On thin Ice (ft : Edel)

Rentrer un samedi matin depuis le réseau de cheminée n'avait jamais été aussi simple. Après avoir croisé @Nina Parker dans un énième bar d'Édimbourg Magique, il avait littéralement eu un blackout jusqu'à son réveil sur une banquette de train et s'était presque précipité sous la douche d'un appartement qu'il connaissait d'un ami avant de rentrer frais comme un paon à Poudlard. Avec un peu de chance, @Adair Dunn n'aurait même pas remarqué son absence et c'est avec les lunettes de soleil sur le nez qu'il était encore une fois sur le chemin qui longeait le lac noir, parfaitement blanc, voir trop blanc pour l'occasion.

Plissant les yeux par la lumière bien trop réfléchissante sur la petite couche de neige qui avait envahir l'ecosse depuis deux semaines, il eut soudainement envie de se boucher les oreilles au moment où il entendit une fredonement non loin de lui. Il avait pourtant déjà dit à @Blodeuyn Cynfeirdd de cesser de chanter, sauf si elle souhaitait tellement faire saigner les oreilles de ces camarades. Mais ce fut en voyant les couleurs poussins de la maison des Poufsouffles tournoyer sur la surface du lac qu'il remarqua la velane qui peinait à garder sous contrôle son pouvoir. C'était pire que @Siobhán Gavalagh-Korrigan, celle ci cherchait carrément les problèmes et il s'étonnait encore que @Michel-Ange Grimm n'ait pas encore succombé à son charme, petit et faible comme il était.

"Tu cherches à crever les tympans du calamar ou quoi? Creuse un trou, ça... "

Il n'eût le loisir d'en dire davantage, il avait à peine poser un pied sur la surface qu'elle se mit à craqueler sous son poids, la fissure fendant le lac gelé pour aller directement sous les pieds de la demi ou semi velane. Peu importe, ce n'était clairement pas son don qui allait la sauver du plongeon dans le lac, Edel se précipitant en glissant à moitié pour empêcher la jeune femme de se faire harponner par les sirènes. Il lui aggripa le bras pour la retenir loin de la faille qui s'était créée, laissant tomber ces lunettes au passage avant de siffler.

"Glacius ! La prochaine fois que tu voudras faire des conneries pareilles, assure toi de connaître au moins le sortilège"

Si Edel avait appris le sortilège en troisième année, il pensait bien que l'esprit trop fin de la Poufsouffle pouvait la guider dans des situations bien trop hors de contrôle. Alors que l'eau gelait a nouveau autour d'eux mais dans un très faible périmètre, le Serpentard se tourna vers la jeune femme.

"A quoi tu pensais, est-ce que tu pensais au moins?"

Bien moins sec, il s'etait rendu compte qu'il lui était tout de même tombé dessus et se fit un peu plus conciliant.

Légèrement sonnée par la chute, la jeune femme avait cessé de chanter et de valser sur le lac et Edel sentit ses oreilles lui faire bien moins mal que prévu. Bien sur, il ne pouvait nier qu'elle chantait bien mais il y avait cette vibration dans les airs bien trop caractéristique des vélanes qu'il pouvait reconnaître entre mille. En ayant vécu une grande partie de sa vie avec toutes les demi-vélanes que constituait sa famille sans en avoir hérité le don, le Serpentard avait fini par reconnaître bon nombre de signes avant coureur. Aussi le sourire qui se voulait probablement charmeur de la jeune femme lui passa largement au dessus de la tête alors qu'elle lui proposait de venir patiner avec lui.

"Mais tu m'as pris pour un Poufsouffle?"

Tout à fait sobre mais loin d'avoir une grande patience alors qu'il remettait ces lunettes de soleil sans lui accorder la moindre attention, il eut un sourire narquois en la jaugeant rapidement de haut en bas, elle qui était emmitouflé sous une tonne de vêtement pour ne pas subir le froid hivernal de Poudlard, en plus d'avoir bien amorti sa chute sur la glace. Venait-elle également de lui dire que c'était de sa faute si la glace s'était brisée sous ses pieds?

"Ne me remercie pas, on va dire qu'on est quitte."

Effectivement, s'il n'avait pas mis un pied sur ce lac pour lui demander de se taire, elle ne serait probablement pas tombée non plus. Mais il s'était vite rattrapé en stabilisant le pan de glace où ils se tenaient tous les deux et il fallait bien avouer qu'il ne pouvait pas non plus la laisser en plein milieu du lac sans savoir utiliser sa magie pour solidifier la surface. Il soupira un instant, la buée sortant de son nez, alors qu'il était surtout ennuyé de ne pouvoir la laisser en plan sans risquer de voir son prénom dans le journal de l'école dans la rubrique nécrologique.

"Tu n'as qu'à pousser la chansonnette un peu plus maladroitement, avec un peu de chance, il neigera." tenta-t-il en dégageant le bras de la jeune fille du sien. "Je vais plutot repartir en me disant que tu sais nager, à défaut de savoir charmer."

La petite semblait s'accrocher férocement à sa bonne humeur et Edel lacha un soupire. Qui était-il pour le lui enlever? S'il avait mal au crâne, il ne pouvait lui tomber dessus comme si c'était de sa faute, aussi il passa outre sa citation moldue. De un parce qu'il était bien trop fatigué pour penser philosopher avec une Poufsouffle et de deux parce qu'en soi, il était très loin d'avoir laissé de côté son âme d'enfant. Alors lorsqu'il vit perler une lueur de défi dans son regard avant de soudainement l'entendre pousser un hurlement strident, Edel plaqua ses mains à ses oreilles en espérant ne plus rien entendre, se pliant en deux avec la seule envie sur le coup : celui de la faire taire.

Profitant alors qu'une petite couche de neige présente sur la surface, il se baissa un peu plus pour saisir de quoi tasser une petite boule de neige qu'il visa alors directement dans la bouche ouverte de la jeune femme qui avait espérer faire tomber de la neige. Mais le plancher sur lequel ils étaient tous les deux commença de nouveau a craquer, sans que ce soit par son arrivée cette fois.

"Briser la glace n'aura jamais été aussi littéral sans toi."

Il l'avait soufflé, baguette en l'air et sans faire le moindre geste. Levant les yeux vers la jeune femme, il espérait presque qu'elle se soit étouffé avec sa boule de neige.

"Comme t'as l'air d'écouter les idées connes, on va jouer un peu. Si tu arrêtes de chanter, je te lance des glacius au pied et tu continues de patiner toute seule. Et en échange, tu vas devoir me rendre la monnaie de ma pièce et répondre à quelques questions. À commencer par ce que tu sais de @Michel-Ange Grimm."

Si déjà elle le poussait à passer du temps ici, autant que ce soit productif et instructif des deux cotés. A force de l'entendre incanter la formule, elle finira probablement par pouvoir refaire le sortilège. Pour le coup, il aurait pu demander à @Amy Jordan plus d'informations sur l'autre petit troll, il fallait dire qu'elle était une vraie passoire quand elle s'y mettait mais tant qu'il avait une autre Poufsouffle sous la main, pourquoi ne pas en profiter. Alors il s'éloigna doucement, avisant le rocher le plus proche sur le rebord pour s'y poser.

"Allez, je suis gentil, tu pourras aussi poser des questions."

Tout, tant qu'elle s'arrêtait de chanter.

La vie comptait toujours l’exaspérante et l’exaspérée et si Eynaelle était la première, Edel était clairement le second.

"Je suis étonné que tes chevilles n’ont pas fait explosé tes patins tiens."

Mais lorsqu'il comprit qu'elle avait probablement le cerveau connecté directement à la bouche, il ne put qu'en sourire, légèrement amusé par le ton léger ‌et les grotesques suppositions de la Poufsouffle. La mention du Grimm se pavanant en caleçon lui fit presque monter la bile de l'estomac et il se hâta bien vite de balayer l'atroce image du gobelin d'un revers de la main tout autant que le sujet.

"Mais quelle idée."

Sortant une cigarette de sa poche tout en tendant sa baguette pour lancer un glacius en direction de ses pieds, il haussa les sourcils en la sentant sur ses gardes, même avec cette distance. Mais Edel était un homme d'honneur, même si ses réponses étaient bien maigres à son goût, elle y avait répondu. Et par la même manière, il ne répondit à aucune de ses questions, puisqu'il ne lui avait jamais proposé d'y répondre. Si elle voulait en savoir plus sur lui et ses goûts, elle devrait les chercher autrement. Mais si elle ignorait qui il était, lui n'avait pas perdu de temps à savoir de quelle famille elle venait et à qui elle était reliée à Poudlard. Derrière ses airs de jeune fille à peine sorti de l'adolescence et qui jouait de ses sourires pour dévier n'importe quelle conversation vers l'amusement, il y avait vu un gros point noir qu'elle semblait vouloir oublier.

"Dis moi Sanderson." commença-t-il en soufflant en l'air, un léger sourire sur les lèvres."Ça te fais quoi d'avoir vécu avec une famille de criminel?"

Le regard ennuyé de la petite Vélane lui racontait bien des choses. Sa question fut accueillit avec autant d’honneur que si on le lui avait déjà posé ou si elle s’attendait un jour à ce qu’on la lui pose. Et dans tous les cas, sans montrer de l’intérêt parce qu’on pouvait connaître les Sandersons, la Poufsouffle lui vanta tous les mérites d'être née dans une famille comme la sienne, attirant un sourire narquois du Serpentard.

"Ah... une pourrie gatée."

Seule constatation qu'il pouvait émettre puisque personne n'aurait eu vent de ce que commettait sa famille, si petite et futile contrairement aux Almadovars. Eux, étaient pleins de nuance, entre magie noire et justice, crainte et respect, l'ascension du papy Almadovar au poste du directeur du département de la justice magique au Mexique n'arrivait que très peu aux oreilles des ignorants européens. Parfois, c'était bien mieux ainsi, n'en déplaise à ses cousins travaillant eux-mêmes chez les Aurors Britanniques.

Tirant une nouvelle fois sur sa cigarette, Edel souffla devant lui en observant la jeune femme à travers le volupte de fumée, elle qui se demandait si elle devait le connaître, presque un peu suspicieuse sur les bords, comme toute personne qui en cachait bien plus qu'elle ne le disait.

"Si tu demandes un jour qui est le plus beau et le plus humble des Serpentards, peut-être qu'on te donnera mon nom." rentrant dans le même jeu, il lui adressa un sourire, un peu plus sournois. Peut-être parce qu’il ne prétendait à aucun autre qualificatif que lui même. Plantant ses yeux noirs dans ses prunelles bleues. Elle qui dansait en tournant sur elle-même comme le monde dans lequel elle grandissait, auto centré sur sa personne et sur un don dont elle abusait pour cacher d’autres traits de sa famille. Mais dans un sens, n'était-ce pas ce que les Almadovars savaient faire de mieux? "Et il se passera quoi le jour où tu seras plus sous leur jupon?"