Un bond dans le passé
17 mars 1997, île de Mull.
Un vent violent balaie les côtes alors qu’Eleonora tente de retenir sa cape. Elle vient de poser le pied sur l’île, déstabilisée par le climat rude qui règne. Ses longs cheveux bruns masquent un visage pâle et tacheté d’éphélides. Elle enfile sa capuche sur sa longue chevelure humide et déplie une nouvelle fois le parchemin glissé dans sa poche quelques heures plus tôt.
Taverne de Tobermory, 20h30.
Elle jette un regard incertain au château de Mingarry, juste en face d’elle sur le continent, et entame sa marche. Eleonora doute, elle avance d’un pas déterminé mais inquiet. Un journaliste de passage a déposé le bout de papier dans sa grande cape, au détour d’un couloir. Elle ne l’avait jamais vu, pourtant il avait tout d’un reporter de La Gazette du Sorcier. Sa curiosité piquée, Eleonora avait choisi d’aller jeter un simple coup d’oeil. Elle ne ferait pas de flammes ce soir et se voudrait silencieuse et observatrice. Venir seule était dangereux, trop dangereux. Prise d’un remords, elle siffla et fit venir à elle son vieux compagnon, un fidèle hibou du nom de Hector. Un coup de baguette et elle écrivait les raisons de sa venue et ses intentions sur le bout de parchemin. Elle l’attacha à la patte d’Hector puis le laissa s’envoler en direction du continent, usant de toutes ses forces pour résister à la force du vent.
A 20h20, Eleonora arrivait sur les lieux et se contenta de jeter un oeil à travers les carreaux sales de la taverne. Des vieux bougres, des soûlards, rien d’anormal. Elle resta en retrait quelques minutes avant de repartir, déçue de ne rien avoir appris mais soulagée de ne pas s’être mise en danger dans un élan de courage inutile. Quinze ans de métier n’avaient pas suffi à raisonner Eleonora, élément efficace mais trop imprudent de la Brigade d’Aurors écossais.
20h40, Eleonora marchait sur les plaines écossaises de Mull, les pieds humides et le corps frigorifié. Elle cherchait activement un petit endroit où transplaner sans se faire remarquer. Inutile de faire intervenir les Oubliators, elle se ferait déjà suffisamment remonter les bretelles à son retour. S’enfonçant un peu plus loin, son coeur se mit à battre un peu plus vite. Elle sentait qu’on la suivait. Mieux valait ne pas prendre peur, peut-être s’agissait-il juste d’un hasard. Sa main glissa jusqu’à sa ceinture, prête à sortir sa baguette. Elle marcha trois minutes de plus, le souffle coupé par son endurance qui commençait à manquer. Eleonora portait déjà le poids de l’âge sur son dos et le terrain glissant et boueux n’aidait en rien. Elle sentit les pas s’accélérer derrière elle, non plus une paire de pas, mais deux, puis trois, quatre… Elle se retourna d’un geste brusque pour lancer un sort de protection, sort largement insuffisant pour contrecarrer la force de quatre hommes. Eleonora, embourbée dans les herbes folles noyées par la boue, subit alors toute la furie des mages noirs. On voulu la faire parler, lui faire cracher toutes les informations et les tuyaux que l’on pouvait extraire du Ministère à leur faveur. Eleonora ne dit rien, et après trente longues minutes de torture, l’Auror fut achevée et laissée, gisant dans les algues et quelques bruyères perdues.
17 mars 1997, Poudlard.
Une lettre vient se jeter sur le lit de Moira. Elle tremble sous ses doigts, contenant sous son pli le plus grand désarroi que l’on puisse ressentir. Les mains de Moirà viennent déchirer le papier sans attendre. Ses grands yeux parcourent les lignes à mesure qu’ils se remplissent de larmes avant d’observer le maigre parchemin s’enflammer pour ne laisser que quelques cendres sur ses couvertures. Ce n’est pas seulement le papier qui brûle, c’est aussi tout l’amour qui réside dans son coeur pour n’en laisser qu’un organe calciné. Moirà ne nettoie pas son lit, à vrai dire elle plie bagage aussi vite que possible et s’échappe vers le bureau de la direction en pyjama. En l’espace de quarante minutes, Moirà est dépêchée au domicile familial d’Edimbourg en compagnie d’un enseignant qui la laisse aux bons soins de ses parents.
La naissance
8 décembre 2003.
Un cri déchire cette nuit froide et humide typique de l’hiver écossais. La neige tombe sans bruit, laissant filtrer juste un petit cri perçant qui pourtant ne résonne pas dans les rues d’Edimbourg, un petit cri timide et qui ne se fait remarquer que le temps de quelques secondes avant de s’évanouir. Cette nuit, c’est une sage petite fille qui vient de naître, une fille pour poursuivre la lignée familiale. Une petite perle qui souligne les moindres douceurs du quotidien et qui, en un petit rire, parvient à dissiper toutes les inquiétudes. Norà vient de naître dans un foyer de classe moyenne, dans une des vieilles ruelles d’Edimbourg. Les maisons moldues sont toutes mitoyennes, froides comme la pierre mais serrées comme pour se tenir chaud entre elles.
Norà était une douce petite fille qui ne faisait pas de vagues et qui sut très rapidement se faire aimer de tous dans le cercle familial rapproché. Elle était le premier enfant d’Edward Burns et de Moirà Millar, celle qui devait absolument être préservée.
« Ce sera Norà, comme grand-mère. » avait annoncé Moirà à l’attention de sa propre mère et de son mari.
« Elle lui ressemble, tu ne trouves pas? » demanda-t-elle à Aisling, celle qui lui avait donné la vie. Aisling la regarda, aussi émue que désolée.
« Maman, promets-moi de ne jamais rien lui dire » avait-elle supplié, une fois qu’Edward leur avait tourné le dos.
« Promets-le. Elle ne peut pas avoir le même destin que granma. » Que pouvait faire Aisling devant les supplications de son propre enfant? Elle jeta un regard compatissant à sa fille avant d’embrasser sa petite fille sur le front.
« Bienvenue dans la famille, Norà Millar. » Moirà se leva, épuisée, pour rincer son visage marqué par la fatigue. Eirà en profitant pour prononcer six petits mots, des petits mots qui firent leur petit bout de chemin tout du long de la courte vie de Norà, six petits mots comme estampillés sur sa peau au fer chaud.
« Tu seras une grande sorcière Norà. »Les premières années
Juillet 2005.
« Maman, tu ne peux pas te permettre de faire de telles choses. Tu m’as fait une promesse, tu ne peux pas aller contre cela! » criait Moirà, les joues empourprées par la colère. Alors que le ton montait de manière indéniable, Norà, elle, jouait dans sa petite chambre tapissée de murs couleur gris de lin. C’était une chambre ordinaire avec des jouets ordinaires. Le bambin, de ses petites mains potelées, faisait venir à elle les peluches pour les faire converser. Ca n’allait jamais plus loin que deux ou trois petits centimètres. N’importe qui aurait pu croire rêver ces petits gestes et passer à autre chose. Des petits gestes qui demandaient à Norà tous les efforts du monde et la fatiguaient sans nul doute. Des petits gestes de sorcellerie qu’Aisling encourageait silencieusement et que Moirà ne supportait plus. Aisling arguait que Norà était trop jeune pour conserver un quelconque souvenir de ce qu’elle voyait présentement, mais sa fille ne voulait strictement rien savoir. Moirà vivait là avec son enfant, en compagnie de sa mère qui les avait accueillies depuis la naissance de la petite rousse. Edward, souvent absent, restait au domicile familial alors que Moirà se laissait aller ici, entre ses quatre murs. Son mari n’était plus le même, Norà tendait vers un monde dangereux et Aisling ne faisait rien pour tenir ses promesses. Sans bruit, elle fit ses bagages et déposa une note griffonnée à la main puis disparut, sans plus d’explication.
Moirà se volatilisa ainsi pendant une longue année avant de récupérer Norà et se réinstaller avec Edward, volant ainsi à Aisling sa petite merveille. Elle consentit à la lui laisser à l’occasion, occasions véritablement chéries par Norà et sa grand-mère qui garda le secret pendant de longues années, comme elle l’avait promis.
Une deuxième enfance: les premières révélations
2005-2012
Dès son inscription à l’école, nombreuses furent les remarques liées à Norà les premières semaines. Les enseignants rapportaient des propos qui sortaient de l’ordinaire et supputaient que Norà était une enfant pleine d’imagination. C’était aussi vrai, mais tout cela mettait en péril l’anonymat du monde magique ainsi que l’aura protectrice que Moirà souhaitait pour sa fille.
Norà passa la première année à naviguer d’école en école avant que Moirà ne soit stoppée dans son élan. Comprenant l’ampleur que prenait le problème, Aisling tempéra ses propos et commença à adopter une attitude digne de n’importe quel moldu en présence de sa petite fille. Plus aucun geste de magie n’était effectué sous ses yeux, plus aucune tournure étrange de langage n’était utilisée. Les Millar étaient devenus les habitants les plus moldus d’Edimbourg en l’espace d’une simple année.
En février 2015, alors que Norà venait à peine d’avoir douze ans, elle décida de passer une nuit chez sa grand-mère, une nuit charnière qui s’avéra être son premier vrai pas vers la Magie. Montée à l’étage de la maisonnette après avoir entendu les coups de vingt-deux heures, Norà entendit un drôle de bruit qui attira immédiatement son attention. Hésitant sérieusement à quitter le confort de son lit, l’impression d’entendre quelqu’un d’autre qu’Aisling la poussa à reposer ses pieds à terre. La légèreté de son corps d’adolescente n’avait pas suffit à camoufler sa présence, le bois de l’escalier grinçant légèrement sous son poids. Elle s’arrêta quelques instants avant de continuer, persuadée de ne finalement pas avoir été repérée. Elle observa du coin de l’oeil un vieux bout de papier s’agiter dans tous les sens, secoués par les mots qui en sortaient. Elle reconnaissait la voix d’une amie d’Aisling et pourtant personne n’était là. L’adolescente retint un petit cri en posant ses mains sur sa bouche alors que la Beuglante se désintégrait sous ses yeux incrédules, ne laissant rien derrière elle. Elle regarda sa grand-mère, alors de profil, avec de grands yeux étonnés. Aisling se contenta de sourire, faisant comme si elle n’avait pas entendu sa petite fille. Elle sortit un long morceau de bois du fauteuil dans lequel elle était assise et lui fit écrire un message de réponse qu’elle fit transporter par un vieux hibou. Norà, stupéfaite, ne pipa mot et retourna se coucher sans jamais pouvoir fermer l’oeil de la nuit.
Au petit matin, Aisling ne commenta pas les grandes valises qui décoraient les yeux de Norà et se contenta de sourire face à son silence en signe d’approbation.
2012 - 2021
Malgré les révélations silencieuses d’Aisling, Norà ne commenta jamais la succession d’évènements étranges qui étaient passés sous ses yeux ce fameux soir de février 2012.
Pendant de nombreuses années, Norà était le reflet de l’enfant qui était né ce 8 décembre 2003: une petite poupée délicate qui ne disait pas grand chose. C’était une demoiselle frêle, rousse, plutôt intelligente. Les astres étaient suffisamment alignés pour faire d’elle le prochain souffre-douleur du collège moldu. La torture silencieuse, faite de regards sournois, de rumeurs sombres tapies dans l’ombre, de phrases cinglantes dura plusieurs mois avec que Norà se décide à prendre un tournant certain. C’est à ce moment qu’elle commença à suivre des cours d’arts martiaux. Norà n’est à l’origine pas une grande sportive mais a appris à le devenir et à y prendre goût. On se moqua d’elle, bien sûr, lui demandant ce qu’elle ferait avec ses pauvres petits poings. Jusqu’à ce qu’elle s’en serve réellement en pleine cour de récréation. L’étudiante écopa de nombreuses heures de colle à ses débuts pour finalement retomber dans l’oubli. Elle ne prônait pas la violence, pourtant ç’avait été sa seule solution. Le corps enseignait était resté aveugle et elle n’en parlait pas à la maison. Le fait est qu’après tout cela, Norà a poursuivi sa scolarité sans heurts pour abandonner le karaté quatre ans plus tard. Elle n’était certainement pas devenue la brute du collège mais simplement une jeune demoiselle au caractère bien trempé et prompte à laisser les émotions l’envahir, quitte à annihiler les traces de raisons restantes.
La mort puis la renaissance
6 mai 2021
A vingt-deux heures trente pétantes Norà avait filé dans sa chambre pour s’endormir à poings fermés. Elle avait passé toute la soirée chez sa grand-mère, aidant sa vieille grand-mère à prendre soin des quelques plants qui commençaient à pousser et réclamer de l’attention. Elle était repartie, un baiser sur la joue et une part de gâteau dans la main. Une petite lueur avait brillé dans les yeux d’Aisling et il semblait à Norà qu’elle l’avait serré dans ses bras plus longtemps qu’à l’ordinaire.
Quelques minutes avaient suffi à ce que le sommeil l’emporte. Elle tomba dans un sommeil sans rêve avant de voir se dessiner la silhouette d’une femme, agenouillée au bord d’un lavoir. Elle était vêtue d’une longue robe blanche et lavait assidument un morceau de tissu. Norà s’approcha pour regarder de plus près, attirée par cette mystérieuse personne. Son regard s’attarda sur le vêtement, une petite maille de couleur blanche avec une petite broderie. La petite maille que portait sa grand-mère la veille. Une petite maille maintenant tachetée de sang. Elle reporta toute son attention vers l’inconnue qui redressa subitement la tête avant de pousser un hurlement strident.
Norà ouvrit les yeux, parcourant d’un regard frénétique et paniqué sa chambre comme pour s’assurer que personne ne s’y trouvait. Elle poussa un hurlement semblable à celui qu’avait poussé la femme de son rêve avant de fondre en larmes dans des spasmes incontrôlables et de s’évanouir. La petite rousse fut transportée au Royal Infirmary aussi vite que possible. Elle y passa quelques heures de surveillance avant de se réveiller sur les visages livides de ses parents.
Habillée d’une maigre robe d’hôpital, Norà se déplaça en se tenant aux murs, seule selon son souhait. Une force de la nature. Une jeune femme obstinée, guidée par la douleur et la souffrance.
Elle avait quitté la chambre d’Aisling quelques minutes plus tôt, assistant à son dernier souffle. Un dernier souffle serein. Une dernière discussion calme, sans cri et pleine de révélations. Aisling lui avait fait un dernier cadeau avant de se dire au revoir. Elle lui promit de trouver tout ce qu’elle avait à savoir dans un vieux carnet caché sous une latte de plancher. Norà n’avait rien voulu entendre, la douleur masquant toute faculté de raison. Elle était restée longtemps au chevet de sa grand-mère, partie brutalement sans en être elle-même surprise.
Norà resta un peu plus longtemps à l’hôpital. Elle ne voulait plus rien avaler et demeurait là, inerte, inhabitée.
Quelques jours plus tard
Elle sortit de l’hôpital seulement pour honorer les funérailles de sa grand-mère avant de s’enfermer dans la maison d’Aisling, seule. C’était sa propre manière de faire son deuil. C’est à cette occasion que Norà découvrit le fameux carnet dans lequel sa grand-mère avait consigné un condensé des choses à savoir sur le Monde Magique avant de finir par une petite note personnelle, soulignant toute la fierté et l’amour qu’elle avait pour elle.
Sa curiosité fut piquée par un petit paquet, logé quelques lattes de parquet plus loin. Norà tendit le bras pour attraper du bout des doigts l’objet qu’Aisling n’avait jamais évoqué. C’était un petit paquet de papier bien ficelé. Elle tira sur la cordelette pour dévoiler un tas de photographies que Norà n’avait jamais vues. Elle observa photographie après photographie. Certaines immortalisaient une remise de diplôme de Moirà, une autre son mariage avec Edward au début des années 2000. Son regard passa sur la photo d’un bébé. Norà n’y trouvait qu’une légère ressemblance avec elle, reconnaissant pourtant une grenouillère qu’elle avait porté plus jeune pour l’avoir déjà vue en photographie. Elle retourna le cliché pour vérifier qu’aucun indice n’avait été écrit avant de voir les lettres de graphite s’enflammer pour ne laisser qu’un papier tout blanc. Sa grand-mère avait-elle ensorcelé les clichés pour cacher une information aux yeux indiscrets? Norà replaça le paquet sous les lattes, troublée, ébranlée. Elle glissa la photo du bébé entre deux pages de son carnet, se promettant de chercher davantage d’informations sur cet enfant lorsque ce serait possible.
Fin Août 2021.
Un drôle d’oiseau au regard hagard se cogne contre sa fenêtre, une lettre scellée au bec. Norà se lève de son lit, les yeux encore mi-clos, pour vérifier l’état de santé de la bête. Elle le voit battre des ailes d’un mouvement incertain avant de disparaître. Son regard est attiré par le sceau rouge qui brille sous le soleil estival. La petite rousse ouvre le battant pour s’en saisir avant de parcourir des yeux son invitation à intégrer l’école de Poudlard, l’école de magie écossaise. Son coeur fait un bond. Aisling avait écrit à son propos. Ainsi, elle aussi marcherait dans les pas de sa famille, si elle en décidait ainsi.
Norà cacha la nouvelle à sa mère, tout comme elle lui avait caché les détails consignés dans le carnet. Officiellement, le secret était toujours gardé. L’étudiante devait intégrer une université londonienne à la rentrée et poursuivre un cursus de journalisme, comme le lui avait inspiré son père. C’est ce qu’elle ferait croire, au moins au début. Lorsque la première année serait passée, Moirà ne pourrait faire autrement qu’accepter les choses telles qu’elles sont.
Année scolaire 2021-2022, 1e année à Poudlard.
La première année de Norà à Poudlard pourrait se résumer en quelques mots: excitation, curiosité, inquiétude. Les maîtres mots de sa vie.
Elle n’avait pas été une élève remarquée pour ses exploits mais elle avait fait partie de ces étudiants qui avaient la hargne et qui voulaient absolument tirer leur épingle du jeu. Norà, elle, voulait juste se montrer à la hauteur de ses aînées.
Elle avait craint la cérémonie du Choixpeau magique. Monter sur l’estrade devant toute une assemblée de sorciers, se calquer à la décision d’un chapeau ensorcelé qui, aux yeux de Norà, aurait pu crier à la mascarade en frôlant sa tignasse rousse. Beaucoup d’élèves avaient été répartis de manière expéditive, Norà était un mystère qui rendait le Choixpeau confus.
« Tu as l’âme d’une Poufsouffle, mais une étincelle t’animes et tu pourrais tout aussi bien avoir la fougue d’un Gryffondor Millar. Millar… A moins que tu n’ailles aussi chez les Serpentard… » Norà avait froncé des sourcils à ces paroles. Aussi? Elle songea au brun qui était passé juste avant elle. N’avait-il pas été réparti chez les Serdaigle? Le Choixpeau était-il défectueux.
« Tu m’as tout l’air d’une parfaite… Gryffondor! » Norà était redescendue de l’estrade, les jambes flageolantes et l’esprit marquée par les propos sordides du Choixpeau.
Le Choixpeau ne s’était pas trompé en l’envoyant chez les lions. Norà avait tout ce qu’il fallait en elle pour honorer les valeurs de la maison. Acharnement, loyauté, obstination. Sur son chemin elle trouva un autre obstiné, un brun au regard pétillant qui l’accompagna finalement jusqu’à la fin de l’année. Les deux étudiants se fréquentaient et partageaient des expériences toutes plus hallucinantes les unes que les autres pour Millar.
@Israfel Clearwater était celui qui la poussait à aller toujours plus loin, celui qui lui ouvrait les ailes avant de la pousser en dehors du nid. Norà avait croisé de nombreux regards lourds de sous-entendus pourtant, jamais ils n’avaient officialisé leur relation. Ils nageaient ensemble dans la même direction, une direction inconnue, pour un temps lui aussi inconnu. L’idée même que le brun puisse lui glisser des doigts pour poursuivre sa destinée à d’autres côtés lui serrait le coeur. Pourtant, rien ne les retenait l’un à l’autre, à part la promesse d’Israfel de ne jamais l’abandonner.