Midnight rain (Ft. Eloïse)

Midnight rain
Ft. @Eloïse Caron



Vendredi, 3 février 2023, 21h30.


Il avait attendu.

Comme toujours, avec la même patience qu’il lui avait toujours accordée. La même patience qui se surprenait lui-même à avoir avec ceux qui lui étaient chers. Il ne s’était jamais considéré comme un homme particulièrement patient, toujours dans l’urgence d’avoir ce qu’il convoitait. Sauf que l’affection l’avait toujours changé également, capable des plus grandes prouesses lorsqu’il avait le cœur à la bonne place.

Et même s’ils n’étaient plus ce qu’ils avaient un jour été, il semblerait qu’il avait eu la grâce de lui laisser l’espace dont elle avait eu besoin. Et l’espace dont il avait eu besoin aussi. 
L’ouragan qui avait sévit la dernière fois qu’ils s’étaient parlés l’avait secoué, avait rouvert les blessures qu’il pensait cicatrisées. Sinistré du cœur et de l’âme, la distance qu’il avait volontairement mis entre eux lui avait permis de mettre de l’ordre dans ses pensées. S’habituer à sa présence plus régulière lui faisait toujours étrange, mais entendre sa voix au fond d’un couloir ne lui infligeait plus la souffrance qu’il aurait imaginée.

Il s’était laissé le temps de panser les blessures avant de refaire un pas vers elle. Il y avait encore trop de questions qui étaient restées sans réponse, et trop de réponses qu’elle lui devait encore. Dans leur intention de briser le silence et les non-dits, il leur restait encore une conversation à avoir, avant de pouvoir espérer renouer une partie de ce qui s’était déchiré. Et comme la promesse qu’il lui avait faite lui était restée en tête, il voulait faire sa part pour tenter d’établir une meilleure communication. Si Oliver le méritait, ils le méritaient tout autant.

La voix robotique de son cadran lui indiqua 21h20 lorsque Thomas s’efforça de mettre ses copies d’examen de côté, laissant les parchemins retrouver leur apparence originale et se débarrasser du braille qu’il avait fait apparaître d’un coup de baguette. Avec le son de la pluie qui s’écrasait contre la fenêtre de ses quartiers, il s’était laissé bercer sans se rendre compte du temps qui s’écoulait. Se résignant à passer la nuit à Poudlard, il avait pris le chemin de sa salle de bain lorsqu’il songea au paquet de couches qui reposait dans le fond de son armoire. Si l’absence d’Oliver lui pesait sur le cœur, il venait de trouver le prétexte qu’il lui fallait.

Dix minutes plus tard, le professeur traversait le château pour cogner à sa porte à elle. Tout juste deux tocs fermes, comme toujours, mais plus timides qu’à l’habitude. Si le petit dormait, il espérait que sa facilité à dormir n’importe où et n’importe quand lui permettrait de rester assoupi. Les mains moites, Thomas retint légèrement sa respiration lorsque le grincement de la porte le tira de sa stupeur.

« Hi. I wanted to drop this off, in case you need ‘em. » Il lui tendit le paquet de couches, laissant les secondes s’écouler en silence alors qu’il semblait sur le point de dire quelque chose, sans trouver les bons mots. Une parole sur le point d’être prononcée se mua en un rire nerveux, se rendant compte de son ridicule. « I, um… I’m not here for Oliver. Not for the diapers either. » Il haussa une épaule. « I think we should talk, Eloïse. »