Morgan Henbane ~ Fiche d'identité

Identité : Son premier prénom est Aaron, « celui qui vient de loin ». Le deuxième, celui qu'il préfère employer couramment, est Morgan signifiant « né de la mer ». Un prénom dont il ignore l'existence, mais qui lui a été donné par sa mère biologique. Quant à son nom, il aimerait beaucoup pouvoir le changer un jour, lorsqu'il aura assez de gallions dans son coffre à Gringotts. Henbane... Une plante aussi toxique que la famille qui porte son patronyme.

Date et Lieu de naissance : Le quatre février deux mille deux, à Edimbourg, durant un voyage de ses parents. En vérité, il est né dans le domaine familiale des Flemming, à Gath na greine sur l'île Whalsay. Une chose qu'il ignore encore.

Statut civil : Le célibat lui sied bien pour le moment.

Scolarité : Actuellement en quatrième année dans la maison Poufsouffle (chapeauflou). Il a encore du mal à décider où aller après ses A.S.P.I.Cs, mais il veut se sentir utile et aider concrètement les autres pour un avenir meilleur.

Profession : Serveur et parfois barman dans un petit bistrot qui attire beaucoup l'attention depuis trois ans : L'Emmêlelfe, situé dans un hameau des Highlands d'Ecosse.

Baguette magique : Bois d'ébène, trente-trois centimètres virgule cinq, rigide et renfermant une plume de phénix. Particulièrement efficace pour la métamorphose et la magie martiale.

Famille : La famille Henbane, dont les seuls descendants directs demeure le couple qui éleva Morgan. Des personnages peu recommandables aux idéaux de pureté dotés d'une allégeance envers eux-mêmes que rien ne peut comparer.

Hérédité du sang : Sang-pur si l'on en croit ses parents. Rien n'est moins sur...

Particularité magique : Aucune.

Caractère : Il y a une époque où Morgan s'effaçait. Par peur de ses parents et à cause de sa recherche d'affection désespérée, il était le petit garçon obéissant qui faisait tout pour plaire. Le conflit était sa plus grande peur. Enfermé dans le manoir, exploité et convaincu d'être un non-maj, la seule compagnie du garçon était son imagination et les livres de la bibliothèque.
Puis, sa magie s'éveilla, ce qui ne fit qu'empirer les choses.
Plongé dans un mutisme constant, hormis lorsqu'on lui ordonnait d'ouvrir la bouche, il faisait le mur tous les soirs dans l'espoir que quelqu'un vienne le chercher, sans succès. C'est là qu'une maturité bien différente des jeunes de son âge s'instaura. Il vit les esprits les plus vils qu'il est possible d'imaginer et cela marqua son âme profondément au fer blanc.

Son premier acte de courage fut de fuguer un soir pour rejoindre le vieux continent. A présent, le jeune sorcier est un individu résilient à qui la vie ne fait pas peur. Ses expériences passées auront fait de lui quelqu'un de droit, pourvu d'un sens moral aiguisé et épris d'une soif de justice. Il n'a aucune patience pour ceux qui se montrent cruels comme sa famille, mais le plus important pour lui reste la protection des vies innocentes, victimes de choses que personne de devrait avoir à subir.
Cet altruisme, cet amour pour son prochain, c'est ce qu'il y a de vraiment beau en Morgan. Une âme prête à tendre la main sans attendre quelque chose en retour. C'est grâce à cette qualité qu'un vieil elfe réussit à devenir un chef célèbre dans les Highlands, grâce à ce trait de caractère qu'une jeune cracmol arrive encore à marcher. Le jeune sorcier est un fervent partisan de la loi magique des trois : "Ce que tu donnes t'es toujours rendu par trois fois."
Il n'est guère étonnant qu'il soit un chapeauflou. Entre son ambition, ses qualités intellectuelles et sa bravoure, il a été difficile de le placer quelque part. Toutefois, une seule chose fut décisive pour faire pencher la balance du choixpeau ; sa loyauté. Pourtant, lors de sa répartition, le jeune homme n'avait jamais expérimenté ce que représentait cette valeur, mais le choixpeau avait senti en lui cette volonté de dévouement qu'il n'avait jamais pu avoir dans sa vie. De dévouement à des principes, à des amis, à une famille.

Connaître Morgan, c'est aussi connaître ses petites bizarreries : toujours en mouvement, incapable de s'asseoir sans rien faire. La vie est pleine d'opportunités qu'il n'a pas eu l'occasion de saisir, il compte bien remédier à ça. Que ce soit pour s'instruire, travailler, sortir avec des amis, cuisiner ou peindre, rêver...
C'est un garçon particulièrement sociable qui peut vite tomber dans la dépression suite à de longues périodes de solitude durant lesquelles des souvenirs douloureux remontent à la surface. Néanmoins, comme toute personne sensée, il apprécie les instants de calme et de contemplation solitaires au lever du jour ou à la tombée de la nuit, perdu en pleine nature.

Patronus : Un ours blanc, symbole de force, de fertilité, de courage et d'amour. Un animal très protecteur emplit de vitalité.

Miroir de Risèd : Entouré d'une famille aimante et soudée au bord d'une plage de sable blanc, une foule d'enfants autour de lui. Tous les siens... Et ses amis, au loin, en train de descendre la falaise pour les rejoindre.

Epouvantard : Une petite fille sous l'emprise du sortilège de l'Imperium, les yeux vides et les bras ensanglantés. Une vision qui le hantera à tout jamais...

Particularités :
~ Il possède une tâche de naissance en forme de triangle sur le haut de son pectoral gauche. Une marque qui révélera bientôt toute sa signification, puisqu'il est loin d'être le seul à la porter.

~ Le bas de son dos porte la trace d'un mauvais sort qu'a un jour lancé un des amis de ses parents sur lui ; le point d'impact d'un sortilège de Doloris particulièrement puissant. Une cicatrice en forme de spirale crochue orne sa peau depuis ce jour.

~ Morgan est une catastrophe ambulante en potions. Pendant sa première année, des rumeurs circulaient comme quoi il était maudit. Il ne sait pas d'où vient cette inaptitude, mais même avec de l'acharnement, ses résultats sont médiocres au mieux. Les seuls mélanges qu'il réussit sont ceux réalisés uniquement à partir de plantes, car la botanique est un sujet qu'il trouve fascinant depuis son plus jeune âge. Les ouvrages sur les plantes magiques et leurs propriétés étaient ses livres préférés lorsqu'il vivait encore avec les Henbane, et elles n'ont plus de secret pour lui. A ce jour, c'est un domaine qu'il continue à suivre de près.

~ C'est un élève appliqué et brillant, qui doit ses résultats à son acharnement et à son travail impliqué. Toutefois, il est doté d'un véritable don pour la défense contre les forces du mal, ainsi que pour les sortilèges de défense. Il hésite encore fortement entre rejoindre un cursus de médicomagie ou un cursus en défense magique.

Qui es-tu ? : Hello !! Moi c'est Hithyael (prononcé "Hiss" "Yael"), j'ai 24 ans et je suis un potterhead depuis l'âge de 3 ans, toujours une baguette en main ! (de pain, magique, ou même une baguette de pain magique tiens   ) Ca fait très longtemps que je n'ai pas fait du rp écrit, donc ça risque de mettre un petit temps à revenir niveau style d'écriture... Enfin, j'espère  :brax:

Faceclaim & Crédits :Jake Austin Walker, crédité réalisé par mes soins  

Trigger Warnings : Violences physiques et psychologiques, mais seulement en flashback on l'espère  

Comment avez-vous connu le forum? : Via le placement forumactif !

Un petit plus ? : Offres-moi des gaufres et je serai ton plus loyal serviteur      

Le son des vagues se répercuta sur les rochers de façon assourdissante. La mer du nord semblait crier en même temps que la jeune fille qui poussait de toutes ses forces, allongée dans son lit. Un nourrisson vint au monde, poussant un hurlement plein de vigueur ; un beau petit garçon. Son enfant. Elle appela son bébé, mais elle sut qu'elle ne pourrait pas le tenir dans ses bras. Elle se débâtit, hurla son nom, pleura, mais le nourrisson avait déjà été sorti de la pièce. On entendit encore longtemps les cris de désespoir de la mère ce jour-là, tandis que la mer, elle, semblait répondre à la jeune fille qui venait d'accoucher. Le ferry qui menait dans les terres des Highlands était secoué par les vagues, et le petit, enroulé dans des draps aux côtés d'un homme à l'allure sévère, dormait paisiblement malgré les secousses.

Lorsque l'homme déposa le nouveau-né sur le pas de la porte d'un grand orphelinat moldu dans la campagne environnant Edimbourg, il faillit partir sans un regard. Mais malgré le fait que ce petit bâtard n'aurait jamais du exister, quelque chose le poussa à regarder. Il vit alors ce regard innocent et vert. Des yeux qui étaient si semblables à ceux de sa fille... Il sortit un morceau de parchemin de sa grande cape noire et écrivit un mot.


Morgan passa deux années à l'orphelinat, bercé par des bonnes sœurs affectueuses et justes. Il aurait pu vous dire que Tara était sa meilleure amie, ou que miss Vanessa sentait la pomme et aimait bien donner des friandises aux enfants sages. Mais rien de tout ça ne demeura dans sa mémoire, si tenté qu'elles aient existé. Il se souvient seulement des visages qui allaient le hanter durant des années, illuminés par le contre-jour, de quelques mots, puis d'une sensation de nausée. Alors, un nouveau monde s'ouvrit à lui. Et une renaissance.


- Aaron... combien de fois faudra-t-il que je te répète de ne pas nous ennuyer avec tes pleurnicheries lorsque nous avons des invités ?
La voix féminine, emplie de mépris, parlait très lentement comme si son fils était idiot. Le regard sur ses chaussures, les mains dans le dos, le blondinet âgé de sept ans chuchota une excuse.
- Cesse de murmurer aussi bas sacrebleu ! s'exclama une voix grave au bord de l'exaspération. Aaron releva la tête. Un homme aux cheveux roux grisonnants se massait les tempes derrière sa femme à la pâleur cadavérique coiffée d'une longue tresse brune. Cette journée avait été marquée par l'arrivée d'éminents amis du couple Henbane, dont un Ambassadeur du gouvernement magique japonais. Comme à l'accoutumée, la réunion avait lieue sous les fondations du Manoir Henbane, une grande bâtisse construite dans une forêt du Maine et truffée de charmes anti non-maj, avec une exception pour leur fils adoptif. Avant que la mise aux enchères ne commence, on avait demandé à Aaron d'initier l'ordre de marche. Lorsque les corps des non-maj se sont avancés sur le podium, Aaron n'avait pas osé regarder. Il avait déjà assisté à une vente une seule fois, curieux de savoir ce que Adostus et Zelda pouvaient bien faire après qu'ils aient disparu, accompagnés de leurs invités. Il se souviendrait toujours du regard sans vie des individus en tenue blanche qui demeuraient immobiles sous les projecteurs... Malheureusement, il était voué à assister à la scène encore et encore, car ses parents l'avaient pris la main dans le sac. Telle était sa punition. Ce jour-là... Il n'avait pas pu s'empêcher de pleurer ; il savait que parmi eux était présent un garçon de son âge qu'il avait vu être ensorcelé par l'Imperium.
- Désolé mère, pardon père... dit-il sans croiser leur regard.

Il était allongé sur l'herbe fraîche, les yeux perdus dans les astres. Les étoiles semblaient scintiller dans un langage qu'il ne connaissait pas. Y avait-il quelque part un endroit où il aurait pu se sentir à sa place ? Se sentir heureux ? Cela faisait maintenant trois ans qu'un envoyé du ministère rendait visite aux Henbane pour vérifier ses connaissances magiques. Depuis qu'Adostus et Zelda avaient été témoins de son premier acte de magie, ils n'étaient plus les mêmes. Dans un premier temps, ils l'enfermèrent dans sa chambre à l'aide de sortilèges, laissant seulement entrer Ariana, leur servante cracmole. Elle avait toujours été le rayon d'espoir dans l'obscurité, l'ayant pratiquement élevé. Pourtant, dès qu'il sentait un geste de rapprochement de sa part, elle semblait fuir très loin, le laissant d'autant plus seul dans les ténèbres froides qui régnaient dans le manoir...

Après ce qui sembla une éternité, on l'autorisa à sortir, mais le couple ne lui adressa plus la parole, à part une unique fois où Adostus lui ordonna de se la fermer et de n'ouvrir la bouche que lorsqu'il y avait été invité, agrémenté d'un maléfice. Pour une fois, malgré la punition, Aaron s'exécuta avec plaisir. Il profita de l'inintérêt qu'il suscitait pour écouter aux portes au détour des couloirs. La plupart des conversations étaient étouffées à l'aide d'enchantements, mais quelques informations fuitaient quand leurs voix s'animaient dans les couloirs.
Il aurait voulu faire partie de la voie lactée en cet instant. Pouvoir scintiller aux côtés de ses sœurs, invulnérable au poison de la jusquiame noire. Imperméable à la douleur, à la solitude. Au froid. Il aurait voulu disparaître, ne rien ressentir, faire cesser ces couleurs qui tourbillonnaient sans cesse en lui arrachant le cœur, ces images effroyables qu'il avait vu toutes ces années. Il hurla...


Aaron s'effondra sur le sol. La douleur était insoutenable. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant, il avait l'impression que tout son corps brûlait de l'intérieur. Non, c'était plus que ça... Il avait l'impression que son âme brûlait, que son enveloppe corporelle s'ouvrait à vif lentement. Puis, aussi vite que le sortilège avait fait son effet, la sensation disparut. Il ouvrit les yeux, le souffle court. L'homme à la moustache blanche avait sa baguette pointée sur lui dans la Chambre.
- Ca suffit, Donovan. s'exclama Zelda sèchement. Elle pointa sa baguette sur l'homme et ce dernier s'évanouit dans un éclair rouge. Restes à ta place... Personne ne punit mon fils. C'est une tâche qui revient aux parents. Cela dit, tu as compris la leçon mon petit ?
Son sourire mielleux était terrifiant, mais Aaron était las. Il ne bougea pas.
- Tu as intérêt à te faire tout petit. Déjà qu'il ne te laisse plus beaucoup de livres dans la bibliothèque, il serait dommage que tous viennent à disparaître.
- Tu ne peux pas faire ça ! Mr. Malcom reviendra me tester cette année ! cracha Aaron en se redressant avec peine.
Zelda s'immobilisa, puis le gratifia d'une gifle qui le fit presque retomber de sitôt.
- Sais-tu combien de milliers de gallions tu nous a fait perdre ce soir ?! il était rare d'entendre sa voix vaciller par la colère. Un silence accueillt sa question. Quelle est la devise de cette famille ?
Aaron lui répondit presque mécaniquement. Cras est nostrum.
- Demain est nôtre... Mais pour que demain nous appartienne, chacun doit jouer son rôle. Tu sais quel est le tien. Elle soupira et s'agenouilla sur le sol. Dans un élan qui se voulait maternel, mais qui respirait le théâtre, elle lui caressa la joue. Enfin, mon petit, tu es notre fils. Demain t'appartiendra aussi. Elle se releva en dépoussiérant sa robe, puis sortit de la pièce après avoir marqué un temps d'arrêt dans sa marche. Quant à Mr. Malcolm, tu sais bien qu'un petit coup de baguette pourra régler la question.
Le silence redevint maître des lieux... Quand Aaron se releva, il sentit une douleur dans son dos et y passa sa main. Cette fois, la marque n'était plus psychique... Il avait été marqué par la douleur.


Cela faisait des semaines qu'Aaron attendait l'arrivée d'un hibou. Il guettait avec avidité et ardeur la moindre présence d'un volatile nocturne afin d'intercepter le courrier avant Adostus et Zelda. Un matin, une chouette se posa dans leur pigeonnier. Le jeune sorcier couru jusqu'à elle et s'empressa d'ouvrir la lettre après avoir reconnu le sceau du ministère et son nom écrit en lettres émeraude. L'enveloppe lui glissa des mains en lévitation, laissant une voix masculine énoncer ses paroles.

M. Aaron Henbane,

Nous avons le regret de vous informer que vous ne bénéficiez pas des connaissances requises pour rejoindre notre établissement scolaire supérieur de la magie. En raison des évaluations rudement menées par notre envoyé ministériel, il semblerait que vos talents magiques soient en régression depuis quelques années. Ceci est un phénomène qui peut arriver. Vous recevrez des documents d'aide aux cracmols dans les plus brefs délais.

Avec tous mes sentiments,
Merlin Malcolm.


Le vent s'engouffre dans son manteau de fourrure, la pluie épargne seulement les verres de ses lunettes de vol. Fuir, loin, très loin. Les jointures de ses doigts serrent douloureusement le manche du balai qui file dans le ciel nocturne à toute vitesse. Les images défilent dans sa tête à toute allure... Il n'avait eu que deux semaines pour mettre son plan à exécution, le temps que ses parents soient en voyage. Des mois de préparations. Fuir, loin, loin, par delà la mer, vers l'horizon. Bien sûr, ses compétences de vol, quasi inexistantes ne pourraient pas le porter jusque là-bas, il comptait monter à bord d'un bateau grâce à un passeport faussé magiquement par son père qu'il avait réussi à voler. Il avait embarqué autant de galions que possible, un sac doté d'un enchantement d'agrandissement dans lequel se cachait tout ce qui aurait pu lui être utile. Tant d'années à vivre parmi des criminels, des psychopathes... Il avait fini par savoir où trouver quoi et comment l'obtenir. La maison n'était pas si grande quand on y vivait depuis plus de quinze ans.

Mensonges, mensonges, une illusion, une vie contrôlée, une non-vie. Ce fameux jour, il avait compris. Compris pourquoi ils étaient toujours là quand Malcolm venait faire sa visite. Il ne s'agissait pas de faire bonne figure parentale, mais de corruption. Tout faisait sens, les questions subliminales, les regards discrets, le gallion. Le gallion qu'il avait cru voir s'échapper de sa poche. Ils étaient partout... Un poison qui se répand comme la gangrène. Pourquoi avoir un fils ? Pourquoi répandre la maladie ? Il s'était posé cette question tant de fois. Il regrettait seulement Ariana... Elle l'avait vu juste avant qu'il n'enfourche le balai et s'était empressée de l'embrasser, de l'enlacer. La première fois qu'elle lui montrait un véritable signe d'amour.
"Pars loin ! Loin des jusquiames, et vis... Pour moi."
"Viens avec moi Ariana, personne ne mérite de vivre ça ! Viens avec moi je t'en supplie..."
Mains liées... liées par le sang, liées par magie. Il avait enfin saisi pourquoi elle n'avait pas pu le considérer comme un fils, pourquoi elle avait reporté tous ses faits et gestes aux Henbane. Un serment inviolable...
Dans l'obscurité, en contre-bas des arbres, un couple de randonneur entendit un hurlement déchirant. Ce n'étaient pas un loup, mais un louveteau. Un louveteau volant, empoisonné par les jusquiames noires.

Des voix retentissaient dans le hall immense du ministère de la magie britannique. Un jeune blond, les traits tirés par la fatigue, semblait se contenir pour éviter d'envoyer son poing dans la figure du secrétaire qui lui faisait face. Les mêmes paroles sortaient de sa bouche dans une boucle exaspérante. "Le conseil d'administration de Poudlard ne prend pas de rendez-vous." Lorsque Morgan commença à perdre patience, il vit des individus vêtus d'uniformes sortir leurs baguettes d'un air menaçant.
- Calmez-vous messieurs ! retentit une voix puissante derrière Morgan. Un homme dans la trentaine s'approcha. Quelques instants plus tard, le calme revint dans les lieux, tandis que le jeune Henbane fit la connaissance de son futur professeur d'Histoire de la magie ; Scott Nightingale, sans qui sa vie ne serait pas la même aujourd'hui. Sans qui il n'aurait jamais pu découvrir la vérité.


- C'est un joli établissement que vous avez là ! Quel charmant décor... Et le nom, d'où vient le nom ? Une question qu'il avait entendu de nombreuses fois depuis l'an passé. Un sourire éclaira son visage tandis qu'il expliqua au vieux sorcier le jeu de mot derrière l'Emmêlelfe. Les souvenirs ressurgirent. C'était peu après qu'il ait fait sa rentrée à Poudlard, quelques mois suivant sa rencontre avec le professeur Nightingale. Venir ici avait été la meilleure décision de sa vie. la première qu'il eut faite. En quelques semaines, Morgan avait quasiment épuisé tous les gallions qu'il avait ramené des Etats Unis, il lui fallut donc trouver un travail, chose peu aisée puisque son cv ne contenait aucune expérience, à part celle d'une enfance traumatisante passée à servir des mages noirs. On refusa sa candidature à tous les coins de rue. Le jeune homme tomba alors sur un vieil elfe de maison qui peinait à utiliser sa magie pour transporter tout un chariot rempli de chaudrons et d'ustensiles de cuivre. Ne voyant que personne ne lui donnait son aide, Morgan s'approcha et lui tendit la main.

Pour le remercier de l'avoir aidé, Dittom insista pour l'inviter dans sa grande masure, située dans les Highlands afin de lui cuisiner un repas chaud. La maisonnée appartenait à son ancien maître, décédé depuis des décennies, bien avant que les elfes soient déclarés libres par le gouvernement magique. Emu par son histoire, Morgan goûta son ragout de légumes et s'émerveilla. C'était le meilleur plat qu'il avait mangé, et c'était une première, car les Henbane avaient beau être exécrables, la nourriture qu'ils lui donnait était raffinée. Une idée germa alors dans son esprit. La maisonnée était en désordre, mais particulièrement propre, avec un beau jardin. Un cadre idéal pour un restaurant.
Dittom refusa, mais Morgan était convaincu que cela fonctionnerait. Revenu à Poudlard, il réussit à convaincre ses amis en marketing de l'aider, et ensemble, ils réussirent à attirer un premier client, puis deux, puis trois. Dittom, bien que sceptique, fut ravi. Bientôt, il fallut un nom pour l'enseigne ; l'Emmêlelfe, car Dittom, pour un elfe, avait des cheveux curieusement épais qu'il nouait en une petite tresse sur le dessus de son crâne, mais qui ne cessaient de se dénouer dans une tignasse sauvage. Personne n'aurait pu deviner à quel point la cuisine de l'elfe de maison plairait. Si bien que sa renommée décolla en l'espace d'un an. Morgan était heureux de voir le sourire du vieil elfe, auparavant malheureux. Celui-ci était maintenant son patron, mais surtout son ami.


La plage de sable fin était bruyante en cette après-midi d'été. Le soleil dardait sa douce chaleur sur le paysage verdoyant qui s'étendait très loin. Une dizaine de jeunes adultes riant aux éclats se chamaillaient dans l'eau froide de la mer du Nord. Morgan se tenait près du versant sud de la falaise, encore vêtu de sa chemise et de sa cravate jaune et noire. Le petit groupe venait de sortir de la salle d'examen de leurs B.U.S.E.s, festoyant la fin de leur année scolaire dans cette charmante crique que l'un d'eux connaissait bien. Grâce à leur permis de transplanage, il leur avait été simple de venir ici, après être allé siroter une bièraubeurre aux trois balais. Si le jeune Poufsouffle ne se laissait pas de cette vue idyllique, les paroles de son amie le firent revenir à la réalité. S'il ôtait sa chemise, ils verraient tous sa cicatrice. Une chose dont il n'avait pas envie de parler...
Ses pensées voguaient sur la brise salée qui effleurait ses cheveux. Il n'arrivait pas à croire qu'il était ici, avec des amis. Ses amis. Qu'il avait une vie, sa vie. Il venait de si loin, avait parcouru tant de chemin. Il avait découvert la bienveillance, la jalousie, la joie, la rébellion. Un sentiment nouveau fleurit dans sa poitrine ; une sorte de soulagement qui le poussa à sourire. La vie s'accordait enfin à affirmer ses choix. Il venait de si loin... Avait fait tellement de chemin ; des obstacles se présenteraient toujours, mais ce n'était plus comme avant. A présent, il était bien entouré. Il n'avait plus besoin de se cacher.

En quelques secondes, Morgan se défit de ses vêtements et sauta dans la mer en éclaboussant ses amis. Son odeur salée  semblait réveiller des sensations étranges dans son âme ; un sentiment de calme, de sérénité bercé par les vagues.

Le garçon né de la mer venait de si loin.

Il n'avait jamais été aussi proche de sa maison.