Smelly cat what are they feeding you?

27 novembre 2022

Un mois de cours magistraux avait laissé peu de temps à Asel pour sociabiliser. Hors, il se trouvait qu'en dehors d'Adil, ses options de sociabilisation s'étaient réduites à peau de chagrin, entre Michel-Ange qui avait de toute évidence bouffer un clown, Apolline qui s'entraînait rude pour le concours de la meilleure soupe à la grimace et la moitié des étudiantes qui préféraient ne pas lui adresser la parole au risque de subir la même chose que Gretchen McAllister... bref. Par chance, avec l'épée de Damocles qu'elle avait accepter de suspendre au-dessus de sa tête par le truchement de son meilleur ami, Asel turbinait comme un beau diable, ce qui laissait finalement peu de place au reste.

Elle avait d'ailleurs quelques projets de partenariat bien ficelés à montrer à son co-investisseur mais celui-ci disparaissait littéralement dès les cours terminés. Elle s'était même démerdée pour s'introduire dans le dortoir des garçons à Gryffondor, tout ça pour faire chou blanc et se rendre compte qu'elle aurait tout simplement pu poser la question à @Adil Mesli qui était tout de même mieux placé qu'elle. Enfin bref, en dernière option, elle s'était dit qu'il finirait bien par pointer le bout de son nez de fouine au hangar, et c'était donc là bas qu'elle avait résolu de l'attendre avec son carnet de bonnes idées.

Curieusement, en arrivant en vu de leur glorieuse friche, elle s'aperçut que l'une des cheminées à turbine avait été allumé et malgré le violent orage qui menaçait au-dessus de sa tête, les lumières au fenêtre du bâtiment étaient comme un phare. Michel-Ange avait dû venir faire quelques travaux entre deux cours. Peu importait, puisqu'il était déjà là, elle n'aurait même pas à l'attendre c'était tant mieux.

Asel poussa la porte avec sa délicatesse habituelle, prête à déballer tout ce qu'elle avait quand quelque chose la prit aux narines.

« Pouah mais ça sent la bouse d'hipoppouf ici ! Faudra penser à aérer après l'orage... Qu'est-ce que tu as foutu pour que - Ah mais c'est toi qui schlingue comme ça ?!!! »

Asel regardait son meilleur ami avec des yeux effarés. Certes sur le coup elle était plutôt partie pour encenser la fin de la remise en état du hangar qui s'était miraculeusement faite toute seule mais à le voir si ... négligé. Les cernes c'était une chose mais le reste...

Elle jeta un regard circulaire à la pièce. L'atelier - ça n'était plus un hangar pourri désormais - avait quelque chose de presque chaleureux à la lumière du grand feu qui crépitait avec enthousiasme non loin de là. Le vieux canapé qu'ils avaient dénicher dans le vide maison de la vieille Harpie avait merveilleusement trouvé sa place. Apparemment un trop bien même à en juger par l'oreiller malmené, les couvertures en boule et les reliefs du repas d'on ne savait trop quand sur leur palette table basse...

Asel croisa les bras sur sa poitrine avec cet air de buffle déterminé qui lui allait si bien.

« Tu vas me prendre une douche et après on parle. Et tu frottes hein sinon je te décarre sous la tempête là. »

Mais à y bien réfléchir... ils n'avaient jamais prévu de douches ici. Ceci expliquait peut-être cela... quoiqu'il en soit, elle avait de sérieuses raisons d'être inquiète.

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Smelly cat what are they feeding you? 2vi8

« Amissa lignum inventum. »

Ma nouvelle baguette avec un coeur en plume de Phénix répondait à merveille. D’ailleurs chose surprenante, elle me posait beaucoup moins de problème pour les enchantements complexes que la dernière.
Dernière que j’avais brisé, sur un coup de colère en attendant les avoeux de Xris. Je m’en étais plus ou moins douté le soir d’Halloween mais… le petit ton suffisant et venimeux du jeune homme me revint en mémoire quand il me l’avait dit… Comme une espèce de vérité. « Tu lui donneras un baiser de ma part. Je suis sûr qu’ils lui manquent… »
Ces paroles n’arrêtaient pas de raisonner et m’empêcher de me concentrer. Je n’avais que le visage d’Apolline, sourire à Xris devant les yeux. Le bout de bois que j’étais en train d’enchanter s’était mis à vibrer brusquement et s’était enflammé.

« Rah fait chier ! »

J’avais donné un coup de pied dans un plateau, où de la bouffe d’hier était encore là. Ma barbe et mes cheveux faisaient peine à voir, mais en même temps j’en avais rien à faire. Et on n’avait pas envie de parler de ma tenue. Le regard un peu vide, j’observais brusquement Asel faire irruption dans mon antre. Il était quelle heure au juste d’ailleurs ?

« Salut Az. » marmonnais-je.

Et elle se mit à faire comme ma mère quand j’étais ado. Dans un soupire non feint, je l’observais avec un râle rageur. Sans rien rajouter, je trainais ma carcasse jusqu’à une pile de fringue qui me servait de dressing. Après en avoir respirer plusieurs, je me rendis compte qu’il n’y avait que ma tenue de Quidditch qui était propre et soigné.Je pris donc ma robe jaune et noir, avec un C brodé sur mon bras et je me dirigeais vers la douche que j’avais installé sans regardé Asel dans les yeux.

***

A mon retour, l’endroit avait été un peu rangé et on avait clairement aéré. Je m’en étais rendu compte car l’air ambiant avait pas du tout la même fraicheur et il faisait d’ailleurs un peu plus froid. Sans rien rajouter, je m’installais dans le canapé et je commençais à chercher un sac à côté de toutes mes affaires qui semblaient être arrivés ici.

« Tiens, tu tombes bien, j’ai un truc à te montrer. »

Je travaillais beaucoup. Au milieu de vieux grimoires, anciens et nouveaux, il y avait un multitude de bout de bois de toutes tailles avec des runes. Je n’avais pas encore toucher au balai à proprement parler. J’en saisis une et je lui montrais d’un air amusé.

« Celui là, quand tu survoles un champs avec… Il fait des ronds de culture ahah. »

Bon, elle était peut être pas là pour voir ce genre de connerie. Ca c’était quelque chose que j’avais fait pour me détendre. Je fouillais à la recherche d’une ancienne branche de hêtre que j’avais taillé proprement pour l’occasion. Quand je la trouvais enfin, couverte de petite rune, je fis un sourire en coin à Asel.

« Ca c’est l’avenir... »

Je déposais le bout de bois sur la table et je lui montrais en mettant mon index devant d’un air triomphant.

« Regarde ! Je te présente le futur balais fusionnel de la marque Etoile Filante ! »

Je mis devant elle la petite branche de hêtre devant elle. Avec charisme et animosité, je la fis sauté dans mes mains sous le nez d’Asel comme si c’était l’invention de l’année.

« Le futur balai entièrement dévoué à son propriétaire ! Regarde ! »

Je balançais le bout de bois. Ce dernier chuta par terre. Je fermais les yeux un instant. D’une simple pensée le bâton arriva dans mes mains.

« Et c’est pas tout ! Il ne répond qu’à moi. Dans tes mains, il ne sera… qu’un simple bout de bois. Système antivol le plus sécurisé du monde magique moderne. Bon… J’ai eu recours à la magie du sang… Mais pas sous sa forme obscure. Un vieux style qu’on utilise aussi à la Forge. C’est moins stable sur du bois que sur un métal rare ou précieux… Mais j’ai réussi à le faire. Impressionnant non ? »

Je jetais le bout de bois au milieu des autres. Mon sourire s’effaça quand je croisais le regard d’Asel. J’avais l’air un peu d’un savant fou avec ma dégaine.

« Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? Tu es venu me faire la morale ? Parce que je te jure que si c’est le cas tu peux faire demi-tour. J’ai absolument pas envie de parler d’Apolline. Je ne veux plus rien à voir avec elle. »

Je m’étalais dans le canapé. Cassant une des branches prototypes par accident.

« Elle a qu’à aller voir encore quelqu’un d’autre pour passer le temps. Quand elle acceptera ses sentiments, on en reparlera. D’ici là, qu’elle aille se faire foutre. »

J’avais dit que je voulais surtout en parler non ? Alors pourquoi j’en parlais ?

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Elle suivit son manège d'un oeil un peu dégoûté, se promettant d'emporter ce monstrueux tas de linge en repartant puisque apparemment Michel-Ange avait perdu toute notion de propreté. Après le mal qu'il s'était donné pour donner une allure au hangar, il n'aurait plus manqué qu'une invasion de doxys. Elle était encore en train de donner quelques coups de baguette quand il reparut. Il sortait de la douche mais l'indécrottable allure dépenaillée lui collait toujours aux basques. Elle n'aurait pas dit non à un bon coup de ciseaux là dedans mais il ne fallait pas pousser.

Spontanément, il commença à lui montrer l'avancée de ses expérimentations. L'idée d'un balais à cropcircles lui plu tout de suite même si ce n'était clairement pas avec ça qu'ils feraient leur chiffre.

« Tu devrais garder le concept pour les Festivals des Moissons. Je pourrais faire la démo ! Ca doit pas coûter bien cher un stand. », c'était qu'elle prenait son rôle d'argentier très à coeur. Elle nota dans un coin de sa tête de vérifier les conditions de participation. Ce genre de festival il y en avait quasiment toute l'année, ce serait la belle aubaine et surtout, la meilleure façon de tirer quelques gallions de l'idée. Et puis surtout : elle pourrait enfourcher un balais à cropcircles et ça ! c'était trop la classe.

Il passa à l'essai suivant. Ca ne payait pas de mine pour l'instant mais elle lui faisait confiance. L'idée d'un balai fidèle à son propriétaire lui mettait moins des étoiles dans les yeux mais il avait raison : il tenait quelque chose.

« Il va falloir que tu réfléchisses à industrialiser le procédé sans quoi on ne pourra pas le vendre avant d'être devenus les super stars du balai volant. », autant dire... quand les poulets de feu auront des dents. Mais l'idée était réellement prometteuse, elle ne pouvait pas le nier.

Enfin bref, elle n'était pas venue pour voir les expériences de Michel-Ange pour une fois et il l'avait bien compris se renfrognant aussitôt. Il était assez rare qu'il rue comme ça dans les brancards mais Asel ne se laissa pas démonter. Apolline ?

Le sujet n'avait pas mis bien longtemps à venir sur la table.

« Moi non plus j'ai pas envie de parler d'Apolline , surtout pas, vu comme la situation s'était envenimée entre eux, par contre je veux bien qu'on parle de ta dégaine de clodo là... et puis c'est quoi cette barbasse ? Non mais... je sais que c'est bientôt Yule mais si tu comptes jouer les Père Hiver avec une gueule pareille je t'arrête tout de suite : ils vont partir en courant les moufflets. »

Toujours lui rentrer dans le lard avant de se radoucir. C'était comme cela qu'ils fonctionnaient et généralement cela fonctionnait bien. Mais cette fois-ci elle craignait qu'il n'ait franchi un cap qu'ils n'avaient encore jamais expérimenté.

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J’eus un léger rire. Mes zygomatiques me firent mal tellement cela faisait longtemps que je n’avais pas souris. Le balai toujours dans les mains, je regardais Asel avec un regard de remerciement infini. C’était ça. Que je voulais. Juste ça. Pas de leçons de morale éternelles sur mon comportement. Pas de plan sur la comète ou de suppositions sur l’avenir. Non. Juste de l’instant présent, comme à chaque fois que j’étais avec ma meilleure amie.

« La Fête de la Moisson ? »

Je faisais tourner le balais que j’avais dans les mains tout en réfléchissant. C’était une bonne idée. Passant ma main dans la barbe, comme un vieux sage, j’haussais les sourcils d’un air amusé en regardant Asel. Sans ma barbe, j’aurai été incapable de prendre une posture aussi sage !

« Je ne changerai pas de style tant que je n’irai pas mieux. Ca fait ermite. Ca fait vieux sage. Ca fait incroyablement stylé ! Il me faut des vêtements en coton ample, et des amulettes. Et je ressemblerai à mon arrière Grand-père Esteban. Celui qui avait abandonné la forge pour aller élevé des Diricos sur une île perdue. Maintenant j’le comprends ! Pas d’gonzesses ! Pas d’emmerde ! »

Je m’écroulais dans le canapé. Bien sûr, c’était pas une remarque mysogyne. C’était fait d’ailleurs exprès pour provoquer Asel. Elle savait très bien comment je considérai la gente féminine : comme mon éternelle entité supérieure dont je dépendais encore et toujours ! Mais là n’était pas du tout la question. D’un air pénible, je fis une horrible grimace alors que j’étais en train de m’avachir dans le canapé.

« Pas d’idiots pour te demander quoi que ce soit ! Juste des diricos, et ma caboche pour réfléchir ! Voilà c’qui m’faut. Et là j’te parle pas d’un voyage à Ilvermorny fictif. Là, je vais vraiment partir ! Pour le grand nord. Il ne faut pas que je fasse comme Pépé. Sinon, on se foutrait de moi. Non, faut que j’innove. »

Alors que j’étais en train de réfléchir à comment j’allais m’occuper dans le Grand Nord Magique. Soudain, quelque chose tilta dans mon esprit. Le mot « Industrialisé » clignota brusquement et je m’arrêtais pour la regarder avec des yeux ronds. Je roulais alors des yeux et je me mis à soupirer bruyamment.

« Hors de question. On reste une petite entreprise en artisanat ! Hors de question que je donne des secrets de fabrications à des sous-traitant ! On est pas chez Nimbus ici ! On assemble pas ! On créait de A à Z, aussi vrai que j’ai du sang d’Gobelin ! »

J’avais un peu blêmis et ouvert la bouche. Puis je l’avais refermé. J’étais resté pâle et j’avais fui brusquement le regard d’Asel. J’avais beaucoup de chose à lui confier… En même temps… Ca faisait combien de temps qu’on avait pas parlé ? Baissant les yeux, je l’invitais à s’asseoir dans le fauteuil en face du sofa dans lequel j’avais pris logis depuis quelques jours.

« Je veux que tu te taises sur ce que je viens de dire. C’est quelque chose que j’ai découvert il n’y a pas très longtemps. Justement en travaillant sur les balais. En fouillant dans les archives des Grimm sur la magie du sang… J’ai découvert l’arbre généalogique initiale, au milieu d’enchantements en gobelbabil et... »

J’étais encore pâle. Il ne fallait absolument pas que cela se sache. Surtout… Surtout Apolline. Même si c’était vraiment mal parti et que j’avais décidé de faire un trait dessus… On n’était pas à l’abri d’un revirement de situation. Ca m’était déjà arrivé, j’étais assez chanceux dans ce genre de truc.

« BREF ! ON VA BOIRE UN VERRE ! »

Les joues rosies, j’avais ouvert la table basse dans laquelle plusieurs flasques de whisky étaient dissimulés depuis toujours. On voyait que depuis que j’avais emmenagé là, les bouteilles avaient réduites en volume.

« Ca fait beaucoup de sujets sensibles à éviter. Apolline. Mon sang. Les balais. »

Je m’étais servi un verre plein et je l’avais vidé d’un trait dans une horrible grimace.

« Mon départ pour le Pôle Nord. »

Je l’observais d’un air assez rieur quand même. Elle savait bien, que je n’allais pas partir.

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Et dire qu'il croyait avoir du style... même Asel pouvait voir que non, c'était dire. Elle le regarda finir sa tirade en battant des cils ostensiblement puis, après avoir laisser passer un long silence à l'agonie, elle réfuta le tout d'un petit mouvement de tête désapprobateur dont il avait l'habitude, ses grands yeux fixés sur lui. Des Diricos. Le Pôle Nord. Elle se demandait à quel moment il allait arrêter son char.

Visiblement pas très loin après la question de l'industrialisation de leur processus de fabrication. A la mention du sang de gobelin, tous les deux échangèrent un regard effaré puis Asel pouffa malgré. Qu'elle soit amie avec un demi gobelin était assez drôle tout de même, d'autant que ce n'était pas chose commune. Elle acquiesça avec un petit air espiègle comme il l'enjoignait de n'en rien dire à personne. Évidemment, c'était le genre de secret qu'elle n'aurait jamais éventé même sous la torture mais ça, il ne pouvait pas le savoir et, même si elle ne pouvait s'empêcher de le regarder en coin d'un oeil rieur, pour le moment, il continuerait de ne pas le savoir.

« Motus et bouche cousue. Tu peux me faire confiance. Mais quand même c'est très drôle... »

Tellement plus que ce qu'il pouvait imaginer...

Elle lui donna un petit coup dans l'épaule pour lui redonner des couleurs. Juste à ce moment, il émit l'idée de prendre un verre. Elle allait la saluer avec enthousiasme quand elle se dit que tout de même, c'était suspect ce stock sous la table basse.

Justement, voilà qu'il faisait la liste des sujets tabous... depuis quand en avaient-ils d'ailleurs ?

« Mouais c'est ça. J'te rappelle la fois où tu étais venu à la maison pour le Nouvel An : Asel, pitié, prête moi ta vessie de boutefeu gallois ! ça caille dans ce pays, c'est pas humain ! Je peux pas dormir tout seul !! Mais l'eau est trop froide !!! Ah ah ah ! le Pôle Nord c'est pas pour demain à mon avis hein... »

Elle en riait encore mais sur le moment, elle avait presque failli le laisser à la porte en pleine tempête de neige. Il ne faisait même pas froid sur l'Île de Skye avec la mer à côté tsss... mais revenant à la production de leurs balais...

« Bef. Je te laisse me faire une proposition d'entreprise débutante rentable qui ne se base que sur des modèles uniques... si c'est vraiment ça que tu veux faire, il faut plus compter sur la Fête des Moissons et je peux aussi aller voir la Directrice Mahyar pour lui dire que finalement je n'ai plus tellement envie de négocier le remplacement progressif des balais de l'école par notre première entrée de gamme dès que possible pour une valeur symbolique restant à négocier - 2 gallions ça me paraîtrait bien déjà - Eh oui monsieur : j'ai réussi à négocier ça pendant que tu te faisais pousser une barbe. Ça nous permettrait de grignoter un peu nos dettes par exemple... »

Elle était plutôt fière de son idée d'ailleurs même si c'était annoncé de façon un pue cavalière, elle ne voyait absolument pas pourquoi Michel-Ange aurait été contre. Plus pédagogue, elle reprit :

« Tu sais industrialiser ça ne veut pas forcément dire qu'on arrêterait de les faire nous-même et ici. C'est juste réfléchir à une manière de pouvoir répondre à une demande récurrente, au moins sur un ou deux modèles qui nous assurerait le besoin en fond de roulement... », elle se plongea longuement dans le vide intersidéral du regard de Michel-Ange, « Comment te dire... en gros c'est avoir un petit coussin de sécurité dans notre compte en banque qui nous assure de pouvoir acheter nos matières premières, payer nos charges - si il va y en avoir - et répondre aux commandes des clients. Si on calcule pas un moyen de l'entretenir ce coussin on va se casser la gueule vitesse grand V et Gringott's voudra jamais nous prêter la moindre mornille. Ne me regarde pas comme ça, c'est sûr qu'on devra emprunter à un moment où un autre. Tu vas pas pouvoir taper dans la caisse de papa maman indéfiniment et puis même si, moi je suis contre. Bon alors qu'est-ce que t'en dit ? Y aura toujours un moyen de faire ça de manière artisanale, à ta manière mais faut y réfléchir sérieusement... »

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Alors qu’elle me reprenait de volée comme à son habitude quand je m’emportais, je fis semblant d’être contrarié. Même si en réalité j’étais plutôt rassuré. Si elle m’avait dit « Bah vas-y je t’encourage à aller dans le pole nord » j’aurai vraiment pas si quoi répondre. Me caressant la barbe comme un sage, j’écoutais tout ce qu’elle avait à me dire concernant le fonctionnement économique de la vente de balai. Faisant comme si je comprenais tout, je plissais des yeux d’un air intéressé. Alors que j’avais arrêté de suivre au mot « demande récurrente. »
J’avais passé trop longtemps à me rappeler ce que voulait dire le mot « récurrent » et j’avais été largué. Au départ, j’avais pensé à un objet qui devait nettoyer en profondeur, mais ce n’était pas vraiment ça. De mémoire, ça voulait quelque chose qu’on allait faire plusieurs fois. Voilà.

« Ouais, c’est pas faux. » dis-je d’un ton plein de confiance.

Soudain, je me réveillais de ma léthargie. Je me levais, et je levais aussi les bras au ciel dans un air complètement offusqué. Plusieurs objets tombèrent de la table basse.

« Gringotts c’est MORT ! Archi Mort ! J’irai pas là bas ! Tu sais comment un Gobelin traite un Grimm ? Asel ! Y’a des Echantements, qui font que si on y met un pied, une alarme sonne et on nous expulse comme des ingrats. Non. Non non non. C’est mort. Mort mort mort mort. »

J’avais tapé du pied et à chaque « mort » fait de grand signe avec la main qui voulait dire ce qu’il voulait dire : Mort. C’était hors de question qu’on s’engage là dedans.

« J’ai de l’argent à la MagerBank, en Allemagne. C’est tenu par des Sorciers respectables et c’est la banque nationale là bas. C’est un de mes oncles le Directeur. On ira là-bas. Les Gobelins… Asel… Comment t’as pu te douter une seconde que j’allais accepter ! »

J’avais repris du poil de la bête. Est-ce qu’elle l’avait fait exprès ? Très certainement. Quoi qu’il en soit, cette histoire de banque avait remis l’église au milieu du village dans mon esprit. Je comprenais bien mieux tout ce qu’elle avait dit tout à l’heure. Observant les modèles et les morceaux de bois que j’avais face à moi, je regardais Asel avec un sourire un peu désolé.

« Tu as raison. Je vais chercher à un moyen d’automatiser la fabrication. J’ai bientôt fini trois prototype sérieux, sans parler de celui qu’il y a là. Mais j’ai un gros problème. Et de ce problème découle d’autres problèmes plus grave. »

J’inspirai un peu, puis je me grattais la tête, toujours debout. Finalement je soupirai et je mis mes mains sur les hanches avant de déclarer à nouveau :

« Je parle plus à Apolline. Alors un, c’est chiant parce que j’en suis raide dingue et que je sais pas pourquoi j’ai fait ça. Deux, c’est aussi chiant parce que je vais avoir besoin d’une essence de bois commercialisé uniquement par l’entreprise de son père. Je comptais passer par elle pour avoir un tarif. Mais tu vas le faire ! Après tout c’est ta super coloc ! »

Je tapais dans mes mains pour me donner contenance. Il y avait autre chose que je voulais voir avec elle. Allant dans un vieux meuble, je sortis la boisson préférée d’Asel et je lui en servie un bon verre. Moi quand à moi je me servis un grand verre de limonade citronné, qui était ma boisson favorite. Je levais mon verre.

« A la meilleure co-workeuse de l’univers ! Sans elle, je serai rien, et certainement déjà mort de froid au Pôle Nord, sans balai à sortir, sans entreprise et certainement sans amis. »

Je portais un toast à Asel. Puis je bus une gorgée de Limonade avant de rajouter.

« Comment tu t’y aies pris pour Poudlard ? J’y avais même pas passé… C’est simple pourtant… Et tellement brillant… Qu’est ce que je ferai pas sans toi. OH ! »

Je posais brusquement mon verre.

« Il faut que je te parle d’un Poufsouffle que j’ai rencontré ! Un génie de la Mécamagie ! Sheraz ! Tu le connais ? Il pourrait nous donner un coup de main ! C’est un génie. Enfin… Il est un peu particulier. Mais c’est un génie. Après je veux pas que nos balais ressemble à des outils de guerre... »

C’était fou ce que je m’éparpillais quand Asel était dans les parages. Plus elle me recadrait. Plus j’explosais dans tous les sens.

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Asel haussa un sourcil. Ca n'était pas la première fois qu'il lui faisait le coup de c'est pas faux. Elle avait une théorie là-dessus. Pour autant elle se contenta de le détailler du regard avant de laisser couler et poursuivre le fil de son idée.

Evidemment, la mention de Gringott's, alors qu'elle aurait tout simplement pu dire "la banque", fit son petit effet. Elle laissa Michel-Ange cracher son venin et tempêter, un petit pli hilare au coin des lèvres. Quand Asel avait cette petite lueur dans le regard, vous pouviez être sûr qu'elle venait de vous jouer un tour de pixie. Au moins maintenant, Michel-Ange était concentré. Ils allaient pouvoir avancer sur le projet de leur entreprise. Enfin... ç'aurait été trop beau qu'il ne commence pas par mettre le doigt sur un problème.

Elle retint un sans rire sur l'annonce de sa "rupture" avec @Apolline Dunn. Savoir qu'il ne savait même pas pourquoi il avait décidé de couper les ponts avaient tout de même quelque chose d'assez... sain. On parlait de Michel-Ange. Au moins il n'y avait rien d'aussi définitif que ça en avait l'air dans tout ça. Mais voilà qu'il renvoyait la balle sur elle. L'avantage d'être deux s'était qu'ils pouvaient se substituer l'un à l'autre. Les yeux lui sortirent de la tête quand elle entendit la suggestion qu'il venait de faire.

« Tu te fiches de moi j'espère ? Tu penses vraiment qu'Apolline va pas flairer l'embrouille à 10 kilomètres ? Ahah, j'ai hâte de voir sa réponse. »

Oui parce que bien sûr, elle ferait quand même le job. Asel n'avait jamais eu froid aux yeux. Probablement qu'elle lui poserait la question de but en blanc en allant se coucher le soir même. Et probablement qu'elle gueulerait comme un putois quand Apolline lui rallumerait la lumière dans la gueule, la gratifiant au passage de sa meilleure tête de furie de bonne famille.

Elle le suivit du regard comme Michel-Ange s'apprêter à nouveau à passer du poulet de feu au veaudelune. Mais c'est avec deux verres qu'il revint et ça, ça n'était pas pour lui déplaire. Surtout s'il y avait du jus de baie de lune fizz au programme. Et bien sûr, il avait pensé à en faire un stock, probablement rien que pour elle. Elle ne put s'empêcher de trouver ça adorable.

« Pff arrête ton carrosse à abraxxans. On ne serait jamais allés nulle part sans toi. », elle leva son verre et trempa ses lèvres avec délice dans la boisson pétillante, « Ça veut pas dire que je cautionne cette barbe ! »

Ca valait le coup de le préciser. Dans le même laps de temps, ce qu'elle avait dit un peu plus tôt avait fini sa lente ascension dans le tronc cérébral de Michel-Ange. Quelque part là dedans, une version microscopique du jeune homme du tirer sur une cordelette et la lumière s'alluma :

« Je suis allée la voir dans son bureau et je lui ai parlé de mon idée. Au début, elle a cru que c'était le professeur Korrigan qui m'envoyait par dépit. », elle leva les yeux au ciel et pourtant, c'était tout à fait plausible au vu de l'entente glacière entre les deux.

En tout cas, elle était ressortie du bureau très contente de l'accord obtenu et quelque chose dans le regard de Mahyar lui avait dit qu'elle n'était pas la seule satisfaite.

« Sheraz ? », elle dut faire un vrai effort de mémoire pour le coup, « euh... le petit blondinet qui a toujours les doigts gras là ? Non je sais ! c'est pas le préfet de... Serdaigle ? Poufsouffle ? Tu sais celui avec les cheveux noirs à peu près là. Le latino... »

Fallait-il lui faire remarquer qu'avec un nom comme "Sheraz Mahal", ce n'était pas à l'Amérique latine qu'elle aurait dû penser en premier ?

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Je roulais des yeux quand elle commença à chercher qui était Sheraz. Asel avait toutes les qualités du monde pour être la meilleure amie qu’on puisse avoir sauf une : la physionomie des personnes. Si un jour elle se faisait agressé, elle mettrait surement des heures à expliquer qui l’avait fait et à fournir un portrait robot plus que douteux à la BPM. Mais je l’aimais comme ça. Je me mis à éclater de rire.

« Non, le petit blond aux doigts gras c’est Gerarld Regorg, il est en 4ème année à Serdaigle, tu les confonds. Son père tient un bar à Loustry, et sa mère est bookmaker au Marché au Troll pour des combats clandestins d’Elfe de Maison. Je vois pas comment on peut les confondre... »

Je baissais physiquement les bras. Finalement, je commençais à me recentrer. Cette histoire de Sheraz m’avait encore envoyé sur une fausse piste. D’un air pensif, je me levais et je commençais à manipuler deux trois trucs. Ca se résumer à prendre quelques feuilles de parchemins, décaler des bouts de bois, et surtout faire du tri dans ma tête.

« J’ai un prototype solide qu’on peut commercialisé. Un modèle fiable, qui peut passer de main en main. On va prendre ça pour l’école. On peut le prendre en hêtre gallois sur notre terrain le temps qu’on est réglé le problème d’Apolline. »

Le bois gallois donnait une solidité certaine aux balais. Si on voulait des balais plus rapide, plus fluide et surtout plus performant pour de la course et du luxe, il fallait obligatoirement passé par des essences de bois que seul les Dunn pouvaient avoir à bon prix.

« Je vais d’ailleurs le régler tout de suite, ce problème d’Apolline non ? »

Je m’étais levé, et habillé de pied en cap d’un coup de baguette. Un vent de fraîcheur parfumé à la rose avait envahi l’espace et s’était dirigé vers moi au moment où je m’étais vêtu. C’était une vieille technique de mamie Grimm. Se parfumer sans se laver…

« Tu vas me raser et me couper les cheveux. »

J’avais dit cela comme une évidence. Je n’avais confiance en personne d’autres ici. Elle devait l’avoir fait sur un million de mouton, alors il n’y avait aucun soucis à ce qu’elle le fasse sur moi. De plus, si elle me ratait, elle avait l’avantage d’être une excellente médicomage pour soigner les plaies.

« Je veux raser sur les côtés, avec un peu long sur le dessus un peu comme les Vikings… Quoi que non… Je vais ressembler à ce connard d’Anderson avec cette coupe à coucher dehors... »

Je fis apparaître de nul part des magasines magiques peoples. Certains sorciers du moment avaient des coupes très tendances. Feuilletant ce dernier dans un mouvement énergique, je levais mon regard vers Asel.

« Tu crois que j’ai vraiment merdé cette fois avec elle ? Tu crois que j’ai encore une chance ? »

La comédie était terminée. Le livre people que j’avais dans les mains m’échappa des mains et je m’enfonçais alors dans le canapé, ramenant mes genoux contre ma poitrine d’un air apeuré. Les yeux luisants de tristesse et d’angoisse, je regardais Asel complètement pris au dépourvu.

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Voilà que Michel Ange se proposait de replacer le fameux Sheraz Machin dans le bon contexte. Apparemment elle le confondait avec un tout autre gus dont le nom ne lui disait strictement rien et qu'elle oublia à la seconde où elle l'avait entendu, par contre elle afficha une de ces grimaces marquées dont elle avait le secret. De celles qui fleuraient bon la méfiance, l'incrédulité et l'envie de l'asticoter sur le petit détail qui n'était pas l'objet de la discussion :

« Comment se fait-il que tu connaisses si bien le Marché aux Trolls toi ? »

Ses grands yeux de chouette s'étaient réduits à deux fentes de meurtrières inquisitrices. Etait-elle sur le point de percer à jour une autre connerie ? Où était ce un truc de "sang pur" ? Quand on y pensait, avec cette histoire d'héritage gobelin, tout ça ne rimait plus à rien. Non pas qu'elle y ait jamais accordé la moindre importance.

Finalement le fameux Machin avait disparu de la conversation avant d'y être revenu. Michel-Ange se recentra sur les problèmes qu'ils avaient déjà et on vit la lumière s'allumer au 1e étage de sa cervelle, ce qui n'était pas bon signe.

« Mh mh, tu m'as pris pour une coiffeuse. Je vais te faire le même tarif qu'à Pim's et ce sera pas mal déjà. Au pire si t'es pas content, ma tante fait une super lotion de pousse capillaire accélérée. Best seller garanti zéro réaction bizarre. »

Au point où il en était, n'importe quoi aurait été mieux que la tête d'ermite qu'il se payait. Asel tira sa baguette d'ambre avec assurance tandis que lui commençait à feuilleter des magazines people. Il n'avait rien écouté de ce qu'elle lui avait dit. Au pire ça ne serait pas la première fois qu'il voudrait lui faire la tête au carré et ce serait vite ~~oublié~~ repoussé.

« C'est bon t'es prêt ? »

Voilà qu'il larguait ses magazines, changeant complètement d'attitude. Il flippait. Asel baissa sa baguette et vint s'asseoir à côté de lui. Elle ne dit d'abord rien, réfléchissant à la meilleure réponse qu'elle pouvait faire à cette question. Ça n'était certainement pas de lui dire qu'à la place d'Apolline, elle aurait brûlé sa maison des fondations au grenier. Ni de lui dire ce qu'elle avait pu observer vraiment des répercussions de cette coupure brutale chez sa colloque. Alors comme elle ne savait pas trop quoi dire elle se risqua à quelque chose d'optimiste :

« Eh bien, sois sincère et honnête sur ce que tu ressens. Tout ce que tu ressens. Et je pense que ça ira... », elle le pensait sincèrement malgré tout le reste, « Mais pour ça il faut pas qu'elle te confonde avec un bouc, allez en piste Mr Grimm ! »

Quinze minutes plus tard, on pouvait se voir comme dans un miroir sur la surface lisse et lustrée du crâne glabre de Michel-Ange Grimm qui n'avait plus non plus un poil sur le menton. Pour sûr, on entendrait le cri d'horreur jusqu'au fin fond de la campagne galloise.

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