The game of life is hard to play

Alister passait la plupart de son temps libre autour du terrain de Quidditch ou à la bibliothèque. Mais pas ce soir. Depuis la rentrée, sa vie avait pris une tournure quelque peu surprenante entre l'élection de son oncle au poste de Ministre de la Magie, ce qui avait mis le nom des Dunn encore plus au premier plan qu'il ne l'était déjà, et la mort d'Ulysse qui avait fini de mettre sa famille en une de la Gazette tous les jours. Ce qu'il avait fait à Halloween ne l'avait pas vraiment aidé à se sentir mieux et il avait définitivement besoin de parler à quelqu'un, même si le dernier point resterait évidemment sous silence. Mais aborder ces sujets-là avec son cercle d'amis habituel n'était pas franchement une bonne idée. En plus de tout ça, le fait que le moment où il devrait choisir le cursus qu'il suivrait l'année prochaine se rapprochait à grand pas et qu'il n'avait toujours pas réussi à prendre la moindre décision n'aidait pas plus que ça à calmer le Serdaigle. Il aurait pu aller en parler encore une fois avec  @Lucy Clearwater  qui était moins impliquée dans tous ces événements, mais ses pas l'avait porté vers la salle de son directeur de maison. Il savait que la salle de professeur Korrigan était toujours ouverte à qui avait besoin d'aide.

Il ne trouva personne en poussant la porte de la salle, mais si son instinct lui criait de faire demi-tour, il se força à rester dans la salle, en espérant que son professeur repasse par sa salle, ce dont il ne doutait pas puisque la porte était encore ouverte. Il s'adossa contre un mur avant de sortir son livre du moment pour patienter.

Il ne fut tiré de sa lecture qu'un bon quart d'heure plus tard, ayant presque oublié ce qu'il venait chercher ici.

"Je... Euh... Bonjour. Je crois... Je crois que j'ai besoin de parler à quelqu'un. Je... Je ne veux pas déranger, mais si vous aviez quelques minutes à me consacrer..."

Son instinct de Dunn lui disait d'enterrer encore un peu plus ce qu'il ressentait, que personne n'avait à savoir combien il était affecté par tout ce qu'il se passait, mais il était fermement décidé à lutter contre cet instinct. Alister était certain qu'il ne pouvait rien ressortir de bon si son esprit était embrumé par autant d'émotions. Il allait clairement avoir besoin d'être au maximum de ses capacités durant les prochaines semaines pour protéger ses quelques amis vu ce qu'ils avaient découvert à Halloween sur la mort d'Ulysse, et il espérait vraiment que le professeur Korrigan pourrait l'aider à surmonter ça.

Allongé dans un coin de ma classe, sous forme animal, je faisais une petite sieste. Après tout, j’avais bien droit à un peu de repos ! Et sous cette forme là, j’avais tendance à me reposer un peu plus facilement et surtout partout. De plus, ça me permettait de dormir que d’une oreille et surtout de rattraper mon sommeil plus rapidement, les chiens ayant moins besoin de dormir que les humains. Je sursautais cependant dans le coin de la classe. Un bruit m’avait réveillé. Mon museau se dilata légèrement et l’odeur du jeune homme arriva jusqu’à mon cerveau. Sans avoir à le voir, je savais déjà qui était dans ma classe.

« Bonjour, Alister. »

Avec un sourire chaleureux et bienveillant comme à mon habitude j’étais apparu à ses côtés. Encor décoiffé, je passais ma main dans les cheveux d’un air calme et serein. Mes yeux bleus, qui étaient les même que sous ma forme animal passèrent Alister au rayon X alors que la conversation démarra.

« J’ai toujours du temps pour chaque étudiant de cette école… Et l’avantage c’est que je suis payé pour ça, surtout quand ils sont de ma propre maison. Hm… Tu veux boire ou manger quelque chose ? Je pense que la discussion peut être longue... »

J’attendis sa réponse, mais j’étais prêt à convoquer un des elfes de Poudlard. Sans rien rajouter de plus, je regardais autour de moi d’un air distrait. Ma classe était encore pas très bien rangé. Deux lémuriens étaient en train de dormir au dessus d’une liane artificielle, et quelques poules picoraient autour de moi. Etant les deux animaux que j’utilisais principalement en métamorphose, je n’avais jamais le coeur à les enfermer dans des cages.
Les mains sur les hanches, toujours aussi distrait, je déclarai :

« Il faut vraiment que je range… Donc, pardon, quel vent t’amène ici ? »

Je clignais plusieurs fois des yeux. J’avais ce défaut d’être toujours dans la lune, et depuis ma jeunesse ca ne m’avait jamais quitté...

Alister appréciait beaucoup la salle de métamorphose. Le chaos qui y régnait à cause entre autre des lémuriens et des poules en liberté dénotait de l'ambiance de la tour des Serdaigles, mais c'est justement ce qu'il venait y chercher, une ambiance différente.

"Ouais je pense aussi... Je dirais pas non à un cappuccino."

Si Alister avait bien un truc à redire sur la vie en Angleterre, c'était la difficulté de trouver un bon café. Au moins à Poudlard n'avait-il aucun mal à en trouver grâce aux elfes de maisons.

"Bon... Voilà. Tout part en vrille dans ma vie, et toutes les personnes à qui je pourrais éventuellement en parler sont à peu près dans le même état. Je me suis dis que ça ne pouvait pas rester éternellement comme ça, alors j'ai cherché quelqu'un à qui parler de tout ça, et mes pas m'ont conduits ici instinctivement sans trop que j'y réfléchisse."

Alister se demandait par quoi commencer. Devait-il lui parler d'Ulysse ? De ses questionnements quand à son avenir ? Finalement repousser l'inévitable et prendre la fuite ? Il écarta la dernière option, et décida de commencer par l'option où Luke était sans nul doute le meilleur choix pour en discuter.

"On va dire que le moins pire de mes problèmes, c'est quel MULOT je compte faire l'année prochaine. J'ai trois options qui m'attire, et le problème, c'est que je change d'avis à peu près tout les jours. D'un côté, je suis à peu près sur de pouvoir devenir un excellent joueur de Quidditch professionnel, donc un MULOT en Sports Magiques pourrait être sympa. De l'autre je me dis que je pourrais être bien plus utile en mettant mes talents en vol sur balais au service de la BPM."

Il était particulièrement rare de voir Alister stressé, mais à ce moment précis, il était évident que c'était le cas. Alister se sentait parfaitement idiot étant donné qu'il parlait à Luke, son directeur de maison, qui était probablement le professeur le plus sympa de Poudlard qui n'hésiterais pas une seule seconde à l'aider. Il tentait vainement d'écarter cette idée de sa tête alors qu'il continuait de parler.

"Vous pensez qu'un double cursus pourrait être une bonne option ? Plus ça va, plus je me dis que ce serait la solution, mais pour une fois je suis vraiment pas sûr de moi."

Alister avait vraiment envie d'aborder le point qui l'angoissait le plus, mais son subconscient lui disait de tout laisser tomber et s'enfuir le plus loin possible de la salle de Métamorphose. Laisser filtrer ses émotions, c'était clairement pas son truc. En attendant la réponse à sa question, il laissa son esprit s'embrouille en faisant deux choses en même temps. Chercher comment aborder le sujet d'Ulysse, ce qu'il souhaitait faire, et chercher le meilleur moyen de mettre fin à la discussion, ce que lui hurlait son subconscient. Il essayait de masquer ce qu'il se passait dans sa tête du mieux possible, mais ce n'était franchement pas une grand réussite et nul doute que Luke s'en était rendu compte.

Alors que le Cappucino et les quelques gâteaux qu’Alister et moi avions commander arrivèrent, je continuais de ranger la classe tout en l’écoutant. Une fois à l’arrêt, je m’étais figé pour tendre mon oreille à ce qu’il disait. J’avais toujours cet air distrait, qui donnait peut être l’impression que je n’écoutais pas, alors qu’en réalité c’était totalement l’inverse.
Je m’avançais pour allumer la cheminée de la classe. M’arrêter me rappeler qu’il faisait quand même froid à Poudlard. Poussant un lémurien, je me tournais vers lui le regard peiné.

« Oui, j’ai appris pour ton cousin. J’en suis aussi très affecté. »

Ulysse avait été un de mes étudiants, et sa mort m’avait beaucoup peiné. Même si je ne le montrais pas, j’avais trouvé cela assez affreux. Je rêvais encore la nuit, qu’une Meute de loup attaquait d’ailleurs mes étudiants. Mais je m’étais bien gardé de dévoiler cette information à Maeve. Après tout c’était la psychomage de l’établissement… en plus d’être ma belle sœur.

« Effectivement, tu es excellent sur un balai, je ne peux pas le nier et Serdaigle t’en remercie. »

Je me réchauffais avec mes mains tendus devant le feu qui s’était mis à flamber d’une lueur ardente. Dans un soupire, je repris la parole, d’un ton calme et posé, après avoir bien réfléchi à ce que j’allais dire.

« Tu as les capacités pour avoir un double cursus, et je ne m’y opposerai pas. Mais il faut également l’énergie pour y arriver, demande à ta cousine Apolline. C’est quelque chose d’épuisant, même quand on est brillant. »

Je fronçais les sourcils sans regarder Alister mais en contemplant le feu. Finalement, je me tournais vers lui avec un léger sourire vraiment navré.

« Vous êtes de plus en plus nombreux à vouloir changer de voie à cause des différents évènements récents. Je vous dirai simplement de suivre vos envies. Qu’il y aura toujours des drames, et toujours gens pour les éviter… Ce qui veut dire en sous-entendu que ce n’est pas parce que tu deviens un membre de la BPM ou un Auror que l’inévitable ne se produira pas. Il faut faire ce que tu as véritablement envie de faire… »

Les flammes dansèrent sous mes mains. Moi aussi, à l’origine je n’étais pas véritablement destiné pour la Métamorphose. J’avais toujours voulu faire explorateur et j’étais fan du travail des Briseurs de Sort. Mais je n’avais pas ce grain de folie qu’il fallait avoir. J’avais été très déçu durant mes stages d’observation…

« Et la vie est assez longue. Tu peux faire une carrière de Quidditch et revenir à Poudlard pour les études. Beaucoup de personnes font cela… Ce que je veux dire Alister. »

Je me tournais pour la première fois face à lui et je le regardais dans les yeux d’un air calme et apaisant.

« C’est que tu ne dois pas faire de choix par défaut. Tu dois faire ce qui te plait réellement. Mais quoi que tu entreprennes, j’ai une confiance aveugle en ton succès. Et il faut dire que tu parles plutôt bien. C’est plutôt diplomate, la voie vers laquelle t’orienter. Ton oncle serait ravi.»


Je ricanais d’un petit rire moqueur et mesquin. Je savais, de source sur et dans mes petits papiers, qu’Alister ne portait pas son oncle, Monsieur le Ministre tant dans son coeur que cela. Et… Voir un concurrent sur la scène politique, avec le même nom…

Le Serdaigle ne savait vraiment pas comment son directeur de maison faisait pour apaiser autant les gens avec qui il parlait. En tout cas, ça fonctionnait sur Alister. Même si son professeur paraissait complètement distrait et ne semblait pas l'écouter se lamenter sur sa vie, il était certain que c'était totalement l'inverse. Les réponses de son professeur de Métamorphose ne firent que confirmer l'impression d'Alister.

"Merci pour les compliments, même si ça ne changera pas grand chose au fond, ça fait toujours du bien... Concernant l'épuisement causé par un double cursus, les efforts ne me font pas peur. Votre approbation me conforte sur cette voie en tout cas. Si il faut que je travaille deux fois plus, ça ne me pose pas de soucis. Et je crois que c'est pas la peine de parler de réduction du temps de sommeil, c'est pas franchement possible de mon côté..."

Quand il avait abordé des sujets plus sérieux, Luke s'était enfin retourné vers lui, un air inhabituellement concentré pouvant se lire sur son visage. Visiblement, il n'était pas le premier à avoir cette discussion avec le professeur de Métamorphose.

"Je sais pas, je me dis que j'aurais du mal à pouvoir me contenter d'une carrière du joueur de Quidditch alors que je pourrais aider à rendre le monde meilleur à la BPM ou en tant qu'Auror."

Luke mentionna ensuite son oncle et qu'une carrière politique serait aussi un bon choix pour lui. Cette fois-ci, il avait visé à côté. PLutôt crever que de devoir faire carrière dans la politique. En plus de ça, cela reviendrait probablement à affronter  @Apolline Dunn  à un moment ou un autre, et pour une fois, c'était un terrain où il ne tenait pas particulièrement à prouver qu'il pouvait être son égal. Rendre fier son père était peut-être le souhait le plus cher de sa cousine et Alister ne tenait pas à lui mettre des bâtons dans les roues.

"Moi ? Diplomate ? Autant vos précédents conseils visaient juste, autant celui là je ne suis vraiment pas sûr. La politique, c'est franchement pas mon domaine, j'ai besoin d'action, pas de passer ma vie à envoyer des lettres au nom de mon oncle."

Alister réalisa soudainement qu'un sourire moqueur était apparu sur le visage du professeur Korrigan et qu'il devait sûrement d'une façon ou d'une autre être au courant que les relations entre lui et son oncle étaient... complexes. Autant depuis la mort d'Ulysse, Adaïr semblait tenter de se rapprocher d'Alister, ce qui ne lui déplaisait pas, autant sur tout le reste, c'était toujours aussi tendu au vu de leurs points de vue différents sur la quasi-totalité des sujets.

"Quand on rajoute tout ce qui se passe avec Ulysse au dessus de tout-ça, pas étonnant que mes insomnies soient encore plus fréquentes qu'avant..."

Toujours proche du feu, je me retournais pour attiser le brasier à la main. Fronçant les sourcils en contemplant les flammes, j’écoutais avec attention ce que le préfet des aiglons avait à me dire. Il semblait effectivement profondément affecté par la mort de son cousin. Comme nous tous. Personnellement, je le vivais comme un échec personnel… Tous les étudiants de Poudlard étaient un peu comme mes enfants à mes yeux…

« Pour l’insomnie, je te recommande des potions. Elles permettent de dormir d’un sommeil sans rêve. Malheureusement je ne peux pas te les concocter... J'ai toujours été piètre dans ce domaine... »

Je continuais d’attiser le feu, préférant revenir sur le sujet d’Ulysse plus tard. Ca me faisait encore trop souffrir pour en parler, même si j’avais compris qu’Alister voulait très certainement se confier sur ce sujet. Les yeux humides, je restais le visage fermé à attiser les flammes sans parler pendant quelques secondes.

« Les gens ont tendance à croire qu’il faut tout faire out très vite quand on est jeune et étudiant. Poudlard est ouvert à n’importe quel personne, de n’importe quel âge. Et chacun peut obtenir ses MULOTS à son rythme. J’ai connu un ami, Malekith Berelian, qui a eu ses MULOTS en 10ans. Tout le monde lui disait d’arrêter, qu’il perdait son temps. Mais qu’est ce que c’est que 3 ans, dans une vie ? Aujourd’hui, il est Brigadier et très heureux. Il n’échangerait jamais trois ans de sa vie contre celle qu’il a aujourd’hui. »

Je me tournais vers lui, le visage un peu plus rayonnant. Le masque funeste qui était apparu quand il avait parlé d’Ulysse s’était progressivement effacé. Dans un soupire je me contentais de sourire légèrement et de poursuivre :

« Ce que je veux dire, en réalité, c’est que le plus important… C’est pas la réussite. C’est juste le bonheur et de savoir la place qu’on veut avoir dans la société. »

Les mains dans le dos, je chauffais mon corps sans rien dire et je le regardais dans les yeux. Finalement, je les baissais. Il fallait que l’on parle d’Ulysse. J’étais son Directeur de Maison et je me devais d’écouter son désarroi, en mettant le miens totalement de côté. La voix un peu cassée, je trouvais quand même le courage de dire :

« Moi aussi, je ne dors plus depuis qu’Ulysse n’est plus de ce monde. J’ai du mal à l’accepter. S’attaquer à un étudiant, aussi proche de l’école, c’est s’attaquer à toute l’école. »

Le regard déterminé voulait dire ce qu’il voulait dire. Si je tombais sur l’assassin d’Ulysse, je n’aurai très certainement pas la même patience et pitié qu’un Auror ou qu’un Brigadier. Les mains un peu serrées dans mon dos, je plissais des yeux tout en observant Alister.

« Tu as besoin d’action, certes. Mais peut être que le monde a aussi besoin de gens éclairés comme toi pour les guider. Son propre bonheur ou le bien commun… Une cruelle décision permanente. Qui ne mène nulle part. Je te dirai bien d’écouter ton coeur, mais pour une fois, l’adage va aller dans l’autre sens. Ecoute ton esprit. Si tu estimes que tu ferais un meilleur Auror que Ministre, alors fait le ! Dans les deux cas, le monde magique sera gagnant. »

Je lui fis un léger clin d’oeil. Puis je m’avançais quand même vers lui, et je me risquais de lui mettre une main sur l’épaule d’un geste affectueux et bienveillant.

« Tu es déjà un excellent homme. Il ne fait nul doute que quelque soit la voie entreprise, tu seras un excellent Sorcier. »