I try to capture every minute | Ft. Nero

I try to capture every minute
Ft. @Nero MacGregor

27 juin 2022, 18h30.


Panier à pique-nique d’une main, batte de baseball dans l’autre. Curieuse combinaison, s’était-elle dit, avant un haussement d’épaules peu dérangé. Mais alors que le soleil se faisait moins fort, leur accordant à tous un peu de répit après une trop chaude journée de juin, l’occasion se prêtait à profiter du beau temps pour se rapprocher de la famille. Et s’il était plus simple de se rapprocher de ses parents ou de sa sœur, Nero était un loup solitaire qu’il fallait traquer pour attraper. Et l’idéal était de le pousser en dehors des terres familiales, là où les tensions seraient en dormance. Alors quoi de mieux que le centre de balles pour extérioriser les frustrations ?
Arrivant au lieu de rendez-vous, elle repéra aisément la silhouette de son frère au loin et avant de le rejoindre d’un pas enthousiaste malgré la baisse d’énergie de fin de journée. La journée n’avait pas été de tout repos, entre les dossiers qui s'accumulaient et le rythme effréné au poste pendant l’été. Mais ce n’était pas ce qui l’empêcha de faire mine de vouloir frapper Nero avec son bâton de baseball, juste pour l’embêter en riant doucement.

« J’espère que tu m’as écoutée et que t’as rien apporté, parce que j’ai tout ce qu’il faut ! Je t’ai fait un sous-marin comme tu les aimais. Mais pas touche aux sushis ! », fit-elle en montrant le panier à pique-nique bien lourd.

Elle le déposa au sol, là où il ne serait pas dans les jambes, avant de se retourner vers son frère en faisant tournoyer sa batte de baseball (twilight style).

« Comment tu vas ? », s’enquit-elle en le couvant d’un regard à la fois tendre et protecteur, empli de la douceur qu’il lui connaissait depuis trente ans.

Se préoccuper de lui avant de le battre à plate couture sur le nombre de balles parfaitement frappées.

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Ft. @Nero MacGregor


Elle n’hésita même pas à lui enfoncer ses doigts dans les côtes lorsqu’il l’appela par son grade pour l’embêter, sans retenir le petit rire qui lui échappa. Ça avait commencé par Sergent, puis Lieutenant, et maintenant Capitaine… Au moins, il gardait le compte de ses promotions et ne la rétrogradait pas pour la taquiner. Mais elle avait beau lui tirer les oreilles, rien n’y changeait, il prenait toujours un mâlin plaisir à abuser de ce surnom.
Un “ça va” simple et efficace, ça lui pinçait toujours un peu le coeur. Avec tout ce qui était tombé sur la tête de son frère, elle devait avouer que ça la ramenait toujours un peu vers la période où il était distant, pour ne pas dire absent. Elle devrait s’être habituée, pourtant, au fait que Nero n’avait jamais été le plus grand des bavards, mais une petite partie d’elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter, de craindre qu’il s’était passé quelque chose qu’il ne lui disait pas. Elle avait toujours un peu le réflexe de croire que son silence parlait pour ses maux, bien qu’elle s’efforçait de chasser ces pensées.
Il n’avait pas tort, ces temps-ci, c’était un peu la folie pour la moitié du Ministère. Entre les élections imminentes, les séries de meurtres et de méfaits étranges et les activités habituelles de la BPM, ils avaient tous un peu la tête ailleurs, leurs pensées toujours occupées par la folie des dernières semaines. Et c’était bien pour cette raison qu’elle avait besoin de souffler, qu’elle avait besoin de se tourner vers sa famille, aussi dysfonctionnelle soit-elle.

« Occupé ? Tu veux dire complètement fou, oui. », fit-elle dans un rire amer. « On s’en sortira, mais c’est une période étrange. », conclut-elle, cherchant à clore le sujet le plus rapidement possible.

L’envie de se distraire se faisait bien sentir, et briser les espoirs de victoire de son frère aussi. Ce dernier lui semblait si confiant, c’était presque triste de se dire qu’il allait encore devoir se contenter de la seconde place. Marleen rigola à nouveau, cette fois avec un brin de sarcasme dans la voix.

« Mange une bouchée et prie pour que ça te donne une super-force, tu vas en avoir besoin. », répliqua-t-elle avec un clin d'œil et une confiance en elle faussement débordante.

Rigoler lui permettait de souffler, de relâcher la pression, la ramenant au passage à sa jeune enfance, quand ils pouvaient passer des après-midis ensoleillés à s’amuser dans le jardin familial. À la seule différence que, cette fois, il lui était enfin possible de prendre sa revanche pour toutes les fois où il l’avait battue à plate couture.

« J’espère que tu t’es pas pris un coup sur la tête avec une planche de bois dernièrement, parce que tu vas avoir besoin de toute ta concentration. », plaisanta-t-elle, en lui tendant le panier à pique-nique. « Ça se passe comment au travail ? » Première question, pour ouvrir le bal, avant de rentrer au vif du sujet qui fâche.

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Ft. @Nero MacGregor


Le revers de sa main rencontra l'épaule de son frère dans une petite tape à la fois contrariée et amusée, contact fraternel des plus ordinaires entre eux. Sa mine indignée se fondit rapidement en un sourire enjoué alors qu'elle s'échoua sur le gazon fraîchement taillé à côté de lui. Pendant une seconde elle se retrouva ramenée 20 ans dans le passé, à savourer les rayons de soleil dans le jardin familial, après avoir encore perdu à une partie de cache-cache. Le bon temps.

Ça lui avait manqué, de se sentir proche de sa famille. Parce que si Nero critiquait souvent la distance que leur soeur établissait entre eux, ou les retards aux rencontre de famille, il n'avait lui-même pas été le plus exemplaire à ce sujet. Pendant longtemps, elle avait excusé son absence, qui était plus que justifiée, mais la réalité était que son frère lui avait longuement manqué.
Et puis, elle n'avait pas été la plus présente non plus. C'était d'ailleurs une raison pour laquelle elle appréciait beaucoup son nouveau poste à la BPM, plus que contente d'avoir les deux pieds en Écosse, plutôt que de devoir partir à tous les quatre coins du monde.

Elle hocha la tête lorsqu'il lui confirma le départ imminent pour plusieurs expéditions, ayant elle-même compris à l'atmosphère fébrile de l'institut qu'il y avait quelque chose qui se préparait. Et avec les vols et les braconnages qui perturbaient les recherches, elle se doutait que ce ne devait pas être la meilleure période que la fondation avait connu.

« Ça va, ton vieux dos te fait pas trop souffrir ? », répondit-elle, le regard amusé lorsqu'il aborda les travaux sur la toiture des Nash.

Les différentes occupations de son frère avaient au moins le mérite de le tenir occupé. Un peu trop peut-être, mais elle se disait que c'était mieux pour son moral que de s'enfoncer dans l'ennui.

Marleen soupira longuement à sa question sur l'IDEM, son regard se perdant dans le vague, fixant un point hasardeux dans le vide. Elle ne sut quoi répondre sur le coup, tellement déchirée. S'il savait combien de fois elle s'était posée la même question...

« Quelques fois. », avoua-t-elle. « Le dis pas à Sorcha. », ajouta-t-elle dans un sourire complice, sachant que sa grande soeur ferait tout pour la ramener totalement à l'Institut. « L'aventure me plaisait, j'aimais la découverte, l'excitation d'aller quelque part où je n'étais jamais allée. » C'était difficile à décrire comme sensation, de manquer quelque chose qui lui était pourtant devenu toxique. « Mais ça c'est sans compter toutes les fois où mes commandants ne m'envoyaient pas avec l'IDEM. Toutes les fois où j'ai dû intervenir dans des conflits qui n'avaient rien à voir avec la protection d'expédition. » Elle soupira. « J'en ai eu assez de ne jamais savoir où j'irais, ce que je ferais. Mon avenir était trop incertain, et l'IDEM n'a été qu'une petite partie de ma carrière de Tireuse d'Élite. » Elle tourna la tête vers son frère, cherchant à prédire ses réactions, à déceler le moindre spasme qui traverserait son visage. « Je sais que mon nouveau poste vous inquiète tous, mais au moins maintenant j'ai l'impression que ce je fais a une importance, plutôt que de juste foncer tête baissée sans avoir le droit de poser de questions. »

Maintenant qu'elle tenait les rênes, il n'y avait plus de "c'est confidentiel" ou de "ça ne vous regarde pas, Lieutenant". Et dans son désir de réponses, c'était ce qui lui donnait le plus la sensation que son travail avait un impact véritable.