Enquête #1d : Magie interdite

Missionnée par le Ministre de la magie en personne, Solvi s’était dépêchée sur place en compagnie de son fiancé,  @Fergus Clearwater et de  @Haydar Kaddisha. L’heure avait beau être grave et la situation on ne peut plus sérieuse, la Scandinave ne pouvait s’empêcher d’imaginer tout ce qui pouvait traverser la tête du Clearwater. Après les dissimulations à semi révélées, une part plus sombre de la demoiselle émergeait, laissant entrevoir des zones d’ombres encore enfouies et cachées. Solvi avait un passé bien plus sombre qu’elle l’admettait. Elle était de nature discrète sur ses origines, ne cachant cependant jamais qu’elle avait grandi en plein coeur du Marché aux Trolls. En osant ouvrir la bouche devant Dunn, Solvi avait pris le parti de dire la vérité, quitte à éveiller les soupçons de Fergus.

Evidemment, ce-dernier avait saisi la première perche qu’elle lui avait malheureusement tendu, s’engouffrant dans la faille dès que possible. Haydar était là, ce qui la confortait en un sens. D’ordinaire, elle ne se gênait pas pour faire un scandale devant les autres, n’ayant aucune honte à faire éclater au grand jour ses émotions. Fergus était plus réservé à ce propos et rongeait bien plus son frein. D’habitude. Aujourd’hui, il semblait vissé différemment, visiblement un peu trop chatouillé par l’attitude mystérieuse de Solvi. Elle prit le parti de se taire, préférant laisser la tempête s’éloigner d’elle-même.

Ainsi, ils transplanèrent sur place après avoir minutieusement étudié le dossier, hésitant sur la marche à suivre. « Je pense qu’on ferait mieux de prévenir les Cynfeirdd, si l’on ne veut pas malencontreusement être abattu. » Un "accident" était si vite arrivé...

Elle serra les dents, choisissant de ne rien rétorquer à Fergus. Il détestait cela, être ignoré, surtout de sa fiancée. Si Solvi avait décidé de se jouer de lui ainsi? Bien évidemment. Pourtant, Merlin sait comme l’envie de monter sur ses grands chevaux la torturait. « Il n’est jamais prudent de pénétrer sur un tel lieu ainsi. Il vaut mieux faire le tour, observer et écouter attentivement. De petits détails font parfois la différence. » Elle pensait à toutes les missions qu’elle avait pu mener plus tôt dans sa carrière, songeant qu’il valait mieux être beaucoup trop prudent que pas assez. Leurs vies ne tenaient qu’à un fil. Celle de Fergus, qui avait déjà été vacillante il y a peu, comptait trop aux yeux de la Nibelungen pour être jouée sur un coup de dé.

La décision que prirent les trois agents du Ministère semblait somme toute logique. Quel que fut leur choix, le danger semblait toujours immense et terriblement imminent. Traverser la forêt les cachait de certains périls futurs et leur laissait le temps d’anticiper, s’ils ne croisaient personne ou rien sur leur chemin… Aller directement à la maison leur laissait une avance considérable sur l’enquête, prenant ainsi le risque de se heurter à une situation non anticipée, non contrôlée; et d’avoir manqué un certain nombre d’indices intéressants.

C’était donc tout décidé: ils pénètreraient dans la forêt, malgré tous les risques que cela comportait. Haydar était un bon élément, et Solvi ne doutait pas de l’excellence de Fergus dans son métier. C’était un homme fantastique mais aussi un Auror hors pair. Avoir choisi deux métiers différents avait été une bénédiction comme le plus grand des malheurs. Le temps passé ensemble était compté, mais ils savaient qu’ils ne couraient jamais de risque ensemble, dans une même mission. Aujourd’hui faisait exception à la règle. La Nibelungen connaissait Fergus plus que n’importe qui et imaginait les réticences qui devaient l’ébranler rien qu’en l’observant se coller à elle. On ne savait réellement qui protégerait qui, mais ils étaient prêt à ne pas laisser un assaillant leur faire la peau. Solvi serait certainement plus impitoyable avec quelqu’un qui attaquerait Fergus plutôt qu’elle.

Elle s’arrêta de marcher pour fusiller Fergus du regard. En temps normal, elle aurait lancé une remarque cinglante ou aurait tant hurlé qu’on l’aurait entendue jusqu’à l’autre bout de la forêt. Mais il n’était pas sage de réagir ainsi. Solvi avait appris à conserver son sang-froid en mission, consciente que le moindre dérapage pouvait leur coûter la vie. « Fergus, tais-toi si tu tiens à nos vies. » Le message était clair, limpide. « C’est pas le moment de laver notre linge sale. A moins que tu veuilles éclaircir tout ça dans cette forêt et qu’on meurt ici. » Elle le contempla. « C’est ça que tu veux? » Elle n’attendit pas de réponse, reprenant sa marche, à la fois régulière et discrète.

Solvi haussa les épaules lorsqu’il évoqua la famille Cynfeirdd. Il était difficile de juger une famille qu’elle ne connaissait que très peu. Après tout: que disait-on sur les Nibelungen? Certainement peu d’éloges. « Effectivement, ils maîtrisent l’art de la chasse comme peu d’autres sorciers. Les histoires sur les forêts de ce genre regorgent de récits terribles. Qui sait sur quoi on va tomber aujourd’hui… J’espère que tu es prêt à riposter, partner. » Elle lui adressa un sourire de complicité, oubliant bien vite sa première remarque, alors qu’ils s’arrêtaient tous les deux pour simplement se regarder. Elle lui embrassa la joue, petite entorse à sa conduite exemplaire sur son lieu de travail, puis sortit sa baguette.

« Heureusement que Jameson n’est pas là, c’est clair. Je l’adore, mais il n’aurait pas fermé son bec. » Solvi sourit à pleines dents avant de s’arrêter de nouveau, le visage très sérieux. Elle tendit son bras pour barrer le passage à Fergus. « Tu as entendu? Ou j’ai rêvé? » Son visage scannait les environs, à la recherche du moindre mouvement. « Regardez où vous mettez les pieds. » Il n’était pas exclu que des pièges soient tendus.




Dé action compliquée: raté.
Dé six faces: 1.
Dé 50%: raté.

C’est vrai qu’elle avait l’air d’une vraie matrone, à chercher à faire taire Fergus. On aurait dit Michel-Ange: il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre. « Fergus, tais-toi, par Merlin. Tu vas nous faire repérer. » Elle tourna la tête pour le regarder se donner en spectacle, continuant d’avancer petit pas après petit pas. Fergus était un vrai clown et, légèrement vexé, il fallait admettre qu’il en faisait des caisses, grimaçant en prononçant à chaque fois son prénom. Etait-elle si horrible? Elle n’y pouvait rien s’il ne savait pas se tenir en mission. Alors qu’elle laissait un soupir exaspéré franchir ses lèvres, Solvi sentit quelque chose la frapper. Si elle avait regardé droit devant elle, ce ne serait sûrement pas arrivé. Elle chuta, visage au sol, puis se retourna sur le dos aussi vite que possible.

Elle distingua au loin une créature qui ressemblait à n’en pas douter à un wendigo. Ils étaient peu répandus ici, ce qui lui laissa croire que leur adversaire était un peu moins virulent que ce qu’elle pensait. Etait-ce un Leshen? A l’origine ces créatures n’avaient pas un fond mauvais mais étaient terriblement puissantes, ayant la faculté de contrôler tous les animaux de la forêt et de jouer avec la nature à sa guise. La situation n’était clairement pas à leur avantage, ce Leshen n’ayant pas l’air d’apprécier leur présence. Solvi n’eut pas le temps de se relever qu’elle fut enveloppée d’une tornade de feuilles toutes plus tranchantes les unes que les autres.

Son premier réflexe fut de se recroqueviller pour limiter les dégâts. Sentant les plaies se multiplier et s’approfondir, Solvi chercha à atteindre sa baguette, enfouie sous son propre corps, sans grand succès. Elle ne pouvait que subir et espérer que Fergus la sauverait des griffes du Leshen. C’était peu commun pour la jeune femme que de se laisser abandonner, mais il n’y avait aucune issue à ce problème.

Le temps lui parût long, interminable même. Les secondes lui semblaient être aussi longues que des heures. Une lueur au loin lui laissa deviner le feu que venait d’allumer Fergus, mais plus aucun son ne parvenait à ses oreilles si ce n’est les feuilles toujours plus nombreuses. Un cri plus fort que tout le reste parvint à elle. Solvi, recroquevillée, ne vit pas ce qui s’approchait d’elle pour lui sauver la vie. Le plumage et la chaleur qui souleva la jeune femme ne lui laissa que peu de doutes. Alors qu’elle se laissait porter par Sekmet, Solvi remerciait alors la créature qu’elle n’avait que peu appréciée jusqu’ici. Le phenix de Fergus faisait preuve d’une jalousie constante, pourtant aujourd’hui c’était elle qu’elle avait choisi de sauver.

Elle aperçut tout en bas @Haydar Kaddisha et @Fergus Clearwater se battre contre le Leshen et d’autres créatures. Elle espéra au plus profond d’elle que le cri du Phenix suffirait à terrifier l’esprit mauvais qui agitait la forêt. « Fergus! » cria-t-elle au loin d'une voix étranglée, si loin qu’elle doutait qu’il l’entende. Solvi eut juste le temps de regretter son manque d’efficacité et son utilité inexistante avant de disparaître avec Sekmet dans une nuée de flammes.