On se connaît ? (Hope)

Malgré un froid de canard bien installé, Scott adorait flâner lorsque le temps le lui permettait et que ses deux petits lutins étaient à l'école. Il pensait en profiter pour chercher un cadeau d'anniversaire pour un de ses jeunes cousins et quel était le meilleur endroit que le Chemin de Traverse pour trouver son bonheur ? Chaque pas qu'il faisait et chaque vitrine où son regard se posait lui rappelait ses années à Poudlard quand il était encore étudiant. Quand il est allé cherché sa première baguette. Ses affaires de sorcier. Ses livres. Qui aurait cru que Scott aurait son bouquin exposé en vitrine ? Il ne pu d'ailleurs s'empêcher de s'arrêter devant la librairie, un sourire aux lèvres. Il avait devant lui son rêve. Le fruit d'un dur labeur récompensé par ses paires et largement mérité. Le Nightingale avait tout de même une pensée pour son père qui serait sûrement fier de ce qu'il est devenu aujourd'hui. Un homme accompli et heureux. Oui il pouvait le dire. Il était heureux avec sa femme, ses enfants et son cercle de personnes proches. Mais il y avait ce manque paternel qu'il ne pourra jamais combler tant la peine était encore présente après toutes ces années.

Le sorcier continua sa promenade, jusqu'à être attiré par une boutique qui vendait des équipements de Quidditch. Son regard fût immédiatement attiré par un balai, que lui même gamin aurait rêvé d'avoir : un éclair de feu dernier cri et numéroté. Il était magnifique. Le prix aussi d'ailleurs. Certes Scott gagnait plutôt bien sa vie mais de là à balancer autant de gallions ! Aena le tuerait, c'est sûr. Au moins, il savait où fouiner pour trouver un cadeau à offrir. Il entra alors dans la boutique et regarda un peu ce qui se faisait. Finalement, Scott se rabattit tout de même sur un joli présent, un vif d'or dédicacé par un des joueurs préférés de son germain. Il devrait être ravi.

Au moment de le payer, le brun se rendit compte qu'il lui manquait quelque chose de capital en fouillant ses poches. Son carnet de notes où il y avait dessus toutes ces dernières recherches et réflexions. Et là, c'était le drame. Par la barbe de Merlin, où avait-il pu le laisser ?! Scott sortit en trombe, se rappelant qu'il avait probablement perdu sur sa route ou sur le banc, là où il était assis toute à l'heure ? Il commença alors à rebrousser chemin. Peut-être qu'un bon samaritain l'avait retrouvé et cherchait à lui restituer ? Dans un moment pareil là seule solution, c'était de positiver. C'est ça Scott. Tu vas le retrouver, n'est pas ?

J’étais déjà en train de préparer mes courses de Noël. Oh, je n’avais pas beaucoup de personne à gâter cette année. Comme toutes les autres années d’ailleurs. Mais qu’importe le nombre après tout non ? Car oui, depuis que j’avais quitter les USA pour l’Angleterre, la vie était toute nouvelle pour moi. Star de Quidditch, Championne du monde et sacrée meilleure joueuse de l’année 2019, j’avais arrêté ma carrière après ça. La raison ? Burn out. Le plus total. Ma mère était décédé, me laissant entièrement seule et je m’étais rendue compte que je n’avais absolument aucun vrai ami. L’atmosphère sportive et mon entourage était voué à la performance, et mes « amis » n’étaient en réalité que des profiteurs.
Alors j’avais complètement craqué. Rompu mon contrat, pris le premier transport magique pour l’Angleterre et j’avais rejoins mon demi-frère dont j’avais appris l’existence il y a quelques mois seulement pour vivre proche de lui. Il m’avait accueilli à bras ouvert et j’avais racheté les Trois Balais pour… changer totalement.
Aussi, j’avais vu, à Aurore et lui, leur manque cruel de connaissance en matière de Quidditch. Donc, cette année je comptais bien leur offrir quelque chose en rapport avec cela. Pour ma nièce, un balai en jouet ferait l’affaire. Quand à @Gabriel Standford, je comptais lui offrir un abonnement à l’année pour un club Londonien. Je savais qu’il se forcerait à y aller. Et parole d’Hope Standford, il en deviendrait mordu !
C’était donc dans cette optique là que j’avançais dans les rues. Soudain, mon regard fut attirer par un carnet. Quelqu’un avait du l’oublier ! Je me dirigeais pour le ramasser. Sans un mot, je commençais à lire ce qu’il y avait dedans, quand une espèce de masse me percuta de plein fouet. Heureusement, mon corps d’athlète me fit encaisser le choc.

« Ouaw ! Doucement ! Ah, ça doit être à vous ! »

Je lui tendais le carnet. Avec un grand sourire à la Hope Standford. Derrière son épaule, je voyais un petit monsieur arrivé en courant et en clamant :

« Oh voleur ! Oh vol… Ah ! Madame Standford ! Oh ! Vous l’avez arrêté ! Très bien ! »

J’observais le vendeur, puis Scott (dont je ne connaissais pas encore le prénom). Finalement je me mis à sourire aux deux.

« Je crois qu’il a juste oublier de payer car il a perdu ça... et ça avait l’air important.»

Je désignais le carnet d’un air amusé. Le petit homme l’observa comme si en réalité ça n’avait plus tellement d’intérêt. Il sortit plutôt une plume et un petit bout de parchemin.

« Ah, d’accord. Vous pouvez me signer un autographe que je l’affiche dans la boutique ? »

Je soupirai, le regard un peu déçu. Encore un qui ne voyait que ma célébrité et qui avait absolument rien à faire de ce que je disais. Je lui signais son fichu bout de papier. Il le regarda d’un air admiratif.

« Quand Félie va voir ça... »

Et il s’en alla. Sans un bonjour, sans un aurevoir, et surtout sans réclamer l’argent de Scott. Je le regardais amusé.

« Je crois qu’il en a oublié de réclamer son dû. Ca vaut deux merci au lieu d’un ! »

Quel empoté d'avoir été aussi imprudent ! Il avait l'impression d'avoir laissé sa vie dans ce carnet, enfin non il ne fallait pas exagéré mais quand même. C'était juste le fruit d'un travail de longue haleine et perdre tout ça aussi bêtement...Hé bien ça l'embêtait. Il en stressait même à l'idée. N'ayant qu'en tête de revenir à ce banc porté par l'espoir de retrouver son St-Graal, le Nightingale n'avait pas fait attention au vendeur qui réclamait son dû et avait, au passage, percuté assez violemment quelqu'un.

« Pardon, excusez-moi ! »

L'homme s'était à peine retourné même s'il s'était rapidement excusé et s'apprêtait à filer. Mais ce fut sans compter de la personne que Scott venait de bousculer. Il s'agissait d'une jeune femme plutôt jolie à la chevelure blonde qui lui tendait gentiment son carnet.

« Bon sang le voilà, vraiment merci beaucoup !! »

Il la remercia, clairement soulagé. Enfin presque. Parce que dans sa précipitation, il avait tout simplement oublié de payer le vif d'or qu'il avait dans sa poche. Et le vendeur avait vite fait de le rattraper et de le lui rappeler, si seulement celui-ci ne s'était pas fait happé par l'inconnue pas si inconnue que ça pour lui demander un autographe ? Puis de filer comme si de rien n'était, coupant l'herbe sous le pied de Scott qui voulait le rembourser. Quand même ! Il avait eu beau l'appeler sous le regard amusé de la jeune femme, en vain. C'était comme s'il se satisfaisait d'une simple signature.

« J'irai tout de même payer, sinon j'aurais du mal à repartir l'esprit tranquille. »

C'était ce que l'on appelait de l'honnêteté et du savoir vivre. S'il en était pas capable, comment voulez vous qu'il serve d'exemple pour ses deux enfants ?

« Je tiens à vous remercier de me l'avoir rendu. Est-ce que je peux faire quoique ce soit pour vous remercier ? »

Scott s'était tournée vers la blonde, un sourire aux lèvres avant de soudainement réaliser quelque chose en l'ayant en face de lui.

« Oh...Mais attendez, votre visage me dit quelque chose...On ne s'est pas déjà croisés quelque part ? »

Ou tout simplement parce qu'elle devait sûrement être célèbre ? Il avait beau se creuser la tête, le Nightingale ne voyait pas qui elle était.

Je l’observais, mes courses de Noël sous le bras, au milieu des ruelles un peu froide pour cette saison. Je me mis alors à rire à plein poumon. D’un rire joyeux et cristallin. Il était vraiment très rigolo.

« C’est sûr, qui paye ses dettes s’enrichit. »

C’était un vieux proverbe non-maj. Je me giflais mentalement d’ailleurs. Qu’est ce que je pouvais être gourde de l’utiliser dans un moment pareil. Si ça se trouvait, ce beau jeune homme était un sorcier de sang pur ! Il était plutôt canon. Je fronçais les sourcils cependant quand mes yeux se portèrent à sa main par pur réflexe. Evidemment… Marié…

« Je vous aurai bien demandé de me proposer un verre, de m’emmener en boire un deuxième, de rire et de fonder une famille avec vous… Mais ça à l’air déjà compromis... »

Comme une vilaine fille, je désignais sa baguette au niveau de sa main. Bon, est ce que je le tourmentais ? Oui. Est ce que j’en jouais ? A mort. Mais il se sentait redevable et… je lui avais simplement rendu service. Alors je préférai tourner tout cela à la pure stupidité plutôt que de lui demander une véritable requête.

« Vous avez du me voir au Quidditch. Je suis Hope Standford. C’est pour ça qu’il est parti avec mon autographe et sans l’argent du vif d’or. »

Avec un regard amusé, je désignais le vendeur qui était désormais presque hors de vu. Finalement avec un léger sourire, je remis mes emplettes correctement et je déclarai d’un ton enjoué.

« Vous pouvez m’emmener au bar le plus proche. Je suis la nouvelle propriétaire des Trois Balais, à Pré-Au-Lard. J’aimerai connaître d’autres institutions du genre.. Pour voir si j’ai des trucs à améliorer ! Comme ça, vous me raconterez ce qu’un beau jeune homme marié fait seul en plein milieu du froid, et surtout pourquoi il tient temps à un petit calepin ! »

Je lui fis un regard rieur, puis j’attendis qu’il me désigne l’endroit où nous devions nous rendre.

« Comment tu t’appelles au fait ? »

Qui paye ses dettes, s'enrichit. Ce proverbe raisonna très fort chez le sang-mêlé, l'ayant déjà entendu de la bouche de son grand-père moldu adoré qui n'était malheureusement plus depuis quelques années. Ses lèvres s'étirèrent machinalement, ravi quelque part de voir que des sorciers trouvaient encore de l'intérêt dans cet autre montre qui inspirait dans encore trop de gens méfiance voire même du mépris.

« Exactement ! » se mettait-il à rire avant de reprendre « Je suis assez surpris, je ne pensais pas entendre une telle expression ici, la dernière fois que je l'ai entendue c'était il y a plus de 20 ans de la part de mon grand-père pour vous dire. » Lui aussi prenait des risques à dévoiler indirectement la nature de son sang mais il sentait qu'elle ne le jugerait pas. Puis de toute manière, ils étaient encore libres de s'exprimer comme ils le voulaient. Que cela plaise ou non. Scott se disait que cette jeune femme dégageait quelque chose de chaleureux et sa positivité était hautement contagieuse. Elle lui rappelait un peu Dawn sur les bords.

D'ailleurs, il voyait son regard glisser sur sa main où se trouvait son alliance. Ce n'était pas la première fois qu'un femme le jaugeait ainsi, réalisant par ce simple objet qu'il était un homme déjà prisé.

« Aah oui malheureusement. J'ai une femme que j'aime de tout mon cœur et deux petites têtes adorables qui m'attendent à la maison. Mais je suis flatté et j'accepte volontiers votre invitation de boire un verre avec vous, même si c'est moi qui aurait dû en être à l'initiative.  »

Scott en rigolait. Lui qui voulait être galant et lui rendre la pareille, c'était un peu loupé ! Mais il n'était pas contre se détendre un peu les neurones après avoir passé des heures à travailler sur ses notes.

« Standford ? Attendez, vous ne connaitriez pas un certain Gabriel par hasard ? C'est un très bon ami à moi, on se fréquente depuis l'enfance. Nous étions même voisins pour être plus précis ! »

Et de mémoire, le Nightingale ne se rappelait pas qu'on lui ai parlé d'une certaine Hope ?Parce qu'il s'en souviendrait sinon, à moins de devenir déjà sénile à tout juste 36 ans. Perdu dans ses pensées, Scott grattait sa barbe. Il en parlera sûrement à Gabriel lorsqu'il le verra. Il ne pourra pas y échapper. En tout cas, il comprenait mieux pourquoi le vendeur partait aussi jovial en lui laissant le vif d'or qui allait faire un heureux une fois le moment venu de l'offrir.

Regardant lui aussi le commerçant s'éloigner, ce fut la voix enjouée de Hope qui l'extirpa de sa rêverie. Elle était propriétaire des Trois Balais ? Un souvenir fit tilt dans sa tête. Il n'avait pas vu son visage sur le terrain mais là-bas en réalité. Bien sûr Scott connaissait d'autres tavernes dans le coin, pas aussi réputées cela dit.

« Je comprends mieux pourquoi votre visage m'était aussi familier. Ecoutez ça sera avec plaisir ! Il y a une petite taverne bien sympathique à deux pas d'ici, je vous parlerez de moi et vous, de ce que fait une talentueuse joueuse de Quidditch dont mon meilleur ami ne m'a jamais parlé ! J'admets être intrigué. »

Gabriel devait avoir ses raisons et il ne lui en voulait certainement pas. Il était juste curieux. Hope finit par le tutoyer en lui demandant son nom. Ce soudain changement de registre le fit sourire, préférant largement faire dans les familiarités que dans les formalités. Et il réalisa qu'il ne s'était même pas présenté.

« Scott Nightingale. Peut-être que mon nom ne vous est pas inconnu non plus et entre nous, j'ai aussi une préférence pour le tutoiement. » avait-il répondu en lui tendant la main accompagné d'un large sourire. Si ce n'était pas au travers de la réputation de sa famille, le livre qu'il avait écrit il y a quelques années de ça avait fait beaucoup de bruit, propulsant le jeune Nightingale au rang d'innovateur de sortilèges le plus doué de sa génération faisant de lui une petite célébrité dans le monde magique.

Ne souhaitant pas trop trainer, Scott invita la jeune femme à le suivre. Il n'avait aucune arrière pensée, seulement l'envie de se détendre un peu en bonne compagnie autour d'un verre. Son épouse ne serait absolument pas du même avis, détestant l'idée qu'une autre femme puisse roucouler avec son homme. La journée n'était pas encore finie. Il n'avait qu'à rentrer en début de soirée comme s'était prévu et de toute façon, il ne comptait pas réellement s'en cacher.

Marchant sur quelques mètres seulement, ils entrèrent dans la fameuse taverne tenue par l'une de ses connaissances. Ils prirent place face à face, et deux cartes se déployèrent devant leurs yeux, leur offrant tout de même un joli choix de boissons en tout genre. Scott leva la tête vers Hope, curieux de savoir ce qu'elle avait en tête.

« Alors, cette carte t'inspires ? Prends ce que tu veux, je payerai l'addition. »

Oui il était têtu mais Scott n'aimait pas avoir une dette envers quelqu'un. Qui plus est, et même sans ça, il aurait sûrement offert la tournée par pure gentillesse.

« Hé bah je vais prendre le Gloubi-Bougla. »

Je désignais un cocktail étrange sans alcool mais qui procurait selon la recette des sensations trop cool. J’avais hâte d’en découvrir d’avantage. Avec un léger sourire désolé, je l’observais. Il connaissait Gabriel depuis très longtemps… Ca allait pour moi être certainement l’occasion de mieux connaître mon frère.

« C’est mon frère. » dis-je simplement.

Puis, voyant que cela pouvait être mal interprété (en effet, Scott allait s’imaginer que la mere de Gabriel m’avait séquestrer pendant des années), il me semblait bon d’éclaircir la situation.

« Demi-frère en réalité… On a un père en commun et on l’a appris il y a quelques mois… c’est un peu nouveau du coup. Tu le connais 100 fois mieux que moi… D’ailleurs, il est comment ? »

On m’apporta mon Gloubi-Bougla, un espèce de cocktail étrange d’une couleur verte opale. Une fumée rose s’en échappait. Je lisais la carte, d’après ce qu’elle disait, ce Cocktail faisait sortir des dragons de fumées du nez et des oreilles. C’était un bien curieux brevage.

« Tout le monde a l’air de bien connaître mon frère ici… Mais c’est curieux, moi je le connais pas du tout. Je viens d’arriver des USA. Je pensais que ça serait moi le Standford le plus célèbre des deux même en Angleterre ! Et beh jme plantais complètement ! »

Je me mis à ricaner. Scott avait l’air vraiment sympa. Je pouvais rapidement m’en faire un pote c’était certains. On devait avoir à peu prêt le même âge et il dégageait un truc cool que j’aimais bien chez les gens que j’aimais avoir comme un ami. Ca s’expliquait pas vraiment, on se connaissait à peine qu’il me semblait qu’on déjà proche naturellement…

« Mais sinon t’as pas répondu… tu fais quoi dans la vie ? Pour qu’un petit cahier soit si important à tes yeux. T’es genre un espèce de fou qui note le nom des gens avant de les tuer c’est ça ? »

Je l’observais en riant. Puis je me mis à arrêter de rire, alors qu’effectivement des dragons de fumée sortaient de mes oreilles comme l’annoncer la recette du cocktail. Si ca se trouvait, c’était un vrai tueur en série et j’étais la prochaine sur sa liste… Il fallait quand même que je reste méfiante.