Nice to meet you, where you been? { Elima

Les jours et les nuits s’enchaînaient à un rythme effréné sans qu’Ima n’en voie le bout. Il y avait eu les évènements de cet été, avec la disparition inquiétante de trois étudiants qui avaient fort heureusement fini par être retrouvés dans d’étranges circonstances. Le nouveau Ministre de la Magie avait été élu sur ces entrefaits, créant des remous qui avaient mené au sinistre meurtre de son propre fils quelques semaines plus tard. Pour ne rien arranger, une agente de la Coopération Magique Internationale qu’Ima avait vaguement croisé à divers évènements mondains mais dont il avait lu les articles avec grand intérêt venait d’être victime d’un attentat au colis piégé. Le chef des Aurors, @Gabriel Standford, un sorcier qu’Ima estimait grandement pour sa droiture et son efficacité avait mis en place la procédure d’urgence de protection des témoins en la plaçant en sécurité à Poudlard.

Thanatos était un groupement connu pour être redoutablement efficace dans l’élimination de toute preuve de leur existence. Cette agente était pour l’heure ce qui se rapprochait le plus d’une piste pour les agents chargés de l’enquête qui faisaient du sur place depuis bien trop longtemps. Ima, comme Gabriel redoutaient la main mise de Thanatos sur le ministère, et Poudlard restait pour l’heure l’endroit le plus sécurisé d’Angleterre. Les deux sorciers avaient autant que possible tentés de limiter le cercle d’interaction avec l’agente Caron pour diminuer le risque de récupération par l’ennemi. C’était pour cette raison qu’Ima se déplaçait en personne pour interroger la sorcière.

Son arrivée à Pré-au-Lard fut empreinte de nostalgie alors qu’il se remémorait ses propres années à Poudlard il y avait plusieurs vies de cela. Mais il ne prendrait pas le chemin du château, afin de rejoindre un salon de thé du petit village sorcier, privatisé pour l’occasion de cette rencontre. Alors qu’il se dirigeait vers l’établissement, le magistrat aperçu l’agent chargé de la surveillance de la témoin devant une vitrine, le nez en l’air. Voilà qui n’était clairement pas une posture professionnelle. Passablement agacé, Ima s’avança à grandes enjambées vers lui, prêt à l’invectiver avant que son regard ne se pose sur la vitrine. Là il l’aperçut, au milieu d’une foule d’étudiants, visiblement en train de manquer d’air et de s’étouffer à moitié.

Ni une ni deux, il transplanna dans la boutique pour l’en sortir, atterrissant dans une petite ruelle non loin de là. En moins d’une seconde, il avait lancé un Anapneo pour libérer la trachée de l’agente et lui permettre de respirer de nouveau librement. Mais à peine avait-il lancé son sortilège que son regard qui la détaillait à la recherche d’autres sortilèges potentiels tomba sur le sachet qu’elle tenait encore dans ses mains. Des nains au poivre. Ima n’avait jamais été amateur de friandises – ni dans son jeune âge, encore moins aujourd’hui. Certains bonbons magiques offraient des effets secondaires censés amuser la galerie, et il ne faisait aucun doute que celui-ci en faisait partie. Le magistrat n’en perdit cependant pas son sérieux en la relâchant, s’assurant qu’elle tenait bien sur ses deux pieds.

- Agent Caron, vous allez bien ?

Ses prunelles sombres empreintes d’inquiétude la dévisageaient, notant imperceptiblement les quelques cicatrices que ses vêtements voulaient bien laisser voir. Rapidement, il se persuada qu’elle n’était plus en danger immédiat et lui effleura le bras avec un signe de tête.

- Je suis Ima Soninké, Président du Magenmagot. Vous voulez bien me suivre ?

L’invitant à sa suite, le magistrat passa de nouveau devant la boutique, s’arrêtant devant l’agent qui semblait seulement s’apercevoir de la disparition de sa protégée.

- Je prends le relais à partir de maintenant. Je vous prie de bien vouloir informer le chef Stanford que le Président Soninké vous retire de cette mission et requiert l’affectation d’un nouvel agent. Ne prenez pas cela personnellement, mais nous n’avons pas droit à l’erreur dans cette affaire.

Sans attendre de réaction, il poursuivit sa route vers le salon de thé, vérifiant que la sorcière le suivait toujours, tout en scrutant les alentours par mesure de sécurité. L’établissement était vide, ainsi que s’en était assuré Gabriel, et Ima invita la témoin à entrer, refermant soigneusement la porte derrière elle. D’un coup de baguette, il ferma tous les rideaux des fenêtres, camoufla leur présence à l'aide d'un sortilège, alluma quelques lumières tamisées et mis de l’eau à chauffer depuis les cuisines.

- Je ne serai pas contre un thé, finit-il par avouer – un sourire perçant enfin le masque sévère de son visage – en se tournant vers la sorcière. Une chance que nous soyons au bon endroit pour cela…

La sorcière vint perturber son masque impassible en lui indiquant que sa volonté appliquée à la protéger était celle-là même qui avait ravivé ses blessures. Tout en parlant, elle lui dévoilait une partie de son corps marqué que le transplanage avait visiblement amoché. Ima perdit instantanément sa superbe en s’approchant d’elle alors qu’elle s’affairait à cautériser elle-même ses cicatrices. Elle était en bien plus mauvaise forme que ce qu’il avait imaginé… Qui l’avait autorisée à sortir aussi vite de Sainte Mangouste ? Elle n’était clairement pas en état ! Le thé était lancé et il vint s’assoir prudemment à côté d’elle en l’observant faire, sourcils froncés.

- Je devrais vous ramener à Sainte Mangouste, marmonna-t-il avec une sévérité qui masquait son inquiétude pour l’agent. Regardez-vous, Eloïse, vous tenez à peine sur vos jambes…

Il se tut soudain, se rendant compte qu’il l’avait appelée par son prénom, dépassant déjà les limites du professionnalisme qu’il s’imposait à toute heure et en tous lieux. Ainsi que la sorcière l’avait mentionné, lui et elle se connaissaient déjà, pour s’être rencontrés lors de divers évènements. Mais afin d’entretenir sa totale neutralité dans cette affaire, Ima n’aimait pas à se rappeler la sorcière en robe de cocktail riant au-dessous de sa coupe de champagne. Et à présent qu’il avait eu un aperçu de ce qu’elle avait subi à cause de ce colis piégé, il lui fut encore plus difficile de garder une raisonnable distance avec elle. C’était une chose de lire un rapport de médicomage, c’en était une toute différente de voir la sorcière forcer un ton léger pour retenir une grimace de douleur.

L’eau frémissait dans les cuisines, et d’un geste de baguette, Ima organisa tout un balai pour servir le thé dans une tasse qui virevoleta jusqu’à eux. L’attrapant en vol, Ima la posa délicatement devant la sorcière avant de relever un regard anxieux vers elle. Serait-elle en état de répondre à son interrogatoire ?

- Sucre ? Lait ?

Ima ne perdait pas une miette de ses réactions afin de déterminer son niveau de douleur. Au moindre signe qui montrait qu’elle flanchait, il la ramènerait de gré ou de force à l’hôpital pour qu’elle y reçoive les traitements appropriés. Sa propre tasse fut déposée devant lui - du thé noir bouillant sans aucun autre ingrédient pour atténuer son amertude. C’était ainsi qu’il l’aimait. Attrapant l’anse brûlante, il porta la porcelaine à ses lèvres sans détourner une seule seconde le regard.

- Est-ce que ça va, finit-il par lui demander à bout de patience, en redéposant sa tasse sur la table d’un geste sec. Nous ne devrions pas avoir cet entretien maintenant…

La sorcière effaça les mots qu’il venait de déclarer en secouant la main, comme on chassait un insecte. Ima observa brièvement son fin poignet se mouvoir, chassant de son esprit la violence du souffle qui avait faillit attenter à sa vie. Elle semblait si frêle qu’il était à peine croyable qu’elle ait survécu et il devait remercier le ciel qu’elle soit bien plus forte qu’elle ne le paraisse. Pour les biens de l’enquête, mais aussi pour ne pas priver le monde de son éthique et de ses valeurs. Elle l’appela à son tour Ima, et ce nom – pourtant devenu pour lui si banal - prenait une saveur particulière à ses lèvres. Sans doute la surprise de l’inattendu.

Elle lui rappela qu’au-delà de ses blessures à peine refermées, la fragilité de ses nerfs lui imposait un moment pour se remettre de ce transplanage d’urgence. Alors seulement, le magistrat repéra derrière son sourire et ses belles tournures de phrases un léger tremblement créé par le choc de son arrivée en urgence. La sorcière continuait à sourire pourtant, comme si elle se moquait de son propre état de fragilité. Ima, lui, avait perdu tout air amusé et s’était figé dans son costume de ville tel un fétiche de bois. Dire qu’il avait renvoyé pour négligence l’Auror chargé de sa protection alors qu’il venait de rouvrir sans ménagement les cicatrices tant mentales que physiques de sa témoin.

Dépité, il se contenta de l’observer en silence alors qu’elle lui assurait que l’entretien pourrait bien avoir lieu s’il se montrait suffisamment patient. La sorcière vérifia discrètement un dernier pansement tandis que le Soninké tournait la tête de manière ostentatoire, rajoutant le sucre demandé dans sa tasse. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait des blessures de guerre ou d’attentats – toujours atroces – qu’elles recouvrent le corps d’innocentes victimes, d’agents ou de guerriers. Ima avait l’habitude de prendre une froide distance qui lui permettait d’assurer au mieux la mission qui imposait sa présence : rendre une justice équitable permettant aux victimes d’avancer sur le chemin de la guérison. Pourtant, devant le menu corps d’Eloïse recouvert de bandages rougis, il se sentait étreint par l’émotion. La culpabilité certainement.

L’agente comprenait l’urgence de la situation, et le fait qu’Ima avait besoin de récolter son témoignage avant qu’il ne puisse disparaitre. Le malien fut décontenancé par la légèreté avec laquelle elle évoquait l’enterrement des preuves avant de comprendre que l’humour lui permettait d’avoir le recul nécessaire pour éviter de sombrer dans l’émotion du moment. L’évocation assombrit cependant l’air d’Ima qui détourna un instant le regard pour se reconcentrer pleinement sur les paroles de la sorcière.

- En effet, lui répondit-il avec s’être raclé la gorge pour retrouver un ton professionnel. Vous n’êtes pas sans savoir qu’avec le décret 66 de la Confédération Internationale de Magie de 1978, il est stipulé qu’en cas d’attaques répétées à l’encontre de non-magiques, une obligation morale doit pousser les autres signataires du décret au droit d’ingérence pour intervenir dans l’état concerné. Si cette mesure a été rédigée pour protéger nos compatriotes non-magiques, elle a en réalité eut une conséquence indirecte bien regrettable. Les statistiques ont vu baisser de manière phénoménale le nombre d’ACM, attaques contre moldus. Mais cette baisse est en trop grande partie liée au fait que les états camouflent ces attaques afin de ne voir débarquer aucun autre état dans leurs affaires internes. Nous devons donc faire appel à des cabinets indépendants – sans parler de l’espionnage – pour s’assurer du respect des droits élémentaires des non-magiques…

Il avait parlé vite, sur un ton monocorde, retrouvant avec facilité les réflexes d’une réflexion qui lui tenait à cœur. Sa tirade n’avait pas grand intérêt, Eloïse étant bien au fait de tout cela de par son parcours en Coopération Magique Internationale. Son monologue ne prouvait que son degré d’angoisse qui pouvait aussi bien le rendre trop bavard, tout comme le pousser au silence. Finalement, la deuxième option prit le pas sur la première et il fixa sa tasse de thé un instant, luttant de toutes ses forces pour ne pas de nouveau s’inquiéter ouvertement de la santé de la sorcière. Cependant, comme elle avait pu le souligner, il était primordial pour lui de récolter le plus d’information possible.

- Vous étiez sur une piste particulière concernant ces attaques quand vous avez été prise pour cible, finit-il par lui demander de but en blanc en reposant un regard préoccupé sur elle.

Eloïse accepta silencieusement son invitation à entrer dans le vif du sujet. Du coin de l’œil, Ima observa son visage fin recomposer cette attitude sérieuse et professionnelle qui la rendait absolument charmante. Il admirait son courage, alors qu’elle passait outre ses blessures et le traumatisme de l’attaque pour plonger dans l’analyse de la situation. L’agente lui expliquait que cette soudaine baisse des chiffres avait motivé son installation à Moscou. Là-bas, ses observations avaient été des plus glaçantes alors que les sorciers nés de parents moldus étaient isolés et discriminés dans l’accès à des biens et des services de base.

Ima hocha lentement la tête en l’observant d’un air concentré. Il avait lu son papier qui traitait du sujet, le trouvant des plus préoccupant. Malheureusement, la politique étrangère ne faisait pas partie de ses prérogatives et il était impuissant pour intervenir sur des problématiques internationales, à moins qu’elles n’impactent directement la sécurité de leur propre nation.

Mais soudain, Ima haussa les sourcils en voyant Eloïse pâlir de manière effrayante. Elle secoua la tête en s’excusant pour son accès de faiblesse. Le malien s’avança dans son siège, se retenant de lui attraper le poignet dans un geste aussi inutile que déplacé. Aussi, il se contenta de l’observer d’un air préoccupé, notant son teint qui avait perdu de son éclat, ses cils papillonnants, sa respiration affolée et le tremblement de ses mains. Son cœur se serra devant la panique qui semblait l’étreindre alors qu’il n’avait qu’une envie, c’était de la rassurer et de la protéger de futures potentielles menaces. En tant que chef de la justice, cela va sans dire.

Son esprit d’analyse cherchait à voir au-delà du traumatisme qu’elle avait vécu et qui continuait de la bouleverser. Il lisait une teinte de compréhension soudaine dans ses pupilles, tout autant qu’une peur sourde qui affaiblissait son corps.

Mais déjà Eloïse reprenait, lui racontant étape après étape son enquête sur les meurtres de non-magiques. Elle mentionna un nom et Ima relevait le menton en le notant silencieusement. Vladimir Markovics. Il lui était pour l’heure inconnu mais quelque chose lui disait que le sorcier avait un rôle bien plus important dans cette affaire. Tous les éléments qu’Eloïse avait dans un premier temps parcourus semblaient bien peu préoccupants en regard du danger qu’elle cherchait à débusquer. Mais finalement, elle était tombée sur des dossiers classés par le ministère russe qui cherchait à les étouffer, ensevelissant affaire après affaire dans les archives du Kremlin magique. Eloïse avait entrepris un gigantesque travail de recoupement quand on avait attenté à sa vie.

Ima garda un instant la mine fermée alors que de nouveau, elle baissait le visage sur ses mains crispées. L’agente était en train de déterrer des affaires que le ministère russe magique avait mis bien trop de soin à ensevelir. Elle avait eu accès à des informations qui avaient été censées ne jamais être révélées au grand jour. Ima se raidit, se rendant compte que même en Angleterre, Eloïse n’était pas en sécurité. S’ils avaient le pouvoir d’envoyer des agents en Russie, il en était de même du côté russe. L’agente britannique et son témoignage était bien trop précieux, et leurs opposants n’auraient de cesse de chercher à terminer ce qu’ils avaient commencé, à savoir la réduire définitivement au silence. Eloïse mesurait-elle l’ampleur de la menace qui planait au-dessus d’elle ? Lui faire peur était la dernière chose dont Ima avait envie, mais il lui devait cependant la transparence la plus totale.

- Eloïse, lui murmura-t-il en se penchant lentement vers elle. Nous aurons besoin de toutes les informations dont vous pouvez vous souvenir, j’imagine que vous vous en doutez… En l’absence de preuves matérielles, tout notre plaidoyer reposera uniquement sur votre témoignage, faisant de vous le point de mire de nos alliés comme de nos adversaires. Est-ce que vous vous en sentez capable ?  

Le magistrat posa doucement sa main sur son épaule pour tenter d’en réduire le tremblement, alors que l’idée même des épreuves à venir pour la sorcière lui semblait détestable.

- Vous êtes en sécurité ici, continua-t-il d’une voix douce, sans savoir si c’était elle ou bien lui qu’il cherchait à rassurer. Je ne laisserai jamais plus personne vous faire du mal. Vous pouvez vous reposer sur moi en toute confiance.

Sa main effleura son dos en toute légèreté pour éviter de raviver une seconde fois ses blessures, avant de la retirer pudiquement.

L’agente Caron se montra ferme dans sa réponse, et derrière ses tremblement imperceptibles, Ima pouvait effectivement lire en elle une détermination sans faille. Ils étaient chanceux – dans un sens bien cruel – d’être tombé sur une telle volonté de fer. Le malien connaissait finalement assez peu Eloïse, et bien qu’il eût toujours relevé chez elle une fine intelligence et une perspicacité à toute épreuve, il ignorait la part de courage qu’elle recelait. On ne découvrait véritablement son prochain que face aux pires épreuves. Et la sorcière qui se dévoilait devant lui semblait absolument remarquable. Elle se savait en sécurité à Poudlard et Ima hocha gravement la tête. Ce lieu était effectivement l’un des plus sûrs du pays, quand les étudiants ne tentaient pas d’étranges expériences ainsi qu’on le lui avait rapporté lors de la soirée du 31 octobre.

Mais la touche d’humour inattendue déstabilisa le Soninké qui se prit à sourire avant de détourner le regard. Eloïse se moquait gentiment de lui – ce que peu de personnes se permettaient de faire. @Zahra Jekyll et @Jameson Clearwater étaient pour l’heure ses rares amis à oser rire de lui. Or, Eloîse maniait bien la dérision, avec la légèreté que donnait le naturel, comme toute personne rompue aux évènements et représentations publics. Les plaisanteries servaient souvent à cacher habilement des critiques dirigées contre des ennemis, ou bien à apaiser une situation tendue. Dans leur échange, Ima comprenait là que c’était une manière pour Eloïse de prendre un recul nécessaire face à la violente portée de leurs mots. Cependant, la légère critique ainsi adressée lui fit un étrange effet qu’il ne parvenait pas vraiment à comprendre.

@Gabriel Standford avait expliqué à leur protégée la suite de la démarche : après avoir ainsi récolté son témoignage librement donné, on allait lui faire subir toute une batterie de tests pour vérifier souvenirs après souvenirs la véracité de ses propos et en extraire le plus d’éléments à charge possibles. L’exercice serait loin d’être agréable pour la sorcière qui devrait s’armer de toute sa témérité pour ne pas flancher. Elle s’excusait de ne pas pouvoir les aider plus et Ima ne put s'empêcher de secouer sombrement la tête.

- Eloïse, commença-t-il d’un air légèrement contrarié. Vous nous aidez bien plus que vous le pensez… N’allez pas croire que… Il s’interrompit en soupirant. Son agacement n’était clairement pas dirigé contre elle. Non, c’est nous qui nous excusons de vous utiliser ainsi sans ménagement afin de pouvoir faire avancer l’enquête. Croyez bien que s’il y avait un autre moyen, je n’hésiterais pas à vous en préserver…

Il passait d’un « nous » neutre à un « je » bien plus personnel, lui faisant prendre conscience de son implication accrue. C’était une affaire qui lui tenait à cœur, tentait-il de se persuader, et la témoin était sous sa protection quasi-directe. Cette dernière faisait son possible pour répondre à ses questions, mais le magistrat sentait bien qu’elle était à cran et à bout de force. Or, pour s’assurer d’une meilleure clarté des souvenirs, il était nécessaire que les témoins de ce genre d’affaire soient le plus reposés et sereins possible. Aussi, Ima secoua de nouveau la tête, mais cette fois-ci avec un sourire qui se voulait rassurant.

- Non non, c’est parfait. Je n’ai besoin de rien d’autre pour le moment.

Il avait déjà pu noter suffisamment d’éléments à creuser pour l’occuper pendant des jours. Aussi, il copia l’attitude de la sorcière en attrapant sa propre tasse de thé pour en boire une gorgée.

- Comment s’est passée l’installation à Poudlard ? Est-ce que tout est à votre convenance ? Et comment votre garçon a pris la chose ? Pas trop déstabilisé par tous ces changements ? Oliver, je crois me souvenir ?

C’était une question purement rhétorique et faussement modeste. Ima avait une infaillible mémoire des prénoms, capacité fort utile dans son métier. Plongeant dans sa tasse, il ne lâchait pourtant pas du regard la sorcière, se doutant du traumatisme supplémentaire qu’elle devait porter en songeant que son petit aurait pu avoir été lui aussi pris pour cible. Peut-être que son incroyable force venait de là : la puissante volonté que pouvait démontrer une mère à protéger son enfant…