we need more than words and promises

Transplanner ne permît pas à Ima d’éloigner les journalistes qui le suivirent à la trace. En soupirant, le sorcier referma la veste de son costume, savant mélange entre la mode magique et non-magique, pour faire face aux visages, plumes et appareils-photos levés devant lui. Il les connaissait tous très bien, et était en capacité de les nommer personnellement ainsi que leurs journaux respectifs, ce qui était l’une de ses grandes forces. Les journalistes étaient sensibles à cette attention qu’il leur accordait et qui imposait une forme de respect mutuel entre eux.

- Ecoutez McCornic, répondit-il en levant la main pour interrompre le flot de questions du reporter. Vous connaissez tout autant que moi la procédure. Je ne saurai me prononcer avant le rendu du rapport, et je suis loin d’être le seul expert à donner son avis. Mais vous pensez bien qu’en me déplaçant personnellement, j’ai à cœur de placer Sainte Mangouste au centre de nos orientations budgétaires prioritaires. Si vous voulez bien m’excuser, je ne voudrais pas retarder nos personnels guérisseurs et médicomages plus que je ne le fais déjà par ma visite imposée…

Avec un nouveau signe de la main, il s’éloigna en direction de l’accueil de l’hôpital où l’attendait vraisemblablement un sorcier dont le vêtement indiquait son appartenance à la maison. Le guérisseur ne semblait pas en mener large et Ima craignit bien que le flot de journalistes qui le suivaient n’arrangerait pas la situation. Il plaqua cependant un sourire qui se voulait rassurant sur le visage en lui tendant la main pour la lui serrer chaleureusement, comme si c’était lui qui l’accueillait et non l’inverse. Une technique gestuelle qui lui permettait souvent de prendre le dessus lors de face-à-face politiques tendus mais qui sur le moment ne cherchait qu’à soutenir l’homme dans une situation avec laquelle il ne semblait pas à l’aise.

- Guérisseur Aslan, commença-t-il de manière suffisamment théâtrale pour contenter les médias qui voulaient tous avoir la photo parfaite pour illustrer leur article évidemment empli de supputations. Je suis Ima Soninké, Président du Magenmagot. Merci mille fois de prendre de votre précieux temps pour me permettre d’apporter au Ministère un rapport le plus détaillé possible sur la situation budgétaire, la qualité du matériel, de l’accueil et des conditions de travail au sein de Sainte Mangouste.

C’était pour sa part les quatre piliers qu’il envisageait de développer en ayant déjà en tête bon nombre d’arguments en faveur d’une augmentation de l’enveloppe actuellement prévue pour l’hôpital. Si les journalistes souhaitaient déjà évoquer ces sujets-là, grand bien leur fasse ! Plaçant sa main vers l’épaule du guérisseur, sans pour autant le toucher, Ima souhaita lui montrer sa volonté d’entrer afin de laisser sur le pas de la porte les charognards en quête d’exclusivité. C’était l’une de ses règles de maintenir une certaine distance physique entre lui et ses interlocuteurs – peu importait leur genre. Néanmoins, l’intention fut comprise et les deux sorciers se retrouvèrent rapidement à l’abri du hall d’accueil de l’établissement de soins magiques. En soupirant, le président déboutonna sa veste avant de tourner une mine bien plus sérieuse vers l’homme qui lui faisait face.

- Veuillez excuser l’arrivée moins discrète que je ne l’aurais souhaité. Je ne sais qui a vendu la mèche concernant l’élaboration de ce rapport, mais on peut au moins espérer des retombées positives de la pression apportée par l’opinion publique sur les coupes budgétaires dont Sainte Mangouste a été victime ces derniers temps.

Tout en parlant, ses pupilles sombres passèrent sur la pièce dans laquelle ils se tenaient, notant déjà malgré lui quelques détails qui attiraient son attention, pour finir sur le guérisseur. Ce dernier ne lui rendit pas son regard, et supposant là une différence culturelle, Ima copia son attitude sur la sienne en détournant le visage tout en conservant un sourire poli.

- Eh bien monsieur le guérisseur. Je me laisse à présent guidé par vos bons soins ! Commençons la visite, voulez-vous ?

Ima sentit Dâriush tressauter sous son contact, mais pour ne pas paraitre impoli, il ne retira pas immédiatement sa main et se contenta de se maudire intérieurement. Etant lui-même peu friand des gestes tactiles, il s’était persuadé avoir maintenu une distance suffisante pour éviter de le toucher, mais le malien avait sans doute été emporté par son envie de quitter la meute aboyante des journalistes. Leur mise à l’abri dans le hall parut rassurer le guérisseur qui se tassa sur lui-même en soupirant.

Le président passa un regard interrogatif sur son air cerné et sa posture légèrement courbée. Depuis combien de temps ce soignant n’avait-il pas pris de repos ? Est-ce que tout le personnel de Sainte Mangouste était dans ce même état d’abattement ? La situation était plus grave que ce qu’il avait cru… @Zahra Jekyll avec son énergie débordante n’était clairement pas un repère pertinent pour mesurer l’énergie des troupes. Elle tenait plus de la guerrière que de la sorcière et quelques heures de sommeil par semaine semblaient suffire à son bonheur. Loin de la critiquer, Ima savait qu’il possédait également ce travers. Mais ce n’était pas parce qu’ils s’évertuaient tous deux à user leur santé de fer dans leur mission qu’ils devaient en oublier les droits fondamentaux des sorcières et sorciers qui travaillaient avec eux.

Sans faire de commentaire dans un premier temps, Ima se contenta de suivre le sorcier qui le menait dans les couloirs de l’hôpital, ayant fait apparaitre à ses côtés une plume qui prenait des notes pour lui. Comme souvent chez les personnels en difficulté, le guérisseur commença par lui présenter l’effritement et l’inadaptabilité des locaux avant de parler de leurs propres conditions de travail. Malgré toute la souffrance qu’un métier pouvait créer, les travailleurs avaient tendance à délégitimer les difficultés sociales pour se centrer sur les dégâts matériels, bien plus évident à prouver.

La plume du Soninké s’activa cependant en notant et soulignant les mots balancés sans aucune emphase par le sorcier qui décrivaient les conditions dans lesquelles il exerçait son métier. Pas de protection, pas de sécurité, pas à l’aise, pas assez de monde. Cependant, et alors qu’ils arrivaient dans une petite pièce exiguë qui semblait réservée au personnel, l’homme se tourna vers lui avec une franchise désarmante. Ima eut un sourire qui se voulait conciliant avant de montrer deux sièges qui encadraient une petite table.

- Ça ne vous dérange pas si on s’assoit un instant ? Sa plume le suivit, alors qu’il s’installait sans attendre l’accord du sorcier – son visage ayant retrouvé l’air sérieux qui le caractérisait. Dans un premier temps, je n’accepte pas vos excuses puisqu’elles n’ont pas lieu d’être, vous vous débrouillez très bien. Ensuite, pour être tout à fait transparent avec vous, je souhaite en effet vous aider. Cependant, je n’ai pas le pouvoir de décider seul, et nous devrons convaincre à la fois les magistrats, tout comme l’opinion publique. Je suis bien conscient que les récents évènements qui se sont passés ici ne sont en aucun cas de votre faute. Ils ne sont que la malheureuse conséquence de choix politiques et financiers désastreux.

Le malien avança son imposante carrure dans son siège pour attraper le parchemin qui voletait à ses côtés depuis le début de leur visite.

- Vous m’avez donné de nombreux éléments factuels et incontestables qui sauront convaincre les sorciers de loi. J’ajouterai également toutes les demandes de travaux classées sans suite de la part du personnel de Sainte Mangouste ces dernière années. A présent, sachez que le plus grand levier pour appuyer un vote, c’est l’opinion de la communauté magique. Et cette dernière ne sera que peu émue par des chiffres et des dates. Nous avons besoin pour la toucher de lui présenter de l’humain : les sorcières et les sorciers qui travaillent au quotidien à préserver notre santé, malgré des conditions de travail qui se dégradent de jour en jour. C’est pour cette raison que j’ai besoin d’en savoir plus sur vous…

Un nouveau sourire se dessinait sur son visage alors qu’il se renfonçait encore une fois dans son dossier, conscient de la difficulté de ce qu’il demandait à l’homme en face de lui.

- Depuis combien de temps travaillez-vous à Sainte Mangouste Guérisseur Aslan ? Qu’est-ce qui vous a poussé à suivre cette profession ? Pourriez-vous nous décrire une journée classique de travail ? Quel serait pour vous le point de non-retour qui vous pousserait à quitter ce métier, et comment pourrions-nous l’éviter ?

La guérisseur en face de lui cherchait visiblement à éviter de croiser son regard, et pourtant, ses yeux sombres papillonnèrent un instant vers les siens. Ima ne sut ce qu’il y lu mais son visage se durcit soudainement. Le malien pour sa part ne s’empêchait plus de le détailler, notant les innombrables petits tics qui l’agitaient. Il était clairement nerveux, et pourtant, semblait animé par une certaine passion quand il parlait de son métier. Le discours du président parut lui plaire, car enfin, un sourire habilla son visage au teint olivâtre. Le sort de l’hôpital lui tenait visiblement à cœur. Mais rapidement, son sourire se brisa quand le Soninké voulut en savoir un peu plus sur lui. Ima ne parvenait à définir si le stress qui perlait sur son front tenait à la pression qu’il se mettait dans cet entretien ou s’il était naturellement angoissé.

La sommation du président semblait trop exigeante pour ce que le guérisseur Aslan était en capacité de donner. Il se liquéfia littéralement sous ses yeux, avouant ce qu’Ima avait compris dès qu’il avait posé les yeux sur lui: il n’aimait pas parler de lui. Maladroitement, le sorcier se leva pour se diriger vers un distributeur, perdant sa monnaie au fur et à mesure qu’il tentait de le faire fonctionner. Ima retint une grimace en l’observant s’y prendre à plusieurs fois pour ramasser sa pièce tombée à terre. Le malien pouvait se montrer impatient, mais il savait d’instinct quand se retenir, sachant pertinemment que moindre signe d’agacement effrayerait l’homme déjà troublé.

Ce dernier répétait la complexité de la question qui lui était adressée, avant de résumer en quelques mots des années d’études et de choix de profession. A la mention de la Tour des Nuages, Ima, qui avait déjà repéré son accent iranien, releva un sourcil alors qu’un sourire intéressé l’anima soudainement. Il s’avança dans son siège, désireux d’en savoir plus, mais le sorcier avait déjà changé de sujet, parlant de sa journée de travail à la vitesse du Poudlard Express en pleine descente. Le guérisseur se débrouillait pour rester en surface de toute chose, sans qu’Ima ne puisse en exploiter quoi que ce soit. Il y avait bien quelques éléments intéressants à creuser mais le magistrat n’avait pas le cœur à lui tirer les vers du nez, risquant de voir une nouvelle crise de panique chez l’iranien.

Le sorcier lui retourna la question et le magistrat ne retint pas son sourire, voyant clairement le système de défense que le guérisseur déployait face à lui. S’il avait voulu brandir un bouclier, il ne s’y serait pas pris autrement. Ima lui en demandait clairement trop. Jouant le jeu dont il avait lui-même posé les règles, le malien se rassit confortablement sur sa chaise, croisant les jambes, autant que le mobilier le lui permettait.

- Eh bien je crois que j’ai toujours été porté par de fortes valeurs d’intégrité et d’équité. J’aime m’accrocher à l’idée que la justice peut tenter de corriger les inégalités d’une société bien trop disparate. Ce serait mentir que de dire que ma naissance dans une famille privilégiée ne me prédestinait pas à une carrière ambitieuse, me faisant dès mon plus jeune âge côtoyer les cercles de personnes qui ont permis mon ascension. La pression et les attentes de mon père ont également joué un grand rôle, mais je pense pouvoir dire de manière assez franche avoir été le moteur principal de ce choix.

Si Ima se livrait un peu plus que de nécessaire, tombant le masque chaleureux et autoritaire qu’il avait créé sur mesure pour son personnage public, il ne craignait aucunement lire ces quelques lignes dans la presse le lendemain. Le guérisseur Aslan semblait aussi réservé que professionnel et il avait toute confiance en sa discrétion. Mais n’étant pas venu chercher une oreille attentive à son assommante histoire, le malien tapota la bouteille qui lui avait apporté le sorcier avant de s’en saisir pour l’ouvrir d’un geste sec.

- J’aurais une petite question, guérisseur Aslan… Est-ce qu’il vous serait possible de m’enmener voir l’un de vos chers patients ? Un que ma présence ne mettrait pas mal à l’aise si possible. Son sourire rayonnant se voulait un brin piquant et il le noya dans une gorgée d’eau, bue plus par politesse que réel besoin. L’homme ne voulait pas parler de lui ? Qu’à cela ne tienne, c’était même tout à son honneur. Ima récupérerait les informations dont il avait besoin d’une autre bouche que la sienne…

Sans qu’Ima ne s’y attende, le guérisseur finit par lui révéler un élément personnel de sa vie : son père tenait une épicerie sur le chemin de traverse – peut-être iranienne compte tenu de ses origines - tandis que sa mère avait été guérisseuse. L’utilisation du passé ne trompa pas le magistrat sur son décès et soudain, il entraperçut tout le poids que pouvait avoir cette vocation sur le sorcier. Son regard s’adoucit en se posant sur l’iranien alors que ce dernier montrait une motivation soudaine à l’idée d’échapper à cet interrogatoire pour reprendre ses tâches quotidiennes.

Ima le suivit tandis que kle guérisseur rejoignait le comptoir de l’accueil où il sélectionna un dossier. Il en fit un rapide résumé à destination du magistrat tout en se dirigeant vers la chambre de la patiente. Ima eut un sourire en reconnaissant la sorcière qu’il ne connait que trop bien : la sœur de Jameson, Auror, et récemment blessée lors des évènements tragiques de l’été. Il passa cependant un regard curieux sur son époux – M. Mesli - qu’il n’avait que rarement croisé. Mais rapidement, son attention fut de nouveau concentrée sur le soignant magique qui s’attelait à sa tâche.

Si devant Ima le guérisseur avait eu un aspect courbé, il se tenait à présent bien plus droit, bien que tourné vers sa patiente à qui il accordait toute son attention. Sans plus tenir compte des regards sur lui, le visage de l’iranien semblait plus dégagé, presqu’illuminé, interrogeant l’Auror, la laissant s’exprimer plutôt que de se baser sur le compte-rendu qui lui avait été laissé. Le Soninké fut impressionné par le changement de son aura, et il recula d’un pas afin de se faire aussi discret que sa carrure le permettait. Il avait rangé sa plume pour respecter l’intimité de la chambre d’hôpital mais notait intérieurement chaque détail sur la manière d’ausculter du guérisseur, en premier lieu le consentement qu’il demandait à sa patiente avant le moindre geste. Ima ne sût expliquer pleinement pourquoi, mais le doux dévouement de Dâriush Aslan à sa mission l’ému au plus haut point.  

Quand ce dernier finit par sortir de la pièce, Ima remercia et salua chaleureusement les Mesli avant de suivre le guérisseur. Le sorcier se hâta d’attirer son attention sur le temps qu’avait pris la soignante avant de rejoindre la chambre où sa présence était requise. Ima hocha la tête en ressortant sa plume afin de noter les éléments fournis par le guérisseur. Mais Dâriush le surpris encore par l’étonnante et discrète bienveillance qu’il lui porta soudain. Le guérisseur avait compris que lui et Ellie se connaissaient, et il jugea bon de rassurer le Président du Magenmagot sur l’état de santé de l’Auror. Un sourire doux et chaleureux habilla le visage d’Ima en écoutant les explications de l’iranien.

- Merci, c’est très attentionné de votre part de m’en informer, lui répondit-il, décidemment positivement marqué par sa rencontre avec le guérisseur.

Sa plume continuait de gratter le papier, notant la posture professionnelle de l’homme en face de lui en des propos très élogieux qu’il méritait amplement. Cela faisait bientôt une heure qu’il imposait au sorcier son interrogatoire, l’empêchant de vaquer à ses occupations quotidiennes. Il était sans doute temps de libérer le guérisseur de son inopportune présence.

- Je vous remercie vivement pour vos éclaircissements guérisseur Aslan, lui lança-t-il chaleureusement en lui tendant la main. Ce fut un sincère plaisir de vous rencontrer et de partager un moment votre quotidien. Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais retourner dans la chambre de la patiente afin de récolter son témoignage sur son passage aux Urgences Magiques. A moins que vous n’ayez un nouvel élément à me présenter ?

Ima ne doutait pas qu’Ellie irait dans le sens de sa plaidoirie : demandant plus de financements pour Sainte Mangouste, tout en valorisant l’incroyable travail qu’accomplissaient chaque jour les guérisseurs et médicomages. On ne pouvait pas l’accuser de connivence, était donné que Dâriush avait lui-même choisi le dossier sans en référer au Malien. Ima savait déjà quelle tournure prendrait son rapport et il avait hâte d’en lire les retombées presse qui présenteraient le portrait sublimé de ce discret guérisseur anonyme, pleinement dévoué à sa tâche malgré les conditions indignes dans lesquelles il évoluait.

L’Iranien restait silencieux face à lui, même si un discret sourir éclairait son visage pâlot. Il inclina respectueusement la tête avant de s’éclipser. Ima retint un rire en imaginant l’immense soulagement qu’il allait ressentir en retrouvant enfin sa complète liberté. Comment réagirait ce guérisseur quand il se rendrait compte qu’après  @Zahra Jekyll, il était devenu l’interlocuteur préféré du Président du Magenmagot ? Le Soninké s’était en effet attaché à l’intégrité du soignant, et il savait que ce dernier serait toujours honnête – d’une manière certes réservée, mais pour autant sincère - devant ses questions. Une droiture dont il aurait besoin pour vérifier qu’il ne fasse pas fausse route dans son plaidoyer de défense de l’hôpital et des soins magiques de manière générale.

Mais pour l’heure, il était temps de retrouver la famille Clearwater et affiliés. Le guérisseur Aslan avait beau avoir été rassurant, Ima restait inquiet devant l’état de santé de la sœur de son ami. Ellie était de la même trempe que Jameson, bien que sa force transparaisse d’une manière différente que chez l’aîné de la fraterie. Elle avait un côté plus conciliant, et pour autant, elle semblait se montrer aussi forte que le fer face aux caractères changeants de ses deux frères. Les écossais étaient de bien étranges créatures… Des êtres taillés à même le roc des falaises, aux bords coupants et à l’aspect inébranlable. Et pourtant, ils avaient cette forme de sensibilité assumée à qui ont confierait volontiers le rôle de barde des temps modernes. Des grandes gueules capables de produire les pires insultes comme formuler les mots les plus doux. Passer du temps auprès d’eux, était comme subir un été éreintant et un hiver glacial dans le même temps. On en sortait un peu étourdi, mais un curieux attachement se créait, et rapidement, on en redemandait encore. La phrase d’Ellie pour l’accueillir dans la chambre était une parfaite illustration de ce qu’était un Clearwater, et Ima eut un rire sonore en réponse à sa question.

- Je sais qu’on manque de soignant, mais j’espère qu’on trouvera d’autres solutions avant de recruter des incompétents !

Il se tourna avec un intérêt non dissimulé vers l’époux d’Ellie en lui serrant vigoureusement la main, tout en posant l’autre sur son épaule. Il ne faisait pour l’occasion pas cas de sa traditionnelle retenue, considérant cette grande famille un peu comme la sienne.

- Amastan, c’est bien cela ? Il posait la question par simple politesse, ayant cette capacité bien pratique dans son métier de retenir chaque nom qu’on lui présentait. On n’a jamais fait que se croiser j’en ai bien peur… Ravi de pouvoir enfin vous saluer correctement.

Avançant un siège pour lui-même, il s’installa à côté du lit, croisant ses grandes jambes autant que le petit espace le lui permettait.  Il espérait que le mari d’Ellie serait assez à l’aise pour se rassoir également mais n’osait le lui proposer. En quelques mots, il expliqua à Ellie la raison de sa venue, et l’interrogea sur son ressenti suite à son passage aux urgences. Rapidement, ses questions s’orientèrent vers le guérisseur Aslan et il ne fut pas surpris devant les éloges de la Clearwater. Quand enfin ils eurent épuisé tous les sujets relatifs au rapport du Ministère, Ima se permit de l’interroger brièvement sur l’état de santé de sa famille, et notamment celle de son jeune frère Braxton. La mine d’Ellie prit une teinte bien plus peinée en lui répondant, et le malien renonça à creuser ses réponses de plus en plus brèves.

Il avait de quoi écrire son rapport, et avait déjà en tête les quelques lignes qu’il laisserait échapper à la presse, présentant le guérisseur modèle iranien. Ce dernier serait sans doute très gêné en apprenant tout cela le lendemain, mais aucune parole d’Ima n’était jamais un mensonge. Toujours une vérité, bien que sciemment mise en avant pour servir son intérêt du moment.