Private bar * Noma*

On était en fin de semaine. Et comme à chaque fin de semaine, mon bar était de plus en plus bondée et j’avais tendance à finir tard. Comme une chef d’orchestre, je m’affairai à faire voler boisson et aliments, dans plusieurs Wingardium Leviosa parfaitement maîtrisés. C’était un de mes petits dons et c’était d’ailleurs pour ça que j’avais songé à barmen en réorientation ! Un peu débordée, j’envoyais une bière avec un peu trop de punch sur un espèce de colosse qui se mit à brailler d’un air mécontent.

« T’as qu’à lever tes miches, imbécile ! »

Il dut se rendre compte qu’effectivement, le service à table c’était pas si mal car il décida de faire profil bas malgré le fait qu’il devait faire une fois et demi ma taille. Je n’avais jamais eu peur de rien, et c’était pas aujourd’hui que ça allait commencé.
Le service se poursuivit tard, et j’allais me diriger vers la porte pour fermer, quand un de mes clients les plus fidèle décida de pointer le bout de son nez.

« Oh non… Bon allez. Rentre, mais juste un verre et tu t’en vas ! »

Laissant rentré le membre de la BPM, je regardais à droite, puis à gauche. Et enfin, je me décidais de fermer les volets et le bar, pour le privatiser juste pour nous deux. Dans une petite course joyeuse malgré la fatigue, je repassais derrière le bar et je me mis à sourire à Noma.

« Dure journée ? »

Généralement, quand il arrivait tard, c’était que la journée c’était justement finie tard et qu’il avait eu beaucoup de travail. Tout en lui servant un verre, je m’en étais servi un de limonade pour l’accompagner. Un tout petit. Depuis que j’avais compris les raisons de mon alcoolisme, j’avais réussi a traiter le problème à la source avant qu’il ne soit trop tard. Ma peur de l’abandon m’avait entraîné dans des pentes dangereuses, et j’avais réussi à remonter juste à temps… C’était ce que le gars du groupe de parole m’avait dit. Et depuis… Bah, non seulement je ne buvais plus seule. Mais en plus je ne buvais plus tout court. Aussi surprenant que cela puisse paraître !

« C’est inhumain comme métier, Brigadier et Auror… Entre Gabriel et toi, je sais pas comment vous faites… Vous savez que vous avez droit à du repos hein ? Il faut vraiment que vous montiez un syndicat… Vos heures sont généralement pas compté je me suis renseigné ! »

Un peu offusqué, je lui posais son verre devant lui avec un léger sourire.

« Comme d’habitude. Avec beaucoup d’amour cette fois-ci. »

Et, avec beaucoup de charme, je lui fis un léger clin d’oeil et je me mis à siroter ma limonade. C’était très bon. Même si je lorgnais sur sa boisson alcoolisée...

PRIVATE BAR

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Les chevilles calées sur une pile bancale de dossiers et rapports trahissant l’existence d’un bureau effacé sous la paperasse, immobile Noma se berçait d’un mouvement de balancier. Si les branches supportant son nid chantaient d’un grincement alarmant, lui ne semblait guère inquiet, ni par le fait de s’endormir sur son lieu de travail, ni par la rumeur d’une figure acrobatique à venir. Le monde aurait bien pu courir à sa ruine, il demeurait imperturbable, les paupières scellées d’une narcose profonde. Sa vigilance en berne, les sens au repos, il ne constata point le vol solitaire d’une note de service. Si l'approche de ce papier au parfum de beuglante se fit en douceur, lorsqu’il s'écrasa sur le front du tireur d’élite, l’effet fut aussi destructeur qu’un maléfice cuisant. Portant sa paume sur le point d’impact, l’équilibre fébrile de la sculpture chancela, l’un des pieds craqua et rompit sous le poids de la surprise, et en un soupir, l’Américain se retrouva les quatre fers en l’air, le cadavre de son assise sous son postérieur. Son château branlant de compte-rendu retomba en une fine pluie, tandis que le courrier enchanté émit une clameur tonitruante. “Karma, le Ministère n’est pas un refuge d’urgence pour sorciers en perdition, rentrez chez vous !” Balayant le quartier général des Valkyries d’un œil appesanti par la brume d’une léthargie déconvenue, l’absence de ses collègues amena l’effronté à conclure que le vice d’un kief avait grignoté une à une les phases du sommeil. Ramassant ce qui pouvait l’être pour donner un semblant d’ordre au capharnaüm d’un poste de travail en pagaille, se frottant les yeux, le Kanaka délaissa cette tâche au lendemain.

❅ ❅ ❅
L’air oscilla et dans un bouillonnement neigeux, le brigadier apparu à la périphérie du village sorcier. La nuit avait jeté son pardessus étoilé sur Pré-au-Lard. La quiétude d’un manteau blanc étincelait des éclats lunaires timides ; donnant un aspect tranquille aux lieux d’ordinaire si vivant. Dans un jeu de clair-obscur, la silhouette du sorcier glissa sur le pavé blanchi tel un spectre d'outre-tombe venu hanté l'allée commerçante. Escorté par l'écho de ses foulées étouffé, des stridulations d’une bise glaciale, Noma déambulait au milieu de l’allée principale calme et sereine, croisant désespérément les doigts pour que l'enseigne des trois balais répande un halo de chaleur sur la poudreuse, et ce, malgré l'heure tardive. Son col roulé remonté jusqu'au nez, à l'abri de ce brise-vent de fortune, un sourire naquit sur ses lèvres bleuies en voyant filtrer les rayons d’un soleil artificiel au travers des petites lucarnes. Clopin-clopant, le radiant d’un rictus réchauffa son visage fouetté par les éléments, du bout des doigts, il poussa naïvement le battant de l’établissement, tombant ainsi nez à nez avec sa tenancière. Une moue suppliciée en masque de parade, il l'implora muettement d’accepter sa présence, le temps d’un échange ou d’un verre et sur son invitation, il s’engouffra à l'intérieur tête la première.

Soulagé de pouvoir étancher sa soif en si bonne compagnie, accoudé au bar, le Kahuna se dépêtra de son cuir et porta ses mains frileuses en poing joint devant ses lèvres. Le regard poursuivant la barmaid, ses iris lorgnaient déjà sur une bouteille de pur feu local, alors qu'elle passait derrière le comptoir. Si la fatigue l'accaparait, il exultait d'un sentiment revigorant après cette traversée polaire. Se frottant les paumes, il esquissa un mouvement de sourcils à la question de l'ancienne joueuse de Quidditch. « Ennuyeuse serait un terme le plus adéquat, mais faut croire que ça fait partie du job... » La lippe narguée d'un bout de langue joueur, il se contenta de hausser les épaules, chassant de son esprit l'infini d'une pile de dossiers s'accumulant sur son bureau. « Et toi, pas trop de viande soûle à éconduire ? » S'il ne doutait pas du talent de la blonde à tenir sa boutique, ce fut avant tout plus par politesse que d'un élan curieux qu'il s'intéressa à la faune qui faisait vivre l'auberge. Plongeant ses doigts encore transis d'un soubresaut dans sa veste, il tira de la poche intérieur quelques friandises qu'il déposa sur la desserte, offrandes dédiées à la remercier de lui accorder un sursis.

Impatient de rincer ses entrailles à grand renfort d'un éthanol raffiné, rongeant son frein, il porta son dévolu sur l'une des suçacide qu'il cala contre sa joue se gargarisant d'une vague sirupeuse. La bouche pleine, d'une cascade de soupirs nasaux, Noma prêta une oreille attentive aux recommandations et bons conseils de celle qu'il aimait considérer comme une amie. L'idée de monter aux créneaux, l'étendard d'un syndicat flottant au-dessus d'une armée de fonctionnaire remontée lui chatouilla la glotte et il se fendit d'un éclat cristallin. « On en reparlera quand notre Ministre aura fini de crier aux loups entre un enterrement et un bal ! Pour le moment avec sa petite vendetta, nos bureaux respectifs continueront de courir après des fantômes... » Les mots coulaient avec légèreté, mais le voile d'un devoir de réserve s'étiolait et se voulait cinglant à l'égard d'un responsable politique dont il n'avait que faire. Finalement, sa grippe se saisit du verre dont le cul venait tout juste d'épouser la crédence. Il piocha dans l'amas de bonbons, une petite boule mentholée qu'il déshabilla avec dextérité et l'émergea touillant de sa sucette acide ce cocktail. « Je n'en doute pas une seule seconde ! » Embarrassé par ce clin d'œil étourdissant, le buvant embrassant ses lèvres, il sirota sa boisson, ses prunelles se refusant de jeter l'ancre sur la jeune femme.

Croisant les bras, je regardais Noma avec un œil critique. Il en faisait beaucoup trop. Tout comme mon frère. Un jour, ils allaient se tuer à la tâche c’était certains et ça ne serait pas en mission. Agacée, je passais le torchon sur le bar, avec un peu de cire d’abeille pour le lustrer. J’aurai pu faire cela avec magie, mais je savais que si je le faisais à la main, le rendu était beaucoup plus satisfaisant aussi bien pour le comptoir que pour moi.

« Que Dunn court après des fantômes c’est un truc… Mais qu’il fasse courir tout un Ministère derrière lui, s’en ait une autre. J’ai pas trop d’avis sur la politique de manière générale. Tout ce que je vois, ce sont des clients fatigués ! »

J’avais fait claqué mon chiffon d’un geste vif. Finalement, je le balançais à sa place et je me tournais vers la bouteille de Whisky. Une envie monstre de boire un verre moi aussi m’envahit. J’étais dans ce moment délicat où j’avais arrêté un peu l’alcool pour passer à autre chose. Certains mettaient un mot dessus : alcoolisme. Mais… Ca n’était pas vraiment le cas ! Je n’en étais pas si indépendant que ça. Enfin… J’en savais trop rien. Le mec du groupe de parole m’avait dit que je devais réduire avant de couper totalement. Et surtout, de ne jamais plus boire seule. C’était le plus important.

« Allez, je m’en jette un aussi. »

Je pris la bouteille de whisky pur feu et je me servais un verre, simple. D’un geste assez lent, mais sans trembler contrairement à la fois dernière, je pris une gorgée plus deux. Mes yeux se firent un peu plus rieurs et je fus légèrement plus détendu en regardant Noma en face de moi.

« Je te crois pas que ton travail est ennuyeux. Il y a toujours un tas de criminel à arrêter non ? »

Je bus une autre gorgée. Tout en regardant Noma avec un petit sourire calme, j’entendis quelqu’un frapper au volet en bois fermé. Je me mis à beugler ma main en porte voix.

« C’est fermé ! »

Je me tournais alors vers Noma, mes yeux roulèrent dans leurs orbites et je me mis à dire d’un air amusé, alors que des coups tambourinaient encore après l’immense volet en bois qui fermait ma jolie devanture.

« Les gens comprennent vraiment rien à rien… C’EST FERME ! Voilà ! Tu vois le genre de débile à qui j’ai affaire en permanence ! »

Je me dirigeais vers le volet, en sortant ma baguette avec pour objectif de faire léviter dans les airs l’idiot qui osait frapper comme un fou après les volets. Je me tournais vers Noma tout en avançant.

« Tu vois, y’a de l’action dans le métier de patronne de bar… C’est affligeant il va vraiment falloir que je prenne un vig... »

Mais je n’eus pas le temps de finir ma phrase, qu’un Bombarda Maxima frappa ma vitrine. Je fus soufflé par le souffle de l’explosion et je tombais sur les fesses deux mètres plus loin. Deux hommes, complètement ivres et riant à pleins poumons passèrent sur ma porte et les volets brisés qui étaient encore au sol.

« MON BAR ! »

Et je m’étais levé, baguette brandit, prêt à en découdre avec le premier des deux ivrognes qui m’observa d’un air surpris.

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Les iris ancrés dans le fond d'un verre à la houle ambrée, les joues mouillées d'une écume rosâtre, le Kanaka tanguait sous le regard inquisiteur de la barmaid. Les oreilles chauffées par cette tirade rassurante, Noma releva le menton de son Graal. Les doigts toujours agrippés au calice, il sentit le comptoir frissonné sous le ballet énergique de la belle blonde, tandis que d'une menotte sauvage, il sauva in extremis l'amas de sucreries d'une chute désastreuse. Sa suçacide claquant de nouveau sous ses dents, il planta ses pupilles timides sur la silhouette de la jeune femme. L'ombre d'un sourire souleva ses lèvres humides d'un pétrole réconfortant à la vue de cette vigueur déployée, comme si cette inquiétude ruisselait d'un élan sincère auquel il n'avait l'habitude de se frotter. Le visage irradiant d'une éclaircie naïve, une moue béate chassa les nébulosités d'une fatigue omniprésente. Le coude arrimé à la déserte, sa pommette trônant contre ses phalanges, une mine surprise le tira de sa contemplation. Les paupières clignant d'un battement effréné, sa prise lâcha, l'équerre retenant le fort glissa sur la crédence astiquée et l'Hawai'i manqua de basculer dans le vide. Désarçonné, Karma esquissa une grimace, la tête légèrement inclinée, il se frotta les mirettes pour s'assurer que le manque de sommeil ne lui jouait pas un mauvais tour, alors qu'Hope soulevait un godet de pur feu. « Wow... Le pouvoir d'une politique absurde me laisse sans voix. » L'étonnement s'effaça pour s'alléger d'un gloussement enroué. Et tandis qu'elle tirait une deuxième gorgée de ce liquide enflammé, le brigadier se fendit d'un rictus amusé, ce que son parrain ignorait ne pouvait définitivement pas le tuer. Il leva le cul de cristal de son verre à la gloire d'une bonne cuvée et se désaltéra d'une lapée de whisky local.

Mais bien vite, l'atmosphère délassée et la chaleur d'une conversation bon enfant se fanèrent dans l'écho d'un tambour, oiseau de mauvaise augure venu agiter le fanion d’un trouble. Valsant sur son tabouret, son attention détournée de l'ancienne joueuse de Quidditch, l'Américain fixa tour à tour porte et volet. Les sourcils froncés, le vacarme reprit de plus belle, et ce, malgré la semonce on ne peu plus claire de la gardienne des lieux. D'un soupir exaspéré, l'insulaire se focalisa sur sa boisson, les mains enroulées autour de son précieux breuvage. D'un sifflement bref, il accusa un frisson au passage éclair de la serveuse, un brin jaloux, elle semblait voir plus d'action qu’un soit des derniers jours, prisonnier derrière son bureau et sa pile de rapports en retard. Et alors qu’il s’apprêtait à se rompre d’une apostrophe taquine, le souffle d’un maléfice explosif propagea une onde destructrice à travers entrée et fenêtres, déracinant la tenancière sous sa lame et laissant ainsi pénétrer une vague amère aux soupçons polaires dans une pluie de débris. Les tympans bourdonnant et le corps taxé d’un spasme rincé d’adrénaline, instinctivement le fonctionnaire porta sa menotte là où d’ordinaire siégeait son tilleul de chêne. La lippe mordue, le Sammy maugréa quelques quolibets muselés avant de se redresser mécaniquement, résigné à faire parler ses poings. Sa menotte clenchée sur son tumbler, son bras armé en direction de l’un de ces malappris, sa prise décoiffa un tir parfait. S'il souhaitait un rafraîchissement, le service ne manquait pas d'efficacité. Et à peine sa balle de verre décochée, qu'en un soupir, en un papillonnement cardial, l'ombre du tireur d'élite s'était mû d'un sprint endiablé.

Tel un rapace, sucette au bec et regard vissé sur sa proie, coulant sur le plancher d’une chute libre, Noma combla la distance qui le séparait de l’un des agresseurs. Les mâchoires serrées, l’ivoire grinçant, le kahuna comptait bien leur faire payer leur désinvolture. Porté à hauteur de l'armoire à glace, son avant-bras tailla l’air et sa “live hand” vint embrasser la glotte de son adversaire de l’arête d’une paume aplanie. L’assaillant déstabilisé d’une attaque à la rapidité d’exécution expéditive, Karma lui fourra sa suçacide au fond de la gorge tout en menottant son membre muni de son bois torsadé dans un craquement de désarticulation avant de lui faucher sauvagement la cheville et de lui offrir un voyage en apesanteur à l'atterrissage douloureux. D’une simplicité déconcertante aidée par l’état d’ébriété avancé de l'ivrogne, essoufflé et étourdi par un enchaînement physique à froid rincé d'éthanol, l’Hawaiien s’étira, son dévolu jeté sur le deuxième troll tout en envoyant un pan de porte épouser son dos bourru, il vola une œillade complice à la belle blonde dans le même temps. « Hé bougre d’extrait de bézoard… Si on arrêtait d’agir comme des gobelins deux secondes… Présentes tes excuses à la dame et revenons tous à nos occupations hein ? T’en dis quoi ? » D'une suggestion crachée d'un ton ergoteur à la politesse flétrie, s'il ne pensait pas une seconde ce qu'il venait de gueuler à plein poumon, il espérait gagner un sursis nécessaire à la propriétaire des lieux de retrouver ses esprits et de donner une petite leçon de magie à ce rustre.  

En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, Noma mit au tapis les deux ivrognes avec une vivacité et une efficacité un peu déconcertante. Les sourcils levés, je baissais finalement ma baguette. Le bruit de la désarticulation m’avait donné un petit haut le coeur mais j’avais fait comme si rien ne pouvait m’atteindre. Avec calme, je relevais ma baguette sur la devanture et d’un Reparo parfaitement exécuté, je regardais ma vitrine se reformer et revenir à sa place. Enjambant l’un des deux ivrognes assommés, je me dirigeais vers celui que Noma tenait.

« Pard...pardon… On voulait pas d’mal… Juste boire un coup . »

Je relevais le nez dans un geste de dédain. Finalement je croisais les bras et je soupirai. J’étais réputée pour être toujours trop gentille. Là, il ne fallait pas que je me laissais marcher sur les pieds. Ils avaient quasiment détruit mon bar ! Les joues un peu pourpre de rage, j’avais dit :

« On ne détruit pas pour autant les choses ! Ce bar est vieux de plusieurs centaines d’années ! Il mérite du respect ! C’est pas parce qu’on peut le réparer par magie, qu’il faut en abuser. Tu m’entends !? »

Je l’avais attrapé un peu par le col. Il était bien plus jeune que moi. Je mis immédiatement cela sur le compte de la jeunesse. Dans un soupire, je le lâchais et je lui repassais sa veste que j’avais un peu déformer. Ils étaient totalement ivre tous les deux. Je le savais parce que le deuxième était tout simplement tombé dans le bar sans que je lui jette le moindre maléfice pour le faire s’évanouir. Il était tombé comme victime d’un Stupefix, sauf que je n’avais pas jeté le moindre sort…

« Pourquoi vous vous mettez dans des états pareils hein ? A votre âge ! C’est pas sérieux ! L’alcool ne résous pas les problèmes ! »

Le jeune homme eut un haut le coeur et… il se mit à vomit entre Noma et moi. D’un soupire et d’un air exaspérée, j’indiquais à Noma de le couché sur le côté. Il n’était même plus en état de parler. D’un coup de baguette, je fis apparaître deux couvertures et deux bassines.

« Je vais devoir les surveiller toute la nuit ! Franchement… A leur âge, se mettre dans un état pareil. Une chance que je ne prévienne pas Poudlard. »

Car oui, ils avaient des uniformes de l’école. Au départ, je pensais que c’était une véritable attaque… Puis Noma les avait mis hors d’état de nuire très rapidement. Bien que je le savais doué, si cela avait été deux Mages Noirs accomplis, la donne n’aurait pas été la même… Je regardais Noma et celui dont il avait déboité l’épaule.

« Tu devrais lui remettre tant qu’il est inconscient. Je veux pas avoir à gérer un gros bébé qui a mal demain matin ! »

Je l’implorais presque. Finalement… Je baissais les yeux, puis je les relevais en éclatant de rire. Quand on y réfléchissait… La situation avait de quoi être super drôle. Les mains sur les hanches, je vis celui qui n’avait pas le bras cassé vomir bruyamment dans la bassine.

« 10 points pour Gryffondor… Ahaha… Dit donc, t’es rudement efficace. Pour quelqu’un qui se plaignait ya deux jours de faire que de la paperasse.. ! »

Je haussais les sourcils dans une moue admirative et je tapais dans mes mains pour applaudir son efficacité. Avec un ricanement je finissais pas dire :

« Faudrait que je te prenne en garde du corps pour les Happy Hour du Vendredi après les cours ahah. »

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Les grains plombés de l'effraction retombés, les excès d'une adrénaline vivifiante évaporés, l'effet de tunnel occultant sa vision se leva tel un rideau, faisant place nette et apportant une clarté nouvelle sur une scène de profond chaos. D'un sifflement strident, le regard du brigadier jongla entre les protagonistes et l’établissement sans dessus-dessous. Ses iris s'attardèrent finalement sur les visages enfantins de leurs agresseurs en herbe. À la fois surpris et décontenancé devant les traits juvéniles de l'étudiant qui lui faisait face et de l’éponge cuvant sur le plancher, un soupir empreint d'agacement caressa ses lèvres fendues d'une grimace tout en chassant de son champ de vision une mèche rebelle et joueuse. Hochant frénétiquement la tête, Karma se pinça la lippe, cette fin de soirée venait d'enterrer définitivement la maigre flamme d’une foi qu’il entretenait précieusement en la génération future. Dans l'écho d'une démarche pressée, le tireur d'élite relâcha sa prise à l'approche d'une propriétaire bien décidée à imprimer dans l'esprit de ce scrout une petite leçon de vie, qu'il n'était pas prêt d'oublier. « Du coup, tu t’es dit qu’il valait mieux demander pardon que permission, c’est ça ? » Rhétorique d'une expiration dépitée, secouant ses vêtements maculés de poussière de bois, le kanaka se désolidarisa de l’imbécile, sous peine de gaufrer son minois de poupon des lignes de sa paume. S'accoudant au comptoir de tout son soul, une amorce de sourire dessina les courbes égayées de ses fossettes. À en juger le teint de géranium de la belle blonde, la cloche du second round venait de tinter. Tendant le bras vers son amas de douceurs sauvé in extremis de l’attaque et sa veste, d'où il tira son arme magique, il porta une petite pastille mentholée en bouche que ses dents se firent un plaisir assassin d’intercepter dans un claquement d'ivoire.

Le bas du dos épousant l'arête de la crédence, ses bras croisés contre son torse, les mirettes ancrées sur les deux sorciers, Noma patienta sagement que trois coups viennent entériner ce court entracte. En vain. Incapable de dissimuler sa déception, un sourcil arqué et son jumeau froncé, les paupières battant à tout rompre, stupéfait par un élan de gentillesse au goût amer, un gémissement consterné chauffa les cordes vocales de l’insulaire pour crever dans l’atmosphère paisible de la salle. Son index, pris d’une lubie spéculative, gratta sa tempe, tandis que Standford s’affairait à défaire les plis laissés par son emprise. L’apostrophe de la tenancière à l’égard de ces petits protégés du soir, arracha au Kahuna une moue des plus disgracieuse, prenant bien trop à cœur un assaut verbal qui ne lui était sans doute pas destiné, mais duquel il parvenait à se reconnaître, lui qui avait passé tant de nuits à écumer bars et troquets, dans l’espoir fébrile d’occulter certaines complications. Et pour seule réponse, donnant toute raison à l’ancienne joueuse de Quidditch professionnelle, le corps du bougre au sol s’agita d’une valse convulsive, en un accord quasi-parfait, d'un concert de rototos harmonieux, vidant par là même son havre sac intestinal et manquant de peu un dunk sur les chaussures du fonctionnaire. « Que Merlin nous vienne en aide. Les gars... Quand on ne sait pas boire, on s'en tient à la pisse de Gobelin ! » Comme un besoin de se justifier auprès d'Hope, Noma ne manqua pas l'occasion de sermonner ce couple d'élèves carbonisé par un abus alcoolisé. Haussant innocemment les épaules, ses prunelles croisèrent celles de la barmaid et sans demander son reste, il s'exécuta non sans broncher, plaçant l'éclopé dans une position plus convenable pour son état d'ébriété avancé.

Un genou à terre, son buste survolant la carcasse de sa victime, sa menotte priva le gnome assoupi de son bien le plus précieux. Cette même main fendit l'air et d'un signe expéditif, il invita l'autre Troll à se séparer de son caducée. Il n'eut nul besoin de lui adresser la parole pour que l'idiot ne se plie à l'injonction, l'idée de se frotter à des adultes en pleine possession de leurs moyens, et ce, même en étant perché à des miles de la réalité, l'avait certainement poussé à se rompre à la demande du voltigeur. Les deux baguettes désormais calées dans la poche arrière de son jean, tout danger d'une récidive écartée, Karma pu enfin souffler, relevant la tête pour se focaliser entièrement sur l'aubergiste. « Celui-là peut attendre, il est pas à une minute prêt... Et avant de t'occuper d'eux, on devrait s'assurer que tu n'aies rien ? T'as quand même été sacrément soufflée par leur débilité ! » Inquiet, il semblait le seul à l'être, la blonde, elle, se laissa aller en un éclat de rire déstabilisant, couvrant les relents nauséeux de l'autre goule. Peut-être s'était-elle cognée la cafetière lors de sa chute ? Les yeux écarquillés, il l'observa un bref instant, avant de comprendre la raison d'une telle euphorie. D'un soupir nasal, la grippe de l'Hawai'i se perdit sur sa nuque, massant la base de son cou sous les applaudissements embarrassants d'une spectatrice très bon public. « Comme tu dis, une semaine planqué derrière un bureau, j'avais besoin de me défouler, rien de bien transcendant... Mais ta proposition n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd... On reparlera des détails plus tard. » Amusé, un sourire en coin et les pommettes poudrées d'une carnation embrasée, ses mains retombèrent sur le benêt. D'un hochement de tête, il détourna ses mirettes, s'arrachant ainsi au regard de Standford, alors que ses mimines agrippaient l'épaule du blessé. « Si vous avez le cœur fragile, bouchez-vous les oreilles et admirez la vue, ça risque d'être désagréable autant pour lui que pour vous. » D'un clin d'œil complice, il encourageait vivement son amie à contempler le panorama qu'offrait la rue principale sous la poudreuse. Avec délicatesse, sa paume forte maintenant l'omoplate en place, l'autre accompagnant un mouvement franc et assuré, dans un craquement insoutenable, l'endormi s'époumona avant de succomber aux sirènes d'un profond sommeil, son membre de nouveau dans son axe normal.

Je regardais Noma avec émoi. Il avait ce don pour me captiver par son charisme que peu de personne n’arrivait à procurer chez moi. Quand je vis prendre le malheureux, pour lui remettre l’épaule en place, je faillis hurler car j’avais eu peur un instant qu’il l’achève en lui dévissant la tête. Soulagée de le voir remettre son épaule en place, le souvenir de la sœur de Glenn me faisant ça à mon propre genou me fit avoir un haut le coeur.

« Ouahw. Heureusement qu’il est dans un état second. Ca m’est arrivé, contre l’Australie en 2017. Et crois moi c’était pas joli à voir... »

Le match en soit avait déjà été totalement n’importe quoi. La haine des deux équipes anglophones avaient bouilli durant tout le match, faisant de ce dernier un des plus violents de l’histoire du Quidditch, où je m’en étais sorti miraculeusement avec une simple épaule démise. Les mains sur les hanches, j’observais les deux étudiants dormirent de tous leur saoul désormais au milieu de mon bar. Je soupirai.

« Je sais pas ce qui leur prend de ce mettre dans des états pareil. Les examens semestriels doivent certainement approché ! C’est fou comme l’Université les stresse… Tu étais stressé comme ça toi aussi ? »

J’étais repassé derrière le bar pour nous resservir un verre d’un air calme et posé. Personnellement, étant sportive de haut niveau, mes études avaient été presque offertes à Ilvermorny. Et encore heureux, car je n’aurai jamais pu accepter de subir la pression des examens comme ils pouvaient le faire. Le peu que j’avais eu à passer m’avait rendu malade et je préférais mettre ça dans un coin de mon esprit.

« C’est vrai quoi. Quand t’y réfléchis. Evaluer quelqu’un à un instant T, sur une notion, est ce que ça prouve vraiment sa compétence à exercer son futur métier ? Tu te rappelles de tout ce que tu as vu à Poudlard toi ? Moi, Ilvermorny me laisse surtout des souvenirs sulfureux de mes premiers amours. Mais je me rappelle de presque rien. »

Je fis un grimace en buvant finalement mon verre. Allez. Il n’y avait pas de quoi en faire un fromage non ? Je pouvais m’en jeter un autre. Tant que je ne buvais pas seul, ce n’était pas grave. Et puis, les évènements m’avaient un peu remué.

« Tu devais être le genre d’étudiant calme et sérieux toi. »

Je lui fis un léger clin d’oeil par dessus mon verre. Je l’imaginais bien, sérieux, calme, exemplaire avec un humour acide et direct, frappant toujours là où cela faisait mal. Certainement Préfet ou un truc du genre. Major de promo, exemple à suivre à Ilvermorny ! D’ailleurs… Un détail me fit revenir sur terre.

« Attend… Mais je me rappelle de toi !! T’étais à Ilvermorny ! Quand j’y étais aussi ! »

Je mis brusquement mes mains à la bouche. Quelle maladresse. Il venait depuis des semaines boire des verres dans ce bar peut être en pensant que je me souvenais de lui comme un ancien camarade alors que… je venais juste de m’en souvenir ! Qu’est ce que je pouvais être gourde ! Les yeux dans les siens, avec une lueur de détresse dans le regard, je finissais mon verre d’une traite en m’en resservant un derrière.

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ft. @Hope Standford

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Le couple d'éruptifs assommé par leur excès de la soirée et un coup de main habile, une sérénité relative regagna les Trois balais. D'un soupir nasal, Noma les toisa tour à tour, assez succinctement, de l'un de ses coups de fusil empreint d'un jugement profond douché d'un soupçon d'inquiétude. L'heure avancée et les conditions hivernales rageantes, il vint à se demander si leur vagabondage nocturne éveillerait les préoccupations de proches. Hochant la tête et bridant ses appréhensions, ses iris joueurs s'ancrèrent à la silhouette de l'ancienne batteuse, tandis qu'un rire franc et sincère lui échappa alors qu'il s'affairait d'un coup de baguette à mettre le bras de cet extrait de bézoard en écharpe. « Tu parles d'une chance, je suis loin d'avoir les talents d'un médicomage de compétition… » Une teinte de regret chatouilla ses cordes vocales, état second ou non, le malappris risquait de déguster une fois les vapeurs de l'éthanol éliminées de son système. Se relevant avec souplesse, il ne put freiner un élan soucieux, empathie fébrile et fluette à l'égard de celui sur lequel il avait posé lestement la main. Les bras de nouveau en chien de garde contre son torse, il détacha son attention des deux ivrognes d'une inspiration sifflante.

Raccompagnant la barmaid derrière son îlot, les baguettes d'une jeunesse enivrée s'échouèrent sur la crédence d'un son caractéristique alors que son arrière-train accostait l'assise d'un tabouret quitté avec précipitation. Les lèvres pincées d'un rictus timide à la demande singulière de la blonde, il feinta une réflexion éperonnée de souvenirs vagues et indistincts. De sa scolarité à Ilvermorny, il n'en conservait que de maigres vestiges, lui qui n'avait jamais réellement brillé par une exemplarité éducative, toujours fourré dans les mauvais coups, secondé d'un fidèle compagnon ne reculant devant aucune bravade du règlement. De mémoire d'homme, l'Américain ne s'était jamais embaumé d'une pression substantielle, se reposant allégrement sur des acquis et des notions enracinées en première lecture. Le menton cueillit d'une paume courtoise, les yeux brillants d'un divertissement récréatif, le brigadier demeurait immobile, les fossettes se profilant dans le ressac d'un sourire noyé sous couvert de ses phalanges. « Je pense surtout que tu idéalises l'élève que j'ai pu être... » Un clin d'œil furtif lui échappa, naturel taquin et folâtre revenant au grand galop après la péripétie d'une entrée sauvage.

Le liquide ambré lissant palais et joue de ses bienfaits, le pur feu dévia de sa trajectoire, manquant de faire fausse route devant l'éclair de lucidité de la jeune femme. Frappant son sternum de son poing clos, entre un toussotement désagréable et un éclat de rire incontrôlable, le Kanaka reposa son verre sur le comptoir. « Hum... Prévisible ! » D'une plaisanterie mouillée, Karma simula une déception boiteuse masquant habilement un ego froissé par l'écho d'une surprise plus blessant qu'un cognard en pleine poitrine. De l'eau avait coulé sous les ponts, il avait été bien sot de croire que les rencontres collégiales marqueraient l'esprit de l'aubergiste. Ainsi, la gloire d'une ère estudiantine résonnait différemment dans la mémoire d'un amateur tel que lui, qu'elle n'avait qu'une importance minime pour une athlète de carrière de la trempe de Hope. « Pourtant, je ne pensais pas que mon jeu universitaire était si médiocre que ça pour qu'il en vienne à tomber dans l'oubli... » S'il ne lui en tenait guère rigueur, sa fierté d'ancien capitaine et attrapeur des Womatu venait d'accuser un revers plus humiliant qu'un tranchefoule¹. D'une levée de coude outrancière, le buvant de son tumbler collé à sa lippe, il vida d'une traite le doigt de Whisky léchant le cristal, le revers de sa main chassant l'écume volatile.

Je ratais une marche mentale et physique quand je compris que j’avais froissé l’égo de Noma. Evidemment… C’était là bas que je l’avais vu et rencontré pour la première fois. Sur un terrain de Quidditch. Soupirant de ma propre stupidité, je me redressais et nous resservîmes un verre pour laver cet odieux affront. Alors que je faisais couler le nectar des dieux dans nos verres respectifs, j’étais en train de me demander comment j’allais raccrocher les wagons et tenter de réparer ma gaffe.

« Je suis désolé Noma ! Tu sais… Ilvermorny c’était pas que des bons souvenirs. L’équipe de Quidditch Universitaire ce n’était rien d’autres que des entraînements pour moi… C’est le regret de ma vie ça. »

J’avais signé très tôt avec un club professionnel. Et comme je me refusais de ne pas avoir de diplôme, car on ne pouvait pas savoir de quoi était fait l’avenir, je m’étais retrouvé dans cette situation paradoxal qui avait fait en grande partie que je m’étais cassée des USA pour vivre une nouvelle vie ici. J’étais partout et nul part à la fois à cette époque. En cours, aux entrainements de l’équipe pro, et aux entrainements de l’équipe universitaire. Je n’avais eu que très peu de temps pour moi, ou pour mes amis et ma vie était millimétrés. Et je me rendais compte à côté de quoi j’étais passé…

« Non tu sais quoi. Je vais pas m’excuser. Après tout c’est entièrement ma faute. J’ai voulu de cette vie ! Je voulais être la meilleure ! J’en ai payé les conséquences. Regarde moi aujourd’hui et regarde toi aujourd’hui. J’ai tout sacrifié pour une carrière jusqu’à m’en brûler les ailes. Et toi… je suis sûr que t’es quelqu’un avec pleins d’amis, super heureux, sociable et qui fait que vivre des instants et des brins de vie passionnants ! »

J’étais un peu en train de m’agacer après moi même. A force d’avoir couru après un rêve, je l’avais transformé en cauchemar. J’enviais, et surtout je savais que j’idéalisais la vie « normale » comme les autres l’appeler. Mais elle était… Si excitante !!! Mes yeux brillaient presque de bonheur de voir deux étudiants totalement ivre sur mon sol qui avaient failli se faire éclater par Noma. C’était ça la vie ! Des tranches d’instants volés, que l’on devait vivre à pleine dents et subir.
Pas une routine établis, sans surprise. Sans personne. Avec juste présence que son propre esprit qui réfléchit à comment il va pouvoir s’améliorer ou expulser un cognard. Non.

« Alors que pour moi, c’était simplement entraînement, léchage de botte et exploitation... »

Je m’assombris brusquement auprès de mon verre. J’en parlais pas tellement, de ce passage de ma vie. Mais je lui devais bien ça non ? Je l’avais offensé, en échange je lui donnais une part importante de mon existence. Je savais que c’était comme ça que commençai les amitiés. J’apprenais vite.

« Quand j’ai commencé à percé, j’ai cru que j’intéressais vraiment les gens pour ce que j’étais. Au final, ils ne voulaient que ma gloire et ce que je représentais. »

Un vent avait passé et le ton de la conversation avait brusquement changé. J’avais vidé mon verre et nous avez resservi tout aussi rapidement. C’était moi qui offrait. J’étais en train de changer de cap. De muer.

« Plus jamais ça ! Et ça commence avec une amitié manquée à Ilvermorny mais rattrapée ici même en Ecosse ! Avec le meilleur Whisky écossais, et… le meilleur Attrapeur à des kilomètres à la ronde ! Je suis sûr que tu écrases les étudiants d’ici ! »

Et je lui mis une grande claque dans le dos, attestant définitivement que j’avais franchi un cap d’ivresse inévitable.

PRIVATE BAR

xx.xx.22, Three Broomsticks.
ft. @Hope Standford

L’élan mélancolique de la blonde lui arracha un sourire fade, une moue désolée, creusée d'une déglutition acerbe. S’il avait su que l’écho d’un ego froissé mènerait l’ancienne batteuse à une telle confession, peut-être aurait-il essayé de freiner les effusions d’une fierté meurtrie. Tout naturellement, les iris du kahuna se posèrent sur le visage de la barmaid. Baladeuses, ses mirettes cherchaient à soutenir ce regard évasif bercé d’une diction agacée, d’un discours à cœur ouvert devant lequel Noma se sentit pris en otage, désemparé et désarmé. Un rictus flottant et incertain enjôla ses lèvres, tandis que dans le concert du cristal, les deux sorciers se rompaient à une descente fulgurante, lavant les péchés et déceptions du passé des parfums enivrants d’un spiritueux. Était-ce de la pitié ? Non, il se refusait de décrire ce qu’il ressentait dans l’instant de la sorte, cette sensibilité étrangère n’avait guère sa place dans le champ émotionnel du brigadier. De l’empathie, une prise de conscience profonde, tout au plus, un regret certain et évident pour sûr. Verre après verre, les langues se délièrent, les remords s’arrachant la part belle d’un crève-cœur qu’il n'aurait pas su supporter plus longtemps. Cette désillusion, il en connaissait les moindres pièges pour s'y être glissé brièvement. Telle un filet du diable, cette tourmente tentaculaire se nourrissait des réminiscences égayées, ne laissant briller que les rations mémorielles nocives.

Sa main fendit l’air, avant de se prendre d'une hésitation timide et de battre en retraite au flirt de sa voisine, geste à l’interprétation hasardeuse dans un moment de partage singulier, il se ravisa, préférant le contact oculaire, distant, mais tout aussi sincère. « Tu ne devrais pas voir ton chaudron à moitié vide. Je te concède volontiers que le monde semble idéaliser le microcosme Quidditch et que tout ce qui se déroule en coulisses est un mystère pour le grand public, mais… » Sa voix craqua, les mots s'évanouirent à mesure que les vapeurs éthyliques se taillaient une place de choix dans l'esprit du tireur d'élite, effaçant ses paroles d'un tourbillon abscons. D'un raclement de gorge pudique, relevant le menton, ses amandes ployèrent sous un assaut déridé, emprunt d'un espoir à la douceur authentique. « Ce n’est peut-être qu’un lot de consolation, mais pense à l'invisible, l'impalpable, à tout ce que tu as pu apporter aux gens ordinaires à travers ton jeu, les cœurs que tu as fait vibrer lors de rencontres à enjeux. Crois-moi, chaque carrière vient avec sa collection de revers, de bas devant lesquels il parait impossible de se relever, mais au final, on fait toujours plus de bien que l'on ne peut s'imaginer… » Ses pommettes se fardèrent d'une carnation enflammée, chaleur soudaine, brasier incandescent contrastant avec ce teint de porcelaine si lisse. D'une paume à la lubie capricieuse, la gêne se frayait un chemin en un mouvement embarrassé, alors qu'elle épousait la base d'un cou battu par le courant d'air d'une menotte aplani battant son dos d'un coup unique.

Un éclat de rire spontané illumina l'ambiance morose de l'auberge. Vidant son Graal d'une traite, flirtant avec ses limites, l'Américain s'égosilla instinctivement face au changement radical dans le comportement de la jeune femme. D'une mine surjouée, il feignait une douleur, massant le point d'impact de cette accolade à l'empyreume de cognard mollasson. « Mollo sur les hyperboles, je vais avoir la baguette qui risque d'enfler à ce rythme… » L'index levé devant son minois, l'Hawai'i contempla laconiquement la maîtresse des lieux, une ébauche fantaisiste traversant une conscience ennuagée. Les lèvres entrouvertes, un sifflement raté caressa sa lippe d'une chatouille. « All Star contre Poudlard ! » D'un murmure indomptable, plus qu'une suggestion, une idée fumeuse avait éclos dans la brume tassée des pousse-au-crime ingurgités.