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used to the darkness (OS)
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FICHE DE PERSO
USED TO THE DARKNESS
1999 - 2003 - royaume-uni ⟠ one-shot
CW: guerre, violence, sang, mention de torture, meurtre, mention de consommation/sexe
Il est difficile de se rappeler une réalité, quand on s’est depuis si longtemps habituée à une autre. Aussi bizarre cela pouvait-il paraître, Eurion avait du mal à se rappeler de son quotidien d’avant la guerre, même si il habitait les maisons protégées de l’Ordre depuis seulement quelques mois, elles étaient devenues sa routine.
“T’as entendu? Max et Lenny ont mis la main sur un potionniste qui serait prêt à nous aider. Ils le ramènent de France.”
“Camille est au courant?”
“Bah ouais. C’est elle qui l’a su en premier.”
“Et toi tu l’as su en deuxième j’imagine?”
“Pourquoi tu dis ça?”
“Parce que tu te tapes Camille.”
“T’es con.”
“Mais j’ai raison.”
Une silence. Eurion eut un sourire victorieux.
“Il le ramène quand?”
“La semaine prochaine.”
Eurion était de ces personnes qui avait pris goût à la violence de la chose. Un sentiment réprimandable, peut-être, mais utile. Les escarmouches avec les Mangemorts étaient dangereuses, et résultaient souvent en plusieurs causalités, mais Eurion avait encore ce bravado de jeunesse, celle de tous les jeunes adultes se croyant encore invincibles. Eurion avait vu des gens mourir, certes, il n’avait jamais été touché de près, c’était peut-être pour ça qu’il avait le sentiment d’être intouchable. Qu’il acceptait si rapidement ses missions. Il avait été trop chanceux pour son propre bien, lui enflant la tête et remplissant sa poitrine d’un espoir de victoire trop rapidement célébrée. Au fond, c’est ce qui l’avait aidé à aller au front avec autant d’assurance, c’était peut-être pourquoi il avait dégainé sa baguette avec un appétit aussi vif: c’est parce qu’il croyait encore pouvoir gagner.
“Tu sais ce qu’il lui a dit?”
“Non, ils ont utilisé des charmes de discrétion sur la salle. Mais apparemment il lui a passé un sacré savon.”
“Tu parles. J’ai déclenché une bagarre une fois et j’ai cru que Tate allait m’exploser la tête. J’imagine pas ce que Sarah a dû endurer.”
“En même temps il aime mieux Sarah que toi.”
“De quoi tu parles?”
“Bah elle est meilleure que toi.”
“Sarah est plus jeune! Elle a beau bien savoir tenir une baguette, elle a pas l’expérience de terrain que j’ai.”
Simon eut un fou rire.
“Ouais, si ça peut te faire sentir mieux, on va dire ça.”
Eurion seccoua la tête, agacé.
“Bon. Tu m’expliques le plan plutôt que m’insulter?”
Simon s’appuya sur la table.
“Tate nous positionne là. Selon les informants, les Mangemorts essaient d’avoir accès aux serres qu’il y a ici. Apparemment les Jenkins ont bien gardés le truc, mais ils s’attendent à une attaque imminente.”
“On a pas revu les Jenkins depuis 2 semaines.”
“Ouais, c’est ce que j’ai dis! Mais, Armstrong m’a dit de fermer mon clapet et d’écouter, que notre régiment avait pas besoin de savoir où les Jenkins étaient.”
“Pfft. Ça, ça veut dire qu’ils sont déjà six pieds sous terre.”
“Ou pas. Bref,” Simon pointa sa baguette sur un coin de la carte, tapotant la table pour ramener l’attention d’Eurion. “On attend là. Il va y avoir Ashley et Duncan là, Daniel et Zach ici. Les autres vont être positionnés dans les airs. On se coordonne, on attend le feu vert de Tate.”
“On les encercle en passant par là? Il nous reste de la poudre d’obscurité?” Eurion pointant une allée dessinée sur le plan du jardin.
“Mec, tu gâches mon plaisir. Et puis pourquoi je t’explique tout ça encore?”
“Eli est au repos depuis que le prisonnier lui a foutu un maléfice en pleine épaule.”
“Ah ouais, elle soigne encore pour les interrogatoires?”
“Ouais. Mais du coup ils leur manquaient quelqu’un pour aller cueillir du dictame.”
“Ils t’ont fait manquer une réunion pour que tu ailles jouer les cueilleurs?”
“T’écoutais pas quand je t’ai dis que Tate m’en faisait baver depuis la bagarre?”
Simon eut un rire.
“Le mec nous tient par les couilles je te jure. T’es un idiot pour de l’avoir mis à dos.”
“C’est un bon stratège. Il a réussi à nous garder en vie jusqu’à maintenant. Je lui en foutrai bien une après la guerre.” Eurion haussa les épaules.
Simon était son meilleur ami. Il était son partenaire duelliste assigné: ni lui ni Simon ne devait quitter en mission sans l’autre. C’était une question de sûreté, toujours avoir quelqu’un pour surveiller ses arrières. Ou pour ramener le corps advenant un échec. Ils s’étaient connus à Poudlard, lui chez les rouges, Simon chez les bleus. Ils étaient devenus amis sur les bancs d’école, mais leur lien s’était renforcé quand ils s’étaient enrôlés. Si différent l’un de l’autre, ensemble, ils ne faisaient qu’un. Les deux avaient des visions bien différentes de comment la guerre devait être gagnée, mais étrangement, c’est leurs divergences d’opinions qui solidifiait leur efficacité. Ils ne se ressemblaient pas, mais ils s’emboîtaient.
“Simon! 11 heures!” Le chuchotement leur parure trop fort.
Les deux jeunes hommes se tapirent un peu plus dans les fourrées. Eurion pouvait sentir les ronces lui enfoncer dans le dos, mais son expression était de marbre, les yeux fixés vers les sous-bois sombres. Il pouvait sentir un filet de sang couler de son front jusqu’à son arcade sourcilière, mais l’ignora entièrement, haletant.
“Des charmes anti-transplannage! Bordel de merde!” La voix de Simon était ténue, et Eurion pouvait entendre le gargouillement du sang dans sa gorge. Son estomac se noua.
“On n’a qu’a parcourir les 100 mètres qu’il reste pour sortir de la zone. On va y arriver. Sim- Simon! Garde les yeux ouverts.”
“C’est bon. C’est bon. Chui là.”
“Allez mec, accroches-toi.” Eurion agrippa les bras de son ami, le hissa sur ses pieds. Il dû porter leur deux poids combinés, Simon ayant du mal à se tenir debout.
“Allez. On y est.”
Une forme sombre apparut devant eux pour leur bloquer le passage. Eurion eut à peine une seconde pour réagir. Lâchant Simon par nécessité, le jeune Serdaigle s’écroula au sol. Eurion pointa sa baguette déjà dégainée et dans un éclair, envoya la créature s’écraser contre un arbre avec un craquement horripilant. Il releva son partenaire en haletant.
“Allez vieux. Lève-toi, on y est. Je te ramène à Camille.”
Il transplanna, arrachant à Simon un horrible cri. Les guérisseurs apparurent et les tirèrent à l’intérieur.
“CAMILLE!” l’un des guérisseurs appela, paniqué.
“Morsure de vampire. Moins de 10 minutes. J’ai jeté un charme pour ralentir la propagation. On s’est fait prendre, c’était une embuscade. Il y avait des charmes anti-transplannage partout. Zack y est encore, Ashley aussi.”
“Envoyez les Lockwood en renfort. Cynfeirdd.”
“Il vous faut les bandages de Ste-Mangouste. Les spéciaux qui aident pour-”
“Cynfeirdd. Vient débrief, laisse-les travailler.”
Eurion les ignora.
Camille était arrivée, et avait commencé à ordonner les autres qui allaient et venaient autour de la civière de fortune. Elle était calme, seule ses mains tremblantes trahissaient sa peur.
“Il restait des potions anti douleurs la dernière fois. Tu en tiens encore?”
“Oui, Eurion.”
“Ça a atteint l’aorte?”
“Non, je vais pouvoir refermer facilement une fois que j’aurai traité le venin.”
“On peut peut-être-”
“Cynfeirdd.” Il sentit des mains lui agripper les épaules, il les seccoua sans ménagement.
“NON! Laissez-moi faire.”
Ses yeux capturèrent une jeune aide guérisseuse qui approchait avec une fiole. Eurion reconnu le contenu avec une rapidité étrangement surprenante. Dans sa panique, il fut sur elle en l’espace d’une seconde. Il l’aggripa et la repoussa jusqu’au mur avec un rugissement. Il lui retira la fiole des mains sans ménagement.
“Non! Pauvre conne, c’est un anti-coagulant, tu aurais pu le tuer!”
“Ça suffit, Cynfeirdd tu dégages. Camille s’occupe de lui.”
“Désolée Eurion.”
Il se retourna vers Camille juste à temps pour la voir le stupéfixer.
Eurion ne le savait peut-être pas à l’époque, mais cette réalité lui forgeait un caractère qu’il garderait pour le restant de ses jours: voir la mort comme une monnaie d’échange, des dommages collatéraux, une conséquence inévitable mais nécessaire.
“Camille a dit que tu t’y connaissais pas mal en remèdes contre les vampires.”
“Camille m’a stupéfixé, surtout.”
“C’est aussi moi qui t'ai donné des potions en douce tout le mois dernier pour me racheter espèce de râleur.”
“MMh.”
“T’as eu de la chance qu’Eurion soit là. J’aurais eu beaucoup eu beaucoup plus de mal à traiter la morsure si il ne l’avait pas ralenti.”
“J’ai toujours de la chance quand Eurion est là.”
“Bon, vous m'écœurerez tous les deux. Camille, passe-moi les pommes de terre s’il te plait.”
“Vicky nous invite au pub ce soir.”
“Victoria?”
“Qui d’autre?”
“Je sais pas, c’est juste pas trop son genre d’initier ce genre de chose.”
“Depuis qu’elle a perdu sa mère, je pense qu’elle cherche des moyens de se changer les idées.”
“Ben va y être. Il ramène de quoi fumer aussi.”
“J’ai entendu dire qu’Esther espérait ramener Olive dans son lit ce soir.”
“Arrfhg. Elle a oublié qu’elle a une colocataire? Putain, j’ai pas envie de dormir sur le sofa.”
“Mh. Chacun son tour, vous avez aucun sens de vie privée. Attention Cam, sur la gauche, y’a un ressort qui pince.” Eurion eut un fou rire malicieux.
“À moins que tu viennes dormir avec nous ce soir.”
“T’es qu’un traître Simon Howell.”
Une routine qui ne permettait que de petits moments de normalité, comme des éclipses d’une vie normale. La guerre était devenue une vie auquelle ils s’étaient tous adaptés.
Il n’en réaliserait le prix que beaucoup plus tard, lorsqu’il perdrait Camille, une de leurs meilleures guérisseuses, aux pattes d’un loup-garou aux services des Mangemorts. En échange, Eurion mis hors jeu 4 de leurs soldats. Puis encore une fois, lorsque Tate, leur stratégiste, perdit la vie dans une mission de secours. Simon et Eurion leur rendirent en double.
Les Mangemorts répliquèrent, emprisonnant Sarah, une de leurs meilleures duellistes, torturée on-ne-sait-où. Eurion ne l’avait jamais revue, mais il réussit à traquer une famille de nobles qui fournissaient les ennemis en potions, les terrorisant assez pour les dissuader de continuer. Vicky disparut après un raid. Eurion aida à l’explosion d’un hangar.
Oeil pour oeil.
Dent pour dent.
Oeil pour oeil.
Dent pour dent.
Une attaque, une réplique. Une danse qui ne fait que grossir jusqu’à ce que n’on en discerne plus les motifs, seulement les actions. Qu’on ne souvienne plus qui avait commencé ni pourquoi. Eurion ne voyait plus qu’en noir et blanc. La loi du plus fort. C’est comme ça qu’il avait été élevé.
À l’apogée de la guerre, la bataille de Poudlard, Simon perdit la vie.
Eurion pleura ses pertes. Il vécut ses deuils.
Et quand la vie normale reprit, qu’on lui demanda d’être en cours à l’heure, de manger des banquets en portant son uniforme, d’encourager son équipe de Quidditch… il eut l’impression de devoir réapprendre à marcher. Quand on lui demanda de ne pas sortir sa baguette en cours théorique, de ne pas contempler les sorties à chaque salle dans laquelle il entrait, de ne pas cogner sur tous les jeunes héritiers de famille prônant la pureté du sang… c’était comme lui demander de redémarrer son cerveau. Il est difficile de se rappeler une réalité, quand on s’est depuis si longtemps habituée à une autre.
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