BlueDee Wake Up !

BlueDee Wake Up

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Dee, c'était sa meilleure amie. Il n'y avait pas deux comme elle. Elle était celle qui savait le mieux laisser une oreille ou deux dans des endroits complètement inattendus, capable de dénicher le scoop de l'année. Lucy aimait énormément cette fille. Elles étaient capables de parler de tout et de rien pendant des heures, ou de bitcher dans un coin d'une salle de classe lorsque le cours prenait une tournure bien trop barbante pour qu'elles ne gardent leur attention sur le professeur. Il n'y avait d'ailleurs que dans les cours de Sortilèges où Lucy ne se laissait aucune minute de répit, quitte à se mordre la langue pour rester concentrer. Animée d'une espèce de fierté et d'arrogance à l'idée de faire face et d'apprendre des choses de son père dans un contexte qui n'était pas le domaine familial.

Pourtant, malgré tous les bons souvenirs qu'elle avait avec Dee, Lucy était désormais la seule à s'en souvenir. Lorsqu'elle eut appris la nouvelle de son réveil, la jeune Clearwater n'avait pas tardé à se rendre au domaine familial pour la revoir.

Lucy passait régulièrement à Sainte Mangouste pour avoir de ses nouvelles qu'on n'avait fini par lui donner officieusement. Un certain Dâriush Aslan, un guérisseur de Sainte Mangouste, avaient fini par le lui donner les informations malgré le secret professionnel. C'était ça où il ne cessait de la retrouver à farfouiller dans les documents des secrétaires dès qu'il était de garde. Préférant ne rien dire à l'administration de l'hôpital, se montrant toujours très compréhensif à l'égard des patients et de l'entourage, Dâriush s'était engagé à lui donner les informations sur l'état de santé de Dee dès qu'il y en avait.

Mais à l'exception de son réveil, les informations étaient toutes les mêmes : État stable, rien de nouveau, ses signes vitaux sont bons. Des phrases types qui ne rassuraient qu'à moitié Lucy qui se voyait déjà la prendre pour demoiselle d'honneur en compagnie d'@Ana Souvorov lorsqu'elle trouvait un homme à marier.

Alors lorsqu'elle avait appris son réveil de la bouche de Dâriush, elle l'avait serré fortement contre elle (lui, il avait les yeux qui lui sont sortis de la tête avant de voir son visage se fendre d'un doux sourire) avant de planifier une entrevue en posant une après-midi à la Radio.

Lucy était habillée sobrement. Un jean, une écharpe, une veste assez chaude lorsqu'elle avait débarqué chez les Fairbairn. Son regard s'était posé sur cette porte qui lui évoquait de bons souvenirs. Un sourire nostalgique sur son visage, elle pressa le pas pour se rendre le plus vite possible au côté de sa copine.

Dâriush avait tenté de ménager l'enthousiasme de la jeune Clearwater, mais ce fut, vraisemblablement, un échec.

La boule au ventre, Lucy leva sa main pour saisir le heurtoir des Fairbairn et tapa à la porte d'entrée.

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@Lucy Clearwater (02.04.22)

Te voilà sortie de l’hôpital depuis quelques jours. Tu ne nécessites pas de soin intensif ni d’un suivi rapproché d’après les médicomages. Tu n’as donc aucune raison de rester dans cette pièce blanche anti-personnelle au possible. Pourtant, là-bas, tu avais l’avantage de ne pas t’y sentir à l’aise, mais d’en connaître la raison. Ici, dans le domaine familial, c’est ainsi que l’a présenté ‘ton père’, tu te sens décalée. Comme si, tu n’avais rien à faire ici. Tu ne reconnais rien, et même ‘ta chambre’ ne te parle pas. Tu es entourée d’inconnus et tu sais pertinemment que ça les blesse plus que toi. Ils essaient tous, les uns après les autres, de faire revenir tes souvenirs en te parlant de choses qui sont censées t’être familières. Te montrant des photos, tes carnets de croquis. Tu as d’ailleurs là, la seule chose qui t’a parlé jusqu’à présent. Donnant un grand espoir à tout le monde, que le reste va suivre petit à petit, qu’il suffit de te stimuler continuellement. Tu ne sais pas quoi en penser. Tu voudrais retrouver ces vingt-sept années de ta vie que tu as perdues. Cependant, tu ne veux pas te bercer d’illusions non plus. Après tout, aucun médicomage ne s’est montré rassurant quant aux causes de ton amnésie.

Tu es actuellement seule dans le séjour lorsque quelqu’un frappe à la porte. Si tu as bien compris une chose depuis ton retour, c’est qu’avec ‘ta mère’ politicienne qui se présente aux futures élections de ministre de la magie, votre domicile est plutôt sécurisé et donc inaccessible à qui n’en connaît pas le lieu. Tu ne te montres donc pas très inquiète d’aller ouvrir la porte. ‘Tes parents’ t’ont juste donné pour consigne que si tu ne reconnais pas la personne, tu ne la laisses pas entrer. Consigne plutôt ironique sachant que tu ne reconnais personne. Pas même les membres de ‘ta famille’. Quoique depuis les quelques jours où tu les croises non-stop, tu as assimilé qui était qui. Mais tu ne t’en souviens pas.

In the middle of my thoughts
Taken far from my safety
The picture is there
The memory won't escape me
But why should I care

En ouvrant la porte, sans surprise, tu ne reconnais pas la demoiselle face à toi. Pourtant, elle a un joli sourire. Qui te donne envie de lui faire confiance. Néanmoins, tu te méfies de tes sensations. Après tout, tu ne sais pas si elles sont fiables. « C’est pour quoi ? » Ton ton est aussi neutre que possible. Depuis ton réveil, tu as appris à l’adopter en toute circonstance. Bien moins blessant pour ‘ton entourage’ que toute réaction instinctive de défense que tu risques d’arborer.

C’est ‘ton père’ qui met fin à cette ambiance bizarre en passant derrière toi et en accueillant la nouvelle venue. Ah. Il s’agit donc d’une connaissance de la famille. « Entre donc Lucy. Fais comme chez toi. » Lucy ? Ce prénom ne t’évoque rien. Il pose une main protectrice sur ton épaule. « Je peux vous laisser ? » La question t’est directement adressée. Tu hoches la tête, comprenant qu’il s’agit-là d’une de tes connaissances. Tu ne devrais pas être surprise après tout. Elle semble avoir le même âge que toi. Ça n’a donc rien de surprenant.

Tu ne sais pas si tu dois l’emmener dans ‘ta chambre’ ou si le séjour est une option plus correcte. Tu optes pour la seconde, moins intimiste. Moins intrusive.
Tu la regardes à nouveau, mais rien en elle ne te parle. Qui donc peut être cette jolie brune ?

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feat. @Blue Fairbairn

Lorsque Dee ouvrit la porte, que son visage apparut derrière cette épaisse porte de bois, le cœur de Lucy s'envola sous l'enthousiasme de revoir sa meilleure amie. C'était comme retrouver son petit jardin secret après tant d'années à ne pas avoir pu s'y ressourcer. Elle se retint de lui sauter au cou comme elle pensait le faire. Inconsciemment, Lucy sentit que quelque chose n'allait pas. Ce n'était que lorsque Dee lui demanda la raison de sa présence sur le perron de sa maison comme si elle était une inconnue, que la jeune Clearwater prit la nouvelle en pleine poire, comme une jumpbox particulièrement violente.
« - Euh... » Parvint-elle, seulement, à exprimer comme prise aux dépourvues.

Par chance, le père de Dee apparut à son tour. Son regard semblait douloureux, mais il semblait content de voir la jeune Clearwater. Lucy lui fit un sourire, malgré un regard interrogateur qui ne signifiait qu'une chose : Qu'est-ce qui se passe ? Elle salua le père de Dee, avant de le remercier pour son invitation à entrer. Elle suivit son amie dans le salon, un endroit qu'elle connaissait si bien pour l'avoir fréquenté plus d'une fois, avant de rester dans un silence particulièrement pesant.

Dee l'observait étrangement, comme si elle ne la remettait pas. L'espace d'un instant, Lucy se demanda si elle n'avait pas pris trop rapidement la fuite lorsque Dâriush lui racontait que sa meilleure amie avait enfin repris conscience, sortant d'un coma bien trop long pour tous les gens qui l'aimaient. Pour autant, Lucy ne comprenait pas ce qui se passait alors que tout était sous ses yeux. C'était comme si sa conscience se refusait d'admettre l'évidence que Dee ne se souvenait plus d'elle.

« - Euh... Dee ? Est-ce que ça va ? » Demanda Lucy, sans trop savoir quoi dire (et c'était bien une première) à sa meilleure amie. Elle tentait de briser la glace qui se formait entre elles sans comprendre d'où cette espèce de gêne venait. Lucy tenta un sourire, mais il ne fut pas aussi lumineux qu'il l'était habituellement sur son visage si fin.

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@Lucy Clearwater (02.04.22)

Une fois installée, tu te demandes si tu dois jouer les hôtes parfaites en proposant un thé. Cependant, tu abandonnes vite l’idée. Tu as du mal à te repérer dans le rangement de la cuisine, donc autant éviter une surenchère de problèmes. Le silence s’épaissit jusqu’à ce que ton invitée ne prenne la parole. Tu ne sais de toute façon pas quoi dire qui ne soit pas blessant, alors tu préfères laisser la brune, Lucy, ouvrir les hostilités. Et pour être hostile, ça commence bien. Dee. Utiliser ce prénom que tu refuses d’entendre te fait froncer les sourcils. Tu ne comprends toujours pas l’intérêt d’utiliser une lettre en guise de prénom. A-t-on déjà vu des gens se faire appeler Trois ou Neuf ? Non. Alors pourquoi une lettre de l’alphabet serait une proposition acceptable ? Tu refuses en bloc ceci. De toute façon, ce prénom ne t’a rien évoqué à ton réveil contrairement à ton nom de famille. Tu n’es pas encore sûre que ce ne soit pas une vaste plaisanterie pour se jouer de toi d’ailleurs. Tu as donc préféré imposer ton choix à ton entourage. Un avec lequel tu te sens à l’aise. Puisqu’ils ont voulu être cons, tu l’as été aussi.

Let all the hurt inside of you die
You're frozen when your heart's not open...

Tu es un peu plus froide que voulu lorsque tu répliques. « Je ne m’appelle pas Dee. » Tu commences à en avoir marre de voir les gens t’appeler ainsi. « Mon nom est Blue Fairbairn. » Ce qui pourrait passer pour le monde sorcier comme un pseudo ou un nom de plume pour signer tes créations. Peut-être que dans le futur, tu accepteras de répondre à l’utilisation de ton ancien prénom. Mais il est bien trop tôt aujourd’hui pour l’envisager. Puis les médicomages ont été clairs avec tes parents. Il vaut mieux aller dans ton sens à ce niveau. Au risque de te braquer et de te faire tout simplement prendre la porte. Qui sait où se rendait une amnésique sans repère ? Personne ne le sait justement.

Il y a plein de questions sans réponses que tu n’as pas osé poser à tes parents. Peut-être que la brune face à toi saurait y répondre. Néanmoins, pour ça, il faut être polie et aimable. Non pas froide, hautaine et pleine de reproches. Reprenant le contrôle et pour rendre l’atmosphère plus respirable, tu tempères tes propos. « Je vais relativement bien. » Après tout, tu es à peu près en bonne santé, tu es entourée d’inconnus, tu respires. La situation pourrait être bien pire. « Et vo- toi ? » Tu te reprends au dernier moment. Te rappelant qu’il s’agit sûrement d’une camarade et non d’une parfaite inconnue que la bienséance voudrait que tu vouvoies.

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feat. @Blue Fairbairn

Un froid s'installa rapidement dans la pièce lorsque Dee, ou plutôt pas Dee du coup, lui affirma sèchement ne pas être celle que Lucy croyait. Déstabilisée, Lucy resta un moment silencieux, pas fichu de savoir quoi dire ou quoi faire, alors qu'il était évident que devant elle, c'était bien la Dee qu'elle connaissait. Quelque chose semblait s'être passé de cet accident dont personne n'avait de réels détails que celui de l'avoir retrouvée allongée par terre, inconsciente. Lucy avait tenté d'en savoir un peu plus grâce à ses relations ou en échange de services, mais tout le monde avait fait chou blanc. C'était une affaire curieuse dont la seule témoin présente n'était autre que la victime.

Blue Fairbairn, donc. Lucy jeta un regard autour d'elle pour chercher une explication ou un peu d'aide face à cette situation où elle ne contrôlait rien. Elle osa de nouveau de plongée son regard dans celui de Blue. Peut-être allait-elle y trouver des réponses ?

Tout ce que Lucy y vit, c'était une tentative de se montrer un poil plus cordial. Dee semblait sincèrement convaincue de ce qu'elle disait. Une autre identité, peut-être ? Ou peut-être souffrait-elle d'amnésie ? C'était probablement ça, et dans son for intérieur, Lucy se jura d'aller lui passer un sacré savon à ce guérisseur de pacotille.

Lucy était mal à l'aise. Elle tenta un sourire, mais ce n'était guère mieux. Dee-Blue tenta alors d'apaiser les tensions en répondant à sa question que Lucy avait lancé pour prendre connaissance de l'état de son amie. Elle manqua de la vouvoyer ce qui suffit à lui briser le cœur.

Une larme perla sur le coin de son œil, une larme que Lucy s'empressa de récupérer avant que celle-ci ne roule le long de sa joue.
« - Je vais bien, Blue. »
Elle ne savait pas du tout quoi faire. Mais autant aller dans son sens, hein ?

Lucy ne cherchait pas forcément à enfoncer le clou dans cette situation qui était déjà sous tension. En observant un peu plus Dee-Blue en détail, Lucy se rendit compte à quel point, elle était différente de la pétillante Dee qu'elle connaissait si bien. Elle se risqua un sourire, tentant d'engager une discussion sans trop savoir où ça la mènerait.
« - Le guérisseur Aslan à Sainte Mangouste m'a dit que tu étais rentrée. Je me suis empressée de venir savoir comment tu allais. Comment ça se passe ce retour chez toi ? » Demanda Lucy, en essayant de se montrer la plus neutre possible pour éviter de l'offenser une nouvelle fois.

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@Lucy Clearwater (02.04.22)

Perdue dans tes pensées, tu ne remarques pas la détresse qui irradie de Lucy. Ta concentration toute entière tournée vers tes propres ressentis t’empêche de voir les signaux autour de toi. Probablement qu’il va te falloir réapprendre à les percevoir. En revanche, tu notes l’effort de l’utilisation de ton prénom. De ton nouveau prénom. Peut-être se fera-t-il mieux accepter ici qu’avec ta famille.

Aslan, Aslan… Ce nom ne te dit rien. Est-ce le médicomage qui ne te regardait jamais dans les yeux pour te parler ? Instaurant une distance et un climat peu rassurant pour ce qu’il devait t’annoncer. Heureusement, tous ne dégagent pas cette impression de mur social. Rien à voir avec sa collègue, supérieure ?, qui n’a jamais cessé de te sourire, semblant bienveillante, pour le peu que tu as eu affaire à elle. Qui t’a conseillé de t’orienter dans une autre direction suite à l'échec évident de Ste Mangouste sur les origines de ton cas.

La brune te demande comment ça se passe. Que peux-tu répondre à ça ? Comme un largage en plein Antarctique. Sans les ours polaires et les manchots. Tu ne reconnais rien ni personne. Tu te sens comme un nouveau-né sauf que tu comprends tout ce qu’il se passe autour de toi. Tu n’as cependant pas oublié que tu es une sorcière, que tu vis entourée de magie. Tu t’évites de passer pour une folle ou de penser vivre entourée de fous. Tu ne sais pas laquelle de ces deux possibilités serait la pire pour toi. Lorsque tu as récupéré ta baguette, tu as su lancer un lumos. Comme si tes connaissances se trouvaient ancrées en toi. Tu sais manger avec tes couverts et qu’il faut mâcher avant d’avaler. Tu sais marcher et parler. Ce sont ‘justes’ tes souvenirs, ce qui fait de toi la personne que tu es, qui te donne ton identité, qui a disparu. « Aussi bien que possible j’imagine. » Médicalement parlant en tout cas, tu vas bien. Le reste ne semble pas compter.

Tu te perds encore un peu dans tes réflexions. La conversation n’a jamais dû être aussi peu fluide pour Lucy. Tu hésites à lui poser une question frontale. Parce que tu ne la connais pas. Mais elle semble bien te connaître toi. Du moins, c’est l’impression qu’elle te dégage. Tu as besoin de savoir, d’apprendre ta vie. Ne serait-ce que tes relations, ces gens qui te sont proches et qui méritent la vérité. Tu ne peux pas rester éternellement dans le flou. Ce ne sera facile pour personne. Mais la brune en fait-elle partie ? N’est-elle pas une espionne envoyée pour nuire à la carrière et à la réputation politique de ta mère ? Non. Ton père l’a invité à entrer avec bienveillance. Comme si la voir débloquerait quelque chose en toi. De toute façon, tu ne peux pas éternellement vivre dans un cocon de peur et d'incertitude. Il faut que tu avances. Alors pourquoi ne pas prendre le risque ? Au pire, tu la détesteras et tu porteras plainte pour abus de confiance. Tu n’as actuellement rien à perdre après tout. Tu as déjà tout perdu.

Tu mordilles l’intérieur de ta joue avant de te lancer. Une habitude qui en dit long sur toi, mais dont tu n’as pas conscience. Tu montres une certaine timidité, une certaine pudeur dans tes propos. « Tu me connais bien ? » Tu n’attends pas sa réponse avant de poursuivre. De peur de ne pas y arriver. De perdre le peu de courage que tu as amassé. « Raconte-moi nous deux. » C’est terriblement maladroit, plein de sous-entendus dont tu n’as même pas conscience. C’est aussi touchant que les paroles d’une petite fille. Candide.
N’est-ce pas justement ce que tu es redevenue en t’oubliant ?

Lucy digérait difficilement la question de Dee. C'était une situation qu'elle n'aimait vraiment pas et qu'elle n'aurait pas aimé connaître. Le pire devait être pour les parents - elle vit passer furtivement le père par l'encadrement de la porte. Voir sa fille allongée dans un lit à l'hôpital de Sainte Mangouste pour une durée indéterminée, connaître la joie de son réveil pour réaliser qu'en faites, Dee ne se souvenait même pas d'eux, ça devait être une situation particulièrement complexe et terrifiante. M. et Me. Fairbairn semblaient être un couple solide. Beaucoup se seraient explosés en plein vol dans une situation pareille.

C'était du moins ce qu'imaginait Lucy pour se donner du courage. Elle reposa son regard sur le visage de cette Blue avec la tête de Dee. Oui, elle la connaissait. Elle la connaissait plutôt bien. Mais l'idée de lui formulait lui brisa le cœur. Elle préféra prendre une profonde inspiration avant de faire quoique ce soit.

« - Tu es ma meilleure amie, Blue. » Préféra finalement dire Lucy, qui ne trouvait pas de meilleures façons pour lui annoncer cela.

C'était quelque chose qui fut compliqué à dire, comme si sa bouche fut soudainement pâteuse. Lucy eut un petit sourire désolé, sans trop savoir comment exprimer ses émotions sans avoir à partir en claquant la porte derrière elle, car elle peinait à les digérer depuis... Depuis qu'elle était chez son amie.

« - On s'est connue à Poudlard, il y a un peu plus de dix ans maintenant. C'était quelque chose. » Ajouta-t-elle avec un sourire.

Si leur rencontre était tout ce qu'il y a de plus banal dans le monde sorcier, la suite s'était avérée monstrueuse. Enfin, c'était, tout du moins, l'avis de Lucy.

« - On a été envoyée toutes les deux à Serdaigle. La meilleure des maisons. Ensuite, on a vite pris nos marques, et je trouve qu'on s'est plutôt bien débrouillée pour marquer les esprits... »

Il y avait un sourire nostalgique sur son visage alors que Lucy se remémorait les souvenirs de leur rencontre dans le Poudlard Express, puis de leur répartition, et enfin, les plus grosses anecdotes qui lui vinrent en tête et qu'elle lui raconta sans trop se soucier de la chronologie des évènements. À chaque fois qu'elle lui en sortait une nouvelle, il y en avait une autre dont elle se rappelait subitement qui méritait d'être racontée.

Au bout d'un moment, elle se figea, coupée dans son élan pour lui demander :
« - Tu ne te souviens vraiment de rien ? »
C'était un petit peu abrupt, lâcher sans aucun filtre. Mais c'était ainsi qu'avait toujours marché leur relation. Pour Lucy, il y avait toujours Dee quelque part. Elle en était persuadée.

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