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out of the woods (eloïse)

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OUT OF THE WOODS

9 décembre 2022 - ministère de la magie ⟠  @Eloïse Caron


Remember when we couldn't take the heat?
I walked out, I said "I'm setting you free"
But the monsters turned out to be just trees
When the sun came up you were looking at me
Are we out of the woods yet?



Les événements n’avaient pas cessé de lui tomber dessus depuis plusieurs mois, et décembre n’était pas l’exception. Levana, cependant, prospérait dans ce genre d’atmosphère, contrairement à plusieurs. Elle aimait penser que la pression faisait les meilleurs diamants. C’est pourquoi, après le mariage, elle avala la nouvelle de l’accident de son amie plutôt bien, aussi bien que l’on puisse prendre ce genre d’annonce. Cette hospitalisation avait aussi fait réaliser à la femme d’affaires qu’elle avait peut-être négligé la présence d’Eloïse depuis son arrivée à Londres. Après tout, à quand remontait le temps où les deux étaient sur le même continent, encore mieux, la même ville? Levana s’était si souvent plaint de ne pas pouvoir passer plus de temps en la compagnie de son ancienne camarade française, les différentes crises professionnelles l’avaient tenue loin. Plus maintenant.

L’israélienne savait très bien que si elle voulait devenir ministre, elle devait y mettre le temps, mais elle était une Rosenthal: elle pouvait très bien faire les deux et se débrouiller. Multi-tâche, elle en était devenue experte. C’est pourquoi, cette semaine-là, elle fit le chemin vers le bureau de @Gabriel Standford avec un café en plus pour lui soutirer des informations sur la présence de son amie dans le bâtiment, en profitant pour prendre des nouvelles de l’auror au passage.
Multitâche.

Lorsqu’elle eut confirmation de la date et l’heure de la convocation d’Eloïse chez les aurors, Levana n’eut qu’à traverser la rue pour commander au restaurant indien qui lui faisait bien trop souvent de l’oeil, la journée en question, et ramener le tout à l’étage des aurors, attendant sagement que son amie émerge du bureau.

Enfin, lorsque les traits familiers d’Eloïse  apparurent de derrière la porte, Levana se jeta droit sur elle. Tsk tsk tsk. Ne pense même pas à t’échapper, aujourd’hui tu déjeunes avec moi.” Elle releva le sac de nourriture pour prouver son point, une expression satisfaite sur le visage. “Je me suis occupée de tout.” commenta-t-elle dans un français qui la ramenait à une autre époque, lui rappelant des souvenirs. Ses années à Beauxbâtons et la pratique que son emploi lui procurait l’avait rendue polyvalente, pas seulement en français, mais dans la maîtrise de plusieurs autres langues. Ceci dit, chacune de ses langues trahissait des effluves d’ailleurs: son français, par exemple, bien que impeccable, faisait ressortir quelques sonorités hébraïques, sur certains mots. Levana lui offrit un large sourire et l'agrippa par la main pour la tirer jusqu’aux ascenseurs, ne lui laissant aucune chance de protester.

Même lorsqu’elles furent dans l'ascenseur, elle ne lâcha pas prise, gardant la paume de son amie dans la sienne. Après les récents événements, elle se le permit. Elle relâcha son emprise seulement au moment où elle dû se libérer pour ouvrir la porte de son bureau.

“J’ai déplacé mes prochains rendez-vous, nous avons tout le temps du monde.” dit-elle en posant la nourriture sur la table entourée de chaises rembourrées, pour les rencontres moins officielles.

Son bureau était grand, lumineux, ergonomique: les avantages d’être à la tête d’un département. Une large carte du monde était encadrée sur pratiquement l’ensemble d’un mur, des petits points de lumières de couleurs représentant les ambassades. Les couleurs avaient certainement différentes raisons d’être, mais Levana évitait souvent de diffuser leurs sens.

Cependant, outre les items utilitaires qui trahissaient une présence soutenue dans le bureau, comme la carte, des objets personnels à la traîne ou les accomplissements encadrés, le bureau de Levana semblait presque… neutre. Sans personnalité. Comme si elle n’avait pas fait l’effort de décorer.
Parce que c’était exactement ce qui s’était passé.
Levana ne faisait jamais son nid, ne sachant jamais combien de temps elle resterait. Le seul endroit où elle s’était réellement mise confortablement était au Chili: y étant resté 3 ans sans ressentir le familier sentiment d’avoir envie de décamper, elle s’était mise confortable.

“Mmh. Where did I put my wand again…” marmonna-t-elle en déplaçant les piles de dossiers éparpillés sur son bureau. Aussi organisée était-elle dans l’ensemble, son bureau était souvent en désordre et sa baguette souvent perdue. “Bon,” commenta-t-elle sans relever les yeux de sa tâche. “C’est pas la nourriture de Beauxbâtons, mais c’est un des meilleurs tikka masala que j’ai pu goûter dans le coin."

Elle revint vers la table, baguette en main, et d’un petit geste délicat, les différents contenants d’extirpèrent du sac eux-mêmes pour se placer devant elles. “Dis-moi tout.” dit Levana en pointant la chaise en face de la sienne, s'asseyant à son tour avec un sourire ravissant qui trahissait son plaisir d’avoir enfin un repas improvisé entre filles.
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9 décembre 2022 - ministère de la magie ⟠  @Levana Rosenthal


Remember when we couldn't take the heat?
I walked out, I said "I'm setting you free"
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When the sun came up you were looking at me
Are we out of the woods yet?



Sortir de Poudlard et de ses environs : yes. Cela ne fait qu’un mois et pourtant, Eloïse a déjà l’impression d’étouffer. Le fait qu’elle ne soit pas faite pour la vie sédentaire est avérée, même si elle commence à y songer, doucement. Voir son fils tous les jours la fait réfléchir. Frôler la mort peut avoir cet effet sur les gens, après tout. C’est surtout la simple pensée d’être limitée dans ses déplacements plus qu’un empêchement certain qui la paralyse. Mais bon. Ce n’est que pour aller faire une nouvelle déposition. Elle a perdu le nombre de fois où elle a répondu à des questions, examiné des clichés pour voir si elle reconnaissait telle ou telle personne. Les Médicomages ont pour l’instant refusé tout de go qu’elle prenne du Veritaserum ou que l’on aille extraire des souvenirs de sa mémoire, la décrivant comme « toujours en état de choc ». Eloïse repousse ces allégations à coups de soupirs désespérés, mais quand on lui demande comment elle dort … c’est le silence qui répond. Et les experts ont alors leur réponse. Non, elle ne veut pas voir de Psychomage. Et ils ne l’autoriseront à offrir son esprit aux autorités seulement quand elle l’aura fait. Un cercle qui ne lui convient pas, mais que pouvez vous y faire. Aujourd’hui, il semblerait que les Aurors (juste deux, en-dehors de @Gabriel Standford ont été autorisés à l’approcher) aient réussi à reconstituer une maquette de la boîte qui lui a été envoyée, selon les descriptions qu’elle en a faites. On lui demande de l’examiner, de voir s’il manque des choses, si l’écriture est la même. Le long frisson qui la parcourt en le voyant leur indique sans mal qu’ils ont fait du bon travail. Mais elle ne peut pas rester dans la pièce trop longtemps et on finit par lui dire qu’elle reviendra un autre jour pour finir. Et elle se résoud donc à aller chercher le Portoloin qui la ramènera en sécurité quand on s’interpose sur son chemin.

“Lev ?” La surprise est de taille. Bien sûr, elles se sont vues depuis qu'elle est de retour, mais surtout à l'hôpital, où elle n'était pas au mieux de sa forme. Depuis, avec elle à Poudlard et Levana being Levana et ayant un agenda impossible, cela n'a pas vraiment été le cas. Aussi n'est-elle pas entièrement sereine, lui lançant un regard un peu étonné. Il faut bien dire qu’elle est un peu à cran en ce moment – on le lui pardonnera sans doute. La nourriture a des airs de pot de vin, mais l’odeur seule suffit effectivement à faire en sorte que la Française n’ait pas envie de refuser. “D’accord, d’accord, c’est parti.” Même à lui laisser sa main. Parce que malgré tout, cela lui fait plaisir de voir un visage familier. Surtout après la nouvelle épreuve qu’elle vient d’endurer. Il faudra sans doute qu’elle finisse par reconnaître que oui, elle a subi une épreuve, qu’elle en est traumatisée et qu’elle a besoin de temps. Pour l’heure, le déni lui va encore plutôt bien au teint. Et cela lui permet donc de railler, sans le moindre mal : “Oh, donc tu peux trouver du temps dans ton emploi du temps de ministre. Intéressant...” Et elle prend place sur une des chaises, embrassant l’espace du regard. C’est tellement Levana que c’en est limite effrayant. Et elle attend finalement qu’elle ait fini son petit manège pour lui sourire, un poil crispée, il faut le dire, se saisissant d’un naan avant d’attaquer : “Mmmh qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?” Le pain est déchiré dans la longueur avec application alors qu’elle commence à détailler : “Comment j’ai découvert il y a de ça deux mois que le gouvernement russe aide apparemment à dissimuler des attaques sur les populations moldues ?” Elle avait pensé à lui en parler, à l’époque, mais sans preuve tangible, c’était compliqué, d’un point de vue diplomatique. “Comment cela m’a valu un superbe cadeau qui m’a explosé au visage, il y a de ça un mois, et que j’aurais pu y passer si je n’étais pas une bête de duel ?” Le ton humoristique est clairement trop tendu pour être entièrement léger, et elles se connaissent suffisamment bien pour le savoir : “Comment j’ai maintenant la peau d’un zèbre avec des marques partout qui se rouvrent dès que je fais un cauchemar, la nuit, ce qui est, à peu près tous les jours ?” Et c’est la première personne à laquelle elle dit ce genre de choses. Les vannes sont ouvertes et elle déverse tout – ou presque – d’un seul coup : “Comment j’ai découvert que mon ex s’est marié dans mon dos, continuant lentement mais sûrement de m’évincer de la vie de notre fils ?” Le naan est trempé dans la sauce à la menthe et elle en prend une bouchée avant de sembler avoir une illumination : “Oh oui, et que ma meilleure amie l’a non seulement organisé mais a en plus été témoin de la mariée ?” Ses yeux finissent par trouver ceux de Levana et elle lui sourit : “Voilà, c’est à peu près tout, Lev. Ca va très bien. Et toi ?” Oh, ironie. Une si douce amie. Mais elles savent, l’une comme l’autre que dessous il y a un : I missed you girl. Where have you been ? I need you.
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9 décembre 2022 - ministère de la magie ⟠  @Eloïse Caron


Levana ne s’attendait pas à recevoir des réponses avec autant d’amertume. C’était probablement de sa faute, elle qui avait l’habitude de passer à autre chose aussi rapidement que possible, elle ne pouvait pas s’attendre à ce genre de comportement de la part de son amie. Elle perdit doucement son sourire alors qu’Eloïse énumérait ses malheurs - beaucoup trop en si peu de temps, Levana pouvait d’admettre - son expression changeant doucement en une inquiétude non dissimulée.

Levana se contenta de l’écouter en silence, déchirant à son tour le naan pour en prendre une bouchée, laissant l’espace à Eloïse pour ventiler, lui offrant à l’occasion un regard compatissant. Elle n’aimait pas voir son amie dans cet état.

Cependant, plus le monologue d’Eloïse s’étirait, moins Levana partageait l'opinion de son amie, piquée lorsqu’elle alla jusqu’à l’accuser. Elle marqua une petite pause, laissant à Eloïse la chance de s’exprimer encore davantage si elle le souhaitait. Elle qui avait l’habitude de camoufler ses émotions, elle dû user d’un effort monumental pour ne pas faire paraître son mécontentement. Eloïse la connaissait trop bien, c’est peut-être pour ça qu’elle réussissait souvent à appuyer sur les bons boutons pour faire réagir l’israélienne, même inconsciemment. Elle prit une grande respiration et décida d’y aller point par point.

Lorsqu’elle fut convaincue qu’Eloïse avait terminé, lui offrant même un sourire que Levana choisit d’ignorer, vu la tension de la situation, elle essuya calmement ses mains et s’étira au-dessus de la table, agrippant la main de son amie dans la sienne.
Une solidarité, un signe que Levana était là. Ses sourcils s’arquèrent en signe de compassion.

“Avec toutes ces années dans ce domaine, tu devrais savoir que le monde n’est pas rose. Les russes ne sont pas la première déception. C’est seulement un item de plus sur une interminable liste de choses à faire changer.” Quand je serai Ministre… des paroles que Levana se répétait si souvent, la quantité de promesses faites à elle-même était assez pour lui donner le tournis. C’était souvent quelque chose qui avait contrasté entre les deux femmes, autrement similaires: l’ambition. Levana s'accrochait à ses rêves avec un mordant inébranlable, comme la mâchoire d’un chien affamé refermé sur un os, dirigée par une faim brûlante pour du changement, une ambition stratégique. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs. Elle jouait le jeu à long terme, cela voulait parfois dire délaisser certains problèmes pour faire face à d’autres - plus urgents. Fermer les yeux pour sécuriser un changement plus direct.
Savoir serrer les bonnes mains, sans broncher sur le sang de celles-ci. “Qu’on va changer.” ajouta-t-elle. Étudiantes, elles avaient toujours eu dans l’idée de changer de monde, et Levana tenait encore solidement à cette idée.

“Je préfère te voir zébrée, mais debout. Oliver serait probablement du même avis.” dit-elle en resserrant un peu sa poigne, soutenant le regard de son interlocutrice avec une sincérité claire. “Tu dois te donner le temps de guérir.”

Lentement, elle relâcha la main de son amie, sachant qu’elle entrait en territoire plus sensible. Elle se repositionna sur sa chaise, fourchettant une bouchée de riz. L’appétit l’avait quitté, mais elle devait manger quand elle en avait le temps.

Levana savait bien mentir, comment bien enrober ses paroles pour en préserver les impacts, diplomate hors-pair. Cependant, elle avait souvent eu du mal à mentir à Eloïse, ayant toujours été un peu plus directe avec celle-ci. Peut-être leur passé, ou simplement que Levana tenait la française assez haut dans son estime pour lui épargner ces pertes de temps.

“Pour Thomas, je pense que tu vois tout en noir et blanc.” soupira-t-elle en secouant la tête. “Le timing était malheureux, mais c’était impossible à prévoir.” Elle releva les yeux de son assiette vers Eloïse, un regard plus sévère cette fois. “Il ne t’évince pas. Tu le connais assez pour savoir qu’il ne ferait jamais ça, et c’est complètement injuste de lui donner des intentions simplement pour trouver un vilain à accuser.”  Levana savait que son amie souffrait, mais une partie d’elle avait du mal à concevoir un attachement si profond qu’elle finirait par lui en vouloir. Après tout, Levana avait souvent plutôt été du genre à utiliser les rebounds pour se tourner vers le futur: même avec Eloïse, c’est dans les bras d'@Aram Romanez qu’elle avait essuyé sa peine, plutôt que d’essayer de s'agripper désespérément à quelque chose qui n’était plus viable.

“Shit happens.” dit-elle, ne trouvant pas d’autres manières d’expliquer les choses. “Il a dû prendre une décision rapidement.” Elle haussa les épaules. “Ça ne veut pas dire que c’était une attaque contre toi, aussi terrible cela peut-il te faire sentir.” Elle eut un pincement au cœur, pensant au Chili, aux dommages collatéraux. Elle prit une bouchée de poulet pour faire passer le goût de bile qui lui montait dans la gorge. Lorsqu’elle releva les yeux vers Eloïse, quelque chose dans son ton de voix était plus électrique, à mi-chemin entre des encouragements et des reproches, comme si elle retenait l'étendu de sa frustration pour remonter le moral de son amie.

“Tu ne peux pas m’en vouloir pour ça.” dit-elle, faisant bien attention de maintenir son ton léger, mais direct. “Qu’est-que que je devais dire? Non?
Elle eut un petit rire jaune.
“Non désolée, je ne vais pas vous aider pour votre mariage parce que mon amie est encore amoureuse du mec qu’elle a laissé? Le même mec avec qui elle ne voyait pas de futur sain?” Elle soutint le regard d'Eloïse, espérant qu'elle réalise l'absurdité de ce qu'elle lui demandiat.

“Ils l’auraient fait faire par quelqu’un d’autre, j’aurais deux amis en froid, où ça nous aurait mené?” Elle pinça l’arrête de son nez, se stoppant d’en mettre plus. Même si Levana ne voyait que le ridicule dans cette demande, c’était injuste de le reprocher à son amie aussi sévèrement.

“He’s not yours to love.” soupira-t-elle doucement, empathique. “Plus maintenant. C’est injuste. Je sais.” Crois-moi, je sais. “Mais tu dois lui laisser la chance de vivre sa vie. Et tu dois vivre la tienne.”

“Je suis désolée pour tout ce qui t’es arrivé. Et je suis toujours là pour toi, tu le sais: un coup de fil et j’accoure. Mais tu ne pourras pas t’apitoyer pour toujours.”

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9 décembre 2022 - ministère de la magie ⟠  @Levana Rosenthal


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Les yeux d’Eloïse roulent dans leurs orbites quand Levana lui fait la leçon sur le monde qui est loin d’être celui des Bisounours – non pas que son amie aurait compris la référence. “Je sais, thank you Captain Obvious, je te raconte simplement ce qui s’est passé.” D’accord, elle est peut-être un peu tendue. Et elles n’ont jamais mâché leurs mots l’une avec l’autre. C’est ce qui arrive quand vous êtes amies depuis des années et que vous avez un lien à toute épreuve, même en sortant ensemble et en rompant pour défaut de confiance, c’est dire. Ce n’est donc pas un tout petit outburst de rien du tout qui va se mettre en travers de leur chemin. Son naan se lève en guise de toast à ce qu’elle promet, qu’elles changeront le monde, un pas à la fois. Cet idéal les réunit toujours, même si les chemins qu’elles ont empruntés sont différents, ainsi que leurs manières de faire. Ses blessures sont balayées d’un sourire et qu’un hochement de tête. Ce n’est pas grave, c’est en bonne voie. Pour l’instant, les Médicomages sont optimistes. Même si apparemment, ils n’ont toujours pas la moindre idée de ce qui a provoqué ses blessures. Cela ressemble à une attaque d’une créature, mais aucune n’a été retrouvé et cela a des airs de malédiction. “Je prends le temps. Je n’ai pas encore rejoint le club de duels comme assistante.” Et pourtant cela la démange. Son exutoire habituel est hors de portée, maniant la baguette pour évacuer ses frustrations, d’ordinaire. Ce n’est plus possible, pour l’instant. Et c’est ce qui explique sans mal l’amertume dans son ton et dans sa voix.

Qui ne va pas aller en s’arrangeant en parlant de Thomas. Même avec tout l’amour que Levana lui porte, Eloïse sait qu’elle a très souvent pris le parti de son ami, même silencieusement. Après tout, ils sont faits du même bois, alors ça n’a rien d’étonnant. Et cela la fait soupirer, se radossant dans son fauteuil : “Bien sûr que tu le défends.” Lev ne se rend sans doute même pas compte du point auquel elle peut être injuste, quand elle s’y met. “Il a ‘besoin d’une femme dans la vie de son fils’, tu appelles ça comment, exactement ?” Se resservant, Eloïse repense à la conversation qu’ils ont eue, à ce sujet. “Il a des mécanismes de défense à la con, et tu le sais. Et de temps en temps, ça me ferait du bien que tu le reconnaisses.” Le poulet est attaqué. Elle n’est même pas réellement énervée. Elle voudrait juste un peu de soutien. Qu’elle n’obtient absolument pas. “Je te rappelle que c’est moi, la vilaine de l’histoire, parce que Thomas et toi partagez cette faculté à ne pas savoir comment terminer vos histoires.”  Okay, celle-là était sans doute un peu violente. Elle roule des yeux après elle-même, levant une main : “Désolée.” Ce n’est que la vérité, mais elle est bien placée pour savoir qu’elles ne sont pas toutes bonnes à dire.

Et elle se mord la lèvre pour ne pas répondre à tout le reste. Jusqu’à ce que cela déborde : “Donc ils sont deux et moi une, tu t’es dit que c’était mieux de risquer d’être en froid avec moi ? Merci, Lev.” Son assiette est reposée, alors qu’elle la fixe un moment : “Je sais, d’accord ? Que je ne peux pas m’apitoyer toute ma vie. Mais ça fait quoi, un mois ? Tu peux me laisser le temps, et me montrer un peu de soutien ?” Ce n’est pas comme si elle pleurnichait à longueur de journée, ou qu’elle n’avait pas eu une discussion avec Thomas. Elle essayait, lentement, de reprendre le dessus. “J’ai failli MOURIR, Lev, okay ?” Et c’est sans doute la première fois qu’elle le dit à voix haute. Et qu’elle sent ses yeux s’emplir de larmes, qu’elle ne cherche pas à retenir. Tout ce qui m’est arrivé, c’est ma vie qui a failli s’arrêter. Tu sais, pas grand-chose. Et tu veux que je sois posée, rationnelle, là, maintenant, tout de suite ?” Sa gorge est nouée. “Je ne peux pas, d’accord ? Et je pensais pouvoir au moins compter sur toi.” Parce que sa famille n’est pas au courant. Parce que c’est une enquête en cours, dont elle ne peut pas parler sauf pour témoigner. Et qu’elle se sent terriblement, et désespérément seule.
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9 décembre 2022 - ministère de la magie ⟠  @Eloïse Caron


Levana eut un rire à l’idée qu’Éloise n’ait pas encore pris un rôle comme assistante. “Oh mais je ne doute pas que tu le feras prochainement.” ria-t-elle.

Éloise se braque, et Levana excuse son cynisme sur le traumatisme qu’elle a vécu, luttant contre elle-même pour ne pas répliquer. Elle n’aime pas le ton de la conversation, qui lui rappelle un peu trop leur époque à Beauxbâtons, mais elle est plus mature, plus patiente, alors elle lui laisse l’espace pour ventiler.
Elle leva sa fourchette en direction de son amie pour la contredire: “Je ne le défend pas. Il aurait pu mieux gérer tout ça. Mais ça ne change rien à ta situation. Il n’a pas besoin d’une femme dans la vie d’Oliver, il a besoin d’un nom sur un papier pour que ses parents le laisse tranquille.”
L’israélienne aurait tout de même préféré ne pas jouer le rôle du punching bag dans la situation, mais soit. Alors elle continua à piocher son poulet avec sa fourchette, laissant les remarques acerbes d’Éloise glisser de sur son dos, se remémorant qu’elle n’est pas impliquée dans la situation. Jusqu’à Éloise soulève leur propre rupture, une remarque qui fit relever les yeux de Levana vers son amie, la foudroyant du regard. Heureusement, Éloise semblait déjà avoir pris conscience de son faux-pas et s’excusa immédiatement, et Levana souffla par le nez. Elle est encore sous le choc, c’est normal. se rappela-t-elle, gardant son calme.

“C’est pas-” Coupa-t-elle, parlant par dessus Éloise. “C’est pas ce qui s’est passé. Je ne quantifie pas mes amitiés, et c’est injuste de m’accuser de plans machiavéliques quand…” sa phrase se perdit alors qu’elle remarqua les yeux d’Éloise s’emplir de larmes. Son amie continua, exposant sa douleur, son stress, et Levana se tut, son expression défensive se changeant doucement en empathie. Lorsque la directrice fut certaine qu’Éloise avait terminé, elle soupira. “Oh, mi querida… soupira-t-elle en se levant rapidement de sa chaise pour défaire la distance entre elles. Elle enveloppa le visage de son amie dans ses mains avec tendresse, les yeux dans les siens. “Je suis désolée.” Elle la serra dans ses bras. Elle pouvait sentir l’odeur de son shampoing.
“J’ai parfois du mal à mettre de côté mon aspect rationnel, au détriment des sentiments. Je m’excuse.” dit-elle doucement, profitant de leur accolade pour avouer sa vérité, plus à l’aise lorsque son visage était hors de vue. Avec les années, elle avait de plus en plus de mal à retirer son masque, même pour ceux qui l’avait un jour connu mieux que quiconque.


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