Le silence était seulement entrecoupé de quelques larmes, de petits grognements, de presque rien. Presque rien, c’était ce qu’était Kathleen dans la toile du monde, et pourtant Sean prenait encore le temps de grimper jusqu’à elle, pour seulement la conforter. Un petit sourire déçu passa sur les lèvres de la chatte, mais ce n’était que pour elle-même. Kathleen essuya du revers de la main sa joue avant de faire une petite grimace qui était un sourire raté, difficilement forcé sur le chemin de ses lèvres fines.
Elle jeta un regard à Sean, et détourna le regard vers le ciel. Ses phalanges chassèrent les dernières larmes et alors doucement, dans le silence seulement, Kathleen se calma, sentant son souffle se poser comme un oiseau sur une branche le premier jour du printemps.
Jusqu’au moment où elle soupira doucement.
« Tu as réussi à grimper jusque là », commenta-t-elle seulement, comme un constat un peu bête. Derrière ses mèches brunes, Kath’ jeta un regard à Sean, détaillant son visage, sa tristesse.
Elle essayait de se rappeler de ce à quoi elle ressemblait à son âge, mais à l’époque, elle était déjà partie loin de Poudlard et de sa tendre protection. Si elle ne savait pas exactement pourquoi ni comment, elle avait l’impression qu’elle n’allait pas tarder à faire la même chose - encore. Partir. Partir pour vivre.
Elle enfonça sa main dans la poche de sa veste de cuir noire et en tira un galet. Un galet qu’elle avait ramassé un jour, sur la plage, alors que Braxton Clearwater lui racontait des histoires... Est-ce que c’était ça ? Elle ne s’en souvenait plus très bien. L’image de Braxton commençait à s’effacer. Elle posa le galet sur le muret, non sans sentir son coeur peser un peu plus lourd soudainement, mais c’était sans doute pour le mieux.
« Tu es plus fort que tu ne crois l’être. »Avec un peu de pudeur, Kathleen tourna la tête vers le ciel.
« Tu y arriveras. A t’en débarasser. J’en doute pas. Et moi aussi. »Elle jeta un regard en coin au petit caillou qui était toujours là, qui l’avait suivi pendant si longtemps que ça en devenait ridicule. Depuis quand elle s’attachait à ce genre de chose stupide ? Elle le prit et le tendit à Sean jusqu’à que ce dernier ne lui présente en retour ses mains, dans lesquelles elle le lâcha.
« C’est mon galet. J’ai pas souvent eu de chance dans la vie, comme tous les chats noirs, et j’ai sans doute toujours porté un peu la poisse aux gens que j’cotoyais, mais depuis que j’ai ça, j’ai rencontré des gens formidables. C’était mon premier cadeau. Je te le donne. »Kathleen eut un petit sourire amusé, avant de détourner la tête.
La paix doucement s’insinuait en elle, non pas parce qu’ils avaient une solution, mais parce qu’elle était persuadée que Sean en trouverait une pour lui-même. Sean Clearwater se sauverait, et elle, elle n’aurait jamais qu’à faire la même chose.
« Si un jour tu doutes, tu n’auras qu’à le serrer très fort et tu te souviendras. Même sans magie, même au fond du trou, il tient qu’à nous de faire l’effort de gravir le mur. »Un silence passa, après quoi Kathleen eut un rire joyeux et clair - un de ceux qu’elle n’avait jamais eu que dans la planque. Un rire plein de couleurs, alors qu’elle jetait un petit regard désolé à Sean :
« J’en raconte des conneries, hein ? J’trouvais que c’était joli. Le mur, le galet... » Elle inspira profondément, avant de se jeter au sol dans un bond félin. La détente était athlétique, et la réception parfaitement exécutée. Elle releva vers Sean son visage pâle, non sans un sourire.
« Tu peux aussi bien le jeter un jour où tu es sacrément énervé, je ne t’en voudrais pas. Je t’en voudrais seulement si tu n’as plus ni l’envie de le garder ni la force de le jeter. Ce jour-là, appelle ton père ou @Yeleen Sô. Ne reste pas seul. Jamais. La vie, c’est trop triste, seul. »Qu’est-ce qu’il se passait dans son crâne ? Rien, à bien y réfléchir. Rien de sensé. Elle avait envie d’embrasser le monde soudainement, et en même temps elle avait envie de disparaître et d’être à jamais cette petite brindille au milieu d’un champs de blé. Invisible mais présente. Invisible mais au vent.
Kathleen jeta un regard à Sean, et souffla, avec beaucoup de sérieux :
« Si tu venais à le croiser une autre fois, cette fois, je serais là. Tu ne seras pas seul, Sean. »Un sourire simple passa sur les lèvres de la chatte avant que Kathleen ne reprenne sa forme animale - celle du chat noir, qui fit un clin l’oeil au garçon avant de filer pour disparaître dans l’obscurité en quelques bonds sciemment effectués.
Cela sonnait comme une promesse - restait à savoir si le chat noir allait la tenir...