Thanks for the memories { Braxton

Le parchemin est venu avec elle, bien évidemment. L’invitation de Sean l’a, à vrai dire, vraiment surprise, mais elle en a été ravie. Elle n’a eu qu’à dire à sa mère qu’elle passait Noël avec Meilin, comme le veut la tradition japonaise, et qu’elles se verraient aux prochaines vacances. Le mensonge lui a coûté et, n’ayant pas de nouvelles récentes de sa petite amie, elle espère qu’elle la couvrira en cas de besoin. Ses hiboux sans réponse commencent réellement à lui peser. Et le baiser qu’elle a échangé avec Harry au Bal n’arrange absolument rien. Il y a beaucoup trop de nouveautés, de retournements dans sa vie. Parfois, le confort de sa scolarité à Mahoukotoro lui manque. Et puis il suffit qu’elle entende le rire d’Eleanora ou de croiser le regard de Sean pour qu’elle se souvienne que cela vaut la peine de s’accrocher. Et ce voyage aux Hébrides lui fait du bien. On l’a accueillie avec beaucoup d’enthousiasme – beaucoup plus qu’elle ne le pensait. On l’a déjà nourrie quasiment de force, on lui a demandé plein de détails sur sa vie, un bourdonnement de gens, de souvenirs qui manque de lui faire tourner la tête. Et qui le fait, en réalité, en fin d’après-midi. Refusant une partie d’échecs avec un des cousins, elle se glisse dehors, enfonçant son bonnet sur ses oreilles et ses mains ornées de moufles multicolores dans ses poches. La neige rend l’endroit magique – et elle a des flashs, qui lui viennent, de temps à autres. Par exemple, quand elle a posé la main sur la rampe pour aller à l’étage, elle s’est vue la descendre, en glissant, avec Sean derrière elle. Et sur ces terres… elle est persuadée qu’il y aura davantage, qui reviendra. Mais pas ce soir. C’est assez pour le premier jour. Elle a besoin d’un peu de calme avant le dîner.

Ses pieds font crisser la neige et cela l’amuse, lui rendant le sourire, un vrai, franc et dénué de nostalgie. Pendant quelques minutes, elle s’amuse simplement à sauter d’un pied sur l’autre, produisant différents sons. Jusqu’à ce qu’elle en entende un autre, une voix, provenant d’une des bâtisses voisines. Son regard se porte dans cette direction et tombe sur ce qui ressemble à des granges. Et quelqu’un, il semblerait, est en difficultés. « J’arrive ! » Elle ignore si on peut l’entendre, mais part à petites foulées – exercice compliqué avec la surface glissante, mais les joggings matinaux avec @Harry Kaal ont porté leurs fruits. Et rapidement, elle arrive jusqu’à la lourde porte de bois, dont le battant est entrouvert. Nul doute que si elle poussait sans ses mitaines, une vision pourrait risquer de se manifester. L’endroit lui semble familier. Mais elle ne s’arrête pas sur ces considérations, prenant pied sur la paille, et se dirigeant vers…  Liadan s’arrête brutalement, en plein mouvement, une main en avant. Parce que la  personne qui a demandé à ce qu’on vienne à son secours… c’est @Braxton Clearwater. Qui est aux prises avec une petite chèvre absolument adorable, mais qui ne semble pas décidée à coopérer. « Je … euh… je vais t’aider. » La distance est franchie un peu en chancelant, et elle s’accroupit. Ses mains se défont de ses moufles, et elle se rend compte qu’elles tremblent. Ses yeux restent baissés. Elle est douloureusement consciente que ses cheveux ont toujours leur décoloration du bal, la rapprochant plus de sa couleur d’origine. De celle de son père. En douceur, elle vient caresser le pelage de l’animal terrifié, demandant : « Comment … je peux t’aider ? » Elle savait, qu’ils devraient se voir ; mais elle ne sait pas quoi dire. Elle ne s’est pas arrêtée sur ce qu’elle veut lui dire. Sur ce que contient sa lettre ; sur ce qu’elle ne contient pas. Sur ce qui l’a mise en colère contre lui. Un sentiment extrêmement laid, dont elle ne veut pas. Et pourtant, il est bien présent. Avec de la curiosité. De la nostalgie. Et sans doute un peu de peur, aussi.

Il ne pouvait en vouloir à la chèvre, toutes ses compatriotes n'avait pas eu un destin enviable sur le domaine.

"Cocotte. Tu vas pas finir en Haggis."

Il n'avait toujours pas trainé son jeune collègue @James Grey, dans un de ces établissements traditionnels écossais, à des rues du ministère, là où les pubs arboraient jusqu'au devant la boutique. Il était d'un bois bien différent que @Bianca Almadovar. La dose de cheval que Braxton devait s'administrer le matin lui embrumait les idées et lui faisait revoir ses programmes de formation.

Braxton passa une main sur son crâne rasé fixant la chèvre. @Bianca Almadovar s'était mis à la tâche et le Clearwater avait été forcé de dire adieu à sa tignasse indisciplinée. Sa coiffeuse improvisée avait bien évidemment utilisé des termes moins fleuris.

"Comment t'es arrivée là-haut ?"

La biquette bêla, à trois mètre au-dessus du lui. Certes, ces bestioles habiles savaient grimper, mais pour se retrouver sur la poutre du premier étage... cette chèvre devait avoir des compétences en transplanage.

"Y a quelqu'un dans le coin ? lança-t-il au dehors.

Il soupira. Il n'aimait pas ce qu'il allait faire, mais cette tête d'âne ne lui laissait pas le choix. Il transplana sur l'animal. La chèvre poussa des cris protestation qui firent grimacer le langue de plomb. Il avait été moins délicat avec des détenus. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas jeté un sortilège de Pallium.

Une jeune fille qu'il n'avait jamais vu passa la porte, se présenta à lui comme l'aide demandé.  

"Aye, thanks !" siffla-t-il en ses dents, son attention entièrement tournée vers l'animal. Maintenant l'animal entre ses bras, il mit un genoux à terre. Il préférait une jeune fille qu'u de ces bourrins du clan.

"Oui. Y a un onguent sur la palette là-bas, apporte-le."

Une bouillasse verte dans un pot en verre attendait dans un coin de la grange.

"Chh-chhh" chuchota-t-il à l'animal, qui s'était tût, à défaut d'essayer de retrouver la liberté.

Il attrapa du bout des doigts sa nouvelle baguette de la poche de son épais manteau d'hiver en peau retournée - la chèvre avait peut-être des raisons de se méfier.

"Blandior matris" souffla-t-il, baguette pointée sur la courte encolure de l'animal... "Voilà..." encouragea-t-il la biquette à se détendre alors qu'une vague de sécurité devait l'envahir. l'animal cherchait même Qui aurait cru que le cadeau boutade de la femme de @Jameson Clearwater fut aussi utile une vongtaine d'année plus tard ?

"Merci..." Il prêta enfin attention au visage du bon samaritain. "...Lili ?" marqua-t-il d'un air étonné.

Il resta figé. C'était peut-être la frimousse blafarde, les yeux bleus perçants, et le fait que @Sean Clearwater lui avait dit avoir invité son amie d'enfance à passer Noël au domaine qui brouilla sa vue. Il dévisagea ce minois rougi aux extrémités par le froid. La ressemblance était frappante. Ou voulait-il qu'il y en ai une ?

Il cilla et jeta un regard à sa droite à sa gauche. Il ouvrit même la bouche pour appeler son vieil ami avant de se raviser. Que Liam lui manquait. Même cette présence fantomatique que les médicaments étaient censés réprimer. La tristesse l'envahit d'un coup.

La chèvre en profita pour se glisser hors de ses bras et aller en boitillant du foin en parfaite amnésique.  

"Liadan ? C'est bien toi ?" re demanda-t-il.

Depuis six mois, il en était arrivé à douter de son propre esprit. Ce visage doux dont la frimousse avait quelque chose du renard ne semblait pas sorti d'une de ces hallucinations. La petite n'avait cependant jamais répondu à sa lettre.