Denbaya Means Family

Elle eut un sourire amusé à voir Nero éclater de rire à sa petite anecdote sur Vorpe. Bien sûr, l'occasion était trop belle pour qu'il s'abstienne de tenter un mauvais coup contre l'écrivain.

« Oh non ça je te le déconseille ma belle. Irvin te le ferait regretter sans même s'en rendre compte. Il a une si haute opinion de lui-même... »

En même temps, la moitié du monde le lui rendait bien alors pourquoi se serait-il arrêté ? Un instant, elle se demanda si Yeleen pouvait faire partie des lecteurs de leur briseur de sorts préférés. Sans doute que non, car sans quoi, elle aurait probablement remarqué le roman qui prenait la poussière sous la table basse depuis toujours. Lequel était-ce déjà ? Terreur dans les Îles Moustiques, avec son ouverture très olé olé qui avait valu au bouquin d'être immédiatement refermé et abandonné là pour les jours de disette littéraire. Ces jours n'arriveraient jamais fort heureusement grâce à la plume prolixe de Lawrence Carson, l'auteur préféré d'Iris.

La conversation se poursuivit, les poussant vers des sujets qui ramenaient Nyéléni à son Afrique natale. Quelque chose dans l'attitude de Yeleen la laissa deviner qu'il faudrait qu'elles reparlent de cette histoire de magie sans baguette. C'était si naturel pour Nyéléni qu'à vrai dire, ça n'était même pas un sujet. Se demander si on pouvait faire de la magie sans baguette était à ses yeux un peu comme se demander si on pouvait respirer en dormant. A contrario, faire de la magie avec une baguette ...

« Je ne sais pas si une baguette me conviendra jamais pour être honnête. Ca n'est tellement pas naturel pour moi. En tout cas, elle est très belle même si j'aimais bien la simplicité de la première. Je vous la montre. »

De façon assez surprenante pour des sorciers qui utilisaient leur baguette quotidiennement comme une extension d'eux-même, Nyéléni se dirigea vers l'entrée pour chercher quelque chose dans son sac à main. Un petit étui estampillé Ollivander dans lequel se trouvait la fameuse baguette. Un bel objet en effet, finement travaillé dans un bois blanc aux discrètes lignes rosées.

Elle les laissa y jeter un oeil tout en continuant de répondre aux questions de Yeleen sur l'organisation de tout ce programme d'études. Finalement, l'idée d'avoir oublié le dessert semblait lui faire plus d'effet que les efforts qu'il lui faudrait déployer pour atteindre les BUSEs quand bien même c'était l'examen réputé le plus simple.

Nero, grand seigneur, saisit-là l'occasion de rattraper la bourde de leur hôte. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous les trois à la fraîche, devant chez Florian Fortarôme. Si cela continuait, elle allait développer une addiction à ce sorbet goyave qu'on ne trouvait que là. Ça tombait très mal d'habiter si près. Nyéléni sourit après un merci glissé à l'attention de Nero qui venait de sauver la soirée, du moins à ses yeux. Savourant ce petit moment, elle laissa la conversation reprendre, bien plus naturellement qu'au début de la soirée.

« Oh avant que j'oublie. J'ai quelque chose pour toi... tiens. Tu l'ouvriras plus tard. C'est un petit grigri de rien du tout. Il faut le partager avec quelqu'un. », fit-elle en sortant de sa poche une minuscule bourse en tissu, qu'elle avait probablement cousue elle même à en juger par le choix de tissu. Elle était volontairement restée assez neutre dans sa description sachant que ce genre d'attention aurait pu mettre Yeleen mal à l'aise. Mais elle préférait le lui donne rmaintenant de peur d'oublier ou de ne revoir la jeune femme que dans quelques semaines. Comme elle avait fabriqué ce petit grigri de rien du tout depuis un moment déjà, « Ne m'en veux pas Nero mais pour toi je n'ai que mon sourire. » ajouta-t-elle d'un ton presque désinvolte en guise d'excuse.

A vrai dire, ils ne s'étaient jamais fait de cadeau à proprement parler maintenant qu'elle y songeait. L'IDEM l'avait surprise avec son traditionnel Secret Santa. Cette année elle était tombée sur Irvin, autant dire que cette tradition lui avait mis la pression d'entrée de jeu tant elle ne voulait pas que le bonhomme puisse interpréter quoi que ce soit dans l'intention qu'elle aurait pu mettre derrière son cadeau. Une paire de chaussettes auto-chauffantes avait réglé le problème. Et pour ce qui la concernait, c'était Franck qui était tombé sur elle. Elle utilisait sa cafetière absolument tous les jours.

« Oh si je m'attendais ! », la voix au bord de l'extase d'Emma, la fleuriste, la sortit de ces réflexions, « Profitez bien de votre glace. », fit la pétulante bonne femme avec un petit clin d'oeil entendu dont le sens échappa totalement à sa locataire.

Elle s'éclipsa, sans doute soucieuse de ne restait qu'une passante parmi les autres et de ne pas interrompre quelque chose.

Nyéléni sourit. Elle avait vraiment le sentiment d'être entourée d'une famille.