Vacances en Amoureux

Crédits: swladies.

tw: remise en question maternelle/confiance en soi.

Son regard glissa brièvement sur un groupe de Nisse qui s’était regroupé pour se rassurer. Deux secondes avaient suffit pour qu’ils redeviennent poussière en un éclair. La créature était passée par là et ses flammes n’avaient épargné personne. Lorsque la bête fixa ses grands yeux sur ceux de Solvi, l’agente de la BPM sentit son coeur se soulever. Elle n’avait pas peur de grand chose lorsqu’elle était en mission, mais elle sentait toute l’adrénaline animer son corps. Aujourd’hui, c’était différent. Elle n’était pas en mission, elle portait un petit bout de Fergus en elle. Aujourd’hui, malgré tout ce qu’elle se plaisait à dire, Solvi était plus vulnérable qu’ordinaire. Elle n’aimait pas être dorlotée, choyée, fragilisée. Alors, le plus simple était de tout nier en bloc, de faire comme si de rien n’était. Les vacances s’étaient subitement transformées en mission.

Le dragon balaie tout sur son passage. Un coup de queue et un bâtiment est dévasté, un battement d’ailes et chacun perd la moindre vision à plus de cinq mètres, un rugissement et l’on n’entend plus les cris de chacun. La respiration de l’animal s’apaise quelque peu, mais ce n’est que le calme avant la tempête. Il semble observer Solvi comme s’il cherchait à savoir comment il allait la dévorer ou la terrasser. La situation est on ne peut plus complexe. Le colosse se dresse entre Solvi et la sortie. L’opportunité de s’échapper s’éloigne peu à peu mais qu’importe. Jamais Solvi ne désertait lors d’une mission. Lorsqu’elle allait sur le terrain, elle restait toujours autant que possible, se démenant comme elle pouvait. Qu’elle soit en difficulté ou non. Elle n’avait pas été élevée comme un fuyard ou comme un pleutre. Elle n’avait pas été embauchée par la BPM pour cela non plus.

La fumée s’estompa légèrement, révélant aux yeux de Solvi son fiancé, juste entre elle et la créature de feu. Elle n’aimait pas ça. Fergus ne devait pas avoir de pitié pour Solvi. Il venait tout juste de lui dire que Solvi resterait Solvi. Qu’elle ne deviendrait pas une toute petite poupée de chiffon qui s’abîme. Lorsque les premières explications de Fergus parvinrent aux oreilles de la Nibelungen, tout lui parût faire à peu près sens. La mère cherchait ses petits. Chercherait-elle aussi son petit ainsi? Aurait-elle l’instinct maternel? Une mère normale accepterait-elle de se fourrer dans une telle histoire ce jour-ci? Etait-elle déjà une mère indigne? Elle fronçait les sourcils à mesure que les questions venaient s’entrechoquer dans son esprit, oubliant presque ce que venait de dire Fergus dans ce brouhaha général.

Elle observa son regard se diriger vers son ventre. Un tout petit ventre qui ne se voyait même pas encore et qui était pourtant déjà lourd de responsabilités. Elle fronça rapidement les sourcils, prête à rouspéter autant qu’une poissonnière sur le Marché aux Trolls. « Tu as raison. » dit-elle d’un air sage, consciente que le sortilège d’attraction pouvait empirer la situation.

« Accio balai. » dit-elle succinctement d’un ton convaincu. Ce n’était pas le sien, mais il ferait largement l’affaire. « Tu te rappelles du temps où tu étais Capitaine de ton équipe? » Elle marqua une pause, un large sourire accroché aux lèvres. Qu’est-ce qu’il avait pu la faire rêver et trembler dans ces tribunes. Il avait aussi fait de sacrées bêtises, mais c’était de bons souvenirs. « A mon tour de briller. »
Droite comme un i, pleine de courage comme jamais, Solvi continua: « Accio oeufs. » en espérant clairement que les oeufs viendraient à elle rapidement. D’une manière tout aussi prompte, Solvi les déposerait quelque part, là où rien ni personne ne risquait quelque chose.



Je n'ai pas lancé de dé pour le "accio balai" : ça me semblait évident qu'elle réussisse et qu'il y ait un balai dans le coin ._. Si besoin j'édite et je lance le dé.

En revanche... J'ai rien mis pour le "accio oeufs" pour te laisser développer/choisir  

Crédits: swladies.

« C’est moi le capitaine aujourd’hui mon capitaine! » cria-t-elle alors qu’elle s’éloignait déjà avec son balai. Le chaos qui régnait était si grand qu’elle douta même de la portée de son cri. Pourtant, tous ses proches estimaient ses capacités vocales à celles d’un troll qui crie dans un micro. Autant vous dire qu’on pouvait potentiellement l’entendre de loin. Encore plus lorsqu’elle était fâchée. Elle ne su pas si Fergus avait tout entendu, mais la petite flamme qu’elle avait vu briller dans ses yeux lui avait suffi.

Solvi était une femme d’actions et ne pouvait pas rester ici les bras croisés sans jamais rien tenter. Maintenant qu’elle portait une autre vie que la sienne, la brune était devenue une proie plus fragile. Malgré elle, elle était devenue le maillon faible, l’épine dans le pied dont on n’arrivait pas à se débarrasser aussi facilement. Loin de vouloir endosser ce rôle, Solvi fit comme si de rien n’était. En réalité, elle n’y pensait plus elle-même, laissant le naturel revenir au galop. Partir d’ici sans rien tenter? Impossible. Ce n’était pas dans les valeurs de Solvi et jamais elle ne pourrait encore se regarder dans le miroir tout en sachant qu’elle n’avait pas aider à sauver les vies impuissantes qui couraient ça et là, terrorisées, entre les pattes d’une dragonne elle-même anxieuse à l’idée de perdre ce qu’elle avait de plus cher: ses petits, la chair de sa chair.

La Nibelungen ne laissait paraître aucun signe d’anxiété malgré tous les facteurs anxiogènes qui s’accumulaient: son fiancé sur le terrain avec elle, une petite forme qui ne lui permettait pas de faire les figures les plus folles pour jouer un peu avec le dragon, des flammes impressionnantes qui rasaient tout sur leur passage. Bientôt, lorsqu’elle se retournait, Solvi ne voyait plus rien d’autre qu’un épais nuage de fumée et quelques gerbes de flamme bleues.

Lorsqu’elle lança son premier sort, rien ne se produisit. Elle resta en suspens dans les airs, cherchant ce qu’elle pourrait bien faire pour apaiser la situation, voire même régler le problème. Difficile de calmer une dragonne irrationnelle. N’était-ce pas un peu comme tenter de calmer une Solvi un peu trop agacée? Etait-ce ce que vivait Fergus toutes les semaines? Cette pensée la fit simplement sourire, malgré le contexte particulièrement sensible et dramatique.

Esquivant une attaque de la créature, Solvi aperçut son fiancé un peu plus bas qu’elle. Elle pu suffisamment tendre l’oreille pour saisir l’information qu’il tentait de lui donner. L’idéal était évidemment d’attirer la dragonne près de ses propres oeufs pour que tout revienne dans l’ordre. Comment faire? C’était simple: il fallait suffisamment agacer la créature pour qu’elle se concentre uniquement sur Solvi. Avec un peu d’agacement, voire même un peu de colère, elle finirait par totalement se focaliser sur elle pour déchaîner toute sa rage. Etait-ce périlleux? Terriblement. Entendre Fergus lui suggérer cela était sidérant mais terriblement excitant.

Solvi commencer à lancer continuellement des Waddiwasi, balançant sur le dragon tout ce qui pouvait se trouver aux alentours lorsque ses sorts voulaient bien fonctionner. Lorsqu’il fut suffisamment agacé, la Nibelungen fit demi-tour sur elle-même, ne tournant jamais totalement le dos à la dragonne par pure précaution, alluma sa baguette pour être constamment vue dans l’épais nuage de fumée puis commença à voler droit vers les oeufs.

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Subitement, il semblait que toutes les chaînes qui avaient retenu Solvi avaient disparu. Elle n’était plus la femme enceinte épuisée qu’elle avait laissé voir. Elle n’était plus cette jeune femme épuisée par des vagues d’hormones continuelles. Elle n’était plus la petite chose fragile que Fergus tentait de protéger, quitte à l’éloigner de tout ce qui pouvait lui faire profiter de la vie. Dans le feu de l’action, Solvi oubliait tout et se focalisait sur son seul et unique but: régler la situation tout en prenant son pied. La scandinave ne vivait que par shots d’adrénaline et monter sur son balai la faisait vibrer, elle qui commençait tout juste à s’endormir. Solvi ne comptait pas mettre sa vie entre parenthèses le temps de neuf mois, et elle comptait bien le faire savoir.

D’une boutade malicieuse, Solvi s’envola à toute vitesse dans les épais nuages de fumée. Sans malveillance aucune envers la dragonne, la Nibelungen commença à lui jeter toutes sortes de choses, veillant à constamment être vue par la créature. Avec un peu d’agacement, elle finirait par la choisir comme cible et, ainsi, à la poursuivre. Fergus tremblerait de son côté, craignant évidemment pour sa vie comme pour celle qu’elle portait au fin fond d’elle. Solvi était une tête brûlée en mission et tout ce qui s’en rapprochait. Les risques étaient considérés, le pour et le contre pesés. Aujourd’hui, elle était persuadée de pouvoir s’en sortir sans grande égratignure. Fergus s’inquiétait toujours trop et, souvent, Solvi n’écoutait que la moitié de ses tracas sans quoi elle ne ferait jamais rien.

L’adrénaline est encore plus grande lorsqu’elle sent la chaleur du souffle de la dragonne lui chatouiller la nuque. C’est dangereux, mais terriblement palpitant. Jamais Solvi ne se sentait si vivante que dans ces moments-là, ces moments où sa vie ne tient qu’à un fil. Soudain la chaleur se transforma en bourrasque intense qui fit valdinguer Solvi au-dessus du lac. Son coeur, solidement accroché, sembla lui sortir de la poitrine avant de s’y reloger lorsqu’elle sortit de son looping volontaire.

Là, elle vit la dragonne contempler ses oeufs et Fergus, complètement alarmé. Elle s’approcha pour rapidement le rassurer avant de le réceptionner sur son balai, soudainement dangereusement oblique. « Dis-donc! » pestiféra-t-elle alors que le Clearwater se faisait un plaisir de la taquiner. « T’as déjà entendu de la couvade? On verra bien qui gagnera le plus de poids d’ici la fin. »

Elle vola doucement au-dessus de la scène, observant de près le carnage. Ce n’était pas beau à voir, mais Solvi ne pouvait retenir sa joie d’avoir réussi à calmer le tout. Son léger sourire s’évanouit alors que Fergus parlait déjà de retourner aux Hébrides pour fêter sa grossesse. Déjà? Ne pouvaient-ils pas garder ce petit secret plus longtemps? On ne pouvait pas dire que la jeune femme trépignait d’excitation à l’idée de se faire toucher le ventre par la moitié de la famille. Elle n’était pas qu’une femme enceinte, elle était surtout Solvi. Elle se passa de commentaires, mais finit par grimacer.

« De toute manière j’aurai le temps d’aller chez le coiffeur si tu m’interdis de tout faire. » Solvi avait beau être une adulte, ça lui arrivait de bouder comme une enfant. Et ce n’était pas prêt d’être fini. Elle avait lancé un petit pic plein de sens et s’attendait à recevoir la pareille si elle ne faisait pas vite quelque chose. La Nibelungen décida donc d’entamer leur voyage vers les Hébrides à toute vitesse, laissant seulement le temps à Fergus de fermement s’agripper à ses hanches, avant de frôler le lac de quelques centimètres pour faire hurler sa moitié de mécontentement. « Oups, désolée, j’ai du mal à maîtriser mes trajectoires avec deux ou trois livres de plus, je dois m’habituer… » glissa-t-elle, un sourire taquin dans le coin des lèvres à mesure qu’elle remontait, le bout de leur capes totalement trempés.