Turn the heat to six hundred

Turn the heat to six hundred

feat.  @Evelyn Morgan

Il y avait du raffut ce jour-là, du raffut comme il y en a rarement. Un boucan pas possible grimpait le long des dortoirs de serpentard et ça commençait à enfler, plus rapidement qu’une rumeur, plus violente qu’un coup de tonnerre. Pour sûr que les Serdaigles et les Gryffondors étaient aux aussi au courant : le serpent de Brynn Gwent avait disparu, et s’il y avait quelque chose dans ce bas monde qu’aimait la Gwent, c’était bien son serpent blanc Noodle.

Sa mère lui avait offert pour sa rentrée à Poudlard en la taquinant : pour que Brynn brille, pour qu’elle se sublime en tant que femme indépendante et forte, il y avait des choses qu’elle devait acquérir seule. Un premier amour, sa première victoire en duel et surtout la langue des serpents.

Branwen s’était bien gardée de l’aider à parler aux reptiles.
En revanche elle lui avait confié Noodle, le plus jeune des serpents de la couvée de sa python.

Serpent-espion, serpent-ami, serpent-frère.
Noodle importait, Noodle importait plus que n’importe quelle vie au sein de Poudlard aux yeux de Brynn. Elle n’en était pas encore à lui parler comme à un ami, mais il était son confident, ce petit être qui la fixait et tentait tant bien que mal de la diriger sur la voix de l’apprentissage, en douceur.

Et Noodle avait disparu.

Sur la pelouse du parc de Poudlard, les regards suivaient avec un mélange de curiosité et d’effroi la tête blonde de Brynn Gwent traversait, implacable et imperturbable, ce qui la séparait de la bordure de la forêt interdite. Certains suivirent le cortège qui s’était crée pendant l’espace d’un instant à l’arrière de la préfète de Serpentard, si particulière avec ses pieds nus et son air d’enfant-sauvage.

Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour repérer un petit attroupement de six filles qui s’étaient regroupées et tentaient par tous les moyens de faire glisser le jeune python blanc, d’une quinzaine de centimètres de long, sur le muret, l’exhortant d’aller vite dans la forêt interdite.

Quand Brynn se pointa juste devant elles, elles se retournèrent toutes comme une seule personne, leurs visages traversaient par des sentiments divers et variés.

La Serpentard releva le menton, serrant la mâchoire pour ne pas se montrer plus terrible qu’elle ne l’était. Elle tenait à son blason, elle tenait à sa réputation impeccable et à ses résultats au dessus de la moyenne. Elle tenait à son excellence et en même temps, ça n’aurait su rester impuni.

La gamine persifla :

« Rendez-moi le. Rendez-moi le tout de suite. »

Sa voix tonna avec force, ne laissant aucun doute possible sur sa conviction. Elle voulait récupérer Noodle et le serpent, à la voir ici, tenta de glisser le long du muret pour la rejoindre, en vain. Une main ou une baguette venait toujours à le repousser.

« Tu n’as pas le droit à avoir un serpent dans Poudlard ! »

La petite blonde fronça les sourcils.

« J’ai Noodle depuis la première année. @Thomas Buchanan n’a rien dit, pas plus que la Directrice. Vous n’avez--Noodle ! »

Une main venait de repousser le serpent blanc qui roula sur lui-même, risquant de tomber de l’autre côté du muret. À la hauteur où il était, c’était plus que périlleux, même pour un serpent. Brynn sortit aussitôt sa baguette, le regard jetant des éclairs.

« Ne le touchez pas ! »

« Les serpents sont faits pour être en liberté dans la nature » clama une petite rousse qu’elle reconnut pour être Payton Sturridge.

Brynn siffla quelque chose en fourchelangue, laissant les six filles surprises, jusqu’à qu’une brune se mette à avoir un rire narquois.

« Les rumeurs disaient vrais, t’es une mangemort. »

Un cri résonna juste derrière elles alors que Noodle mordait finalement la main qui tentait depuis plusieurs minutes de le maintenir sur le haut du muret. Il tomba à même le sol, non sans que Brynn ne se jette en avant pour le récupérer. Le serpent vint aussitôt s’enrouler autour de sa gorge, montrant sa gueule inquiétante en guise de mise en garde.

Les filles se reculèrent, non sans remarquer qu’elles étaient observés depuis plusieurs minutes par plusieurs élèves qui s’étaient attroupés pour ne pas louper une miette du spectacle.

La jeune Gwent passa sa main sur Noodle, pour s’assurer qu’il n’avait rien. Les températures extérieures ne convenaient pas au python qui avait besoin de chaleur, mais ça c’était quelque chose que ces pauvres idiotes n’avaient visiblement pas en tête. Elle releva le visage, d’un air ennuyé, avant de souffler finalement :

« Pour avoir volé un animal et causer du tort à ce dernier, ça fera trente points de moins pour chaque maison. Si vous considérez que vous êtes victimes d’une injustice, n’hésitez pas à vous adresser à Madame Jones et vous lui expliquerez comment un python royal se doit d’être relâché en Angleterre. Pour avoir dit de la merde, en revanche je n’peux rien y faire, je sais bien que c'n'est pas de votre faute et la greffe de cerveau c’est pas encore couvert par la sécurité sociale magique. »

Brynn observa les réactions qui furent étouffées, ici et là, entre résignation et rébellion silencieuse. Certains spectateurs se mirent à rire, sans rien ajouter. Une des filles entama un mouvement vers le château, gênée, suivie par les autres. Une petite brune murmura quelque chose qui ressemblait à une insulte en passant à côté de la Gwent.

Brynn eut un petit sourire en coin, sifflant à son tour un juron en fourchelangue, car comme toutes les adolescentes de ce monde, c’était l’une des premières choses qu’elle avait retenu.

Sssslut.

Son regard balaya la petite foule qui attendait visiblement d’elle autre chose, que Brynn ne leur offrit pas. Au contraire; elle se fraya un chemin entre les élèves, abandonnant ces derniers derrière elle, afin de retourner au château dans l’espoir de réchauffer Noodle.

Noodle pas content (spécial bonus):

Turn the heat to six hundred
Ft. @Brynn Gwent



Il n’en fallait pas beaucoup pour que la blonde prenne la fuite. Oiseau sauvage, lionne farouche, son âme tranquille avait une certaine aversion pour les querelles qui n’étaient pas siennes. Sa curiosité lui avait toujours donné un amour un peu coupable des ragots et des potins, mais malgré ses talents pour la confrontation, elle préférait fuir les altercations qui ne la regardaient pas, ou qui ne regardaient pas ses proches. Montrer les crocs lui demandait toujours plus d’énergie qu’elle n’en avait, et l’aftermath n’en était toujours que plus douloureux. 

Alors lorsque les rires mesquins s’élevaient autour d’elle et que les conversations étaient ponctuées d’insultes et d’injures, la rouge et or avait toujours l’habitude de s’éclipser plutôt que de s’en mêler. S’il y avait bien une chose que les écoles moldues lui avaient enseigné, c’était que la méchanceté n’avait pas de répit, et qu’elle pouvait rapidement être redirigée vers ceux et celles qui n’avaient pas la sagesse de tourner le regard. Not my circus, not my monkeys.

Mais il y avait bien des choses qui ne laissaient pas la Gryffondor indifférente. L’injustice en était une, la cruauté animale en était une autre. Elle savait que la Terre n’arrêterait jamais de tourner et que les conflits entre étudiants étaient éternels, mais la lâcheté du petit groupe de filles la laissa exaspérée. Six contre une, avec un serpent en guise d’otage, c’était plus que pathétique. Et surtout, il n’en fallait pas plus pour que les pas d’Evelyn la dirigent vers la source des tensions, prenant place parmi les spectateurs et les curieux. Malgré tout, la préfète de Serpentard s’en était plutôt bien tirée. Des points en moins, une humiliation publique et le tour était joué.

« En plus d’être de vraies connasses, vous ne connaissez même pas les règlements. Les serpents ont récemment été autorisés, contrairement au niffleur qu’Amanda tente de cacher. La prochaine fois, faîtes-nous plaisir et taisez-vous. », lâcha-t-elle à travers les rires des autres spectateurs. « Et je vous promets que si vous vous en prenez aux miens, vous allez connaître pire sort que quelques points en moins. »

S’il était plutôt rare que la Morgan prenne ouvertement la parole, ses mots n’en étaient que plus frappants, sans parler de son regard qui ne plaisantait pas. Mais à travers les rires qui fusèrent autour d’elle, c’est le juron en fourchelang qui sut capter son attention, ses yeux se posant sur la blonde sans pouvoir s’en décrocher. Comme si la Serpentard en était devenue magnétique, Evelyn s’efforça d’ignorer la sensation de tournis qui la saisit.

Alors comme ça, elle n’était pas la seule à Poudlard.

La découverte avait quelque chose de presque réconfortant, la sensation d’isolement et de solitude s’estompant légèrement en constatant le point commun qui les rejoignait. Elle aurait dû pouvoir s’en contenter, se laisser bercer dans ce baume au coeur sans chercher à creuser davantage, mais l’urgence de se lancer à la poursuite de la blonde n’en fut que trop grande. Le pas rapide, la lionne se fraya un passage pour suivre la vert et argent au coeur du château.

« Brynn ! », lâcha-t-elle, sans un doute sur son prénom. Les préfets bénéficiaient d’un certain statut de popularité, positive ou non. Et sans même la connaître personnellement, c’était suffisant pour qu’Evelyn s’approche sans une once d’hésitation, ses yeux tombant sur le serpent blanc enroulé autour des mains de sa soeur d’âme. L’ombre d’un sourire éclaircit son air grave, le coin de ses lèvres se relevant dans un souffle éphémère. « Viens avec moi, je vais te montrer où les miens aiment paresser à la chaleur. »

Une main tendue, une occasion qui ne se représentera pas. Si le coeur de la lionne était plein de compassion, elle tendait à avoir du mal à le montrer ouvertement. Mais, digne d'intérêt, Brynn n’était pas comme les autres, Brynn était différente et méritait cette perche tendue plus que le commun des mortels. 

« Viens. », siffla-t-elle, dans la langue qui les écartait du reste du monde.