.
La remarque de la jeune femme étonna légèrement Xris, qui ne fit rien transparaitre.
Il n’aimait pas parler de sa famille.
Encore moins lorsqu’il s’agissait de quelque chose qu’ils n’étaient pas censés savoir. Le grand blond attrapa son verre et bu une gorgée avant de remplir son verre ainsi que celui d’Apolline.

- Merci.

Elle avait plutôt intérêt songea l’héritier Andērson. Si c’était le cas, il pouvait dire adieu à sa scolarité.
Poudlard était devenu sa maison. Il s’y sentait libre.
Il avait trouvé ses marques, difficilement lors de sa première année certes, mais tout de même.
Il savait qu’il prenait des risques en étant ici, dans ces cuisines, en compagnie d’êtres si peu considérés par son rang. A chaque fois. Au-delà de la perte de points que cela invoquerait pour les Verts et Argent.

Ce fut au tour d’Apolline de se confier à lui.
Elle répondait certes à sa question mais de manière on ne peut plus vague. Elle le laissa dans le brouillard, délibérément.
Ce qui eut tendance à énerver le Serpentard. Lui s’était livrée à elle. Sans grande retenue.
Elle, faisait le contraire…
Qui était ce deuxième personnage du « nous » ? Trouver refuge ? De qui ? De quoi ?
La Gryffondor semblait mal à l’aise. Elle secouait la tête de manière frénétique, semblant chasser le fantôme de ce qui avait bien pu se passer cette nuit-là.
Le petit elfe choisit ce moment pour venir prendre leurs assiettes et leur apporter un plateau rempli de mignardises. Il s’excusa dans une révérence et retourna près de l’évier ou des assiettes étaient en train d’être nettoyées.

- Je n’en saurai donc pas plus… ?

Il ne s’attendait pas à une histoire détaillée, mais au moins à un semblant de morceaux de réalité.
Xris serra légèrement les dents. Lui avait donné une petite partie de qui il était dans le château.
Peut-être en avait-il espéré autant en retour de la Gryffondor.
A tort, visiblement.