Noblesse Oblige (Thesus)

Par le sang froid et les gestes pleines de grâce de son oncle, Yeleen ne put que respirer péniblement alors que son regard parcourait le dossier avec une évidence qui lui fit froid dans le dos, confirmant ces pires craintes. Un meurtrier se cachait sous l'épaisse couverture que les de Clare montrait au monde entier. Si elle savait que son père était le pire, par ces enlèvements ignobles qu'il avait commis en feignant à peine la culpabilité, Yeleen voyait l'envergure d'une famille qui se protégeait les intérêts de Henry. Mais alors qu'elle avança d'un pas, ne souhaitant que frapper du poing sur le dossier pour réveiller l'esprit de son oncle, pourtant si vif, elle fut raidit par la posture qu'il arborait soudainement devant elle, la porte close pour délivrer un poids qu'elle n'avait vu venir. Derrière chaque compliment glissé entre deux sarcasmes, derrière chaque regard inquiet lancé à la volée avec un mépris à peine caché pour d'autres, la Serdaigle vit le masque de complaisance de son oncle se fissurer sous ses yeux, par le ton las plus que l'ennuie, par son regard terne, plus que colérique et par des paroles qui lui glacèrent le sang.

Il était au courant. Il savait pour tout et avait la bouche, les mains et l'esprit confiné sans pouvoir s'en sortir. Elle ne put cacher ses tremblements, retombant sur la chaise devant lui par instinct, ces doigts s'enfonçant dans ces genoux. Son oncle, pour qui elle avait toujours éprouvé une admiration fermement caché derrière le lien de parenté abject qu'il avait avec son frère, ce même oncle était forcé à être aussi muette qu'elle.

Elle ouvrit plusieurs fois la bouche pour la refermer, lui qui demandait à ne pas être juger alors qu'elle était la dernière à oser être ainsi. Il n'avait nullement juger ou ne l'avait rabaissé comme tant d'autres membres de leur famille lorsqu'elle s'était présentée muette, impropre à un digne sang supposé pur et sans faille. Il l'avait accepté dans son service de recherche, et même s'il avait du être forcé par Henry, elle savait que son oncle ne l'avait pas juste considérer comme un simple cobaye.

Levant les yeux vers cette marque au main, elle observa les fines brulures, à peine visible à l'œil nu en temps normal mais qu'il avait accepté de dévoiler en levant certainement un sort de dissimulation. Pendant un moment, elle se demanda si, derrière le travail de forcené qu'il entreprenait chaque jour dans ce service, son oncle n'espérait pas trouver un moyen de contrer des sortilèges comme celui-ci.

Si des mots s'entrechoquaient dans sa gorge comme dans sa tête, Yeleen mit un petit temps à mettre de l'ordre dans ce qu'elle venait d'apprendre, au delà même de cette enquête rondement mené par l'ancien Auror. Thesus était bien celui qui les avait libérer la première fois, sans rien demander ni chercher une quelconque attention de sa part.

"Alors je le ferais."

S'il l'avait protégé en la considérant comme faire partie de sa famille, à l'époque, il était évident qu'elle n'allait pas le laisser affronter une nouvelle fois la situation seule. Si elle avait huit ans lorsqu'elle avait vu l'autorité influente des de Clare périr en même temps que l'entrée de Henry en prison, elle avait à présent quinze ans de plus pour pouvoir changer la donne. Elle ne le laissera

"Mais je veux m'assurer qu'il ne vous arrivera rien si j'en prend la responsabilité."

Le code des de Clare était bien plus complexe qu'on ne le pensait, il était inutile de penser qu'il suffisait de le donner, lui qui renfermer certainement d'autres secrets peut-être plus sombre qu'elle ne l'envisageait. L'influence constante que son père avait regagné depuis cinq ans, ne cessait d'accroitre et elle savait que le chemin jusqu'à son prochain jugement ne serait que corrompu. Il lui semblait évident qu'elle ne pourrait pas aller voir le père de Sean pour lui déballer le pire des crimes quand on savait le lien étroit que sa famille et celle des MacKintosh avaient. Pourtant, elle baissa son regard également, consciente de la manœuvre qui la pousserait à cacher des informations à Sean et à l'ensemble d'une famille qui l'accueillait encore les bras ouverts. Aurait-elle encore sa place si on savait ce qu'ils savaient? La gorge serré, elle plissa les lèvres alors qu'ils commençaient tout juste à entamer un nouveau chapitre de leur vie. Les gestes de son père entachaient Thesus comme sa propre existence et Yeleen leva les yeux, sans la moindre once de jugement. Elle avait noté un "votre", contrairement à toutes ses phrases où il ne s'adressait qu'à elle. Etait-ce un moyen de lui faire comprendre qu'elle pouvait entreprendre tout cela avec quelqu'un d'autre? Contacter Lucy qui lui avait remis ce dossier? Se confier à Sean à qui elle avait dit que les de Clare ne serait jamais une source d'ennuis alors qu'elle venait de changer de nom? Pouvait-elle en parler à @Ima Soninké en espérant que la trahison ait été effacé de son ardoise?

"Il n'a jamais été question de vous juger, vous avez tant fait." de toute son enfance à l'hôpital, il avait été le seul à lui faire changer les idées, assez pour oublier les effets secondaires de toute une vie chez les de Clare. Lui qui avait ces propres enfants, une vie professionnelle des plus brillante à ses yeux, il ne protégeait pas ces intérêts mais juste les siens. Elle était presque certaine que Henry pourrait s'en prendre à lui ou à ses enfants s'il le souhaitait, lui qui n'avait même pas hésiter à mettre deux autres vies en danger en s'en prenant à Eun-Ae. "Avec toutes nos conversations, vous me connaissiez assez pour savoir que je vous suivrais dans cette voie." Elle n'avait peut-être pas de baguette magique, ni même connaissance de ces capacités à l'époque, mais maintenant, elle pouvait se défendre et éventuellement protéger également son oncle.

"Quelles ont été les premiers effets secondaires lorsque vous avez essayé de vous en défaire?" signa-t-elle les épaules lourdes, accablée par le poids qu'elle voyait dans chaque brulure de son oncle. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il n'était pas resté sans rien faire depuis des années et qu'il avait forcément tenté de le contrer. Brillant chercheur, elle se demandait combien avait-il du encore supporter pour écouter constamment son frère sans pouvoir le dénoncer.

De marbre, je l’avais écouté parlé sans rajouter ou dire quoi que ce soit. Enfin, signer. Observant les gestes d’un air précis, j’essayais de me rappeler à quoi il correspondait. Heureusement, l’enchantement de traduction palliait les éléments que je n’arrivais pas à comprendre. Le plus dur quand on n’avait plus sa voix, c’était de transmettre ses émotions. Même si je n’excellais absolument pas en la matière, je savais que la voix jouait un rôle la dedans. Et c’était pour cela que j’avais insisté auprès d’elle pour qu’elle subisse les protocoles.
La famille De Clare détruisait déjà les âmes… Alors si les échos de cette dernière ne pouvait plus sortir par la voix… C’était d’un triste… Le visage toujours de marbre, j’amenais ma main au niveau de ma tempe, et un léger sourire passa sur mes lèvres au moment où elle s’inquiéta pour moi.

« Allons Yeleen, tu peux dormir tranquille. Il ne m’arrivera rien. Même si Henry est puissant et influent, je reste quand même son frère. Il lui reste assez d’humanité, et il aime encore assez son sang si précieux pour ne pas oser me toucher. »

Mes yeux se firent plus brûlant. Car je savais qu’en revanche, si quelqu’un comme Yeleen lui mettait des bâtons dans les roues, fille ou pas fille, il n’hésiterait pas. J’avais répondu cela pour la consoler, mais dans les faits, je devais ma survie uniquement parce que j’étais son frère et que j’avais encore surtout une influence au sein des décisions familiales. Surtout depuis son passage à Azkaban, j’avais resserré mon emprise sur cette dernière.

« Le coeur te serre et commence à ralentir à chaque fois que tu t’apprêtes à briser ton Serment. »

J’avais croisé les jambes et je n’avais pas bougé le visage. Je disais cela sur le ton de la conversation. Ca ne m’effrayait pas. Parce que je n’avais jamais eu peur de mon frère. Sans un mot de plus, je contemplais le visage de Yeleen, cherchant mes mots avec soin. Je refermais le dossier et je le fis glisser devant elle.

« Si tu veux t’engager là dedans, et aller jusqu’au bout, il va falloir que tu suives quelques règles élémentaires. »

Je ne pouvais rien contre Henry De Clare, mais techniquement, je pouvais former et donner des conseils sur n’importe qui qui voulait le nuire. Avec un léger sourire, peut être un des premiers vrais sourire que je lui adressais, je pris une inspiration et je déclarai d’un ton calme.

« Déjà, il ne faut pas que tu fasses cavalier seul dans cette histoire. Entoure toi de personne intelligentes, et dignes de confiance. Je suis sûr que tu as tout ce qu’il te faut dans ton entourage. »

Un léger regard rieur passa dans mes yeux. Evidemment je parlais de toute la tribu Clearwater. Marquant une pause, je joignis les mains devant moi et je continuais d’une voix calme et posée.

« Ensuite, il faut que tu prennes conscience qu’il s’agit de quelqu’un de dangereux. Qui, s’il l’apprend n’hésitera pas à se retourner contre toi et à utiliser tous les moyens pour te nuire. Il ne s’arrêtera pas à des choses aussi simples et évidentes que te tuer, ou t’emprisonner. Il est bien plus pervers que cela. Si tu t’engages là dedans, tu mets en danger ceux qui te sont chers. Je pense que je n’ai pas besoin de te faire un schéma pour que tu comprennes. »

Elle voyait très de qui je voulais parler et ce qu’il pouvait se passer. Pas besoin d’avoir fait 5 MULOTS pour comprendre mes propos. Henry de Clare était assez fou pour s’en prendre à un membre du Clan Clearwater si le coeur lui en disait. Surtout qu’il était plus méchant lorsqu’il était touché à l’égo, comme ils s’apprêtaient à le faire.

« Tu peux aussi renoncer, et brûler ça. Je peux même le faire à ta place si tu le désires. Ca serait très compréhensif si tu faisais ce choix. »

J’avais alors sorti ma baguette. Peut être qu’il était temps de laisser la jeunesse De Clare vivre leur vie et d’arrêter de les entraîner de génération en génération dans les conspirations de famille...

Il n'avait jamais été possible de dormir l'esprit serein lorsqu'elle était une de Clare, la délivrance par l'émancipation qu'elle avait demandé l'avait conforté dans ces nuits plus sereines, sans potion. Mais avec ce dossier qu'elle avait eu en main, elle avait l'impression de replonger la tête en première dans un engrenage dont elle venait à peine d'en sortir.

Alors comment ne pas s'inquiéter pour un oncle qui avait déjà tant pris sur lui jusque là pour lui assurer un espace de sécurité en ces lieux comme à chaque fois qu'elle y séjournait? Elle lâcha un soupire silencieux, croyant à peine à ces paroles. Elle avait été sa fille et il ne l'avait pas épargné. Il était son frère et il avait eu l'idée malfaisante de lui faire faire un serment inviolable alors qu'en était-il des autres membres de la famille, comment les tenait-il tous enchainé ainsi? Elle n'était pas sotte, elle savait qu'Henry lui tomberait dessus d'une manière ou d'une autre et c'était justement cette chute qu'elle lui éviterait quoi qu'il arrive. Levant les yeux vers Thesus, elle observa un instant ces traits tirés par la fatigue ou le simple fait d'évoquer un personnage qu'ils avaient toujours évité de ramener dans leur conversation jusque là. C'était la première fois que son oncle et elle-même parlait d'un père, celui qu'il n'avait jamais été. Elle serra ses mains dans ces bras, comme si le froid commençait doucement à l'atteindre, le froid du domaine des de Clare dans cette ile solitaire dont certains recoins lui donnaient encore aujourd'hui la chair de poule. Ce cœur qui ralentissait et qui se serrait, elle aurait presque pu le sentir à cette distance alors qu'il l'évoquait.

Et lorsqu'il parla de conséquences et des personnes proches qui pourraient être impliqués par l'aide apportée mais également parce que des menaces pouvaient aussi retombées sur eux, Yeleen fronça les sourcils en regardant par la fenêtre, comme si elle cherchait par là une solution de sortie. Non sans écouter et s'abreuver de tous les conseils de son oncle, il était évident qu'elle n'irait mettre personne en danger, que c'était bien là sa dernière volonté. En parler à Sean serait le mettre en danger et bien qu'elle ne le voulait pas, elle était à présent lié à lui. Pour le meilleur et pour le pire, elle lui avait demandé de pouvoir lui faire confiance et en faire de même dorénavant et il lui semblait ainsi évident que le Clearwater devrait être au courant.

Le plus dangereux restait à voir si on l'assimilerait encore à ce nom et aux actes de son père. Les Clearwater et les MacKintosh avaient une alliance depuis des générations et rien qu'à cette allusion, elle ne sut quoi faire dans l'immédiat. En parler, se confier au risque d'être chassée comme Henry ou tenter de le faire elle-même repartir à Azkaban avec les moyens du bord en prenant le risque qu'il soit de nouveau libéré, dix ans plus tard.

Ne pas faire cavalier seul. Faire confiance aux Clearwater comme eux, lui faisait confiance pour assurer le bonheur de Sean. C'était une confiance mutuelle et partagée, l'évidence pure qui les liait. Mais soudainement, elle pensa pire. Sean ne serait pas le seul visé mais @Iris Faux-Orpin également. Non, elle ne pouvait pas se permettre de cacher ce dossier à Iris, c'était un point sur lequel elle devait l'avertir, pour ne pas réitérer ces erreurs. Elle ignorait la puissance réelle que l'héritière des Sô mais il ne faisait nul doute que Henry n'hésiterait nullement à aller la rencontrer en personne et c'était une possibilité qu'elle ne pouvait écarter.

Déglutissant, elle tourna de nouveau son attention vers son oncle qui s'était déjà saisi de sa baguette pour lui offrir une seconde sortie : la fuite. Son regard tomba alors sur le dossier dont elle s'empara sans le moindre doute. Non, c'était bien en l'absence de preuve aussi tangible que celle-ci que Henry avait purgé une peine ridicule. Son influence et ses abus de confiance ne devaient plus rester impunis, surtout quand elle voyait les brulures sur les mains de Thesus.

"Des personnes de confiance à avertir."

Elle avait saisi, c'était le principal point sur lequel elle devait être certaine. Si elle n'avait nulle doute sur Sean, elle savait qu'elle avait sabordé la confiance qu'elles avaient construite avec Nyéléni et que même @Jameson Clearwater ferait le lien si la position d'Iris était compromise durablement. Même le président du Magenmagot ne pourra plus rien réhabiliter. Love Dunn, ancienne de Clare, en serait même taché et Yeleen sentait aussi que Henry pouvait exerser une pression bien différente sur sa sœur, ce qui la fit frissonner.

"Qu'en sera-t-il de tante Love? Qu'en sera-t-il de vos enfants?"

Le Serment Inviolable stipulait seulement que Thesus ne pouvait pas vendre son frère et y'avait-il cette nuance qu'il n'avait pas précisé et qui concernait également la défense et l'attaque de sa propre famille? Son oncle avait parlé d'aimer son sang mais n'aurait-ce pas simplement été par obligation comme pour un pacte de sang, hautement probable dans le cercle des de Clare? Si elle n'avait que peu connu la petite Meredith, elle connaissait bien assez Klass pour savoir qu'il n'en serait pas épargné non plus.

Je continuais de l’observer sans un seul mot. Quand elle se mit à demander ce qu’il en serait de moi, de Love et des enfants, j’écarquillais les yeux d’une légère surprise. A quel moment ça avait manqué pour Henry ? Yeleen était son exact opposé. Pourtant… S’il avait bien réfléchi et s’il avait fait cela correctement, il aurait pu en faire une fille à son image… Mais non. Et c’était là qu’Henry s’était toujours trompé et c’était là, où je l’avais toujours surpassé.
Henry De Clare ne comprenait pas la notion d’Héritage.
Notre héritage, était en face de moi. Il n’était pas sur une île au milieu de la Manche. Il n’était pas dans plusieurs coffres forts de Gringotts. Non. Il était… juste en face de moi. Et cet imbécile n’y avait jamais rien vu… Quel stupidité.

« Ne t’en fais pas pour eux, j’ai pensé à tout. Et Love ne craint rien. Dois-je te rappeler qui est son mari ? »

Je lui fis un léger sourire en coin. S’il y avait bien une personne qui ne craignait rien dans la famille De Claire, c’était bien Love. Observant Yeleen dans les yeux, je cherchais un moyen de l’avertir, de l’informer, sans outre-passer le Serment que j’avais fait il y a longtemps. C’était un serment qui me faisait jurait allégeance à Henry. C’était… complexe de passer outre. Mais, la première fois, j’avais eu assez de ressource pour y arriver.

« Je ne sais pas par où tu vas commencer, mais écoute bien mes conseils. D’abord, ne te précipite pas. Si tu fonces trop rapidement contre ton père, il te surprendra et tu seras en danger. »

Mon rythme cardiaque commença un peu à ralentir. Je fermais les yeux et je fis une grimace. Il fallait que je trouve un moyen de contourner ce problème, comme la dernière fois.

« Ensuite… Entoure toi d’alliés, et d’alliés puissants. Ce dossier n’est pas tombé dans tes mains par hasard. Les personnes qui l’ont monté, touchés ou exploités sont avec toi, sinon ce dernier serait déjà dans les mains d’Henry. »

Je fermais les yeux. Ce n’était pas vraiment le trahir ce que j’étais en train de faire. Je guidais juste ma nièce vers les clefs de la réussite. J’étais cependant un peu blême. D’un geste lent, je sortie de mon bureau une fiole d’un vert éclatant et j’en buvais la moitié dans une grimace. Aussitôt les couleurs de mes joues revinrent un peu.

« Et ne prends aucune décision sans être certaine des conséquences. Pour le reste, je n’ai rien à t’apprendre. Tu as beau avoir changer de nom, tu restes une De Clare et on t’a transmit notre vivacité d’esprit… Quand je pense que… Quand je pense qu’Henry avait tout pour agrandir l’Empire De Clare et le maintenir à flot… Mais non… Son avarice a encore eu raison de lui. »

D’un geste lent, je désignais Yeleen en face de moi. Ca aurait pu être autrement. Ca aurait pu être complètement différent. Nous aurions pu avoir une femme brillante, intelligente, sensée et juste à la tête de la famille. Comme les De Clare d’autrefois… Mais les idiots ne savent jamais lire entre les lignes…

« Et il n’a jamais compris que la Conquête se faisait par le coeur et non par la force. »

Je soupirai en baissant les yeux. Même si c’était un monstre, j’avais toujours espoir de sauver mon frère de sa folie… Ca restait tout de même la famille et… Je ne voulais que le bien de cette dernière.

Elle ne put s'empêcher de sursauter au moment où elle vit son regard brillant sur elle, comme lorsqu'ils se retrouvaient pour parler de théories magiques ou de philosophie lorsqu'elle était plus jeune, bien qu'elle ait souvent mis cet état sous le compte de la nuit entamée ou de la fatigue de la journée. Mais en réalité, elle avait toujours admiré la force inhérente de Thesus sans jamais le lui avouer. Il avait une culture et des principes bien à lui, permettant des débats aussi enrichissant qu'éternels et elle savait que si elle s'était bâti comme elle était aujourd'hui, elle lui devait une grande partie. Parce qu'il était probablement le seul, avec Charlotte ex de Clare, à lui avoir apprit à se relever à chaque fois qu'elle tombait, sans émettre le moindre jugement ni la rabaisser davantage.

Mais alors qu'il commençait à se lancer dans des explications plus concises, elle nota ces gestes lents, cette potion qu'il avala d'une traite sans tressaillir alors qu'elle savait qu'il frôlait les limites du Serment qu'il avait prêté. Cette allégeance finirait par le rompre et elle espérait que quelqu'un puisse l'en défaire le jour où Henry serait envoyé en prison, elle ne souhaitait que Thesus pâtisse de cette charge encore et encore. Car si elle s'inquiétait pour ses enfants, il allait de soi qu'elle s'inquiétait pour lui, même si elle ne le disait ouvertement, ni ne le faisait savoir. Si tante Love et Apolline ne couraient aucun risque, elle savait ainsi qu'Adair Dunn serait toujours là pour protéger ce pan de la famille. Aussi, il ne lui restait qu'à prendre soin de son Clearwater et de Nyéléni.

Alors que les gestes de son oncle trahissait la fatigue d'un coeur oppressé, Yeleen se leva en allant chercher un verre d'eau un peu plus loin dans le bureau, le servant pour qu'il puisse rester hydrater malgré des potions. Elle semblait en avoir assez apprise pour un premier temps, loin de vouloir le fatiguer davantage pour en savoir plus sur ces prochains mouvements. Si Thesus lui disait qu'elle pouvait faire confiance à @Braxton Clearwater, elle n'était soudainement pas certaine de faire l'unanimité. Si Lucy l'avait aidé à cacher ce dossier des yeux du père à Sean, c'était peut-être pour lui éviter d'être tout autant jugé. Mais @Braxton Clearwater incarnait la figure paternelle la plus vindicative qu'il soit, autant parce qu'il était brisé mais surtout parce qu'il n'avait pas de limite. Le professeur Jameson Clearwater avait été le premier à prendre sa défense dès le début de l'été dernier alors Yeleen savait qu'elle pouvait lui expliquer l'étendue de l'influence d'Henry de Clare également. Et peut-être qu'elle pourrait même demander à Jameson en premier lieu de faire sauter ce Serment pour ne plus entraver Thesus dans ces pensées ni dans ces mouvements.

Elle hocha la tête silencieusement, déjà peu habituée à parler et à s'épancher facilement. Mais elle sentait que son oncle avait besoin d'un environnement sain, tout comme ce bureau l'avait toujours été pour lui.

"Toutes les décisions qu'on prendra seront également prise avec vous. Je ne ferais pas que vous tenir au courant, dans la mesure du possible, tant que vous ne courrez pas un danger si vous connaissez le plan d'attaque, vous saurez tout et en avance. "

Elle indiqua le dossier d'un simple coup d'oeil.

"Ce dossier a été volé dans une planque de Braxton Clearwater. Au vu des griefs de nos deux familles, si les Clearwater s'en prennent à mon père ou à d'autres membres de la famille liée à ce meurtre, je m'assurerais que vous soyez mis hors de cause."

C'était une confiance qu'elle lui accordait depuis qu'elle avait prononcé son premier mot dans ce bureau, les potions lui arrachant la gorge et les poumons mais où Thesus lui avait donné le pouvoir de lever sa propre voix dans son propre chemin. Elle eut un léger sourire avant de baisser le menton, tandis qu'il la considérait encore comme sa nièce, même si le sang qui coulait dans leur veine était presque le même, alors qu'elle avait provoqué le courroux de l'héritière des Sô quelques mois auparavant. Au fond, elle ne se sentait ni une de Clare, ni une Sô, elle avait apprit à être juste Yeleen, à broder autour des liens qui se tissaient avec le temps et l'affection qu'elle portait à ses amis.

"Les liens du coeur sont ce qu'il y a de plus sacré."

Et lorsqu'ils se mêlaient au sang comme avec Nyéléni ou Thesus, ils prenaient une dimension qui faisait sa différence. Tournant alors sa bague entre ses doigts, elle pensa à Sean, trouvant ainsi le courage des Gryffondors pour lui annoncer qu'un jour, le nom de jeune fille qu'elle portait sera oublié à jamais.

"Je ..." elle commença à signer avant de se stopper, sans trop savoir si une bonne nouvelle pour elle, pouvait alléger le coeur de son oncle. "Sean."

Il n'y avait pas d'autres mots. Un regard brillant, un coeur chancelant pouvait suffire à lui faire comprendre que sa vie avait prit un tournant depuis le jour où elle l'avait rencontré à Poudlard. Elle finit par tourner la bague pour lui montrer cette pierre aux doux reflets du ciel des Hébrides. Le courage qui insuffla ses veines se transforma en conviction, le sourire en coin se transformant en la certitude de rétablir une justice nécessaire.

"On se protègera tous de Henry. Soyez assuré que je ferais le possible pour le renvoyer définitivement de là où il en est sorti. La Famille de Clare se portera mieux avec vous."

Je restais un très long moment sans bouger à l’observer signer. Mes yeux commencèrent à traduire, mais je suivais également l’enchantement de traduction que j’avais mis en place. Les mains jointes devant mon visage, appuyé dans mon fauteuil, tout au fond, je me contentais de regarder Yeleen sans rien dire ni ajouter. Elle était tellement mature et brillante pour son âge. Cet imbécile d’Henry avait créé son propre ennemi. Le plus terrible d’entre tous… Je me mis alors à éclater de rire. Tellement la situation était… ironique.

« Excuse moi. J’étais juste en train de penser que ton père, dans sa crainte de chercher la personne qui allait le faire tomber, ne s’était pas rendu compte que c’était lui qui l’avait construit de toute pièce. Nous créons nos propres démons... »

Mon rire se transforma en un rictus mauvais et confiant. Ma tête se pencha légèrement sur le côté et je me mis à réfléchir comme à mon habitude, à toute vitesse. Mes yeux passèrent sur Yeleen, puis sur la porte car malgré tous les enchantements mis en place, la crainte que son père soit mis au courant était toujours bien présente.

« Tu ne devrais pas me faire partager tout ça. Moins j’en sais, mieux cela vaudra pour toi... »

Comment lui expliquer. Même si le Serment ne m’obligeait pas à dire la vérité et tout ce que je savais à Henry, il pouvait s’en servir à n’importe quel moment pour me menacer ou me soumettre à sa volonté. Et puis, moins on était nombreux à en savoir, plus le risque que cela s’ébruite était faible.

« Il vaut mieux t’entourer uniquement de gens vraiment digne de confiance et très loin de l’influence d’Henry. Je ne suis pas sûr que la famille De Clare se porte mieux avec moi, mais ce n’est pas encore le sujet. Le Roi porte encore sa couronne... »

J’avais volontairement oublié de lui répondre quand elle m’avait parlé de Sean. Je savais qui s’était pour elle, car même si cela ne se voyait pas je restais toujours derrière pour la protéger et m’intéresser à sa vie. Seulement… Les liaisons de ce genre et l’amour de manière générale m’avait toujours échappé. J’en avais beaucoup souffert et même si j’essayais aujourd’hui de combler ce vide et de comprendre cet étrange mystère qu’il était pour moi, je ne me voyais pas de lui prodiguer un conseil ou même… d’en parler.

« Est-ce que tu as un plan ? » dis-je abruptement.

Car avec cet histoire « d’amour » on s’éloignait un peu du sujet principal. Il leur fallait des moyens, j’allais leur fournir. Mais je ne pouvais pas établir le plan à leur place. Je ne pouvais que les guider vers leur ultime but. Si seulement j’avais au moins pu leur donner le nom de l’Enchanteur qui avait apposé le Serment. On aurait pu l’éliminer et j’aurai été libéré de son emprise. Oui. J’étais prêt à tuer pour me sortir de cette situation et affronter mon frère.

« Vous protégez, ça je peux le faire. Mais je ne pourrai pas participer à ça. Et comme je te l’ai dit, je dois en savoir le moins possible. En revanche je peux évaluer si un plan est correct et valable… Ou guider vers d’éventuels pistes… »

Un sourire malicieux passa sur mon visage. Avec lenteur j’ouvris dans mon bureau un tiroir en passant ma main devant et en marmonnant dans une langue étrange. Avec lenteur, je pris une vieille clef en Argent Gobelin, pur et de manufacture ancienne, sur laquelle on pouvait y lire « Grimm&Gotts », l’ancien nom de la Banque Gringotts.

« Prends ça. Avec ceci. »

Dans un geste rapide, je pris du papier à lettre de Ste Mangouste et griffonnait un mot. Sortant ma chevalière aux armoiries du Cadet des De Clare, l’apposait mon seau sur la lettre et je la tendis à Yeleen.

« Tu y trouveras tout l’or nécessaire pour ta quête. Oh, et ne me regarde pas comme ça. C’est aussi le tiens, et crois moi contrairement aux rumeurs, il n’a pas été acquis uniquement que par le Sang et les Larmes d’autres sorciers. »

La légende voulait que notre fortune de conquérant transpire encore du sang et des larmes des adversaires conquis et soumis. Balivernes.

L'éclat de rire lui fit écarquiller légèrement les yeux avant d'elle-même regarder la porte du coin des yeux, par principe. Ce Serment Inviolable était une énigme, si elle en connaissait la théorie, elle ignorait si son père aurait pu y verser d'autres maléfices pour avoir des yeux et des oreilles sur tous ce qui pouvait se passer rien qu'à partir du moment où son nom pouvait être évoquer. Si Henry avait son démon pendant des années, avait-elle le pouvoir d'être le sien à présent? Elle n'y arriverait pas dans cette aide précieuse qu'il lui offrait, en plus de celle qu'elle allait devoir demander pour bénéficier de toute l'expertise des Clearwater.

Mais alors qu'il lui demandait de ne pas tout lui confier, elle ne put que hocher la tête, ne connaissant nullement les tenants et les aboutissants d'un tel charme qui le liait avec Henry. Mais le témoin qui les avait lié pouvait forcément être retrouvé, c'était une piste qu'elle ne pouvait négliger en temps voulu. C'était probablement le dernier mouvement à pouvoir faire afin de ne pas alerter Henry de ce qui l'attendait au tournant. Thesus avait doublement raison, chaque geste allait devoir être préparer avec minutie. Et ce plan là, elle n'en avait clairement pas, là dans l'immédiat. Alors que son oncle passait outre sa bague, comme à chaque fois qu'ils parlaient d'affecte, elle se permit de réfléchir alors qu'il lui signait un parchemin à l'effigie de la banque des sorciers, lui donnant la permission de prendre un argent qui appartenait au de Clare.

"Non, j'ai ce qu'il faut."

Cachant ses mains sous la table, elle baissa le menton en refusant catégoriquement cet argent, malgré toute la bonne volonté de son oncle à vouloir l'aider. Peu de personnes savaient que Charlotte ex de Clare née Andersen, avait réparti la sommes astronomique qu'elle avait reçu du divorce aux deux enfants d'Henry, en contre partie comme un dédommagement qui ne leur rendra jamais leur famille volée. Yeleen n'avait jamais touchée à cet argent en banque, aussi sale qu'elle ne le pensait. Pendant un temps, elle avait pensé à prendre un appartement près de chez Nyéléni l'été dernier, avec la volonté d'offrir également à Sean un havre de paix tandis que les rapports avec son père était au plus délicat. Mais tout avait changé en si peu de temps et l'argent était resté dans son coffre. Avoir Henry avec son propre héritage avait une dimension ironique qu'elle put saisir sur le visage de son oncle avant de froncer les sourcils.

"Est-ce qu'on peut suivre les transactions bancaires d'Henry?"

Le sang, les larmes, Henry n'était pas fait que d'influence mais si elle devait se mettre dans la peau d'un détective, elle pourrait probablement commencer à suivre ces mouvements, remonter à plus de deux ans pour savoir comment le relier à ce moldu ou autre individu qui a percuté la voiture des MacKintosh. Si seulement elle avait encore des nouvelles de ce détective qui avait su retrouvé Nyéléni, elle aurait eu plus de facilité, il fallait avouer que la disparition de ce dernier était énigmatique.

Prenant le parchemin de son oncle, elle jeta un coup d'œil à la signature de la bague. A s'y méprendre, il avait; à quelques détails près, la même que celle de son père. Avec un sortilège habille, il était possible de la transformer en celle de Henry au besoin. Levant les yeux vers lui, elle hocha la tête en faisant glisser le parchemin dans le dossier entre eux. C'était certainement une lettrer qu'elle devrait garder et ressortir au besoin.

Grimm&Gotts ... il lui faudrait Michel-Ange. Elle ignorait encore comment, mais son nom pouvait éventuellement lui garantir un accès ou une ouverture s'il lui en offrait une, qu'importe comment. Seulement impliquer autant de monde pour une cause où elle était concernée, lui était difficile à imaginer. Elle devait pourtant au moins rendre justice à @Artémisia MacKintosh.

"Henry a toujours eu différents coffres ..." lui qui en avait déjà dans le domaine, il estimait pourtant que la protection que les gobelins offraient était toujours mieux. Il y avait forcément un coffre fait de sang et de larmes, un coffre protégé des yeux du Ministère et cachés au delà des procès médiatiques qui l'avaient conduit à un court séjour à Azkaban. "Mais il y en a qu'un seul qui contiendrait certainement plus de preuves de sa culpabilité ... "

Levant les yeux vers son oncle avec des suppositions, elle passa sa main dans ces cheveux avant de se pencher, les coudes heurtant ses genoux. Elle ne pourrait définitivement pas faire tout cela seule, cette perspective était effrayante. Elle n'avait pas le courage des Gryffondors, elle avait toujours été celle qui épaulait les autres et qui les conseillait, du mieux qu'elle pouvait.

"Je ne sais pas encore comment ni qui contacter mais je sais que je n'avertirais pas tout de suite à @Keir MacKintosh."

Mon regard se porta sur Yeleen lorsqu’elle baissa les yeux. Sans un mot, je restais derrière mon bureau dans une attitude toujours aussi calme. Mon teint était toujours aussi blême et je savais ce qu’allait me coûter cette discussion. Certainement plusieurs jours de repos. Car, si je ne bougeais pas de mon bureau, c’était pour la simple et bonne raison que je ne pouvais plus. Le Serment Inviolable avait tendance à me vider mon énergie, dés que la trahison envers mon frère se faisait trop évidente.

« Sage décision, concernant MacKintosh. »

J’avais fermé les yeux et hoché légèrement la tête. Pour la question des coffres, je fis une petite grimace, il fallait vraiment que je lui réponde. Mais… Si je le faisais, là, je risquais tout simplement de mourir. Je soufflais légèrement, marquant une petite pause. Je dissimulais parfaitement bien ma douleur, et c’était pour ça qu’elle continuait. Si elle avait su que je commençais à souffrir, elle aurait arrêter. Mais il fallait que l’on termine cette discussion.

« Notre famille est une des plus vieilles familles de Sorciers. Il en va de même pour ceux qui ont leur nom sur cette clef. Il se pourrait que certains secrets soient connus encore dans cette dernière. Vieux coffres, vieilles familles, vieux secrets. Et comme dit le proverbe Français… Les vieux amis et les vieux écus sont les meilleurs. »

Je lui fis un léger clin d’oeil. La douleur envahit l’intégralité de mon corps, et cette fois-ci, ma tête pencha sur le côté et je m’étalais légèrement vers l’avant. D’un geste, j’ordonnais Yeleen de surtout, rester à sa place. Et d’un autre, je me redressais et me reservit une dose de potion revigorante.

« Tu… tu dois prendre le temps… Et surtout. »

Ma main s’avança vers la sienne, cette fois-ci c’était moi qui faisait un geste affectif. C’était rare. C’était peut être même la première fois que je le faisais. L’observant dans les yeux, du même regard que je partageais génétiquement avec elle, je déclarai d’une voix douce, mais ferme.

« Si tu ne le sens pas, ne le fais pas. Tu n’es pas responsable de ce que fait ton père, et… tu... »

Je serrai les dents. La douleur s’intensifia, parce que je savais que j’étais à deux doigts de le trahir et l’enchantement le ressenti. Mon visage était plus blanc que blanc. Je serrai la main de Yeleen.

« Vie plutôt ta vie, tu as le courage que je n’ai jamais eu en quittant cette f... »

Ma main desserra celle de Yeleen et mes yeux se firent un peu flou, comme si j’allais m’évanouir. Brusquement, je lâchais sa main et je me levais droit comme un I. Blême.

« Je crois qu’il est temps d’y aller. Nous n’avons plus rien à nous dire, Madame Sô. »

J’avais les larmes aux yeux. D’un coup de baguette, je levais tous les enchantements de mon bureau. Henry m’avait pris plus que je ne l’aurai jamais imaginé ce jour là. Je ne pouvais même pas avoir de relation normal avec ceux qui m’étaient proche. C’était ça, le plus gros et dangereux pouvoir d’Henry De Clare.
L’influence.