-45%
Le deal à ne pas rater :
Harman Kardon Citation One MK3 – Enceinte intelligente ...
99 € 179 €
Voir le deal


if only you knew (one-shot)

Invité

avatar
   
INFOS
FICHE DE PERSO
if only you knew (one-shot) E021128acc608d664f418351972aaec981c72675


If only you knew
One-Shot, départ de Neve.


Ooh, still you take up all my mind
I don't even think that you care like I do
I should stop
Heaven knows I've tried

8 mars.
Lorsque le silence de la maison fut brisé par de petits coups frappés contre sa porte d’entrée, il ne put rien contre la sensation que son cœur lui tombait aux pieds. Il ne devrait pas, pourtant, anticiper autant la conversation qu’il s’apprêtait à avoir. Il ne s’agissait que d’une conclusion à laquelle il s’était fait à l’idée depuis longtemps. N’était-ce pas le but de toute cette mascarade ? Une fin douce, une fin heureuse. Les lunes s’étaient enchaînées plus rapidement qu’il ne l’avait remarqué, semant un souffle de nostalgie qu’il ne pouvait s’empêcher de ressentir. Un peu comme une chanson qu’on redécouvrait après avoir laissé le temps effacer les paroles de sa mémoire. Cette mélodie qui avait toujours le don d’arracher quelqu’un à son présent, forçant autrui à se remémorer l’ambiance d’une autre époque. Il ne pouvait s’empêcher de constater l’étrangeté de la sensibilité humaine, si prête à sombrer dans un élan de douceur un peu amère sans pourtant y trouver de réconfort ou de logique.
Logique… Il s’était si longtemps cru comme quelqu’un de dirigé par l’esprit plutôt que par le coeur. Les années lui avaient montré le contraire, et il lui arrivait parfois de se demander si c’était ce qui le faisait grisonner davantage. À force de se torturer l’âme avec des questions qui n’avaient pas de réponses, à se laisser aller dans des réflexions sans doute vides de sens, il ne serait pas étonné. La raison lui criait qu’il n’avait aucune raison de ressentir le nœud dans son estomac, mais l’étau qui se resserrait à chaque pas qu’il faisait pour s’approcher de la porte lui prouvait le contraire. Certaines choses étaient tout simplement trop fortes pour être ignorées, si bien qu’il se sentait stupide d’encore lutter. La jungle de ses pensées ne lui laissaient plus aucun répit.
Le grincement de la porte retentit et le vent froid de l’hiver lui piqua le nez le temps qu’elle se glisse dans sa demeure. Sans même pouvoir le constater de ses propres yeux, il savait que la maison était plus lumineuse lorsqu’elle y mettait. Inconsciemment, c’était peut-être pour cela qu’il en avait fait leur lieu de rencontre habituel, toujours prêt à l’accueillir lorsqu’ils avaient besoin de discuter. Et comme à l’habitude, l’attente était marquée par le silence, les parents Buchanan étant de sortie pour leur laisser tout l’espace dont ils avaient besoin. 
Et aujourd’hui, Thomas avait besoin de son espace plus que n’importe quand.
Bercé par le confort de son domicile, le masque de bonne humeur tomba progressivement pour laisser place à un sourire véritable. Tout n’était pas que nostalgie après tout. Malgré la fébrilité dans la voix de la jeune femme, il savait que partir à l’étranger était une aventure qui l’excitait autant qu’elle la terrifiait. Un peu de fierté au cœur, il en venait presque à se dire qu’elle avait pris son goût du risque. Qui aurait cru que Thomas Buchanan finirait enfin à libérer Miss Neve Walsh de sa prudence ? Certainement pas lui.
Mais maintenant, qui est-ce qui viendrait le libérer lui ? Leur mariage lui avait offert une façon de gagner du temps, mais surtout une illusion. Un mirage qu’il n’était plus aussi seul que ce qu’il n’était vraiment. Il avait beau se mentir à lui-même, il devait avouer que la tendresse était une drogue à laquelle il avait été arraché, forcé d’en être sevré. Malgré tout ce qu’il se racontait à lui-même, il ne demandait qu’à y regoûter.
Peut-être bien que c’était pourquoi il appréhendait tant la signature des papiers de divorce. Dès qu’il y apposerait sa plume, il dirait adieu à ce mirage qui lui avait procuré un sentiment de sécurité depuis plusieurs mois. Un sentiment de sécurité, mais aussi une promesse d’être soutenu à travers les orages qui assombrissaient l’horizon. Peut-être oui, qu’il avait simplement peur de se sentir seul.
Peut-être.
Ou peut-être qu’il avait peur de se sentir seul, parce qu’elle serait trop loin pour continuer à être ce phare qui le guidait depuis si longtemps. Il s’interdisait depuis si longtemps d’y songer, de penser à la possibilité que Levana ait pu avoir raison depuis le début. Mais lorsqu’il pensait au fait que leur divorce aurait le même effet de protection que leur mariage (les parents Buchanan oseraient-ils imposer un mariage arrangé à leur fils dont le cœur avait soi-disant été brisé ?), il peinait à trouver une explication logique pour sa gorge serrée.
« So much for a long and happy marriage, huh ? », souffla-t-il dans une tentative de l’entendre rire à nouveau et de chasser l’amertume qu’il savait qu’elle ressentait également.
Il le savait, parce qu’il l’entendit aussitôt dans le faible soupir qu’elle laissa échapper malgré elle. Il n’avait pas besoin d’user de ses dons de legilimens pour sentir la culpabilité qui lui rongeait l’estomac. Une partie d’elle avait sans doute l’impression de l’abandonner alors qu’elle s’envolerait bientôt pour une contrée lointaine. Même s’il s’agissait de leur entente de départ, ils s’étaient tous deux sans doute un peu plus égarés de leur objectif qu’ils ne l’auraient voulu, à se faire des promesses et à bâtir de l’espoir. Même si chaque mot soufflé avait été prononcé dans une affection platonique, l’attachement qu’ils avaient l'un envers l’autre était trop fort pour que le départ de Neve les laisse indifférents.
Mais à peine eut-il prononcé ses mots qu’ils les regretta aussitôt, frustré de ne pas avoir pu les ravaler alors qu’il était encore temps. Il aurait été étrange qu’il ne tente pas de plaisanter pour adoucir un peu l’atmosphère, pour alléger la lourdeur des aurevoirs, mais il n’avait aucune envie de lui offrir davantage de culpabilité. Égoïstement, il aurait préféré que l’opportunité d’un travail de runologue lui soit offert plus près de lui, mais il était sincèrement fier de la savoir un peu plus près de ses ambitions personnelles. Il savait qu’enseigner lui avait toujours plus, mais il devinait aisément que sa nouvelle vie serait plus riche d’aventures et de péripéties. Il n’avait pas envie d’être la tache sombre dans ses souvenirs de l’Angleterre, il n’avait pas envie de la retenir. 
La main glissant sur le papier, il la laissa le guider vers l’endroit où signer, sa plume égratignant le parchemin dans un bruit délicat. Il ne devrait pas accorder autant d’importance à une signature qui devrait être tellement banale. Une signature à laquelle ils s’étaient tous les deux attendus depuis le départ. Mais sans qu’il ne s’y attende, la main que Neve posa sur son épaule lui transmit toute la compréhension qu’elle aurait pu lui faire parvenir. Il n’avait pourtant jamais été une personne qui se laissait lire si facilement, plutôt porté à s’enfuir lorsqu’il était temps de laisser sa vulnérabilité s’exprimer. Dans la douceur de leur contact, il était vite rattrapé par l’hypothèse ou la sensation qu’il avait peut-être tort là-dessus aussi. Il ignorait si elle était véritablement consciente de tout ce qui lui traversait l’esprit. Il savait qu’il était compliqué, qu’il se compliquait lui-même la vie, mais il n’était pas certain que la compréhension de l’ancienne Serdaigle ne s’étende jusque-là.
« I’m gonna miss you, you know. »
« I know. I’m gonna miss you too. »
Ils se lèvent, et il sent la fin approcher. L’étreinte est douce, comme toujours, mais il la sentit s’accrocher à lui comme si elle peinait à lâcher prise, à se laisser aspirer par les promesses d’un nouveau départ. Il n’avait pas besoin de grand-chose de plus pour comprendre que la peur la tiraillait plus qu’elle ne le montrait. Dans une caresse délicate, Thomas lui frotta le dos en guise d’encouragement, confiant qu’elle trouverait tout ce dont elle avait besoin pour mordre dans la vie à pleines dents. Elle en avait besoin, il le savait.
Mais il savait aussi que toute cette appréhension qui prenait fin comme un abcès crevé n’était pas aussi innocente qu’il le prétendait. Dans cet instant de flottement où il entendit les aurevoirs s’étouffer dans le grincement de la porte qui se refermait, le trouble familier des sentiments naissants se fit un peu plus clair. La raison était morte, elle perdait son combat face aux armes meurtrières du poète en retard.
Il se retrouva bien vite enfermé dans le silence du domaine, plongé dans un songe de ce qu’ils auraient pu être.
Dans une autre vie.
Promise I don't mean to cry
But I get overwhelmed and confused
If only you knew
What I felt like





Résumé: