Roses of Eṣfahân

Identité : Narghis, le nom d'une fleur, une graphie ramenée d'un orient plus doux et plus lointain. Ce prénom est le choix de son paternel, voyageur insatiable à ses jeunes heures. Il lui arrive de l'adapter en Narcisse pour les oreilles non averties. Aslan, le lion, héritage des siècles emportés par le vent du kavir.

Date et Lieu de naissance : 32 ans. Narghis est née à Esfahan (Iran), le soir de Norouz, un joli mois de Esfand1988 (soit quelque chose autour du 21 mars sur le calendrier gregorien).

Statut civil : l'éducation qu'a reçue Narghis, pour aimante et bienveillante qu'elle ait été, n'a guère laissé de place à l'idée qu'il puisse y avoir une préférence ou un autre choix. C'est l'occident qui a introduit cette notion, et encore, assez tardivement. Autant dire que, si elle ne juge pas, elle n'est pas ouverte à toute proposition. Au-delà de ça, Narghis a pris de l'occident tout ce qui a pu lui plaire. C'est une femme très libre malgré la réserve qu'elle drape aussitôt qu'elle s'installe derrière le comptoir de l'échoppe familiale. Elle a des copains aussi bien que, parfois, des histoires d'un soir. Bien sûr, il n'est pas question de leur faire passer le pas de la maison Aslan mais c'est le deal. Ne comptez donc pas être présenté à la famille, vous vous prendriez un mur.

Scolarité : Narghis a étudié à Poudlard où elle a rejoins sans grande surprise la maison de Poufsouffle. Son père aurait espéré qu'elle suive la voie de sa mère, à laquelle elle s'est intéressé dès le plus jeune âge, mais Narghis n'a jamais voulu en entendre parler.

Narghis était une élève plus qu'appliquée, passionnée. Toujours prête à pousser l'étude plus loin mais également à rendre service aux camarades en difficulté. Si elle ne s'investissait guère dans le Quidditch, que ce soit en tant que joueuse ou sur les gradins, son engagement au sein du Club d'Échec et Jeux Sorciers  restera dans les mémoires. Quelle déception de la voir dévier de la voie si évidente de la médicomagie ou des soins aux créatures magiques pour s'éteindre, ASPICs en poche, dans pénombre d'une épicerie magique.

Sachant à quoi l'aurait destinée une carrière de médicomage, et voyant leur père vieillir, Nhargis a préféré laisser le champ libre à ses frère et soeur, et s'occuper de l'affaire familiale. C'est finalement son frère jumeau Dâriush qui a pris le chemin de Sainte Mangouste.

Profession : Elle est la fille aînée de l'épicier...

Baguette magique : 29 cm de bois d'ivoire rose, dont le cœur renferme une plume de Simurgh variable. Sa baguette émet des sifflements discrets et mélodieux lorsqu'elle lance des sortilèges mais peut adopter des inflexions plus courroucées selon l'intention qui anime le geste.

Famille : son père, Jamsheed Aslan a toujours baigné dans le commerce et les produits d'épicerie fine. Un héritage familial qui a assuré aux Aslan une stabilité financière à travers les siècles, et parfois même un certain prestige, où qu'ils se soient installés. Fidèles à leur terre natale, l'Iran, les Aslan n'ont pourtant jamais hésité à voyager, toujours plus loin, pour approvisionner leurs étals en curiosités rares et précieuses. A contrario, l'Iran fut le premier et le dernier voyage de Golshan, la mère de Narghis. Elle y rencontra Jamsheed, encore étudiante en médicomagie, et lui fit promettre de quitter l'Iran pour revenir aux montagnes afghanes de son enfance, où la médecine moderne n'avait encore quasiment jamais mis les pieds. La promesse tarda à se réaliser mais finalement, les Aslan s'installèrent dans le petit village sorcier de Ramsheh, bien loin des actualités moldues et de l'agitation perpétuelle des grandes villes.

Quelques années plus tard, c'est avec trois enfants sous le bras que Jamsheed Aslan, le visage grave et marqué, passe l'inspection des douanes magiques britanniques. Papiers en bonne et due forme, il ne tarde pas à s'installer sur le chemin de traverse et on l'y trouve encore aujourd'hui, dans l'arrière-boutique de l'Épicerie Aslan, un petit morceau d'Iran, coincé entre le magasin de chaudrons et la pâtisserie le Fairy Cake. On ne s'en douterait pas avant d'en franchir le pas si ce n'était pour le chacal bleu qui se prélasse sur l'enseigne et jette un œil paresseux aux visiteurs qui font tinter le carillon de l'entrée.

Ici rien ne manque. Des primeurs les plus indomptables comme le chou mordeur aux plus délicates épices. Du nécessaire de cuisine de votre arrière-grand-mère aux indispensables poudres de cheminette et de Perlimpimpin (un grand parmi les grands en dépit d'un nom ridicule, on ne lui rend pas assez justice ahem...) : tout ce dont votre quotidien de sorcier à besoin, se trouve à l'épicerie Aslan... enfin presque.

M. Aslan lui-même, son fils ou une de ses ravissantes filles vous accueille du lundi au samedi de 6h à 22h. En dehors de ces horaires, et uniquement en cas d'urgence, s'adresser au chacal bleu.



Hérédité du sang : A Ramsheh comme à Ispahan, on était peu regardants sur la qualité du sang si bien que la question ne se posa jamais jusqu'à ce que les Aslan mettent le pied en Angleterre ou, un peu par défaut, on leur attribua le statut de sang mêlé. Une indélicatesse dont la dignité paternelle ne s'est jamais vraiment remise.

Caractère : On pourrait presque dire qu'il y a deux Narghis.

La fille de l'épicier, toujours accueillante mais réservée. Fidèle à cette image de la femme orientale drapée dans la sécurité de son foyer, sous l'égide du père. Exigeante mais généreuse, maîtresse d'hospitalité. Pour Narghis, rien ne passe avant cette famille, si réduite soit-elle. Soudée dans le malheur comme dans leurs réussites, les Aslan forment un cocon qui peut parfois être très imperméable au monde extérieur et que Narghis défendra toujours bec et ongles.

Mais il y aussi a la jeune femme rencontrée sous les flashs colorés et intermittents de la vie nocturne. Silhouette élancée, couronnée d'interminables ondes d'ébène, vive, aux sourires aussi francs que désarmants. Un vrai souffle de liberté, peut-être trop ?

Patronus : un guêpier d'Europe, compagnon de longue durée de son voyage de l'orient vers l'occident. Elle a beaucoup de mal à lui donner corps.

Miroir de Risèd : Dans le reflet qui lui fait face, un jeune couple d'orientaux, encadrant trois gamins aux cheveux d'ébène.

Epouvantard : Son épouvantard prend la forme d'une explosion muette de poussière grisâtre, il se disperse aussitôt qu'il apparaît, en vous soufflant au visage. Il vous engloutit.

Particularités : Traits atypiques, que ce soit physiques (cicatrices, handicaps, tics...) ou mentaux (véritable poissard ou au contraire hyper chanceux).

Qui es-tu ? :  une petite créature verte unicellulaire vivant dans les eaux salées, le plus souvent en suspension et apparemment passive... mais toujours en train de préparer un mauvais coup.

Faceclaim & Crédits : Golshifteh Farahani

Trigger Warnings : scènes de guerre, perte d'un proche, racisme.
Comment avez-vous connu le forum? :  

Un petit plus ? :

« Papaaaaa, papaaaaaaaa, le chacal m'a mordue !!!, geignait la minuscule loupiote à la crinière d'ébène.
- Tu ne lui aurais pas ENCORE tiré la queue par hasard ? », insinuait l'épicier sans plus se faire de souci. Il fallait dire que le chacal de l'enseigne était en lapis lazuli. Pas de quoi fouetter un matou. Tout ce que risquait la fillette s'était une écharde et encore, vu le travail de l'artiste qui avait offert la sculpture... Dans son dos, sans compassion aucune, un petit garçon pouffait de rire. C'était Darayavahush, le soleil de la maisonnée.

Ce jour-là l'épicerie était fermée pour le traditionnel grand nettoyage de printemps. Golshan avait pris de l'avance sur les festivités et s'était rendue au marché aux fleurs en espérant ramener les plus belles jacinthes. Comme c'était les vacances de Norouz, les copains copines avaient eux aussi été réquisitionnés pour mettre la main à la pâte, soit pour préparer les Haft Sîn, soit pour les cadeaux de dernière minute ou encore pour ce fameux grand nettoyage. Mais ce soir-là, tous les enfants brûlaient d'impatience et avaient mis de côté ces joyeuses corvées pour guetter le coucher du soleil et les premiers feux de  Tchaharchanbé-Souri, le dernier mardi de l'année. Narghis et Darayavahush ne faisait pas exception. Ils avaient préparés leur plus belle tenue de revenant et bien sûr des friandises pour accueillir les ancêtres depuis longtemps trépassés qui ne manquaient jamais de rendre visite à leur famille ce jour-là. Le lendemain, ce serait leur anniversaire mais Narghis préférait mille fois la promesse de pouvoir se coucher tard, de chasser le mauvais œil avec les adultes à travers les traditions colorées de cette nuit si particulière. Et puis surtout, dans tout Esfahan, on chercherait Hadji Firuz, ses tambourins et ses bons vœux pour la nouvelle année.

Le lendemain matin, il faudrait se lever tôt pour aller mettre les pieds dans l'eau glacée. C'était bien moins réjouissant et puis surtout, une fois qu'ils auraient fait un sort au grand repas, il faudrait aller faire la tournée des proches et ça, Narghis détestait. Contrairement à son frère jumeau, qui exultait et prenait un malin plaisir à la faire maronner tant que leur mère ne s'éloignait pas trop de leur champ de vision. Elle trouvait les visites de courtoisie de Norouz bien trop ennuyeuses. D'abord parce que c'était trop bref pour qu'ils aient le temps de jouer avec leurs copains, ensuite parce qu'il fallait répéter inlassablement les mêmes vœux à toute une suite de grands qui ne lui adresseraient plus vraiment la parole une fois ces mondanités échangées et enfin, surtout, parce que ça voulait dire se préparer à aller dans le village natal de sa mère, Ramsheh, pour rendre visite à l'autre partie de la famille. Or, à Ramsheh, à part taquiner les chèvres et les cailloux il n'y avait rien à faire sinon s'ennuyer ferme et, comme par hasard, c'était toujours à Ramsheh qu'ils restaient le plus longtemps...




tw : racisme, bad language, scène de guerre, mort violente

« Mais je comprends pas : c'est quoi ton problème avec les moldus ?! Merde quoi ! »

Fallait-il que ce soit vraiment elle le problème en fait ? Narghis serra les dents, contenant une réponse acerbe et des larmes qui ne s'étaient jamais autorisées à couler. Une petite ride du lion sévère creusait l'écart entre lui et elle. Ses yeux en amande se perdirent un instant dans le vague et puis...

ce silence assourdissant. Un bourdonnement continu dans les oreilles. Cette sensation que l'air autour d'elle semblait vouloir lui coller aux poumons, l'étouffer dans sa propre maison... ou ce qu'il en restait. Où se trouvait-elle d'ailleurs ? Elle ne reconnaissait plus rien. Etait-ce là les intérieurs d'une maison ? Une anatomie de mortier et de calcaire éviscérée dans le nuage de poussière grise. On n'y voyait pas à un mètre. Alors que faire ? Hurler ? Pleurer ? Mais avec quelle voix ? Certainement pas celle qui s'égosillait dans les vapeurs de ciment. Sa tête lui faisait horriblement mal. Finalement, elle s'accroupit à même les gravas, sans avoir fait le moindre pas. Et pour aller où ? Elle attendit peut-être une vingtaine de minutes. Le brouillard étouffant ne retombait pas ou si peu. Elle pouvait quand même distinguer l'ombre du pic rocheux qui surplombait le village contre le ciel crépusculaire encore menaçant. Mais du village, rien d'autre qu'une masse informe et inanimée. Elle avait beau retourner la chose dans son esprit égaré, rien de tout cela ne faisait sens. L'instant d'avant, elle riait aux éclats de la mine déconfite de Darayavahush en regardant leur mère bercer Mira du bout du pied sous la table. Et puis il y avait eu ce sifflement sinistre. Une vibration terrible venue du ciel et de la terre. Ça l'avait glacée jusqu'aux os, renversée de tout sa petite taille... Elle ne pouvait pas être bien loin cette table. Sous ses pieds nus, quelque chose de tiède et gluant. Ça lui colle comme une seconde peau. Une odeur âpre et puissante qui lui rappelle celle des chèvres quand on les égorge. Elle n'ose pas regarder. Finalement, quelque chose perce le silence. C'est ténu. Ses oreilles bourdonnent toujours. Ce sont les vagissement d'un bébé. Mira. Elle ne pouvait pas être si loin cette table...

Combien de temps avant que leur père ne les retrouve là-dessous ? Tout ce dont elle se souvenait c'était le réconfort apporté par l'humidité de la nuit. Leurs bras entrelacés avec la force du désespoir quitte à se broyer les os. Ce sentiment que tout s'aplanirait dans le froid et le silence. Peut-être, le béguètement lointain et hystérique d'un cabri accroché au flan escarpé de la montagne... Elle n'avait jamais voulu venir vivre à Ramsheh. C'était le souhait le plus cher de sa mère. On leur expliquerait plus tard qu'ils cherchaient à débusquer un homme. Un homme important. Quelqu'un qui serait venu se cacher là où jamais personne ne venait les chercher. Mais il n'y avait jamais eu personne. Personne d'autres qu'eux. Et maintenant ils étaient, à eux trois et une chevrette malingre, tout ce qu'il restait du village sorcier, dissimulé sur ce pan de roches inhospitalières et ennuyeuses...

D'ailleurs qu'est-ce qu'il savait des moldus ? Lui, qui n'avait jamais quitté le giron du territoire administré par le Ministère de la Magie britannique ? Qu'il aille se faire foutre.