Rape me

Rape me

feat. la famille Grey

tw / violence psychologie, abus de pouvoir, manipulation

Sur le portail du château de Dean, il y avait le crâne d’un dragon que le premier des Grey aurait tué contre un peu de terre et la main d’une fille plus belle que la nuit. La légende était bien connue, bien entretenue, même si mémé Melania avait pu parfois se confondre et changer les prénoms ; le seul qui restait inchangé, c’était celui de Brivael, premier des Grey. La tête couronnée de lumière, à l’aspect si parfait, si lisse qu’on aurait cru qu’une fée pleine d’amour lui aurait embrassé le front dans cette famille où tous les hommes avaient des silhouettes corbines.

Pourtant, si on avait demandé à Joleene lequel de ses enfants elle préférait, il n’y avait que peu de doute qu’elle aurait répondu James, sans honte ni fioriture. Bien sûr Symphony était sa fille et elles étaient, l’une pour l’autre, énormément. Mais la petite princesse des Grey était désormais une McSwann, comme son mariage avait eu lieu à la fin de l’été, et elle volait de ses propres ailes, toujours sous le giron protecteur de la famille alliée.

James, lui, ne la quitterait jamais. C’est ce qu’elle s’était dit, et puis comme il lui ressemblait sur de nombreux points, elle s’était bercée de l’envie de le tenir à ses jupons. Il avait cette manière de venir la voir depuis qu’il était petit, tout penaud et le regard bien bas, de se mordre la lèvre avant de murmurer sa bêtise. De là souvent elle lui promettait de ne rien dire à Lester qui aurait été bien moins conciliant.

La préférence n’était qu’à peine voilée. Pour Brivael, c’était d’autant plus clair que le cygne blanc avait été écarté du nid dès la naissance, offert en offrande à Lester. Ce n’était pas véritablement dès lors son fils, mais l’héritier des Grey, et elle n’avait pas eu son mot à dire dans son éducation – pas que Lester ne lui avait laissé rien dire, mais plutôt qu’elle lui avait donné sans jamais le regretter.

Mais Joleene était cruelle. James ne le découvrait pas d’aujourd’hui ; il avait bien assez grandi auprès d’elle pour l’avoir vu parfois, dans sa façon de laisser faire, dans sa façon de donner des raisons à Lester de venger son nom. Comme une maîtresse implacable, à l’œil infaillible. Le cadet ne doutait pas que ses parents s’étaient bien trouvés et il trouvait dans les regards de chacun d’eux un amour profond l’un pour l’autre, mais Joleene avait du serpentard la science des beaux mots, le don d’endormir pour mieux frapper.

Ce qui surprenait James, finalement, c’était qu’elle ait pu lui faire ça – à lui.

A ce fils favori, à ce cadet adoré. Elle avait fait quelque chose. Il n’en avait pas la preuve, mais il le sentait au plus profond de son crâne, au plus profond de sa chair.

Il était parti ce matin de chez les Clearwater, juste le temps de réfléchir, de calmer ses pensées, d’effacer le sang de son menton et du creux de ses mains.

Pâle il s’était trouvé à s’observer dans le miroir froid, observer le reflet du garçonnet qu’il avait été. Qu’aurait-il pu faire qui ne mérite un tel châtiment ? Quelle sombre histoire lui cachait-elle et pourquoi, à lui ?

Pendant un instant de lucidité, il s’était même demandé si Brivael savait, lui. Etait-ce pour cela qu’elle l’avait tenu tant à l’écart, même enfant, où il avait été davantage le gardien de son frère qu’un véritable frangin ? Il ne se souvenait pas d’avoir tant joué que ça avec Brivael, outre les fois où il avait bien voulu jouter avec lui. L’apprentissage des sortilèges avait d’abord été une excuse toute trouvée pour passer du temps avec cet aîné de quelques années, et puis comme sa mère s’était aperçue de son génie – s’en était-elle convaincue et lui aussi ou était-ce la vérité ? il doutait désormais de tout – elle avait perverti les jeux en compétition.

Tout ce qu’elle avait touché, elle l’avait empoisonné.

Son père était devenu vieux ; sa mère était devenue laide.

L’un l’autre était désormais des résidus de ce qu’ils avaient été un jour dans le cœur de James. Il se perdait en pensées sombres, en bile noire, sans jamais trouver de réponse. Le doute et la loyauté se réaffirmaient à chaque fois : non, ce n’est pas possible, elle a sans doute voulu me protéger.
Mais le protéger de quoi ? Sans jamais rien lui dire avant ?

A la fin de la journée, il n’y tenait plus.

James se leva d’un coup et transplana.

Le craquement le fit apparaître devant le portail au crâne de dragon. La fin de journée était fraîche et une fine bruine tombait sur tout le Domaine. Les corbeaux étaient bien silencieux, perchés sur les arbres immenses, suivant d’un regard curieux le garçon revenu auprès des siens. Plus jeune, James leur donnait la béquet, préparait un petit d’eau chaude et du pain en hiver pour qu’ils passent la saison un peu plus réchauffé.

Lentement mais sûrement, les pas du Grey foulèrent les graviers qui donnaient l’impression d’un tapis clair au milieu du jardin. Ses cheveux s’alourdirent au fur et à mesure qu’il traversait le parc, l’air plus sombre que le matin même, son ombre s’allongeant dans son dos à la manière de deux ailes de corbeau.

Ses sourcils se froncèrent, alors que l’image de sa mère hurlant sur lui revenait, juste avant le trou noir – juste avant le silence.

Qu’as-tu fait ? répétait en boucle une petite voix en lui.

La raison voulait croire que sa mère n’avait jamais fait que le meilleur pour lui, mais dans l’enfer aussi était pavé de bonnes attentions. James passa devant les tombes pluri centenaires de ses ancêtres qui devaient se demander qui tambouriner le sol, tant James frappait de ses talons, marchant d’un air rageur jusqu’à la porte.

Pas troublé ni intéressé par les asphodèles qui décoraient le cimetière familial, James s’arrêta devant la porte et toqua deux fois. Un elfe de maison ouvrit, se pliant aussitôt en deux et laissant entrer James :
« Jeune maître, je vais vous séch- »

James claqua la porte derrière lui, jetant un regard à la petite créature. Derrière ses mèches noires, il ne restait que ses yeux vert bleu pour lui cracher tout ce qu’il ne devait pas faire s’il voulait rester en vie.

« Déguerpis Dunky. »

L’elfe de maison rampa sur le sol dans une expression soumise, s’écartant du chemin du garçon.

James s’attendit à voir son père le premier mais c’est sa mère qui passa la porte. Lester devait être occupé dans son bureau à une pareille heure. Il ne descendrait que dans une grosse heure quand il s’agirait d’aller manger avec son épouse.

La mère croisa doucement les bras sur son torse en apercevant son fils, trempé de la tête aux pieds par ce qui n’était désormais plus une bruine mais une averse. Joleene releva doucement le menton, fronçant les sourcils à voir l’expression tiraillé, de douleur et de colère, qui passait sur le visage de son cadet. Elle n’était pas assez affectueuse et tactile pour venir cueillir son visage et lui assurer que tout irait bien ; d’autant que la faiblesse de l’âme était une médiocrité qu’il fallait tenir le plus rare possible.

« Qu’est-ce qui te fait si mal, James ? »

Elle avait entendu parler de la rupture de ses fiançailles avec Céleste Delacroix, aussi elle imagina un moment que son garçon aimait la jeune femme. Assez pour se mettre dans tous ses états. Cela la fit sourire, d’un air désolé pour lui.

« Ne t’en fais pas, si tu le veux, peut-être que nous pourrions rencontrer les Delacroix et nous expliquer. Je suis certaine qu’ils nous éco- »

« Vous écouterez ? »

James se redressa de toute sa hauteur, affichant un air plus tranchant encore.

« Alors que tout ce que vous dites ne sont que des couleuvres ? »

Le visage de Joleene changea aussitôt d’expression. Ses sourcils se froncèrent alors que ses bras retombaient le long de son corps, ce qui n’était pas bon signe d’ordinaire.

« Tu ferais bien de surveiller tes mots, James. »

« Mes mots ou mon esprit ? »

Le regard de James et de Joleene s’accrochèrent.

Elle fit comme si de rien n’était, ne cillant pas, le visage toujours durci par la remontrance précédente. Joleene plissa légèrement le regard, ce qui lui donnait un petit air vipérin dont avait hérité son fils cadet et sa fille, à une moindre mesure.

« Qu’est-ce que tu racontes ? » souffla Joleene.

« Mon esprit. Mon esprit… Si je saigne du nez, c’est parce qu’on y a touché. C’est parce qu’on a levé une barrière à l’intérieur. Parce que vous avez levé une barrière. »

Il n’était pas certain que ce soit elle, mais il voulait bien y croire, et il en était même sûr à voir le teint livide que pris le visage de sa génitrice. Joleene recula d’un petit pas, cette fois se parant de son masque de victime, s’offusquant de l’accusation.

« Je n’ai rien fait ! »

Mais ça sonnait faux. Tout sonnait faux, comme tout avait toujours sonné faux.

Le mariage arrangé avec Honoria.

Les études à l’étranger.

Toutes ses fois où elle avait enfoncé ses griffes, refusant qu’il ne parte. Ce n’était pas parce qu’elle l’aimait jusqu’à l’étouffer, c’était pour avoir le contrôle. Le contrôle sur lui, comme un petit pantin. Depuis combien de temps ?

« James, tu n’imagines quand même pas que »

« Arrêtez ! »

Il avait hurlé, si fort que les murs en avaient fait un écho glaçant.

Ça venait du fond du cœur, du fond de son crâne. Elle avait fissuré son esprit, mais elle avait aussi mis en danger sa propre santé, elle avait mis en danger plus que ça – elle avait tué l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre, elle avait échoué à être mère, pour la seconde fois.

« Arrêtez de me mentir, encore, et encore ! »

Il martelait ça désormais, furieux, diable furibond.

« Arrêtez ! Et dites-moi, pourquoi ! Pourquoi ! »

Il l’accusait de nouveau, pointant sur elle l’index accusateur.

Elle reculait à chaque fois qu’il faisait un pas vers elle, tournant autour de cette immense table où ils avaient pris tant de repas ensemble, parfois en tête à tête, parfois tous réunis. Tant d’enfants. Tant de rires. Combien était vrai dans son crâne ? Avait-il vraiment été heureux ? Et Brivael ? Et Symphony ?

James frappa de toutes ses forces sur la table qui fit un bond sur place. Sa mère continuait à tourner autour de la table. Il frappa du pied dans une chaise qui glissa sur le sol.

« Comment de fois vous-êtes vous permise d'entrer dans ma tête ? Est-ce que cela vous faisiez plaisir ? J'espère ! Quelle incroyable génitrice vous faites ! Quelle vipère ! »

Joleene campait sa position, lui jetant le regard de celle qui est acculée mais qui n’a aucune défense. Elle gardait bien haut le jeu de comédien, lui criant d’arrêter, l’intimant au silence quand il hurlait, véritable diable.

C'était à cette heure où le loup s'apprête à dévorer le chien. Celle que Lord Lester Grey préférait dans la journée, particulièrement parce que le bruit incessant des âmes diurnes s'étouffaient dans une lente et spectaculaire agonie. Les couchers de soleil avaient cette rehausse de couleur sur le gris des pierres à nulle autre pareille. Cet instant privilégié, Lester Grey aimait à le savourer seul, dans son bureau, délaissant un temps les comptes désastreux de la famille pour s'accorder un moment de calme, presque de sérénité.

Evidemment les éclats de voix qui venaient d'en bas eurent tôt fait de saccager ce moment. Le vieux Lord grommela entre ses dents, repliant sa serviette de cuir après avoir épuisé le peu de patience dont la nature l'avait doté à espérer que le silence ne retombe. Lentement, comme chaque fois qu'une tempête couvait, il suspendit sa lourde robe de chambre à la patère près de la porte. Il ne la revêtait que dans le privé de son cabinet de travail, trop orgueilleux sans doute pour admettre que l'âge l'avait déjà refroidi jusqu'aux os. A peine eut-il passé la porte, que les mots de son benjamin sonnèrent à son oreille, clairs et distincts. La silhouette de faucheur de Lord Lester sembla s'assombrir encore d'avantage à mesure qu'il descendait les marches de l'escalier qui donnait sur le grand salon. Mais, pour une raison qui ne disait pas encore son nom, il choisit de ne pas s'abattre immédiatement sur le petit impertinent. Il se repaitrait de son outrecuidance une fois que, se croyant dans l'intimité, sa tendre vipère d'épouse et son fils, lui auraient donné le fin mot de l'histoire. Posté à mi parcours, il attendit que les mots ne sortent de la bouche de James pour se manifester :

« Je serais curieux de savoir ce que tout ceci signifie... », siffla le Lord d'un ton rauque et pesant.

Ses yeux froid tombèrent plus dur qu'un jugement, tant sur l'accusée que sur le plaignant. Il ne faisait pas bon déranger Lord Lester Grey pour rien...

FEAT ANA SOUVOROV. Ancienne étudiante de Beauxbâtons, où elle a fait l'essentiel de sa scolarité, puis préfète de Poufsouffle, Ana est la fille d'Alexandr Souvorov et Lady Lilith Grey. Jeune chercheuse prometteuse en botanique, on lui doit la publication de deux opus de botanique très remarqués dans le milieu et de quelques articles dans des revues de magizoologie. Venue renforcer les effectifs de l'IDEM, elle a très rapidement pris Sheraz Mahal sous son aile, malgré le fait que le jeune homme ne brille étonnamment pas dans son domaine à elle. Ana Souvorov est connue pour être un bourreau de travail. Si cela ne pose question à personne, d'autres ne manqueront pas de se demander ce qu'elle cherche à fuir en s'enfermant dans ses serres parmi les plantes... lire sa fiche

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L’aura sinistre du Père, figure immuable, implacable, et ô combien inquiétante, ne fit pas même frissonner James. C’est que même dans son habit le plus sombre, l’homme avait vieilli et le cadet des Grey n’avait plus, en ce seul instant, une once de remord. Si Joleene avait commis un tel acte, Lester devait être au courant. Peut-être même était-il l’instigateur. Peut-être que tout ça n’avait été fait que dans le but de laisser une place de choix à Brivael, pour l’empêcher – lui – de briller au détriment de l’aîné couronné.
La bile laissa place à l’acide, mais James se maîtrisa. Il se déplia lentement, tentant d’ordonner le flot de pensées incohérentes et piquées.

Ses iris bleus verts se posèrent sur la silhouette de sa mère.

Joleene Black, mariée Grey, affichait pour la première fois de sa vie, ou peut-être était-ce la seconde, un air vulnérable, presque… apeuré ? James resta quelques secondes interdit, comprenant soudainement ce qu’il n’avait pas imaginé. Qu’il n’avait pas même effleuré du bout du doigt.

Le fait que sa mère puisse avoir des secrets pour son mari.

La chose le frappa à la façon d’un aspic ; ce fut vif et surprenant.

Il releva les yeux sur Lester, se demandant jusqu’à quel point sa mère serait ennuyée, ou plus encore, en danger, s’il l’apprenait. Est-ce que cela ne lui ferait rien ? Non, Lester était un homme territorial, qui menait d’une main de maître le petit cercle des privilégiés qui partageaient son sang. Il n’aurait rien permis de tout ça.
De là à bannir ou blesser sa femme ? Difficile à dire, et en même temps, n’avait-il pas fait bien pire en son temps ?

James comprit qu’ils n’étaient, ni lui ni sa très chère mère, en position de le faire attendre plus longtemps.

Il avait de toute façon entendu des bribes, des cris qui avaient serpenté jusqu’à son bureau.

Le Corbeau jugeait d’en haut les deux vipères. James se sentit presque agacé, oubliant un instant le pourquoi de sa venue, avant de finalement planter sur Joleene les deux dagues qui lui servaient à cet instant d’yeux.

« Ce n’est rien de grave » souffla doucement Joleene, les doigts glissant sur la table. Lester était dans son dos, aussi elle tentait de deviner l’air de son mari qu’au travers du visage de James, de ses réactions. Sa voix tentait de maîtriser la peur qui tremblait dans le fond de sa gorge, mais les vipères n’avaient jamais été très douées à ce jeu, aussi elle ne put s’empêcher d’instiller un peu de venin dans ses mots, dans l’idée avouée de restreindre son cadet à sa place seulement : « James a eu une journée difficile. Il n’a pas l’air d’apprécier que je remette sur la table son mariage avec Honoria. »

Le visage de James se tordit, alors que ses épaules se tendirent. Il pouvait imaginer son épiderme se tendre sous les vêtements, avec cette envie furieuse de hurler plus fort encore. Mais il se calma, presque aussitôt. Ses épaules s’affaissèrent sous le costume.
Ses iris semblaient crier quelque chose à Joleene.

Si Lester n’était plus qu’un vieillard, Joleene n’était plus qu’une couleuvre.
Serpent sans venin.
Dragonne sans feu.

Il releva les yeux vers Lester, avant de lâcher de cet air suffisant qu’il avait souvent :

« Votre épouse m’a oublietté. »

Il ne pouvait sciemment pas l’appeler maman.
Aucun parent n’oublietté ses enfants, ou seulement les pires d’entre eux.

tw : grossophobie

Les années avaient peut-être émoussé l'allure et l'aura ténébreuse du Lord mais il n'avait rien perdu de sa perspicacité, moins encore de sa sévérité. Ce genre de choses, ce bonifiait avec le temps, poursuivant la sinistre pente à laquelle les prédestinait une inclinaison au Mal quasi héréditaire.

Dans le dos de son épouse, le vieillard ruminait une sourde colère. Ces attentes l'agaçaient au plus au point quant aux détours que Joleene semblait vouloir prendre, eux ne mentaient pas. A un petit pli au niveau de sa mâchoire, on pouvait sentir la noirceur grandissante qui lui dévorait le coeur.

« Vous m'en direz tant... maintenant que je n'ai plus les mains liées par mes promesses à Manfred McSwann, il me serait fort déplaisant que vous soyez allée bavasser des manquements de votre bru française auprès de la plus généreuse des siennes. »

Lord Lester n'avait jamais caché son désamour des descendants de son vieil ami Manfred. S'il s'était abstenu de se répandre en qualificatifs gratifiants sur la petite boule porcine que l'on avait jugé bon de coller dans les pattes de son fils cadet, c'était bien par pitié pour lui et pour l'assurance de garder la main mise sur le seul héritier McSwann qui en vaille la peine.

Il avait proféré ces insinuations, égrainant chaque mot avec cette lenteur calculée, menaçante, qui promettait le pire. Dans le même temps, il avait descendu l'escalier et rejoint le grand salon qu'il remplissait de sa présence écrasante. Un long regard verrouillé sur Lady Joleene l'enjoignait de s'expliquer. Il ne pouvait décemment pas croire qu'elle avait fait preuve de si peu d'esprit. C'était le prendre pour un imbécile et s'il y avait bien une chose que Lord Lester ne pouvait tolérer c'était celle-ci. Encore moins de sa propre épouse.

Quand James prit sur lui d'apporter une réponse à cet interrogatoire tant sadique que silencieux, le Lord le faucha d'un regard. Ses yeux terribles l'épinglaient littéralement sur place mais on pouvait y lire un plus grand outrage encore que n'avait suscité la duplicité de Joleene Black.

« Oublietté ? », répéta le Lord de plus en plus caustique, « Ce n'est pas une mince accusation. Je présume qu'avant de proférer de telles paroles, vous vous êtes donné le mal de réunir quelques preuves contre votre mère. »

Tournant comme un vautour autour d'une charogne, les mains croisées dans le dos, Lord Lester Grey ralentit le pas pour s'arrêter aux côtés de son fils, face à Lady Joleene.

FEAT ANA SOUVOROV. Ancienne étudiante de Beauxbâtons, où elle a fait l'essentiel de sa scolarité, puis préfète de Poufsouffle, Ana est la fille d'Alexandr Souvorov et Lady Lilith Grey. Jeune chercheuse prometteuse en botanique, on lui doit la publication de deux opus de botanique très remarqués dans le milieu et de quelques articles dans des revues de magizoologie. Venue renforcer les effectifs de l'IDEM, elle a très rapidement pris Sheraz Mahal sous son aile, malgré le fait que le jeune homme ne brille étonnamment pas dans son domaine à elle. Ana Souvorov est connue pour être un bourreau de travail. Si cela ne pose question à personne, d'autres ne manqueront pas de se demander ce qu'elle cherche à fuir en s'enfermant dans ses serres parmi les plantes... lire sa fiche

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Le jeune Lord n’aurait su dire si c’était l’épreuve était plus difficile pour lui que pour sa mère, mais à voir le visage de Joleene Black se décomposer lentement avait quelque chose d’odieux et de satisfaisant. Il ne s’était pas trompé, quand bien même la couleuvre nierait, encore et encore, même face à l’évidence.

Un frisson remonta l’échine de James quand son père vint se poser à ses côtés, sans un mot de plus, ni un seul pas. Il sentait son regard jusque dans son dos, et c’était comme si on lui avait braqué un canon tout contre la tempe.

Des preuves.

En avait-il vraiment, des preuves ?

Les yeux de James cillèrent, mais il n’avait pas peur. La haine viscérale qu’il ressentait gommait l’inquiétude, confondait en lui la témérité et le courage. Pour peu, il se découvrait une âme de gryffondor quand il n’avait jamais été qu’un parfait petit serpentard, ambitieux et rongé par l’élitisme de sa famille.

« J’ai été consulté à Sainte Mangouste... » commença-t-il, alors que le regard de Joleene se crispa, ses beaux yeux devenant aussi fins et terribles que ceux des prédateurs.
« Ils n’ont trouvé aucune raison aux hémorragies et aux douleurs qui m’ont pris... » continua-t-il, le timbre de voix égal, le grain grave et posé à la fois.
« En revanche, je me suis rendue chez un briseur-de-sort, et nous avons mené un rituel... »

Ses yeux guettaient toujours avec une rage à peine contenue le visage de sa génitrice.

Joleene Black tenait toujours, ne mouftant pas, sinon quoi elle aurait eu l’air encore plus coupable. Au lieu de ça, les meurtrières qui lui servaient désormais d’yeux fixaient en retour James, la mâchoire saillante.

« Selon lui, il y a une barrière qui a été posé. Il y a longtemps, très longtemps même. Et cette barrière, nous avons réussi à voir qui l’a posé, et quand. C’est la dernière chose que nous avons vu avant de nous heurter à elle. »

La salive commençait à lui manquer ; James déglutit péniblement, comme si chaque mot était une accusation, était un soufflet qu’il aurait pu envoyé à sa mère. La brune, de son côté de la table, encaissait chaque coup sans démordre. Avouer, c’était perdre, et si elle gardait son regard droit sur son cadet, c’était encore pour éviter de croiser le regard de jugement que lui jetait sans doute son mari.

Il y avait peu de chose que Joleene aimait avec sincérité sur cette terre, car son coeur était fait de ronces et d’épines. James et Lester en faisaient pourtant partis, et elle comprenait à ce moment-là combien il lui était douloureux de se sentir seule parmi eux - jugés par eux.

« Nous étions chez les McSwann. Il y avait le lac, et le labyrinthe. Et puis soudainement, vous êtes apparues... vous étiez si... fâchée... contre moi... », murmura lentement James.

Ses sourcils se froncèrent en une expression indescriptible. C’était peut-être bien la première fois qu’il montrait une telle vulnérabilité, une telle souffrance, et comme pour en rajouter au tableau décrit jusqu’alors, et parce qu’il pensa un instant à cette maudite image de sa mère, une petite perle de sang glissa de sa narine droite jusqu’à sa chemise.
Puis une autre, rapidement rejointe par une troisième.

Joleene éclata, sentant qu’on ne lui laisserait qu’à peine le temps de se défendre si elle ne prenait pas les choses en main dès maintenant, et aussi parce que James lui jetait un tel regard méprisant qu’elle ne pouvait le supporter.

« Je l’ai fait pour toi ! » vociféra-t-elle, les joues piquées d’un fard non pas de honte mais de colère, « je l’ai pour toi, James, si ton père avait appris ce que tu as osé faire ce jour-là... »

Si cela aurait pu passé pour une maigre défense, cela semblait sincère sur les lèvres pâles de Joleene. C’était difficile à savoir, tant elle usait de manipulations en manipulations, mais Lester la connaissait assez pour reconnaître ce véritable embarras, cette peur authentique qu’elle offrait à voir. C’était la même qu’elle avait ressenti le jour où il était venu la chercher, jusqu’au Manoir Black, quand elle n’avait pas osé lui annoncer l’heureux événement qui allait bouleverser leur vie à tous.

Ce n’était pas une bonne nouvelle pour elle, ça n’en était toujours pas une d’ailleurs, mais Brivael avait au moins eu le mérite d’avoir abandonné tout espoir de nouer avec elle une quelconque relation. Elle s’entendait, à défaut, bien avec ses petites filles et cela lui plaisait de recevoir leur visite. Quant à Alice, c’était une créature adorable.

James, lui, foulait au pied tout ce qu’elle avait construit, pour lui. Il reniait cette protection qu’elle lui avait pourtant dévoué, à lui et à lui seul. Elle se sentait toute aussi trahie que lui, aussi les deux vipères se méprisaient l’une l’autre.

« Le faire pour moi ? » se moqua James, d’un rire hautain, qu’elle coupa aussitôt. « Qu’est-ce qu’un enfant peut-il faire de si terrible que ça, Mère ? »

Joleene le fixa, d’un air désabusé. Si elle parlait, elle le mettait en danger. Si elle ne parlait pas, elle se mettait en défaut vis à vis de Lester qui finirait bien par obtenir d’elle une réponse. Pourrait-il aller jusqu’à la répudier pour ça ?

Ils s’aimaient.

Joleene y croyait.
Elle ravala sa salive, détournant le regard d'un air piqué.

Lord Lester écoutait les confessions de son fils avec cette apparence du calme qui n'en était pas. Joleene connaissait bien cette expression et elle saurait y lire, mieux encore que James, que quoiqu'il se passe désormais, rien de bon ne pourrait sortir de cet étouffant huis-clos. En vérité, il y avait même presque trop d'atermoiements pour ne finalement quasiment rien lui dire de ce qu'il s'était vraiment passé ce jour là, si bien que l'ancien détenu d'Azkaban rongeait silencieusement un frein bouffé par la bile plus que par ses dents qu'il serrait avec venin.

Finalement ce fut Joleene et son cri de désespoir, sifflant de rancoeur, qui lui offrit ce qu'il avait cherché. Du moins en partie. Il n'avait toujours pas le fin mot de cette histoire mais des aveux constituaient une mise en bouche presque suffisante. Des aveux qui avaient le goût de la trahison et pas n'importe laquelle. Celle d'une épouse. La sienne. Joleene Black.

« Ainsi donc vous avouez, Joleene Black. Dites nous donc ce qui aurait pu à ce point me mettre en rage, plus encore que la trahison de ma propre épouse. », à un certain point, le phraser du Lord s'était envolé feulant et grondant comme un tonnerre dans la maison dont les vitres vibrèrent. Tout à coup, l'obscure noirceur de l'orage qui agitait intérieurement Lester Grey avait empli la pièce, prêt à les étouffer. Il n'y avait soudain plus de place que pour des lumières agonisantes dans le grand salon. Le feu dans l'âtre convulsa un instant, surpris par ce violent coup de sang avant de mourir dans un pof mât. « Je suis curieux d'en entendre plus... », souffla-t-il d'une voix qui dispensait les mots au compte goutte comme un poison trop virulent pour être administré autrement.

La trahison était d'autant plus grande qu'il lui avait aveuglément donné tout de lui, sa confiance avant toute chose. Absolue et maîtresse en leur couple.

Reprenant sa ronde chasseresse, il vint se poster derrière son épouse, ses yeux gris froids se posant avec intensité sur ce fils qui pourrait bien être la source de son plus grand malheur dans quelques instants. Ses mains, désormais chenues, remontèrent jusqu'aux épaules de Joleene, dans une caresse qui aurait pu les rajeunir de trente ans dans un autre contexte. Elles s'arrêtèrent à la naissance de sa nuque, autrefois gorge de cygne satinée et délicate. Il y avait longtemps de cela.

« Parles, Joleene Grey, avant que je ne perde patience. », intima le Lord en se penchant à son oreille.

FEAT ANA SOUVOROV. Ancienne étudiante de Beauxbâtons, où elle a fait l'essentiel de sa scolarité, puis préfète de Poufsouffle, Ana est la fille d'Alexandr Souvorov et Lady Lilith Grey. Jeune chercheuse prometteuse en botanique, on lui doit la publication de deux opus de botanique très remarqués dans le milieu et de quelques articles dans des revues de magizoologie. Venue renforcer les effectifs de l'IDEM, elle a très rapidement pris Sheraz Mahal sous son aile, malgré le fait que le jeune homme ne brille étonnamment pas dans son domaine à elle. Ana Souvorov est connue pour être un bourreau de travail. Si cela ne pose question à personne, d'autres ne manqueront pas de se demander ce qu'elle cherche à fuir en s'enfermant dans ses serres parmi les plantes... lire sa fiche

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Voyant son père s’éloigner, James ne sentit pas pour autant ses épaules se délier. Au contraire même, à voir les quatre yeux le fixaient du coin, il fronça les sourcils, un frisson désagréable lui remontant l’échine puis la nuque. Les doigts du garçon se posèrent avec lenteur sur la grande table alors que Joleene le dardait d’un regard terrible, véritable Perséphone dans les jours les plus froids de l’Hiver. A sa gauche, son Hadès, tout prêt à les exécuter, lui comme elle, si l’un ou l’autre perdait la main. Lui n’avait plus aucun atout dans sa manche ; à elle, il lui restait encore les beaux yeux, même si James doutait fortement que cela suffirait. L’amour avait ses limites, et la trahison n’était pas quelque chose que les Grey supportaient avec aisance et c’était bien malheureusement ce que les Black avaient offerts aux autres pendant des siècles.

Joleene ravala doucement sa salive ; son esprit se voyait peser le pour et le contre. Est-ce que son amour pour son fils était à ce point fort, à ce point incompressible, qu’elle envisageait de continuer la supercherie ? De mentir, de fouler tout ce que Lester lui avait un jour donnée ?
Dans le même temps, si cela se savait...
Et s’il l’apprenait surtout, cet enfant, si obstiné, si persévérant, n’irait-il pas courir aussitôt dans les jupons de sa chère cousine ? Lui qui était si facile à manipuler, pour peu qu’on le caresse dans le sens de l’âme et qu’on nourrisse son appétit pour les conversations intellectuelles.

Une grimace passa sur les lèvres de la Black alors que, sentant son époux s’impatientait derrière son masque de calme, elle penchait vers lui la tête. Ses iris vertes disparurent derrière quelques mèches de cheveux alors qu’elle venait chuchoter, du bout des lèvres, quelques secrets bien gardés à l’oreille du Lord.

Ce que ce jour-là il s’était passé, ce qu’elle avait du faire, de peur que Lilith ne se fâche, qu’ils ne se fâchent tous ensemble, à un moment où tout était si fragile encore, où tout était à reconstruire. Elle regrettait, il était vrai, mais qu’aurait-elle du faire ? Aleksander ne les portait déjà pas en grande estime, et James était... James était ce qu’il était, un petit garçon tout fait de pulsion et d’envie, elle avait pensé... mal, peut-être, mais elle avait pensé à bien faire à l’origine, et avant récemment, jamais elle n’aurait cru que cela reviendrait sur le tapis, puisque ni l’un ni l’autre ne s’étaient plaints auparavant.

Le ton emprunté ne fut pas suppliant car Joleene ne savait pas être de celles-là, mais il fut sincère, désolé, mais pas suppliant. Les yeux clos, le nez dans la gorge de Lester, elle se tut finalement au bout de quelques longues secondes. Elle recula un peu le visage, pour voir du coin de l’œil ce que le patriarche avait à dire finalement.

James, de son côté de la table, s’était froissé, chaque seconde un peu plus. D’abord parce qu’elle ne le regardait pas, ensuite parce qu’elle refusait de le lui dire à lui aussi alors que c’était son souvenir, que c’était sa mémoire qu’elle avait volé. Il serra les dents, posant un regard froid sur Lester, attendant de son père qu’il fasse justice en sa maison.

Et si cela devait commencer par lui, alors lui aussi aurait à redire à toute cette vaste supercherie.

tw : mariage consanguins, avortement, abandon

Chaque seconde de silence ne faisait que rendre un peu plus noire l'âme de l'ancien mangemort. Lord Lester sentit son épouse s'y couler comme une vipère dans le dernier recoin d'obscurité de la terre mais il n'en éprouvant aucune tendresse. Aucune forme de compassion ne vint fissurer sa détermination.

Alors elle se confia, comme si elle avait finalement eu le choix. Aurait-elle dû emporter ce secret dans sa tombe. Lilith. Aleksandr. Les noms qu'elle essaimait parachevaient un tableau qu'ils avaient eu sous le nez depuis  presque trente-ans. Trente année à regarder les roses de l'un et l'autre dépérir sur la tapisserie familiale. A séparer son fils et son neveu, trop envieux de la même attention. A ne même plus se demander où était passé l'un et l'autre puisque, comme une évidence, ils étaient ensemble. Toujours ensemble.

N'était-ce pas là le meilleur choix qu'ils auraient pu faire ? Son fils cadet avec l'aînée de ses nièces ? Mais Joleene tenait un point qu'il ne pouvait pas ignorer. Il était déjà suffisamment miraculeux que le nom des Grey n'ait pas été rayé de la noblesse anglaise, pour tout ce que leur génération avait essuyé de condamnation. Cassandre ne reverrait probablement jamais la lumière du jour et c'était mieux ainsi. Merlin lui avait donné d'avoir deux fils et une fille qui, tous trois faisaient honneur à leur nom. Une nièce et un neveu qui ne portaient pas le nom des Grey et attiraient plus facilement encore les éloges et les lauriers. Finalement la seule qui portait véritablement le fardeau de son héritage, était encore Marla, ce petit homoncule que Cassandre avait éructé d'entre ses cuisses après moult tentatives d'interruption plus cruelles les unes que les autres. Même lui n'avait pas eu le cœur de la l'abandonner au sinistre sort que sa mère lui réservait. La gamine était de tous la plus brillante, mais l'aura noire et poisseuse des Grey lui collait aux semelles comme un mauvais présage et tout, jusqu'à son ombre même, rappelait l'oiseau de mauvais augure qui aurait pu parader sur le blason familial. Ce maigre espoir valait-il tant de sacrifices. Autrefois, lui le Lord au Vif d'Argent, aurait craché sur ces glorioles qui aujourd'hui pourtant le tenaient par les couilles. Mais il avait lui aussi consenti à sacrifier et bien au-delà du supportable, pour que leurs enfants puissent être libérer du poids de leur héritage.

Il regarda son fils, James, mût par cette colère sourde et destructrice, le coeur meurtri. Lentement, ses mains quittèrent les épaules de Joleene puis le vieux Lord se détourna d'elle, toujours sans quitter son fils du regard.

« Vous n'avez fait que les faire reculer pour mieux sauter. », gronda-t-il avec moins de venin qu'on aurait pu s'y attendre, « Il faut que je réfléchisse... »

Et sur ces mots, le Lord les abandonna tous deux, prêt à retourner à son secrétaire. Il s'arrêta néanmoins dans l'interminable couloir du premier étage, les mains dans le dos, la tout aussi interminable tapisserie généalogique des Grey se déroulant à sa gauche dans son éternel jeu de portraits enchantés.  Tout à côté des deux roses flétrissantes qu'il ne brava pas du regard. Alors doucement, un pétale se détacha de la rose de James pour venir tomber à ses pieds, recouvrant instantanément la vigueur qu'il aurait dû porter sur son rameau. Lord Lester fronça sévèrement les sourcils puis se pencha, pour ramasser le petit labelle carmin, avec une infinie douceur...

FEAT ANA SOUVOROV. Ancienne étudiante de Beauxbâtons, où elle a fait l'essentiel de sa scolarité, puis préfète de Poufsouffle, Ana est la fille d'Alexandr Souvorov et Lady Lilith Grey. Jeune chercheuse prometteuse en botanique, on lui doit la publication de deux opus de botanique très remarqués dans le milieu et de quelques articles dans des revues de magizoologie. Venue renforcer les effectifs de l'IDEM, elle a très rapidement pris Sheraz Mahal sous son aile, malgré le fait que le jeune homme ne brille étonnamment pas dans son domaine à elle. Ana Souvorov est connue pour être un bourreau de travail. Si cela ne pose question à personne, d'autres ne manqueront pas de se demander ce qu'elle cherche à fuir en s'enfermant dans ses serres parmi les plantes... lire sa fiche

Rape me

feat. la famille Grey

tw / violence psychologie, abus de pouvoir, manipulation

Le visage pâle de Joleene se détendit en voyant les épaules de Lester se délier sous ses vêtements. Elle aurait cru qu’il serait bien plus furieux que ça, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Elle accueillit le reproche sans un sourcillement. Peut-être oui. Peut-être n’avait-elle jamais vraiment réussi à faire ce qu’elle eut envie de faire à l’époque : mettre un terme à ses sentiments immoraux, faire oublier à son fils qu’il y avait dans le monde des femmes plus belles et plus intéressantes encore à marier. La petite Céleste Delacroix aurait été une parfaite candidate, de celle qui brille même dans la nuit, mais il avait fallu que ce soit sa cousine.

James resta silencieux, puis quand le Lord fit le choix de partir, les bras de James se firent plus lourds - atrocement lourds. Il le fixa de ses yeux ahuris au fur et à mesure qu’il disparaissait, avalé par la bâtisse qui avait vu sa naissance.

C’était tout ?

C’était tout ?, criaient ses yeux, quand il les darda sur la silhouette encore présente de sa mère.

Joleene le fixa quelques longues secondes qui devinrent rapidement deux ou trois minutes, et puis finalement elle baissa la tête. Sa conscience était lourde, mais les Black n’avaient jamais mieux dormis que la tête trop pleine. Elle remit en place la manche de sa robe, avant de reprendre cet air si supérieur qu’il détestait désormais :

« Je suis navrée, James. »

Disant cela, la sorcière prit à son tour le chemin des boyaux de la maison-prison. James la suivit à son tour du regard, les bras plus lourds encore, les épaules plus écrasées, avec cette envie soudaine d’abandonner, tout simplement. D’abandonner puisque dans cette maison, les mères pouvaient oublietter leurs enfants, parce que les pères pouvaient menacer comme ils le voulaient leurs rejetons, quand bien même ils avaient subi le pire.

Ton nom te protège, avait un jour dit Lester à la benjamine de la fratrie.

De quoi son nom le protègeait-il exactement ?

Une colère sourde le submergea tout entier, allumant en lui l’envie fébrile d’en finir avec ce qui depuis trop longtemps le narguait. Il tira sa baguette au clair, la pointa sur la table, mais elle tomba dans un bruit de bois sur le marbre, au sol. Plusieurs fois, rebondissante comme si elle était tiré elle aussi par une ficelle invisible.
James tomba à genoux, les joues mouillées d’une centaine de larmes, pas moins il était certain. Une centaine de larmes n’allait pas suffire à noyer son chagrin, tout comme frapper avec véhémence le sol jusqu’à s’en faire saigner les jointures n’allait pas alléger sa peine. Au lieu de quoi, il se retrouva seul, définitivement seul, poisseux de sang et de larmes.

Il se passa une quinzaine de minutes avant que James ne se décide, résigné, à partir.