Le froid conserve et les cons servent parfois.

Alors que je ne pensais ne plus rien avoir à faire sur place, la voix d’Eynaelle me fut tourner la tête. Je la trouvais vraiment attirante quand elle souriait. Son marché me fit hésiter un instant. Je n’avais pas vraiment envie de jouer pour elle. Pourtant l’idée d’avoir une pièce rien que pour moi faillit me séduire, mais ce fut deux autres demandes contradictoires qui me vinrent à l’esprit.

Si dans un premier temps, je faillis lui demander de rester loin de moi et de ne plus m’importuner, je n’avais pas aimé a manière de me complimenter. Contrairement à ceux sur la musique, j’appréciais le fait qu’elle fait qu’elle me trouve jolie , j’en étais même flattée, mais je n’aimais pas avoir les projecteurs braqués sur moi. Je risquais moins de me faire tourmenter en restant discrète.
Ma deuxième idée fut de lui demander de m’embrasser. Il était clair que Blodeuyn avait réveillé quelque chose en moi et je voulais avoir si j’étais amoureuse de mon amie. Dans l’idée, un baiser avec une autre fille me permettrait de m’assurer des sentiments que j’avais ressentis sur le moment. Mon souci c’est que je ne la connaissais même pas, je n’allais pas embrasser une parfaite inconnue.

Cherchant ce que je pourrais lui demander, le nez en l’air regardant vers la cime des arbres, je ne songeais plus à fuir la jeune femme. Une troisième demande me vint en tête, mais je ne pouvais lui demander d’être mon amie, c’était trop ringard.

Comme me l’avait bien signaler Blo, le monde ne tournait pas au tour de moi. Et si je voulais la retrouver, je devais lui prouver que j’avais changé, que j’avais grandi. Après un moment de réflexion, je me tournais vers Eynaelle sachant ce que j’allais lui demander. Il ne serait pas question de moi pour son marché, mais d’elle. J’avais décidé d’apprendre à mieux la connaitre. D’accord, j’accepte prononçais, je bien décidée avant d’exprimer ma demande comme convenu : qu’est-ce qui va pas ? Pourquoi cette tristesse ? Je l’avais ressenti dans son chant, quelque chose la tourmentait.

Décidément, j’allais finir par m’habituer à ses compliments. Je baissais une fois de plus la tête autant gênée que flatter. C’était bien la première fois que l’on me disait attentionée. Tout pour plaire ? J’étais associable, instable psychologiquement et j’avais même des tendances suicidaires d’après certains. Essayait t’elle de me draguer ? Je n’arrivais pas à savoir, ce genre de situation était tout nouveau pour moi.

Je la sentais hésitante alors qu’elle se rasseyait. Je pris place à ses côtés attendant ses explications. Je n’étais pas pressée et j’étais bien placée pour savoir qu’il pouvait être difficile de mettre des mots sur ce que l’on ressentait. J’eus une soudaine envie de lui passer mon bras autour de ses épaules pour la lui faire savoir qu’elle n’était pas seule, mais je me ravisais embarrassée à l’idée de cette proximité. À la place, je m’excusais maladroitement : désolé, pour ta tante, je ne voulais pas….

De ce qu’elle me racontait, j’avais l’impression que l’on se ressemblait bien plus que je ne l’aurais imaginé. Elle, elle se cachait derrière son côté extravertis et moi derrière ma timidité. Moi aussi, j’avais eu une conversation importante et j’avais aussi tout gâché avec Blodeuyn; j’avais le sentiment qu’elle ne me disait pas tout. Bien qu’elle soit affectée par le décès de sa tante, il y avait autre chose. Je préférais garder mes doutes pour sachant pertinemment que je me serais braquée à sa place si l’on me posait la question.

Je n'étais pas choqué par ses marques sur son bras. J’avais vu et je m’étais fait bien pire que de simples griffures jusqu’aux sangs. Sans un mot, je lui dévoilais mon poignet droit et ma paume.

auto-mutilations:

Même Maeve, Blodeuyn et Freya n’en savaient rien. Par honte, je n’osais plus la regarder même après avoir recouvert mon poignet.

Il n’y avait pas que la colère que je n’arrivais pas à gérer. Par moments, quand mes émotions devenaient trop fortes, trop intenses, la douleur était le seul moyen de calmer ces déchaînements émotionnels de ma tête. Exactement le genre de déchainement que Blo avait réveillé en moi en m’embrassant. Pendant un court instant, je voulus protester que ce n’était pas le marché conclu. Ne pouvant toutefois me confier à Freya par peur des reproches qu’elle pourrait me faire pour mon attitude envers sa cousine, je décidais de me confier à Eyna . Moi aussi, j’ai perdu quelqu’un par ma faute... Répondis-je alors que mon visage se décomposait. Je ne voulais pas aller plus loin dans mes axplications simplement lui faire comprendre que je comprenais sa douleur.

Je restais un instant interdite, ne comprenant pas ce que j'avais fait ou dit de mal pour qu'elle se mette à pleurer comme ça. Émotive, je ne tardais pas à verser des larmes à mon tour. Blodeuyn ou Freya auraient certainement su le consoler, mais je n'étais pas comme elles. Je ne savais pas quoi dire ou faire pour ça. Tout comme la poufsouffle, je lui répondis en sanglotant : ce_ce n’est pas un concours, je_je voulais juste que tu saches que je comprenais.

Déconcertée à l’idée du câlin, en la voyant se rapprocher, je m’y un pied en arrière prête à me dérober. C’est du passé, voulu-je la rassurer, mais surtout pour ne plus en parler. C’est ce que je pensais réellement. J’avais fait beaucoup de progrès grâce aux exercices et conseil de Maeve pour contrôler mes débordements émotionnels bien qu’à l’instant, présent, j’avais une folle envie de me mordre la main jusqu’au sang.

J’avais toujours dû me débrouiller seule contre les autres. Tous ceux qui se rapprochaient finissaient invariablement par souffrir ou me faire souffrir par ma faute. Mon amie de l’orphelinat et Blodeuyn en étaient de parfaits exemples. Combien de temps me restait-il avant que je ne mette Freya à dos ou qu’elle subisse le courroux de je ne sait qui ? Je secouai négativement la tête et lavouais-je pour la décourager: non, c’est une mauvaise idée… Tu vas finir par en faire les frais. Je ne voulais plus subir ce genre de séparation. C’était toujours aussi douloureux à supporter.

Inquiète alors qu’elle levait un bras vers moi comme pour me frapper, j’écarquillais les yeux sans pour autant reculer. J’espérais au fond de moi qu’elle brutalise pour me donner raison. J’avais encore du mal à accepter que mes problèmes venaient de moi et de moi seule.

Bien qu’elle m’avait pourtant signalé qu’elle voulait me faire un câlin quelques instants plutôt je ne m’y attendais pas. Je pensais qu’elle allait me frapper et non me prendre dans ses bras. Son étreinte était douce et bienveillante. Je n’avais jamais rien ressenti de tel. Même le baiser empli de colère et de frustration, n’avait pas eu cet effet-là. Après un moment de stupeur, alors qu’elle essayait de me rassurer de sa douce voix, je ne pus me retenir plus longtemps.

Par ce petit geste si simple, elle venait de me prouver que Blodeuyn avait raison que j’étais la seule coupable à notre stupide dispute. Mon visage se décomposa d’un coup. Je lui rendis son étreinte tout aussi soudainement et plongeai ma tête sur son épaule pour épancher mes larmes coulant déjà à flots. C_c’est m_ma faute… Toujours ma faute, sanglotais-je en pensant à Blo et à mon amie de l’orphelinat.

Je n’arrivais pas à arrêter mes pleurs et si d’ordinaire, je n’aurais pas hésité à me mutiler pour que cela cesse, une partie de moi était heureuse de pouvoir partager mon chagrin. Le temps sembla s’étirer pour moi tandis que je restais dans ses bras à tremper d’un flot continu son manteau. Ce qu’elle avait pu apercevoir à travers ma musique coulait maintenant sur Eynaelle. Je restais ainsi jusqu’à ce que mon éplorement se tarisse.

Tout doucement, je finis par reculer en reniflant. Les yeux rougis par les pleurs, je secouais une fois de plus la tête sans réelle volonté de la décourager. Je ne pouvais deviner ce qu’elle voulait, mais je lui avouais d’une voix désespérée : Je veux pas te faire du mal… Alors que je pensais avoir versé toutes mes larmes de mon corps, mes yeux s’humidifièrent de nouveau quand je répétais : ...Non j’ veux pas.

Je l'écoutais sans rien dire. Sans un mot, le regard désole, je déplaçais doucement ma main pour plaquer la sienne contre sa poitrine. L'histoire se répétait, c'était pour elle que je voulais refuser son aide. J'accompagnais mon geste d'une voix lasse : non, s'il te plaît. Tu ne comprends pas, toutes celles qui ont voulu m'aider, on finit par le regretter et moi aussi. Je maintenus le contact le temps le temps de ma courte apostrophe.

Malgré tous mes sens qui me dictaient de m’enfuir, je me surprise à dire : j’ai grandi dans un orphelinat. Je ne pouvais compter que sur moi-même. Je n’avais jamais raconté ça à qui que ce soit, même pas à Blo. Avec mon vécu, je n’arrivais plus à accorder ma confiance en mes camarades. Et ce, malgré le fait que Blo et Eyna m’avaient montrer que le monde des sorciers était plus tolérant que celui des modus.

Comme à chaque fois que je me remordrais cette mauvaise farce qu’avait été ma vie jusqu’ici, une haine difficilement contrôlable déferlait en moi. Les poings serrés avec un rictus éphémère me déformant le visage, je décrétais sur un ton sonnant comme une menace : C’est du passé… Je n’avais aucune envie d’en parler. Je n’avais même pas encore évoqué le sujet avec le docteur Cynfreydd.

Reprenant rapidement le contrôle de mes émotions, mes traits se radoucir. Je la dévisageais un moment, je préférais ce que dessinait son sourire sur son visage, elle était plus jolie avec. Je poussais un court soupir de résignation, Si Eynaelle voulait apprendre à me connaître c’était son choix. Je l’aurais au moins prévenue, elle.