I say Yes, you say no ! * Sio *

Suivre l’emploi du temps de ma fille était un véritable jeu d’enfant quand on était Professeur de Métamorphose et Directeur de la Maison Serdaigle. En silence donc, je m’étais dirigé vers les serres sous ma forme animal. Mon pelage noir et blanc, ainsi que ma queue en forme de quart de lune était visible et reconnu de tous. Mais, c’était quand même bien plus discret de lui tendre un piège sous cette forme que sous forme humain. Tapis dans l’herbe haute, seul mes yeux et mes oreilles dépassaient. Guettant le moindre mouvement, je regardais les élèves de Serpentard sortir de leur cours de Botanique. Soufflant de mépris envers cette maison avec mes naseaux, je me fis cependant discret.
Ce n’est qu’une fois ma fille sortie, que je sortie des hautes herbes pour trottiner jusqu’à elle. Une fois devant elle, mon pelage et ma carrure de Husky disparurent au profit de mes vraies épaules et de ma forme humaine.

« Salut Sio. Tu as deux minutes ? J’ai à te parler, c’est important. »

Il y avait peut être meilleure technique d’approche, mais je n’étais pas réputé pour ma finesse légendaire. Regardant donc les élèves de Serpentard me fuir comme la peste parce que j’étais quand même un Professeur, je tournais ma tête vers ma fille avec un regard un peu désolé.

« Excuse moi pour l’embuscade, mais comme tu m’évites depuis quelque temps, je n’ai pas eu d’autres choix... »

Je lui fis un léger sourire en coin espiègle dont j’avais le secret. Pour tout le monde ici, j’étais le professeur de Métamorphose, plein de sagesse et de bon conseils. Noble et vif d’esprit. Mais pour la personne en face de moi… J’étais un père maladroit, qui faisait ce qu’il pouvait. Je soupirai.

« Bref, je voulais juste te dire que je voulais m’excuser pour mon comportement le soir du Bal de Yule. »

Mes yeux bleus se firent pénétrant. Je la fixais dans les yeux. Je n’étais pas dupe et j’en savais peut être plus qu’elle ne l’imaginait. Après tout… Poudlard avait un bon nombre de tableau à mon service… Un quart en moyenne était passé par la Maison Serdaigle non si on y réfléchissait ?

« Je n’ai pas été à la hauteur vis à vis de tes demandes. J’ai pensé que tu étais encore une petite fille de huit ans à mes yeux. Mais tu ne peux pas m’en vouloir, je t’ai élevé et aimé comme un père, mais aussi comme une mère. Donc… Je pense que j’ai encore plus de mal à te voir grandir. »

Je restais entre elle et la direction de son prochain cours. Il était hors de question qu’elle s’en aille sans qu’on ait une cette discussion.

« Je te soutiendrai, quoi que tu entreprennes dans ta quête. Parce que c’est ce que font les parents. »

J’avais baissé les yeux. En réalité j’avais un peu honte de refuser de la voir grandir. C’était une forme d’égoisme. J’avais tellement été fusionnel et je m’étais tant occupé des jumeaux que ça m’avait empêcher de reconstruire ma vie. Alors… Les voir prendre officiellement leurs propres ailes était quelque chose de très douloureux.

_________________

La vie c'est comme une carte de Chocogrenouille. 

Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

Luke & Siobhán
Never-Utopia

Ce jour-là, Siobhán sortait de son cours de botanique avec le sourire. Cette matière comptait parmi ses préférées et se déroulait dans les serres, remplies de plantes magiques en tout genre auprès desquelles la Serpentard se sentait apaisée. Elle avait toujours nourri un profond lien avec la nature, qu'il s'agisse de la faune ou de la flore.

Pourtant, lorsqu'elle aperçut un chien husky sortir des hautes herbes pour se diriger vers elle, Siobhán ne put s'empêcher de soupirer discrètement. Bien sûr, elle adorait les animaux, mais quand il s'agissait de la forme animagie de son père, c'était un peu différent. Son sourire l'avait abandonnée, ses traits s'étaient spontanément durcis.

Tous deux ne s'étaient pas quittés en bon terme, au début du mois de décembre. Et beaucoup de choses s'étaient passées depuis cette date. Le bal de Yule était passé.

« C'est vrai, je t'évitais », avoua-t-elle simplement alors que les élèves quittaient peu à peu la salle de cours pour poursuivre le fil de leur journée.

Les excuses de son père passaient difficilement, mais elle savait qu'il avait du mettre son égo de côté pour venir ainsi la rencontrer. Les Korrigans avaient du mal à admettre leurs torts, ce n'était pas nouveau.

« Mais je ne t'en veux pas. Par contre, le coup du bal, plus jamais... », continua-t-elle avec un sourire.

C'était la partie consciente de son cerveau qui s'exprimait. Celle qui savait que la présence d'un parent, même trop protecteur, était irremplaçable. La même partie qui la poussa à serrer son père dans ses bras pour le remercier d'être là pour elle.

Un autre morceau de son esprit, inconscient celui-ci, n'oublierait jamais les propos qu'il avait tenus, ce jour-là, sur les hybrides. Ils s'étaient inscrits au fer rouge dans un coin de sa tête, et ressortiraient lors d'une discussion probablement anodine, à la manière d'une bombe à laquelle personne ne pouvait s'attendre.

« Est-ce que tu as vu Braxton récemment ? Je me disais qu'il aurait pu avoir des informations sur ce dont on a parlé. », lui demanda-t-elle pour éloigner le bal de leurs sujets de discussion.

Siobhán craignait que son père ne l'interroge plus en détail sur cette soirée. Encore indécise, elle était bien incapable de savoir si elle devait lui parler — partiellement — de Saúl ou garder l'intégralité de cette rencontre pour elle.

_________________

An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic

ANAPHORE

Je fronçais les sourcils, surpris par cette légère froideur. Certes, nous étions pudique elle et moi de nos sentiments respectifs mais… Je sentis qu’elle s’était encore peut être éloigné d’un pas de plus. Je me contentais d’observer mes mains que je frottais les unes aux autres comme à chaque fois que j’étais stressé, tendu ou attristé. On était différent, mais… pas tant que ça.

« Non, je n’ai pas demandé à Braxton. Et je ne connais aucune famille Vélane qui serait prête à t’enseigner quoi que ce soit. Enfin, pas assez pour demander ce service. »

Mes yeux se baissèrent. J’étais réputé comme un Professeur et surtout père capable de tout. Tout résoudre, tout réussir, tout contrôler. Là, je devais avouer que la situation commençait à m’échapper légèrement… Aussi, comme à chaque fois que la situation m’échappait, j’essayais de puiser dans ma Sagesse de Serdaigle.

« En revanche je m’y connais assez en magie pour comprendre qu’effectivement il ne faut surtout pas renier ce que nous sommes et les pouvoirs que nous avons en nous. »

J’avais attrapé sa main. Il n’y avait plus beaucoup d’élans d’affections entre nous, et encore moins en public. Mais là, j’en avais un peu rien à faire, parce que ce que j’allais lui dire était d’une autre importance. Mes yeux bleus plissés, je l’observais avec un léger sourire en coin.

« Car sinon, ils nous consument de l’intérieur. Je veux juste te mettre en garde contre les Gavalagh. Quand j’ai rencontré ta mère, elle les fuyait car ils voulaient l’éliminer. Au départ, elle cherchait juste la protection de Castel Korrigan. Elle savait que nous avions une réputation de guerrier, qui accueillait au sein de leur domaine toutes les âmes pourchassés. »

Je me revoyais, plus jeune, frêle et rejeté par toute sa famille de guerrier. Mais j’y avais quand même trouvé ma place grâce à mon frère aîné Eochaid. Sans un mot, je baissais un peu la tête à l’idée de cette malédiction qui le rongeait encore. Elle n’avait pas beaucoup son oncle et c’est dans ces moments là qu’il me manquait. Il apportait souvent des réponses bien plus simple que moi sur la vie.

« Je te demande juste un peu plus de temps pour trouver la bonne personne. Je ne veux pas te trouver un instructeur qui te mette en danger. »

Je ne voulais pas dire publiquement que je craignais que son instructeur utilise ses charmes contre elle à son insu. Après tout, c’était quand même une magie puissante. Comme toutes les magies qui touchaient les êtres et les créatures fantastiques. Ca, elle avait eu l’intelligence de bien le comprendre.

« Et toi, tu as avancé dans tes recherches ? Car je me doute que tu n’as pas attendu la bénédiction totale de ton paternel pour avancer là dessus... »

Un regard pétillant et rieur passa dans mes yeux. Elle savait très bien ce que je voulais dire. Même si je lui avais strictement interdit d’essayer de contacter qui que ce soit, ou même de faire quoi que ce soit… Elle aurait pris la première occasion pour me désobéir.
Les gentilles allaient au Paradis. Les Korrigan allaient où elles voulaient, c’était bien connu.
Je croisais les bras, toujours en souriant légèrement et en l’observant d’un air bienveillant et protecteur.

_________________

La vie c'est comme une carte de Chocogrenouille. 

Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

Il fut difficile à admettre que son père ne s'était pas empressé de chercher une réponse à ses questions. Qu'il n'avait pas remué ciel et terre pour aider sa fille. Que la dispute qu'ils avaient eue n'avait visiblement pas suffit à lui faire prendre conscience de l'urgence de la situation et de l'empressement qu'elle ressentait à l'idée de comprendre qui elle était.

Siobhán garda le silence, y compris quand il saisit sa main, déçue d'apprendre qu'il n'était venu avec rien d'autre que des excuses et des phrases toutes faites sur l'acceptation de soi et autres mises en garde. De belles paroles de Serdaigle.

« Non, papa. Je n'ai pas avancé. Et oui, je ferai attention. Mais tu m'as dit que je ne risquais rien ici, alors ne t'inquiète pas pour moi. Même si je sais bien que c'est plus fort que toi...»

En fait, si, elle avait avancé. Et non, elle n'avait pas particulièrement fait attention.

Sa rencontre avec Saúl avait constitué un véritable point d'encrage avec cette part d'elle qui lui était encore inconnue. Elle attendait simplement le bon moment pour lui écrire et décider à ses côtés d'aller plus loin dans cette quête d'identité, et, surtout, lui dire ce qu'elle avait appris de son côté sur ce groupuscule familial. D'ailleurs...

« Mais je voulais te poser une question. Maman avait une sœur ? »

Un nom était ressorti, juste à côté de celui de sa mère, lorsqu'elle avait fait des recherches sur l'arbre généalogique des Gavalagh. Mais elle n'avait pas eu l'occasion de mentionner cette découverte à son père la dernière fois parce qu'ils étaient bien trop occupés à se disputer et que tout le reste était passé en second plan, à tel point qu'elle avait tout simplement oublié de lui demander.

« Je me suis peut-être trompée en faisant l'arbre des Gavalagh, mais est-ce que ce prénom te dit quelque chose ? Aethelia. »

Siobhán posait cette question à tout hasard. Après tout, si elle avait une tante, il l'aurait probablement déjà mentionné lors d'un déjeuner de famille ou de toute autre conversation qu'il aurait tenue avec sa fille pendant ses 21 années d'existence.

_________________

An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic

ANAPHORE

Je fronçais les sourcils. D’un seul coup mon envie de me retrouver entre elle et la sortie se dissipa. Surtout la question qu’elle me posa. Faisant une horrible grimace, je passais ma main dans la barbe pour essayer de trouver une réponse adapter. Fronçant les sourcils, je commençais par éclaircir le premier point. C’était toujours mieux d’attaquer en premier quand on devait se défendre.

« Evidemment, Poudlard est l’endroit le plus sur du monde... »

Je marquais une pause, et je fis un léger sourire en coin, comme je savais si bien le faire.

« Pour celui qui sait y rester. » terminais-je en soupirant.

Oui je faisais bien évidemment référence à cette petite aventure qui nous était arrivé à elle et à moi dans l’Allée des Embrumes. Je restais les bras croisés cependant. Elle avait droit à la vérité… Je me mis à soupirer et je baissais un peu les yeux.

« Je crois que tout est en train d’arriver en même temps… Visiblement tu as fais des recherches ou quelqu’un n’a pas su tenir sa langue. »

Je fronçais les sourcils en me demandant qui avait vendu la mèche. Finalement, je me dirigeais vers un banc à côté des serres et je m’y asseyais comme un ancien. D’un geste calme et un peu épuisé, je désignais la place à côté de moi pour que ma fille y prenne place.

« Oui, je savais que ta mère avait une sœur. Mais c’était tabou d’en parler, pour la simple et bonne raison que je ne sais qu’une seule chose sur elle : c’est une personne dangereuse et dont il faut se méfier. »

Je baissais la tête, comme si je souffrais subitement d’une douleur au ventre ou au coeur. En réalité, tout ça me replongeait dans le passé et me faisait assez mal. J’essayais cependant de rester digne devant ma fille, mais ça commençait à être au dessus de mes forces.

« Ce sont les paroles de ta propre mère, et crois moi je n’ai pas chercher à aller plus loin pour la simple et bonne raison que c’était une personne digne de confiance, et que quand elle disait quelque chose ; je pouvais la croire sur parole et à l’aveugle. J’ai donc considéré ça comme pour acquis et un avertissement. Quand elle est morte en te donnant la vie, je vous éloigné Finn et toi le plus loin possible de tout ça. Pour vous protéger. C’est pour ça que j’ai arrêté de parcourir le monde pour étudier la Métamorphose et que je me suis enfermé Castel Cynfeirdd, puis Poudlard. Parce que je ne voulais pas que cette partie de nos vies nous rattrape. »

Je regardais le ciel, qui était étonnement bleu pour un jour d’hiver. Le soleil perça et nous éclaira tous les deux. Je me tournais alors vers elle, le visage triste. De cette vieille tristesse qu’on appelait mélancolie et qui n’avait plus aucune larme à fournir. Je me mis à soupirer.

« C’est une des dernières volontés de ta mère. Alors quand j’ai vu que tu avais repris son nom, puis que tu avais cherché à en savoir plus, j’ai compris que les problèmes allaient arrivé. »

Je tapais dans mes mains, comme pour rompre un enchantement. Elle m’avait vu faire ça un milliard de fois. Elle adorait quand je changeais trois cailloux en trois petites souris dansantes quand elle était enfant. Mais là… c’était plus un tic. Une habitude. Il n’y avait rien à rompre comme enchantement.

« Mais on n’échappe pas à son destin et à sa nature. C’est pour ça que je t’ai dit que je t’accompagnerai, et que je le ferai. Et bien sûr, que je tuerai n’importe qui, qui oserait te faire souffrir ne serait-ce qu’avec le quart de ce que ta mère a subi. »

Je la regardais de mes yeux bleus et perçant. J’avais le même regard que lorsque nous nous étions battus à l’Allée des Embrumes. Ou lors de la Grande Guerre. Je savais qu’il était effrayant, mais en même temps le message était clair pour elle.
Pour mes enfants, j’étais prêt à tout, et il ne valait mieux pas s’y frotter.

_________________

La vie c'est comme une carte de Chocogrenouille. 

Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

« C’est une blague. »

Le constat était sans appel. Il ne pouvait s'agir que d'une plaisanterie. Rien de tout cela ne pouvait être réel.

Cette question s’était échappée de sa bouche sans attendre de véritable réponse. Siobhán avait prononcé ces mots sans penser à l’impact qu’ils auraient, parce qu’elle pensait simplement qu’il s’agissait d’une erreur. La sienne. Qu’elle s’était trompée de ligne en dessinant l'arbre généalogique de sa mère, au moins de juin dernier.

« Dis-moi que c’est une blague. »

Ces mots ne sonnaient pas comme une simple demande. Plutôt comme un appel à la vérité. D'abord, elle avait appris, seule, qu'une partie de sa famille, dont elle avait eu connaissance pendant ses propres recherches, nourrissait une haine profonde pour les vélanes - par extension, pour elle. Ensuite, Siobhán avait expliqué à son père son manque cruel de repères dans l'apprentissage de son don - ce à quoi il disait n'avoir aucune solution. Et là, son père était en train de lui avouer qu'elle avait une tante, dont il n'avait pas jugé utile de parler pendant vingt-et-une années. Et que cette femme était probablement une vélane, elle aussi.

C'était le secret de trop, de ceux qui auraient dû rester enterrer toute une vie. De ceux qui, lorsqu'ils étaient révélés au grand jour, pouvaient détruire une famille.

« Comment ça, quelqu'un n'a pas su tenir sa langue ? Qui d'autre est au courant ? J'y crois pas. Tout le monde sait à part moi. »

Sa voix se faisait forte, son visage impénétrable. Les feux de la colère grandissaient en elle et menaçaient de ravager le peu de certitudes qui lui restaient. Rejoindre son père sur le banc était au-dessus de ses forces, trop abasourdie pour se poser. Trop déçue par les propos de qu'elle venait d'entendre pour s'asseoir près de lui.

« D’abord, tu ne me dis pas qu’une partie de ma famille est anti-vélane. Et alors que tu vois que je me sens seule face à tout ça, tu oublies de me dire que j'ai une tante, et que c'est probablement aussi une vélane ? Si tu avais voulu me protéger, tu me l’aurais dit. Si tu m’en avais parlé, rien de tout ça ne serait arrivé ! Et tu peux me donner des leçons de parentalité... Si c’est ce modèle que je dois suivre alors non merci ! »

Ses pieds faisaient les cent pas devant lui alors qu'elle peinait à réaliser ce qui était en train de se jouer devant elle. Les paroles de son père raisonnaient dans sa tête et se bousculaient sauvagement en elle.

Sa mère, ses dernières volontés. Siobhán venait d'apprendre que son père était un menteur et que sa mère, qu'elle n'avait jamais connu et qui lui avait toujours profondément manqué, avait, elle aussi, voulu lui cacher la vérité. La jeune femme posa ses mains sur ses oreilles, comme pour faire taire la réalité.

« J’avais besoin de savoir et tu ne m’as rien dit. Même quand je t’ai parlé des Gavalagh, tu n’as rien dit. »

Les larmes roulaient sur ses joues lorsqu'elle se retourna vers son père. Jamais elle n'aurait imaginé apprendre tout ça en sortant d'un cours de botanique, près des serres. Quelques secondes avant, tout allait bien, et voilà que son monde était en train de s'écrouler. D'un revers de la main, l'Irlandaise essuya son visage, rougi par les sanglots, et continua d'une voix qu'elle voulait la plus distante possible. Pour que son père comprenne enfin qu'on ne pouvait pas toujours cacher ses choix derrière une maigre tentative de protection. Elle avait le droit de savoir. Et son frère jumeau aussi.

« Finn va être ravi d’apprendre tout ça. Et cette fois, papa, je ne te défendrai pas. C'est terminé. »

Elle savait tout le poids des mots qui étaient en train de sortir de sa bouche. La colère parlait pour elle, mais Siobhán avait aussi le cœur brisé, pour la première fois. Il n'était pas question d'une rupture amoureuse ou d'un garçon qui l'auraient bêtement trompée, non. Son père avait saccagé ce qu'elle avait mis des années à construire : elle-même.

« La vérité met du temps mais elle finit toujours par arriver. Tu nous le répétais, souvent, quand nous étions enfants. Dommage que tu n’aies pas su suivre tes propres conseils. »

Il n'y avait plus aucune larme sur son visage. Elle repositionna son sac de cours sur ses épaules, le regard fuyant. Elle n'attendit même pas sa réponse pour lui tourner le dos.

À nouveau.

_________________

An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic

ANAPHORE

Je levais alors ma baguette en Acajou et d’un simple sort, je la fis pivoter contre son gré. D’un geste lent je gardais ma baguette à la main, et je la regardais dans les yeux. Il était hors de question qu’elle s’en aille ainsi, après m’avoir dit tout cela.

« Je suis désolé. J’ai promis à ta mère de ne rien te dire, et de te protéger de tout ça. D’accord ou pas d’accord, je devais respecter sa dernière volonté. Tu n’as pas le droit de me juger pour ça. »

Je la libérais enfin de l’emprise de ma magie. Parce que ça, je voulais qu’elle l’entende. Je voulais qu’elle le comprenne. Mais elle était à des années lumières de ça. Savoir qui l’on est et d’où l’on vient. C’était quelque chose d’important, mais pas au point de briser des serments, surtout quand il venait de l’unique femme que j’avais aimé.

« Qu’est ce que tu veux savoir Siobhàn ! Vas-y ! »

J’avais levé la voix. Je ne levais jamais la voix. Jamais je n’avais perdu mon sang froid, même dans les circonstances les plus graves de mon existence. Mais là… C’était me renvoyer directement au passé. Passé que j’avais enfui, décidé d’oublié dans une multitude de flacon destiné à ma pensine. Mais… On avait beau les enlever, ils étaient toujours là, c’était juste que la douleur était moins grande. Je revoyais le visage de sa mère exprimer son dernier souffle.
Et aujourd’hui… Sa fille qui lui ressemblait temps me reprochait d’avoir bafouer sa mémoire. Les étudiants avaient tourné la tête quand ils m’avaient entendu levé la voix. En même temps… Ca n’était jamais arrivé. Seul Braxton et Jameson m’avait vu en colère. Il y a fort longtemps.

« Que tu es en partie Vélane, qu’effectivement, il te reste de la famille de ce côté, qui ne sont que des gens incapables de t’aimer et qui sont les seigneurs de la manipulation ? Que toute une autre partie de ta famille cherche à te tuer à cause de ça ? Et j’étais sensé faire quoi ! Explique moi ! »

J’avais fait un pas. Je n’avais pas besoin de maléfice ou de sort pour la pétrifier je le savais, tout simplement parce que ça avait du la geler de me voir comme ça, bouillonnant de rage et de tristesse.

« Que j’allais trahir la parole de ta mère, et jeter les projecteurs sur votre existence à Finn et à toi alors que vous étiez la seule chose qui me restait d’elle ! Que j’allais risquer vos vies, simplement pour que tu te sentes mieux dans ta peau ? »

Mes yeux s’étaient plissés. Quelques larmes perlèrent. Ma voix se cassa, et diminua. Les étudiants commencèrent à presser le pas autour de nous pour dégager.

« Excuse moi de t’avoir gardé en vie si longtemps. Excuse moi de n’avoir pas trahi la dernière parole de la seule femme que j’ai aimé. Excuse moi d’être juste un père qui protège ses enfants. »

J’enlevais mon chapeau. D’un geste sec, un peu agressif, je cherchais dans ce dernier qui était un Havre-Sac sans fond deux éléments précis. Les yeux un peu rouge, j’en sortais enfin deux vieux flacons. Sur l’un, on pouvait y lire «Naissance Sio/Finn » et sur l’autre on pouvait juste lire « Gavalagh. » De rage, je lui posais dans les mains. Puis je remis mon chapeau sur ma tête.

« Toutes tes réponses sont là. Embrasse ta mère pour moi. »

Je pivotais cette fois-ci, de mon propre chef. Les étudiants nous regardait d’un air curieux et malsain.

« Vous n’avez rien d’autres à faire ? » dis-je d’une voix forte.

Et ils déguerpissèrent. Je me transformais alors immédiatement en chien et je me mis à courir vers le château.
Parce que les chiens, ne versaient pas de larmes.

_________________

La vie c'est comme une carte de Chocogrenouille. 

Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

Elle regardait son père s'éloigner, deux vulgaires fioles dans les mains et de trop lourdes vérités à porter. Quelques instants plus tôt, ces deux morceaux de souvenirs avaient failli finir par terre, éclatés violemment sur le sol avec toute la rage et la colère qui caractérisait celle qui les détenait. Siobhán avait fini par se rétracter, la vue brouillée par les larmes et ce passé qui resurgissait sans même avoir pris la peine de s'annoncer.

Si aucun élève n'avait défilé près d'elle ces dernières minutes, elle se serait probablement laissée aller au sol ; toutes les évidences qui l'avaient vu grandir venaient de s'effondrer en un claquement de doigt. Et cet habile tour de magie avait été réalisé avec brio par l'homme qu'elle aimait le plus au monde. La salle entière aurait applaudi devant l'exploit, alors qu'elle se retrouvait démembrée de ce qui lui permettait d'avancer ; ses certitudes. Sa famille était son dernier pilier et voilà qu'il venait de s'écrouler.

L'unique personne qu'elle avait envie de voir à présent était son frère jumeau. Sa moitié, pour toujours. Il serait le seul qui pourrait comprendre sa douleur, le seul à pouvoir la partager. Qui d'autre que lui aurait pu l'épauler en cet instant ? Son père, sans aucun doute, parce qu'il avait toujours joué ce rôle à merveille depuis sa naissance. Mais il serait, pour la première fois, le dernier sur la liste. Celui qu'elle ne pourrait appeler au secours.

Précisément parce qu'elle avait envie de tout envoyer valser et que personne ne pourrait l'en empêcher.

_________________

An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic

ANAPHORE

INFOS FICHE DE PERSO