I'll find a way

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feat.  Saskia Nibelungen

Le Rouet d’Or était bien silencieux. La boutique d’ordinaire si gaie, remuée de toute part par la joie des plus jeunes et le bruit des machines à coudre enfonçant leurs crochets dans le tissu n’était plus. Il n’y avait que l’image de ces mannequins sur lequel on avait jeté quelques pans d’étoffe, en attendant que l’inspiration revienne - ou plutôt, la motivation.

@Solvi Nibelungen avait perdu son enfant. Ils n’avaient vraiment appris son existence qu’à ce moment-là d’ailleurs, quand de fil en aiguille ils avaient eu vent des affaires du monde d’en haut. Saskia n’avait rien dit. Elle avait accueilli cette nouvelle comme tout le monde ici, dans le silence douloureux.

Ce jour-là, elle était seule à la boutique, pendant que les autres étaient au jardin. Elle triait les tissus par couleur à l’arrière, se faisant la réflexion qu’il faudrait qu’elle aille chez la vieille Naaste pour recommander certaines nuances qui partaient généralement bien - le noir tout d’abord, le gris et le rouge aussi.

Ses doigts se figèrent sur le tissu, ayant une pensée fugace pour @Luke Korrigan. Les recherches sur son écaille n’avaient mené à rien. Svea s’enfonçait de plus en plus loin dans le Jardin, de peur de déranger les autres avec ses transformations intempestives. Le danger était de plus en plus présent, et elle... à quoi pensait-elle décidément ?

La porte de la boutique s’ouvrit, faisant teinter le petit serpent d’or qui était situé tout juste au dessus. Saskia l’entendit et releva la tête, chassant un instant le professeur de métamorphose et les désagréments du quotidien hors de son esprit.

D’un pas lent, elle sortit de l’arrière boutique en poussant un rideau épais de velours, main sur sa baguette comme à chaque fois qu’on venait jusqu’ici sans s’annoncer.

Malgré le jeune âge des deux individus qui désormais la fixaient, elle ne défit pas son étreinte discrète de sur sa baguette en bois de serpent sifflotant. Elle s’extirpa d’entre deux mannequins aux poses légères pour s’avancer jusqu’au comptoir.

Sur les murs, la lumière jusqu’alors tamisée se fit plus assurée, éclairant les visages des uns et des autres. Saskia ne reconnut aucun des deux jeunes, et @Aram Romanez s’était bien gardé de lui présenter @Lucy Clearwater.

Se penchant légèrement en avant, plantant son menton dans la paume de sa main, accoudée sur le comptoir, la petite blonde leur jeta un regard amusé.

« Est-ce que je peux quelque chose pour vous ? »

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feat.  Saskia Nibelungen

Légèrement accoudée au comptoir, la jeune Malédictus passa un regard sur le pendentif sur le jeune homme lui montrait. Les deux sangs se mélangeaient parfaitement et émettaient une douce lueur chaude. Le contrat était actif et était dans le même temps regretté. C’est qu’il ne fallait pas donner trop vite son coeur à n’importe qui. Saskia eut un petit air ennuyé, plantant sa joue mollement dans la paume de sa main.

Les histoires de coeur d’adolescents, surtout venus de Poudlard à n’en pas douter par leur accoutrement cherchant à passer inaperçus, ça ne l’intéressait pas outre mesure. Elle était même presque certaine d’avoir déjà vu l’un ou l’autre quand elle rendait visite à @Luke Korrigan. Une petite moue se dessina sur son visage.

Le regard de la serpente se planta sur Lucy quand elle mentionna son cousin. Ça ne lui disait pas à qui elle avait affaire. D’ailleurs, elle n’était pas bien certaine de savoir qui faisait quoi ici.

Alors qu’elle allait rétorquer avec sarcasme, son regard s’arrêta sur les perles qui faisaient le joli collier de la jeune femme. À la façon d’un dragon, son regard s’y accrocha fermement, avant de se redresser, d’inspirer profondément et de lâcher finalement :

« Je ne sais pas qui est ton cousin, et je ne sais pas qui vous êtes, mais quoi qu’il arrive, je sais une seule chose, c’est que ce genre d’affaire ça se paye et ça se paye très cher. Pour vous, d’abord, et pour moi. C’est pas un travail que je fais gratuitement, vous imaginez bien », commenta-t-elle sur son air le plus commerçant, sans hausser le ton.

« Vous avez l’air de savoir pas mal de chose sur moi, et moi, je ne sais rien de vous. C’est pas très équitable, et par ici, c’est généralement pas bien vu. »

D’autant que la dernière fois qu’elle avait eu une cliente avec un air kabyle dans les environs, ça avait chié pendant quelques semaines pour elle à la surface, au point qu’elle avait dû mettre en stand-by ses rendez-vous avec le professeur de métamorphose.

« Commençons par le début, vous êtes qui ? »

Elle tourna la tête vers la petite blonde, pointant du bout de l’index le collier à son cou :

« Et c’est quoi ça ? Un cadeau de ton cousin ? Je connais ça, cette empreinte magique... »

Cette magie.
Qu’est-ce que tu as encore fait @Aram Romanez, mh ?

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feat.  Saskia Nibelungen

[/color]« Oh, Ssssolvi et Fergus... »[/color] souffla tout bas Saskia, d’un air mitigé.
Ce n’était pas que @Fergus Clearwater n’était pas aimé, c’est surtout qu’ils n’étaient pas du même monde, et ça même les gamins devaient bien le comprendre. Saskia eut une petite grimace, mais fort heureusement pour eux, elle avait une affection toute particulière pour @Solvi Nibelungen. D’autant plus au vu de ce qui s’était passé récemment pour elle.

@Adil Mesli, nota mentalement Saskia, ses iris de serpent le sondant. Ça n’avait pas l’air d’être un mauvais gamin, mais il n’était visiblement pas au courant de ce qui se passait. Un sourire amusé fila sur les lèvres de la fourchelangue avant qu’elle ne plante son regard sur Lucy Clearwater.

@Lucy Clearwater, comme dans @Braxton Clearwater.

Rien que pour ça, ça méritait de les foutre à la porte et de fermer la boutique pour la journée.

Et en même temps il y avait Solvi...

Saskia continua, puisque son regard avait accroché les perles dont la signature magique ne manquait pas de lui rappeler quelque chose. En entendant le nom d’@Aram Romanez, elle ne put s’empêcher de relever le menton un léger instant, amusée. Son sourire énigmatique affirmait qu’elle le connaissait mais pas la nature exacte de leur relation. Ce n’était pas de toute façon des choses qui se disaient.

Face au rappel du jeune Mesli, la sorcière attrapa calmement le pendentif et le fit tourner entre ses doigts. Elle se pinça les lèvres, avant de le reposer sur le comptoir, se redressant calmement.

« Les pactes de sang sont des contrats que l’on passe, une personne avec l’autre. C’est un mariage, dans ce qu’il y a de plus pur et de plus indestructible. » La petite blonde repoussa doucement le pendentif vers Adil : « Pour pouvoir le briser, il faut déjà savoir ce qui a été promis. »

Pourquoi est-ce qu’elle lui disait ça ? Si elle croisait Aram Romanez ou Solvi Nibelungen, elle leur ferait regretter de lui envoyer des clients sans sou et trop jeunes pour ces rues.

feat.  Saskia Nibelungen

Le regard de Saskia allait d’un visage à un autre, alors que méthodique, elle essayait de comprendre tous les tenants et les aboutissants de ce «secret» qui tenait le jeune homme en laisse. Un pacte de sang, pensa-t-elle, quelle drôle d’idée en y repensant. Elle pencha doucement la tête, alors que d’un œil distrait elle jetait un regard vers la porte devant laquelle des visages passaient, simples passants ou badauds curieux.

Maintenant qu’elle y pensait, le Ministère avait les dents longues, et il ne faudrait pas longtemps avant qu’on n’apprenne l’arrestation d’un ou deux habitués du coin. Les Clearwater étaient influents, du moins c’est ce qu’elle imaginait. Pour les rares fois où elle avait été jusqu’à Poudlard pour voir @Luke Korrigan, elle avait cru comprendre que Jameson Clearwater n’était pas personne, pas moins que @Braxton Clearwater qui rôdait parfois dans les environs.

Saskia soupira doucement, avant de reposer son attention sur Adil.

« Soit. Je vais t’aider, mais contre ce service que je te rends, tu m’en devras un à ton tour. Pas maintenant. Quand ce sera le moment, tu devras faire tout ce dont tu es capable pour m’aider à ton tour. Si cela te convient, alors... »

La femme-serpent le fixa quelques instants, attendant sa confirmation, avant de finalement poser son regard sur la jeune femme. La protégée d’@Aram Romanez. Là aussi, elle aurait quelques questions à poser quand il passerait dans le coin...

« Laisse-moi une dizaine de minutes avec lui. Après ça, ce sera fini. »

Saskia attendit calmement que la jeune femme ne sorte avant de se retourner sur Adil. Désormais en tête-à-tête, elle contourna le comptoir et sortit sa baguette.

Si elle ne s’était pas trompée, cela fonctionnerait.
Dans le temps.

Elle pointa sa baguette sur la tempe du jeune homme.
Sans rien annoncer de plus, la baguette siffla à la façon d’un serpent alors qu’un fil invisible pénétra dans la tempe du jeune Mesli.

La magie de la vipère se faufila rapidement à l’intérieur, et si la douleur que ressentait Adil devait être atroce - puisque c’était bien le pacte qui réagissait de façon violente, le brûlant jusqu'au point où le corps ne pouvait plus le soutenir - Saskia ne s’arrêta pas.

Si des cris avaient pu alerté quiconque, y compris Lucy qui attendait à l’extérieur, la porte n’aurait jamais voulu s’ouvrir, même face à un Alohomora de belle puissance.

Pendant ce temps, le corps langoureux du serpent s’enfonça jusqu’à obtenir ce qu’il avait cherché si désespérément : une copie de la mémoire du jeune gryffondor. Fier comme un chien qui aurait rattrapé un bâton, le serpent s’extirpa de la narine du garçon, tombant d’abord sur le sol avant de venir serpenter jusqu’à la main de la magicienne.

Déposant sa baguette sur le comptoir, elle attrapa une petite boîte et l’ouvrit ; le serpent-mémoire s’y cacha, à l’abri des regards, et on n’entendit bientôt que le sifflotement lointain et discret de l’animal éthéré.

Le pacte n’était pas encore rompu ; Saskia attrapa la petite fiole et la tendit à un Adil.

« Pour l’heure, je ne peux rien faire de plus. »

La magie du sang était plus puissante que ça ; s’il avait fallu un petit quart d’heure de torture pour briser un pacte magique, sans doute que la vie aurait été plus simple pour bien des personnes. Elle essuya distraitement son front où on pouvait voir que la sueur avait perlé lors de l’effort - maintenir la trajectoire et faire le tri des souvenirs n’avait pas été de tout repos.

Saskia s’éloigna, emportant avec elle le serpent-mémoire dans sa boîte sombre.

« Tu te réveilleras un matin, bientôt, et le pacte sera rompu. Je ne peux pas te dire quand exactement, puisque ce sont des choses qui prennent du temps à se mettre en place, mais ça sera fait avant que le mois ne se soit écoulé, soit en certain. »

Elle inspira doucement, le coeur battant à tout rompre, avant de finalement s’asseoir sur la chaise haute qui était derrière le comptoir. La porte de l’entrée s’ouvrit sur le visage de Lucy qui, à en juger par ses traits, avait dû entendre le garçon. Ce n’était pas une faiblesse que de crier à ce qui était presque aussi douloureux qu’un Doloris. Un sortilège qu’elle maîtrisait certes, mais qui coûtait en énergie.

L’esprit du garçon avait été tortueux à remonter, comme s’il avait eu des centaines de secrets. Ce n’était pas agréable de naviguer dans ce genre d’esprit. Pour sûr qu’il ferait un bon Occlumens s’il s’y essayait, pensa Saskia, avant de relever les yeux sur les deux Clearwater, d’un air de dire c’est fini, vous pouvez partir.

Au lieu de ça, elle eut un sourire fin, vipérin.

« J’espère que tu n’oublieras pas que tu m’en dois une aussi, Adil Mesli. »

Parce qu’elle pouvait le sentir jusque dans le tréfonds de ses écailles de serpent-cornu ; quelque chose de terrible allait se passer pour elle ou pour les siens.