Alright (Daisy)

A partir de quel moment pouvait-on envisager ne plus se rendre visite à sa mère aussi régulièrement qu'on n'aurait aimé ? Était-ce a l'adolescence lorsqu'on évitait de la croiser au petit déjeuné avant d'aller en cours? Ou était-ce lorsqu'on passait dans une vie plus active?

Se tenant debout devant elle, Gabriel gardait les mains croisés derrière son dos, une militarisation quasi innée ne le quittant pas depuis qu'il était Auror. Du haut de son uniforme noir, il avait manqué à son devoir de fils unique, ne venant pas lui rendre visite à son propre anniversaire pour la remercier de l'avoir accueilli dans sa vie. Pourtant il n'avait pas oublié, il n'en avait surtout pas le temps. Peut-être qu'il ne s'en donnait pas assez surtout.

Si les fêtes et le meurtre du fils du Ministre avaient incombés au département de la justice magique le suivi et la sécurité du moindre déplacement du cortège diplomatique, Gabriel en avait négligé cette visite si indispensable pour que sa propre fille puisse avoir le meilleur exemple possible.

"Papa, regarde, un chaton trop mignon !"

"Ne va pas trop loin ma puce. Je remet juste d'autres fleurs avant."

Il se baissa pour enlever les fleurs fanées à main nue, le né moldu qu'il était, avec le plus de soin possible. Sa main rugueuse passa sur la pierre pour la libérer des lierres qui avaient eu le temps de pousser en quelques mois, délivrant le nom de sa mère, à qui il fini par sourire.
En accédant au poste de chef des Aurors, il avait exprimé le besoin de faire reposer sa mère dans un village semi magique. Bien que d'origine moldu sans même résider dans le dit village, c'était un accord passé qui lui avait permis de rapprocher sa mère de lui, lui offrant une sécurité et une place éternelle dans ce monde où elle l'avait laissé évoluer.

Alors qu'il déposait un nouveau vase rempli d'orchidées roses, ces préférées, il entendit le miaulement d'un chat un peu plus loin et Gabriel leva les yeux, voyant soudainement sa fille bien plus loin que les limites qu'il lui donnait. Se relevant rapidement, il l'a héla tout en marchant rapidement, sa baguette prête à glisser de son manche alors qu'il passait entre les rangs d'autres stèles funéraires. Il l'a perdit de vue dans un angle et commença à courir, ne s'arrêtent qu'au moment où il entendit son rire, alors qu'elle s'était approchée d'une jeune femme. Elle lui avait pris la main, le petit chat blanc la suivant comme son ombre et Gabriel souffla, presque soulagé avant de la reprendre.

"Aurore s'il te plaît... Pardon madame, elle ne voulait pas vous déranger." commença-t-il poliment et s'excusant à la place de sa fille qui lui accordait pleinement son attention.

Cela faisait deux ans que Vic’ était morte. Bien sûr, Daisy continuait à se rendre régulièrement sur sa tombe afin d’honorer sa mémoire. Mais  le temps passant, elle y allait de moins en moins régulièrement. Cela ne l’empêchait pas d’avoir une pensée pour sa soeur chaque jour, mais la visite sur sa sépulture était peu à peu devenue bimensuelle plutôt que quotidienne.

Heureusement elle pouvait compter sur @Nathaniel Seymour pour l’aider à entretenir la pierre tombale qui était l’une des mieux décorées du cimetière. Un triste « titre » officieux qu’elle aurait aimé ne jamais avoir, mais c’était pourtant le cas. La tombe de sa soeur avait toujours des fleurs fraîches et aucune trace de mousse ne venait tacher la pierre. Aujourd’hui encore, Daisy était d’ailleurs venue remplacer les fleurs par de nouvelles chrysanthèmes. Elle aurait pu leur jeter un sort qui les rendent éternelles, mais elle aimait changer régulièrement de fleurs.

Alors qu’elle s’était accroupie pour faire à sa soeur le bilan de son premier mois de cours à Poudlard, la jeune femme fut interrompue par une petite fille courant après un chat. Par réflexe, elle se releva pour regarder si la gamine était accompagnée. Il n’y avait l’air d’avoir personne autour, ce qui la surprit un peu. D’un naturel bienveillant, elle se sentit donc le devoir de regarder s’il ne lui arrivait rien. Et la sorcière fut bien inspirée puisque la petite fille courait tout droit vers un carré d’orties.

 « - Pas par là, ma puce », dit-elle à l’enfant en l’attrapant in extremis par la main.  « Ça pique, ce n’est vraiment pas agréable, tu sais. C’est Blanche-Neige qui t’intéresse à ce point? Il n’est pas facile à attraper mais si tu restes calme et que tu tends ta main, il viendra peut-être près de toi »

Cela faisait longtemps qu’elle voyait ce chat rôder autour des tombes. Il devait sans doute apprécier le calme de l’endroit. Il n’était en tout cas pas habitué aux enfants qui couraient après lui. Au moment où elle allait lui demander où étaient ses parents, elle vit son père débarquer.

 « - Il n’y a aucun problème, vraiment », dit-elle en lâchant la main de l’enfant pour qu’elle rejoigne son papa.

Mais Aurore semblait plutôt décidée à suivre les conseils de Daisy. Elle s’accroupit et tendit sa main pour que le chat se rapproche. Méfiant, l’animal la regardait cependant avec moins d’envie de s’enfuir.

 « - Si tu es assez patiente, il viendra », dit-elle en regardant la petite fille et en s’éloignant un peu d’elle pour qu’elle puisse avoir l’occasion d’attirer le chat. Tout en se faisant, elle se dirigeait vers son père.  « Ces endroits sont toujours impressionnants pour les enfants, ce n’est pas plus mal qu’elle puisse trouver un peu de distraction »

Daisy ne put s’empêcher de remarquer qu’ils avaient chacun un bouquet de fleurs fanées à la main. Elle lui sourit donc. Ils étaient dans la même « team », cela suscita donc aussitôt sa sympathie.

 « Je vois qu’on a eu la même idée », dit-elle en secouant légèrement son bouquet.

Commencer l’année en rendant visite aux proches disparus.

Il eut un sourire en l'entendant lui expliquer qu'il fallait avoir assez de patience avec un petit chat. Au fond, si Gabriel ne s'inquiétait pas du fait qu'un chat puisse se promener dehors, c'était surtout parce qu'il savait que le chat appartenait à la gardienne du cimetière depuis quelques temps seulement, assurant à l'animal un toit, une nourriture saine et des câlins à profusion en plus d'un toit chaud. Mais la raison pour laquelle Aurore ou n'importe quel enfant aurait suivi un chat dans un lieu chargé d'histoire et de peine, le toucha soudainement. Il n'avait pas pensé à cela et pendant quelques instants, il posa son regard voilé sur sa fille. Même si cette dernière acceptait toujours de venir avec lui, il se rendait bien compte qu'elle ne savait quoi faire.

"Je suppose que c'était son but lorsqu'elle l'a adopté alors."

D'un simple mouvement de bras, il indiqua la petite cabane non loin de l'entrée qui permettait, à la gardienne d'aiguiller ales visiteurs mais également d'entretenir de manière très large le lieu de recueil. Un métier loin d'être facile mais dont elle s'occupait à merveille, surtout lorsqu'il fallait venir changer les fleurs d'une tombe qui manquait cruellement de proches. Alors qu'elle lui indiquait son propre bouquet de fleur fanés, Gabriel eut un sourire avant de tomber sur le nom de la stèle qu'elle était visiblement entrain d'arranger. Un lieu qu'il connaissait pour avoir déjà vu @"Nathanaël Seymour" s'y rendre sous sa forme animagus.

Observant un instant la jeune femme, il se rendit compte que sa mémoire lui faisait légèrement défaut, avec la fâcheuse impression de l'avoir déjà croisé. Elle était une proche parente de la défunte femme de l'Auror Seymour, Victoria et ne put que difficilement être distant avec elle. Pourtant il préféra regarder la tombe de sa mère par dessus son épaule pour ne pas la mettre mal a l'aise alors que sa fille l'avait déjà interrompu dans ces pensées.

"Elle aurait préférer une bonne bouteille de vin plutôt que des fleurs, vu qu'elle avait tendance à oublier de les arroser." Il lâcha un premier sourire alors qu'il regardait ces fleurs fanée. "Au moins, ça ne périme pas."

Il tentait vainement de mettre un prénom sur ce visage avec la certitude de l'avoir croiser dans des couloirs de Poudlard. Une ancienne camarade de classe? Ou peut être l'avait-il croiser au bal de Yule parmi les convive alors qu'il était chargé de la sécurité des lieux avec les autres Aurors et brigadiers?

"Je m'excuse mais on s'est déjà croisé avant non?" avec un peu de chance, elle ne se souvenait probablement pas non plus non lui, sinon le contraire serait gênant.

Certaines personnes auraient pu trouver que faire la conversation avec des inconnus dans un cimetière était un peu cringe mais ce n’était pas le genre de choses qui mettaient mal à l’aise Daisy. Au contraire, la sorcière appréciait rencontrer des gens qui avaient vécu un deuil, tout comme elle. D’expérience, elle savait que la perte d’un proche transformait les gens, et qu’elle avait généralement plus d’atomes crochus avec ces personnes-là. L’espace d’un instant, elle se demanda qui l’homme et la fille avaient bien pu perdre. Une femme? Une mère? Une grand-mère? Mais elle se dit finalement que cela ne la regardait pas et elle ne posa aucune question.

Regarder la petite fille jouer avec l’animal (ou du moins tenter de le caresser) avait quelque chose de touchant. Une petite bulle de bonheur dans un lieu qui n’en amenait généralement pas. Lorsque le père lui reparla, Daisy détacha son regard de la scène et lui sourit.

 « - Je ne sais pas non plus ce que je préférerais entre des fleurs et du vin »

Une remarque anodine mais qui, quand on connaissait son passé, était lourde de sens. Même si elle était sobre depuis plusieurs mois maintenant, elle savait très bien qu’elle pouvait replonger à tout instant. L’alcool lui manquait moins que sa soeur, mais il lui manquait quand même. Heureusement, elle était suffisamment avancée dans son processus de guérison pour pouvoir prononcer le mot « vin » sans dérailler.

 « - Je ne crois pas qu’on se soit déjà vu », dit-elle en prenant le temps de détailler le visage de son interlocuteur.  « Mais si c’est le cas, je m’en excuse car je ne m’en souviens pas »

Daisy avait vu passer beaucoup de monde à l’enterrement de Vic’ (mais peu après, ce qui était un autre débat). Il se pouvait donc qu’il ait été là sans qu’elle s’en souvienne.

 « - Peut-être connaissiez-vous ma soeur? Victoria Seymour? », dit-elle en se retournant vers la tombe de sa soeur, comme si elle avait réellement été derrière elle.

 « - Ou alors mon beau-frère, Nathaniel Seymour? Je suis Daisy », rajouta-t-elle.

Elle faisait confiance au jugement de sa soeur et de son beau-frère. Déterminer les éventuels liens qui les unissaient déterminerait donc forcément la posture qu’elle adopterait face à lui.

Si Gabriel n'arrivait pas à se remettre le visage familier de la jeune femme, il fut pourtant certain d'avoir vu ce regard qu'il voyait de temps en temps chez @Nero MacGregor lorsqu'on évoquait l'alcool. Ce n'était pas de la peur qu'il sentait mais le refus de céder, le refus de replonger en arrière et l'Auror accepta avec un sourire qu'elle ne s'en souvienne pas non plus. Mais lorsqu'elle mentionnanque Victoria était sa soeur, Gabriel ne put que serrer les dents en se rendant compte qu'il savait où il l'avait vu, bien que ce ne soit pas à son enterrement il y a deux ans.

"Je suis désolé, je n'ai pas pu me déplacer ce jour là pour assister aux funérailles. J'ai préféré prendre la garde afin que l'Auror Seymour soit entouré de tous ces collègues."

Nouvellement promu chef quelques jours auparavant, il avait donné la permission à tous le bureau de pouvoir soutenir leur collègue dans le besoin. Ce n'était pas seulement sa femme qu'il avait perdu ce jour là, mais également un enfant qui aurait dû également vivre en bonne santé. Deux pertes qu'il semblait endossé comme un fardeau et Gabriel avait fait un choix qui consistait à ce que l'Auror soit le plus entouré possible.

"Je suis son chef de Bureau, Standford."

Avec un automatisme sollenel, Gabriel lui tendit sa main pour la lui serrer brièvement, ne sortant que rarement de ce que lui conférait son uniforme d'Auror, bien que ce dernier reposait chez lui. Sur le coup, il ne pensa pas à lui dire son prénom, non pas par irrespect mais par cette habitude professionnelle qu'il gardait en tout temps.

"Je l'ai connu en tant que Victoria Hepburn à Poudlard. Vous aussi d'ailleurs."

Il avait bien remarqué qu'elle ne se présentait pas avec son nom de famille contrairement à celui de son beau frère et sa propre soeur. Un détail qu'il mis dans un coin pour le moment. Et si les décès dans une famille provoquait bien souvent des discordes, il fallait avouer que Nathanaël semblait avoir de la chance, sa belle sœur l'appréciait encore énormément, ce qui était loin d'être le cas de la famille de sa propre mère, à part sa tante Betty Clearwater.

"L'Auror Seymour passera plus souvent dorénavant."

Une mission bien plus longue et bien plus risquée venait de prendre fin, empêchant probablement Nathanaël de venir changer les fleurs sur cette tombe. Daisy ne devrait pas faire ça seule, elle ne devrait pas se retrouver à devoir changer des fleurs qui finissaient faner depuis des semaines.

Tout en en parlant jamais et sans être particulièrement proche, Gabriel se rendit compte qu'ils se ressemblaient beaucoup pour passer à côté de cette ressemblance. Si l'Auror Seymour s'était renfermé depuis le décès de sa famille, Gabriel en avait fait de même pour se protéger l'année où il a été promu. Entre le décès de sa mère et sa séparation avec @Sorcha MacGregor, les évènements s'étaient bien trop enchaînés pour leur permettre de s'ouvrir aux autres. La présence des proches parents pouvant partager leur perte leur permettait de ne pas perdre pied.

"Je sais que l'occasion et le lieu ne s'y prêtent pas mais bonne année." il reprit doucement, observant un instant sa fille s'accroupir près du chat pour échapper à la conversation. Apres quelques secondes de silence, Gabriel se lança enfin. "Comment vous allez depuis
..?" avec le plus de tact possible malgré la question épineuse.

C'était un état qu'il ne pouvait demander à l'Auror Seymour sans outrepasser leur statut professionnel. Peut être serait-ce différent avec Daisy.

Lorsque Gabriel lui expliqua qu’il regrettait de ne pas avoir pu se déplacer pour l’enterrement de Vic’, Daisy se remit aussitôt à respirer. Ouf, ce n’était donc pas une connaissance hostile. Et tout le contraire même puisqu’il avait volontairement choisi de ne pas venir pour permettre à @Nathaniel Seymour d’être accompagné de ses collègues. Elle tenait beaucoup à son beau-frère et tout ce qui lui apportait du réconfort à lui en apportait également à elle.

 « - Oh, et bien merci pour lui dans ce cas. Voir qu’il y avait autant de monde m’a fait chaud au coeur »

Malgré tout, cela ne disait toujours pas vraiment à Daisy qui il était. Lorsqu’il se présenta par son nom de famille, la jeune femme réfléchit un peu puis trouva la solution.

 « - Gabriel Standford? Oui, je me souviens maintenant », dit-elle en lui souriant davantage, comme si le simple fait qu’il ait été à Poudlard le rendait plus sympathique.

Ils avaient quelques années d’écart et ne s’étaient donc pas spécialement parlés mais elle l’avait vu à plusieurs reprises dans les lieux communs.

Jugeant que la conversation allait s’arrêter à ce simple échange de courtoisies, elle fut surprise de l’entendre lui demander comment elle allait suite au décès de sa soeur. C’était une question extrêmement banale mais, pourtant, peu de gens osaient la poser. Beaucoup craignaient d’entendre un « je vais mal » qui les mettrait mal à l’aise. Et personne ne voulait être mal à l’aise pour des choses qui ne les concernaient pas. Le fait qu’il soit Auror faisait sans doute toute la différence à ce niveau-là.

 « - Bonne année à vous aussi. Je vais… mieux, merci » Des paroles qu’elle n’aurait jamais pensé prononcer un jour mais qui étaient on ne peut plus vraies.  « A vrai dire, je démarre même un nouveau à travail, à Poudlard justement. L’étude des moldus. Ma soeur tenait beaucoup à ce que les sorciers et moldus se connaissent mieux. Et moi aussi. J’espère être à la hauteur de la tâche qui m’attend. Et j’espère surtout être moins ennuyante que certains profs qu’on a pu avoir »

Elle était d’un naturel bavarde, mais elle était surtout très stressée à l’idée de commencer ce nouveau travail après deux ans de pause, alors elle avait ressenti le besoin de s’épancher un peu plus que d’habitude. Il avait quelque chose de rassurant, sans doute une caractéristique de plus liée à son métier.

 « - Et vous, de quand est-ce que ça date? », dit-elle en montrant le bouquet de fleurs qui était devenu le prétexte parfait pour ne pas employer le mot « mort » devant la petite.  « Vous le surmontez? »

Elle ne savait même pas de qui elle était en train de parler, mais elle savait que chaque mort était douloureuse et laissait forcément des traces indélébiles sur les gens.

S'il avait pu apporter un semblant de réconfort sans avoir été présent, Gabriel s'en retrouva soulager. Il se rendait bien compte qu'en demandant expressément à ce que personne ne soit là le jour où il avait enterré sa mère, il n'avait donné l'occasion à aucun membre de sa maigre famille de venir lui dire aurevoir le jour même. C'était une pudeur et un état d'esprit qu'il n'avait voulu partager avec personne, pas même la mère de sa fille bien qu'il avait senti sa présence, au loin. Partager de tels sentiments avait un aspect très contradictoire chez les Aurors à qui il exprimait pourtant le besoin de voir le bureau comme une grande maison, où chaque membre prenait soin les uns des autres et où la famille des autres devenait également la leur. S'il avait fait une exception à cette règle pour sa mère, il déployait tous les moyens pour les autres, ce soutien apporté était tous ce qui comptait.

Alors qu'elle se souvenait de lui également, bien qu'ils ne furent nullement proche durant leur étude, elle fut surprise par sa question. Probablement parce qu'à elle aussi, on lui avait certainement bien souvent dit "Je suis là si tu as besoin de parler" sans poser la question le plus franchement possible pour enlever tous les pansements qu'on posait sur une telle perte. Alors qu'elle lui disait aller mieux tout en lui annonçant qu'elle prenait un poste à Poudlard, Gabriel ne put s'empêcher de lui adressant un sourire confiant, dans la seule volonté de la pousser à continuer dans une montée qui n'avait pas du être simple.

"C'est une belle philosophie que de vouloir unir deux peuples qui se sont constamment lutter l'un contre l'autre."

Entre la chasse aux sorcières et les insinuations du nouveau Ministre de la Magie contre les moldus, Gabriel avait pourtant cette place où son avis ne pouvait être émis davantage. Cependant, il fallait avouer qu'il rassemblait de plus en plus d'éléments allant à l'encontre @Adair Dunn, le secret magique, qu'il défendait bec et ongle ayant été crée pour lutter contre les persécutions moldus d'un autre temps, avait à présent muer en un rabaissement constant de la communauté des non mages.

"Vous devriez bien vous entendre avec @Levana Rosenthal, elle dirige l'association MANICORE visant à rassembler et à faire collaborer les deux mondes" et ainsi tenter d'aller à contre courant.

Se rendant compte alors que Daisy était aussi né moldu que lui, il ne put s'empêcher de lui sourire, comme deux personnes qui s'étaient retrouvé projeté dans un autre monde que celui où ils étaient nés.

"Et je suis certaine que vous saurez offrir bien plus à ses étudiants que vous ne le pensez. Une matière bien trop sous estimée à l'époque alors que le monde moldu a tellement évolué. Certes, l'étude théorique de la technologie peut paraitre nébuleuse pour certains mais les activités de confort ont tellement varié qu'elles méritent d'être aborder sans la notion de magie qui est bien présente dans ce monde."

En réalité, c'était bien parce qu'ils avaient un professeur très ennuyeux à l'époque qu'il pensait fermement que Daisy pourrait changer la donne et offrir un regard nouveau sur la société moldue. Loin d'avoir l'appuie ministériel concernant un programme obligatoire, il espérait que la jeune femme puisse s'approprier la matière afin de montrer que les moldus n'étaient pas si différents des sorciers. Nous étions tous des humains avant tout. Mais lorsqu'elle lui demanda ce qu'il en était de son coté, pendant quelques secondes, il se figea sans trop savoir comment y répondre, à part l'habituel "ça va." Ouvrant la bouche pour la refermer rapidement, il tourna son attention vers sa fille alors que Daisy prenait délibérément le choix de ne pas heurter les oreilles de la petite que lui même, couvait énormément - contrairement à sa mère qui voulait l'emmener avec elle dans les expéditions les plus dangereuses.

"C'était il y a deux ans, on va dire que l'aspect professionnel de la vie a prit le dessus pour atténuer la perte."

Autant dire qu'il avait plongé la tête en première en ne se souciant de plus rien d'autres que du service et de son temps qu'il donnait aux autres. La vie avait repris le cours du temps.

"Le fait de s'y être préparer n'enlève pas la peine mais lorsqu'on est entouré par un sourire tel que le sien, ça suffit pour balayer les journées les plus rudes je dirais."

S'estimait-il chanceux d'avoir une fille aussi vive? Oui, malgré le fait qu'elle adorait le faire tourner en bourrique comme à cet instant où elle prit le chat dans les bras, comme elle faisait avec leur propre chat pour l'embarquer dans sa chambre. Il sentait gros comme un château qu'il allait passer au refuge pour en adopter un autre d'ici peu.

"Alors, vous auriez voulu apprendre quoi en cours d'étude de moldus lorsque vous étiez à Poudlard?" demanda-t-il en revenant sur la nouvelle carrière prometteuse de Daisy.

Son interlocuteur avait l’air sincèrement heureux qu’elle ait trouvé un poste de professeure à Poudlard. Elle venait juste de le rencontrer, mais cela lui faisait plaisir de voir qu’elle pouvait à nouveau être fière de ce qu’elle faisait, et susciter de l’intérêt quant à ses activités. Elle était consciente que le ministère de la magie s’était récemment durci, mais cela ne lui faisait pas peur. Lorsqu’elle avait un objectif, elle le gardait généralement en tête jusqu’à y parvenir. Une détermination qu’elle tenait de ses parents.

 « - Merci pour le conseil », dit-elle lorsqu’il lui parla d’une sorcière. Elle grava son nom dans son esprit puis poursuivit.  « Je suis contente de vous entendre dire ça. J’ai l’impression que cette matière est parfois vue comme inutile ou sans grand intérêt. Moi-même à l’époque, je la dénigrais un peu. Mais, avec le temps, je me suis rendue compte qu’il est essentiel que les étudiants apprennent à appréhender un monde qu’ils ne connaissent pas forcément »

Dans un monde idéal, le cours d’étude des moldus n’aurait même pas dû exister. Elle espérait d’ailleurs à terme qu’il disparaîtrait quand tout le monde aurait vraiment appris à vivre ensemble mais, en attendant…

 « - Je suis désolée », dit-elle lorsqu’il lui parla du décès qu’il avait dû surmonter.

 « - Mais j’imagine effectivement que votre fille a dû être d’un grand soutien pour vous. C’est essentiel d’être entouré dans ces moments-là. Et elle a tellement de joie de vivre », dit-elle en la regardant avec bienveillance.

Elle-même avait pu compter sur @Nathaniel Seymour. Sans lui, elle n’était pas sûre qu’elle aurait réussi à finalement surmonter tout cela. Il était devenu son pilier sans qui elle ne se voyait plus avancer.

Sans doute trop pudique pour s’étaler davantage, le chef des Aurors jugea bon de changer de sujet. Elle le suivit sans rechigner.

 « - Oh, et bien… Art’ n’a pas vraiment facilité la transition, mais j’ai déjà quelques idées de cours. J’aimerais surtout que les étudiants s’amusent et se sentent libres d’intervenir quand ils le veulent. J’aimerais leur transmettre plus qu’une simple matière »

Elle voulait être l’enseignante qu’elle aurait aimé avoir : quelqu’un qui transmet son savoir mais qu’on peut aussi voir en cas de problème. Elle n’avait pas d’enfant, mais elle avait beaucoup de bienveillance à répandre autour d’elle.

 « - Votre fille a l’air de s’être fait un nouvel ami », dit-elle en laissant échapper un rire en voyant la fillette lever le chat en l’air et même le prendre sur son épaule.   « La patience, ça marche toujours », dit-elle à l’adresse de la gamine.

 « - ça m’a fait très plaisir de vous rencontrer tous les deux. Mais je ne veux pas abuser plus longtemps de votre temps »

Nate avait de la chance d’avoir un patron aussi compréhensif, pensa-t-elle. Elle espérait que son job à Poudlard se passe aussi bien.

Observant qu'elle avait l'air soulagé d'être encouragé dans une telle voie a Poudlard, malgré un départ précipité de l'ancien professeur en plus de l'avis du ministre de la magie qu'il sentait très tranché concernant le programme d'études des moldus servi par Poudlard, Gabriel hocha simplement de la tête, ravie de voir qu'elle avait des idées qu'elle souhaitait originale pour faire découvrir un monde aux plus puristes des sorciers. Cette conviction de vouloir poser les bases d'une entraide aux prochaines générations lui donna un léger baume au coeur, puisque c'était bien dans ce monde que sa propre fille allait évoluer. Les nés moldus avaient réussi à intégrer des postes au Ministère depuis l'après guerre mais il fallait avouer que leur intégrité était bien souvent remis en doute.

"Il me tarde d'avoir des échos de vos prochains cours." répondit-il. Ce n'était probablement pas de @"Nathanaël Seymour" qu'il en aurait, vu comme l'Auror était bien fermé à une discussion aussi personnelle, doutant à peine du fait que Daisy devait constamment lui rappeler sa femme. Mais il veillerait probablement à en avoir par @"Éloïse Caron" à l'occasion, puisque la jeune femme enseignait également temporairement à Poudlard et défendait avec efficacité le droit des moldus chez les sorciers.

Alors qu'elle revenait sur sa fille qui semblait avoir bien sympathisé avec le chat qui les avait mené jusque là, Gabriel ne put s'empêcher de lâcher un soupire léger. Il savait que leur chat allait bouder rien qu'en sentant le parfum de la trahison sur les vêtements de la petite. Mais c'était bien ce genre de petit détail qui, momentanément, déviait toute pensée négative et des pertes subies chaque mois en mission.

"La patience ou plutôt les croquettes qu'elle a toujours en poche." rectifia-t-il alors que la petite lui tendait une main remplie de friandise. Sa petite avait toujours été surprenante et il ne pouvait s'empecher de se demander où Merlin serait-il le jour où elle voudrait faire des études à l'étranger.

"Je suis certain que vous saurez captiver l'attention de vos étudiants, ne doutez pas de vos capacités." il lui adressa un sourire rassurant, se voulant confiant pour elle afin qu'elle ne se fasse nullement avoir par des étudiants remplis de zéles et aux aguets a la moindre faiblesse d'un professeur. Au vu de tous ce que Daisy semblait avoir traversé, il lui semblait qu'elle avait les nerfs solides. Profitant ainsi de ces derniers mots, il l'a salua poliment en prenant congé, conscient qu'ils avaient tous les deux besoins de retrouver leur proche après cet interlude des plus reposants.