Timeless (Sean)

Au lendemain de l'enterrement du frère d'@Apolline Dunn, l'ambiance était toujours dans le deuil d'un étudiant ayant tragiquement perdu la vie près de Poudlard. La nervosité était palpable dans chaque recoin de l'école, particulièrement chez les Serpentards mais aussi chez les Gryffondors qui avaient pris à cœur de soutenir leur préfète en cheffe depuis son retour et bien que celle-ci gardait la tête haute, Yeleen savait que sa cousine tentait de camoufler ses peurs en se donnant encore davantage dans ses études et ses stages qui n'avaient pas arrêté.

Entre tous cela, Yeleen s'était affairée à faire de nombreuses recherches sur les lycans en ne souhaitant que parer une éventuelle attaque. Le pire fut la délivrance de la liste des étudiants à Poudlard qui était doté de la lycanthropie, ce qui avait pour effet d'ameuter les couloirs dès que l'un d'entre eux levait le ton. La délation semblait être le prochain mouvement et cette ambiance était bien trop toxique pour la Serdaigle qui avait tenté de trouver un échappatoire dès leur retour du domaine des Dunn la veille.
Laissant un mot à Sean en début de matinée, elle lui avait proposé de venir la rejoindre au septième étage de Poudlard, sans oser mettre les mots "rendez-vous" dans sa tête pour ne pas se réjouir inopinément. Sean était venu la rejoindre à l'enterrement de son cousin, tout comme il l'accompagnait jusqu'à sa tour le soir venu ou même au terrain de Quidditch. Loin d'agir comme un garde du corps, elle se rendait compte que Sean semblait être moins nerveux s'il se tenait près d'elle et bien que leur relation ne se rapprochait pas encore de ce qu'elle aurait appelé être une belle amitié, comme celle qu'ils avaient pu avoir avant, elle soufflait enfin plus sereinement en sachant qu'il était simplement là et qu'il lui accordait quelques sourires en plus.

Depuis ce fameux jour près des portes de Poudlard, Yeleen lui avait promis d'attendre que la situation soit un peu plus apaisé, un peu moins flou, respectant ainsi le souhait de Sean de vouloir se tenir à l'écart pour éviter tout danger. Même si leur doigt se frolait de temps en temps, parfois par inadvertance, Yeleen ne pouvait s'empêcher de vouloir tempérer ses propres ardeurs de vouloir se rapprocher de Sean, comme à chaque fois qu'il avait le regard dans le vague. Combien de fois avait-elle voulu lui demander à quoi il pensait, se retenant de ne pas lui poser les questions qu'elle estimait interdites, pour ne pas le braquer? Elle avait l'impression de faire face à des barrières qui les privaient d'une certaine liberté, l'innocence était perdue depuis cet été, voir même bien avant. Les silences entre eux étaient un peu plus nombreux mais elle les espérait un peu plus chaleureux pour Sean qui pouvait librement se reposer, même si elle savait son esprit divaguer à cent à l'heure à coté.

Ce fut ainsi qu'elle se retrouva à faire les cents pas devant un mur particulier de l'école, enroulant en boule le morceau de papier qu'elle avait en main depuis la veille, après avoir grassement remercié un Serpentard d'une promotion inférieur à la sienne. Elle ignorait si @Adil Mesli connaissait l'existence de cette pièce mais sans oser le déranger durant son stage en Magizoologie, elle avait préféré prendre un moyen détourné pour offrir à Sean un petit peu de répit depuis leur retour à Poudlard. Car si Yeleen avait tenté de se défaire des tensions accumulées durant son stage, en passant par ses nuits chez @Iris Faux-Orpin, elle se doutait que Sean avait encore les épaules lourdes. Cherchant ainsi des idées pour le faire s'échapper quelques heures dans la salle sur demande, elle ne souhaitait que lui offrir ce dont il aimerait pour l'occasion.

Au moment où elle le vit au détour du couloir, la Serdaigle sentit son cœur faire un bond, la surprenant jusqu'à lui faire entrechoquer les genoux. Comme une première fois, Yeleen ne cessait d'être surprit par tous ce que Sean lui faisait ressentir en croisant seulement leur regard, même pendant les cours ou durant le petit déjeuné, la poussant à camoufler encore et encore ses oreilles brulantes. Elle faisait tout, vraiment tout pour ne pas dévoiler tous les effets du Gryffondor sur elle, mais tira légèrement sur son chemisier pour le remettre en place après sa course jusqu'à l'autre bout de Poudlard. Lui offrant un léger sourire en coin, elle était même venue avec un petit sac en bandoulière pour prendre quelques affaires de rechange, le même qu'elle avait pris la nuit où elle était restée dormir dans le dortoir de Sean et Adil la première fois.

"Hey ! Tu ... " signa-t-elle de loin mais avant même de pouvoir lui dire autre chose, elle entendit soudainement des pas se rapprocher d'eux. Une porte avait au même moment fait son apparition devant le mur où ils étaient et Yeleen se précipita vers Sean, lui attrapant le bras pour le tirer à l'intérieur de la pièce, refermant les battants derrière eux avec hâte, loin de vouloir vendre le secret à n'importe qui. Posant son oreille sur le bois dont l'aspect était bien plus luxueux à l'intérieur qu'à l'extérieur, elle n'entendit aucun bruit de l'autre coté de la porte, lâchant alors le bras du Gryffondor en se rendant compte qu'elle en avait oublié les distances à prendre.

Ce fut à cet instant là qu'elle remarqua à quel point l'intérieur de la salle qu'elle avait imaginé pour Sean était réellement sous leur yeux. A l'instar d'une grande salle de cinéma, comme celle dans laquelle il s'était réfugié à quelques reprises pour regarder la rétrospective des Star Wars durant l'été, le sol était parsemé d'un velours propre avec deux rangées de sièges et canapés confortables dans un coin devant un écran blanc géant où un film en diaporama passait déjà en fond sonore. Un petit chalet proposant divers mets d'hiver apportait une subtile odeur de plats et de boissons d'hiver tandis que divers boites de rangements cachaient quelques jeux de détentes, la salle permettant largement de pouvoir se défouler si besoin. Ayant pris quelques idées de la salle d'entrainement qu'ils avaient au département de la justice magique au Ministère de la magie, elle avait choisi un ensemble d'activité aussi relaxante qu'attrayante pour permettre à Sean d'avoir simplement le choix de passer l'après midi qu'il voulait.

"C'est une salle vraiment très particulière ... mais on peut aussi terminer le devoir de potion si tu veux." signa-t-elle en le taquinant légèrement pour apporter un peu plus de légèreté.

Elle avait conscience qu'elle lui proposait de passer un peu de temps seul à seul et elle ignorait s'il était à l'aise avec cette idée de se retrouver qu'à deux, le temps d'une après midi. Car si lors des repas, des cours ou des autres activités qu'ils menaient, il y avait constamment d'autres amis autour d'eux, c'était la première fois qu'ils avaient l'occasion de se retrouver, comme ils le faisaient avant. Se décollant alors de la porte pour aller voir comment la machine moldus fonctionnait sans électricité, Yeleen remarqua plusieurs grandes bandes de films dont les titres étaient notés à l'ancienne.

"Ohhh tu savais que les premiers films étaient muets et en noir et blanc?" signa-t-elle, elle même étonnée de ne pas l'avoir su avant, se rendant compte par la suite qu'elle parlait tout de même à un connaisseur. Elle marqua une légère moue avant de passer sa main sur le canapé aussi doux que celui que Betty avait dans l'appartement et elle nota à cet instant là plusieurs éléments discrets semblable à ce qu'elle avait connu chez Sean, sans le vouloir.

"On peut tout changer si tu veux ... je ne savais pas vraiment ce qui te plairait pour une après-midi loin de tout. Je ... je peux aussi te laisser en profiter tranquillement seul si tu as envie" signa-t-elle, les doigts légèrement tremblant à l'idée d'avoir totalement tapé à coté de la plaque.

L’enterrement d’Ulysse Dunn s’était déroulé sans heurts, Sean n’ayant jamais vu un évènement aussi encadré par les agents du Ministère de la Magie. Tout le monde craignait que des esprits mal intentionnés n’utilisent cet évènement pour mettre de l’huile sur le feu, et Sean n’était pas épargné par cette paranoïa ambiante. Le Clearwater n’aurait pas insisté pour participer à l’hommage s’il n’avait su que Yeleen serait présente pour soutenir une partie de sa famille. Persuadé que le meurtre avait un lien – de près ou de loin – avec Ryan et ses sinistres manigances, le jeune homme n’avait pu se résoudre à la laisser seule sauter dans la gueule du loup. Il ne l’avait donc pas quitté d’une semelle, comme une ombre silencieuse, veillant à sa sécurité avec toute l’attention dont il était capable. S’il était conscient de ses maigres pouvoirs face au lycan, le Gryffondor se savait à présent prêt à tout pour la défendre. Tout au long de la journée, ses doigts s’étaient posés sur son précieux présent – une lame en argent incrustée au manche de sa baguette – capable de causer la mort d’une de ces créatures. Le soir venu, il avait raccompagné Yeleen jusqu’à son dortoir – et les émotions intenses de la journée leur avait épargné d’inutiles discours.

Lui et Yeleen se tenaient dans un précaire équilibre que facilitait l’urgence de la menace. Face au danger, Sean ne pouvait plus se permettre de se perdre en conjonctures. Rien n’existait d’autre que la sécurité de ceux qu’il aimait. Echappant alors à ses éternel tourments, il se contentait d’être là, sans chercher à se projeter au lendemain. Yeleen semblait le comprendre, et, fidèle à sa promesse, elle ne le pressait pas de questions, acceptant sa discrète présence sans le rejeter. C’était bien plus que tout ce à quoi Sean s’attendait. Bien plus que ce qu’il méritait. Mais le jeune homme tentait de ne pas y penser, de ne pas voir son infinie bienveillance s’étaler sous ses yeux, sa force aussi pure que le dimant, son inébranlable obstination – sous peine d’y succomber comme au premier jour. Il ne se berçait pas d’illusion, et se savait toujours aussi fou d’amour pour elle. Mais cette vérité était tellement ancrée en lui qu’il ne prenait même pas la peine de la questionner. Elle était là, et faisait tourner son monde, rendait l’air respirable, et la nuit un peu moins obscure.

Mais ce statuquo n’existant que dans une fragile bulle de déni, celle-ci menaça d’éclater quand il reçu un mot d’invitation de la part de Yeleen ce matin. Les doigts de l’étudiant parcoururent la fine écriture penchée de son ami, se demandant quelles pensées l’avaient poussée à l’écrire. Voulait-elle lui parler, lui demander d’enfin arrêter de la suivre, lui rendre finalement son écharpe ? Sean referma à la hâte l’épais bouquin qu’il était en train de parcourir – son changement d’orientation lui ayant rendu le goût des études – pour se hâter de la rejoindre au lieu-dit du rendez-vous. Un fin sourire orna son visage fatigué quand il l’aperçut, seule devant un mur vide, en train de l’attendre. Mais l’appréhension de leur rencontre l’empêcha de se détendre totalement. Pourtant, le sourire de Yeleen le rassura rapidement, et elle commençait tout juste à signer quand des bruits de pas l’interrompirent. Alors, soudain, une porte apparut comme par enchantement et la Serdaigle l’attrapa par le bras pour l’entraîner à l’intérieur de la pièce secrète.

Le cœur de Sean se mit à battre à tout rompre devant cette soudaine proximité et il fut particulièrement gêné à l’idée que la jeune fille entende son emballement dans le silence qui régnait. Mais Yeleen paraissait plus préoccupée par ce qui se passait derrière le battant pour lui accorder la moindre attention. Finalement, elle se tourna vers lui en le relâchant, lui présentant le reste de la salle et Sean se rendit compte qu’il la fixait stupidement depuis un bon moment déjà. Penaud, il observa à son tour la pièce et la stupéfaction se peignit sur son visage. Sous ses yeux s’étalait une véritable caverne aux merveilles, en partie salle de cinéma, salle de jeux, et service de snack à volonté. Un rêve devenu réalité pour l’adolescent qui sommeillait encore en lui. Sans pouvoir contenir sa surprise, il resta un instant muet, alors qu’il comprenait aux signes de Yeleen qu’elle avait imaginé cette pièce spécifiquement pour lui. Les doutes de sa trop grande modestie reprirent le dessus sur son amie qui – après avoir évoqué leur devoir de potion – lui demanda s’il souhaitait changer des aspects de la pièce, ou qu’elle le laisse seul en profiter.

Sean ne s’attendait tellement pas à cette touchante attention qu’il ne sut comment réagir. Posant un poing fermé contre sa bouche, son regard parcourait les fauteuils de cinéma qui paraissaient si moelleux et le renvoyaient à cette époque si heureuse de son existence, juste avant que Ryan ne vienne tout détruire. Ensuite, sans même l’aide du lycan, c’était lui-même qui avait fait imploser le peu de stabilité et de bonheur qui restaient dans sa vie. Se retrouver confronté à ce qu’il avait un temps touché du doigt avant de le perdre brutalement fut d’une violence sourde. Mais derrière la douleur, c’était son cœur qui fondait littéralement devant la prévenance et la compassion de Yeleen qui semblait ne chercher – aujourd’hui encore – que son bonheur.

Le Gryffondor attrapa la main de son amie, interrompant ses signes tremblants, alors qu’il comprenait être resté trop longtemps silencieux, faisant craindre à la jeune fille un quelconque mécontentement de sa part.

- Yeleen… Merci… Ses pupilles brillaient de gratitude en plongeant dans ceux de son amie, prenant une légère teinte de culpabilité. Mais vraiment… Je ne mérite pas tout ça…

Depuis la nouvelle affirmation de sa volonté, Sean s’était débrouillé pour remplir chaque seconde de son temps afin de rattraper tous ces jours perdus à cause de son incertitude. Le temps qu’il ne passait pas en compagnie de Yeleen, à son stage avec @Bianca Almadovar, ou en cours, il le passait à réviser, encore et encore jusqu’à maitriser sur le bout des doigts le moindre ouvrage évoqué par ses enseignants. C’était comme si Sean ne savait plus comment se détendre – ni la dernière fois que ça lui était arrivé. Mais Yeleen faisait tant d’efforts pour lui qu’il ne souhaitait surtout pas la décevoir. Aussi, il tenta de rebondir ce qu’elle lui disait. Il avait terminé son devoir de potion dans la nuit, utilisant ses insomnies bien plus constructivement qu’avant. Mais pour elle, il pouvait accepter de refaire tous les devoirs du monde. La jeune fille semblait cependant tenir à passer un bon moment sans révision d’aucune sorte. Aussi, posant sa deuxième main sur la sienne, l’emprisonnant dans un étau affectueux, il lui demanda.

- Qu’est-ce que toi tu veux faire ? Je veux faire uniquement ce qui te fait plaisir…

Doutant de la seule volonté qu'elle avait eu à cet instant de bien faire et de procurer un havre de paix à Sean, elle n'avait pas songé un seul instant à ce que le Gryffondor veuille peut-être éventuellement profiter de son temps libre autrement qu'avec elle. Après tout, elle avait bien vu ces derniers temps qu'ils étaient loin d'avoir de longues conversations, une certaine distance se maintenait entre eux. Quand Sean se concentrer davantage dans les cours et les révisions, il passait qu'une partie de son temps à l'accompagner sans rien demander en retour. Le faisait-il pour se rassurer qu'il ne lui arriverait rien ou tentait-il maladroitement de rattraper toutes ces semaines où il l'avait évité? Alors qu'il lui attrapait les mains pour l'arrêter dans ses gestes, il l'a remercia en prétextant ne rien mériter de tous cela. Elle observa la salle un moment, les traits de son visage se tendant légèrement au moment où il préféra lui dire qu'ils pourraient faire tous ce qu'ils voulaient et étrangement, Yeleen commença à manquer de souffle.

Elle ne s'était pas trompée, elle s'était littéralement plantée. Sean ne semblait pas avoir la loindre envie de profiter d'une telle salle avec autant de possibilité avec elle. Ce n'était pas une question de mérite à ces yeux et il le savait mais elle avait l'impression de lire entre les lignes qu'il ne voulait pas de cette attention.

"Non..." commença-t-elle à signer alors qu'il lui demandait de penser à elle.

Elle s'écarta d'un pas, se rendant compte que Sean était probablement entrain de faire un effort insurmontable pour la tenir éloigner et elle venait de mettre tous ce qu'elle lui avait promis à côté. Plissant les lèvres, elle tenta de lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas lui forcer la main.

"C'est pour toi. Juste pour toi. Si tu as envie de faire venir quelqu'un d'autre, je peux partir."

Elle avait été sotte de penser connaître encore assez Sean à travers ses silences pour insinuer qu'il aurait eu besoin d'elle pour se détendre un minimum quand elle ne lui apportait certainement qu'une source de stress. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'il soit bien, même si c'etait sans elle. Remettant au loin la discussion qu'il avait eu une dizaine de jour sans prendre l'affection que Sean avait pour elle comme un acquis, Yeleen se sentit légèrement sotte. S'il savait réellement ce qui lui ferait plaisir, il aurait su que la jeune femme ne voulait que son bonheur. Cette parenthèse dans laquelle ils s'étaient mis depuis quelques jours était entrain d'imploser et c'était entièrement de sa faute.

"Je ne voulais pas... C'était une erreur." signa-t-elle finalement

Était-elle si faible pour comprendre à quel point l'équilibre précaire qu'ils avaient manquait parfois de logique? Son regard erra un moment sur les canapés et les détails qui lui rappelaient ces quelques jours qu'elle avait passé en sa compagnie chez Betty avant que tout ne vole en éclat. Un rappel douloureux de la réalité jusqu'au plaid posé sur l'accoudoir qu'ils n'avaient jamais pu récupérer. Aucune photo, aucun souvenir à part ce qui s'étalait sous leur yeux et eux, ils n'en baissaient aucun depuis des semaines non plus.

"Ne te sens pas obligé, je comprendrais mais... Ne perd plus ton temps à me suivre, ça ne sert à rien. Tu as certainement mieux à faire."

Ses doutes la rendait légèrement nerveuse, l'ambiance qui régnait dans l'école comme à Pré au Lard et au Ministère ne l'aidant nullement. Elle comprenait que Sean avait besoin de s'assurer qu'elle allait bien mais dans un sens, elle voyait bien la qu'ils se faisaient plus de mal qu'autre chose à se tenir avec une telle distance l'un de l'autre. Elle qui lui avait demandé sa permission de pouvoir l'approcher quand elle sentait le besoin d'être à ses côtés s'il lui arrivait quelque chose, elle voyait bien que ce n'était pas ce qu'il souhaitait.

Virant son regard dans la pièce, la Serdaigle souffla doucement, tirant de nouveau sur les manches de son chemisier. Ses incertitudes commençaient avoir raison d'elle jour après jour.

"Parfois j'ai l'impression que parfois... Parfois tu serais tellement mieux sans moi."

A la plus grande surprise de Sean, Yeleen se décomposa sous ses yeux. La jeune fille se dégagea de son emprise pour se hâter de signer négativement, coupant ainsi court à sa proposition. Il la vit s’éloigner volontairement de lui et sa démarche lui brisa le cœur alors qu’il ne pouvait s’empêcher de reconnaître qu’il ne méritait rien d’autre que cette réaction. Elle lui précisait que la salle n’était destinée qu’à lui et qu’il pouvait tout aussi bien y rester avec quelqu’un d’autre qu’elle. Le Gryffondor blêmit devant sa sentence, la voyant presque regretter être entrée dans cette pièce avec lui. Elle le lui confirma d’ailleurs rapidement, signant qu’elle avait fait une erreur. Sean l’observait, sentant son âme se fissurer à chaque nouvelle phrase qu’il lisait à travers ses gestes.

Enfin, les mots que le jeune homme redoutait le plus au monde tombèrent, le clouant au sol de par leur implacable sévérité. Ce n’était plus la peine qu’il la suive ainsi comme il avait pris l’habitude de le faire depuis la mort d’Ulysse. La Serdaigle relevait qu’il avait sans doute mieux à faire que de jouer aux ombres silencieuses. Elle semblait si misérable et mal à l’aise, évitant son regard en tirant sur ses vêtements que Sean en serait tombé à genoux de dépit. Mais – muet et immobile – aussi inutile qu’il l’était depuis son retour dans le monde des vivants, il se contentait de l’observer avec une souffrance toujours plus grande. L’impression que lui dévoila Yeleen finit de l’achever, quand elle avoua qu’il serait certainement bien mieux sans elle.

Sean fut saisi d’une stupéfaction qui frôla tant la colère qu’il ne sut contrôler l’élan qui le poussa à attraper brusquement Yeleen par le bras. Comment pouvait-elle seulement imaginer qu’une once de tout ce qu’elle disait était vrai ? Sean était plus ignoble que le pire des mages noirs s’il avait amené son amie à penser si piètrement d’elle. @Adil Mesli n’aurait pas dû s’arrêter à un seul coup de poing, mais aurait dû en abattre une centaine sur son corps pour l’empêcher de faire le moindre mal à Yeleen. Le jeune homme jura furieusement, dans une telle rage contre lui-même qu’elle rendait plus complexe encore l’expression de ses émotions.

Mais finalement, se rendant compte qu’il devait ainsi effrayer plus encore la jeune sorcière, il la lâcha pour poser son visage grimaçant dans ses mains ouvertes.

- Ne m’abandonne pas Yeleen, je t’en prie… Je sais que je fais tout de travers… Même si j’essaie de réfléchir et de bien agir, je n’arrive qu’à faire du mal autour de moi… Depuis que je suis revenu, c’est comme si… Comme si je devais réapprendre à respirer, à marcher, à parler… Et j’y arrive qu’en m’appuyant sur toi… Je sais que c’est égoïste, mais s’il te plait. J’ai besoin de toi…

Comment pouvait-il faire comprendre à son amie qu’elle était son phare dans l’obscurité qu’était devenue sa vie ? Que sous couvert de la protéger discrètement, il puisait dans la douce énergie qu’elle dégageait pour se reconstruire doucement, pas après pas, jour après jour. Avait-elle la moindre idée de la bulle de calme et de sérénité qu’elle parvenait à créer dans le chaos de son esprit perturbé, par la simple attention qu’elle lui portait ? Le chant de Yeleen, improbable illusion que son cerveau avait imaginée pour lui permettre de tenir éloignés ses démons, était parfois la seule chose qui le faisait tenir quand l’insomnie l’empêchait de profiter d’un véritable repos.

Même s’il était parvenu à la dégouter tout-à-fait de lui, il avait quand même besoin d’elle, quitte à ne lui inspirer qu’un vague sentiment de pitié. Le jeune homme avait tout fait pour maintenir une distance entre eux, mais la simple vision de la voir s’éloigner de lui, cette fois-ci de son propre chef lui était tout simplement insupportable.

Le regard qu'il lui adressa aurait pu la foudroyer sur place si elle n'était pas entrain d'éviter ses iris, incapable de pouvoir retenir la moindre de ses peurs au creux de son cœur. Pourtant, au moment où il lui empoigna le bras, elle vit passer une colère sur son visage qui la givra instantanément, le temps suspendu durant quelques secondes alors que Sean exprimait comme il pouvait son mécontentement. Qu'avait-elle fait ... qu'avait-elle fait encore? Les yeux embués, elle le vit pourtant se radoucir jusqu'à se tordre d'une douleur dans une déclaration qui lui fendit sa propre âme. Les mots furent hachés dans tous les sens, visiblement à bout de tous ce qu'il tentait d'entreprendre depuis qu'il était revenu et ne firent que bloquer ses propres souffles alors que Sean semblait manquer de tout à cet instant.

Ses genoux s'entrechoquèrent sous le poids d'une révélation qu'elle n'avait pas attendue mais sans perdre une seule minute, Yeleen enleva ses mains de son visage pour le caler contre elle, le serrant doucement alors qu'elle reprenait son souffle. Son cœur battait à une folle allure, assez pour lui faire mal comme chaque mot que Sean venait de prononcer. Comment pouvait-il croire qu'il ne faisait que du mal autour de lui? Elle secoua la tête, ne se détachant uniquement de lui que pour signer quelques mots.

"Je suis jamais loin quand tu en as besoin, tu le sais. Je suis toujours là si tu le souhaites." signa-t-elle avant de poser sa main contre son cœur.

Laissant tomber son sac à ses pieds, elle prit sa propre main pour le guider jusqu'à son cœur qui battait pour lui. En écho, comme à chaque fois qu'elle le voyait. Malgré toutes les énigmes qui entouraient le retour et la présence de Sean à ses cotés, ce qui les reliait était immuable et Yeleen devait s'en assurer en premier lieu sans lui laisser l'occasion de se fissurer. Si elle pensait être la seule à demander à le voir, elle se rendait compte que Sean utilisait la moindre excuse pour rester également avec elle, même si c'était sous couvert de déplacements où il ne souhaitait que s'assurer que tout allait bien. L'accord qu'ils avaient conclu en remettant tout en pause en attendant que la menace soit anéanti ne tenait plus la route, plus du tout.

Sans pouvoir se retenir, la Serdaigle glissa ses mains sur sa nuque, le rapprochant d'elle jusqu'à venir frôler ses lèvres jusqu'aux siennes sans pour autant enfreindre la distance que Sean avait mis en limitant puis cessant tout contact avec elle. Le front collé aux siens, elle respirait doucement en fermant les yeux, ne se permettant que de lui caresser le simple bout de peau qu'elle pouvait avoir à cet instant là pour le rassurer.

Rien ne semblait facile dans cette vie. Leur histoire les rattrapait chacun de leur coté, les tirant à l'autre bout en déchirant tous ce qu'ils avaient bâti ensemble depuis que leur regard s'était croisé dans cette grande salle. Mais elle refusait de laisser partir le pilier principal de la vie qu'elle souhaitait avoir; protéger Sean et s'assurer qu'il tenait debout, était sa priorité.
Glissant ses mains sur ses joues pour lui relever le menton, Yeleen ne savait encore nullement comment elle faisait pour tenir debout face à lui, les émotions là portant à bout de bras.

"On fera ça ensemble ... d'accord?"

Ils en avaient besoin, elle le sentait. Aucun des plans que Sean avait tenté de faire pour affronter la réalité n'avait marché jusque là et ça semblait assez évident à présent. Le souffle court, elle lui embrassa le coin des lèvres en frissonnant, avec la volonté de pouvoir tout lui apporter jusqu'à sa propre vie pour qu'il puisse respirer.

"Je te laisserais pas... je sais pas faire ça. Tu es la personne que je veux chérir le plus au monde, ça me tue de ne pas pouvoir te prendre la main, venir te surprendre le matin derrière les rideaux ou même partager un de ses chocolats chauds en cuisine quand on a loupé le diner. C'est toi mon quotidien et j'arriverais pas à m'en lasser."

Observant la salle sur demande qui avait pris exactement ce qu'elle pensait être bien pour lui, elle se rendait compte qu'elle avait simplement voulu lui offrir une pause dans le temps, comme cet été dont il n'avait que peu profiter pour se retrouver.

"On pourra regarder autant de Star Wars que tu veux, faire tomber n'importe quelle glace sur ce chemisier, me battre avec un pistolet à eau si tu y arrives ... Tu peux te laisser aller et être qui tu as envie d'être ici, sans penser à autre chose qu'à toi. Nous. Voilà ce que je veux... que tu sois bien."

Alors qu’il n’osait lever le regard vers son amie, Sean sentit ses mains attraper son visage pour le relever tandis qu’elle se pressait contre lui. Ce soudain contact lui coupa le souffle, son parfum l’enivrant de toute part, réplique silencieuse à son appel à l’aide. Car c’était bien sa réponse, il s’accrochait à cet espoir comme un forcené. Le cœur battant, le jeune homme hésita à l’enlacer en retour de ses mains, mais laissa finalement retomber ses bras alors qu’elle desserrait son étreinte. Percé de doutes tenaces qui le maintenaient en haleine, le jeune homme suivit de son regard sombre les gestes de Yeleen. Elle lui signa qu’elle serait et resterait là pour lui, et sa main se posa sur son torse où son cœur faisait de violentes embardées. Sean eut conscience du pouvoir total qu’elle maintenait sur ce dernier, capable de l’arrêter ou de le faire repartir d’un simple claquement de doigt. C’était comme s’il lui avait toujours appartenu, et qu’il avait patienté toute sa vie pour enfin la rencontrer, ne réagissant qu’à ses gestes, ses regards, ses sourires.  

Lâchant ses affaires, Yeleen attrapa la main de Sean pour la poser sur son propre cœur. Le sorcier eut un indicible recul à ce geste, craignant presque que sa paume ne blesse le corps de son amie. Mais si ce dernier était brulant, ce n’était pas de son fait. Sa main tout contre elle, Sean se prit à rougir en sentant les battements du cœur de son amie, tout aussi affolés que les siens. C’était comme s’ils cherchaient à s’accorder, se courant l’un après l’autre et n’acceptant de ralentir que lorsqu’ils se seraient retrouvés. Mais celui de Sean n’était pas près de se calmer alors que la jeune sorcière s’approchait de nouveau de lui, fermant les yeux, collant ses mains contre sa nuque, et son front contre le sien. Le jeune Clearwater ne pouvait fermer les siens sur ce spectacle qu’il observait en tremblant. Yeleen était tout contre lui, ses lèvres entrouvertes frôlaient presque les siennes, ses mains le caressaient, provoquant chez lui un raz-de-marée d’émotion qui étaient en train de le balayer. Un brin de panique s’empara également de lui alors que sa maitrise de soi était sur le point de fondre, obsédé par l’envie de se presser à elle et de laisser la chaleur qui l’enflammait se déverser en elle. Cette perte de contrôle le grisait tout autant qu’elle l’effrayait et il gardait en mémoire l’étrange possession qui s’était emparé de lui lorsque la rage l’avait dévasté.

Le Clearwater baissa alors craintivement le regard, mais Yeleen s’empressa de lui faire relever, ses doigts délicats attrapant son menton pour le redresser. Ensemble. Elle voulait qu’ils affrontent tout ça ensemble. Malgré lui, Sean en fut tétanisé de peur, comprenant à quel point – loin de la protéger – tous ses faits et gestes avaient menés à ce moment où il s’apprêtait à embarquer Yeleen dans la noirceur qui l’habitait. Mais répondant à ses craintes, la Serdaigle se pencha vers lui, l’embrassant subtilement, flirtant avec la limite qu’ils n’osaient ni l’un ni l’autre franchir. Mais la ligne avait bel et bien disparue pour Sean qui posa ses mains dans la chevelure de son amie, la caressant de ses pouces alors que ses yeux cernés passaient de son regard à ses mains, ne voulant rien perdre de ce qu’elle lui disait. Elle continuait à chercher à lui faire comprendre l’évidence qu’ils formaient, et l’importance qu’il gardait pour elle. Une larme coula sur la joue de Sean, discrète apparition de son bouleversement alors qu’il lisait tous ses espoirs comme ses plus grandes peurs se réaliser dans le discours de Yeleen.

Elle lui proposait de considérer de cette salle secrète comme une bulle dans l’espace et le temps, où rien ne pourrait les atteindre, où la vie pourrait reprendre le cours tranquille de son existence entre eux. Sean n’avait qu’une envie, c’était de lui obéir, et ses mains se resserrèrent sur elle, alors qu’il respirait son odeur et observait avec une envie grandissante ses joues, son cou, ses lèvres où il avait le désir de lover ses lèvres. Mais une part de lui l’empêchait toujours de se laisser aller, de par le trop grand amour qu’il lui portait. Yeleen ignorait une partie de la terrifiante vérité. Il ne pouvait lui faire prendre des risques dont elle ignorait tout. L’étudiante avait le droit de savoir, et quitte à l’entraîner avec lui dans sa destruction, autant le faire en connaissance de cause.

- Yeleen… commença-t-il, l’émotion transperçant sa voix alors que son pouce quittait sa joue pour effleurer ses lèvres. Je ne t’ai pas tout dit…

Il marqua une pause angoissée avant d’attraper sa main pour l’entrainer vers les confortables fauteuils de cinéma sur lesquels il la fit s’assoir, prenant place à côté d’elle. Inspirant profondément, il fixa ses pupilles d’ébènes dans lesquels il puisa l’énergie nécessaire pour lui parler de ce qu’il redoutait au plus haut point.

- J’ai de bonnes raisons de croire que… Ryan… a implanté quelque chose en moi et souhaite m’utiliser comme une arme. Je ne sais pas exactement ce qu’il a fait et quel est son plan, mais je sais que je suis dangereux. J’ai essayé de m’éloigner de toi mais… C’est au-delà de mes forces… Je me dois de te prévenir quand même. Tu n'es pas en sécurité avec moi .

Il suffisait d'une petite impulsion pour que le monde de Yeleen s'emballe, les regards de Sean l'enflammant juste en soufflant sur la braise de ses émotions. Entendre ses battements de cœur à travers la paume de ses mains générait des vagues de chaleurs contenu entre les murs de la salle sur demande et faisait en sorte que ces instants leur appartiennent. La larme qui coula sur la joue de son Gryffondor fut repousser par son pouce, comprenant et acceptant combien il contenait depuis le début de la rentrée. Il faisait preuve d'un courage sans limite en souhaitant prendre autant sur ses épaules sans s'appuyer volontairement sur sa famille, un courage qui avait besoin de force que seuls ses proches pouvaient alimenter pour qu'il puisse tenir bon, quelque soit l'obstacle qu'il avait à traverser.

Sentant sa prise se resserrer sur ses mains alors qu'elle lui donnait volontiers toute son énergie s'il souhaitait puiser dedans, son souffle fut coupé au moment où il effleura ses lèvres de son pouce, Yeleen s'empêchant de vaincre les derniers centimètres qui restaient entre eux. Plus Sean prononçait son prénom, plus elle perdait pied, comme s'il tentait de les ramener à la raison en l'appelant ainsi. Mais attiré dans les canapés alors que Sean semblait avoir besoin de lui confier plus que des déclarations qui l'avaient atteint avec une telle intensité, elle tendit l'oreille, attentive à ce qu'il souhaitait lui avouer. Sans oser le toucher davantage, elle enleva discrètement ses chaussures pour s'asseoir plus confortablement, fronçant les sourcils en l'entendant parler d'un mal que Ryan aurait implanté en son cœur.

"Tu as eu des épisodes où ... tu ne comprenais pas ce qui se passe?" signa-t-elle après quelques secondes de silence, se demandant comment pouvait se manifester ce danger qu'il pensait être. Etait-ce à l'instar de ce que des sombres livres parlaient en terme de Horcruxes ou était-ce une sorte de possession? Si jusque là, elle pensait que le lycan n'avait abusé que du pouvoir que lui avait conféré sa condition, elle n'avait que très peu pensé à la magie noire pure et dure dont Sean avait forcément du être témoin. "Je ne veux pas que tu t'en fasses pour moi. Je serais là pour t'épauler, quoi qu'il arrive. Pour le meilleur et pour le pire."

Elle n'avait jamais dit de telles paroles en l'air, ramenant Sean à ce qu'il y avait de plus important au delà du fait qu'il estimait que personne n'était en sécurité avec lui : il fallait avant tout combattre le mal de l'intérieur avant de vouloir pondérer les dégâts. Il semblait craindre être un danger pour les autres avant tout alors qu'ils pourraient se concentrer à contrer ce qui le rongeait.

"Ta sécurité, c'est ce qu'il y a de plus important. Si on doit rechercher une façon d'extraire ce que tu penses, je peux certainement t'être utile."

S'empêchant de frôler ses doigts des siens, elle posa son regard sur les cernes toujours aussi nombreuses mais sans qu'ils prennent la couleur violacée de ces dernières semaines.

"Est-ce que tu as des sommeils réparateurs?" demanda-t-elle doucement, se rappelant à quel point Sean se réveillait toujours en sursaut en plein milieu de la nuit déjà au domaine lorsqu'il était rentré. Il semblait fatigué et à bout de nerf à cet instant là, lui qui lui avait montré soudainement une colère avant de laisser couler cette unique larme qui trahissait à quel point il était encore brisé par ce qui lui était arrivé. Si elle avait pu lui offrir du repos à cet instant là, elle aurait matérialisé son lit pour qu'il puisse fermer les yeux un instant et se ressourcer avant d'affronter le reste du monde.

Sortant avec précaution sa baguette magique, Yeleen la pointa doucement en direction du petit chalet en bois, faisant léviter une grande tasse de chocolat chaud encore fumante jusqu'à l'accoudoir de Sean. Ne cessant pourtant de réfléchir, elle se demanda comment contrer cette impression qu'il avait depuis son retour et qui l'avait forcé à tenir tout le monde à l'écart, comme un kamikaze ambulant contre son gré.

"Jusque là, tu sembles le contrôler, je suis certaine que tu arriveras à le faire encore. On est là pour ça. Je suis là pour que tu tiennes bon même lorsque ça arrive, qu'importe quand, qu'importe où. Cette sécurité, ne pense pas être le seul à pouvoir l'apporter entre nous. C'est toi qui sera en sécurité avec moi alors."

Bien sur qu'elle n'avait aucune idée d'où commencer pour l'aider, ni dans quelle direction elle allait pouvoir faire des recherches afin de savoir ce que Ryan avait laissé comme trace sur lui. Mais elle avait assez de confiance pour eux deux s'il le fallait et elle leva les yeux vers lui, lui offrant toute sa détermination à ne plus le laisser seul. Elle mettrait à contribution tous son temps et toute sa magie pour avoir un seul de ses sourires sincères, ce n'était pas pour rien qu'elle avait décidé de ne pas juste opter pour une carrière facile au Quidditch. Elle avait longuement observer @Noma Karma, éminent Valkyrie de la section des tireurs d'élite et c'était exactement le genre de protection qu'elle souhaitait offrir à Sean.

"Si on arrive à isoler les situations dans lequel ça te ronge, on pourrait certainement avoir déjà une liste de "causes" qui déclenchent et faire des comparaisons avec des maléfices existants?" tenta-t-elle en se redressant, son esprit la menant un peu plus loin dans ces réflexions. Ses doigts trituraient le siège entre eux, se retenant d'aller chercher le bras de Sean pour lui montrer son soutien.

Yeleen l’observait d’un air grave, les sourcils légèrement froncés alors qu’il lui dévoilait sa peur la plus intime. Le cœur battant, Sean voyait le poids de ses paroles s’ancrer en elle avant qu’elle ne signe en réponse à sa révélation. Des épisodes lors desquels il ne comprenait pas ce qu’il se passait ? Sean retint un soupir en se détournant, penché en avant, les mains croisées et coudes contre ses genoux.

- Tout le temps, lui confia-t-il, ayant décidé de ne rien lui cacher de la noirceur qui l’habitait. J’ai l’impression que… Dès qu’une émotion forte me traverse, je suis à deux doigts de perdre le contrôle. Ça m’est arrivé déjà… Une ou deux fois… Je ne comprends pas non plus toutes les idées qui me traversent l’esprit. On dirait que certaines ne m’appartiennent pas… Des fois, c’est comme si je ne savais plus vraiment qui j’étais…

Mais Yeleen cherchait à le rassurer, lui indiquant avec douceur qu’elle serait là pour lui quoi qu’il arrivât. « Pour le meilleur comme pour le pire. » Sean se figea en lisant ces mots avant de relever lentement le regard vers son amie. Ses sourcils donnaient à son visage un air peiné alors qu’un éclair d’espoir fit briller ses pupilles. Pour le meilleur comme pour le pire… Des mots qu’il avait rêvé lui dire cet été-même, lui offrant la bague qu’il conservait encore précieusement pour tout ce qu’elle représentait à ses yeux. Est-ce qu’un jour, quand ils seraient enfin débarrassés de tout danger, il pourrait enfin lui avouer ce doux rêve ? Mais c’était une autre idée que Yeleen souhaitait extraire de son esprit, et elle réaffirmait que sa sécurité était sa priorité.

- Et la tienne de sécurité est tout ce qui m’importe, lui rétorqua Sean en retour avec un sourire attristé.

L’idée que Yeleen s’adonne à ce que lui et Jameson avaient tenté de faire était tout simplement terrifiante. Les démons qui habitaient le jeune homme étaient puissants et dangereux… Le Clearwater savait qu’il devait tout faire pour s’en débarrasser, mais n’avait aucune envie que Yeleen soit mêlée à tout ça. Cependant, en choisissant de se confier à elle, Sean se doutait bien qu’elle ne consentirait pas si facilement à le laisser les affronter seul.

Sa question sur ses nuits lui prouvait que Yeleen se souciait de lui et de sa santé. Sans vouloir l’inquiéter, Sean se contenta de lever les épaules en la fixant, ses lèvres se serrant dans une réponse sans équivoque. Le repos… Il y avait un long moment qu’il ne le trouvait plus, s’endormissant par à-coups, cauchemardant dès qu’il fermait les yeux, se réveillant souvent en sueur et baguette à la main, prêt à affronter d’invisibles ennemis. Ses rares moments de tranquillité étaient quand il s’imaginait dans ses bras, la main fraîche de la jeune fille passant sur sa joue et dans ses cheveux comme elle avait l’habitude de le faire. Sean la dévisagea en rougissant légèrement avant de détourner les yeux, souhaitait lui cacher le fond de sa pensée.

Une tasse fumante de chocolat chaud apparut sous ses yeux, et il l’attrapa avec un sourire bien plus lumineux en tournant de nouveau son attention vers Yeleen. Cette boisson lui rappelait une scène très particulière entre eux, avant les vacances d’hiver de l’an dernier. Il avait l’impression d’avoir vécu l’équivalent d’une vie entière depuis ce moment si important, et pourtant, il y avait quelque chose du jeune homme de l’époque qui persistait en lui: fou d’amour pour son amie qu’il avait sous les yeux, sans oser lui dire à quel point, et transi d’effroi à l’idée qu’elle finisse par se détourner de lui.

Yeleen persistait à lui répéter d’avoir confiance en eux et qu’il était plus fort qu’il le pensait. La sorcière avait toujours eu cette capacité à voir le meilleur en lui. Le Gryffondor espérait vraiment être à la hauteur de ses attentes, mais en doutait fortement. Pourtant, il choisit de conserver un sourire reconnaissant pour elle, son âme se réchauffant en voyant que malgré toute la terrible vérité sur son esprit brisé, Yeleen ne le fuyait pas et proposait même son aide pour le soutenir. Sean posa ses deux mains contre la tasse brûlante que lui avait confié la jeune fille, avant de tremper ses lèvres dans la boisson chocolatée. Son amie lui demandait de lui donner de plus amples détails sur ses fameuses pertes de contrôle et bien que le sujet embarassait fortement Sean, il se pencha sérieusement sur la question pour lui répondre le plus honnêtement possible.

- Eh bien… Quand Adil m’a frappé et est parti… ça m’a mis dans une colère tellement forte que… j’ai complètement craqué, j’étais plus moi-même… J’ai l’impression que j’aurais pu… tuer quelqu’un…

Des frissons lui parcouraient l’échine à cette idée alors que son esprit s’éloignait déjà vers la scène du lendemain avec son oncle, quand ils avaient voyagé à travers ses souvenirs, et que Sean - rendu fou par la colère - avait levé sa baguette pour tuer son propre père. Soudain, il se sentit nauséeux et sa main trembla légèrement, menaçant de faire se renverser le chocolat.

- Je ne sais pas si c’est à cause d’un sortilège caché, ou si c’est simplement les séquelles de la torture physique et psychique que j’ai subi…

Sean lança un regard inquiet vers son amie, craignant toujours qu’une de ses paroles ne soit celle de trop qui la ferait définitivement fuir. Ne pouvait-il évoquer des éléments plus agréables ? En réalité, la colère n’était pas la seule émotion qui lui faisait perdre sa maîtrise de soi…

- À chaque fois que je te regarde aussi… mon coeur s’emballe et je…

Sa main s’était cette fois-ci tant agitée qu’il renversa la moitié du contenu fumant du mug sur lui. Avec un cri, il se releva vivement alors qu’il retirait à la hâte le vêtement bouillant. Mais son visage fut rapidement aussi rouge que sa peau brûlée quand il se retrouva torse-nu devant Yeleen.

- Euuuh… pardon… marmonna-t-il en se hâtant de recouvrir son corps, ses gestes gênés et désordonnés manquant vraiment d’efficacité.

Entendre Sean s'ouvrir soudainement alors que le sujet était loin d'être agréable à aborder, la soulagea quelque peu et bien qu'il semblait moins sur ses gardes, elle ne pouvait que voir la complexité de ce qui le rendait malade chaque nuit comme chaque journée qui le séparait de son retour au domaine. Les émotions fortes étaient le point central de ses anxiétés, et alors qu'il prenait en main le chocolat chaud entre ses mains, elle le vit légèrement rougir comme si la chaleur l'envahissait doucement.
Soufflant doucement tandis qu'il affirmait que c'était sa sécurité qui l'importait, Yeleen secoua doucement la tête en baissant le regard, comprenant qu'ils s'inquiétaient tout deux l'un de l'autre sans pouvoir s'en empêcher. Pourtant alors qu'il évoquait sa dispute avec Adil, Yeleen porta son regard aux lèvres de Sean qu'elle avait vu fendu le lendemain et plissa le front, de nouveau inquiète alors que les deux amis ne semblaient pas encore avoir eu cette conversation si espéré. S'empêchant de lever la main pour venir caresser les commissures de sa bouche, Yeleen comprit qu'à travers le temps, Sean avait choisi de brider ses émotions et ce qu'il ressentait pour éviter de voir le mal surgir comme dans ces pires cauchemars.

Tuer quelqu'un , c'était bien la des mots qu'elle n'avait jamais entendu dire et après des semaines à cogiter seul sur ce qui était entrain de lui arriver, Sean envisageait vraiment le pire. La main tremblante, elle l'écouta parler pour la première fois de torture physique et psychique qu'il avait eu et Yeleen voulut se rapprocher de lui, s'arrêtant in extremis au moment où il commença à parler d'elle avant de voir la tasse de chocolat tomber sur ses vêtements.
Elle se leva en même temps que lui, alors que le liquide devait lui brûler la peau et lui fit soudainement face alors qu'il s'était débarrassé de son t shirt, s'excusant de sa maladresse. La chaleur qui gagna ses joues la fit rougir des oreilles et instinctivement, compte tenu des éléments, elle se tourna vivement pour grappiller son sac et en sorti le premier vêtement qu'elle y trouva.

"C'est rien, c'est ..." signa-t-elle, totalement imprécise et perturbée en le lui tendant.

Se trouvant être le pull de son collègue qu'elle avait porté le temps de rentrer du travail, elle le retira rapidement de ses mains avant de fouiller son sac, concentré à ne pas observer le moindre bout de peau qu'elle n'avait vu de Sean depuis tout l'été. Des visions idylliques passèrent pourtant sous ses yeux, la chaleur écrasante de l'appartement de Betty mêlées à leur première fois... A toutes ses premières fois où Sean et elle avaient réduis à néant toutes les barrières. Son coeur manqua un battement alors qu'elle virait son regard au sien, ne souhaitant que réduire cette distance en seulement quelques pas, quelques gestes. Mais elle comprenait à présent qu'elle pouvait aisément le braquer simplement parce que tout pouvait déclencher des crises. Si elles semblaient néfaste lorsque la colère lui prenait, avait-elle elle une chance de lui faire découvrir autre chose?

"Et si au lieu d'éviter ses émotions, tu plongeais la tête la première dedans? " demanda-t-elle en debarassant la tasse renversée et nettoyant rapidement le canapé et le t-shirt qu'il portait d'un simple coup de baguette.

Elle le lui tendit comme pour l'aider à l'enfiler tranquillement, le souffle court en espérant qu'il ne remarque pas à quel point Sean lui faisait de l'effet, simplement en la regardant. Inévitablement, ses doigts glissèrent le long de sa taille, réveillant une chaleur inexplorée depuis plusieurs semaines avant de les retirer rapidement, non sans en avoir le souffle totalement coupé. Sean était son évidence, il était tellement difficile de passer à côté de lui sans ressentir une vague la submerger et la faire valser d'un bout à l'autre à cet instant. Baissant le regard, elle manqua de mots comme de trébucher sur son propre sac en tentant de se reprendre.

"Jusque là, tu me dis que tous se décuple quand tu es en colère mais il en est quoi des belles émotions? Est ce que tu t'en empêches totalement d'en ressentir?"

Elle effleura ses doigts pour les guider jusqu'à sa propre joue, le poussant quelque peu à explorer cette bulle qu'ils pouvaient s'accorder. Y aller en douceur, juste le temps d'un instant alors que les battements de son coeur la rendait sourde à se simple contact. Enivrée par le parfum de Sean qui emplissait son espace vital, Yeleen se sentait apaisé et ne souhaitait que lui faire profiter de ce calme pour lui permettre de se recentrer et puiser d'une source éternelle.

"Sean ... Que se passerait-il si je t'embrasse?"

Yeleen se détourna vivement de lui, camouflant son visage dans son épaisse chevelure alors qu’elle fouillait dans son sac. Mais ajoutant à l’horreur de la situation, elle lui fit de nouveau face en lui tendant ce pull trop grand que Sean l’avait déjà vue porter. Le vêtement d’un de ses collègues... Le Clearwater se figea, voyant Yeleen lui retirer le sweat des mains d’un geste embarrassé. Un mélange d’émotions enserra la gorge du jeune homme mais ce ne fut qu’une peine accrue qui se lisait dans son regard. La simple idée qu’un autre homme ne commence à partager la vie de son amie était tout simplement intolérable. Cependant, il prit sur lui de baisser les yeux en soufflant lentement, veillant scrupuleusement à maintenir ses sentiments tout au creux de ses entrailles. Ce n’était rien, il en était sûr… Yeleen venait tout juste de lui intimer d’avoir confiance en eux…

Mais alors qu’il parvenait tant bien que mal à taire ses émotions, la jeune fille lui proposa à brûle-pourpoint de faire l’exact opposé. Surpris, Sean releva vivement le visage vers elle, récupérant son t-shirt qu’elle avait préalablement nettoyé. En l’enfilant, il sentit le toucher de Yeleen effleurer sa peau et son corps entier s’embrasa. Réajustant le tissu sur son torse, Sean s’approcha d’elle sans pouvoir s’en empêcher alors qu’elle lui demandait si toutes les émotions étaient aussi dangereuses. Les longs doigts de son amie attrapèrent les siens pour les poser sur sa propre joue. L’écossais cessa alors soudainement de respirer, le satin de sa peau sous sa pression créant comme une réaction électrique de ses doigts à son épaule, avant d’envahir son cœur qu’il réactiva violemment. Il s’avança encore, suffisamment pour sentir la chaleur qui émanait d’elle tandis qu’elle l’interrogeait sur la réaction qu’il aurait si elle l’embrassait.

Sean leva une deuxième main qu’il posa sur son autre joue, encadrant son doux visage. Ses yeux se fichèrent dans ceux de Yeleen qu’il observa alternativement, se demandant brièvement comment il avait pu vivre si longtemps sans la force qu’ils lui insufflaient au quotidien. Son front se rapprocha du sien et il ferma les yeux, sentant son souffle sur lui. Yeleen avait-elle raison ? Devait-il se laisser aller à ce sentiment qui s’emparait de son corps et de son âme chaque fois qu’il posait les yeux sur elle ? Quel serait le risque pour son amie s’il détruisait le barrage qui contenait tout ce qu’il ressentait ? @Jameson Clearwater lui avait bien dit l’effet notablement positif que Yeleen avait sur lui, apparaissant dans son esprit pour le protéger et le tirer des pires situations… Alors, que se passerait-il s’il posait ses lèvres sur les siennes, goûtant de nouveau à ce fruit défendu, porte ouverte sur son paradis personnel ? A cette idée, son coeur s’emballa, leurs battements semblant créer une onde de choc menaçant de faire s’écrouler le château autour d’eux. La peur s’empara de nouveau du jeune homme, et il attira brusquement Yeleen contre lui, posant sa tête contre son cou, son bras enserrant son dos pour plaquer avec force son corps au sien. Ses mots furent soufflés à son oreille, sans qu’ils n puisse rien faire pour les retenir.

- Yeleen… Pour moi, tu es comme les fleurs de bruyère des Hébrides. Douce, sauvage, résistante face aux plus grandes tempêtes… Tu es ma touche de couleur dans une plaine monochrome et aride…

Il respira son parfum, et comme dans son illusion, il lui sembla être revenu au domaine Clearwater en sa compagnie, et l’entendre chanter sa mélodie si envoûtante.

- J’aurais tellement aimé t’y enmener moi-même cet été… Que rien de tout ça ne se soit passé, et que je puisse te faire visiter l’île comme on l’avait prévu… Je t’aurais emmené sur les falaises pour voir le coucher de soleil, je t’aurais embrassé… Et je t’aurais promis de t’aimer pour l'éternité…

Il dégagea son visage afin de pouvoir l’observer de nouveau de son regard brillant, cachant bien mal sa mélancolie.

- Mais c’est déjà le cas, tu le sais n’est-ce pas ? Que mon coeur t’appartient, pour maintenant et à jamais…