Mauvaise habitude || ft. Nathanael Pierce

 « Brotherhood is an ideal better understood by example than precept ! »
Paramahansa Yogananda 

Avec son intelligence, son sang-froid et son sens de l'adaptation, Nathanael aurait pu être qui il souhaitait. Professeur, Auror, explorateur, le monde entier lui tendait les bras et, bien sûr, beaucoup de ses patients lui demandaient comment il avait fait pour choisir cette voie. Qu'est-ce qui l'avait fait trancher ? Car oui, durant ses classes il était très bon en sortilège, assez pour envisager la voie des forces de l'ordre, mais son destin avait pris une toute autre direction. Que répondait-il, dans ce cas-là ? Il mentait la plupart du temps. Racontait des histoires sur une personne qu'il avait sauvé, sur  un intérêt naissant alors que, finalement, l'idée avait toujours été là. Quelque part. Au fond. Il lui avait fallu attendre l'arrivée de la douce Eva pour qu'il accepte de s'écouter, accepter s'assumer pleinement cette petite voie, au fond de son crâne.

Il avait passé toute sa vie à réparer, à soigner sa fratrie, c'était donc tout naturellement qu'il s'était dirigé vers la médicomagie, car il était infiniment plus simple de briser un corps que de le remettre en état. C'était ce que Eva lui avait répété, les nuits où doutait de sa réussite, de ce choix qui était le sien. Cette phrase restait ancrée au fond de sa crâne depuis ce moment-là. Il avait choisi la voie la plus difficile, de cela il pouvait en être sacrément fier.

Aujourd'hui était une journée calme, un peu plus calme que d'habitude et, puisque tous ses collègues étaient en place, Nathanael s'autorisa un instant de repos...enfin repos était un bien grand mot, car il attrapa rapidement un livre sur la médecine pratiquée dans le monde moldu, par simple curiosité autant que par intérêt. Certes la magie rendait tout terriblement simple mais, dans le cadre de la médecine, jouer la facilité était une pente savonneuse. Connaître le moindre aspect du corps humain, connaître les outils utilisés par les moldus, connaître leurs méthodes ne semblait pas être un luxe que Nathan pouvait rejeter d'un revers de la main. Alors il apprenait, lisait, étudiait, observait, car il y avait une raison pourquoi on appelait cela pratiquer la médecine, et non pas maîtriser la médecine. Son apprentissage n'était jamais terminé.
Combien de temps restait-il dans son bureau? A peine plus de quelques minutes, mais bientôt une infirmière toqua à la porte, pour le sortir de sa torpeur. Le livre toujours ouvert, l'homme tourna son regard vers la demoiselle qui expliqua :




Il fallut au Pierce un effort monumental pour retenir le soupir qui remontait du plus profond de sa gorge, car les visites de Ethan étaient rarement dépourvues d'intérêt. Il ne venait généralement pas pour inviter son aîné à manger, ou pour passer quelques instants avec lui, mais pour réparer les dommages causés par cette dangereuse voie que suivait le benjamin. Nathanael n'aimait pas que son frère prenne autant de risque, pas après avoir passé sa vie à veiller sur lui, à le soigner, à l'aider à se relever, mais jamais il n'avait fait la moindre remarque, car l'empêcher de suivre ses objectifs ne ferait de Nathanael qu'une version alcoolisée de son père. Rien de plus.
Alors il se taisait et le soignait à chaque fois, comme il sentait qu'il allait devoir le faire, aujourd'hui.




Refermant son livre et enfilant sa blouse, le chef de service quitta le confort de son bureau et se dirigea vers l'entrée où, rapidement, il reconnut les traits de son frère. Fronçant les sourcils en devinant la lacération sur sa joue, le colosse s’approcha de son frère, ne répondant pas sa plaisanterie avant d'expliquer :




C'était l'histoire de leur vie, ce qui rendait Nathanael d'autant plus triste que, si cette histoire n'avait pas été la sienne, peut-être aurait-il lui aussi fini Auror. Et, à ce moment-là, qui aurait été là pour soigner son frère ? Pour tempérer sa fougue ? Personne. Faisant un signe de tête, Nathan poussa son frère à le suivre d'un ;




Un pas après l'autre, Nathan se dirigea vers une salle de consultation, invitant son frère à s'asseoir sur le siège au centre de la pièce, refermant la porte avant de demander :