Got a secret, can you keep it ? — ft. Xris Andērson

À quoi bon réfléchir quand on peut s'enfuir ?

La main puissante du Serpentard mit rapidement fin à cette course effrénée dans laquelle Siobhán s’était lancée, face à elle-même. Par réflexe, elle s'était échappée brusquement de cette étreinte, oubliant un instant que Xris n'avait rien à craindre d'elle. Pas plus qu’@Edel Almadovar, d'ailleurs, maintenant qu’elle y pensait. Si elle avait rapidement compris que ce dernier était immunisé contre ses charmes, elle n'avait de toute façon jamais vraiment cherché à repousser. Un frisson la parcourut à cette pensée, sans qu'elle ne cherche plus précisément à l'étudier. Puis, d'autres souvenirs vinrent prendre le relais, sans demander leur reste.

Pourquoi fallait-il que l'évocation de ce prénom suffise à ruiner tous ses efforts, en un seul claquement de doigts ?

Et Xris répétait ses mots, sans même savoir à qui ils appartenaient. Sans se douter un seul instant de l'effet qu'ils avaient. Celui d’une bombe fumigène qui avait été lâchée près d’elle, dont le gaz s’échappait lentement, pour venir petit à petit intoxiquer son intérieur, l’empêchant de respirer correctement.

Les sentiments n'étaient pas des jeux, c'est pour ça qu'Edel Almadovar n'en avait que très peu. Et Siobhán, lorsqu'elle avait monté les marches jusqu'à son dortoir la première fois, avait accepté les règles de ce contrat tacite. Tout simplement parce qu'elle s'y reconnaissait. Parce qu'elle non plus, n'avait pas de sentiments. Pourquoi faire ? Elle avait simplement décidé de profiter de tous les bienfaits que la compagnie d’Edel lui offrait — et ils étaient nombreux, bien plus qu’elle ne se l’imaginait. Bien au-delà du physique, il lui avait enseigné le lâcher-prise. L’absence de contrôle.

Restait à prouver qu’elle avait également perdu la maîtrise de ses propres sentiments au long de cet apprentissage.

« Qu’est-ce que tu veux savoir, hm ? Tu veux m’entendre dire que je me suis laissée prendre au jeu, moi aussi ? Ce n’est pas le cas, Xris. Oui, on se voit. Mais c’est tout. »

Il ne servait à rien de cacher la vérité, parce que Siobhán assumait les faits. Et, au fond, n’importe qui aurait pu les voir, le soir de la fête, avant qu’ils ne s’éteignent silencieusement dans cette tente pour passer le reste de cette courte nuit. Xris s’était probablement demandé un instant où était passé son ami — et puisqu’elle était avec lui, la Korrigan avait disparu aussi. Les déductions ne s’étaient pas faites attendre, ensuite. Le capitaine des Serpentard était plutôt du genre à prêter attention à ce genre de détail, fin observateur dans l’âme.

« Et n’en parle pas à mon frère. C’est à Edel de le faire. Si un jour il juge que ça devient nécessaire. »

À nouveau, un frisson parcourut son corps, lui faisant louper un battement. Xris venait d’écraser le semblant de confiance qui s’était instauré entre eux. Ce n’était pas irréversible ; elle s’était simplement fissurée.

Quant au cœur de Siobhán, plusieurs raisons expliquaient pourquoi ses portes n’avaient jamais été laissées grandes ouvertes.

Premièrement, parce que les sentiments étaient, à ses yeux, synonymes d’une douleur qu’elle pouvait facilement s’éviter. Ne sachant jamais ce que ressentaient véritablement les hommes qu’elle croisait, mieux valait tout simplement se détourner de leur chemin. Elle avait, de toute façon, bien assez de ceux qui faisaient déjà partie de sa vie.

Et deuxièmement, parce que son frère en gardait sauvagement l’accès. Il surprotégeait encore sa petite sœur, comme il avait coutume de le faire depuis leur plus tendre enfance.

« Pourquoi tu fais ça ? »

Xris aurait pu simplement se contenter de lui dire qu’il savait son secret, de la même manière qu’elle connaissait le sien même si elle ne s’en était jamais ventée. Mais dans ses yeux aigue-marine qui la toisaient, on pouvait lire qu’il allait beaucoup plus loin que cette simple vérité.

Sauf que Siobhán, elle, n’en détenait pas toutes les clés.

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An té nach bhfuil láidir ní foláir dó a bheith glic

ANAPHORE

Got A Secret, Can You Keep It ?

ft @Siobhán Gavalagh-Korrigan
Le 22 Février 2023

Les yeux sont le miroir de l’âme.
Et dans le cas de Siobhán, son regard tout comme son âme, semblaient perdus dans une incertitude vaporeuse qui semblait s’infiltrer lentement dans chacun de ses pores.
La jolie rousse détacha son bras de la main de Xris.
Il ne la retint pas plus que cela.
Elle avait, dans tous les cas, arrêté sa course effrénée vers le vide.
Vers un ailleurs où elle n’aurait plus besoin de faire face à une réalité qui n’existerait plus.
Qui n’avait pas eu, jusqu’ici, besoin d’exister

Jusqu’à ce que les lèvres du Serpentard ne la laisse se libérée de ses chaines.
Scellées par un cadenas dont Siobhán et @Edel Almadovar étaient les seuls à avoir la clé.
Et qu’ils avaient, d’un accord tacite, décidé d’enfouir loin, très loin, au fin fond de leur inconscient.
Xris croisa le regard de la vélane.
Elle y avait transformé sa peur et son inconsciente perte de repère, en une colère contre lui.
En un sens, ils étaient similaires.
Quelques semaines plus tôt, alors que la jeune femme avait placé Xris devant ses sentiments pour @Apolline Dunn ,il avait réagi de la même façon.

- Je ne veux rien savoir. Il marqua une courte pause, réfléchissant aux mots qu’il allait employer, simplement que vous arrêtiez d’ignorer les choses…constamment.

A quoi bon ?
Pour qu’ensuite ils se rendent compte de ce qu’ils auraient pu avoir s’ils avaient été moins engoncés, dans leurs carcans émotionnels, devenus trop petits pour tout ce qu’ils ressentaient ?
Si Xris excellait dans l’exercice de bloquer tout type de sentiments, il savait aussi à quel point les quelques semaines passées avec Apolline l’avaient éloigné du gouffre dans lequel il s’était apprêté à sombrer.
Que s’il s’était donné la peine de la laisser entrer un peu plus, il n’aurait peut-être pas eu à faire face à la situation actuelle.
Et qu'il valait mieux avoir vécu et perdu, que de n'avoir rien connu du tout.
Malgré la peine et la souffrance qui suivaient.
Toutes les histoires ne se terminaient pas ainsi.
La mâchoire du grand blond se crispa légèrement à cette pensée.
Il voulait éviter à ses amis de passer à côté de quelque chose, par pur soucis de ne pas se dévoiler.
De ne pas s’exposer.
De ne pas se rendre vulnérable.

Il pouvait presque voir les murs que dressait Siobhán devant ses émotions, s’élever un peu plus haut à chaque minute qui passait.
Mais le Serpentard ne se laisserait pas intimider.
Il avait déjà eu bien pire à franchir.

- Je n’ai rien à dire à personne… souffla-t-il simplement.

Il en allait aux concernés de se confier à qui ils le souhaitaient sur le sujet.
Si eux même un jour, admettait qu’il n’y ait quoi que ce soit qui devait être dit.

- Discuter de ce qui se passe réellement, tu veux dire ?

Xris avait lâché cette question un peu plus sèchement que ses autres réponses.
Il n’était pas un ennemi ici.
Loin de là.
Et elle devait passer outre la perte d’équilibre.
Tenter de se rattraper à lui s’il le fallait.
Et non pas le pousser dans le vide, pour l’y suivre un peu mieux.
Alors, elle qui avait réclamé qu’il le laisse entrer dans l’intimité de ses pensées les plus intimes.
Qui l’avait presque forcé à admettre des sentiments longtemps enfouis et trop vite ignorés.
Lui demandait-elle vraiment la raison de tout cela ?

Il savait.
Il avait eu des doutes depuis longtemps.
Lassé de trop de jeux de dissimulation et de mensonges, de vérités écartées et de sentiments enterrés, il avait préféré être franc.
Et Siobhán ne pouvait décemment pas lui en tenir rigueur.

- De quoi tu as peur ? Il n’est pas sensible aux vélanes… Ou est-ce que c’est justement ça ? demanda-t-il, laissant sa voix s’éteindre doucement, son regard azur, toujours ancré dans le sien.