Hit me with your best shot { Nora

C’est avec une idée bien précise en tête que Bianca s’est réveillée tôt ce jour-là. Disons que de manière générale, son sommeil n’est pas des plus lourds, ces derniers temps. Mais l’air des Hébrides semble lui faire suffisamment de bien pour qu’elle passe un peu plus de temps que d’ordinaire auprès de Morphée. Après tout, elle ne s’est pas encore traînée jusque dans la chambre de @Braxton Clearwater pour lui proposer une cigarette nocturne parce qu’elle n’arrivait pas à dormir. Ce qui est plutôt bon signe. Et elle n’a pas sacrifié ses habitudes saines d’aller courir aux aurores, Hombre bien trop heureux de lui tenir compagnie, même si sa définition du jogging consiste à lui sauter autour en aboyant joyeusement. Heureusement que ce n’est qu’un chiot, et qu’il n’a pas le coffre nécessaire pour réveiller toute la maisonnée. Cependant cette fois, elle ne compte pas s’arrêter là et enchaîner avec une douche, puis un petit-déjeuner en compagnie du premier membre du clan sur lequel elle tombera. Non, elle a une victime en tête – victime, c’est peut-être un bien grand mot – à qui elle envoie son Patronus chat (que Hombre déteste toujours autant). Avec le tourbillon des festivités, elle n’a pas réellement eu le temps de parler avec sa Poufsouffle préférée. Et il faut bien le dire, laisser ses propres problèmes de côté pour s’occuper de ceux des autres est une manière comme une autre d’avancer. Avoir eu son père sur son canapé pendant des semaines, et son frère en stage, Bianca n’a pas pu s’occuper de prendre des nouvelles d’Eleanora comme elle l’aurait voulu. Qu’à cela ne tienne.

Il n’a pas été difficile de dégoter un balai, et une malle de Quidditch – ils ont vraiment tout, ces Clearwater. Pas d’anneaux en vue, mais pour ce qu’elle a en tête, ce n’est pas tellement grave. Ses années de Gardienne sont bien loin derrière elle, temps béni de l’innocence où les choses étaient si simples. Jouer pour Gryffondor, aller en cours, flirter, préparer l’avenir. Pour finir à quarante ans, sans qu’au plan n’ait fonctionné, à se planquer au milieu de la campagne de Grande-Bretagne en espérant que ça aille mieux. Bravo. Dans tous les cas, le vol, ça ne s’oublie pas. Habillée plus que chaudement – vraiment, elle a beau avoir une moitié de sang irlandais, elle n’est pas faite pour ces températures – son vieux bonnet rouge et or enfoncé jusqu’aux oreilles, elle enfourche le balai histoire de l’apprivoiser suffisamment pour ne pas se faire réduire en miettes par l’étudiante sur le point de la rejoindre. La monture n’est pas trop vieille et semble assez réactive, ce qui arrange grandement ses affaires. L’étendue d’herbe choisie est suffisamment loin des bâtisses pour qu’elles évitent de casser une vitre – même s’il faut bien le dire, la possibilité n’est pas exclue. Et pour qu’elle voie Nora arriver de loin. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. C’est devenu une jeune femme incroyable. Comme elle aime à le rappeler ces derniers jours, surtout pour embêter @Sean Clearwater, elle les a, après tout, connus hauts comme trois pommes, ou presque. « Nora, carina ! » La descente est maîtrisée alors qu’elle atterrit près de  la demoiselle, n’attendant pas pour la prendre dans ses bras : « Avec tout ce monde, on n’a pas eu de temps à nous. » Et elles en passent, du temps, toutes les deux. D’ordinaire. Bianca veut se rattraper, de ne pas avoir été disponible pour elle ces derniers mois. « Lo siento. Tu veux tenter de me faire tomber de mon balai, pour me faire pardonner ? » Parce que c’est ce que le Chatronus est allé livrer comme message à Nora. Possibilité d’un entraînement sur cible mouvante, pour perfectionner ses talents de Batteuse. Et oui, pour ceux qui se posent encore la question, Bianca aime vivre dangereusement.

D’accord, la cueillir au saut du lit – voire même dans son lit – n’est sans doute pas la meilleure façon de s’attirer les bonnes grâces de Nora. Mais si la journée commence, elles n’auront encore pas le temps de se poser, la demeure des Clearwater ressemblant parfois à s’y méprendre à un labyrinthe peuplé des créatures magiques des plus amicales ne vous laissant pas vous échapper après plusieurs heures – et trois parties d’échecs magiques, ou des leçons de crochet. « Moins vite ? Tu veux qu’on recule ? » Elle l’embête gentiment, mais voit effectivement que la demoiselle a du mal à émerger. Cela n’entame pas vraiment son propre enthousiasme, ni ses résolutions de passer un moment avec elle. Il faut peut-être simplement qu’elle change de stratégie, et rapidement, si elle ne veut pas que cela tourne à la catastrophe. Et vu le dynamisme de sa chouchoute, autant le faire rapidement. « Novice ? Qui est-ce que tu traites de novice ? Je gagnais la coupe de Quidditch de Poudlard quand tu portais encore des couches ! » Voire quand elle n’était même pas née, mais elle n’a pas vraiment envie de se lancer dans les calculs, surtout que ce n’est pas vraiment le sujet. « Et vu comme tu es réveillée ça me prendrait à peu près dix secondes de te faire tomber de ton balai. » Et la chute risquait de faire mal. L’Auror se stabilise à sa hauteur pour proposer : « Okay, on change de programme ? Qu’est-ce que tu dis de ça : on va en cuisine, je te prépare un full petit déjeuner mexicain. » Généralement, ce genre de propositions passait toujours bien, surtout que Bianca n’était pas mauvaise derrière les fourneaux. C’est juste qu’elle n’avait pas grand-monde pour lequel cuisiner au quotidien. « Et pendant ce temps là tu peux me raconter ta vie ? Ca fait une éternité qu’on n’a pas papoté. » Et il s’est passé beaucoup de choses, depuis la dernière fois qu’elles ont eu du temps toutes les deux. Bianca prend son rôle de tante cool très au sérieux. « Et comme j’entraîne ton frère et j’ai hébergé ton père sur mon canapé, je ne veux pas que tu penses que j’ai changé de chouchou chez les Clearwater. » Comme s’il y avait une préférence. Les relations qu’elle entretient avec tous les membres de cette famille sont extrêmement importants pour elle, et l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter : « Deal ? On peut même voler jusque là-bas si tu t’es trop peu réveillée pour marcher. » Peut-être risquent-elles de percuter quelques meubles et de s’attirer des ennuis. Mais rien de trop majeur, à priori.