a thief's end (neith)

♬♪

Nero avait l’impression d’avoir vieilli de 10 ans en l’espace d’un mois, mais c’était souvent la sensation qu’il ressentait lorsqu’il était en service pour Atoum.

“Je dois partir pour un certain temps.” C’est ce qu’il avait dit à  @Iris Faux-Orpin avant de disparaître, sachant très bien où il était envoyé. Il ne se serait pas douté, cependant, d’être parti aussi longtemps. Mais après tout, ce n’était pas surprenant, vu l’endroit qu’Atoum avait dans la ligne de mire.  
Alexandrie.

La Grande Bibliothèque d’Alexandrie, pour être plus exact. Peu connaissait encore son existence, présumément détruite par les sorciers d’antan pour préserver le secret magique. En réalité, elle était encore bien debout, camouflée et inaccessible à moins d’en connaître l’entrée.

La mission en elle-même avait été composée de nombreuses étapes: avant toute chose, Atoum devait acquérir une manière d’accéder au bâtiment, habilement cachée, et encore mieux gardée par les Scorpions de Seth. Les Scorpions étaient le réel danger dans la situation, un groupe criminel concurrent d’Atoum, extrêmement territoriaux, ils avaient depuis longtemps eu des vues sur les trésors de la bibliothèque, et refusaient catégoriquement céder du terrain à Atoum, attaquant à vue.

Nero lui-même n’y avait jamais été, Atoum avait tenté une fois, lorsqu’il n’était encore qu’une Phalange nouvellement recrutée, et la mission s’était résultée en une catastrophe, ayant perdu une grande partie de leur équipe. Aujourd’hui, plus aguerri, il redoutait d’y être jeté.

L’implication de Nero avait commencé avec la traque d’une clef d’entrée, un objectif qui l’avait envoyé courir entre Bahreïn, l’Iran, la Croatie et la Jordanie, prenant presque un mois entier de sa vie. Après un travail acharné, cependant, Nero avait réussi à obtenir les informations des bonnes personnes, à l’aide de stratagèmes plus ou moins variés. Il espérait seulement que ses résultats concluant lui accorderait une porte de sortie, une gentillesse de leur leader, un ticket pour rentrer chez lui comme toute récompense. Mais évidemment, Zeeva n’était pas connue pour sa gentillesse envers Nero, du moins plus depuis son retour, tenant le sorcier par la gorge comme un chien au bout d’une laisse. Elle avait insisté pour que celui-ci voit la mission jusqu’à la fin.

Évidemment.

Il avait donc campé près des ruines, retirant des Scorpions un à un pour se frayer un chemin, attendant le jour où la Bibliothèque s’ouvrirait, attendant ses nouveaux ordres, solidement accroché à la broche d’or en forme d’ibis qui lui ouvrirait le passage le moment venu. Peu de temps avant la pleine lune, Nero reçut ses nouveaux ordres, et avec eux, son nouveau partenaire. À son grand malheur, c’était sa nouvelle partenaire.
Neith.

Il dut retenir un juron en la voyant arriver.
Il ne connaissait pas beaucoup Neith, mais assez pour savoir s’en méfier. La jeune femme présentait une loyauté à Atoum dérangeante, assez qu’elle lui rappelait parfois Zeeva dans ses commentaires et ses regards. Par dessus tout, Nero la méprisait pour la menace qu’elle représentait. La savoir vivre si près de sa vie personnelle l’angoissait, même si jusqu’à maintenant, ils semblaient avoir gardé leurs chemins séparés. Nero aimait mettre les plus grandes distances possibles entre Atoum et sa famille, sa vie privée. Neith détruisait cette distance, cette sécurité. Il méprisait la facilité qu'elle aurait à détruire sa vie, donc par extension, il la détestait elle.

Ils eurent à patienter encore un peu, changeant de planques occasionnellement pour éviter de se faire repérer. En attendant, ils formèrent leur plan, qui, fondamentalement, se résumait à ne pas mourir.

Lorsque le soleil se coucha enfin, l’atmosphère se tendit encore plus qu’elle ne l’était déjà. Nero était fatigué, et une partie de lui avait l’impression qu’il ne retournerait jamais chez lui. Enfin, lorsque la lune monta dans le ciel, il s’activa.
“This is our way in.” dit-il en lui lançant la broche en forme d’oiseau. “From what we gathered, it’s the key to access the Library.” Il rangea sa bouteille d’eau dans son sac. “Once his eye watches over you, Thoth will open his doors.” répéta-t-il comme l’homme qui lui avait fourni la clé. Il pointa la lune, pleine, pratiquement au-dessus de leurs têtes. Il glissa son sac sur ses épaules et serra les sangles. “It’s almost time.”

“Small team for a stealth approach.” répéta-t-il, comme pour s’assurer qu’elle n’essayerait pas de tout foutre en l’air. “We go in, we get the tablet, we get out. Our informants said it should be in the crypts.” De leur cachette, il observa l’entrée des ruines, attendant que la voie soit libre. “Let’s go.”

Il transplanna jusqu’à ce qui était supposément l’entrée, et attendit que Neith le rejoigne, l’oiseau toujours en main. Il ne savait pas trop comment cela se déroulerait, mais il espérait que ça se produise bientôt, il avait le sentiment d’être exposé - encore pire, observé. Après quelques secondes, dans la paume de Neith, l’ibis étincela un instant sous le clair de lune, et devant eux, un portail flou s’ouvrit. Nero fit un pas dedans, et eut à se couvrir les yeux sous la force de la lumière: au-dessus de leur tête, un ciel clair et un soleil plombant réchauffait l’endroit.

Une fois son regard ajusté, il releva la tête, le souffle coupé devant l’immense structure qui s’imposait devant eux. De grandes colonnes blanches s’élevaient, ornées de bannières, d’or et protégées de palmiers en santé.
“It’s like… time stopped.” Nero commenta tout bas, presque choqué. Il avait l'impression d'avoir mis le pied dans une partie du monde qui avait été intouchée depuis des milliers d'années. Il s’approcha des marches qui menaient à l’entrée, ses pas silencieux dans le sable.

La première étape était franchie, mais tous les informants avaient été très clairs: la Bibliothèque elle-même était une défense, criblée de pièges et de sortilèges. Nero n’était pas prêt aux réjouissances.

Derrière eux, le portail émit une sorte de vibration, et Nero se souvint qu’ils n’étaient probablement pas les seuls à avoir attendu l’ouverture des portes.
“Let’s get inside.” ordonna-t-il avec un certain empressement, laissant Neith prendre le devant pour garder un œil sur leurs arrières.

résumé:

♬♪

Cela fait quelques temps qu’elle n’a pas entendu parler d’eux. Cela n’a rien d’inquiétant. Son implantation dans la bonne société anglaise prend du temps, et elle ne peut pas faire de vagues. Il est plus sage que la Main ne la contacte pas pour le moment. Mais quand une marque apparaît sur la mousse de son capuccino, il ne lui faut pas longtemps pour trouver le Portoloin qu’ils ont placé dans sa maison en Bretagne. Et c’est Zeeva en personne qui l’a retrouvée, pour lui délivrer le contenu de la mission qu’ils ont pour elle. Et si le terrain n’est pas le domaine dans lequel elle excelle tout particulièrement, il est de opportunités qui ne se manquent pas. Et on ne lui demande, dans tous les cas, pas son avis. Atoum a ses propres voies, et elles sont souvent mystérieuses. L’énoncé à de quoi séduire n’importe quel mortel. La Bibliothèque d’Alexandrie, port de savoir et de culture, est le Saint Graal pour qui est un minimum curieux. Et il est de nombreuses reliques et écrits, notamment sur le Parfum Originel qui se trouvent entre ses murs. On est pourtant clair avec elle : c’est la Tablette qui les intéresse, et rien d’autre. Et si elle ne désobéira pas à un ordre direct, s’il se trouve qu’elle a l’opportunité de faire d’une pierre deux coups, elle ne va pas se gêner. C’est dangereux. Elle le sait. Et elle est prête à courir le risque, pour ceux qui ont sa loyauté. Mais il y a une donnée qu’on ne lui a pas offert. Et qu’elle découvre, quand elle apparaît prêt de l’endroit en question.

Nero MacGregor.

Et savoir qu’une partie de sa sécurité est entre les mains d’un MacGregor est tout bonnement insupportable. On a dépassé le stade de l’inquiétant. Et son regard ne dissimule absolument pas ce qu’elle en pense, le saluant à peine. Le silence lui va, le temps qu’ils n’ont pas besoin de communiquer davantage. Sa nuque est raide, alors que des souvenirs douloureux tentent de remonter. Bouger lui évite trop de stress. Mais quand ils doivent se mettre en marche, elle a les nerfs à fleur de peau. C’est une Hayder. Elle n’est pas Raina. Ils n’auront pas la peau de la dernière d’entre eux. La broche en forme d’ibis est attrapée au vol, et elle hoche simplement la tête. Le mutisme n’est pas son mode le plus courant, mais c’est ce qui l’empêche de mordre, telle le cobra, celui qui menace sa sécurité. Elle prend deux secondes, quand il transplane, pour respirer. Cela ira. Cela ira. Il le faut. Et elle le rejoint. Pour ouvrir le Saint des Saints. Le portail est rapidement franchi et … Ses paupières battent alors qu’elle se fait à la luminosité ambiante. Et l’endroit est à couper le souffle. Digne des légendes que ses parents lui racontaient, avant qu’elle ne s’endorme. Deux vies auparavant. La voix de Nero l’irrite, la ramenant à la réalité. Gâchant le moment.

”Then move.” La tenue ajustée de Neith lui garantit une fluidité de mouvement inégalée, qu’elle embrasse immédiatement. Il faut dire que l’action est préférable, qu’elle ne se mette surtout pas à réfléchir. Sa baguette est rangée, elle n’en aura pas besoin. La magie est au bout de ses doigts et vient épingler l’ibis sur sa poitrine. Mieux vaut garder le laisser-passer bien en vue, pour le cas où l’endroit déciderait de rejeter ses occupants. Il n’est cependant pas certain que cela constitue une quelconque protection. Ses foulées sont souples, défaite de ses éternels talons. Et bientôt, il n’y a pas de celles de Nero qui résonnent sur les pierres millénaires. Les doigts de la jeune femme fusent et elle l’attrape par la veste, l’attirant dans l’ombre d’une des colonnes avec elle. L’autre se plaque sur sa bouche. L’espionne a pris le relais de façon instinctive. Et elle préfère voir, pour comprendre à qui ils ont affaire. Et ils sont quatre. La chaleur du soleil ne semble pas les gêner, sous leurs attirails entièrement noirs. Ils sont armés, de lames qu’elle n’a vu que sur des bas-reliefs. Ses sourcils se froncent. Ils sont plus lourds qu’eux. Ils auront la rapidité, si l’affrontement devient inévitable. Mais pour l’instant, il semblerait que les ombres se dirigent vers les étages supérieurs, s’il faut en croire le martèlement de leurs bottes. Et ce n’est que lorsqu’elles ont disparu que Neith fait signe à son partenaire. Quatre, du bout de ses doigts. En haut, de l’index tendu. Avant de se glisser autour de la colonne, pour chercher le chemin du regard. Il lui semble plus prudent de repérer la crypte avant de faire le moindre mouvement. L’endroit semble truffé de pièges – c’est en tous cas ce qu’elle aurait fait, si elle avait été la gardienne d’un tel lieu. Il semble cependant impossible d’apercevoir quoi que ce soit. Un dédale de colonnes et de rangées d’étagères semble les contempler. Etouffant un soupir, la jeune femme se retourne vers Nero : ”Let’s split.” Ils couvriront sans doute plus de terrain, de cette manière. ”My Patronus is a cobra. I’ll use it to tell you when I have found something.” En plus de la raison pratique, il y a aussi ce besoin urgent de ne pas dépendre de lui. Qui lui fait oublier la plus élémentaire des prudences alors qu’elle sort de l’ombre de sa colonne. Et que son pied fait s’enfoncer la dalle sur laquelle elle marche. Oh.

résumé: