J’avais promis à Alycia que je ne devais pas le répéter. Que c’était un secret, que nous devions garder. Un mauvais secret. Mais… C’était mon frère. Mon sang et mon âme. Chez les Grimm, la notion de famille avait toujours été d’une importance capitale. Nous avions eu autrefois tellement mauvaise réputation, que nous étions obligé, dans les temps anciens, de rester proche de sa famille. Cette tradition s’était transmise, et j’allais l’honoré.
Oui, mais voilà. J’avais gravement fauté.
Vêtu de mon manteau, j’avançais dans la ruelle qui m’avait vue grandir, celle où nous avions fait nos premiers pas mon frère et moi. Regardant le sol pavé, je réfléchissais. J’avais été égoïste, en couchant avec Alycia. Mais… Je pensais qu’il ne s’agissait qu’une des multiples conquêtes supplémentaires de mon frère. Jamais je n’avais pensé qu’il éprouve ainsi des sentiments, sinon, rien de tout cela ne se serait produit.
J’avais aussi choisi la facilité, car j’avais toujours su qu’Alycia avait eu un faible pour moi. Mais voilà… Mon frère l’avait repoussé, et… Je ne l’avais pas. Et le paradoxe dans tout cela, que j’avais compris bien après, c’était qu’il l’aimait, et moi non. La mine morose, les mains dans les poches donc, j’arrivais vers Léonard.

« Salut Léo. » dis-je d’une voix cassée.

Je n’avais pas peur de lui. C’était mon frère. Je n’allais pas avoir peur de mon sang. Sans réfléchir plus que cela, car je m’étais assez torturé l’esprit, je déclarai brusquement, au milieu des passants.

« Il y a que je suis le roi des cons. J’ai couché avec Alycia McWood. »

Je gardais les mains dans les poches. Signe que s’il voulait me frapper, je n’allais bien sur pas me défendre. Je l’avais mérité non ? Non. Je ne l’avais pas mérité, parce qu’il l’avait complètement chier dans la colle lui aussi, et j’allais lui dire.

« Je ne savais pas pour elle et toi. Je pensais que c’était comme toutes les autres, ou tous les autres : une affaire sans histoire qui t’avait lassé. Du coup, on a couché ensemble. Et j’ai compris qu’après que tu l’aimais et… qu’elle t’aimait. »

Je fermais les yeux. Le vent frappait mon visage. Allait-il avoir la sagesse de se remettre en question et comprendre que les conséquences étaient en partie dues à ses actes d’avant ? S’il avait été réglo avec elle, jamais elle ne serait venu dans mes bras comme elle l’avait fait.

Je m’effondrais au sol sous l’effet du coup. Après tout, ne l’avais-je pas mérité ? Me relevant doucement dans un grognement douloureux, je sentis du sang perler sur mon arcade. Sans un mot, je fis apparaître une compresse avec ma baguette et j’appuyais fortement dessus pour stopper le saignement. Sous l’oeil, un bleu était en train d’apparaître, je le sentais. Je fis une grimâce et je baissais la tête. Par réflexe, par douleur et aussi par honte. Je soignerai cela plus tard, face au miroir et une fois seul.

« Pardon ?! »

J’avais relevé brusquement la tête sur ces dernières paroles. Cette fois-ci la tristesse fit place à la colère. Qu’il m’en veuille, j’acceptais. Qu’il me frappe, aussi. Mais qu’il me dise cela pour me blesser au plus profond de moi, c’était pire que tout. Jamais je n’aurai oser dire une chose pareille, même s’il avait fait avec Apolline.

« Attends mais tu te prends pour qui à me dire ça ? »

Je l’avais bousculé avec le bras qui ne tenait pas la compresse. Là, j’avais bien l’intention de répliquer. Mais contrairement à lui, j’allais le faire uniquement avec les mots. Je passais ma main sur l’arrête de mon nez d’un geste nerveux et agacé et je disais finalement :

« Tu sais quoi ? C’est bien fait pour toi. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, tu as tellement maltraité Alycia que ça serait arrivé. T’es responsable de ce qui arrive Léonard. Je ne savais pas que tu avais des sentiments. Et vu que c’est le cas, je serai toi j’irai la voir pour rattraper ta connerie. Parce que oui, c’est une belle connerie de ta part ! »

Le ton était en train de monter. Quelques passants c’était arrêté pour nous regarder. Lequel d’entre eux irait chercher un de nos parents ? Je n’en avais aucune idée mais on était tellement connu ici que c’était certains que l’un d’entre eux irait à la forge pour avertir nos parents de ce qui venait de se produire.

« Et le pire c’est qu’elle t’aime ! Mais tu traites tellement bien ceux qui t’offre ça qu’au fond, ils préfèrent abandonner. T’as fui. T’as eu la trouille, et voilà ce qui s’est passé. Tu parles d’Apolline mais jamais j’ai eu les foies de m’engager avec elle, jamais ! Au final, oui, c’est moi qui suit passé à l’acte et qui t’aies blessés. Mais ce sont uniquement les conséquences de ta propre connerie. Gros débile. »

J’avais craché par terre à ses pieds dans un excès de colère. Je ne m’étais mis en colère que trois fois dans ma vie. Et c’était la troisième.

« Tu peux me renier autant que tu veux, t’es mon sang, c’est comme ça et t’y changeras jamais rien. Tiens regarde, on a le même. »

Et sans réfléchir, j’avais foncé la tête en avant pour lui envoyer mon front au milieu du visage dans l’objectif de lui péter le nez.

« Raaaah ! »

J’avais sorti ma baguette et j’avais lancé des gerbes de flammes de colère. Plusieurs passants s’étaient figé en me voyant faire. La violence physique et verbale c’était quelque chose. Mais la violence avec magie, on rentrait dans une autre dimension. Plusieurs passants nous observèrent et je savais que certains iraient tout dire à mon père. Sans rien dire, dans un soupire ; je baissais ma baguette et je hurlais à Léo qui s’en allait :

« C’est ça ! Casse toi ! Lâche ! Tu fuis les problèmes, mais c’est pas ce que j’ai fait le plus grave. C’est ce que tu as JAMAIS fait ! »

Et ni une ni deux, je transplanais.
J’arrivais à la Gare de Pré-Au-lard. Sans un mot, je me dirigeais vers Poudlard, un chiffon pour tenir ma plaie afin qu’elle ne saigne pas trop. Qui allais-je voir pour rectifier ça ? Alycia ? Ahah. J’en avais grandement envie. Juste pour lui donner raison… Mais non, Asel ferait largement l’affaire. Sans un mot de plus, je passais les deux sangliers ailés qui étaient de chaque côté du portail et je finis par arriver quelques pas plus loin dans le parc du château. Quelques pas plus loin, tout en réfléchissant à mes actions, je me dirigeais vers la salle commune des Poufsouffles. C’était le premier endroit où j’avais pensé aller. Chez moi… Enfin chez moi… Là ou je savais que Léonard ne serait pas.
J’y arrivais et sans plus rien dire, je m’effondrai dans un canapé. Quelques larmes se mélangèrent au sang qui perlait sur mon visage.
Ca n’allait pas, et je ne le savais pas encore mais ce n’était qu’un début. Mais j’allais arranger ça. J’arrangeais toujours les choses.