Start over — ft. Xris Andērson

Xris & Siobhán
Never-Utopia

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9 janvier 2023.

Un regard vide, le menton posé nonchalamment sur sa main. Tout dans l’attitude de la jeune rouquine du premier rang portait à croire qu’elle n’avait saisi au vol aucun mot prononcé par le professeur qui les surveillait pendant cette journée d'étude. C’était pourtant la rentrée ; son esprit avait eu tout le loisir de se reposer pendant les vacances de Noël. Sa concentration aurait du être au rendez-vous, ne manquant jamais ce genre de moments importants, toujours présente lorsqu’il s’agissait de réviser et de travailler. Au lieu de ça, sa tête, capricieuse, avait préféré lui repasser en boucle le film du bal de Yule de l’autre côté de ses yeux — ou en tout cas, tout ce qui s’était passé une fois que les portes avaient été franchies dans le sens de la sortie.

Siobhán avait donc fait peu de cas des devoirs qu'elle devait effectuer ce jour-là, trop occupée à réfléchir à ce qu’elle était, à ce qu’elle devrait être, à ce qu’elle aurait dû être. À la rencontre qu’elle avait fait, ce soir-là, et qui avait laissé des traces indélébiles, même si elle n’en était pas encore tout à fait consciente.

Cette fois-ci, elle n’avait pas plongé sa tête dans les livres jusqu'à ne plus respirer et s’était contentée de se mouvoir quand c’était nécessaire, de gribouiller quelques notes par-ci par-là ; en somme, le strict minimum, elle qui visait habituellement l’excellence, à chaque instant. Ce fut seulement lorsque la session fut finie qu’elle avait pu revenir à elle, tirée de force de sa rêverie, consciente qu’elle ne pouvait pas décemment continuer à se perdre dans ses pensées quand elle se devait d’étudier.

Alors qu’elle avait rangé méticuleusement ses affaires, la vélane avait aperçu @Xris Andērson faire de même de l’autre côté de la salle. Lui aussi, avait été un protagoniste dans sa soirée du 21 décembre — seulement de manière plus brève au vu de la rapidité avec laquelle leur discussion avait pris fin.

Siobhán avait complètement oublié que son don n’avait pas fonctionné sur lui, ce soir-là, et qu’un tas de questions restait en suspens pour comprendre les raisons de cette insensibilité à ce qu’elle était. Mais sans doute avait-il d’autres chats à fouetter. C’était en tout cas l’excuse qu’elle avait cette fois-ci choisie pour ne pas aller l’aborder.

D’un geste vif, elle prit ses affaires et, une fois dans le couloir, prit la direction du prochain cours auquel son corps allait se rendre... sans son esprit.

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ANAPHORE

Xris & Siobhán
Never-Utopia

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9 janvier 2023. ft @Siobhán Gavalagh-Korrigan

Les discussions qui prenaient place au milieu de la salle de cours exerçaient comme un brouillard sonore.
Les cours de potions étaient relativement importants dans le cursus des sorciers, peu importe leur Maison et leurs aspirations.
Alors pourquoi certains prenaient-ils cela à la légère ?
Une autre matière de plus qui leur permettrait probablement d’échanger rumeurs et ragots, à la place de s’instruire et d’apprendre quelque chose d’utile.

Xris soupira légèrement, passant une main dans ses cheveux.
Les vacances de Noël n’avaient pas la même signification pour tout le monde.
Le Serpentard se doutait que bon nombre d’étudiants présents dans cette salle avaient profité de leur famille, assis autour d’un buffet copieux et fait avec amour par le Chef désigné de la famille.
Ce n’avait pas été son cas.
Son chaudron bouillonna, le sortant quelques instants de ses pensées.

Le Serpentard avait toujours été un excellent élève.
Mais depuis le soir du Bal, le jeune homme luttait pour reprendre pied.
Et pour la première fois, les études ne semblaient pas être d’une grande aide.
Avant qu’il ne le réalise, le cours avait pris fin.
La classe était déserte. Son cerveau, plein de brouillard.

Le grand blond se leva. Rajusta, pour la dixième fois depuis le début de l’heure, sa manche, recouvrant un épais bandage.
Nul besoin que cela se voit.
Il prétendrait un entrainement de Quidditch qui avait mal tourné.
Ou une bagarre amicale avec ses frères qui avait dérapé.

Xris se leva enfin de sa chaise, prenant le temps de finir de ranger ses affaires.
Il se dirigea enfin vers la porte de la Salle de Cours, un élève avait oublié son livre sur la table.
Le Vert et Argent s’en saisit et feuilletat les premières pages pour le remettre à son propriétaire qui devait encore se trouver un peu plus loin dans le couloir.
Une écriture fine et distinguée.

Siobhan G.K.

Le jeune homme releva le nez, apercevant au loin encore quelques élèves.
Et derrière eux, Siobhan.
Il la rattrapa facilement, et posa sa main sur son avant-bras.

- Tiens. Tu as oublié ça…

Son pas était décidé, sa démarche rapide, comme si chaque foulée était un moyen de fuir l'une de ses pensées. Puis une autre. Jusqu'à se débarrasser de chacune d'elle, pour un temps limité. À croire qu'elles aussi avaient de petites jambes, pour retrouver leur chemin jusqu'aux âmes bouleversées. Une maigre tentative de concentration qui ne lui permit même pas de réaliser qu'un de ses manuels était resté sur son bureau, avec, probablement, une partie de son cerveau. Alors qu'elle avait tout juste entamé son chemin, Siobhán sentit une pression sur son bras, qui la fit sursauter et momentanément stopper son trajet. Toutes les images qui défilaient dans sa tête venaient de disparaître dans un écran de fumée au moment où elle s'était retournée.

Xris Andērson lui rapportait simplement le livre qu'elle avait bêtement oublié.

« Oh... Salut Xris, merci. », souffla-t-elle en tendant la main pour le récupérer.

L'interruption nette de son fil de réflexions l'avait très clairement perturbée, mais sûrement pas autant que de découvrir la personne qui en était à l'origine. Quelques minutes avant à peine, la Serpentard s'était dit que la journée était mal choisie pour l'interroger. Voici que le destin semblait en décider autrement, alors qu'elle n'avait même pas encore décidé par où elle allait bien pouvoir commencer pour essayer de comprendre ce qu'il s'était passé.

« J'allais en cours mais... On peut y aller ensemble, si tu veux ? », lui demanda-t-elle, en tournant le visage pour indiquer la direction qu'elle empruntait.

Avec un peu de chance, il se rendrait au même endroit qu'elle. Autant commencer par là.

« On n'a pas rediscuté depuis le bal, mais... Tu as passé une bonne soirée ? Je suis partie quand les Dunn sont arrivés, après notre discussion. », s'enquit-elle en serrant son livre contre elle, au niveau de sa poitrine.

Ce n'était pas la vraie raison de son départ et il fallait ajouter quelques guillemets au mot "discussion" tant celle-ci fut courte, mais là n'était pas le débat.

L'idiotie de sa propre question la fit râler intérieurement. Pourquoi fallait-il que, pour dissimuler ses émotions, elle s’embarrasse toujours de mots trop nombreux ou d'interrogations trop naïvement posées ? Lorsqu'elle avait quitté la Grande Salle, au soir du 21 décembre, elle l'avait croisé en bonne compagnie. Bien sûr qu'il avait passé une bonne soirée. Mais il fallait bien commencer quelque part pour arriver là où elle voulait aller.

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ANAPHORE

Xris & Siobhán
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9 janvier 2023. ft @Siobhán Gavalagh-Korrigan

Leurs pas résonnaient désormais dans le couloir de plus en plus faiblement.
Presque arrêtés, Xris laissa Siobhán se saisir de son ouvrage, avant de renfoncer les mains dans ses poches.
Lorsqu’elle le remercia de lui avoir ramené son manuel, le jeune homme sourit légèrement et hocha la tête.
Il se cala sur son rythme, avançant les mains toujours dans les poches vers ce qui semblait être sa prochaine destination.

- Si tu veux oui…

Il se rappela alors, aux paroles de la jeune femme, la soirée du Bal.
Celle qu’il avait tenté d’effacer de sa mémoire pendant plusieurs semaines.
Il se rappela les belles robes, ondulant au rythme des danses. De la musique. Des étudiants présents.
Il se rappela également y avoir rencontré Siobhán.
Cependant, son attitude envers elle lui échappait complètement. Et il ne se rendit pas compte à quel point il avait pu, potentielle, vexer la jeune femme, en la laissant seule au Bar.
Xris était, sur ce point, souvent loin de la réalité sociale dans laquelle pouvait évoluer les autres élèves.

Et il était loin de subir les effets de la vélane.
Ce qui ne l’interrogeait pas plus que cela, oubliant même ce trait si spécial dans la personnalité de la jeune femme.
Il se tourna vers elle et tenta d’afficher un petit sourire qui, pensa-t-il, paraîtrait probablement forcé.
Voir faux.

- Ce n’est pas le mot que j’emploierais, il marqua une légère pause se remémorant le discours des Dunn, et je suis parti peu de temps après leur discours.

Le grand blond se remémora le discours énoncé par Adaïr Dunn lors de la soirée de Yule.
Un discours empreint d’affirmations politiques. Avait-il sa place durant un tel évènement ?
Les étudiants de Poudlard représentaient, après tout, le futur du Monde Magique.
Le discours…
Puis l’ouverture du Bal.
La main d' @Apolline Dunn tendue vers lui, avec ce regard…
Puis cette danse. Ce contact entre eux.

Xris secoua la tête imperceptiblement.
Comme s’il avait pu physiquement se séparer de ces souvenirs, qu’il tentait d’oublier, d’enterrer aussi profondément qu’il le pouvait.
Il tourna à nouveau son regard bleu dans celui de Siobhan.

- Tu es partie tôt alors… le Bal ne t’as pas plu ?

Ils tournèrent vers un nouveau couloir, suivi d’un dédale d’escaliers, dont un menant vers la Tour des Gryffondors.
Xris sourit intérieurement.
Repensant à leur « intervention », avec @Edel Almadovar dans le sacro-saint cœur des Rouges et Or.
Au moins, cet épisode avait eu le don de lui redonner le sourire lors de cette soirée.

Il y avait quelque chose dans ses maigres sourires qui laissait toujours planer autour de lui une vague de mystère. Comme si ses secrets l'empêchaient d'être pleinement heureux, de se laisser aller à une véritable joie, de se donner à l'instant présent.

Ce n'était pas la première fois que Siobhán le remarquait, et c'était aussi pour cela qu'elle s'était instinctivement dirigée vers lui lorsque son père lui avait extorqué une relation sociale en échange d'un retour à sa tranquillité après le bal de Yule. Ce garçon était une énigme à lui tout seul et, sans doute parce qu'elle cherchait à systématiquement tout comprendre et résoudre tous les problèmes qui se présentaient à elle, elle n'en ressentait qu'une envie plus forte de le connaître davantage. Tout le défi était d'achever cet objectif sans paraître trop intrusive, sans le braquer. Avec délicatesse, avec ruse.

« Je n'ai entendu que de bonnes choses de tes talents de danseur, pourtant. J'imagine donc que la raison pour laquelle ta soirée n'a pas été à la hauteur de tes espérances n'a rien à voir avec le fait que tu te serais fait marcher sur les pieds toute la soirée. », conclut la vélane dans un sourire, le regard fixé droit devant elle alors qu'ils marchaient toujours côte à côte.

Elle ne s'attendait pas à ce que Xris aille plus loin dans ses explications, mais peut-être au moins allait-elle réussir à étendre légèrement la largeur de son sourire. Quelques millimètres supplémentaires de sincérité suffiraient à l'encourager. Il était difficile, en tant que créature dotée de pouvoirs de séduction, de se retrouver face à une personne comme Xris, surtout après tout ce qu'elle avait découvert en compagnie de Saúl. De regarder ses yeux bleus et de n'y lire rien d'autre que de l'indifférence. Et il était en même temps particulièrement agréable de savoir qu'il était lui même en sa présence.

« Je ne suis pas... friande des mondanités. Si ça n'avait été que moi, je n'y aurais pas mis un seul pied mais... »

Leur marche régulière s'était stoppée en bas d'un escalier et Siobhán s'appuya contre le mur pour lui expliquer plus en détail les raisons de sa présence à cette soirée. Factuellement, sans artifice. Autant être directe et honnête dès le départ, cela éviterait bien des faux-semblants dans leurs échanges futurs, s'ils venaient à exister.

« Mon père a insisté parce qu'il a décrété un beau matin que j'avais besoin de me faire des amis. Et comme on s'était souvent croisés mais jamais réellement parlés, je me suis dit que c'était l'occasion. Je pensais que ce serait facile pour moi, d'avoir une simple discussion avec toi et... ça n'a pas été le cas. »

La jeune Serpentard restait à l'affût des réactions de Xris, à la recherche d'indices à décrypter, de réponses aux questions qu'elle se posait intérieurement. Son visage, à l'image de ses sourires, était souvent fermé et il était difficile de lire en lui comme elle pouvait le faire avec d'autres personnes.

« À vrai dire tu es le premier à réagir comme ça. Ou plutôt, à ne pas réagir. Et j'étais attendue ailleurs alors, je suis partie. »

Aucun reproche n'était tangible ou sous-entendu dans sa voix, qui se voulait la plus douce possible. Elle cherchait juste à comprendre ce qui lui échappait. Et quant à la deuxième partie de sa phrase... elle n'était ni vraie, ni fausse.

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ANAPHORE

Leurs pas s’étaient finalement arrêtés au pied de l’escalier.
Quelques élèves passèrent devant eux, les regardant sans les voir.
Xris porta son attention sur Siobhán, qui s’était appuyée sur le mur en face de lui.
Elle n’avait plus l’air si pressée que cela de retourner en cours.
Ce qui n’était pas non plus le cas du grand blond.
Surtout après avoir évoqué le Bal.

- Je me demande qui a bien pu te raconter de telles choses…

Cependant elles étaient vraies.
Xris était un excellent danseur. Élevé dans la plus stricte culture des Sang-Purs, il avait dû se soumettre aux cours de danses, requis pas la société, pendant des années.
Il se mouvait avec élégance, facilité et assurance, comme lui avaient enseigné les meilleurs danseurs et tuteurs d’Ecosse.
Cependant, pendant le Bal de Yule, il n’avait partagé qu’une seule danse, en compagnied' @Apolline Dunn.

Son regard croisa à nouveau celui de sa camarade de maison, avant qu’il ne se perde trop longtemps en réminiscence.
Les iris vertes de la jeune femme perçaient le siens d’intensité.
Il pouvait sentir sa curiosité se déverser avec parcimonie. Avec contrôle. Et justesse.
Il eut un léger mouvement de surprise en entendant la jeune femme lui parler de son approche envers lui.
Et de sa déception… ?
Celle de ne pas être parvenue à discuter plus longtemps avec Xris.

Le Vert et Argent serra les dents.
Il se revit discuter avec la jeune femme avant de la laisser au bar, seule.
Quel manque de classe.
Et quel manque de réalisation de ce qui s’était passé.
Il aurait pu lui sortir maintes excuses. Prétextant que son esprit était ailleurs. Qu’il ne comptait pas rester lui non plus.
Mais aucune n’était valable. Pas lorsque, comme lui, l’on avait été éduqué à toujours être un vrai gentleman.
Xris fit un pas vers Siobhán.

- Je suis désolé. J’ai eu une attitude malvenue envers toi. Il marqua une courte pause. Excuse-moi…

Il n’était pas dans ses habitudes de s’excuser.
Souvent, le Serpentard considérait que la personne à qui, potentiellement il aurait dû s’excuser, ne méritait pas cet effort.
Mais aujourd’hui, c’était différent.
Et Xris percevait comme un questionnement envers lui.
C’était une vélane. Une demi-vélane certes. Mais tout de même.
Il aurait dû sentir le magnétisme, l’attrait, le charme.
Mais il n’avait rien ressenti de tout cela.
Bien sûr, Siobhán était une femme séduisante. Rien n’était à contester sur ce point.
Alors, pourquoi n’avait-il pas céder à l’envoutement de la vélane ?
Ses sourcils se froncèrent.
Comme cela lui arrivait rarement, il n’avait pas la réponse.

- Je… je ne sais pas quoi dire. Peut-être que les Andērson sont insensibilisés aux charmes de vélanes ?

Peu probable.

Xris était différent, cette fois-ci. Lors du Bal de Yule, son regard s'était fait distrait, presque lointain même, tout au long de leur brève rencontre. Mais alors qu'ils étaient tous les deux immobiles dans ce couloir, au pied de cet escalier, son attitude avait changé. Le Serpentard était toujours aussi calme et sibyllin, mais paraissait moins absent qu'il ne l'avait été ce jour-là. Ses silences se faisaient le témoin des pensées qui le traversaient, seules preuves que le souvenir de cette soirée ne le laissait pas totalement indifférent, contrairement à ce qu'il voulait certainement montrer.

« Je ne voudrais pas te flatter mais tout le monde le dit, Xris. Tu sais bien comment ils parlent. Après... il est vrai qu'on ne peut pas toujours se fier aux bruits de couloirs », avait-elle répondu avec un sourire presque imperceptible.

Il suffisait de peu de choses pour créer des rumeurs. Pour donner envie aux gens de parler, de s'égosiller même parfois sur des sujets qui ne les concernaient pas. Siobhán avait le pressentiment que cette idée pouvait mettre le jeune homme mal à l'aise, alors elle désamorça aussitôt ses propos.

« Tu sais aussi que ça ne durera pas longtemps. Il suffit que deux étudiants se disputent là, ici, dans le couloir pour que tout le monde change subitement de sujet de conversation. »

Heureusement, personne ne l'avait vue dans le hall, ce soir-là. Heureusement, toute l'attention s'était concentrée sur ce que ces quatre grands murs renfermaient. Heureusement, le Ministre de la Magie avait accaparé toute l'attention, monopolisé les esprits — à l'image de son discours. Heureusement, tous les regards s'étaient tournés vers lui. Et heureusement, personne à part Siobhán n'avait osé sortir de ces lieux alors qu'il était encore dans l'enceinte de la Grande Salle.

Pendant qu'elle se perdait dans ces hypothèses, Xris avait prononcé des mots d'excuses à son égard. Qu'elle n'attendait pas. Bien sûr, sur le moment, ses réactions l'avaient perturbée. Mais ce n'était pas à son attitude qu'elle en voulait. C'était elle qui défaillait. Son manque de contrôle, cette absence totale de maitrise, et cette cruelle incompréhension autour de ses propres pouvoirs.

« Tu n'as pas besoin de t'excuser, Xris. Vraiment pas. C'est juste que... Ça m'a prise de court parce que c'était la première fois. Sache que je n'ai pas essayé de... tricher, en venant te parler, mais je ne m'attendais simplement pas à ça. Pour le reste, tu avais sans doute autre chose à penser, et tu n'as pas à t'excuser pour ça », le rassura-t-elle d'une voix douce en tendant naturellement sa main vers son bras, le frôlant simplement.

La vérité, c'est que les pensées du Serpentard s'étaient tournées vers quelqu'un d'autre, le soir du bal. Et ce quelqu'un, n'était autre qu'@Apolline Dunn. C'était probablement ça, l'origine de cette discussion. L'explication de son comportement, de ses regards fuyants. De son absence de réaction.

« Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas encore à ce sujet, mais j'ai ma théorie sur la question. Et je pense que ça n'a rien à voir avec ta famille. »

La jeune Irlandaise fit pivoter ses yeux en direction des étudiants qui défilaient à leurs côtés de manière pressée.

« Mais je ne veux pas te bloquer pour aller en cours. Et puis, même si j'ai envie de comprendre, après tout, ça ne me regarde pas », ajouta-t-elle dans un sourire presque peiné.

Elle aussi devait se rendre en classe. Mais l'envie de suivre le cours normal de sa journée s'amenuisait à mesure que le temps passait.

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ANAPHORE

Xris rajusta son sac sur son épaule.
Le fil d’étudiants qui se pressaient désormais vers leur prochaine salle de cours indiquait que, peu importe où les deux Serpentards étaient censés se rendre à cet instant précis, ils risquaient fort d’être en retard.

Xris de son côté avait cours d’Astronomie.
Mais pour une raison qu’il préférait garder pour lui, ne pas s’y rendre.
Prétextant que ce créneau horaire lui servirait à programmer des séances de recrutement dans l’équipe de Quidditch.
Ce qui était bien entendu, faux.

Xris leva les yeux vers Siobhán. Il était toujours étonné qu’on lui porte un quelconque intérêt.
Il se rappela le sourire de Love Dunn dans sa direction alors qu'il dansait avec sa fille @Apolline Dunn. Cela avait-il encore un quelconque intérêt ?
Non.
Les évènements mondains, tels que le Bal de Yule portait toujours un caractère spécial.
Ils concentraient en un seul lieu tous les élèves pouvant représenter un intérêt dans telle ou telle rumeur ayant cours dans le Château.
Pour le grand blond, ces rumeurs étaient une perte de temps, si elle ne servait pas un but précis.
Il sourit légèrement.

- Je suis sûr que le Bal est déjà un vieux souvenir dans l’esprit de la majorité des élèves, souffla t’il.

Lui avait tenté de faire cet exercice.
D’oublier ce qu’il s’était passé lors cette soirée. Et par extension, tout le reste…
Le Serpentard croisa le regard vert de Siobhán. Celui quelque peu décontenancé par la situation qu’elle vivait.
Le même que celui qu’il lui avait sembler percevoir lors de leur rencontre.
Xris avait complètement négligé le fait que la jeune femme qui se tenait devant lui était une vélane.
Et sa réponse lui montra qu’elle n’était pas sûre d’elle par rapport à cela.
Et encore moins par rapport à la réaction de Xris.

Ce manque de réaction.
Celle qui aurait dû faire qu’en plongeant dans les beaux yeux de Siobhán, il n’aurait dû pouvoir résister à la tentation.
Ce visage de porcelaine, si bien dessiné. Ses courbes parfaites… aurait dû faire des dégâts.
Mais pas sur Xris.
Puis, elle le frôla. Xris serra légèrement les dents, il aurait voulu apprécier cette esquisse de contact. Mais il en était tout simplement incapable.
Son coeur demeurait aussi froid que le vent glacial d'un hiver anglais, qui agitait la cime des arbres à l'extérieur de Château.

La Verte et Argent semblait, comme Xris ressentir la dualité de la situation dans laquelle ils se trouvaient.
Cette incompréhension.
Cette frustration.
Ce mystère.
Pourquoi le jeune homme était-il insensible aux pouvoirs de vélane ?

Xris secoua légèrement la tête à la remarque de l’étudiante.

- Quelle théorie ?

Il fronça les sourcils. Le ton était un peu plus froid qu’il ne l’aurait souhaité, déstabilisé par la conversation qu’il entretenait à cet instant.
Si Siobhán ne connaissait Xris que de manière très superficielle, elle semblait bien sûre d’elle sur ce fait.
Et cela développa d’autant plus la curiosité du jeune homme.
Qu’est-ce qui aurait pu étayer une possible solution dans l’esprit de la jolie rousse ?
Pas sa famille.
Sa maison ? Son caractère ? Autre chose qui lui échappait totalement… ?
Etait-il cassé ? Abimé ?

L'argumentaire de la vélane à propos du début imminent du prochain cours ne rencontra aucun succès auprès de Xris, qui ne manifestait aucune envie de lui fausser compagnie cette fois-ci. Peut-être le Serpentard était-il intrigué, lui aussi, par les raisons qui le rendaient insensible au magnétisme naturel de Siobhán. À son sourire, qui avait pourtant déjà fait sombré bien des coeurs. À son parfum, qui avait fait chaviré plus d'une volonté.

Lui n'avait que faire de ces artifices magiques et il devait y avoir une explication.

« Et dans ton esprit, à toi ? »

Elle avait posé cette question maladroitement, en réponse à l'idée de Xris, selon laquelle les évènements du bal de Yule étaient déjà bien loin dans l'esprit des participants. Mais que se passait-il dans son esprit à lui ?

Cette interrogation n'était pas anodine car elle rejoignait la théorie de Siobhán sur l'indifférence du jeune Andērson à ce qu'elle était. Une impassibilité qui s'était de nouveau exprimée lorsqu'elle avait esquissé une approche physique et que le visage de Xris s'était crispé, presque instantanément. Sa voix, aussi, s'était franchement refroidie alors que Siobhán avait à peine essayé de casser la première pierre de l'épais mur qu'il avait construit entre lui et les autres.

À croire qu'au-delà de ne pas l'attirer, elle l’écœurait.

Mais cette fois-ci, cette pensée ne la fit pas perdre pieds. Parce qu'elle savait.

« Pardon, ma question était déplacée. Je te demandais ça parce que j'ai lu quelque part que les personnes amoureuses ou nourrissant des sentiments prononcés pour quelqu'un d'autre pouvaient ne pas ressentir aussi fortement les effets des charmes des vélanes. Qu'il était en tout cas plus difficile pour elles dans cette situation d'exercer leur pouvoir », expliqua-t-elle d'une voix faible.

Les mots étaient factuels, la voix n'émettait aucune pointe de jugement.

« C'est juste une théorie. »

Non pas que cette idée posait quelconque problème à la vélane ; elle espérait simplement que cela suffirait à montrer à Xris que sa volonté n'était pas de s'immiscer dans sa vie ou ses sentiments, simplement de mieux le comprendre. Pour peut-être mieux s'apprendre.

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ANAPHORE

Plus personne ne passait dans le couloir.
Les derniers élèves qui avaient accouru vers leur destination devaient déjà être arrivés à présent.
Le couloir était désert.
Seul les deux Serpentards se trouvaient là.
Chacun aussi désarçonné que l’autre.

- C’est du passé.

Ça devait l’être.
Mais les images cognaient perpétuellement dans son esprit.
Tentant de de rappeler à l’habitant des lieux des faits qu’il souhaitait, plus que tout, mettre derrière lui.
De peur de se faire happer dans l’oubli, ces scènes de vie s’ancraient dans son esprit dans une ultime tentative de réminiscence.
Et quand il pensait s’en être enfin détaché, elles opéraient une énième résurgence.
Et cette conversation avec Siobhán ne faisait que les pousser à s’accrocher davantage.

La remarque de la jeune femme le frappa.
Le visage de Xris se leva, malgré tout, lentement vers la vélane.
Les sourcils froncés, les mâchoires crispées, son regard azuré décryptant les dires de Siobhán.

« Amoureux ».
Non.
« Sentiments »
Jamais.

Xris ouvrit la bouche puis secoua la tête de droite à gauche, sans rien dire.
Le film de ses derniers mois, passés principalement aux côtés d’ @Apolline Dunn, se déroulait devant lui.
Malgré lui.
Comme une bobine sur laquelle on aurait tiré trop fort et qui, prise par son propre élan, continuerait de tourner sur elle-même.
Inlassablement.

Le grand blond planta son regard dans celui de sa comparse Verte et Argent.
Ses oreilles bourdonnaient légèrement.

- Alors elle est forcément fausse.

Froid. Implacable.
Ne pas perdre pied et retrouver contenance.
Xris pris un air détaché. Comme si l’hypothèse soumise par Siobhán ne pouvait s’appliquer qu’aux faibles étant…
Ayant…
Pas lui.
Cela aurait induit qu’il ait des sentiments pour elle.
Et ce n’était pas le cas.

Ça ne pouvait pas l’être.
Ça ne pouvait plus l’être.

INFOS FICHE DE PERSO