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house of memories (one-shot)
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FICHE DE PERSO
HOUSE OF MEMORIES
1 janvier 2023 - los angeles; malibu ⟠ one shot
Oh fuck. Pourquoi j’ai cru que ce serait une bonne idée?
C’est la question qui joue en boucle dans son esprit depuis qu’il a débarqué de l’avion à LAX. Classe économie, espérant que ça attire moins l'œil, espérant que les 8 mois passés à l’étranger auront suffit à l’éloigner de la mémoire collective. Il eut droit à quelques regards, les chuchotements peu subtils, et les téléphones portables braqués sur lui, mais de manière générale, les gens semblaient hésitants, incertains si c’était bien lui, confirmant que le temps avait commencé à éroder son image de leurs souvenirs. C’était ce qu’il voulait, mais en même temps, la confirmation le rendit particulièrement amer.
L’aéroport était bondé, et Ben eut à se battre bec et ongles pour se dénicher un taxi. La période festive avait ce désagrément. L’acteur aurait préféré éviter cette période d’achalandage, mais il avait décidé, dernière minute, que sa meilleure amie avait besoin de changer d’air. Dans son élan de grande bonté, il lui avait offert des vacances dans sa villa, toutes dépenses payées. Il n’était peut-être pas très fortuné dans le monde sorcier - sinon, jamais il ne gaspillerait ses jours à enseigner l’histoire de la magie - mais dans le monde moldu, une fortune reposait encore dans ses coffres, inutilisée. Il voulait faire plaisir à @Bianca Almadovar, son support moral à lui.
Mais ça impliquait de remettre les pieds dans un monde qui s’était effondré sur lui, cherchant les décombres pour son propre cadavre.
Il n’avait pas trop réfléchi, l’invitant sur un coup de tête. Mais il n’avait pas pensé que sa villa était restée inhabitée depuis des mois. Dans quel état serait-elle? Vu la situation, Ben s’était vu obligé de faire une petite visite rapide pour nettoyer, souhaitant de tout coeur qu’aucun paparazzis ne croisent son chemin. Ben Leavy de retour à Los Angeles, le scoop que ça ferait, et les rumeurs qu’ils pourraient lancer… tout en ravivant son scandale. Urgh.
Il paya le total de LAX jusqu’à Malibu, demandant au chauffeur de se stopper un peu avant son quartier, au bas de l’entrée menant à sa grande demeure clôturée. Une fois hors de vue, il transplanna jusqu’à l’intérieur. Évidemment, il n’avait pas perdu la clé, mais après 8 mois chez les sorciers, il avait repris de vieux plis.
L’endroit était… éteint. Ben ne savait pas trop à quoi s’attendre, il appréhendait son arrivée chez lui. Finalement, voir l’immensité de l’endroit lui parut presque déroutant, après presque un an à vivre dans un petit appartement, partagé à l’occasion avec Bianca. Il avait l’impression d’être décalé, d’avoir oublié laquelle de ses vies était réelle. En entrant, l’alarme résonna avec une intensité abusé, il sursauta tellement, il en échappa son sac. Il lutta pour empoigner sa baguette, poussant tous les jurons imaginables.
À son départ, Ben avait congédié une bonne partie de ses employés. Assistants personnels, stylistes, coachs, agents… il n’avait gardé contact avec pratiquement personne. Mais il avait maintenu la sécurité de sa demeure. Espérant peut-être toujours avoir un endroit pour se réfugier, si tout venait à flancher. Il se dirigea vers l’intercom, composa son code de sécurité, et d’une voix presque monotone dit: “C’est Leavy. Fausse alerte.”
“Bien reçu.” une pause. “Heureux de vous revoir, Mr. Leavy.” répondit la voix grésillante de l’intercom, à travers laquelle Ben pouvait presque entendre la surprise, mais ne reconnaître personne. Il soupira. Il savait que son équipe avait dû signer des clauses de confidentialité, mais Ben n’était pas convaincu que cela suffirait à les faire taire si les journalistes leur offraient un bonus.
À l’intérieur, les meubles étaient recouverts de draps blancs. Il eut l’impression d’être dans un film d’époque, dans ces grandes demeures inhabitées par les Lords en dehors de la saison de chasse. C’était un sentiment étrange. Ben donna un coup de baguette dans l’air, et d’un coup, les lumières s’allumèrent, illuminant le manoir au complet, déversant la lumière chaude par les fenêtres donnant sur la côte. Un nouveau coup de baguette envoya les draps valser vers la salle de lavage, découvrant les meubles. Il avait l’impression d’être un fantôme. Traversant les pièces, il le sentiment ne fit que se renforcir.
Il connaissait cet endroit par cœur. C’était sa maison. Il y avait vécu pendant des années. Et pourtant il n’avait plus le sentiment d’y appartenir.
Encastrée dans un versant de la colline donnant sur l’océan, la villa faisait plus ou moins trois étages, si on comptait le garage, l’architecture étant difficile à réellement séparer par étages. Il avait acheté l’endroit quand il commençait à percer comme acteur et que les chèques ne cessaient plus de s’accumuler. Il avait cru, à l’époque, que ce ne serait qu’un endroit temporaire. Il s’imaginait jouer le jeu immobilier auquel tant d’acteurs se prêtaient, achetant des dizaines de propriétés à l’année simplement pour les revendre. Mais Ben avait vite réalisé qu’il était confortable ici, n’ayant finalement investi que dans quelques autres propriétés au fil de sa carrière. Un condo dans le Upper East Side de New-York. Une maison en Irlande, pour quand il visitait sa famille. Avec sa cinquième épouse, Amanda, il avait investi dans une demeure à Venise, mais lui avait vendu sans difficulté ses parts à leur divorce.
Sa villa à Malibu était restée son point d’ancrage le plus solide, contre toute attente.
Il observa la cuisine, qui, sous la couche de poussière qui s’était accumulée, restait imposante et on ne peut plus moderne. Pas qu’il l’avait réellement utilisée, mais il avait de bons souvenirs avec Olivia, elle qui aimait s’y glisser à des heures insensées pour une cuillère de crème glacée. D’un petit coup de baguette, l’endroit se récura de lui-même. Et juste comme ça, l’endroit était propre, il avait accompli ce qu’il était venu faire.
Ben se frotta le visage de ses mains. Si peu d’efforts, et pourtant il avait l’impression de livrer un marathon.
Il jeta un oeil à sa montre: 1er janvier 2023. Il poussa un soupir, passant au salon. Il se rappelait vivement les célébrations de fin d’années qu’ils avaient organisées ici. Ce n’était pas arrivé souvent, considérant qu’ils étaient souvent invités ailleurs, devant parfois diviser leur soirée en plusieurs événements. Mais il se rappelait très bien le passage à l’année 2013: Olivia et lui étaient encore de nouveaux mariés, leurs carrières montaient en flèche. Olivia avait invité ses amis, les membres de son band. Ben avait invité ses amis. Ils avaient célébré la sortie de leur nouvel album, et la nomination de Ben pour… il ne se rappelait plus quel gala. À minuit, tout le monde s’était embrassé, sans réelle distinction de qui ils embrassaient. Ils avaient fêtés toute la nuit, l’endroit était ravagé le lendemain matin. Le lendemain après-midi, Ben avait fait une omelette à sa femme, sans chef ni assistant, et ils avaient regardé un film d’horreur.
Aujourd’hui l’endroit était vide. Il ne se rappelait plus la dernière fois qu’il avait revu les invités à cette fête.
Ben ouvrit la porte vitrée menant jusqu’à la piscine. Les chaises longues étaient rangées quelque part dans un hangar, alors il s’assit par terre, les jambes dans l’eau de la piscine, mouillant le bas de ses pantalons.
Il observa le ciel rougir alors que le soleil descendait vers l’horizon. L’air du Pacifique avait une odeur particulière. Il prit une grande respiration, comme pour y remplir ses poumons jusqu’à son vol du lendemain. Il senti le picotement familier dans ses yeux, mais retint les larmes. Il ne verrait personne avant son départ. Personne ne savait où il était allé ces derniers mois. Est-ce que quelqu’un s’en souciait vraiment?
Bonne année, Ben.
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