The one I trust [ft. Yeleen]

Sean était installé sur la petite table en ferraille qui trônait dans la salle sur demande, observant le décor avec un air toujours plus fasciné. Quand il était reparu dans ce couloir un peu plus tôt dans la semaine, il avait d’abord été étonné de ne pas trouver cette fameuse porte par laquelle elle et Yeleen étaient passés. La salle était peut-être éphémère, n’apparaissant que rarement aux yeux des étudiants. C’était dommage car le jeune homme avait vraiment espéré pouvoir aménager l’endroit à sa convenance pour fêter dignement l’anniversaire de son amie qui avait insisté ne pas vouloir aller dans un pub classique des environs. Mais alors que ce regret lui trottait en tête, la porte fit soudain son apparition, bien qu’elle lui semblât un peu différent. En la poussant, il avait été abasourdi pour ce dont il fut témoin, et le fonctionnement de cette salle commença à faire un peu plus sens dans son esprit.

Aussi, il s’était empressé d’envoyer un mot à Yeleen pour lui donner rendez-vous dans cette même salle dimanche matin, à l’heure qui lui conviendrait pour un petit déjeuner en tête à tête. Cette solution lui avait semblé la meilleure afin de ne pas empêcher Yeleen dans le cas probable où elle aurait d’autres plans pour son anniversaire.  Le jour J ne serait que le lendemain, mais entre le stage et les cours, Sean n’était pas certain qu’elle serait disponible. Sur la table trônait ainsi divers mets tenant plus aux petits déjeuners continentaux que britannique : brioche, petits pains, viennoiseries avec marmelade et pâte au chocolat. Des pots étaient emplis de cafés, thés et jus divers et variés qui semblaient rester aussi chaud que frais en fonction de leur contenu. Le tout était à l’image de ce décor qui correspondait semble-t-il à ce qu’il avait en tête quand il avait passé le pas de cette porte.

Des pavés inégaux s’étalaient au sol, menant à une espèce de petite place où trônait une fontaine qui offrait un discret murmure d’eau ruisselante. Là, se tenait une table ronde en ferraille, entourée de deux chaises, recouverte d’une immense pergola de bois recouverte de glycine. Les fleurs lilas pendaient de part et d’autre de la structure de bois qui pliait presque sous leur poids. Les murs de la pièce ressemblaient à des façades de vieilles maisons aux tons ocres et rosés, tandis que d’immense fenêtres éclairaient la scène d’une lueur dorée. Le tout donnait l’impression d’être sur une place de village, dans le sud de la France ou en Italie. Du moins, c’était ainsi qu’il se représentait ces lieux principalement vus dans des films, n’y ayant lui-même jamais mis les pieds.

Sur la chaise laissée vacante, il avait posé un paquet soigneusement entouré de papier kraft, et alors que son regard passait sur ce dernier, il serra ses lèvres l’une contre l’autre d’appréhension. Ce cadeau, il l’avait préparé des mois auparavant, sa conception demandant du temps et du savoir-faire, bien avant que leurs vies ne volent en éclat. A l’époque, il n’imaginait pas un seul instant qu’il aurait été amené à suivre la conduite qu’il avait tenu depuis ce début d’année. Yeleen était l’amour de sa vie, son âme-sœur. Il l’avait compris dès le premier jour où son regard s’était posé sur elle. Le choix de ce cadeau avait eu la même naturelle évidence que cette constatation. Mais aujourd’hui, il craignait la réaction de son amie en l’ouvrant. Pour autant, il n’avait pu se résoudre à ne pas lui offrir et s’il ne doutait pas de l’intelligence qu’elle aurait à recontextualiser cette attention, il espérait qu’elle n’en serait nullement blessée.

La porte s’ouvrit soudain sur son amie, interrompant ses éternelles remises en question, et le jeune écossais se leva subitement, comme s’il était pris sur le fait. Il resta gauchement planté là, à l’observer, avant de se reprendre pour s’avancer vers elle.

- Bon anniversaire en avance Yeleen… Je t’offre le petit déjeuner. Son visage se tourna vers la table chargée de nourriture avec un sourire timide. J’espère que tu as faim…

Elle s'était réveillée en tremblant des genoux, son regard se posant sur l'intérieur de son armoire au moment même où Sean lui avait envoyé sa note. Et pourtant, elle n'avait jamais été très coquette, se contentant de jeans et de chemises la plupart du temps pour être le plus à l'aise possible. Puis sous les robes de Serdaigles, elle n'avait nullement besoin de s'habiller selon certaines convenances et pourtant ce matin la, elle doutait un peu. Et si ses cheveux étaient trop crépus aujourd'hui ? Et si Sean lui avait juste proposé de se voir quelques minutes au final? Les joues légèrement en feu alors qu'elle se levait du lit en silence, laissant Liadan dormir tranquillement dans le sien, Yeleen s'éclipsa rapidement dans la salle de bain pour se préparer, optant pour une légère robe vert pâle et les cheveux en chignon pour se présenter légèrement fébrile au septième étage, longeant trois fois le fameux couloir avec les indications de Sean.

Un sourire au coin des lèvres, elle ne mit pas longtemps à ouvrir la porte dérobée qui se présenta à elle et s'arrêta momentanément devant les pavés sous ses pieds, la chaleur et le décor sorti des plus beaux films romantiques s'étalant sous ses yeux. Entre les fleurs, le doux parfum du petit déjeuné qui s'élevait et Sean qui s'était levé de cette petite terrasse en fer forgé, Yeleen n'eût que yeux que pour lui, brillant d'un éclat sincère. Elle n'avait jamais voyagé jusque là, ses déplacements s'etant uniquement fait de domaines en domaines lorsqu'elle vivait chez les de Clare, sans jamais réellement mettre le nez dehors dans des ruelles magiques ni moldus. Mais ce que lui offrait Sean à cet instant était un voyage qu'elle n'avait jamais pensé faire un jour, pas même en exploitant toute la magie de cette salle.

"C'est sublime Sean... Bonjour." signa-t-elle presque timidement, se sentant néanmoins un peu gauche avec ces petites baskets dans cette place. Était ce l'Italie ou la France? Qu'importe, c'était juste parfait et pour la première fois depuis longtemps, elle entendit presque son ventre grogner d'appétit à la vue du petit déjeuné très complet sur la table. Remarquant alors le petit paquet posé sur la chaise vacante, Yeleen eut une petite moue. L'an dernier encore, ils s'étaient offerts un bonnet et le t-shirt d'une célèbre équipe écossaise et elle s'était bien rendue compte qu'avec le temps, les cadeaux qu'ils s'offraient étaient de plus en plus intimes, lourd de signification.

"Tu n'étais pas obligé... C'est vraiment gentil, merci." se mordant les lèvres, elle longea la fontaine en passant ses doigts dans l'eau, appréciant la fraîcheur apportée alors que tous les petits détails qu'elle voyait sortir de l'imagination de Sean lui prodiguait une chaleur inouïe. "C'est vraiment beau... Tu es beau aussi." elle ne put s'empêcher de le lui dire, comme ces quelques matins où elle s'était réveillée à ses côtés, le couvrant de baisers et de compliments.

Arrivant près de la table, elle entreprit de lui servir le café comme il aimait bien l'avoir lorsqu'ils étaient à l'appartement avant de faire le sien, posant le paquet kraft sur la table pour s'installer à sa place.

"Je suppose que je dois l'ouvrir que demain?" un air mutin flotta dans son regard, très curieuse de savoir ce que cela pouvait être. Sans oser secouer le cadeau, elle s'amusa doucement pour détendre le Gryffondor qui crispait presque ses mains sur la chaise a"C'est une machine à café ?"

Quand Yeleen fit son apparition, Sean retint sa respiration en la scrutant, l’air légèrement ébahi. La Serdaigle avait revêtu une robe pour l’occasion, fait assez rare pour le laisser pantois, devant elle. La bouche du jeune sorcier s’ouvrit légèrement sans qu’aucun son n’en sorte, mais ses oreilles se mirent à rougir, preuve de l’agitation intense qui l’habitait. Elle était tellement belle que c’en était presque indécent. Sean buta sur sa propre chaise en voulant s’avancer, se retenant à la dernière minute au dossier en ferraille pour ne pas tomber.

Heureusement, Yeleen semblait suffisamment absorbée par le décor que la magie avait créé pour eux pour s’apercevoir de son désarroi. Le Gryffondor déglutit afin de se reprendre, alors que son amie signait pour le remercier, appréciant visiblement l’effort qu’il avait déployé. Mais la vue du paquet sur son siège parut lui déplaire et son visage aux traits gracieux pris une teinte embêtée alors qu’elle s’asseyait face à lui. Elle lui expliquait qu’il n’aurait pas dû tout en le remerciant cependant. Sean soupira discrètement, soulagé qu’elle ne refuse pas son cadeau avant même de l’ouvrir. Mais alors qu’il reprit place sur sa chaise, ses genoux cognèrent brutalement la table en lisant le compliment de Yeleen. Son visage prit une belle teinte écarlate alors qu’il bredouillait en répondant.

- Oy, thusa cuid… commença-t-il, tellement pris de court que les mots lui vinrent instinctivement en gaélique. Mais entendant son accent, il se reprit, encore plus embarrassé. Je veux dire toi aussi… Tu es très belle. Vraiment très belle…

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas parlé gaélique, et Sean s’étonnait que ce réflexe lui revienne à présent – dans un tel moment. Voilà qui rendraient assez fiers les Clearwater de sa famille. D’un geste empressé, il récupéra la tasse que lui tendait Yeleen, la remerciant en signant de sa main libre. Décidemment, il ne savait apparemment plus comment lui parler, passant d’une langue à l’autre, emporté par son embarras. Mais devant l’hésitation de Yeleen concernant son cadeau il s’empressa de se récrier.

- Non non tu peux l’ouvrir tout-de-suite ! C’est vraiment pas grand-chose… Enfin, je veux dire… Je ne suis pas sûr que tu vas apprécier… Ou que ça te sera utile…

En y réfléchissant, était-ce vraiment un cadeau pertinent ? Yeleen y verrait-elle un quelconque intérêt ? N’était-ce pas plutôt une attention centrée sur lui ? En se mordant les lèvres, Sean se mit à douter fortement de son choix et fut à deux doigts de lui retirer le paquet des mains. Mais Yeleen l’avait déjà attrapé, et sa réserve parut l’intriguer plus qu’autre chose puisqu’elle finit par déchirer le papier kraft que le voyage avait affiné. En-dessous, un papier de soie plus délicat encore protégeait un lourd tissu plié.

Il ne s’agissait pas de n’importe quelle étoffe. Sur un fond vert foncé, le motif présentait de grosses rayures rouges et vertes que croisaient de fins traits violet, roses, jaunes et blancs. Le tartan du clan Clearwater. Sur un coin du plaid, étaient brodés le crest du clan - une épée frappée d’un cercle avec quelques runes en futhark - la devise « In My Defens God Me Defend », avec en-dessous, le prénom de Yeleen.


- C’est le tartan du clan Clearwater, expliqua inutilement le jeune écossais à son amie alors qu’elle pouvait aisément le comprendre par elle-même. Tu peux l’utiliser en plaid, en châle ou en couverture… Je veux dire, tu n’es pas obligée de le porter… Il a été tissé aux Hébrides et a certaines particularités… Sa taille peut s’adapter, et on dit qu’il protège le clan de bien plus que simplement le froid ou la pluie…

Pas besoin de détailler à Yeleen le caractère engageant de ce cadeau, ni le fait qu’il avait dû demander l’accord et la bénédiction des anciens pour pouvoir le lui offrir. Sans perdre les rougeurs qui s’étalaient sur ses joues depuis qu’elle était entrée dans la pièce, Sean ne put s’empêcher de remarquer à quel point le vert sombre du tartan se mariait bien avec la robe qu'avait revêtu la jeune fille. A la voir ainsi sur le point de porter les couleurs Clearwater, son cœur s’emballait et il dû plonger dans son café pour cacher sa fébrilité.

- Mais comme je le disais, tu peux simplement l’utiliser en couverture d’appoint… Il commence à faire bien froid dans les dortoirs…

Le jeune sorcier inspira longuement en se redressant pour tenter maladroitement de donner le change à la conversation.

- Tu as des plans pour aujourd’hui ? Et pour demain ?

Attrapant une brioche, il entreprit de la couper pour la tartiner de chocolat avant de la déposer devant son amie dans un geste si craintif qu’il n’osait presque pas la regarder dans les yeux.

Les mots en gaélique soudainement dit par son ami la surprirent un instant, un sourire sur les lèvres alors que son regard pétillait doucement de malice à son égard. Elle ne lui avait jamais dit qu'elle adorait l'entendre parler ainsi, même si elle ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'il disait, même si depuis cet été avec grand mère Maggie qui fredonnait des chansons par dessus ces recettes de cuisine, cela ne lui faisait que rappeler ces longues journées passées à attendre le retour de Sean. Et loin de penser qu'elle lui ferait reparler cette belle langue qui lui faisait presque autant d'effet que son premier vol sur balai, Yeleen passa sa main dans ses cheveux en tentant de replacer quelques mèches rebelles. son teint prenant des couleurs sous le compliment de Sean.

Baissant le regard sur le paquet offert, Yeleen préféra y centrer toute son attention, bien trop touchée par le simple fait qu'il la trouve jolie à cet instant. Espérant ne pas être aussi rouge pivoine que les actrices dans les fameux films de Noël, la Serdaigle entreprit d'ouvrir doucement le paquet, se rendant compte de la douce et soyeuse étoffe de laine qui s'étendait entre ses bras au fur et à mesure que le tissus glissait du papier. Sans se l'expliquer, elle perdit son sourire alors que ses doigts parcouraient l'ensemble des lignes de couleurs qui se croisaient inlassablement, tandis qu'un des bords du tissus était brodé de la devise qu'elle avait lu à de nombreuses reprises sur l'arche du domaine accolé à son prénom.
Le visage presque blême, elle releva les yeux vers Sean qui lui expliquait entre tous ces mots que ce n'était qu'un plaid pour la protéger du froid, qu'il protégeait le clan de bien des manières, tissé dans les iles ... mais à la relecture de son prénom dessus, brodés spécialement pour elle, Yeleen y lut soudainement bien plus qu'il n'en fallait. Le tissus encore en main, elle ne sut quoi dire pendant quelques minutes, laissant Sean tartiner la brioche en lui demandant ces plans comme du ketchup sur des frites. Clignant plusieurs fois les yeux sur ce qu'elle tenait entre les mains, elle se sentit frissonner de la tête au pied, les neurones totalement déconnectés par ce présent si singulier.

"Qu'est-ce que ... c'est à ta famille." remarqua-t-elle, son cœur manquant de nombreux battements, la rendant sourde durant de nombreuses secondes.

La gorge serrée, la Serdaigle ne sut comprendre soudainement pourquoi elle s'en vêtirait simplement pour avoir moins froid dans le dortoir alors qu'un tartan de clan avait une toute autre signification. Grand Mère Maggie avait été la première à lui montrer comment elle les tissait, l'engrenage des différentes lignes de couleurs, leur signification avec le temps et selon les clans, la symétrie, l'emblème même de cette famille qui se passait de génération en génération.

"Sean, c'est ... "

Manquant de mots mais certainement pas d'émotions, Yeleen ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt en se levant de sa chaise, le ventre noué par l'attention qu'elle venait de recevoir pour une journée qu'elle n'avait pas pensé aussi exceptionnelle. L'étoffe encore en main, les larmes aux yeux, elle la déplia d'un geste franc mais souple, faisant le tour de cette petite table et vint directement s'installer sur les genoux de son ami en déposant le tartan par dessus ses épaules pour l'englober également sous la protection des runes.

Respirant soudainement difficilement, Yeleen n'avait plus aucun mot pour lui faire comprendre à quel point elle était sincèrement touchée par le soin délicat du plaid. Elle ne ressentait que cet élan qui la poussait à venir partager ces battements de cœur, ses bras noués autour de son cou pour le serrer contre elle. Avait-elle peur de comprendre à travers son prénom sur l'étoffe qu'elle faisait partie de sa famille? Elle n'avait pas envie de le lui arracher les mots de la bouche, elle n'était peut-être même pas encore prête à le comprendre pleinement après des journées à se réveiller avec un sourire sur les lèvres, après des semaines de doutes. Elle avait juste besoin de l'avoir une nouvelle fois dans ces bras, même sagement installé en amazone sur ses jambes.

Le parfum des iles Hébrides lui monta au nez, tout comme la chaleur et la proximité de Sean qu'elle avait cherché toute cette semaine sans oser la retrouver de pleins grès pour ne pas le gêner. Sans un instant penser que cette place qu'elle avait cherché depuis si longtemps était en fait à ses cotés, Yeleen se rendait bien compte de toute l'implication qu'un tissu offert pouvait comprendre, loin d'être simple et juste servir d'apparat.

Quand le regard de Yeleen se posa sur son cadeau, Sean sentit immédiatement qu’il avait échoué dans son désir de lui faire plaisir. La jeune fille avait instantanément perdu son sourire et il du se concentrer pour lui fournir ses quelques explications sans se perdre en bafouillement. Le présent ne semblait absolument pas lui plaire. Evidemment. Comment avait-il pu croire une seule seconde que c’était une bonne idée d’aller au bout de ce qu’il avait prévu il y avait des mois de cela ? Le Gryffondor s’était pourtant bien persuadé d’y aller lentement, pas après pas, pour regagner la confiance de son amie. Et lui offrir aussi soudainement le tartan du clan n’était pas ce qu’on pouvait appeler prendre son temps. Il tenta de faire diversion avec sa pauvre tartine, mais le silence de Yeleen était sans équivoque. Elle détestait… Est-ce que lire son nom brodé sur le motif Clearwater était une idée si répugnante que cela ?

Finalement, il perdit lui aussi la moindre rougeur qui avait habillé son visage en levant les yeux vers elle alors qu’elle signait quelques mots qui lui brisèrent le cœur. Yeleen remarquait à juste titre que le tartan marquait l’appartenance à son clan. Et clairement, elle ne partageait pas cette allégeance – voire ne la souhaitait pas. Pourtant, ses yeux se mirent à briller alors qu’elle se leva pour contourner la table et s’assoir à même ses genoux, passant le plaid sur ses épaules. Sean l’observa sans comprendre, son cœur explosant dans sa poitrine devant sa soudaine proximité alors qu’il n’osait toucher le corps de son amie posé sur le sien. Yeleen ne prit aucune de ces précautions et ses bras l’entourèrent pour le serrer contre elle, glissant son souffle dans son cou. Le Gryffondor était complètement perdu, mais répondant instinctivement à son geste, une de ses mains se pressa dans son dos pour la maintenir contre lui, tandis que l’autre se rua dans sa chevelure qu’il s’était jusqu’alors tant retint d’effleurer.

Le cadeau ne lui avait pas plu, elle s’en était même débarrassé en le posant sur ses propres épaules. Et pourtant, elle était là, sur ses genoux, collée contre son torse, le nez contre son épaule… Sean était passé à côté de quelque chose, mais quoi ? La jeune fille souhaitait sans doute le remercier pour l’effort, et surtout préserver son amour-propre avec sa bienveillance légendaire. Pourtant, elle devait avoir été la première à être blessée par ce présent qui tombait si mal. Qui était-il pour lui proposer de faire partie de son clan, lui qui lui avait brisé le cœur ? Est-ce que parce que l’histoire familiale de Yeleen était si tragique, il pensait qu’elle accepterait de rejoindre la sienne ? Confus, le jeune écossais secoua la tête en reculant le menton pour pouvoir l’observer en silence. Yeleen avait les yeux rougis et cette vision était terrible et bien plus qu’il ne pouvait le supporter.

- Je suis désolé Yeleen, lui lança-t-il d’une voix brisée. Je n’aurais pas dû… Je comprends tout-à-fait que tu le refuses… Je te ferai un autre cadeau… Un cadeau par jour si tu veux… Jusqu’à ce que tu décides de me pardonner…

Quel idiot il faisait, à ne penser qu’à lui et aux Clearwater sans se préoccuper le moins du monde des sentiments de son amie. S’il le pouvait, il se mettrait à genou devant elle, ou il remontrait le temps pour ne pas avoir cette stupide idée. Le sorcier avait tendance à tout faire de travers en ce moment, mais son esprit embrouillé n’excusait pas tout. Il se rendait compte à présent à quel point il avait peu cherché à connaître la propre famille de la Serdaigle et son histoire, par crainte qu’elle ne soit pas encore prête à la lui révéler. Les Sô avaient-ils un tissu qui représentait leur appartenance. En lui offrant son tartan, Sean avait-il insulté leur mémoire, imposant par la même occasion son clan à Yeleen ?

- Je suis désolé, reprit-il dans un souffle, confus de ne savoir que dire de plus. Je regrette si je t’ai fait de la peine, ce n’était pas mon intention… Je voulais seulement te dire que… Te montrer que… Je n’aurais pas dû…

Elle secoua la tête au moment où il s'excusa, semblant comprendre qu'elle n'avait pas apprécié le cadeau qu'il lui avait offert et mit un temps avant de se redresser, laissant ses doigts glisser sur les motifs du tartan. Le tissus était une merveille et elle était loin d'avoir pensé un seul instant que le clan Clearwater pensait encore qu'elle avait une place dans la famille après la rupture passée. Ce cadeau était trop beau pour être vrai, il y a de cela quelques jours à peine, elle pensait encore que Sean avait définitivement tourné la page sur son existence et ce présent lui rappelait combien ils avaient un équilibre encore fragile à consolider.

"Pardon, je ... "

Perdant le moindre mot, elle souffla doucement alors qu'elle plongeait dans ces beaux yeux, plissant les lèvres pour tenter de mettre de l'ordre dans tous ce qui s'entrechoquait dans son cœur et sa tête. Fallait-il qu'elle prenne ce cadeau comme ce simple plaid dont qu'il parlait pour se couvrir les soirées d'hiver seulement sans y voir une autre signification? C'était un objet familial, elle était certaine que c'était le genre de présent qui ne quittait que rarement le domaine pour quelqu'un d'extérieur. Mais la voix brisée de Sean la ramena à lui et elle secoua de nouveau la tête, les yeux presque larmoyants malgré elle.

"C'est beaucoup. C'est sublime et je ne vais pas juste m'enrouler dedans le soir alors que pour vous ... pour toi, ça doit avoir une autre signification."

Elle ne voulait pas d'autres cadeaux, elle n'en voulait aucun d'ailleurs. Tout ce qu'elle souhaitait, hier comme aujourd'hui et demain, c'était une vie remplie de simplicité avec Sean à ses cotés. Resserrant le tissus sur ses épaules, Yeleen eut un léger sourire en coin, le souvenir fugace de leur remise de diplôme où il avait vêtu un Kilt avec les mêmes motifs. Ce cadeau représentait une tradition dans laquelle il l'invitait à y mettre les deux pieds et c'était bien plus que tous ce qu'elle n'avait pensé, balayant presque ces semaines passés loin de lui.

"Tu n'as rien à te faire pardonner par contre, ça ne marche pas comme ça." rectifia-t-elle doucement "Quoi que tu veuilles me dire ou me montrer, j'ai juste besoin que tu me regardes ... c'est probablement ce qui m'a le plus manqué."

Un aveu qui n'était pas anodin mais qui restait encore dans son ventre noué à la simple évocation de ces semaines sans lui. Son regard, son affection même depuis l'autre bout du couloir, cette simple attention lui avait manqué. Le temps ferait en sorte de panser les blessures qu'elle s'était infligée en s'imaginant les pires scénarios possible, exacerbés en une seule et unique journée d'ailleurs, sur laquelle elle avait du mal à venir. Mais au delà de croire qu'il devait se faire chaque jour pardonner de lui avoir tourner le dos, le Gryffondor semblait surtout avoir un mal terrible à se pardonner lui-même et la Serdaigle se demanda un moment si @Adil Mesli et lui avaient pu en parler depuis. Elle se souvenait encore du regard de son meilleur ami durant l'enterrement du frère d'Apo et il était évident qu'ils n'avaient probablement pas eu l'occasion de mettre les choses à plat. Elle espérait seulement qu'aucun d'entre eux n'en sortirait avec un œil au beurre noir. Le soutien d'une famille était ce qu'il y avait de plus important, le clan Clearwater n'avait cesse d'être uni en toute circonstance et elle savait que Sean se sentirait certainement beaucoup plus confiant après une discussion avec son cousin.

"Ne te méprend pas, c'est un des plus beau cadeaux que tu m'as offert, rien de ce que j'ai ne peut se mesurer à sa valeur." continua-t-elle, toujours sur ces genoux. "Excuse moi de t'avoir fait douter de tes compétences en surprise, elles sont toujours parfaites."

Touchée et sans jamais sous estimé tous ce qu'il avait pu lui offrir jusque là, Yeleen lui accorda un léger sourire en coin, souhaitant plus que tout le rassurer avant de se rendre compte de leur proximité qu'elle n'avait pas mesurer en premier lieu. Elle s'écarta légèrement, les joues rougissantes avant de regagner sa place, laissant encore un peu le tartan sur les épaules du Gryffondor, rien que pour garder son odeur lorsqu'elle le récupèrerait plus tard.

"Je pourrais le porter pour une occasion spéciale?" commença-t-elle avant de mélanger son café ainsi que le sien et entamer le petit déjeuné avec le plus de douceur possible. Levant les yeux vers lui, elle se rendait compte qu'elle aurait aimé pouvoir s'en vêtir pour le bal de Yule qui approchait à grand pas pour les fêtes de fin d'année, sans trop encore savoir ce que Sean avait prévu avant de probablement rentrer pour les dites fêtes.

Les doigts de Yeleen parcoururent le motif à carreaux alors qu’elle baissait pensivement la tête, avant de signer une brève excuse. Sean ferma momentanément les paupières de dépit en soufflant doucement. Pourquoi lui demandait-elle pardon alors qu’elle n’avait absolument rien fait de mal ? Les yeux de la jeune fille s’étaient mis à briller dangereusement, laissant le Gryffondor sans voix devant son visage ému. Elle recommença à signer, à présent rapidement, et il eut du mal à la suivre, alors qu’elle expliquait que le cadeau était beau, mais trop pour l’utiliser comme simple plaid. Sean ne put que rougir quand elle argua qu’offrir le tartan des Clearwater devait pour lui être lourd de sens.

Le jeune écossais ne su que répondre, et il se contenta de la fixer d’un air désolé tandis que Yeleen se mettait à sourire doucement. Elle ne voulait pas de son pardon, apparemment pas plus qu’il ne voulait du sien – bien qu’il eût tellement plus à se reprocher. Elle ne lui demandait pas d’expliquer le sens de son cadeau, et de nouveau, Sean n’eut comme réaction que de devenir écarlate. Il aurait eu tellement de facilité cet été, avant que Ryan ne débarque dans leurs vies, à lui demander officiellement de rejoindre sa famille. Mais aujourd’hui, tout était plus compliqué, alors qu’il avait lui-même détruit les derniers vestiges de bonheur que leur avait laissé le lycan. Elle disait avoir uniquement besoin de son attention, qui lui avait semble-t-il tant manqué.

Ses mots furent comme un poignard dans le cœur du jeune homme qui du baisser le visage pour échapper à son examen. Comment pouvait-elle croire qu’il avait un seul instant détourné le regard d’elle ? Savait-elle qu’elle était son unique préoccupation, l’objet de toutes ses pensées et de toutes ses inquiétudes ces dernières semaines ? Pouvait-elle imaginer qu’il avait passé des journées à l’observer de loin alors qu’elle s’entraînait sur le terrain de Quidditch, ou quand elle remontait, épuisée et démoralisée, dans la tour qui hébergeait sa salle commune ? Il l’avait suivie à chacun de ses déplacements jusqu’à son lieu de stage, vérifiait qu’elle allait bien en cours, et qu’elle passait par la Grande Salle pour s’alimenter correctement. Oui il avait prétendu détourner le regard à chaque fois qu’ils étaient amenés à se croiser, mais c’était toujours la mort dans l’âme, l’observant à la dérobée dès qu’il le pouvait.

Mais la douleur de la jeune Serdaigle n’en avait pas moins été aussi vivace que s’il s’était réellement désintéressé d’elle et Sean senti une boule se former au fond de sa gorge. Yeleen avait repris ses signes, le remerciant avec une gaieté nouvelle pour son présent dont elle estimait grandement la valeur. Pour autant, elle lui laissa le tissu alors qu’elle regagnait sa place, enchaînant doucement en lui demandant à quel genre d’occasion elle pourrait le porter en vêtement. Dans un flash, Sean les imagina tous deux portant le même motif et son cœur s’emballa à cette idée.

- Oui, tu peux le porter, murmura-t-il en tentant de reprendre une voix posée. A une cérémonie, une fête, une occasion spéciale… Les femmes le portent de manière un peu différente que les hommes normalement, mais tu as plusieurs drapés possibles…

Le jeune homme se leva en tirant le tartan de ses épaules et lui attrapa avec douceur la main pour qu’elle se relève. Une fois qu’elle fut devant lui, il plia le plaid en deux et le passa à sa taille avant de s’agenouiller.

- Une des manières les plus simples est celle-ci… Une grosse épingle était prête sur un coin du tartan et il l’utilisa pour fixer le reste du tissu qui pendit le long de la jambe de Yeleen. Sean prit un peu de recul pour observer son œuvre, puis, s’estimant satisfait, il attrapa la main de son amie pour se relever. Mais tu pourras demander à Nora ou Asel des conseils pour d’autres styles… Tu peux aussi le porter comme un accessoire, en écharpe sur une épaule.

Sans lâcher sa main, il fit un pas en arrière pour la détailler alors qu’un sourire illuminait son visage sans qu’il en ait conscience.

- Tu es juste… magnifique…

D’un geste, il fit passer sa main au-dessus de la tête de l’étudiante pour la faire tourner avant de se rapprocher d’elle, la poussant doucement contre la table. De sa main libre, il effleura sa joue en plongea ses yeux sombres dans les siens.

- Yeleen… Même si tu as pu croire le contraire, je veux que tu saches que je n’ai jamais regardé que toi. Quoi que tu fasses, ou que tu ailles, mes yeux ne se détourneront jamais de toi…

Elle n'avait pas voulu voir son visage se décomposer à la seconde où elle prononça quelques paroles du passé et s'en voulu immédiatement alors que Sean s'enfonçait dans ce pardon qu'il lui demandait. Frissonnant de la tête au pied, elle se retenu de fondre sur lui pour le prendre dans ses bras pour s'excuser de ses maladresses. Elle le connaissait pourtant assez pour savoir que Sean avait aussi besoin de temps, certainement autant qu'elle pour que cet épisode puisse définitivement appartenir au passé, bien que l'ombre de Ryan devait être définitivement éliminé pour qu'il puisse respirer amplement. Tiraillée entre leur laisser le temps de guérir des blessures comme d'accélérer la cadence pour faire tourner le monde à leur manière, Yeleen leva les yeux vers le Gryffondor qui, pour répondre à sa question, lui expliqua qu'elle pourrait effectivement le porter pour divers occasions. Était-ce présomptueux de pouvoir porter un tel cadeau pour un bal à Poudlard ou fallait-il une célébration typiquement au domaine pour cela? S'empourprant alors qu'elle lisait encore son prénom sur l'étoffe, comprenant alors sa portée dans l'avenir, elle écarquilla presque des yeux au moment où Sean commença à l'apprêter, s'agenouillant devant elle pour serrer le tissus à sa taille.

La vague qui traversa son corps la tétanisa un instant alors qu'elle observait les traits concentrés de son ami sur le tissus pour lui présenter la meilleure façon de pouvoir s'en draper avec une innocence pure. Comme avant. La serdaigle s'en mordit les lèvres, ne pouvait s'empêcher d'avoir un léger sourire en coin alors qu'elle passait ses doigts sur les plis de sa robe avant de l'aider à se relever.
Puis elle vit ce sourire. Son sourire. Le seul qui illuminait ces journées depuis cinq ans. Par mimétisme, devenant momentanément sourde au bruit de l'eau de la fontaine, ni même voir toutes les autres couleurs que leur offraient la salle, Yeleen eut également un sourire, ne voyant que Sean face à elle. Elle l'entendit à peine parler d'Asel ou de sa sœur, son regard brillant jusqu'à vouloir l'en dévorer alors qu'il faisait un pas en arrière pour lui adresser un compliment qui aurait pu la faire bafouiller comme une adolescente. Les mains tremblantes, elle aurait aimé lui dire que c'était bien l'étoffe qui faisait tout le charme mais avant même qu'elle ne puisse signer quoi que ce soit, elle se retrouva contre la table de la terrasse, sa main caressant sa joue, lançant dans une déclaration enflammée qu'il n'avait cesse de la regarder. S'empourprant et quasi certaine que sa joue lui brulait la main, Yeleen s'accrocha au rebord de la table alors que ses jambes ne la portaient plus.

L'émotion qui la submergea à cet instant lui rappela combien ces sentiments pouvaient renaitre continuellement à chaque seconde avec Sean et emportée dans son élan, Yeleen glissa ses mains le long de ses flancs pour venir les poser sur sa taille avant de signer, le cœur en feu.

"Je t'ai déjà dit que tu es beau quand tu souris?"

Il n'y avait que lui pour lui dire qu'elle était magnifique. Il n'y avait que lui et il n'incarnait que l'évidence même qu'elle pourrait sauter de son balai en plein vol pour le rattraper s'il sombrait une nouvelle fois. La force qui faisait battre son cœur à chaque instant, elle ne le devait qu'à lui.
Elle se promit à cet instant de ne le faire que sourire, rien que pour regouter au bonheur de le voir heureux.

"Il n'y a que toi ..." et il n'y aurait que lui. Seulement, encore étouffée par le tournis qui la prit, elle ne sut en dire plus sans s'emballer, ni lui faire peur par cette soudaine promesse qui tonnait dans son cœur. Elle voyait l'avenir avec lui, comme son prénom sur ce tartan. Elle voyait une vie remplie à ses cotés, des hauts et des bas mais avec les doigts noués ensemble pour les affronter. Sean la rendait passionné par tous ce qu'ils pouvaient s'offrir encore et elle ne désirait que lui faire vivre le même voyage au centuple.

"Je ne veux que ton bonheur tu le sais ... " bien heureuse de son handicap, elle était quasi certaine que sa voix l'aurait lâché alors que ces joues remontaient doucement, les yeux brillants. "Parce que c'est toi qui me rend heureuse." elle ne lui demanderait pas de revenir sur ce qu'il avait pu prononcer ce jour là en partant mais elle comptait à présent bien lui ouvrir une partie de son cœur pour lui dévoiler l'étendue de son affection. "Alors sache que tu es ma priorité, avant, maintenant et après. Je donnerais tous ce qu'il faut pour que tu puisses sourire, au moins une fois chaque jour."

Alors, sans prendre la peine de le prévenir, elle l'attira contre elle, posant sa main sur sa nuque pour effleurer ses lèvres des siennes, un sourire en coin, sachant combien il en fallait peu pour entendre son cœur battre à la chamade. Un cœur qui ne se détournerait jamais de lui. Son regard glissa sur ses lèvres et sans les quitter, captivantes au possible et encouragé par son propre courage, Yeleen s'installa sur la table en repoussant derrière elle les assiettes et la tartine fraiche de son Gryffondor pour le faire céder contre elle. Le souvenir de leur premier baiser dans cette salle de classe lui revint sous les yeux et elle se surprit à rougir encore plus que cette première fois. Elle n'avait jamais pensé que la veille d'un anniversaire pouvait être aussi doux et enchanteur.

"Je n'ai toujours pas récupéré les bisous manqués de cette semaine." osa-t-elle rappeler, ses mains lissant presque nerveusement le tartan encore sur sa taille "Je ne sais pas ce que tu as prévu après ce petit déjeuné mais j'ai très envie de passer cette journée qu'avec toi."

Les mains de son amie se posèrent sur lui, l’effleurant avant qu’elle ne se mette à signer à son tour, complimentant son sourire. Ses signes eurent pour résultat immédiat de le faire rougir violemment sans qu’il ne puisse se départir de ce sourire qu’elle venait de faire renaître. Yeleen semblait réellement émue, ses signes s’enchaînaient et s’interrompaient, évoquant des révélations toutes plus bouleversantes les unes que les autres. Le regard brûlant de Sean passaient de ses mains à son visage empourpré alors qu’elle lui révélait qu’il était le seul pour elle, qu’elle ne désirait que son bonheur, puisque c’était lui qui faisait le sien, lui et son sourire étant sa priorité. Heureusement que son amie signait, car Sean était persuadé que les battements de son cœur résonnant à ses oreilles auraient couvert le son de sa voix.

Sans aucune pitié pour ses sentiments s’embrasant, ses joues écarlates, son souffle court, la Serdaigle s’installant sur la table pour l’attirer à lui. Le jeune écossais se perdit dans son regard, n’ayant à peine le temps de lire sa réclamation. Elle n’avait fait qu’effleurer ses lèvres, mais ça avait suffit à le rendre fou. S’approchant de nouveau vers elle, il sentit son souffle contre lui et ses joues se plissèrent, accrochant un sourire à son visage alors que de nouveau sa main glissa le long de la mâchoire de Yeleen qui lui semblait brûlante.

- C’est vrai ? Je t’ai promis ça, lui murmura-t-il d’une voix si basse qu’il s’entendait à peine. Il avait l’impression d’être au beau milieu d’une cascade d’eau, le son assourdissant les entourant alors qu’il n’avait d’yeux que pour Yeleen, son regard de braise, ses lèvres roses… Se penchant lentement sur elle, il déposa précautionneusement ses lèvres sur les sienne, caressant sa peau à l’aide de son pouce.

Il restait encore prudent, testant lentement ses limites, vérifiant qu’à aucun égard il ne risquait de mettre en danger Yeleen. Mais c’est une autre perte de contrôle qui s’empara de lui alors qu’il reculait son visage pour l’observer - presque étonné de la force de ses sentiments pour elle. Sans pouvoir se retenir, il fondit alors de nouveau sur elle, avec beaucoup plus de force et de passion, sa deuxième main venant encadrer le visage de la jeune fille qu’il gardait collé au sien alors qu’il se penchait de plus en plus. Finalement, sa main vint caresser le cou gracile de la Serdaigle avant de se perdre sur ses hanches.

Quand il s’arracha à elle, il avait le souffle court et l’âme en feu. Sa main s’était glissée sous le kilt qu’il venait de lui accrocher, et s’en rendant compte il la retira immédiatement avec embarras. Son regard chercha le sien pour tenter de lire s’il était allé trop loin. Il l’aimait tant que c’était difficile pour lui de savoir quelle limite respecter. L’étudiant se devait de lire le moindre signe que lui enverrait son amie.

- Je… n’ai rien prévu, lui avoua-t-il sans pour autant reculer de son étreinte. Au cas où… tu aurais d’autres plans. Mais considère que je suis tout à toi pour aujourd’hui… Alors, on peut faire absolument tout ce que tu veux.

Se détachant alors d’elle, il lui prit la main pour l’aider à se redresser, mais de nouveau son coeur s’emballa en voyant son visage empourpré et ses cheveux emmêlés. Le Clearwater avait l’impression de retrouver la jeune fille auprès de qui il avait pris l’habitude de s’endormir - de se réveiller. Elle lui avait tant manqué que ses entrailles se nouait de bonheur et de douleur tout à la fois, alors qu’il ne lui semblait avoir qu’un seul besoin, et qu’un seul désir: elle. Y répondant encore instinctivement, le Gryffondor l’embrassa de nouveau, prenant le temps de goûter ses lèvres comme si c’était la dernière fois qu’il avait l’occasion de le faire. La vie leur avait prouvé que ce qui semblait aussi solide que le roc pouvait être réduit en poussière en une seule seconde. Le jeune Gryffondor ne savait où son existence le mènerait, mais il avait la chance de serrer contre lui l’amour de sa vie, et il n’était pas prêt à la laisser s’éloigner de lui.

L'avoir entre ses bras remettait en question le temps et l'espace où elle était, l'éternité lui semblant même trop courte à chaque instant où il plongeait son regard dans le sien. Mais lorsqu'il posa la première fois ses lèvres sur les siennes, embrasant timidement son coeur par ce simple contact, Yeleen senti son âme brûler comme au premier jour, tremblant des doigts alors que sa voix rauque lui murmurait une promesse.

Pourtant, ce fut la seconde vague qui l'emporta soudainement, déconnectant un par un chaque neurone pour venir taper contre son coeur et son ventre. Brûlante comme une comète en plein ciel, Yeleen tentait de se raccrocher à ses mains, les oreilles bourdonnantes de passion, leur souffle se mêlant avec une force inouïe.

Le bonheur portait le prénom de Sean depuis quelques années, la promesse de l'infini sur le bout des lèvres, la Serdaigle s'affranchissait des barrières et des risques en même temps que le Gryffondor, se laissant consumer par des émotions qui ne cherchaient qu'à être libérer depuis des jours et des semaines. Ses mains gagnèrent rapidement sa nuque qu'elle caressa jusqu'à le vouloir encore plus proche d'elle. Comment faisait-il pour réveiller ce manque à chaque instant ? Comment avait-elle fait pour survivre sans sa présence jusque là? Le présent lui offrait une telle chance qu'elle maintenu les yeux fermés au moment où il s'arrachait d'elle, ses mains qui s'étaient faufiler sur ses hanches la quittant mais la poussant à rester près de lui, comme un aimant.

Plus rien n'avait d'importance et les lèvres en feu, elle n'eut même pas à les chercher plus longtemps alors qu'il lui avouait n'avoir rien prévu d'autres en cette journée, se calant de nouveau parfaitement dans ces bras, à sa juste place. Incapable de parler, de signer ni même de pouvoir réfléchir sans perdre le fil de ses ots, Yeleen tombait irrémédiablement amoureuse de Sean à chaque battement de coeur et lui prit la main, le souffle court en l'attirant vers un des somptueux bâtiments sorti de son imagination.

En silence mais avec une hâte à peine contenue, elle poussa la porte de bois fleurit, oubliant le petit déjeuné à peine entamé et entrèrent dans une petite chambre cosy aux murs de pierres et drapés de soyeux draps à l'ambiance champêtre. Seuls et sans même attendre que le battant se referme, Yeleen fut la première à fondre sur ses lèvres, incapable de retenir cette vague d'émotion déferlant dans chaque cellule de son corps. Aucune sensation n'était plus intense que cette attention que Sean lui accordait entre ses regards, ses souffles courts et ses mains qui ne quittaient plus les siennes.

"Je ne veux pas de limite quand tu es là... Je ne veux que toi."

Sans savoir si Sean la lisait encore à ce stade, Yeleen plongea dans ces beaux yeux et confronta son avenir dans ces iris. L'amour la soulevait jusqu'à un nuage réconfortant, englobé dans un cocoon qu'elle ne souhaitait partager qu'avec lui. Le bonheur était sur le bout de ses lèvres, les siennes et elle vint les cueillir presque sur la pointe des pieds, l'attirant sur le lit dont les draps lui rappelaient ceux dans lesquels ils avaient passé des nuits, des matinées et quelques après midi à se découvrir et redécouvrir éternellement.

Tournoyant légèrement, Yeleen le fit douceur reculer contre le lit, quittant momentanément ses lèvres pour enlever le tartan de sa taille et le déposer avec précaution sur le rebord d'une chaise non loin. Elle comprenait qu'il souhaitait prendre son temps mais l'intensité de ses baisers et de ses mains sur sa peau ne laissait nul doute. Dans les ténèbres qui avaient entourés Sean durant de nombreuses semaines, elle entrevoyait cette lumière au bout du chemin vers lequel elle lui guiderait à jamais.

"Tu es exceptionnel ..."

Son coeur demandait à exprimer d'autres promesses à son égard mais sans pouvoir mettre d'autres mots sur ce qu'elle ressentait, Yeleen trembla en cherchant de nouveaux ses lèvres, guidant ses mains sur sa taille alors que sa robe se soulevait au fur et à mesure qu'elle invitait Sean à repousser les limites qu'ils rêvaient tout deux de franchir.

"Je t'aime plus que les mots ne peuvent le dire Sean."

Un feu ardent était entrain de l'emporter alors que ses doigts glissaient timidement sur la taille de Sean, dans l'espoir et l'attente de mêler encore et encore ses souffles aux siens comme de leur propre vie. Elle sut alors à cet instant qu'elle attendait avec impatience le jour où il lui offrirait son nom comme sur ce tartan pour lui promettre de faire de chaque jour un moment d'éternité. Mais pour l'heure, son corps hurlait famine contre le sien.

"Tout ce que je veux alors?" rappela-t-elle à bout de souffle, le ventre papillonnant d'envie. Son odeur était déjà entrain de l'ennivrer alors que ses lèvres glissaient à son cou, l'embrassant avec une lenteur pour se délecter de chaque battement qu'elle sentait."Et si... Et si je te disais que ..." une montagne d'envie lui soulevait le ventre et elle tira doucement sur le haut du Gryffondor, les joues en feu, cessant de signer momentanément, prise dans sa fougue d'entendre chacun de ses soupirs à la place s'il lui accordait.

(...)?