The one I trust [ft. Yeleen]

Yeleen ne repoussa pas ses avances, au contraire, la frénésie avec laquelle elle lui répondait interdisait à Sean toute volonté de s’éloigner d’elle. Il sentit son souffle sur elle, alors que leur étreinte se terminait, et la jeune fille lui attrapa la main pour l’attirer derrière elle. Sean la suivit, sans même comprendre comment ses jambes pouvaient le porter. L’étudiant ne sentait plus le sol sous ses pieds qui ne semblaient effleurer qu’un tapis de plume, ses prunelles ne pouvant se détourner du dos de la jeune fille qui poussait la porte d’un des bâtiments. La salle sur demande était censée répondre à leurs envies les plus chères, et Sean faillit s’étrangler en voyant une chambre somptueuse apparaitre sous leurs yeux. Il n’eut cependant pas le temps de l’observer bien longtemps car Yeleen s’était tournée vers lui pour l’embrasser de nouveau, le capturant de ses lèvres sans lui donner aucune possibilité de s’échapper. Mais le Gryffondor n’avait aucune intention de fuir. Il avait perdu toute autre volonté que celle de répondre aux caresses de son amie alors qu’une envie violente lui dévorait les entrailles. Elle signait – rapidement – entre deux souffles brulants – et il n’eut que le temps de lire ses derniers signes qui n’eurent pour résultat que lui faire davantage perdre la raison.

La Serdaigle le poussa jusqu’au rebord du lit, quittant avec une hâte emprunte de précaution le tissu dont il avait habillé sa taille. De nouveau elle signait, l’inondant de compliments pour s’assurer de faire exploser les battements de son cœur dans sa poitrine. Mais ce dernier avait déjà quitté son antre, bien que l’écho de ses pulsations lui parvînt toujours aux oreilles, pour laisser le corps de Sean ne répondre qu’à l’instinct et au désir. Les mains de Yeleen attrapèrent les siennes, les guidant sur ses hanches, l’invitant à prendre le droit qu’il se refusait jusqu’à présent. Ses propres doigts effleurèrent sa taille et ce fut comme si un sortilège électrisant parcourut le jeune homme par ce simple contact.

Elle l’aimait.

Sean se figea un instant, plongeant son regard dans le feu ardent qui habitait celui de Yeleen. Elle l’aimait. Malgré tout ce qu’il lui avait fait subir, il n’avait pas perdu son amour. La joie, la tristesse, la colère l’emportèrent soudainement et tout le magnifique décor disparut pour ne laisser que Yeleen, brulante de désir devant lui. Lui-même se sentait se consumer d’amour pour elle et il n’eut que les mains de la jeune fille sur son torse qui lui permirent de retrouver pied avec la réalité. Alors, il l’aida à terminer son geste, retirant son t-shirt avant de l’embrasser de nouveau avec fougue. Puis, il l’enveloppa de ses bras pour la tourner et la déposer délicatement sur le lit. La voir ainsi, couchée devant lui, les joues rosissantes et les lèvres entrouvertes laissant échapper ses souffles chargés de passion lui fit perdre l’infime part de maîtrise de lui qui lui restait. Mais il n’avait plus peur. Il vivait une perte de contrôle totale qui lui demandait de se reposer uniquement sur la confiance, l’amour et la passion. Tirant la jeune fille toujours couchée vers lui, il finit de lui retirer sa robe pour dévoiler son corps chaud qu’il entreprit d’explorer éperdument avant de s’allonger à son tour sur elle pour unir de nouveau leurs souffles.

(…)

Sean ne savait pourquoi, ni comment il avait fait pour mériter l’amour de Yeleen. Il la contemplait, dans ses bras, ne pouvant détourner son regard de son visage, de son corps soulevé par une douce et régulière respiration. Était-elle endormie ? Soulevant lentement l’un de ses mèches de cheveux, il plongea son nez dans son cou pour en respirer son parfum aux senteurs de paradis. Fermant alors brièvement les yeux, il se laissa emporter par cet élan de bien-être profond qu’elle lui apportait, chuchotant à son oreille.

- Je t’aime aussi Yeleen… Gu bràth agus gu bràth.*





*Depuis toujours et à jamais.

Bercée par le rythme irrégulier des battements de son cœur, faisant largement écho au sien sous les draps du lit, Yeleen sentit le souffle de son Gryffondor à son cou et se lova contre lui alors que le murmure qui lui adressa à son oreille la fit frissonner. Elle adorait vraiment l'entendre parler en gaélique, c'était une sonorité brute et sauvage qui rendait ses jambes cotons et qui la poussèrent à se tourner vers lui, glissant sa jambe sur la sienne avec une certaine pudeur. L'ardeur qui l'avait habité le temps d'un instant se réveillait à chaque fois qu'elle croisait son regard mais la Serdaigle n'en restait pas moins timide et intimidée.

"A tes souhaits?" signa-t-elle en sortant ses mains des draps, un sourire au coin des lèvres. Elle n'avait jamais compris ce patois, bien qu'elle arrivait à discerner le ton des phrases pour comprendre que sa déclaration venait du cœur.

Elle vint rapidement longer des doigts la ligne de sa mâchoire, observant les traits de son visage qu'elle pourrait reconnaître même avec les yeux fermés. Au moment où elle lui avait avoué qu'elle l'aimait, elle s'était vu briller dans ces iris noirs, décuplant son besoin de garder Sean comme son repère absolu, à chérir et à soutenir quoi qu'il arrive. Mais l'entendre dire de ses propres lèvres, c'était encore une surprise de tous les jours et elle vint cueillir un baiser sur le coin de ces lèvres, les oreilles fumantes.

"J'aurais aimé te demander plus tôt de m'apprendre cette jolie langue. C'est bien trop adorable de t'entendre parler ainsi quand ça t'échappe."

Bien sur, elle connaissait également quelques mots, pour avoir entendu à de nombreuses reprises Adil l'appeler mon frère, ou même grand-mère Maggie pester contre les chaussures sales du professeur Clearwater lorsqu'il rentrait au domaine. S'avouer ne pas pouvoir le parler, ni même dire le moindre mot à voix haute lui fit plisser les lèvres, se rendant compte des occasions qu'elle manquait à connaître une vie normale avec Sean. Mais avec un peu de chance, elle pourrait probablement lui écrire, un jour, une lettre en gaélique, rien que pour lui.

Se cachant légèrement sous les couvertures, la Serdaigle ancra son regard dans celui du Gryffondor, se sentant aussi complète que ces petits matins où il se réveillait ensemble. Elle murmura un silencieux bonjour avant de sourire de nouveau, presque naïvement. Était-il heureux? Le regard brillant, elle ne put s'empêcher de détourner son regard, passant sur un sujet bien plus léger pour l'occasion.


"Comment est-ce que vous fêtez Noël aux Hébrides?" Si les ans passés, elle se souvenait que Sean et sa soeur passaient une partie des fêtes à l'appartement de Betty, elle savait que le Gryffondor se rendait au domaine des Clearwater surtout pour le nouvel an et ce fameux saut de l'ange par dessus la falaise. Bien que ce souvenir ne soit plus vraiment très heureux depuis ce qu'ils avaient vu dans la Pensine et depuis qu'elle avait elle-même sauté par dessus, elle ignorait encore les traditions de la famille pendant les repas ou les échanges de cadeau. "Je te préviens, je ne veux pas d'autres cadeaux .. toi et ce tartan, ça me suffit pour au moins 150 ans."

Elle se rendit alors compte qu'elle n'avait aucune idée des cadeaux qu'elle pouvait offrir à sa famille qui avait accepté de l'accueillir pendant les vacances alors que son cœur se serra à l'idée qu'@Iris Faux-Orpin aurait probablement disparu d'ici là. Perdant légèrement son sourire sans le vouloir, Yeleen continua sur sa lancée malgré tout pour ne pas inquiéter Sean des répercussions engendrés par le changement d'un seul nom de famille.

"Sinon je dévalise tous les chalets du marché de Noël pour remplir ta chambre." menaça-t-elle faussement.

Yeleen était radieuse. Son aura semblait illuminer la pièce entière alors qu’elle se tournait vers lui pour lui lancer un sourire dont elle seule avait le secret. Elle lui effleura la joue avant de l’embrasser – mais malgré ce moment d’intimité partagée – elle semblait avoir retrouvé sa pudique réserve. Sean répondit à son sourire avant de se concentrer sur ses signes, alors qu’elle évoquait la langue gaélique qu’il utilisait de plus en plus fréquemment. Sean baissa rapidement le regard en fronçant subrepticement des sourcils. C’était vrai que des mots en gaéliques lui échappaient souvent ces derniers temps.

Il avait pourtant passé des années à gommer son accent écossais, lissant au maximum ses consonnes pour se rapprocher de manière inconsciente du joli phrasé birminghamien de sa mère. Sans doute avait-il tenté durant une période durant laquelle sa relation avec son père était plus que douloureuse de couper tous liens qui le reliaient à lui. Le gaélique en faisait évidemment partie, et Sean en s’exerçant jour après jour, avait fini par effacer de son vocabulaire le moindre mot écossais – pour le plus grand malheur de sa famille Clearwater.

Mais depuis son retour au domaine cet été, le gaélique s’imposait de nouveau à lui – tel un réflexe venu du passé. Le Gryffondor se mettait à le parler comme si cette langue était pour lui la plus naturelle. Peut-être que face aux difficultés qu’il avait rencontrées, le jeune écossais puisait dans des forces et des mécanismes construits durant son enfance. Le plus étrange pour lui étant que la plupart de ces mots, il avait du les apprendre avant son sortilège d’amnésie, et ils lui venaient naturellement sans même qu’il ne sache comment il les avait connus.

Son esprit était un complexe mélange de souvenirs brisés, de connaissances à moitié oubliées, d’idées violentes dont il ignorait l’origine et qui pouvaient tout aussi bien avoir été imprimées en lui lors de son enlèvement. Parmi ces débris branlants qui faisaient de lui ce qu’il était il y avait Yeleen, rayonnante, qui lui disait simplement apprécier cette langue. Et pour elle, pour la voir riante ainsi, il aurait abandonné tous les accents du monde. Elle s’était cachée à moitié sous les draps, et il dégagea son visage en effleurant ses pommettes pour retrouver son sourire.

- Je pourrais t’apprendre mo d’huinne, mo muirninn, mo mhaorine…*

Il eut un rire étouffé mais n’interrompit pas Yeleen alors qu’elle signait de nouveau, demandant plus d’information sur la manière dont le clan fêtait les fins d’années dans leur domaine. Le sourire du jeune homme devint plus nostalgique alors qu’il plongeait dans ses souvenirs – certains très heureux – d’autres un peu plus nuancés alors que l’absence de son père se faisait sentir de plus en plus.

- Je ne pense pas qu’on ait de traditions particulières, commença-t-il doucement en réponse à sa question. Toute la famille, mais aussi les amis de la famille, sont invités. Ça fait un sacré remue-ménage pendant plusieurs jours. On se répartit entre la demeure principale et les maisons secondaires et surtout, on passe notre temps à manger, à boire, à chanter, à raconter des histoires près du grand feu, à se lancer des défis…

C’était souvent mouvementé, parfois émouvant, toujours d’une débordante tendresse. Sean avait toujours aimé se perdre dans cette foule qui se pressait autour de lui, parlait fort, anticipait ses envies alors que des mains anonymes plaçaient dans son assiette bien plus qu’il ne pouvait manger, lui ébouriffant la tête au passage. Il n’avait dans ces occasions pas besoin de faire semblant, et pouvait se perdre en rêverie en écoutant le brouhaha aux sonorités gutturales. On disait de lui dans ces moments qu’il ressemblait à son père au même âge. S’il se renfrognait en entendant ces discours, une part de lui en était soulagé, recevant cette comparaison comme une validation.

Yeleen enchaînait sur la question des cadeaux, interdisant au Clearwater de lui en offrir un nouveau. Sean se contenta de sourire sans lui répondre. Il n’était pas question de se répandre en fausses promesses car il savait à présent qu’il aurait au moins un nouveau présent pour elle. D’un coup de baguette, il amena à lui ses vêtements afin d’en enfiler quelques-uns pour se rhabiller pudiquement. Mais il ne quitta pas pour autant sa place aux côtés de son amie et posa sa tête sur la main – le coude sur l’oreiller – afin de pouvoir l’observer à loisir. Ses doigts jouèrent sur la ligne de sa silhouette que laissait deviner le drap posé sur elle. Elle était tellement belle… Yeleen avait cette capacité de lui éparpiller les idées d’un simple battement de cil et il dû cligner plusieurs fois des siens pour retrouver le fil de ses pensées.

- Et toi, ça se passait comment dans ta famille ? Est-ce que tu sais ce que fait Nyéléni ? Tu veux l’inviter aux Hébrides ?




*Ma brune, ma chérie, ma petite pomme de terre.

Pendant un instant, alors que Sean baissait soudainement son regard à sa remarque, elle se demanda si elle n'avait pas eu une parole de trop en lui avouant à quel point elle appréciait qu'il lui parle en gaélique. Au domaine des Clearwater, c'était une sonorité qu'elle avait longuement entendu, surtout lors des échanges entre les membres de la famille qui ne souhaitent enrôler Betty dans les recherches et l'inquiéter davantage alors qu'ils s'embourbaient sans avoir de nouvelles de Sean.

Yeleen comprit alors, presque honteuse, que Sean connaissait cette langue uniquement parce que son sang Clearwater lui venait de son père et avec un certain effroi, elle se rendit compte que depuis cet été, elle ne l'avait jamais entendu parler de lui. Si elle savait que leur relation était tendue depuis de nombreuses années, l'événement de cet été n'avait fait que fragiliser leur lien et bien qu'elle n'osait jamais aborder d'elle-même le sujet, il était plus qu'évident que Sean ne lui en dirait probablement rien de plus à cet instant.

Pourtant, le Gryffondor délivra son visage des draps pour venir l'accueillir avec un sourire qui la fit fondre, la poussant à poser ses propres mains sur ses joues et frôler le bonheur du bout du nez. Les oreilles bourdonnantes de plaisir, elle sentit les échos de son cœur dans toutes les cellules de son corps la faire vibrer davantage, une chaleur incandescente la parcourant de la tête au pied. Mais lorsqu'il se mit à lui reparler avec ces sons qui vinrent saccader les battements de son cœur, elle se cacha encore un peu plus dans les draps, timide, reconnaissant pourtant le seul mot de sa phrase, pour l'avoir entendu chez grand mère Maggie durant un repas.

"C'est à cause de la forme de mon nez que tu me traites de patate?" signa-t-elle, en fronçant les sourcils, presque outrée.

Cachant un frisson qui lui parcourut l'échine au moment où elle rencontra le doux regard qu'il lui adressa, la jeune femme souffla silencieusement en voyant Sean se rhabiller, la poussant à resserrer les draps autour d'elle en sentant le froid s'insinuer. Les murmures de son ami flottant encore dans son esprit, elle tenta de ne pas perdre son sourire alors qu'il venait à peine de se retrouver, la peur lui nouant soudainement le ventre en se demandant s'il était entrain de partir. Pourtant, il lui avait conter de beaux instants de fêtes de famille qu'elle n'avait jamais connu pour l'hiver, elle qui se contentait jusque là de rester à Poudlard pour ne pas rentrer chez les de Clare.

Le souffle bloqué, elle le retrouva au moment où il se réinstalla à ses cotés, calmant la soudaine fébrilité qui s'était emparée d'elle. Avait-elle aussi peur qu'il parte au moindre de ses faux pas? Elle qui ne lui avait pas encore dit qu'elle avait comprit pour @Liadan O'Connor au moment où elle avait vu ce niffleur sous les draps de son lit. Comprendrait-il un jour qu'elle n'avait probablement rien pour elle face à ce passé qu'il cherchait tant à comprendre et à connaître? L'esprit emmêlé de doutes, Yeleen hocha la tête alors qu'il ne cessait de la regarder comme au premier jour et tenta de calmer une tête qui pourtant ne réfléchissait jamais lorsque ses lèvres rencontraient les siennes.

"J'ai hâte de pouvoir les revoir ..." signa-t-elle, malgré elle dans le vague avant de venir frôler son nez contre le sien, cherchant ses lèvres pour pouvoir se recentrer sur le présent.

La question sur sa famille lui serra un instant le cœur avant que la mention d'@Iris Faux-Orpin ne lui écrase soudainement toute trace de sourire. Pour la première fois depuis qu'elle avait passé quelques jours quasi catastrophique chez Nyéléni, Yeleen se rendait compte que sa présence n'apportait qu'un lot de désolation sur son passage. Sa rencontre avec le président du Magenmagot, bien que l'homme qu'elle avait entrevu lui semblait bon et juste, n'avait fait que faire fuir l'héritière des Sô qui avait déjà préparé ses cartons dans le seul but de mettre le plus de distance possible avec cet homme qui avait été son mari.

Instinctivement, la Serdaigle serra légèrement ses jambes contre elle. Les souvenirs maussades de ses années chez les de Clare tout comme à l'hôpital puis de voir présentement Nyéléni partir, n'étaient relevé que par la présence de Sean et de ces nombreuses lettres durant les vacances d'hiver qu'elle conservait précieusement. Elle n'avait pas envie de lui parler de ses années au domaine de son père, c'était à cet instant là, inconcevable et déplacé quand la malienne occupait toutes ses pensées.

"Non elle ne sera plus là."

Déglutissant avec peine, Yeleen leva les yeux vers Sean en lui adressant un sourire en coin pour se reprendre d'un état de peine relativement conséquent. Elle était entrain de perdre une famille qu'elle venait à peine de retrouver dans les bras de Nyénéli et elle ignorait encore comment la retenir sans casser encore plus de vaisselles qu'au début du mois. Tout était de sa faute, elle avait été prévenu des conséquences d'un changement de nom de famille et c'était elle seule qui avait précipité sa sortie.

"Quelqu'un l'a retrouvé à cause de moi."

Fronçant les sourcils, elle se rendait bien compte qu'elle n'arrivait pas à lui en dire plus et elle se redressa pour s'installer en tailleur, nouant les draps sur ses côtes pour signer plus librement. Tout le monde finissait par partir un jour et la possibilité que Sean le fasse après le départ prochain de Nyéléni, lui nouait l'estomac comme jamais.

"Je n'ai pas fais attention. Je voulais juste, tu sais, ne plus porter le nom de mon père. C'était une terrible erreur, je n'avais pas envie que ça retombe sur elle."

Elle avait agit égoïstement, certainement pour la première fois en ne pensant qu'à vouloir se libérer d'une contrainte pour finir par l'imposer à quelqu'un d'autre. Relevant les yeux vers Sean, elle souffla pour reprendre un peu de courage en main, loin d'être prête à assumer une autre perte. Pourtant, elle gardait les épaules droites, se détachant de ses instants où les draps les avaient gardé au chaud.

"Je sais pour Liadan aussi." commença-t-elle en baissant néanmoins les yeux. "Je comprends son importance et je comprendrais ce qui s'en suivra aussi."

Quelque chose dans l’air de Yeleen semblait s’être brisé alors qu’il lui racontait les fêtes de fin d’année aux Hébrides. Sean la dévisagea, cherchant à en comprendre la raison alors qu’elle se contentait de lui exprimer sa hâte de les revoir. Mais son ton lui apparaissait cependant faussement enjoué. Sean craint un instant que l’évocation ne lui rappelle de tristes souvenirs, quand elle devait errer dans ces mêmes lieux à attendre patiemment son retour alors qu’il l’avait abandonnée. Son doux baiser vint cependant et sans efforts faire de nouveau flotter ses pensées dans une dimension bien plus sereine.

Mais le sourire de son amie disparut bel et bien quand Sean lui demanda des nouvelles de Nyéléni. Elle ramassa ses jambes contre elle, se renfermant complètement en lui soufflant que la sorcière ne serait plus là. Un brin paniqué, Sean l’observa sans savoir comment réagir. Que voulait-elle dire ? Qu’était-il arrivé ? Il n’avait jamais aimé forcer les révélations de Yeleen, sachant qu’elle n’évoquait des bribes de sa terrible histoire que lorsqu’elle était prête à le faire. Mais comment ce rapprochement avec cette sorcière Sô qui s’annonçait si bénéfique pouvait avoir si mal viré en peu de temps ? Avait-il été responsable de quelque chose ? Sa disparition? Sa rupture ? Nyéléni s’était-elle opposée à leur rapprochement pour protéger Yeleen ? Ou bien avait-elle souhaité que Yeleen quitte Poudlard, considérant comme de nombreux autres sorcier que ce lieu n’était plus le havre de sécurité qu’il avait été par le passé ?

Mais Yeleen consentit à lui fournir plus d’explications - arguant qu’elle avait été retrouvée. Sean se figea, immobile, imaginant déjà le pire. Était-ce les ennemis de leur famille ? Il savait que le nom de Nyéléni Sô ne devait être prononcé en-dehors de leur cercle, pour lui préférer celui d’@Iris Faux-Orpin. Yeleen croyait apparemment que tout était de sa faute, quand elle avait fait le choix de reprendre ce nom pour délaisser celui de son père, coupant ainsi ce lien qu’elle voulait voir disparaître. Sean secoua doucement la tête, persuadé de sa pleine innocence quand bien même il ignorait tous les tenants et aboutissants de l’affaire.

- Non, se hâta-t-il de lui répondre. Tu es dans ton droit… Le nom des Sô est le tien, tout autant que le sien.

Il voulait terriblement en savoir plus pourtant. Qui avait retrouvé Nyéléni ? Avait-elle disparu ? Était-elle enfermée ? Blessée ? Yeleen était-elle, elle aussi, en danger ? Mais il n’eut pas le temps de la questionner, car la jeune sorcière désirait visiblement changer de conversation, et le nom qui tomba entre eux figea Sean sur place.

Liadan.

Le Clearwater posa ses pupilles vides sur son amie avant que les émotions ne refluent lentement à lui. Le stress, l’accablement, la moiteur avaient heureusement eu le temps de baisser en intensité depuis les deux semaines qu’il avait appris son existence. Il ne restait plus en lui qu’un malaise durable, et les paroles de Yeleen ne firent rien pour le rassénérer. Comment était-elle au courant de son existence ? Était-ce Jameson qui le lui avait révélé ? Pourquoi tout son entourage semblait connaître mieux que lui son passé, mais également ses actions à venir ? Son ressentiment n’était cependant pas tourné contre Yeleen qui ne pouvait décemment pas avoir pu lui parler plus tôt alors qu’il la fuyait si volontairement… Le jeune homme se releva à moitié sur le lit pour s’appuyer contre la tête de lit, le visage renversé posé contre cette dernière. Il ferma un instant les yeux en soupirant, attrapant la main de Yeleen contre la sienne.

- Liadan… La fille de Liam, c’est bien ça ?

Il répétait ces mots pour que la réalité qu’ils représentaient s’inscrive bien en lui, malgré l’opposition que continuait à former son esprit - le poussant d’ailleurs à finir sa phrase sur un ton interrogatif.

- On était apparemment amis… Mais je n’ai aucun souvenirs d’elle…  

De nouveau, il se raccrochait à des faits dont il maîtrisait la portée. Aucun souvenir. A part quelques bribes qui venaient secouer son être entier, menaçant l’équilibre précaire qui le faisait tenir debout.

- Je ne sais pas trop quoi en penser, continua-t-il en avouant avec franchise à Yeleen le flou total qui l’habitait. Mais elle est toute seule ici, elle ne connaît personne… Il faut qu’on s’occupe d’elle, qu’on la prenne sous notre aile. Pour Liam.

Il lui envoya un fin sourire alors que son pouce caressait lentement le dos de sa main, adoptant la douceur qu’il aurait aimé imposer au chaos actuel de sa vie. C’était la présence de Yeleen à ses côtés qui lui donnait cette force et il se sentait de nouveau déborder d’amour pour elle, qui lui apportait tant de sérénité.

- Qu’est-ce que tu veux dire par ce qui s’en suivra, continua-t-il en levant ses sourcils d’interrogation, en ignorant totalement ce qu’elle sous-entendait. Tout ce qu’il voyait, c’était la tristesse qui s’était emparé de son visage et il détestait ça. Yeleen, qu’est-ce que tu as ? Il se penchait vers elle pour poser sa main sur sa joue et plonger ses pupilles dans les siennes, cherchant à lire ce qu’elle lui taisait.

Yeleen n'avait pas hérité de la grandeur des Sô à cet instant, démontrant qu'un lien de sang ne lui donnait pas le droit de pouvoir user d'un tel nom. Fautive, reconnaissant la culpabilité d'avoir brisé les rêves d'évasion de Nyéléni à peine un an après avoir foulé le sol de la Grande Bretagne, obtenu un poste à l'IDEM et avoir repris des études à distance, la Serdaigle senti encore plus le poids de l'instant au moment où elle vit le regard de Sean se voiler à la mention de Liadan. Avait-elle appuyer sur un point faible? Voulait-elle réellement en savoir plus quand pendant des jours et quelques semaines, elle s'était volontairement mis de coté pour permettre à l'autre jeune femme de se déployer vers Sean? Elle s'était attendue à ce que sa colocataire aille vers le Gryffondor, espérant même qu'elle puisse lui rendre un semblant de sourire, un semblant de vie. Pour la deuxième fois, elle avait simplement espérer que Sean puisse être heureux, même si c'était sans elle.

Hochant la tête au moment où il prononça le prénom de son parrain, Yeleen posa son regard sur sa main qui avait attrapé la sienne. Déglutissant péniblement, elle n'osa remonter son regard dans le sien, la peur lui saisissant de nouveau le ventre. Elle n'était pas prête. Elle n'était pas prête à entendre de sa propre bouche que Liadan passerait avant tout, que Yeleen n'était que secondaire dans une vie et que cette fille qui avait partagé son enfance reprendrait une place qui lui revenait et de droit.

Il ne faisait nul doute que l'ancienne de Clare n'aurait jamais eu son prénom sur le tartan offert aujourd'hui si Sean n'avait pas été oublietté durant son enfance, osant même penser que Liadan aurait eu et gardé la place que Yeleen occupait aujourd'hui. La Serdaigle avait, après tout, tout pour elle, brillante, sensible, avec un charme indéniable en plus de pouvoir parler et s'exprimer comme elle le souhaitait. Sean n'aurait peut-être jamais remarqué une autre Serdaigle que Liadan dans cet univers alternatif et ce doute lui rongeait le cœur comme jamais.

Amis ... ils étaient amis. Alors elle comprenait l'importance que la jeune femme avait dans sa vie, au point de le troubler. La vision de Sean, regardant Liadan dans ce couloir, sa main dans la sienne, vint la secouer un instant, malgré cette caresse qui se voulait rassurante. Et lorsqu'il lui avoua que Liadan avait besoin d'eux, ne voyant que lui et Adil, parce qu'elle était seule, Yeleen hocha de nouveau la tête, dans un automatisme qui ne voulait trahir ce sentiment qui l'étreignait, celle d'être de trop.

Les remontrances d'@Iris Faux-Orpin tonnèrent immédiatement dans ses oreilles comme si c'était la veille. Certains évènements ne feraient que la dépasser et Yeleen se devait de l'accepter en s'oubliant. Elle ne pouvait que comprendre et avait ressenti la douleur de Liadan le soir même où Sean lui avait tourné le dos. Pour avoir vécu des jours sans pouvoir lui parler, elle se demandait comment l'autre jeune femme avait fait pour ne pas avoir de ces nouvelles pendant des années. C'était inconcevable de pouvoir passer à coté du Gryffondor sans se sentir vide.

"Je comprends, vous avez besoin de vous retrouver."

Elle comprenait son importance comme elle acceptait n'être que secondaire dans le cœur de Sean. Levant alors son visage vers lui, elle lui adressa un sourire en coin, cachant un cœur qu'elle piétinait en silence. Sincère, elle croyait vivement que Liadan pourrait lui rendre cette vie volée par la baguette de son père et lui rendre de beaux souvenirs, ceux qui faisaient les plus beaux Patronus.

"Vous devez probablement avoir beaucoup à rattraper, elle a beaucoup à t'offrir. Probablement toutes les questions auxquelles tu n'as pas de réponses ... Tu ne voudrais pas l'inviter à Noël?" signa-t-elle avant de prendre ses vêtements pour les enfiler à son tour, très rapidement en tremblant malgré elle, finissant par s'installer sur le bord du lit, quittant la main de Sean qui avait gagné ses joues, comme pour la confronter.

Liadan au domaine des Clearwater plutôt qu'elle, cela semblait évident pour ne pas être seule. Pour Liam et les souvenirs que Sean devait regagner. Ses doigts trituraient doucement sa robe, tentant de calmer ses battements de coeur qui la cognaient de force, comme cette nuit où elle avait vu les larmes de Liadan sur le niffleur. Lui avouer qu'elle savait qui était la jeune femme depuis des semaines ressemblait à une étrange trahison alors elle leva les yeux, sincèrement désolée qu'il ait pu oublier un sentiment aussi beau que le lien qui avait poussé la jeune femme à vouloir le retrouver à travers le temps.

"Elle a besoin de retrouver ces repères. Elle fait tous ce chemin pour toi ... ca me semble normal que vous soyez là pour elle."

Levant les yeux vers lui, elle comprenait l'importance qu'elle aurait du avoir depuis le début et qui bousculait la vie du Gryffondor tout en s'excluant. Secondaire, rester en retrait. La colère de Nyéléni à son égard ne lui avait jamais autant servi de leçon. Gardant cet éternel sourire en coin, les yeux étrangement brillant face à celui pour qui elle se sacrifierait volontiers, Yeleen posa sa main sur sa joue à son tour pour lui donner toute la force nécessaire d'avancer dans une direction qui aurait pu être nébuleuse.

"Tu n'as peut-être aucun souvenir mais elle, elle en a. Si elle peut t'apporter ce qui te manque dans ta vie, pourquoi hésiter?"

Yeleen aquiesçait à ses propos, mais il y avait quelque chose d’éteint dans son regard qui effrayait le jeune homme. Sans réagir, il la regardait signer pour lui signifier qu’ils avaient besoin de se retrouver. Selon Yeleen, Liadan aurait des réponses à ses questions, et Sean la suivit du regard, sentant le malaise grandir entre eux. Elle lui proposa même de l’inviter pour Noël alors qu’elle se tournait pour se rhabiller.

- Euh, oui tu as raison, lui répondit Sean dans un balbutiement. C’est une bonne idée… Elle pourra retrouver mon père… C’est son parrain… Ils auront sans doute plein de choses à se dire…

Mais alors qu’il donnait raison à Yeleen, il sentait pour autant qu’il faisait fausse route, tandis qu’elle se renfermait de plus en plus en s’éloignant de lui. Il devait forcément avoir fait ou dit quelque chose qu’il ne fallait pas, mais il n’arrivait pas à comprendre quoi. Retraçant la conversation qui venait d’avoir lieu, il se leva lui aussi du lit pour la rejoindre, l’air plus paniqué que jamais.

Yeleen pour autant signait toujours en confirmant que Liadan aurait besoin d’eux tous pour retrouver ses repères. Elle avança sa main vers sa joue pour l’effleurer doucement avant de la retirer pour continuer à lui dévoiler ses idées, expliquant qu’elle pensait que Liadan pouvait lui apporter ce qui lui manquait dans sa vie. Ses paroles et sa caresse semblaient douces, mais ses yeux exprimaient une douleur sans fond. Sean l’observa en fronçant les sourcils peinant à comprendre les messages contradictoires qu’elle lui envoyait.

C’était presque impossible à croire mais… Se pouvait-il que Yeleen… Soit jalouse ?… Sean ne parvenait pas à s’en convaincre, mais rien ne faisait sens dans toute cette conversation. Le Gryffondor tenta de se mettre à la place de son amie, qu’il avait si violemment rejeté, pour lui annoncer l’arrivée soudaine d’une nouvelle amie dans sa vie, si proche de ses parents et du reste de sa famille. Peut-être… qu’elle pensait… que Liadan avait été une des raisons de sa rupture ?

Il attrapa la main qui s’était posée sur sa joue alors que ses pupilles ne quittaient pas celles de la Serdaigle, bien trop brillantes à son goût. Il avait rendu Yeleen triste, ce qui était tout simplement inexcusable. Comment pouvait-il se rattraper ? Il ne pouvait démêler ce qui se passait au fond de son âme, mais il se rapprocha d’elle, posant son autre main sur sa hanche pour s’ancrer à elle.

- Yeleen… Je ne comprends pas grand chose à ce qui se passe… Je ne sais pas bien qui a été Liadan pour moi, et qui elle sera dans le futur, mais… Je suis sûr d’une chose… Si elle a jamais été importante pour moi - d’une façon ou d’une autre - ça a été comme une petite soeur. C’est comme ça que je le ressens au fond de mon cœur quand je pense à elle. Et je ne pourrai jamais la considérer autrement.  

Il se tut, détournant pudiquement le regard en rougissant, tentant de trouver les mots qui décriraient au mieux ce qu’il ressentait.

- Je n’ai jamais… Jamais ressenti ce que je se ressens pour toi pour une autre fille. Sortilège d’amnésie ou pas. Je le sais. Et je ne ressentirai jamais ça pour quelqu’un d’autre.

De nouveau, il posa son regard sur elle pour lui prouver la sincérité de ses mots.

- Oui j’ai envie d’apprendre à la connaître, mais pas si ça doit te faire de la peine… Je ne ferai plus jamais rien qui te fasse du mal… Alors Yeleen, s’il te plait… Ne te détourne pas de moi ou je ne survivrai pas… Tu es la seule qui peut m’apporter ce qui me manque dans ma vie. Et tu le fais déjà. Il n’y a qu’avec toi que je me sens complet. Pas avec Liadan, ni avec personne d’autre. Seulement toi. Alors je t’en prie, pardonne-moi pour le mal que je t’ai fait…

Le cœur parsemé de doutes, elle entendait Sean lui souffler avec la même incertitude que son père pourrait également retrouver la jeune fille à son tour avant de lever à son tour pour saisir son regard dans le sien.
A cet instant la, la Serdaigle qui s'empêchait de trembler en se rappelant de tous ce que Sean lui soufflait désespérément depuis quelques jours pour combler le vide qu'il avait laissé derrière lui. Un vide qui s'était rempli malencontreusement de remise en question permanente, d'une confiance en soi émietté et d'une magie qui avait même faibli. Pourtant du coin de l'œil, elle voyait ce tartan voilé d'une promesse dont elle ignorait toute l'implication, elle sentait ses mains sur les siennes, son corps contre le sien et ces lèvres qui n'appelaient qu'à être embrassé en toute circonstance. Les gardes qu'elle avait dressé semblaient encore tenir bon, refusant d'accepter le retour de Sean sans avoir peur de retomber sur les genoux s'il se détachait une nouvelle fois d'elle. Incapable de se rendre compte qu'elle était si éperdument amoureuse de lui depuis les premiers jours, Yeleen se barricadait pour ne plus se sentir aussi minable et inutile que ces derniers jours.

Pourtant, ce fut une larme qui coula sur ses joues, puis une autre en entendant ces mots, en plongeant dans son regard sincère alors qu'elle comprenait naïvement qu'elle s'était faite d'idées depuis tous ce temps. Sean semblait ignorer et presque mal à l'aise de comprendre à quel point Liadan attendait de lui quand il pensait n'avoir certainement rien à lui apporter, mise à part une affection sans limite pour un membre de sa fratrie.
Yeleen bascula soudainement son visage vers le sol, confuse et honteuse d'avoir cru un seul instant que Sean aurait pu sentir ce petit quelque chose qui les liait pour quelqu'un d'autre qu'elle. A l'instar de cet après midi du 15 octobre sur le chemin de Pré-au-Lard, elle avait avoué à demi-mot qu'elle fléchirait si elle le savait plus heureux, plus comblé avec une autre personne. Était-ce de la jalousie ou juste un mal-être plus profond qui la saisissait à partir du moment où elle envisageait n'être rien d'autre qu'une ombre dans la vie du Gryffondor?

Trouvant grâce à ses yeux, la Serdaigle plissa les lèvres en sentant son cœur s'inonder sous les doux mots de Sean, sa peau vibrant sous sa main qui s'était posée sur sa hanche. Elle eut toutes les peines du monde à lui montrer d'un regard larmoyant et silencieux à quel point elle l'aimait au point de pouvoir s'effacer s'il éprouvait un jour l'envie. Son bonheur avait toujours été sa priorité, elle savait qu'elle mènerait toutes les batailles à son nom.

Elle se rapprocha alors de son être aimé, glissant ses bras derrière sa nuque pour poser son front contre le sien, fermant les yeux en laissant d'autres larmes échouer, expiant des jours de craintes pour libérer tour l'amour sincère qu'elle éprouvait pour Sean. Respirant doucement contre lui, Yeleen les reconnectait ensemble en s'assurant qu'ils puissent rester en phase pour encore cent cinquante ans.

Le cœur parsemé de douceur à son égard, la Serdaigle vint déposer plusieurs baisers sur ses lèvres, embrasant une nouvelle fois toutes les vies qu'elle souhaitait vivre à ses cotés.

"Je suis désolée... signa-t-elle sur le haut de son coeur avant de reprendre, ne souhaitant que le rassurer comme il le faisait si souvent depuis quelques jours."Je suis tellement désolée de douter de ce que je suis pour toi, tu n'as pas à t'excuser, c'est moi .. Je ne suis pas là pour t'empêcher de quoi que ce soit, au contraire, surtout si ça te fait du bien je serais la première à te soutenir et à te dire de foncer."

Sans chercher à essuyer ses yeux brillants, elle se rendait compte qu'elle libérait tous ces instants qu'elle avait contenu durant des semaines. Electrisée par cet instant où le Gryffondor lui offrait une déclaration qui ébranlait chacune de ses barrières, Yeleen se sentit emportée par une vague qui traversa son cœur et ses mains, la magie de Poudlard et de la salle sur demande se concentrant soudainement pour lui donner envie de délivrer le tourbillon d'émotion qui la rendait aussi légère.

"Ma vie n'a jamais été aussi belle depuis que tu es là." envoutée par son regard et le rougissement sur les joues de son Gryffondor, la Serdaigle sentit un point sur sa clavicule la bruler, l'englobant dans une brume où elle ne voyait que Sean, lui consumant éternellement le cœur. "Tu es une telle évidence Sean, je t'ai dans la peau, dans le coeur. J'ai beau avoir envie d'y aller doucement j'ai une force qui me pousse à vouloir vivre avec toi à une cadence à m'en donner le tournis. L'éternité ne sera pas suffisant pour ... Sean, je... "

La gorge en feu, elle plissa le front en ressentant sa magie et ses émotions crépitaient avec une intensité rarement atteinte jusque là.

"Si tu savais comme ..." tremblante de la tête au pied, ses genoux s'entrechoquaient sous le poids de la rune des Sô qui l'empêchait de parler depuis sa naissance. Mais à ce moment précis, un bourdonnement sourd retentit dans la pièce, déliant Yeleen momentanément du maléfice jeté tandis que sa voix, aussi naturelle que fluide, vint franchir ses lèvres "Je t'aime Sean."

Le regard brillant, elle ne se rendit même pas compte qu'elle avait parlé à haute voix pour la première fois sans potion. La brume se dissipa aussi vite qu'elle était arrivée, sa douleur à la clavicule se réveillant de nouveau. Ainsi, elle reprit les signes Instinctivement, le poussant à s'installer sur le lit, tandis qu'elle venait à ses côtés. Les oreilles rougissant derrière des cheveux encore en batailles, elle vint chercher ses lèvres en les embrassant avec une innocence démesurée.

"Il n'y a pas que cette journée que je veux vivre avec toi. " son regard se posa sur l'étoffe des Clearwater posée sur la chaise avant de sentir ces battements de cœur accélérer devant la puissance d'un tel présent. La Serdaigle avait envie de se sentir digne d'une telle attention et prit le tartan entre ses doigts en le posant sur se genoux, passant par dessus les fines broderies. "J'ai conscience de la valeur morale de ce tissu. Je te promet d'en prendre grand soin, de la même manière que je veillerais éternellement sur toi. "

Levant les yeux vers lui, elle lui adressa un sourire en coin avant de glisser ses doigts sur le dos de sa main, aussi timide qu'au premier jour, sans comprendre que Sean serait le seul et unique à pouvoir la délivrer par un simple regard, de n'importe quelle emprise.

Yeleen se mit à pleurer devant lui et Sean perdit absolument toute maîtrise de lui en se décomposant devant elle, incapable de faire face à ses larmes. Il restait là, les bras ballants, de plus en plus paniqué alors qu’il ne savait comment faire pour la consoler. Il se serait mis à genoux juste pour qu’elle lui donne un indice de la manière dont il pourrait se faire pardonner ses erreurs répétées. Il ne savait même pas si ses mots avaient aggravés ou au contraire amoindris son cas mais le résultat restait le même : il venait de faire pleurer Yeleen et il méritait pour cela mille tourments. Devait-il la prendre dans ses bras ou serait-ce pour elle la goutte de trop qui la ferait s’éloigner de lui ?

Mais la jeune fille lui répondit par les gestes, plaçant elle-même ses mains derrière son cou pour poser sa tête contre la sienne – ce geste si intime qui n’appartenait qu’à elle. Pourtant, Sean ne parvint à se détendre complètement, ayant encore sous les yeux son visage mouillé de pleurs. Il resta cependant silencieux, craignant de déclencher de nouvelles larmes par ses propos maladroits, laissant Yeleen reprendre son souffle avant de signer. Alors, Sean sentit sa mâchoire se crisper en la voyant s’excuser. Evidemment qu’elle s’excusait, là où elle avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir… Elle s’excusait alors qu’il avait passé les dernières semaines à la pousser à douter de lui…

Malgré ses yeux humides, Sean lisait un amour sans borne au fond de ses prunelles sombres et ce témoignage muet le bouleversa. Méritait-il vraiment cet amour et ce pardon qu’elle lui offrait sans se protéger, prête à être réduite à néant s’il l’abandonnait de nouveau ? Il l’avait poignardée au cœur – déchirant le sien par la même occasion – et elle le lui présentait pourtant encore, de ses deux paumes ouvertes à lui… Ses mains, si belles, si fines et délicates, et pourtant si fermes et puissantes… Elles signaient encore pour lui les plus merveilleux des mots. Il était muet d’admiration pour elle, observant chacun de ses gestes avec une passion infinie avant d’entendre dans un sursaut le son de sa voix.

Alors, son regard écarquillé se leva vers son visage, tentant de se décider pour savoir s’il avait été victime d’une hallucination. Venait-elle bien de parler ? Et pour lui avouer son amour qui plus est ? Sean n’en revenait pas, et alors qu’il était toujours autant interloqué, il ne la lâchait pas du regard avant de tomber sur le lit sous sa pression. C’était heureux parce que la surprise lui avait coupé les jambes. Son amie se colla à lui, l’embrassant amoureusement, créant une immense bulle de bonheur dans les entrailles du sorcier qui peinait à garder un fil de pensée cohérent.

Yeleen s’était emparée du tartan qui rejoint leurs genoux en continuant ses déclarations qui menaient Sean au septième ciel. Il l’aimait tant qu’il se sentait friser la folie en permanence à ses côtés. Voir son amie si réservée lui partager les mots les plus forts était un tel bouleversement qu’il se demanda un instant si toute cette scène était bien réelle. Mais elle était bien là, à ses côté – les cinq sens du sorcier confirmant sa présence de son odeur aussi délicieuse que le miel, son toucher délicat comme la soie, cette vision enchanteresse qu’elle offrait, et sa voix… Une voix aussi pure que le cristal, nullement brisée par les habituels blocages qui l’empêchait de s’envoler.

- Yeleen, lui souffla-t-il avec une joie pure en attrapant son visage entre ses mains. Mais tu viens de parler ! Il l’embrassa avec passion pour ponctuer sa phrase, sans bien comprendre la signification de ce qui venait de se passer… Était-ce ça le pouvoir de l’amour dont lui avait parlé  @Jameson Clearwater ?

- Moi aussi je veillerai éternellement sur toi Yeleen, tha mi a 'gealltainn dhut* !

De nouveau, il se pencha vers elle pour l’embrasser, fermant les yeux pour profiter pleinement de la sensation ses lèvres contre les siennes alors que son âme s’envolait. Il enroulait inconsciemment le tartan autour d’elle sans voir ses fils s’illuminer d’une légère clarté. Une promesse de Clearwater venait de d’être apposée sur le tartan du clan – ancrant cette protection absolue dans chaque fibre du tissu. Quand le jeune écossais rouvrit les paupières, la lumière avait disparu.

- Alors, mo ghràdh**, autant commencer l’éternité dès maintenant… Dis-moi comment je peux combler tous tes désirs pour aujourd’hui ?




* Je te le promets.
** Mon amour.

Sean s'était figé sous ses mots, poussant la jeune femme à papillonner des yeux un instant. Elle avait conscience de passer du tout au tout, si elle avait été discrète quant à ses sentiments au début de l'année, elle avait fini par extérioriser certaines émotions, déroutant le Gryffondor la plupart du temps. Mais lorsqu'elle senti ses mains sur ses joues, la chaleur consommant ce qui restait de son âme, comme à chaque fois qu'il prononçait son prénom, elle sut que plus rien ne les arrêterait. L'éternité était la, entre leur main, prête à être parcourue sans le moindre doute.

Elle n'avait jamais autant apprécié être appelé ainsi et elle se mordit les lèvres avant d'arquer légèrement les sourcils au moment où il s'écria qu'elle avait parlé à haute voix. Mais sans lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit, il avait déjà saisit ses lèvres pour les embrasser un nombre incalculable de fois, assez pour lui enlever toute pensée, ses neurones se déconnectant un à un.

Alors qu'il quittait ses lèvres pour lui promettre le bonheur, parlant à moitié en gaélique, semant de jolis coquelicot dans son coeur , elle ne put que fondre de plaisir sans avoir l'occasion de prendre sa remarque précédent sous le ton de l'humour. Non, elle n'avait certainement pas parler a haute voix sans l'aide d'aucune potion, c'était physique impossible. Pourtant, un erzat de magie semblait être resté dans cette chambre et alors que Sean l'entourait du tartan offert, elle ne put que le prendre entre ses doigts, ressentant une étrange chaleur au moment même où la Serdaigle scella leur vœux d'un baiser.

Les joues en feu tout comme un coeur qui ne cessait de se réactiver à chacun de ses mots, Yeleen eut un mal fou à contenir ses tremblements, les cachant sous le tissus alors qu'elle glissait ses jambes par dessus les genoux de son Gryffondor. Un sourire au coin des lèvres, elle n'eut même pas la peine de réfléchir qu'une montagne d'idées lui vint à l'esprit.

"Finir le petit déjeuné, défaire  ces draps, courir pied nu sur des pavés pendant qu'il pleut des torrents, t'écouter parler gaélique et apprendre d'autres mots que des recettes de cuisine, apprendre à faire des combats de sabre laser, te voir enfin jouer au rugby...  " commença-t-elle en noyant ces désirs parmi d'autres. Se mordant les lèvres, Yeleen se releva, gardant le tartan sur les épaules pour tournoyer avec. "Dans l'ordre que tu veux.'"

Elle se dirigea doucement vers la porte de la chambre pour finir par pousser le loquet afin de la fermer à clé, montrant à Sean qu'elle avait malgré tout un ordre de préférence. Passer encore quelques instants dans ses bras lui semblait ressourçant pour un long dimanche ...