Got a secret, can you keep it ? — ft. Xris Andērson

La lune était haute désormais, laissant briller ses reflets sélénites dans un ciel d’un noir de jais.
Xris laissa son regard s’y perdre quelques instants, laissant à la jeune femme le temps de reprendre ses esprits.
Lorsque son regard croisa le sien à nouveau, ce fut un sentiment inattendu qui vint se dessiner dans les yeux verts de la vélane.
Toute trace d’animosité s’était évaporée sous les reflets bleutés.

Xris ne put s’empêcher de sourire aux paroles de Siobhán.
Elle avait raison. Les deux étudiants s’étaient bien trouvés.
@Edel Almadovar et lui n’avaient pas besoin de parler des heures pour se comprendre. Un simple regard parfois, en disait suffisamment long.
Comme lorsqu’ils avaient affronté @Michel-Ange Grimm et @Adil Mesli en duel.
Comme lorsqu’il avait perçu dans son regard, cette étincelle de noirceur qui menaçait de prendre le contrôle, la veille dans les vestiaires des Poufsouffles.
Mais cet aspect de leur relation faisait aussi qu’ils parvenaient rarement à lâcher prise sur leurs sentiments les plus profonds.
Ce respect mutuel qu’ils avaient de manière tacite, l’un pour l’autre, les empêchait de franchir cette barrière qui défendait leurs pensées les plus intimes.
Ils laissaient l’autre venir, si le besoin s’ne faisait ressentir.

Avec Siobhán, c’était différent.
Son désir de démêler les nœuds de la vie de ses comparses.
Cette curiosité pure et bienveillante.
Cette facilité à mettre des mots sur les sentiments.
Du moins ceux des autres...
Chacun avait poussé l’autre dans ses retranchements. Le mettant face à une réalité devant laquelle ils avaient souhaité rester aveugle.
Sur lesquels elle ouvrait désormais doucement les yeux.

Mais la lumière semblait trop forte pour elle.
Le désir de se protéger d’une lueur nouvelle sur elle-même la poussait plus loin même qu’auparavant, se trouvant des excuses.
Xris sourit doucement. Aucune trace de moquerie, de froideur, ou de fierté ne pouvait se lire sur son visage.
Peut-être pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, elle le voyait tel qu’il était réellement, une fois que la surface de glace avait lentement fondu.
Comme seule @Apolline Dunn avait pu le percevoir jusqu’ici.

- On parle d’Edel… Il n’est pas mauvais, au contraire. Tu le sais, au fond de toi…

Son meilleur ami était quelqu’un de bon. Qui considérait la vie comme un jeu dont il se devait de maîtriser les règles. Sans pour autant les suivre.
Dont la personnalité suivait avec une décontraction déconcertante le fil de ses humeurs et des péripéties que lui apportait la vie.
Mais comme il se laissait rarement emmener par ses sentiments.
Ce paradoxe du lâcher-prise et de la maîtrise.
Xris s’appuya contre le montant de l’étagère devant laquelle ils se tenaient désormais tous les deux.
Siobhán tenant toujours son ouvrage contre elle. Comme un dernier rempart entre une réalité trop difficile et son cœur trop fragile.

Puis, les mots qui franchirent la barrière de ses lèvres vinrent le toucher dans un impact rempli de douceur, et de compassion.
Xris ne connaissait que trop peu ces sentiments.
Ayant grandi au sein de la famille Andērson, il n’avait pas connu l’affection que peux donner une mère à son enfant.
La complicité que peuvent développer un père avec son fils.
Un sentiment de tendresse au sein d’une famille unie.
Le grand blond croisa le regard de Siobhán, il perdait pied.
Les sentiments se contredisaient dans son esprit, trop peu coutumier de ces preuves d’intérêt.
Son regard se détacha de la Verte et Argent pour se reposer sur la Lune.
Sans la voir.

- Tu n’as pas à faire quoi que ce soit… Je… il marqua une courte pause, se forçant à s’ancrer dans cette amitié qu’elle lui offrait. Merci…

Il s’éclaircit légèrement la voix.
Si Xris n’était pas sensible aux charmes de la vélane, il était en revanche touché par cet acte d’amitié de sa part.
Elle qui l’avait malmené.
Lui qui l’avait fait perdre pied.
Deux âmes perdues qui pouvaient désormais trouver en l’autre une ancre les empêchant le naufrage.

- Tu peux compter sur moi aussi…

Ses mots n’étaient pas insignifiants.
Pour Xris, cela voulait dire que la vélane faisait désormais partie d’un cercle proche.
Et qu’il ne laisserait personne lui porter atteinte.