Baby is coming ft Dâriush & Nathaniel

Samuel, tenu par la main par Lucky, débarqua aux urgences de l'hôpital dans un claquement sonore. Dès que ce fut fait, il se précipita vers l'accueil afin de se renseigner sur l'endroit où se trouvait sa femme. Heurtant brutalement le comptoir en laissant retombé son attaché-case dessus, il coupa la discussion que l'hôtesse entretenait avec l'une des infirmières.

Ma femme, Cléophée More, elle est en train d'accoucher ! Ou-est-ce que vous l'avez emmenée ?

Les deux femmes le toisèrent quelques instants en fronçant les sourcils. Ce n'était pas seulement parce qu'il ne s'était pas montré très polie, c'était aussi à cause de son accoutrement. Il portait un bonnet, des gants, une écharpe et un pardessus couvert de neige qui commençait déjà à fondre et à gouter sur le sol.

Dépêchez-vous, s'il vous plaît !

Il avait les nerfs en pelote et n'avait aucune envie d'attendre ou d'expliquer qu'il venait de rentrer de Norvège après un voyage mouvementé. L'hôtesse, à ses mots, eut un léger sursaut avant de finir par obtempérer et lui donner les renseignements qu'il désirait. Lucky, qui se trouvait à ses côtés, écouta la conversation avant de tourner la tête et de s'écrier : « Par là ! » Soudainement, l'elfe attrapa sa main et le tira dans la direction indiquée avant qu'il n'ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit. L'elfe, avec une force étonnante pour sa petite stature, l'obligea à faire un bond pour atterrir derrière lui et le suivre. Il manqua d'ailleurs de se vautrer par terre tant l'initiative de la petite créature le pris par surprise. Cependant, il était dans un tel état de stress qu'il ne broncha pas. Il se contenta de suivre ce petit être qui semblait savoir, mieux que lui, le chemin à emprunter pour retrouver sa chère et tendre.

Lucky, avec ces petites jambes, trottinait avec une rapidité déconcertante. Il jetait des regards nerveux à droite et à gauche pour s'orienter alors que Samuel avait déjà de la peine à le suivre. À force de marcher, ils finirent par arriver à une intersection. L'elfe bifurqua si vite que Samuel, patinant sur le sol de l'hôpital à cause de ses chaussures mouillés, manqua à nouveau de tomber.

Doucement Lucky, doucement !

Mais l'elfe ne l'écoutait pas. Il semblait comme... investi d'une mission. Celle de retrouver sa maîtresse et de lui ramener son idiot de mari. Ils continuèrent donc ainsi jusqu'à ce que l'elfe s'écria à nouveau. « Là ! » Alors, Lucky lâcha d'un coup la main de Samuel pour se précipiter dans la chambre portant le numéro deux. Sam, emporté par son élan, termina sa course en glissade jusqu'à s'arrêter devant cette fameuse porte. Il resta devant elle un instant pour reprendre son souffle. « Aller, courage ! Courage pour Cléo ! » se dit-il avant de prendre une profonde inspiration et d'entrer.

Quatre personnes occupaient la pièce. Il y avait bien sûr Cléo, allongé sur le lit, qui était en train de gémir mais pas de plaisir. Nate qui se trouvait à son chevet. Et deux autres qu'il ne connaissait pas mais qui arborait la tenue et l'emblème de Sainte-Mangouste, sans doute le personnel soignant. Il les regarda d'un air inquiet. Cela allait être son premier accouchement et, honnêtement, il ne savait pas comment il allait s'en tirer. Le fait de voir ces gens, leur uniforme, rendait les choses beaucoup trop réel à son goût. Il avait peur de ce qu'il allait arriver. Il avait peur pour Cléo, peur pour son enfant mais aussi, il avait peur de sa réaction s'il leurs arrivait quelques choses. Il avait pourtant appris ce qu'on attendait de lui. Cela faisait plusieurs mois qu'il potassait de temps en temps un manuel sur le rôle du père durant l'accouchement. Il savait qu'il devait avant tout se contrôler. Ne pas exprimer et ne pas montrer sa peur, surtout à Cléo qui devait déjà suffisamment baliser de son côté. Au contraire, son rôle était de la soutenir. De partager ses inquiétudes au lieu de lui en donner de nouvelles. De représenter la force, la confiance et la stabilité. Une ancre à laquelle sa femme pourrait se raccrocher lors de ces moments de doute, de désarroi voir de terreur. Alors, il s'efforça de garder son calme et de prononcer quelques mots.

Guérisseurs... Dit-il en les saluant d'un signe de tête.

Puis, il porta brièvement son attention sur Nathaniel. Il était content de le voir, sincèrement. Il savait que Nate était déjà passé par là et qu'il pourrait s'avérer d'une grande aide. Puis, d'un coup, il se souvint de ce qu'il lui était arrivé, de ce qu'il avait dû endurer. Il fut alors pris, pendant une seconde, d'une terreur indescriptible, sans nom. Mais l'esprit a parfois une drôle de façon de fonctionner. Au lieu de le plonger dans l'abime, son esprit, le shootant d'adrénaline, força la réalité à se rappeler à lui. Il chassa alors presque inconsciemment ces pensées de son esprit. Elles s'envolèrent pour qu'il puisse se focaliser sur autre chose.

Nate. Merci... D'être venu.

Ensuite, il porta toute son attention sur ça bien aimée. Il s'approcha de Cléo et déposa sur ses lèvres un baiser. Il posa sa main sur son front moite de sueur et se mit à caresser sa chevelure. Avec un regard désolé, la mine déconfite, il lui dit :

Désolé d'être en retard, ma chérie.

Il était profondément peiné que Cléo est du enduré tout cela sans lui. Elle qui le rassurait sans arrêt depuis que la date de l'accouchement c'était précisé. Elle qui lui avait assuré que rien ne bougerait le temps qu'il soit revenu de son voyage. Et lui, stupidement, il y avait cru. Comme si ce genre de choses se fixait aussi facilement qu'un rendez-vous professionnel. « Le 23 décembre ? Non, je n'ai rien de prévu. Ah oui ! Du coup, on peut y fixer l'accouchement. Non, avant c'est impossible. Ah bah, il faudra reporter alors ! » Il chassa ce monologue étrange de son esprit pour se refocaliser sur la future maman. Avec douceur, il ajouta :

Cava aller, je suis là. Tu as très mal ?

La question n'en était pas vraiment une. Il savait qu'elle devait probablement souffrir le martyr, même si elle ne le montrait pas forcément ou qu'elle le gérait plutôt bien. De ce côté-là, il avait toujours été impressionné par la capacité des femmes à résister à la douleur. Cependant, aujourd'hui, il était là pour s'assurer qu'elle n'aurait pas à souffrir inutilement. Il prit donc les choses en main et se tourna vers les guérisseurs pour leur dire d'un ton sec, presque avec colère.

Qu'est-ce que vous attendez pour lui donner une potion pour calmer la douleur ? Vous ne voyez pas qu'elle souffre !?

« - OK, on va commencer par ça, après tu veilleras à ses constantes, même si... » fit Dâriush à @Asel Misra sans prêter une attention particulière à la remarque de @Cléophée More sur sa partie de Bavboule.

Dans l'urgence de la situation, Dâriush n'avait pas demandé s'il pouvait poser ses mains sur Cléophée. Il ne le remarqua pas tout de suite. Il avait mis son index et son pouce sur le poignée de la sorcière, cherchant son pouls pour s'assurer que son cœur restait sur un rythme normal. Un mot, un seul, en parsi, s'échappa de ses lèvres et aussitôt une douce chaleur s'éveilla au contact de la peau de ses doigts sur la peau fine du pognée de Cléophée.

« - Non, restez-là, elle a besoin de sa famille. » Répondit Dâriush, sans oser regarder @Nathaniel Seymour.

Avec ce qu'il s'était passé entre les deux sorciers, il y a de ça quelques années, Dâriush se sentait particulièrement mal à l'aise en sa présence pour des raisons évidentes. Il n'avait pas compris ce qui c'était passé pour Victoria. Il avait beau avoir retourner le problème dans tous les sens pour se soulager la conscience, mais rien n'avait fait. Pire encore, @Daisy Hepburn n'avait de cesse de le tourmenter à chaque fois qu'ils avaient le malheur de se croiser.

Pour l'iranien, c'était une situation compliquée. Mais dans l'urgence, et avec l'habitude du stress qui animait son sein en milieu hospitalier, il parvenait plus facilement à gérer tout cela. En d'autres lieux, il aurait probablement tenté la fuite, avec ce sentiment de honte qui lui broierait les entrailles.

Mais là, Dâriush agissait avec professionnalisme. Il préférait mourir que de voir se répéter cette situation qu'il ne souhaitait jamais revivre. Il n'y avait rien de pire que la mort en couche que ce fut de la mère, de l'enfant ou des deux. C'était traumatisant pour n'importe qui.

« - On se calme, Mme More. La situation est sous contrôle. » Répliqua Dâriush, qui lâchait le poignée de la sorcière au profit de son apprenti qui observait le col.

C'était à ce moment-là que @Samuel More apparut. Ce dernier se montra particulièrement pressant. Dâriush posa son regard sur lui d'un air impérieux, lui répliquant quoiqu'un peu sèchement.

« - Il est trop tard pour une potion. Le travail est bien avancé. Prenez ma place et assistez votre femme pendant que j'épaule Miss Misra. »

Ne pas se laisser déborder par la famille des patients. C'était une règle d'or, surtout dans le milieu des urgences. Dâriush en profita pour jeter un regard vers l'extérieur, mais le gynécologue peinait à venir et pas de sage-femme en vue. Dâriush inspira profondément avant de regarder Asel.

« - Tu te sens de le faire ? Si ce n'est pas le cas, je prends le relai. » Demanda le guérisseur à son apprenti, en déglutissant péniblement.

Elle était douée, il le savait. Il savait aussi qu'elle avait déjà aidé les bêtes de son clan à mettre à bas. C'était à quelques détails près la même chose. Le regard qu'il lançait à Asel était étrangement serein, confiant. Il n'y avait aucune inquiétude sur son visage.