Grand-mère feuillage [one-shot]

Le vent fouettait mon visage de manière régulière, mes cheveux était lâchés et ils ne faisaient que de suivre le rythme des petites rafales de vent. Instinctivement je resserrais mon gilet en laine tricoté à la main par ma défunte grand-mère pour palier un peu au froid que je pouvais ressentir. Je venais de transplaner sur l’île de Whalsay où se trouvait Gath na greine, la demeure de la famille, l’endroit où reposait certainement l’âme de ma grand-mère. Tournant le regard, je pouvais distinguer la maison non loin de la falaise qui si on s’y attardait un peu, possédait de magnifique parterre de fleurs sur le devant. Certainement ma petite-sœur qui s’en occupait. Je me demande ce qu’il en adviendra le jour où elle aussi partira pour faire sa propre vie avec sa famille, quand elle en aura une. J’inspire profondément avant de tourner la tête en direction de l’endroit qui m’intéressait le plus.  

La devant se dressait un majestueux saule pleureur, l’arbre que nous avions planté après sa mort avait bien grandit au fil des années. Je m’avance d’un pas léger vers lui afin de m’installer à ses côtés sur une couverture à motif écossais que je posais sur l’herbe un peu humide. Posant mon dos contre l’arbre, je saluais doucement ma grand-mère. Pour le coup, j’avais l’impression d’être Pocahontas qui parle à grand-mère feuillage. Un peu comme dans ce compte moldus que j’aime lire aux enfants, enfin surtout à Alice. Duncan m’a bien fait comprendre l’autre jours qu’il était un grand garçon et que les histoires Disney c’était pour les petits garçons. C’est quoi la prochaine étape ? Il ne voudrait plus du bisou de sa maman d’amour avant d’aller dormi ? J’inspire profondément en attrapant un brin d’herbe avec lequel je joue doucement.

« Si seulement tu étais encore là, tu pourrais me conseiller. Ce que je dois faire avec Scott. Dois-je lui dire ? Va-t-il partir en claquant la porte et me laisser seule, m’enlever mes enfants ? Je ne sais pas quoi faire vraiment. Dans un sens, j’ai envie de lui en parler et dans un autre, j’ai cette peur constante. Tu ferais quoi à ma place Grandma. Peut-être que tu as raison, il faut être rationnel. Scott m’aime c’est indéniable, je l’aime aussi, il ne pourrait pas m’en vouloir pour une chose qui s’est passé bien avant que l’on se rencontre. Mais s’il m’en veut pour l’enfant que j’ai du mettre hors de ma vie ? Il ne peut pas m’en vouloir pour cela. Ce n’était même pas de mon ressort. » Je ferme les yeux un instant et profite de la fraicheur sur mon visage avant qu’un sourire ne s’y forme doucement. « Comme toujours, tu es de bons conseils même si tu n’es plus là physiquement. Tu auras toujours ta place dans mon cœur, dans notre mémoire et ici à travers cette arbre. J’essayerais de t’amener la petite famille la prochaine fois. Pour l’heure, je vais aller voir Grandpa. Il m’en voudrait de passer te voir sans aller le saluer. »

Lentement, je récupère ma couverture que je replie correctement avant de lancer un simple reducto dessus pour la ranger dans une de mes poches. Ensuite, je me dirige vers la maison afin d’aller saluer mon grand-père. Mon père, essayons de ne pas trop le croiser pour éviter les frictions.