Between the lines of fear and blame
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@Maeve Cynfeirdd 28 décembre 2022 - very early morning
TW : dépression, addiction (alcool) I should have taken that drink at dinner. Allongée sur son matelas pourtant confortable, les yeux rivés au plafond, Bianca maudit la promesse silencieuse qu’elle a fait à
@Braxton Clearwater. Ca n’a pas été si compliqué, depuis qu’elle est aux Hébrides, la compagnie est suffisamment diverse et bruyante pour lui faire oublier tout ce à quoi elle ne souhaite pas penser, l’épuiser dans des batailles de boules de neige ou divers travaux de l’endroit auxquels elle participe sans même rechigner – sans compter la cuisine dans laquelle elle donne un coup de main. Tout ceci la laisse épuisée et elle accueille Morphée comme un vieil ami, jusqu’au lendemain où le froid mordant pendant son jogging coupe toute pensée. Pourtant, l’Auror a assez réfléchi pour commencer à agir. C’est ce qu’elle avait eu en tête pour sa journée, régler ses affaires. Mais quelqu’un s’était glissé dans le projet qu’elle avait mis du soin à construire, et fait s’effondrer le château de cartes. Le visage de
@Lennox MacGregor ne la lâche pas, depuis qu’il a choisi de partir.
Again. Et c’est la colère qui prime, vieille amie qui gronde, qui demande pourquoi il a fallu qu’il vienne, pour ne rien dire. Pour partir. Une deuxième fois. Les draps sont une prison, dont elle se défait d’un mouvement brusque, avant d’attraper des vêtements. Ses pieds nus sur le sol glacé sont saisis, mais ils ne sont pas assez pour tout régler. Elle sait ce qu’il lui faut. Et le cabinet dans lequel le whisky est rangé lui est maintenant suffisamment connu pour que les rayons de la Lune sur la pierre soit suffisant pour qu’elle s’oriente sans mal. Et il ne lui faut que quelques minutes, pour le déverrouiller de la baguette. Pour prendre une de celles du fond, pour faire demi-tour et retourner vers ses quartiers. Ses doigts tremblent, autour du goulot, alors qu’elle ramène son butin sans y toucher. Ses yeux brûlent déjà. Elle s’arrête, hésite, devant le battant d’une porte. Sa main libre vient de se poser dessus, et elle la retire, se détournant. Braxton a suffisamment fait. A suffisamment à faire. Et elle n’a pas le cœur à lui expliquer. Au diable les explications. Sa chambre est regagnée et elle s’échoue sur le lit. Il ne lui faut que quelques secondes pour que le bouchon ne saute. Et elle s’arrête.
This isn’t a life, querida. C’est ce qu’elle s’est dit, il y a quelques jours, en regardant les enfants Clearwater se battre dans la neige.
It’s not your life. Les Almadovar lui manquent. Son frère, ses soeurs lui manquent. Elle aurait du rentrer. Laisser son père la prendre dans ses bras, même si elle est bien trop vieille pour ça maintenant. Lui dire. Lui expliquer le néant, qui est né au fond de ses entrailles, qui ne fait que croître, de jour en jour. Qui a envahi son appartement. Qui aspire tout sur son passage. Qu’elle a essayé de remplir. Mais elle ne peut pas. Ce n’est pas ce qu’ils font. Ce n’est pas ce qu’elle fait. Ce n’est pas qui elle est.
Who are you, Bianca ? C’est un flash. D’une chevelure claire, d’un rire et d’une plaisanterie. Qui sonnent différemment, soudain. La bouteille est refermée. Des chaussures sont enfilées, un manteau. Et elle est partie.
Transplaner dans son état n’est pas l’idée la plus brillante. Mais ses accréditations rendent l’accès au Ministère facile. Il n’y a pas grand-monde, à cette heure avancée de la nuit, ou de la matinée. Si elle titube, ce n’est pas à cause du whisky qu’elle tient à la main. La bouteille, refermée, est intacte. Et ses lèvres craquelées par le froid des Hébrides témoignent qu’elles n’ont pas été humidifiées. Il ne lui faut pas longtemps pour trouver son chemin, ne croisant fort heureusement personne. L’ascenseur lui fait horreur. Ses yeux se ferment. Il faut qu’elle respire. Crocheter la porte qui l’intéresse n’est pas compliqué pour l’Auror entraînée. Si elle est venue pour y récupérer la propriétaire des lieux, le cabinet ne lui est pas suffisamment familier pour qu’elle y soit à l’aise. Il est trop tard pour reculer. Non, il n’est jamais trop tard. Le cul de la bouteille trouve la table basse, celui que Bianca, le canapé. Ses coudes se calent sur ses jambes, et ses yeux se fixent sur le goulot, qui semble l’appeler. Sirène dangereuse lui chantant qu’elle peut partir. Personne ne le saura. Retourner dans son appartement, la vider entièrement et
pass out sur le parquet trop sombre, qu’elle hait. Pourquoi pas.
Miguel left you. Lennox hates you. Braxton is not your brother. Your sister is dead. La petite voix est insupportable et lui fait se prendre la tête entre les mains.
You’re done, Bianca. Le sifflement fait remonter des images. La signature de son ex-mari, sur les papiers du divorce. Le regard d’
@Aram Romanez, quand il lui a dit qu’il était désolé. Les mains de Miguel sur le ventre de Dipali. Les bras de Lennox, se défaisant de son étreinte. Son visage, fermé, revenant sans le faire. Le sol de la chambre d’amis, jonché de bouteilles. Hombre, couinant pour un peu d’attention. L’air de son avocate, quand elle lui a dit qu’elle renonçait à l’adoption. Un râle lui échappe, ses ongles s’enfoncent dans ses jambes. Mais elle rouvre les yeux. Défiant du regard le whisky. Et la bataille dure.
Elle dure tellement que la notion du temps est perdue. Ses membres se raidissent mais elle tient bon. Il est des mouvements pour s’en emparer qui sont esquissés, mais elle ne craque pas. Ses yeux s’assèche, sa bouche aussi. Qu’importe. Les heures passent et la sorcière persévère. Ne fléchit pas. Ne prend pas la porte en courant. Alors, quand enfin celle-ci s’ouvre, c’est rauque, qu’est sa voix : «
Just in time… she was about to win. » Le trait d’humour tombe à plat, et après un dernier regard à la tentation, elle tourne le visage vers Maeve. Cela fait des années, maintenant, qu’elles se connaissent, s’étant rencontrées par hasard, un soir qu’elles essayaient de ramener le même homme à la maison – qui est rentré bredouille. Et Bianca n’a jamais caché ce qu’elle pensait de sa profession, douchée par l’inutilité de celui qu’on l’a forcée à voir après « l’incident ». Et pourtant, elle est là. Les armes sont au sol. Littéralement, sa baguette y ayant roulé sans qu’elle ne fasse un mouvement pour la récupérer, quelques minutes auparavant. «
I’m ready for your shit. » Plus Irlandaise que Mexicaine, soudainement, fatiguée par sa nuit blanche, par le poids de ce qu’elle porte, en général. Et si elle avait prévu de mettre les pieds sur la table et de fanfaronner, de faire la maligne, il n’y a rien de ça qui se passe. Elle écarte les mains, pour se reprendre. Pour demander : «
I need help. » Réellement. «
Por fa. »