Hello... Goodbye.... There's a million ways to die - Sean & Braxton

Le visage du Sean s'éclaira d'un faible sourire. Il passa une main sur ses larmes, faisant un effort manifeste. Braxton étira un rictus plus proche de la grimace. D'un côté, il avait l'impression de regagner cet aura du père tout puissant et immortel. De l'autre, il sentait qu'il n'était pas encore temps d'avoir cette discussion avec son fils. Le nombre de fois où il avait cru ne pas les revoir.

- Aye, c'est pas une manière de parler d'son père ça. répondit-il doucement, cachant sa crispation, mais rendant quand même son sourire à son fils.

Sean, malin qui l'était, se demanda soudain d'où son père tenait ces informations. Il devient blême. Instinctivement, Braxton mit une main sur l'avant-bras de son fils, s'attendant presque à devoir l'empêcher de s'effondrer par terre. Il plissa le front, attendant que son fils se manifeste d'une manière ou d'un autre. Il avait toutes les réponses qu'il attendait. Il ressentait à la fois l'envie de lui parler de cette période et une réticence amer.

Voyant que son fils semblait ailleurs, il inspira, engageant un début de réponse, mais son fils lui prit le poignet. Braxton surprit, resta hébété. Interdit. Sean n'avait été que colère et souffrance depuis des mois, depuis qu'il avait vu ce souvenir d'il y a quinze ans. Ce n'était pas une proposition de paix ou un pardon, mais Braxton fut soufflé de l'attitude de calme de son fils en abordant ce sujet.

Le langue de plomb siffla une note inaudible, la chauve-souris descendit pour venir sur ses genoux. Il caressa le plastron de fourrure de la petite chauve souris avec sa main libre, réfléchissant. Savoir que @Liadan O'Connor était dans ce château.

Le silence se prolongea, la pièce seulement habitée par le crépitement du feu, la danse des ombres et le frottement des ailes de Dorcha sur la couverture.

- Tout ce que tu veux. Braxton prit la main de son fils entre les siennes.

Le langue de plomb réfléchit, inspirant longuement et ferma les yeux. C'était le moment. Alors qu'il avait tout fait pour l'éviter son fils était aujourd'hui en morceau. Il avait tourné et retourné ce moment dans sa tête encore et encore.

- J'étais sincère en te proposant de voir mes souvenirs à moi. C'est la plus normale des choses... que je t'aide. En fait je... Il déglutit. Ce terrain l'effrayait toujours autant. La peur de perdre son fils, affronter ce regard transi de peur, ou de haine... Je n'avais rien à te proposer de plus... vivant... réel... Les sorciers pensaient parfois bizarrement pour ceux qui avait l'esprit cartésien du nouveau monde. Son fils tenait de sa mère. Le Clearwater avait pensé à une sorte de remplacement. Sean lui avait très bien fait comprendre que ce n'était pas ce qu'il voulait.

- Mais c'est aussi intrusif et personnel... inadéquat... Alors ... Je comprends ta colère, la dernière fois... c'était pas ce que t'attendais... Il étira un faible sourire. Tu es comme ta mère, tu as souvent raison. déclara-t-il franchement. Vous avez de la suite dans les idées. C'est le côté non-magique. On est plus... Chaotique en grandissant complètement dedans. Il pencha la tête. Son regard s'éclaira comme s'il avait vu Betty à ce moment là en face de lui. Le nombre de fois où ta mère m'a dit que la magie ne pouvait pas tout réparer... Elle avait raison. Et tu as raison. Je voulais te dire aussi que, simplement... J'ai encore nos vieux albums photo... D'avant Edinburgh. dit-il, avec l’impression de décevoir son fils. Si tu préfères.

Il le regardait sans détour, avec l'impression de jouer sa place auprès de son fils. Mais il avait promit, dans sa lettre. Avec l'impression d'avoir tout foiré.

- On fera comme tu veux mo luran¹. lui assura-t-il. Je ne reviens sur rien de ce que t'ai promis.

Sean observa attentivement son père réagir à sa demande mais dû rester sur sa faim quand Braxton appela Dorcha à lui. Il semblait gagner du temps en réfléchissant, profitant de l’affection sans borne que Sean avait noué pour la petite chauve-souris. Sa stratégie fonctionnait puisque le jeune homme ne put s’empêcher d’avoir un sourire attendri en la voyant prendre position sur les genoux de son père avec ses gestes maladroits. Mais finalement, le sorcier attrapa la main du jeune homme, attirant sa pleine attention et parut prendre sur lui avant de lui répondre.

Au fur et à mesure de ses paroles, le visage de Sean se refermait. Vraiment ? Après lui avoir répété que cette possibilité lui était ouverte ? Après lui avoir même reproché de ne pas chercher à en savoir plus ? Après avoir sous-entendu qu’il était un fils indigne, Braxton faisait à présent marche arrière ? L’avait-il vraiment dit ? Sean ne savait plus ce qui était de l’ordre de la réalité ou de la divagation. C’était en tout cas comme ça que le jeune homme l’avait retenu. Sean percevait dans chacun de ses propos une réticence sous-jacente à lui accorder ce droit qu’il avait pourtant agité sous son nez pour obtenir son pardon.

Une colère qu’il croyait pourtant belle et bien éteinte se mit à bouillonner en lui, crépitant à ses oreilles, l’obligeant à dégager brusquement sa main pour se lever.

- Bien-sûr que non c’est pas ce que je veux, ragea-t-il, sa main se crispant sur la poche qui cachait sa baguette. Je sais bien que c’est affreux ! Ça me dégoute rien que d’y penser !

En soufflant douloureusement entre ses dents crispées, il se prit la tête entre les mains sans s’apercevoir qu’il tenait à présent sa baguette.

- J’ai aucune envie d’entrer dans ton esprit… Je sais bien trop ce que ça fait… Tellement de gens ont piétiné le mien que des fois, je sais même plus qui je suis… J’arrive même plus à savoir si mes idées sont les miennes, ou celle de quelqu’un d’autre…

Son regard se posant devant lui, il se rendit compte avec effroi de son arme entre ses doigts, et il la jeta brusquement sur le fauteuil qu’il venait de quitter avant que son regard ne remonte lentement vers son père avec une appréhension teintée de rancœur.

- Je t’en veux pas, souffla-t-il avec pourtant un ton qui démentait formellement son discours. Je sais pourquoi tu m’as pas parlé de Liam ou de @Liadan O'Connor plus tôt, vu comme ça me fait débloquer. Quand on s’est rencontré avec Liadan… ça a dû être affreux pour elle… j’ai pété un câble… Dans ma tête… En parlant, il pointait d’un doigt tremblant sa tempe… Y’a un truc qui a cédé…

Cherchant à chasser de son esprit la crise qui l’avait alors traversé, Sean se passa les mains dans ses cheveux en inspirant bruyamment avant de reprendre d’une voix entrecoupée.

- J’ai besoin de savoir… Pour pouvoir lui parler sans m’effondrer… Faut que j’arrive à dépasser ça… Tu comprends ?

De nouveau, il s’était tourné vers le Langue-de-Plomb mais il n’y avait plus d’animosité dans sa voix. Sean était redevenu un petit garçon qui recherchait la vérité dans le regard de son père.

- Alors si tu me dis que regarder des photos ça peut suffire, je le ferai. S’il faut que je plonge dans tes souvenirs, même si je suis loin d’être prêt, je le ferai aussi…

Doucement, il se pencha pour attraper du bout des doigts sa baguette qu’il posa sur la table basse, le plus loin possible de lui avant de se rassoir dans le fauteuil.

- @Jameson Clearwater m’a dit que je devrai m’entraîner à la légilimancie avec @Gabriel Standford, lui avoua-t-il dans un souffle. Que ça m’aiderait à endurcir mon esprit contre les intrusions… Il faut que j’arrive à distinguer le vrai du faux… Est-ce que ça m’aiderait pas de connaître un peu mieux mon passé ? J’en sais rien honnêtement… J’ai l’impression que j’arrive à prendre aucune bonne décision depuis que je suis revenu…

De nouveau, il avait plongé son visage dans ses mains, cachant la boule de nerfs qu’il était derrière ses doigts – fatigué par les émotions vives et écorchées qu’il ressentait en permanence.

- Des fois, j'ai l'impression d'être resté bloqué dans cette cage... Que plus rien de ce que je vis n'est réel...

tw : torture, mort, problème psychiatrique, déroute conjugale, mention de pulsion suicidaire


Encore une fois, Sean se braqua.

Les mots de son fils se gravèrent en Braxton qui se fissura peu à peu.

Tous les signes concordaient... Paranoïa, doutes, dépersonnalisation, peurs irrépressibles...

Il avait vu Sean se crisper sur sa baguette et il avait ravalé son effroi. Si Sean tentait de lui jeter quoi que se soit, ses propres réflexes prendraient le dessus. Sean finit par jeter sa baguette.

Sean pointa d’un doigt tremblant sa tempe… "Dans ma tête… Y’a un truc qui a cédé…"

Sean continua à parler, sans se rendre compte que, pour son père, les murs s'écroulaient. Les mots et le geste de son fils se répétait en boucle.

Braxton n'hocha que très faiblement la tête en réponse à son fils. Il resta, immobile, le regard fixe vers son enfant.

Tout était de sa faute. Il avait complètement échoué. Tout ses sacrifices pour rien. Pour une vie qu'il avait cru sauvé, sa colère oscilla, hésitant à se focaliser sur son agresseur, ou à, comme son frère, choisir @Kathleen J. Jones comme cible.

Sa femme le quittait. Son fils sortait de quelques mois de la deuxième expérience la plus traumatisante de sa vie.

Braxton contempla son fils. Silencieusement.

"C'est donc ça..." se dit-il.

C'était donc contre ça que @Jameson Clearwater, son père, et Betty avait essayé de se battre. Un garçon à peine devenu un homme, brisé, sans repère, ni but.

C'était ça, qu'ils avaient tous vu en le regardant pendant ses années. Même âge... L'ironie du sort frappait partout où elle pouvait.

Oh Braxton comprenait. Cela faisait vingt ans qu'il combattait à poings nus des fantômes.

Sean, prostré, les mains enfoncés dans son visage s'était tut. Une main caleuse se posa doucement sur son épaule tandis que l'autre, en un geste mille fois répété, écarta les mains de ce petit garçon qui pleurait, encore et encore, sans savoir pourquoi. Le père releva le menton de son fils. Des larmes débordaient de ses yeux et coulait son honte sur ses joues, traversaient les rides de son visage pour aller s'étouffer dans sa barbe. Et il murmura, comme on le faisait naturellement pour rassurer un enfant qui a peur de dormir.

"Tu es en vie Sean. Et pour moi, ta mère et ta soeur, je peux te dire que c'est on ne peux plus réel..." Une colère couvait presque dans le fond de son oeil triste, qui n'avait pourtant pas son fils pour cible. Seulement lui-même. La tête de son fils entre ses mains il contemplait le visage dévasté de son garçon. Il avait tout espéré pour lui. Pour finir à juste l'espérer en vie. Et à présent, à espérer qu'il veuille simplement continuer à vivre. Sa lèvre trembla et il posa sa tête sur celle de son fils avant de le serrer à nouveau dans ses bras. "Tha gaol agam ort" lui assura-t-il et il déposa un baiser dans ses cheveux.

Avoir son fils dans ses bras lui apportait un réconfort immense. Qui lui donna la force de lui apporter les réponses.

"J’ai reçu ta chauve-souris… Je savais que tu étais vivant quelque part et que tu essayais de nous joindre..." murmura-t-il la voix brisée. Ses yeux rougissaient à nouveau à cause des larmes. Il poursuivit son fils toujours contre lui, répondant à ses questions précédentes."J'ai tout de suite prévenu les autres. Ton oncle a prit les choses en main et a réalisé un rituel et t’a vu. Il m’a raconté et j’ai tout de suite su dans quoi tu étais..."

Il crispa la mâchoire et les phalanges. L'évocation de ce souvenir suffisait à remuer du bout d'un tison les braises la colère qui nichait toujours dans ses tripes. Pourquoi n'avait-il pas parlé à son fils plutôt ? Pourquoi ne lui avait-il pas imposer une de ces conversations capitale, comme son frère  @Jameson Clearwater arrivait à faire avec sa fille @Lucy Clearwater  ?

"J'y ai pas été personnellement, ils prenaient pas la peine d'utiliser ça pour la chaire à canon comme nous... mais... je suis allé en chercher des pauv' gars coincés là-dedans. J'en ai connu... Internés aujourd’hui à Saint Mangouste. " et il y avait mille moyen de torturer un homme. Il grimaça et serra son fils plus fort contre lui."Mais toi, tu t'en es sorti." répéta-t-il, comme si cette seule affirmation avait le pouvoir de le guérir. Il avait reposé les mains sur les épaules de son fils, ébranlant s"Sean. Tu vas t'en sortir. Ça prendre le temps qu'il faudra." Ce n'était pas une promesse, mais une affirmation qui ne souffrirait pas d'être contredite.

Au-delà de son couple parti à volo, à cette seconde, le but que devait avoir sa vie se marqua dans sa chaire : Sean devait s'en sortir. Sean ne devait pas devenir comme lui.

"J'aurai du insister pour te parler tellement plus tôt... regretta-t-il à voix haute. Excuse-moi Sean... Il prit une inspiration. "De tout. Parce que... Je pense exactement savoir dans quel état tu te trouves..." Il serra les dents pour ne pas en rajouter. C'était sa règle, ne pas s'effondrer devant ses gosses. Ne pas chouiner aurait dit son propre père. Être un homme, être un père. À quoi cela avait-il mené tout ça ?

Braxton brûlait de lui demander s'il avait remarqué la cicatrice de son geôlier. L'hideuse marque du menton à l'oreille qu'il lui avait fait le jour des 14 ans de sa fille. Elle est de moi. Ce bâtard n'est pas intouchable comme il le voudrait le faire croire. pensait-il, alors que son visage prenait peu à peu les traits d'un dragon, naseau dilatée et fumée noire en sortant.

Et Reinfield avait voulu exactement lui faire passer le même message en s'en prenant à sa famille. Son coeur battait, appelant à la croisade. Effet probant du traitement, et surtout, mémoire de sa femme, gisant dans l'appartement, et des mois à attendre Sean.

Quelle bêtise pouvait-on dire à un garçon pour qu'il retrouve le sommeil. Sean avait besoin de retrouver le sommeil. Il avait besoin d'histoire avant de dormir pour dissiper les cauchemars. D'une martre scintillante dans les ténèbres... Braxton soupira. Il avait lui-même besoin de crever l'abcès jusqu'au bout. Cette histoire ne cessait de pourrir entre eux deux. Braxton laissa enfin de l'espace à Sean et il s'agenouilla devant lui. Familier, sensible, affectif. Comme la personne qu'il avait toujours était été et pensé être.

- Sean... se reprit-il. Il écarta une mèche du front de son fils, et parla d'un voix basse. D'abord... tu ne serais pas rentré dans mon esprit, you silly, j'aurai trouvé une pensine ou... une connerie... Il secoua la tête. J'ai de l'éthique quand il s'agit de vous, faut pas déconner... Dès fois je me demande pour qui tu me prends. Son regard laissait transparaître la douleur. L'état de son fils lui avait arraché son habituel masque de marbre. Tu ne me fais vraiment pas confiance ? À ce point ?

Il baissa les yeux et souffla plus bas :

"Vous me portez souvent tous des intentions néfastes que je n'ai pas. C'est difficile à vivre. Parfois... Vous avez accumulé des préjugés hallucinants... Que j'ai probablement mérité..." conclu-t-il en pianissimo. "Tu vas t'entraîner avec @Gabriel Standford  et il te réorientera certainement vers un formateur spécialiser. On peut avec ta mère te prendre rendez-vous à Saint Mangouste avec un psychomage, et... "Il ferma les yeux, songea qu'il n'avait lui même pas été fichu d'appliquer ce genre de conseil. "On va essayer étape par étape concernant tes souvenirs. Je t'amènerais les photos. Si tu veux, on pourra même s'y rendre... promit-il. "Je ferais ce qu'il faut... pour que tu..." les mots restèrent bloqué dans ta gorge. "..t'es meilleure que moi Sean. T'es meilleur que moi."

"Tha gaol agam ort" : pronunciation = Ha gerl akem orsht = I love you.

Le visage dans ses mains, Sean sentit plus qu’il ne vit la main de son père se poser doucement sur lui. Il se tendit à ce contact, son corps réagissant instinctivement par un réflexe défensif, avant de se calmer lentement. Son père lui releva le visage en retirant ses mains qui tentaient pitoyablement de le camoufler. Il lui murmurait quelques mots de sa voix aux intonations de cave rocailleuse qui s’éboulait et son ton semblait se vouloir presque aussi rassurant que ses mots. En relevant ses pupilles sombres sur lui, Sean fut frappé de voir que son père pleurait. Ce n’était plus ces rares larmes, arides et douloureuses, qu’il avait parfois perçu chez lui, mais un ruisselet qui était parvenu à trouver une faille dans la paroi rocheuse de son visage.

Un instant, il se demanda ce qui avait créé chez lui cette émotion, avant de juger ce détail finalement anodin. Peu importait que son père soit affecté par l’affaissement de son esprit, son état fébrile et instable ou son désespoir, le résultat restait le même. Son père pleurait, et Sean sut au fond de lui-même que ce spectacle était l’un des pires qui lui fut donné de voir. Un fils ne devait pas voir son père pleurer. C’était inconcevable. Et pourtant, s’ils en étaient tous deux là, c’était bien parce que ce qu’ils avaient traversé était de l’ordre de l’intolérable. D’une certaine manière, Braxton finissait de reconnaître l’horreur de leurs supplices, et légitimait pleinement la souffrance de son fils.

Le père posa sa tête sur celle de son fils, l’embrassant avant de lui marmonner des mots d’amour et de réconfort. Sean plissa des yeux, se sentant à son tour envahi par l’émotion alors qu’il se laissait serrer contre son père en l’écoutant. Il apprit ainsi que le soir de la mort d’Ulysse n’était pas la première fois qu’il avait réussi à réaliser son nouveau Patronus, mais qu’une chauve-souris s’était belle et bien échappée de la cage pour prévenir sa famille qui – si elle n’avait pu le libérer – avait du moins été témoin de ses tourments. Sean sentit les larmes lui bruler les paupières alors que son père lui expliquait à quel point ce qu’il avait vécu avait été monnaie courante lors de la guerre.

Mais son père lui attrapa les épaules, le forçant à laisser de côté ses souvenirs d’horreur. Sean finit par recroiser son regard, acquiesçant en approuvant silencieusement l’affirmation de son père qui lui assurait qu’il s’en sortirait, simplement car il avait envie et besoin de se raccrocher à cette conviction. Braxton s’excusait, sans que Sean ne comprenne bien pourquoi, mais il croyait son père sur parole quand ce dernier affirmait savoir ce qu’il traversait. Le Langue-de-Plomb avait vécu suffisamment de cruauté et de laideur durant la guerre pour ne pas être étranger au ressenti de son fils.

Braxton s’agenouilla devant lui, retirant du visage du jeune homme quelques mèches collées par la sueur ou les larmes. Il lui reprocha ses propos, alors que Sean se contentait de secouer lentement la tête. Non… Il ne lui prêtait pas de mauvaises intentions, ni ne jugeait son père. Le jeune écossais était simplement dans l’ignorance la plus totale de la manière dont tout ceci fonctionnait. Ryan n’avait eu besoin d’aucune Pensine pour entrer dans son esprit et y assurer son emprise. Qui savait quelles autres méthodes existaient pour faire revivre des souvenirs passés ? A bout de souffle, il ne corrigea cependant pas les accusations du Clearwater alors que ce dernier évoquait les différents spécialistes qui pourraient l’accompagner. Son père prévoyait de mettre tout en œuvre pour l’aider lui aussi, autant qu’il le pourrait, en lui apportant différents éléments de réponses.

De nouveau, Sean hocha la tête, tel un pantin désarticulé vidé de toute volonté. Il n’avait plus la force d’adopter une autre conduite que celle de se raccrocher avec l’énergie du désespoir aux promesses de son père. Mais ses derniers mots lui arrachèrent un triste sourire alors qu’il s’immobilisait pour ne plus les cautionner.

- C’est faux, lui souffla-t-il d’un chuchotement résigné, choisissant de hausser les épaules en penchant la tête sur le côté pour détourner le regard. Je serai jamais aussi fort que toi…

Éternelle auto-persuasion de la puissance et de l’immortalité d’un père, ou bien simple constatation de sa propre faiblesse et de ses propres limites – Sean n’aurait su le dire. Mais il était clairvoyant sur ce point : il était loin – bien loin d’être meilleur que son père.

- Mais je te promets de tout faire pour essayer de remonter la pente…

Oui il irait parler à @Gabriel Standford, et à tous ceux vers qui on l’enverrait et qui seraient susceptibles de l’aider. Il le ferait pour mettre  @Yeleen Sô,  @Braxton Clearwater,  @Eleanora Clearwater, @Adil Mesli, Betty, et tout son entourage en sécurité vis-à-vis de lui-même. Pour s’assurer qu’il ne pourrait jamais leur faire le moindre mal. Pour pouvoir enfin abaisser ses défenses, et s’ouvrir de nouveau à ceux qui l’aimaient et qui l’entouraient. Lentement, il releva les cils vers son père qui l’observait toujours, hésitant un instant avant de finalement - maladroitement - l’entourer de ses bras pour le serrer dans une étreinte émue.

- Merci d’être venu pour moi, murmura-t-il en fermant les yeux, sans parvenir à les rouvrir. Son corps et son esprit – curieusement apaisés par ce geste pourtant si inhabituel – choisissaient cet instant pour prendre le repos qu’ils attendaient tant.

- Je suis… très fatigué, parvint-il à marmonner en s’assoupissant déjà à moitié. Quelques instants plus tard, sa tête reposait sur l’épaule de son père alors qu’il s’était soudainement endormi, libéré de l’écrasante pression qui le maintenait éveillé depuis de bien trop nombreux jours.

Sean l'écoutait. Il le sentait à sa respiration qui se troublait à certains mots, les petits mouvements de ses épaules. Son fils hocha faiblement de la tête, ne croyant certainement pas lui-même aux mots de son père. Il était trop éreinté pour absorber quoi que se soit de plus ce soir.

Alors lorsqu'il releva la tête pour lui adresser un petit sourire, avançant qu'il ne serait jamais aussi fort que lui, un frisson désagréable prit Braxton. Fort ? Il ne se considérait pas comme tel. Nerf d'acier, des capacités de survie arrachées à des expériences traumatisantes, mais fort ? Il était suiveur, dernier né élevé pour obéir à l'ainé et au patriarche, ne s'était affirmé que pour épouser une moldue, et hormis ses enfants, et encore, sa vie ne lui semblait qu'être une suite d'échecs ou de résultats en mi-teinte sur laquelle il n'avait jamais eu de prise.

Sean était déjà fort. Il avait de la volonté à revendre. Son père l'avait vu de ses six ans remplir ses yeux sans vie d'une étincelle brillante, d'un garçon qui s'était battu contre des chimères dont il ignorait tout. Son fils était droit, n'avait à sa connaissance, jamais eu d'excès de violence, et il en était terriblement fier. Tout ce que Braxton espérait, c'était que son fils s'engage sur un chemin en dehors de la haine et de la colère.

La promesse de son fils de tout faire pour se remettre l'arracha à sa mine triste et il parvint à lui étirer un sourire. Il caressa sa joue de son pouce, les yeux humides. C'était déjà ça. Rien que des mots. Mais qui pansait une plaie béante.

Devait-il promettre la même chose à son fils ? À lui-même, le corrigea intérieurement la voix chantante de @Luke Korrigan.

Braxton continua de sourire, alors que son fils le fixait. Que se passait-il dans cette grosse tête de gamin malin, qui venait tout juste d'avoir ses vingt-quatre ans. Il faisait des hypothèses en silence, profitant seulement de ce rare moment de paix.

Le Clearwater fut surpris, lorsque son fils le prit dans ses bras. - De rien, dit-il en secouant la tête, c'était naturel. C'était normal. C'était le genre de père qu'il voulait être. Le genre de père qu'il était capable d'être. Qui accoure, peu importe.
Il souffla le plus discrètement possible, envahit par une émotion violente. Encore plus forte que la dernière fois que son fils l'avait appelé papa. Le petit manège était terminé, espérait-il.  

Son fils battait des cils de plus en plus lentement et il acquiesça à sa petite mine fatiguée. Repose-toi alors, chuchota-t-il. Quand son fils choisit comme lieu de repos son épaule, Braxton transféra tout son poids sur ce bras d'appui pour pouvoir essuyer ses yeux larmoyant. Quand il raconterait ça à Betty. Une allégresse sans nom l'emplit. Il se sentit stupidement heureux.  

- Vingt-quatre ans... chuchota-t-il pour lui même, impressionné, contemplant ce cadeau de la vie qu'il ne lui semblait pas avoir assez chéri et honoré.

Il resta ainsi, à contempler les flammes alors que son fils se faisait de plus en plus lourd. Il ne bougeait pas, devinant que Sean devait rarement s'endormir de lui-même ses derniers temps.

La paix n'était pas complète. Malgré ce sentiment de paternité qu'il l'inondait et les traits soudainement détendu de Sean, il voyait les cernes, il voyait les marques sur son corps et son visage. Leur relation n'était pas sauvée, il le savait. Braxton se tourmentait d'avance de tout gâcher. Tout lui paraissait encore tenir qu'à un fil.

Jamais aussi fort que toi... Quelle bêtise... Tant que Sean avait la tête sur les épaules et son coeur d'agneaux, il restait son petit gars costaud.

Ces ruminations le ramenaient toujours à cet été. À son inaction.  @Jameson Clearwater avait tiré la sonnette d'alarme. Amastan avait perdu deux employé, les enfants étaient revenus mais Ellie aurait pu avoir de plus grave conséquence. Même son père Evan, l'avait poussé à écouter son frère.
Ce qu'il avait fait. Il prenait les médicaments. On lui refusait le retour au terrain pour le moment. Il passait voir aussi souvent que Betty. Trop souvent au goût de son épouse, et qui ne servait qu'à régler des détails particulièrement douloureux. Il l'aimait toujours éperdument. C'était par amour, qu'il se vissait à son poste, à son traitement.  @Jameson Clearwater avait l'air de croire qu'il ne faisait empirer les choses. Lui reprocherait-on plus tard ?

Contemplant alternativement le feu, puis son fils endormit, les cogitations nocturnes continuaient sous sa tête hirsute.

La porte grinça avec le retour de @Luke Korrigan et leva un doigt devant ses lèvres, un sourire en coin non réprimé pour lui faire signe de garder le silence. Affichant un petit sourire, la réaction de son ami lui tira une mine tout de même fier.

Un coup de baguette et un lit gigogne se sépara de la couchette de Luke où Braxton pu déposer son fils le plus délicatement possible. Il l'installa près du feu, ignorant les petits grognements d'un Sean au pays des rêves. Il s'installa lui-même dans un autre lit et s'enroulant dans les couettes, la joli couleur vermeil du feu finir par disparaître derrière le voil du sommeil.