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Lost & Found ☾ Jesse Treadway
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FICHE DE PERSO
Xander avait mal partout. Il avait l’impression qu’on lui avait passé dessus avec un rouleau compresseur. Plusieurs fois. Ce n’était pas entièrement faux. Ça l’aurait presque fait rire - jaune - à penser à tous ces sorciers qui prenaient les moldus pour des moins que rien. Parce que cette mission-là n’avait rien eu à voir avec des sorciers. Aucune baguette n’avait été pointée dans sa direction. Par contre, les nombreux os fracturés et la balle qui avait traversé son épaule lui rappelaient à quel point la magie n’était pas nécessaire pour briser un homme. Il avait été laissé pour mort et ils auraient réussi leur coup s’ils avaient su que la fiole bizarre qu’il traînait sur lui n’était pas un quelconque poison. Certes, l’odeur d’ail forte aurait pu laisser croire à de l’arsenic et s’il était moldu, il aurait peut-être cru la même chose. Mais il s’agissait d’une faible potion de soin. Suffisante pour le maintenir en vie. Et ils l’avaient forcé à l’avaler en croyant qu’il allait crever comme un chien. Ironique.
Il avait quand même dû survivre à l’exposition des températures et tempêtes indécentes de la Sibérie. Se tirer de là avec les moyens du bord et malgré ses nombreuses blessures toutes trop graves pour être traitées. Cette fois, il avait vraiment failli pleurer sur son manque de capacités magiques. Son errance avait duré si longtemps qu’il avait perdu la notion du temps. Il n’était plus que l’ombre de lui-même quand on l’avait trouvé et rapatrié dans un hôpital finlandais. D’ailleurs, il avait passé au moins deux mois là-bas sans savoir où il était. Il avait été dans le coma un moment. Puis il alternait entre de longues phases de sommeil et de brefs éveils confus. Ne savait plus parler qu’allemand, entrecoupé de quelques mots perdus en espagnol. Il avait retrouvé conscience de façon plus claire depuis deux semaines seulement et quand on lui avait donné la date, il avait eu une brève crise d’angoisse, lui qui n’y était pas sujet malgré sa vie… trépidante.
Septembre 2022… La dernière fois qu’il avait su quel jour il était, on était en mai. Il avait disparu de la carte depuis plus de quatre mois. Tout polyglotte qu’il soit, Xander ne parle toutefois pas le finnois. Une langue magnifique qu’il reconnaît d’ailleurs à l’oreille, mais dont il ne comprend rien. Il ne comprend donc pas quand l’infirmière qui s’occupe de lui depuis un moment essaie de lui expliquer quelque chose, alors qu’il venait juste de s’éveiller. Elle réussit enfin à dire « guess ». Moment de confusion alors qu’elle part. Xander fronce les sourcils. Il entend néanmoins un bruissement de vêtements de l’autre côté du lit. Aussitôt, il se crispe, prêt à se défendre, tournant vivement la tête vers la droite. Et c’est là qu’il comprend. Pas « guess ». « Guest ». Elle ne voulait pas jouer aux charades. Elle essayait de lui faire comprendre qu’il avait un invité.
Voir le visage familier de son patron et ami est comme un coup de poing dans le ventre, mais il en reprendrait au moins mille des comme ça ! Un sourire étire les lèvres craquelées par le froid Sibérien de Xander.
« Jesse. »
Il ferme un instant les yeux en poussant un soupir, mais les rouvre aussitôt de peur de s’endormir. Il est confus un instant. Le délicat jour matinal venait de faire place à un couché de soleil. Il retrouve Jesse du regard, qui était maintenant dans un fauteuil.
« Merde, désolé… On dirait que je me suis assoupi… ». Sa voix est beaucoup plus rocailleuse qu’à l’habitude. Xander essaie de se redresser, mais se laisse retomber sur les oreillers, un peu frustré par son impuissance. Il hésite… puis demande finalement : « Tu m’aides à relever la tête de mon lit ? Je crois que les boutons sont en quelque part à droite… »
Comme ça, il allait peut-être pouvoir tenir une conversation digne de ce nom. En tout cas, Jesse devait déjà comprendre pourquoi il n’était pas encore revenu par lui-même.
« On est bel et bien au nord de la Finlande, c’est ça ? ». Il se doutait, mais n’avait pas eu confirmation parce que le nom de la ville ou du village qui lui avait été donné lui était inconnu. Le fait que presque personne ici ne parle anglais et personne assez pour soutenir une conversation était un de ses indices. Il voyait aussi toujours les mêmes têtes. Donc il n’y avait pas beaucoup de personnel. La chambre était vétuste. Les couleurs étaient passées de mode. Cet endroit avait été bâti il y a longtemps et jamais rénové. Et les journées semblaient extrêmement courtes - et le seraient bientôt encore plus, voire carrément inexistantes en plein hiver - mais ça, c’était difficile de dire si c’était bel et bien le cas ou s’il n’avait pas juste un petit problème de conscience encore… comme un peu plus tôt. « Comment est-ce que tu m’as retrouvé ? J’ai eu du mal à me retrouver moi-même… »
Xander a un petit sourire moqueur. Envers lui-même, quoi ! Il pousse un soupir, résistant à l’envie de fermer les yeux à nouveau.
« Je pense qu’ils me donnent un peu trop de morphine. Je préfèrerais tenir un peu la douleur. Ma jambes. La droite. Il y a encore quelque chose à faire avec un bon médicomage, tu crois ? »
Ce disant, il agite la main pour que Jesse jette un oeil à l’horreur que ça devait être. Il avait traîné longtemps une fracture ouverte. Il était chanceux d’encore avoir son membre, à dire vrai… Mais il voulait s’assurer de remarcher un jour aussi.
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Ca, pour lui avoir compliqué la tâche, Xander la lui avait bien compliqué ! Mais ça avait été à son corps défendant à n’en pas douter. Quel homme souhaiterait de lui-même se retrouver dans l’état dans lequel Jesse avait retrouvé son vieil ami ? Même encore aujourd’hui alors que d’après les infirmières il était ici depuis deux bonnes semaines, Xander avait l’air un peu plus mort que vif. Pour ne rien arranger, l’inquiétude engendrée par les bips réguliers des machines relevant ses constantes autour de lui semblaient vouloir appuyer sur la gravité de la situation…
Pour autant sa vie n’était miraculeusement plus en danger d’après le médecin qu’il avait consulté. Et si Jesse n’avait pas encore transplané avec l’autre homme c’est qu’il était encore beaucoup trop fragile pour ça. Il avait néanmoins organisé son rapatriement. D’abord à la capitale où des soins plus intensifs lui seraient apportés. Et ensuite ils rentreraient en Angleterre, probablement via des moyens moldus. Parfois ils faisaient preuve de plus de délicatesse qu’eux-mêmes…
Deux fois déjà Xander avait rouvert les yeux en sa présence. Mais la première fois une fièvre écrasante l’avait fait délirer et il l’avait pris pour son fils. S’en souvenait-il ? La seconde fois en revanche, il semblait avoir l’esprit plus clair… Mais terrassé par la fatigue, il avait fermé les yeux pour ne les rouvrir que quelques heures plus tard. Jesse, lui, s’était armé de patience, terminant de régler les détails du transfert de son ami, discutant avec les médecins. Il n’était peut-être pas de la famille mais en graissant quelques pattes on obtenait toujours un peu ce qu’on voulait…!
Et donc revoilà pour la troisième fois le regard automnal qui s’ouvre. Il a les yeux rougis par le froid encore et se relevant Jesse vient non seulement ajuster la tête de lit comme demandé mais il va ensuite déplier une couverture aux pieds de ce dernier pour venir l’étendre sur son ami.
“On peut dire que tu nous a créé une belle frayeur mon ami.”
Plutôt deux fois qu’une lorsqu’il avait appris dans quel état il se trouvait et où !
“C’est ça. J’ai organisé ton rapatriement dans la capitale pour que tu reçoives des soins plus intensifs. Et de là, lorsque tu seras prêt pour le voyage, ton retour à Londres.”
Quant à la façon qu’il avait eu de le retrouver, Jesse convient :
"Ça n'a pas été facile. Et les moyens traditionnels n’ont rien donné. Alors disons que j’y ai mis plus de moyens.”
Jesse a un sourire tranquille. Ça ne l’inquiétait pas outre-mesure d’avoir engouffré de l’argent dans cette recherche. Il serait regagné rapidement et ça en avait largement valu le coup puisque Xander avait été retrouvé.
“Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu t’en souviens ?”
Il a un regard à la ronde, assurant :
“Nous sommes seuls. Et j’ai fait ce qu’il faut pour qu’en attendant ton transfert tu sois seul dans cette chambre.”
Jesse acquiesce pour la morphine, un peu inquiet quoi qu’admiratif évidemment.
“Je peux leur demander mais tu es sûr de toi ?”
Il vient soulever le drap ensuite. Il savait déjà mais il n’avait pas vu. Un petit soupire franchit ses lèvres et rabaissant le drap :
“Le médecin que j’ai vu dit que c’est un miracle que tu ne l’ai pas perdu. C’est probablement le froid qui a permis que tu l’ai encore. Tu as eu beaucoup de chance dans ton malheur. Mais la convalescence va être très grande.”
Quant aux médicomages :
“J’ai un ami qui me doit un service. Je l’ai fait mandater…”
Mais son ton voulait tout dire : les médicomages peuvent faire bien des choses… Mais pas de miracles hélas…
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Xander imaginait très bien. Et il se sentait privilégié que des gens se soient inquiétés pour lui au-delà de sa famille immédiate. Et par famille immédiate, il songeait à son beau-fils et à son ex. Parce que son père et sa soeur ne s’étaient sûrement pas rendu compte de sa disparition. C’était certainement mieux comme ça. Au moins ils laisseraient son fils tranquille. Il mesurait aussi sa chance que Jesse se soit déplacé lui-même. Chance, parce que c’était plus facile pour sa fierté de paraître ainsi devant lui que devient bien d’autres gens. Jesse comprendrait. Il ne jugerait pas. Xander a un petit soupir. Il aimerait fermer les yeux, mais il se force à les garder ouverts pour ne pas sombrer à nouveau. Il était exténué et il ne faisait rien. C’était frustrant.
« Merci, Jesse. Le plus tôt sera le mieux. ». Il ne pouvait rester ici indéfiniment. Il allait devenir fou. Il perdait un temps précieux, qui plus est. Et puis… « Comment va Wilheim ? Tu l’as vu ? Tu lui as dit que son père était toujours en vie, que tu l’avais retrouvé ? »
Sa voix tremble légèrement. La seule faiblesse du guerrier : son fils. Il peinait à imaginer la tourmente qu’il avait vécu à croire son père mort. Jesse admet avoir utilisé les grands moyens pour le trouver. Xander répond à son sourire de la même façon. Il avait effectivement beaucoup de chances.
« Peu de patrons auraient donné autant pour retrouver un employé. », fait remarquer l’homme. Qui plus est un employé sans pouvoirs magiques. La plupart le sous-estimaient quand ils savaient. Ce qui ne desservait pas Xander… mais voilà. Jesse était un ami comme on pouvait rarement se vanter avoir. « Merci, Jesse. Pour tout. Je ne regrette pas ma reconversion professionnelle, ni mon choix de fréquentations. »
Parce qu’au-delà de la relation patron-employé, ils étaient amis ! Le sorcier venait de le lui prouver de la plus belle des façons. Quant à ce qui s’était passé, il se rembrunit un peu.
« Oui. Je me souviens. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais la mission était compromise dès le départ, Jesse. Ils m’attendaient. », explique lentement Xander, essayant de repenser à ce qui s’était passé à son arrivée dans cette base militaire désaffectée de Sibérie. Il se creuse un peu la tête. A un coup d’oeil pour la porte, mais elle est fermée. « Tu peux…? »
Ce disant, il a un petit geste de la main pour montrer la porte. Insonoriser. Il y avait un sortilège pour ça. Xander n’était peut-être pas sorcier, mais il avait étudié les sortilèges. Parce que quand on combattait un sorcier, il fallait savoir à quoi s’attendre. Reconnaître chaque début de sortilège, chaque mouvement du poignet. C’était essentiel. Il avait déjà assez de désavantages comme ça.
« Ils étaient moldus. »
Il avait lâché ça avec encore plus de perplexité. La tâche qui lui avait été confiée, cette fois, concernait le monde magique. Ça ne faisait aucun sens et pourtant. Il laisse le sujet en suspens un instant, acquiesçant pour ce qui était de la morphine.
« Je suis sûr. J’ai besoin de toute ma tête. Je dois réfléchir à ce qui s’est produit et j’ai du mal à suivre le fil avec la dose qu’ils me donnent. Je peux endurer la douleur. », assure l’Allemand sans hésiter. Puis, Jesse regarde sa jambe. Xander pince les lèvres, mais ne quitte pas du regard le visage de son ami. Ce n’était pas beau, c’était évident… mais s’ils pouvaient faire quelque chose pour lui, alors il y mettrait du sien pour s’aider le plus possible. « Je vais m’appliquer. Pas question qu’on m’enferme dans un bureau, Jesse. Tu le sais. »
Ses talents de stratège pourraient être appréciés. Il savait aussi comment gérer des militaires qui avaient un jour été jeunes chiens fous. Mais il ne voulait pas de cette vie…
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Jesse acquiesce sans insister. De toute façon Xander a d’autres préoccupations évidentes et à propos de Wilhelm, Jesse s'assoit précautionneusement sur un morceau du lit, prenant bien garde de ne rien écraser au passage !
“Non pas encore. Je viens de te retrouver et je voulais être sûr de moi avant de lui dire quoi que ce soit.”
Mais de promettre :
"Ça va pour lui. Tu as un voisin qui a la tête dure et qui refuse de croire que tu as entièrement disparu. Il s’occupe de ton appartement et, j’en suis sûr, de ton fils aussi lorsqu’il a besoin de se retrouver dans tes affaires depuis ton départ.”
Du moins à en croire Ocean et il avait un assez bon feeling pour ces choses alors Jesse lui faisait confiance. Il avait bien fait de l’envoyer lui. En tout cas :
“Tu lui diras toi-même mon ami. Personne ne pourra lui dire et le faire sentir que tu es réellement toujours là à part toi.”
Et il savait ça parce que cette souffrance de croire un père disparu, il l’avait vécu et par moment il avait l’impression de la vivre encore. Rien n’aurait pu soulager cette peine et ce chagrin à part son père lui-même… Et Jesse était à peu près certain qu’il en allait de même pour Wilhelm. Quant aux moyens qu’il avait déployé :
“Tu n’es pas qu’un employé Xander. Tu es un ami. Et quand tu seras un peu plus rétablis on ira se prendre une bière en profitant d’une petite pause.”
Ca leur ferait sans doute du bien à tous les deux.
“Et même si tu n’étais pas mon ami, tu es certainement un de mes meilleurs éléments, si ce n’est le meilleur.”
Mais histoire de plaisanter un peu au milieu de cette situation dramatique :
“N’en profite pas pour essayer de me demander une augmentation !”
Jesse a un clin d'œil pour son ami histoire de ponctuer la plaisanterie. Il redevient néanmoins plus sérieux ensuite, sortant sa baguette pour d’un geste souple du poignet et de quelques paroles à peine murmurées, venir insonoriser la salle. Il en profite aussi pour faire tourner le verrou de la porte depuis l’endroit où ils se trouvent. Ils seront tranquilles un moment et personne ne pourra les surprendre.
Evidemment, ce que l’homme lui dit le rend un peu soucieux. Ce n’était pas inhabituel d’avoir une mission au milieu des moldus. Mais pour cette mission en particulier, ça n'aurait pas dû être le cas.
“Je vois… Il y a quelque chose de pas normal. D’ordinaire les informations que nous récoltons avant mission sont très fiables.”
Il se sentait un peu obligé de se justifier parce qu’une pointe de culpabilité l’avait envahie. Toutefois, alors que Xander préfère troquer son bien être physique avec sa tête “pour réfléchir à tout ça”, Jesse a un soupire.
“Tu devrais te reposer. Je n’aurais même pas dû te demander quoi que ce soit à ce sujet tout de suite. Ca peut attendre.”
Quant à la suite de tout ça et ce qu’il adviendrait de Xander et de sa jambe… Il sonnait comme une fatalité qu’il n’avait pas encore acceptée dans sa voix non ? Mais Jesse acquiesce.
“Nous ferons au mieux pour que ça n’arrive pas.”
Et il était sincère. Mais il ne ferait pas de miracle non plus… Et il espérait que si ça arrivait, Xander soit en mesure de l’accepter…
“En attendant est-ce que tu veux que je te rapporte quelque chose ?”
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